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  • La France a failli acheter le logiciel espion israélien Pegasus

    La France a failli acheter le logiciel espion israélien Pegasus

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    Selon Europe1, « plusieurs fonctionnaires français ont échangé » avec la société israélienne NSO Group productrive du logiciel espion Pegasus « pour trouver des solutions permettant d’aspirer plus facilement les données cryptées ». Ils étaient même « sur le point de signer un contrat », indique Europe1. « Le sujet étant ultra-sensible », ils ont fini par demander l’avis du président Emmanuel Macron.

    « Un vrai débat s’est suivi entre les spécialistes qui conseillent le chef de l’État en matière de Défense et de renseignement », signale le site français. « Mais le « non » catégorique présidentiel a mis fin aux discussions, six mois avant le scandale Pegasus », a-t-il ajouté.

    « Depuis ces révélations, Laurent Nunez, le coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme à l’Élysée, fait le point sur cette affaire Pegasus avec les principaux services chaque semaine. Preuve s’il en fallait que le potentiel de dangerosité de ce type de logiciel est pris très au sérieux, au plus haut niveau de l’État, rapporte la même source.

    Pour rappel, une enquête publiée en juillet par un consortium de 17 médias internationaux, a révélé que le logiciel Pegasus, élaboré par l’entreprise sioniste NSO Group, aurait permis d’espionner les numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise de différents pays.

    Le logiciel espion Pegasus, introduit dans un smartphone, permet d’en récupérer les messages, photos, contacts et même d’écouter les appels de son propriétaire. Ces révélations ont suscité l’indignation dans le monde entier d’organisations de défense des droits humains, de médias et de dirigeants politiques.

    NSO, régulièrement accusé de faire le jeu de régimes autoritaires, assure que son logiciel sert uniquement à obtenir des renseignements contre des réseaux criminels ou terroristes.

    Le travail mené par les 17 médias, dont les quotidiens français Le Monde, britannique The Guardian et américain The Washington Post, se fonde sur une liste obtenue par le réseau basé en France Forbidden Stories et l’ONG Amnesty International. Elle compte, selon eux, 50.000 numéros de téléphone sélectionnés par les clients de NSO depuis 2016 pour une surveillance potentielle.

    Plusieurs pays ont acheté ce logiciel, dont le Maroc, accusé d’avoir piraté le téléphone portable du président français Emmanuel Macron.

  • Pegasus: Des experts de l’ONU demandent un moratoire

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    Vente de logiciels espions : Des experts de l’ONU demandent un moratoire

    Des experts de l’ONU ont demandé jeudi un moratoire international sur la vente de technologies de surveillance en attendant de fixer un cadre réglementaire garantissant les droits humains, après le récent scandale d’écoutes lié au logiciel israélien Pegasus.

    A la mi-juillet, une enquête, publiée par un consortium de 17 médias internationaux, a révélé que le logiciel Pegasus, conçu par l’entreprise israélienne NSO Group et utilisé par le Maroc qui est fortement impliqué dans cette affaire, aurait permis d’espionner les numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise de différents pays.

    « Nous sommes profondément préoccupés par le fait que des outils intrusifs très sophistiqués sont utilisés pour surveiller, intimider et réduire au silence les défenseurs des droits humains, les journalistes et les opposants politiques », ont déclaré les experts de l’ONU, cité dans un communiqué.

    « De telles pratiques violent les droits à la liberté d’expression, à la vie privée et à la liberté, peuvent mettre en danger la vie de centaines de personnes, mettent en péril la liberté des médias et sapent la démocratie, la paix, la sécurité et la coopération internationale », ont-il ajouté.

    Le communiqué est signé par trois Rapporteurs spéciaux de l’ONU, dont celle sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, Irene Khan, et le Groupe de travail sur la question des droits de l’Homme et des sociétés transnationales et autres entreprises.

    « Ces dernières années, nous avons à plusieurs reprises tiré la sonnette d’alarme sur le danger que représentent les technologies de surveillance pour les droits humains. Une fois de plus, nous exhortons la communauté internationale à élaborer un cadre réglementaire solide pour prévenir, atténuer et réparer l’impact négatif des technologies de surveillance sur les droits humains et, en attendant, à adopter un moratoire sur leur vente et leur transfert », ont-ils indiqué.

    Le travail journalistique portant sur Pegasus se fonde sur une liste de 50.000 numéros de téléphone sélectionnés par les clients de NSO depuis 2016, obtenue par l’organisation Forbidden Stories et Amnesty International.

    Les experts de l’ONU exhortent Israël « à divulguer pleinement les mesures qu’il a prises pour examiner les transactions d’exportation de NSO à la lumière de ses propres obligations en matière de droits humains ».

    « Il est du devoir des Etats de vérifier que des entreprises comme le Groupe NSO ne vendent pas ou ne transfèrent pas de technologies à des Etats et des entités susceptibles de les utiliser pour violer les droits humains, ou ne passent pas de contrats avec eux », insistent-ils.

  • ONU: Pour un moratoire sur la vente des logiciels espions

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    Scandale des logiciels espions : des experts de l’ONU appellent à un moratoire sur la vente de technologies de surveillance « mettant la vie en danger »

    GENÈVE (12 août 2021) – Des experts des droits de l’homme de l’ONU* ont appelé aujourd’hui tous les États à imposer un moratoire mondial sur la vente et le transfert de technologies de surveillance jusqu’à ce qu’ils aient mis en place des réglementations solides garantissant son utilisation conformément aux normes internationales des droits de l’homme.

    « Il est hautement dangereux et irresponsable de permettre à la technologie de surveillance et au secteur commercial de fonctionner comme une zone sans droits humains », ont averti les experts.

    « Nous sommes profondément préoccupés par le fait que des outils intrusifs hautement sophistiqués sont utilisés pour surveiller, intimider et réduire au silence les défenseurs des droits humains, les journalistes et les opposants politiques », ont déclaré les experts. « De telles pratiques violent les droits à la liberté d’expression, à la vie privée et à la liberté, mettent peut-être en danger la vie de centaines de personnes, mettent en péril la liberté des médias et sapent la démocratie, la paix, la sécurité et la coopération internationale.

    Il y a deux ans, le rapporteur spécial de l’ONU sur la liberté d’opinion et d’expression a publié un rapport sur l’impact dangereux de la technologie de surveillance sur les droits de l’homme et a recommandé un moratoire immédiat sur sa vente et son transfert jusqu’à ce que des réglementations internationales incorporant des garanties des droits de l’homme soient adoptées. La communauté internationale n’a pas répondu à son appel.

    Le 18 juillet 2021, Forbidden Stories et Amnesty International ont dénoncé la surveillance généralisée des appareils mobiles de centaines de journalistes, de défenseurs des droits humains et de dirigeants politiques, à l’aide du logiciel espion Pegasus du groupe NSO. Le groupe NSO a rapidement rejeté les allégations concernant son implication dans ces pratiques illégales.

    « Compte tenu de l’extraordinaire audace et du mépris des droits de l’homme que montre une telle surveillance généralisée, si le déni de collusion par le groupe NSO doit avoir une quelconque crédibilité, l’entreprise doit divulguer si elle a ou non effectué une diligence raisonnable en matière de droits de l’homme dans aligner les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux droits de l’ homme et aux entreprises et publier pleinement les conclusions de toutes les sondes internes qu’il aurait pris sur cette question « .

    « Nous exhortons également Israël, en tant que pays d’origine du groupe NSO, à divulguer pleinement les mesures qu’il a prises pour examiner les transactions d’exportation de NSO à la lumière de ses propres obligations en matière de droits humains », ont-ils ajouté. « Il est du devoir des États de vérifier que des entreprises comme le groupe NSO ne vendent ni ne transfèrent de technologie ni ne concluent de contrat avec des États et des entités qui sont susceptibles de les utiliser pour violer les droits de l’homme. »

    « Ces dernières années, nous avons à plusieurs reprises sonné l’alarme sur le danger que la technologie de surveillance fait peser sur les droits humains. Une fois de plus, nous exhortons la communauté internationale à développer un cadre réglementaire solide pour prévenir, atténuer et réparer l’impact négatif de la technologie de surveillance sur les droits humains et en attendant, d’adopter un moratoire sur sa vente et son transfert », ont-ils déclaré.

    « Le droit international des droits de l’homme exige de tous les États qu’ils adoptent de solides garanties juridiques nationales pour protéger les individus contre la surveillance illégale, l’atteinte à leur vie privée ou les menaces à leur liberté d’expression, de réunion et d’association », ont-ils conclu.

    Les experts des droits de l’homme de l’ONU sont en communication directe avec le gouvernement d’Israël et le groupe NSO.

    OHCHR, 12/08/2021

  • Le Maroc veut acheter le logiciel espion Quadream

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    Quadream, le rival de NSO, est en pourparlers avec le gouvernement marocain.

    Les produits de piratage de téléphones mobiles de la société israélienne Quadream ne nécessitent pas de licence d’exportation du ministère israélien de la défense, car sa société mère est basée à Chypre.

    Les plus grands gagnants de l’enquête internationale sur la société israélienne de cyberattaques NSO ont été ses rivaux. L’un d’entre eux est Quadream, qui a son centre de développement à Ramat Gan et vend ses produits par l’intermédiaire de sa société mère basée à Chypre. Une source proche de l’affaire a déclaré à « Globes » que des représentants de Quadream ont visité la semaine dernière les bureaux des services de sécurité marocains afin de discuter de la vente de ses systèmes de surveillance au gouvernement marocain.

    Selon le rapport d’enquête international publié le mois dernier par une équipe de 80 journalistes de 17 organisations médiatiques dans 10 pays, dirigée par Amnesty International et Forbidden Stories, NSO a vendu son logiciel espion Pegasus à des gouvernements du monde entier, qui l’ont utilisé pour espionner non seulement des criminels et des terroristes, mais aussi des journalistes, des militants des droits de l’homme et des dirigeants politiques du monde entier, dont le président français Emmanuel Macron.

    Les discussions entre Quadream et le Maroc ont progressé ces dernières semaines et une réunion supplémentaire a été fixée. Le Maroc et l’ONS n’ont jamais admis une quelconque coopération. Mais maintenant, le Maroc pourrait être en mesure d’utiliser les systèmes de surveillance de Quadream, ce qui permettra au pays d’avoir plus de flexibilité que les systèmes de NSO, qui sont soumis à des accords d’exportation de défense israéliens et limités dans leur capacité à se conformer à toutes les exigences des clients.

    Quadream développe des systèmes de cyberattaque aux capacités similaires à celles des produits de NSO, en permettant aux services de sécurité de pirater les téléphones portables et les ordinateurs. L’entreprise a mis au point un produit qui permet aux autorités d’installer des logiciels espions en envoyant un lien ou une photo sur le téléphone de sa cible, qui s’active lorsque le suspect appuie dessus. Comme NSO, Quadream a développé la capacité d’installer le logiciel espion sans contact avec le suspect et a commercialisé ses produits récemment. Le système de Quadream est nettement moins cher que celui de NSO et n’est pas soumis au contrôle réglementaire du ministère israélien de la Défense.

    Le Maroc n’a jamais admis avoir utilisé le Pegasus de NSO, mais au fil des ans, des enquêtes ont été publiées, qui auraient révélé son utilisation contre des journalistes critiques. L’une des affaires révélées par l’enquête d’Amnesty du mois dernier a non seulement provoqué un différend entre Israël et le Maroc, mais aussi une crise diplomatique entre le Maroc et la France. Le président français Emmanuel Macron a été contraint de changer son numéro de téléphone portable et sa signature électronique après que le journal français Le Monde a rapporté que les services de sécurité marocains avaient utilisé Pegasus pour le suivre à la trace.

    Le Maroc a démenti ces allégations et a même porté plainte pour diffamation en France et en Allemagne contre Amnesty et Forbidden Stories, qui ont fait ces allégations. L’audience du tribunal de Paris doit commencer en octobre. Les enquêtes menées par le ministère israélien de la défense n’ont pas permis de tirer de conclusions concernant la violation des téléphones de M. Macron et d’autres ministres.

    Quadream maintient le plus grand secret. L’entreprise n’a pas de site web et les employés ne mentionnent pas sur leurs comptes de médias sociaux qu’ils y travaillent. Sur LinkedIn, les employés de Quadream écrivent qu’ils sont employés par une entreprise de cybersécurité. L’une des raisons de ce secret est le fait que Quadream, même si son centre de développement se trouve en Israël, n’est pas soumise aux lois israéliennes sur les exportations de produits de défense.

    Au lieu de vendre ses produits depuis Israël, comme le font NSO et 15 autres sociétés spécialisées dans les cyberattaques, Quadream opère en collaboration avec une société de vente chypriote appelée InReach. Selon le registre des sociétés, InReach détient les parts de la société israélienne Quadream. InReach est dirigée par Roy Gelsenberg et appartient à Christos Shiakallis et Nenad Grozdanic. Quadream et InReach ont un différend juridique qui se déroule au tribunal de Limassol depuis 2020. Selon le site Intelligence Online, Quadream et InReach avaient un accord depuis 2017, selon lequel Inreach devait verser à Quadream 92 % de ses revenus issus des exportations technologiques de cyberattaques. Mais en 2019, InReach a interrompu ses paiements à Quadream et il a récemment été découvert qu’un des hauts dirigeants d’InReach avait même ouvert un compte bancaire suisse et y avait transféré une partie des revenus tirés des activités conjointes, rapporte Intelligence Online.

    Ainsi, alors que son bureau de vente opère depuis Chypre, Quadream peut tirer profit de l’embauche d’ingénieurs israéliens expérimentés, d’une part, et les employer à Ramat Gan, d’autre part, vendre ses produits par le biais d’une société « offshore », loin des yeux du ministère de la défense. Ainsi libérée des réglementations, Quadream peut même théoriquement vendre à des particuliers et à des entités non gouvernementales. Dans le passé, Quadream a vendu ses produits à l’Arabie Saoudite et au Ghana.

    Les autres actionnaires de la société sont Ilan Dabelstein, un ancien officier supérieur des services de renseignement des FDI, Nimrod Reznik et Guy Geva. Quadream s’est refusé à tout commentaire.

    Le ministère israélien de la Défense a déclaré : « L’État d’Israël est chargé de superviser tout ce qui concerne la commercialisation et l’exportation de produits cybernétiques depuis Israël, conformément à la loi de 2007 sur la supervision des exportations de produits de défense. »

    Globes, 10 août 2021

  • Les logiciels espions: de nouvelles armes non conventionnelles

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    Après le scandale Pegasus : les logiciels espions doivent être considérés comme de nouvelles armes non conventionnelles, à l’image des armes chimiques, souligne le quotidien français L’Humanité

    L’onde de choc mondiale des révélations sur l’espionnage par le Maroc de défenseurs des droits humains, de journalistes, jusqu’au sommet de l’État français, n’a pas fini de produire ses secousses, écrit samedi l’éditorialiste du quotidien français L’Humanité.

    « Cette affaire devrait faire l’objet d’une mobilisation mondiale pour obtenir de nouvelles conventions internationales, au même titre que celles qui ont permis de diminuer considérablement le recours aux armes chimiques, aux mines antipersonnel ou aux armes à sous-munitions », suggère-t-il.

    Pour lui, les logiciels espions mis à disposition d’États ou d’entreprises pour infiltrer nos téléphones et en aspirer les contenus, y compris les plus intimes, « doivent en effet être considérés comme de nouvelles armes non conventionnelles ». C’est que, ajoute-t-il, non seulement ils portent atteinte aux libertés fondamentales, mais « leur usage se traduit concrètement en emprisonnements, traques d’opposants et assassinats ».

    L’éditorialiste appelle à cet égard, son pays la France, « particulièrement touchée par le scandale «Pegasus», à « rapidement saisir l’Organisation des Nations unies pour relancer les discussions en vue de décider d’un traité de non-prolifération de ces armes et de la destruction de celles qui existent ».

    Evoquant le silence des autorités françaises à ce sujet, le journaliste indique qu’ « Israël, avec l’aide des États-Unis et la complicité des institutions européennes, déploie une diplomatie militaro-technologique qui lui sert à nouer des relations avec les pires autocrates, y compris dans le monde arabe, pour isoler le peuple palestinien et bénéficier d’une impunité dans la poursuite de la colonisation et l’étranglement de Gaza ».

    Et d’ajouter : « C’est ainsi que les dirigeants israéliens se sont acheté la neutralité, la complicité ou le soutien de pays comme l’Arabie saoudite, le Maroc ou certains pays africains, dont le Rwanda, désormais acquis à leur géopolitique ».

    Pour le journaliste, l’Union européenne et la France, « qui va la présider dans quelques mois, ne peuvent pas dire qu’ils n’ont aucun moyen de rétorsion vis-à-vis d’Israël ou du Maroc puisque les accords d’association avec ces pays stipulent expressément que toute atteinte aux libertés leur vaut annulation ».

    Plus encore, « la Cour de justice européenne et nos tribunaux doivent donc être saisis et une commission d’enquête internationale menée sous l’égide de l’ONU pour faire la clarté sur les agissements avérés du Maroc et bien évidemment d’Israël. La paix et la sécurité passent désormais par un contrôle strict de ces nouvelles armes numériques », conclut l’éditorialiste.

  • L’Algérie à l’épreuve : pour un aggiornamento salvateur

    «Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles.» Sénèque (Homme d’État, philosophe)

    Par Pr Chems Eddine Chitour(*)
    Ce mois de juillet est décidément un mois difficile pour le pays, confronté aux conséquences des changements climatiques avec les feux de forêt récurrents, mais aussi le Covid-19 avec une 3e vague plus féroce. Ce tueur silencieux, qui moissonne à tout-va, du fait de plusieurs facteurs dont le plus important est celui de traiter par le mépris cette nouvelle peste au nom d’un atavisme d’une incivilité, mais aussi d’un fatalisme qui n’a pas lieu d’être, «oua khoudhou hadrakoum», nous recommande le Coran. Par ailleurs, l’Algérie peine à se redéployer sur le plan économique malgré des efforts remarquables. Les réserves de change nous donnent un sursis que nous devons mettre à profit pour créer de la richesse hors-hydrocarbure en misant, à marche forcée, sur un plan renouvelable avec l’hydrogène et le développement sans tarder du pôle d’excellence de Sidi Abdallah. Cette modeste contribution se veut être un état des lieux de nos forces et faiblesses.
    Les provocations permanentes du Makhzen

    Indépendamment de ces problèmes, qui sont le quotidien de toute nation, la situation est compliquée par le fait d’interférences extérieures, principalement du Makhzen marocain. Il est connu que le Maroc est un pourvoyeur mondial de kif dans l’impunité la plus totale, notamment de la part de l’Europe qui en est ravitaillée via l’Espagne. L’Algérie lutte d’une façon permanente contre les trafiquants de drogue à la fois via les frontières terrestres, mais aussi maritimes. Cependant, nous constatons une escalade du Maroc qui dénote d’une certaine fuite en avant concernant l’invasion du Sahara occidental en 1975, dernière colonie en Afrique.
    Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l’application de la résolution 1514 (XV) de 1960 de l’Assemblée générale de l’ONU portant déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, la résolution 34/37 de 1979 appelle explicitement à la fin de l’occupation du territoire par le Maroc.
    Ainsi, dans sa politique de diversion, en allumant des contrefeux, le Makhzen, au lieu de s’occuper de son peuple, tente une déstabilisation de l’Algérie, une de plus, aidé en cela par un mouvement sécessionniste qui a pignon sur rue en France, en l’occurrence le MAK. Rien moins que la partition du pays ! Se proclamant leader pour négocier le sort de la Kabylie, il oublie que la Kabylie appartient aux Algériens, quelle que soit leur région. Comme l’a écrit un écrivain connu : «Chacun d’entre nous a droit à une part en Kabylie.» (Nsal fiha chbar). Cette revendication de chacun plonge ses racines dans le combat anonyme de millions d’Algériens bercés par cette conviction d’appartenance à un grand pays à défendre d’est en ouest et du nord au sud. Comme nous le lisons dans cette contribution parue dans le journal El Watan, l’initiateur et promoteur du projet d’«autonomie-indépendance» de la Kabylie, Ferhat Mehenni, a franchi, dans sa quête de crédibilisation de ce projet, le seuil de l’indélicatesse et de l’affront. Le chef du MAK a tenu des propos insultants vis-à-vis de la Kabylie et de la guerre de Libération nationale et ce, dans l’enceinte même de l’Assemblée nationale française.
    «De Sidi Ferruch en juillet 1830 à la bataille d’Icharridène le 24 juin 1857, de l’insurrection de 1871 à celle du 1er Novembre 1954, de l’émigration kabyle en France tout au long du XXe siècle, dont notamment les douloureux évènements à Paris du 17 Octobre 1961, au flux massif des sans-papiers kabyles issus de la révolte populaire du Printemps noir en 2001, la France et la Kabylie ont été marquées par un malentendu qu’il est enfin temps de dépasser», a dit Ferhat Mehenni lors d’une rencontre organisée à l’Assemblée française à l’occasion de Yennayer, le Nouvel An berbère, célébré pourtant par toute l’Algérie et tous les Amazighs. Ainsi, pour Ferhat Mehenni, la colonisation française et le combat pour l’indépendance nationale, qui a coûté la vie à plus d’un million d’Algériens, n’ont été qu’«un malentendu» qui «n’a jamais été traité pour des raisons géopolitiques».(1)
    En fait, c’est de mon point de vue le fait de différer constamment la question qui est de définir le projet de société et s’interroger sur ce que c’est qu’être algérien au XXIe siècle. Quels sont nos fondamentaux culturels et cultuels ? La quête d’un récit national consensuel qui fait siens aussi bien Massinissa que Jugurtha que l’Émir Abdelkader et qui se réfère à un Islam de 1 400 ans, fait de tolérance, est un chantier qui attend toujours d’être ouvert tant il est vrai que l’aboutissement à un vivre-ensemble au nom d’une Algérianité assumée qui coupera la route à l’aventure de ceux qui cherchent leur légitimité soit auprès de l’ancien colonisateur ou d’une sphère moyen-orientale installée dans les temps morts.
    Le cyber-espionnage : la guerre permanente sans morts

    Selon l’enquête du consortium réuni autour de Forbidden Stories et d’Amnesty International, Rabat a abusé du logiciel Pegasus pour espionner son grand rival, son frère ennemi, l’Algérie, au moment où celui-ci a été ébranlé par le Hirak, un soulèvement populaire de grande ampleur, qui a déchu l’inamovible et fantomatique Abdelaziz Bouteflika. Parmi les hantises et obsessions du Maroc : la crainte que le peuple marocain, qui étouffe dans un royaume d’inégalités, se soulève à son tour. Et puis bien sûr la question du Sahara occidental pour lequel le palais est prêt à tout, y compris sur le sol français ou européen».(2)
    La guerre sans morts, concept qui décrit les guerres économiques, voire géopolitiques. Il est très important de noter que NSO, la firme qui commercialise le logiciel Pegasus, ne peut vendre son produit sans l’aval du ministère de la Défense israélien, ce qui en dit long sur les méthodes et l’éthique de l’entité sioniste. Pour Ahmed Bensaada cela a démontré que l’ingérence étrangère, si décriée à l’occasion du Hirak (et bien avant), n’est pas uniquement une vue de l’esprit mais belle et bien réelle. Il a confirmé que les relations sécuritaires, commerciales et politiques entre l’État hébreu et certains pays arabes ne datent pas d’hier et ont précédé les récentes normalisations (Maroc et Émirats) ou celles pressenties dans le futur (Arabie saoudite). Le Maroc, à lui seul, a ciblé plus de 10 000 numéros de téléphone, soit près du cinquième du total. 60% de ces cibles (6 000) ont été localisées en Algérie, montrant à quel point le considérable espionnage du royaume chérifien est focalisé sur l’Algérie, dévoilant les intentions belliqueuses de ce pays envers son voisin.(3)
    L’espionnage : une technique constamment perfectionnée

    Il est important de savoir qu’en règle générale, tout le monde espionne tout le monde depuis toujours. Nous nous souvenons du rôle joué par l’Algérie dans la libération des otages américains. On raconte que l’Algérie qui servait de trait d’union entre les Américains et les Iraniens s’étonnait que la réponse américaine était immédiate à chaque étape de la négociation. En fait, les Américains avaient connaissance des réponses iraniennes en les interceptant. Nous nous souvenons aussi du piratage du portable de Madame Merkel par la NSA qui dispose d’immenses antennes pour espionner tout le monde. Déjà en 2019, les portables du Président français et de ses collaborateurs ont été piratés.
    Le «Projet Pegasus» de la société israélienne NSO Group a, dit-on, révolutionné l’espionnage. Mais ce n’est pas le premier et ce ne sera pas le dernier. Lors du passage, le 26 juillet, sur la chaîne française LCP, Xavier Niel, l’homme qui pèse 7 milliards de dollars, a expliqué comment il a débuté au milieu des années 80, sans faire d’études supérieures, mais étant doué en informatique avec comme viatique le bac. Ses premières « victimes » seront les portables des hommes politiques au point de se faire recruter par les services secrets français comme honorable correspondant.
    Sa réussite, il l’a doit au Minitel rose mais aussi et surtout à la box et au concept Free (téléphone+internet+ télévision). Les motivations des pirates informatiques ont évolué : du piratage de logiciels de la part d’amateurs dont la motivation essentielle consistait à voler pour leur usage personnel, nous sommes passés à un piratage «professionnel» d’ordre économique (détournements d’argent) et piratage industriel, proche de l’espionnage.
    Edward Snowden, le lanceur d’alerte américain, s’est exprimé à propos du logiciel, NSO Group qui a ciblé des smartphones de personnalités politiques et médiatiques.
    «C’est comme un espion dans votre poche (…). Cela ne devrait pas exister.» «Ce que l’on voit maintenant, c’est une industrie créée pour pirater ces smartphones, et aller au-delà de ce que l’on savait exister. Ces gens prennent le plein contrôle du téléphone et le retournent contre la personne qui l’a acheté, mais ne le possède plus vraiment.»(4)
    Le journal Le Monde persiste et signe et répond au Maroc

    Quelles ont été les réactions après cette annonce ? C’est la colère, la consternation des pays concernés par ces écoutes. D’abord la France qui attend de voir venir alors que le portable du Président est sur la liste. L’Algérie prend acte et en appelle à l’application de sanctions selon le droit international. Le Maroc crie au complot et annonce une action en justice alors qu’il est l’un les clients de l’entreprise israélienne ayant commercialisé ce logiciel espion. «Malgré les démentis, le journal français le Monde a tenu à maintenir ses informations, tout en remettant en cause les démentis du Makhzen et de NSO. Le Maroc a publié un communiqué dans lequel il affirme n’avoir «jamais acquis de logiciels informatiques pour infiltrer les appareils de communication, de même que les autorités marocaines n’on jamais eu recours à ce genre d’actes». Dans sa réponse, le journal français indique que le «projet Pegasus» a accumulé de multiples éléments, qui confirment «que le Maroc est client de NSO et opère les surveillances électroniques par le biais de Pegasus». (…) En outre, le Monde affirme que les preuves matérielles prouvant l’implication directe de Maroc, mises en ligne dès ce vendredi par le Security Lab d’Amnesty International, «sont toutes publiques».(5)
    Le commerce fructueux des armes numériques

    Comme l’écrit Jérôme Hourdeaux de Médiapart, c’est l’absence de normes qui mène à ces dérives : «L’exportation par NSO de son logiciel ‘’Pegasus’’ a été rendue possible par l’absence de régulation internationale des technologies dites à ‘’double usage’’.» Et si beaucoup d’États rechignent à accepter toute limitation, c’est qu’eux-mêmes exportent leurs propres armes numériques, à commencer par la France. En plus du scandale Pegasus, Jerôme Hourdeaux nous donne une autre information étrangement similaire : «(…) Jeudi 15 juillet, le Citizen Lab, le laboratoire canadien déjà à l’origine de plusieurs rapports sur NSO, et les sociétés Microsoft et Google révélaient qu’une autre start-up israélienne du nom de Candiru avait développé et vendu un logiciel lui aussi capable ‘’d’infecter et de surveiller les iPhone, les Android, les Mac, les PC, et les comptes dans le cloud’’. (…) Tout comme l’assurait NSO, Candiru n’était censé le vendre qu’à des États dans un but de lutte contre le terrorisme. Or, comme le révèle Citizen Lab, ‘’les victimes incluent des défenseurs des droits humains, des dissidents, des journalistes, des activistes et des hommes politiques’’.»
    Enfin, l’auteur écrit : «Si NSO est l’un des leaders du marché de la cyber-surveillance, la société n’est que la partie émergée d’un iceberg gigantesque. Israël est sans doute l’un des pays les plus à la pointe de ce marché extrêmement lucratif, notamment en raison des liens très étroits existant entre les mondes militaire et industriel. La célèbre ‘’unité 8200’’, spécialisée dans le renseignement électronique, joue ainsi le rôle de centre de formation pour des milliers de jeunes Israéliens (…)» Jean-Christophe Noël de l’IFRI, dans une note publiée en novembre 2020 : «Plus de 1 000 start-up ont été fondées par des membres de l’’’unité 8200’’, […] ce qui représente 25% des acteurs de la cybersécurité (…)»(6)
    La moralisation de l’utilisation des cyberattaques

    C’est de fait un vœu pieux. En théorie, les États auraient la possibilité d’utiliser ces techniques pour espionner dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Dans la réalité, il n’en est rien. «Il existe bien, écrit Jérôme Hurdeaux, un cadre international régissant les technologies à ‘’double usage’’, c’est-à-dire pouvant être utilisées dans un cadre civil et militaire, appelé ‘’Arrangement de Wassenaar’’. De plus, plusieurs pays, dont Israël, ont refusé de le ratifier. David Kayes a en effet justement publié un rapport intitulé ‘’Surveillance et droits de l’Homme’’. Ces discussions pourraient être relancées au printemps prochain à l’occasion de la présentation d’un rapport ‘’sur la fourniture de produits et services militaires et de sécurité dans le cyberespace par les cybermercenaires et son impact sur les droits humains’’ réalisé par un groupe de travail mis en place par la haute-commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Michelle Bachelet. Ce rapport doit être présenté lors de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations Unies qui doit s’ouvrir au mois d’octobre 2021. Michelle Bachelet a estimé que celles-ci confirment le besoin urgent d’une meilleure régulation de la vente, le transfert et l’usage des technologies de surveillance. «Les gouvernements devraient immédiatement cesser leur propre usage des technologies de surveillance d’une manière qui viole les droits humains, et devraient prendre des actions concrètes pour protéger contre de telles invasions de la vie privée en régulant la distribution, l’usage et l’exportation des technologies de surveillance créées par d’autres.»(6)
    Le triomphe de l’informatique : qui est la société NSO ?

    C’est avant tout une start-up de jeunes informaticiens. Comme l’écrivent Martin Untersinger et Damien Leloup : «L’entreprise NSO, au cœur des révélations du Monde, s’est imposée en dix ans comme le leader de la surveillance téléphonique. Vu de l’extérieur, le téléphone semble parfaitement normal. Les notifications éclairent l’écran, tandis que les échanges s’empilent dans les applications de messagerie.
    Les appels sont parfaitement audibles, la navigation sur internet est fluide et l’appareil photo fonctionne. Rien ne permet de deviner qu’un logiciel espion ultrasophistiqué est en train, subrepticement, de s’introduire dans le téléphone pour en prendre le contrôle. Le logiciel va beaucoup plus loin, en permettant d’absorber tout le contenu d’un téléphone : photos, courriels, contacts, SMS, et même les messages échangés par le biais d’applications sécurisées telles que Signal ou WhatsApp.» «Pegasus est le produit-phare d’une entreprise privée, NSO Group, que cette dernière a déjà vendu à une quarantaine d’États dans le monde. NSO, c’est avant tout l’histoire de ‘’N’’, de ‘’S’’, et de ‘’O’’, pour Niv Carmi, Shalev Hulio et Omri Lavie, ses trois cofondateurs. Leur start-up développe une technologie capable de reconnaître des objets dans une vidéo et de proposer au spectateur un lien pour les acheter.»(7)
    Que représente le pouvoir marocain ?

    On sait que le Maroc a toujours profité des largesses de l’Europe et des Occidentaux qui ferment les yeux sur les Tazmamart nombreux qu’avait mis en évidence dans son ouvrage l’écrivain français Gilles Perrault : Notre ami le Roi. Malgré tout cela, les riadhs et autres petits cadeaux ont anesthésié aussi bien la droite réactionnaire, mais surtout la gauche bobo qui ont une conception à géométrie variable des droits de l’Homme. Nous sommes loin du sacerdoce de l’Émir Abdelkrim el Khattabi qui a battu 50 généraux espagnols et français à la fameuse bataille d’Anoual.
    «Il proclame, en 1922, la République confédérée des tribus du Rif. Imprégné des idéaux de progrès et de républicanisme, Abdelkrim promulgue des réformes modernes. Considérant par ailleurs le cannabis comme haram, il est le seul à avoir presque réussi à interdire [sa] production» traditionnelle dans le Rif depuis le VIIe siècle (…) Tentant de joindre toutes les forces vives marocaines, Abdelkrim demande au sultan Moulay Youssef de rallier sa cause. Mais celui-ci, sous l’influence de la résidence générale française à Rabat, refuse de lutter contre les puissances coloniales. Dès lors, jugeant le sultan illégitime, Abdelkrim se proclame commandeur des croyants et selon le Général Lyautey, «Abdelkrim est considéré ouvertement comme le seul et unique sultan du Maroc vu que Moulay Hafid a vendu le pays à la France par le traité du Protectorat et que Moulay Youssef est seulement un fantoche entre mes mains».(8)
    Au-delà du peuple qui est respectable, force est de constater que la politique du Makhzen est une politique de fuite en avant. En étant adoubé par Israël, le roi pense ainsi être invulnérable et en tout cas continue en toute impunité à braver la communauté internationale par ses manquements aux conventions internationales, en s’entêtant à terroriser le peuple sahraoui qui aspire à son indépendance, en inondant la planète de drogue. En fait, il va de sursis en sursis jusqu’à la prise de conscience de son rôle négatif.
    Quels sont les parrains du Makhzen ? Principalement les pays européens menés par la France pour qui le Maghreb est une chasse gardée. On doit cependant dans cet aplaventrisme européen saluer la position de l’Allemagne pour qui le conflit du Sahara occidental est un problème de décolonisation. Les rodomontades du Makhzen sont bâties sur du vent : s’appuyer sur Trump pour monnayer le hold-up du Sahara occidental contre la vente de la cause palestinienne. Le Maroc est président du Comité El Qods et à ce titre, il doit défendre la cause palestinienne.
    Un institut allemand préconise dans une note d’«œuvrer à arrêter les tentations hégémoniques du Maroc. Il reproche à l’Europe de favoriser le Maroc, ce qui freine l’émergence de l’Algérie et de la Tunisie». La note émane du Stiftung Wissenschaft und Politik (SWP) (Institut allemand des affaires internationales et de sécurité). Celle-ci suggère à l’Union européenne de revoir sa politique. En mai dernier, juste avant la crise avec l’Espagne, le chantage migratoire du Maroc, ce pays s’était fâché avec un autre grand pays de l’UE, l’Allemagne. Il faut dire que le pays d’Angela Merkel n’a jamais été un soutien franc sur la question du Sahara occidental. Le 6 mai, le Maroc a rappelé son ambassadrice à Berlin dénonçant «des actes hostiles de la part de l’Allemagne».(9) Ajoutant que «le Maroc a encore laissé 250 migrants envahir Ceuta le 20 juillet pour exaspérer l’Espagne».
    La réalité du monde

    Le professeur Abderahmane Mebtoul, dans un article sans concession, met le doigt là où cela fait mal. C’est un bon diagnostic mais cela ne suffit pas. Il écrit : «La maîtrise des nouvelles technologies reposant sur le savoir est le défi principal du XXIe siècle, engageant la sécurité mondiale et toute inadaptation à ces mutations isolerait encore plus le pays. Mais aujourd’hui plus sophistiqué, avec l’avènement des cyberattaques, appartenant à chaque nation d’utiliser des moyens sophistiqués pour se protéger, le problème qui se pose est : le Maroc a-t-il les moyens scientifiques d’opérer une telle action sans complicité(…)?»(10)
    Professeur Mebtoul cite aussi les autres domaines où l’information est capitale. « Cependant les nouvelles technologies ne concernent pas seulement les écoutes. Les drones sans pilote commencent à remplacer l’aviation militaire classique pouvant cibler avec précision tout adversaire à partir de centres informatiques sophistiqués à des milliers de kilomètres. Les satellites remplissant l’atmosphère permettent d’espionner tout pays, de détecter le mouvement des troupes et la diffusion d’images de toute la planète. (…) L’état-major de l’ANP, à travers les dernières éditions d’El-Djeich, tire la sonnette d’alarme afin que la majorité des responsables des institutions stratégiques en Algérie, en déphasage par rapport aux nouvelles réalités tant internes que mondiales, s’adaptent en urgence, nécessitant un important investissement dans le savoir (…) Ainsi, notre univers est devenu une grande maison de verre (…) L’intégration des télécommunications, de l’informatique et de l’audiovisuel a donné naissance à la société de l’information qui fait l’objet d’une attention particulière de la part des États et des organisations internationales. (…) L’intelligence économique intègre deux dimensions supplémentaires par rapport à la veille : la prise de décision et la connaissance de l’information.»(8)
    Sa conclusion est sans appel : «L’Algérie est un des pays en retard dans la transition numérique (…) faute de vision stratégique (…) Combien d’institutions stratégiques dont les banques qui fonctionnent sur les méthodes du début des années 1970 sont-elles protégées par les cyberattaques? Le rapport annuel mondial sur l’économie numérique (Network Readiness Index (NRI 2020) a classé l’Algérie sur 134 pays à la 120e place en matière de gouvernance numérique. Le monde est à l’aube d’une quatrième révolution économique et technologique, fondée sur deux fondamentaux du développement du XXIe siècle, la bonne gouvernance et l’économie de la connaissance, avec comme trajectoire la transition numérique et la transition énergétique.»(10)
    Une épreuve pour le pays qui peut être salutaire

    Nous n’avons pas compris qu’il faut changer de logiciel. Avec son logiciel Pegasus, Israêl peut espionner tout le monde aussi bien les journalistes que les hommes politiques. Il le fait en endossant cela aux services marocains, ce n’est plus un problème de technologie obsolète. Le monde est à la nanotechnologie, aux robots, à l’homme augmenté. La guerre d’el boundouqia fait partie de l’histoire. En traversant le siècle, nous avons laissé derrière nous la guerre classique. Les vrais combats sont ceux de l’intelligence. Les centres de recherche des armées recrutent des milliers d’ingénieurs et de docteurs.
    Doit-on continuer à regarder dans le rétroviseur alors que le monde avance et n’a que faire de nos états d’âme et de ses combats d’arrière-garde? Nous en sommes encore à nous créer des querelles et à tirer sur tout ce qui bouge dans un véritable jeu de massacre d’atteinte à des personnalités repères, ce qui remet aux calendes grecques l’édification nationale qui nous conforte dans notre algérianité. Doit-on continuer à nous lamenter en comptant les points des coups reçus ou sommes-nous déterminés à nous battre avec les armes du XXIe siècle ?
    Le mieux est de prendre acte et de prendre rendez-vous avec l’Histoire et se mettre au travail. Il est temps de réétalonner notre rapport au monde Un maître-mot : le savoir. Si nous décidons de donner une visibilité à l’Algérie pour qu’elle ne devienne pas une zone grise, ce ne sont plus des rodomontades sans lendemain. C’est la mise en place sans tarder en laissant l’idéologie en dehors de l’école et de l’université.
    Dans ce cadre, nous pouvons donner rendez-vous au monde dans quelques années en nous mettant au travail autour d’un projet, celui d’une Algérie du futur qui donne sa chance et où ceux qui ont une valeur ajoutée la mettraient au service du pays, barrant la route à tous ceux tentés par l’aventure et qui croient trouver dans l’adoubement à l’ancienne puissance une façon de rendre service au pays. Cruelle erreur ! On sait ce que c’est la démocratie aéroportée et qui est comme un cataplasme sur une jambe de bois pour des pays vulnérables. Comme sont tentés par l’aventure de combats d’arrière-garde ceux qui s’arriment à la sphère moyen-orientale, autrement plus féroce contre l’Algérie qui refuse de rentrer dans le rang. Dans le futur, il nous sera de plus en plus difficile de tenir nos positions de principe sur les grands dossiers si nous ne sommes pas puissants scientifiquement, non pas d’une façon ostentatoire, mais suffisamment importante pour décourager tout pays tenté par l’aventure en se permettant des provocations.
    Nous avons usé et abusé de la symbolique de la Révolution de Novembre dont l’aura a terni. De plus, nous n’avons pas joué la prudence concernant la gestion de la rente et risquons de nous réveiller avant la fin de la décennie avec une rente nulle. Un seul chiffre, l’Algérie consume 120 millions de m3 par jour et 40 000 tonnes de pétrole/jour, soit en moyenne 70 millions de dollars actuels. Il n’y a pas de fatalité, le diagnostic est connu : nous sommes en retard ! Il y a nécessité une fois de plus à faire notre aggiornamento. Nous devons sans tarder sortir du fossile en pensant aux générations futures par la conception sans tarder du modèle énergétique qui trace le cap d’ici 2030 et au-delà. Parallèlement et pour être en phase avec la réalité du monde, notamment pour investir les nouvelles disciplines qui interviennent dans la cybersécurité, il nous faut former au moins 50 000 informaticiens en intelligence artificielle.
    Quelle que soit la santé financière du pays, il faut mettre en place un campus de l’intelligence de 20 000 places à Sidi Abdallah où nous devons former les futures troupes scientifiques capables de répondre d’une façon appropriée dans un monde de plus en plus dangereux. Ce campus devrait pouvoir avoir toutes les sollicitudes en termes de moyens. L’élite formée dans de bonnes conditions devrait pouvoir permettre la pleine mesure de son talent en étant sécurisée du point de vue de l’emploi. Les écoles d’intelligence artificielle et de mathématiques devraient être complétées par les huit autres concernant les autres domaines. C’est le cas de l’informatique, de la robotique, de l’électronique, de la transition énergétique (ITEER), de l’École de médecine. Ce sera la Silicon Valley algérienne. Cela ne dépend que de nous, les idées sont mûres. Il nous faut passer aux actes sans tarder.
    Nous ne pouvons plus continuer à subir ! Nous devons être offensifs, mais il serait présomptueux d’en attendre des résultats dans un futur immédiat. Nous ne pouvons entrer dans le développement par effraction, c’est une lente maturation, ce sont des nuits blanches, c’est une autre Révolution qu’il faut mener en rassemblant. Justement, s’agissant de l’unité de l’Algérie, je fais mienne cette citation de Cheikh Nahnah : «Al Djazaïr min talata min Tizi Ouzou li Tamanrasset oua min Tlemcen li Tebessa. » Puissions-nous être convaincus par le sacerdoce du vivre-ensemble et la nécessité de la construction du projet de société par la justice, le brassage permanent, le parler vrai à cette jeunesse qu’il faut convaincre que nous n’avons pas de patrie de rechange…
    C. E. C.
    (*) École polytechnique, Alger.
    1.https://www.elwatan.com/archives/actualites/ferhat-mhenni-et-linsulte-aux-martyrs-19-01-2012
    2. Rédaction de mediapart Abdellatif Hammouchi, le superflic du Maroc, au cœur de l’affaire Pegasus 22 juillet 2021
    3.https://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=566:2021-07-27-00-26-16&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119
    4.https://www.lemonde.fr/pixels/video/2021/07/20/c-est-une-industrie-creee-pour-vous-pirater-edward-snowden-reagit-aux-revelations-concernant-le-logiciel-espion-pegasus_6088853_4408996.html
    5. Merzouk Abdeleziz vendredi 24 juillet 2021 https://www.algerie360.com/projet-pegasus-le-monde-persiste-et-signe-et-repond-au-maroc/
    6. Jérôme Hourdeaux, la grande hypocrisie Jérôme Hourdeaux Mediapart 21 juillet 2021
    7. Martin Untersinger et Damien Leloup https://www.lemonde.fr/projet-pegasus/article/2021/07/19/projet-pegasus-comment-la-societe-israelienne-nso-group-a-revolutionne-l-espionnage_6088692_6088648.html
    8.https://fr.wikipedia.org/wiki/Abdelkrim_el-Khattabi
    9.https://www.tsa-algerie.com/allemagne-appel-a-contrecarrer-lhegemonie-du-maroc-au-maghreb/
    10. Abderrahmane Mebtoul «La problématique de la sécurité nationale et de la maîtrise des nouvelles technologies en question», site Algérie Eco, 21 juillet 2021. Imene A.
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  • Sahara occidental : Pegasus est l’aspect le plus soft que nous subissons de la colonisation (Ould Salek)

    Colonisation du Sahara occidental : Pegasus est l’aspect le plus soft que nous subissons, souligne le chef de la diplomatie sahraouie au magazine français Marianne

    Dans son dernier numéro, le magazine français Marianne, a publié un dossier sur les armes illégales auxquelles recourt le Maroc, comme la drogue, la menace migratoire et en dernier, le scandale du logiciel espion Pegasus utilisé les services marocains, contre alliés et supposés ennemis, pour maintenir sa colonisation du Sahara occidental à cette occasion, l’hebdomadaire a interviewé, le chef de la diplomatie sahraouie, Mohamed Salem Ould Salek, pour qui « l’espionnage est un crime contre le peuple sahraoui ».
    Selon lui, « pour le Front Polisario, il est l’un des aspects de la guerre que le Maroc a lancée depuis 1975 contre notre pays ». Le ministre sahraoui a rappelé que « Pegasus suscite une vague d’indignation dans le monde. Mais nous ne sommes pas surpris. Voilà des décennies que le Maroc piétine la légalité internationale ! Pegasus c’est l’aspect le plus soft de l’occupation que nous subissons ». 
    A la question pourquoi Pegasus et le dossier sahraoui, le ministre a indiqué que « c’est le sujet central pour le Maroc », ajoutant que « même ceux qui soutiennent le régime alaouite dans son aventure militaire périlleuse- c’’est le cas de la France et de l’Espagne notamment, sont espionnés. » 
    Pour lui, « aujourd’hui, le Maroc doute de tout le monde, de ses voisins, de ses alliés, de ses amis qui depuis des années, bloquent au Conseil de sécurité de l’ONU, la voie vers un véritable référendum d’autodétermination pour le peuple du Sahara occidental ». 
    Il a rappelé qu’après 45 ans, « ni la communauté internationale, ni l’Union européenne et pas plus l’Union Africaine, n’ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental », ajoutant que « dans son avis de 1975, la cour de justice internationale reconnaissait que notre pays, avant la colonisation espagnole n’avait aucun lien de suzeraineté avec le Maroc. Et la cour européenne de justice l’a rappelé en 2018 ». 
    Le ministre a souligné que « Hassan II avait pris la décision de nous faire la guerre, mais il était aussi réaliste et avait accepté l’idée du référendum pour faire la paix. Malheureusement, avec son fils, nous sommes face à un régime persuadé qu’il gagnera par les armes, toutes les armes dont, bien sûr l’espionnage, mais aussi l’utilisation de la drogue ou la menace migratoire ». 
    Sur le soutien de Paris à Rabat dans le dossier sahraoui, le ministre a estimé qu’«aujourd’hui, la France se place au côté de ce régime désuet, autocrate et féodal comme elle l’a fait depuis si longtemps en Afrique et elle en paie le prix son image est ternie ».
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  • Le Maroc interdit temporairement d’utiliser Pegasus?

    Le Maroc interdit temporairement d’utiliser Pegasus?

    Pegasus : NSO interdit temporairement aux gouvernements l’utilisation du logiciel

    Selon le site Algérie24, qui cite la National Public Radio américaine, la société israélienne “NSO” (NSO), qui est le concepteur du programme d’espionnage électronique “Pegasus”, a temporairement empêché de nombreux gouvernements à travers le monde d’utiliser sa technologie.

    « La radio a cité une source au sein de la société israélienne selon laquelle elle avait suspendu sa coopération jusqu’à la fin de son enquête sur l’utilisation abusive de ses technologies », ajoute le média algérien.

    « Le Washington Post a rapporté que parmi les pays suspendus figuraient la technologie de la société israélienne, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et d’autres pays arabes sans les citer. Et certaines agences gouvernementales au Mexique », indique-t-on. Le Maroc, figure-t-il dans la liste  » d’autres pays arabes? ».

    « Une enquête de presse internationale a confirmé que le logiciel « Pegasus » était utilisé par plusieurs pays et régimes pour espionner des chefs d’État, des journalistes, des opposants ou dissidents et des représentants d’institutions des droits humains », rappelle la même source.

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  • Pourquoi j’ai été ciblé par le logiciel espion Pegasus

    Madawi al-Rasheed

    Mon travail pour exposer les crimes du régime saoudien a conduit à une tentative de piratage de mon téléphone. Aujourd’hui, je suis submergé par des sentiments de vulnérabilité et d’intrusion

    La prédiction orwellienne s’est finalement réalisée. Je savais que ce n’était qu’une question de temps avant que le régime saoudien n’essaye de pirater mon téléphone, en utilisant le logiciel Pegasus fabriqué par la société de sécurité privée israélienne NSO Group.

    Cette évolution met en évidence la consolidation d’un nouvel axe du mal : Israël , l’ Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont devenus un chœur de puissances malveillantes visant à étouffer l’activisme et la quête de démocratie dans la région. Israël fournit des connaissances ; les autres fournissent des fonds.

    La privatisation de l’ appareil de sécurité israélien et la multiplication des entreprises privées fondées par d’anciens agents de la défense et du Mossad constituent une menace non seulement pour les Palestiniens d’Israël, de Gaza et de la Cisjordanie occupée, mais aussi pour tous les citoyens du Golfe, avec Les logiciels espions israéliens vendus aux dictatures du monde arabe.

    En retour, Israël accède aux cercles de renseignement intérieurs et aux États profonds du Golfe, ce qui lui permet de les tenir en otage pendant longtemps. Israël soutient les autocraties du Golfe, pensant que cela garantit à jamais sa propre sécurité. Mais Israël a tort.

    La normalisation avec Israël n’est pas seulement immorale à cause de la situation des Palestiniens ; c’est aussi une menace existentielle pour tous les ressortissants du Golfe qui cherchent des réformes politiques dans leur propre pays. La soi-disant « seule démocratie au Moyen-Orient » a tellement enraciné son système d’apartheid qu’aucune propagande ne peut le sauver, et les fortes objections publiques à la normalisation des régimes arabes avec Israël ne feront que s’intensifier dans les mois et les années à venir.

    Saga de surveillance

    Les Émirats arabes unis jouent un rôle clé dans la saga de surveillance par les entreprises privées israéliennes. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane est tombé sous le charme de Mohammed ben Zayed, son homologue émirati. Oubliez le « plus haut bâtiment , l’ aéroport le plus fréquenté et les ministères de la tolérance et du bonheur » – qui sont au cœur de la propagande des Émirats arabes unis – et rappelez-vous que ben Zayed est le mentor de ben Salmane.

    Les deux sont unis par leur haine de la démocratie, de la diversité politique, de la liberté d’expression et des droits de l’homme. Les deux sont désormais la clé d’un axe du mal supervisé par une technologie israélienne malveillante, dont la prétendue raison d’être est d’aider les gouvernements à attraper les criminels et les terroristes. Pourtant, il est utilisé contre des militants pacifiques.

    Forbidden Stories , une ONG basée à Paris et spécialisée dans la défense des journalistes et des militants des droits humains, a obtenu plus de 50 000 numéros de téléphone ciblés dans le monde par des logiciels malveillants israéliens pour le compte de clients de l’ONS, principalement des gouvernements. Ils ont alerté divers médias et, avec le soutien d’Amnesty International, ont lancé le projet Pegasus.

    Les résultats ont montré qu’en avril 2019, il y avait eu une tentative de piratage de mon téléphone , mais sans succès. Bien que ce soit un soulagement, je suis submergé par des sentiments de vulnérabilité et d’intrusion.

    Pour obtenir des preuves du projet Pegasus, j’ai dû soumettre le contenu de mon téléphone – dans lequel ma vie privée et professionnelle était stockée – à leur équipe technologique.

    Je me suis assis devant un écran d’ordinateur pendant trois heures, à regarder ma vie virtuelle se rendre au laboratoire d’Amnesty International, où une recherche de logiciels malveillants a été menée. J’ai reçu des preuves de l’échec de la tentative de piratage d’avril le même jour.

    Contrôler le récit

    En tant que citoyen britannique d’origine saoudienne, j’ai passé plus de la moitié de ma vie à écrire, à faire des recherches et à enseigner. Vous ne vous attendriez pas à ce que je sois piraté. Mais de telles activités professionnelles sont un crime en Arabie saoudite, où le régime est déterminé à contrôler le récit du passé, du présent et du futur.

    Mon crime est d’avoir percé ce récit, en utilisant des compétences de recherche universitaire et un accès aux Saoudiens dont les voix restent en sourdine. Toutes mes recherches se sont concentrées sur le fait de donner une voix aux sans-voix, ce qui implique inévitablement d’interroger des Saoudiens à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Ma démystification des mensonges officiels saoudiens dérange le régime, qui n’a épargné aucune occasion de ternir ma réputation, m’accusant d’être un agent des gouvernements occidentaux, de la Turquie, de l’Iran, du Qatar, et auparavant de la Libye et de l’Irak.

    Dans les années 1990, le régime m’a ciblé avec des menaces directes de violence – mais avec l’avènement d’Internet, ces menaces sont devenues virtuelles, propagées par des agents du régime. Le piratage de mon téléphone n’est que le dernier épisode.

    En 2014, mon compte Twitter a été piraté à la recherche de scandales sensationnels et éventuellement de complots clandestins avec d’autres exilés saoudiens. Les pirates doivent avoir été déçu de ne pas trouver de tout cela, mais ils l’ ont fait exposer ma conversation privée avec le cheikh Awad al-Qarni , une figure islamiste clé qui m’a envoyé des salutations et m’a demandé de ne pas augmenter ma critique du silence du mouvement islamiste lors de premier plan Des dirigeants saoudiens des droits humains ont été arrêtés.

    Les espions du régime ont lancé une campagne pour discréditer Qarni pour avoir envoyé un message direct à une femme non voilée, comme moi. Qarni est en prison depuis plusieurs années.

    Vies en danger

    Je n’ai jamais rien eu à cacher, car tout ce que je savais était documenté et publié dans des livres et des articles. Je n’avais pas de secrets, mais ce n’était pas le sujet. Je chérissais ma vie privée et détestais l’intrusion saoudienne dans ma vie. Je m’inquiétais également pour ceux qui communiquent avec moi depuis l’intérieur du pays, car leur vie pourrait être en danger.

    Parmi les charges retenues contre Mohammed al-Otaibi , un militant des droits humains, figurait mes livres et articles sur son ordinateur. Il est toujours en prison. Il est de ma responsabilité de protéger ceux qui se confient à moi et veulent que leur voix soit entendue.

    Le meurtre de Jamal Khashoggi en octobre 2018 a coïncidé avec une plus grande surveillance saoudienne des exilés en Grande-Bretagne, au Canada et ailleurs. Le choc suscité par les détails horribles de la découpe d’un journaliste pacifique a été aggravé par les craintes de piratage. C’était la première fois que des exilés entendaient parler de NSO aidant les Saoudiens à pirater le téléphone d’un jeune exilé basé au Canada, Omar al-Zahrani, qui avait communiqué avec Khashoggi au sujet de la création d’une plate-forme médiatique pour démystifier la propagande saoudienne.

    Le coût financier de la sécurisation de mon téléphone était colossal, mais cela en valait la peine. Bien que l’assaut d’avril 2019 sur mon appareil ait échoué, je suis sûr qu’il y aura d’autres tentatives à l’avenir.

    En 2019, j’étais impliqué dans des discussions avec d’autres exilés dans trois pays sur la formation d’un parti politique, ce qui pourrait expliquer la tentative d’infiltration de mon téléphone à cette époque. Le régime voulait plus de détails sur qui parrainerait un tel projet – et qui étaient les coupables. Le projet s’est concrétisé le 23 septembre 2020, jour où le royaume célèbre sa fête nationale, lorsqu’un petit groupe de militants, dont moi-même, a annoncé la création de l’Assemblée nationale saoudienne (NAAS). Yahya Asiri, le secrétaire général, a été piraté, et son nom apparaît dans les fichiers Pegasus.

    Debout contre l’oppression

    Je suis passé du monde universitaire à l’activisme politique parce que le régime saoudien a commis des crimes odieux et que la vie des exilés, y compris la mienne, était en danger. Le régime saoudien m’a pris pour cible lorsque j’étais universitaire, et à nouveau après que je sois devenu militant. De telles attaques se poursuivront sûrement dans les mois et les années à venir.

    En avril 2019, j’écrivais également un livre sur les relations État-société. Le méchant n’était autre que ben Salmane , qui a détenu des centaines de Saoudiens et précipité la fuite de dizaines de plus.

    J’ai été déconcerté par les représentations médiatiques occidentales du prince comme un réformateur moderne , alors que les prisons saoudiennes regorgeaient de prisonniers d’opinion innocents, que les femmes faisaient campagne contre la discrimination et qu’une jeune diaspora se réunissait dans le monde entier. Mon livre, The Son King , était définitivement un faux pas.

    En 2019, une nouvelle opposition saoudienne virtuelle en exil commençait à se former, s’opposant à l’oppression et à la dictature. Le NAAS s’appuie sur les médias sociaux pour se connecter et échanger des idées, ce qui le rend extrêmement vulnérable, comme l’ont démontré le meurtre de Khashoggi et le piratage des téléphones des militants. À la suite des révélations du Pegasus Project, NAAS reviendra sûrement aux anciennes méthodes de mobilisation, de réunions et d’activisme.

    Grâce aux malwares israéliens, à la complicité des Emirats Arabes Unis et aux intrusions saoudiennes, les exilés devront rechercher des méthodes sécurisées pour partager des informations et se mobiliser. Comme beaucoup se sont réfugiés aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne et dans toute l’Europe, ces États ont la responsabilité de les protéger de la surveillance saoudienne. Sinon, il y a un réel risque que la saga Khashoggi se répète.

    La diplomatie doit être activée pour empêcher l’axe du mal de répandre plus de peur, d’appréhension et éventuellement de meurtre – et si cela ne fonctionne pas, des sanctions devraient être prises, à tout le moins en Grande-Bretagne, où résident deux des fondateurs de NAAS.

    Middle East Eye, 20/07/2021

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  • Vérifiez par vous-même la présence de l’espiogiciel Pegasus sur votre téléphone

    Vérifiez par vous-même la présence de l’espiogiciel Pegasus sur votre téléphone

    Voici comment vérifier par vous-même la présence de l’espiogiciel Pegasus sur votre téléphone

    L’outil qu’Amnesty utilise pour analyser les smartphones en vue d’y détecter la présence du spyware, vous pouvez à présent aussi y avoir recours. Si suite aux révélations sur l’espiogiciel Pegasus de la part du magazine Knack notamment, vous souhaitez contrôler votre appareil par vous-même, vous devrez faire preuve de patience et de connaissance IT.

    Ces derniers jours, un groupe de journalistes d’enquête, en collaboration avec Amnesty International, a dévoilé que le spyware Pegasus de l’entreprise israélienne NSO était potentiellement utilisé pour espionner non seulement les terroristes, mais aussi des hommes/femmes politiques, activistes et journalistes.

    Si vous vous demandez à présent ce qu’il en est de votre propre téléphone mobile, vous pouvez vous-même télécharger l’outil d’Amnesty International. Que les choses soient claires: le risque est extrêmement faible que cet espiogiciel sophistiqué se trouve sur votre appareil. Toujours est-il que repérer un spyware conçu pour ne pas être détecté, ce n’est pas une mince affaire.

    L’outil

    NSO vante son espiogiciel comme étant un programme qui ne laisse aucune trace. Il est donc bien malaisé à détecter, mais des éléments médico-scientifiques, comme la communication avec certains serveurs utilisés par NSO, peuvent néanmoins être repérés, même si cela n’est pas une sinécure.

    Amnesty explique en détail dans son rapport comment elle opère et si vous le voulez, vous pouvez télécharger l’outil sur Github. Pour utiliser l’outil d’analyse, le Mobile Verification Kit (MVT), vous devrez effectuer un backup de votre appareil Android ou iPhone, le porter sur votre desktop, puis le faire scanner. L’outil MVT recourt à une interface en ligne de commande, ce qui fait que vous devrez passer par un travail de saisie manuelle et avoir une certaine connaissance IT pour la rendre opérationnelle.

    Android vs iPhone

    L’outil scanne votre backup et place le tout dans une série de dossiers. Lorsqu’il trouve un fichier potentiellement compromettant, il émet un avertissement. Amnesty met cependant en garde contre les faux positifs. Partez du principe qu’il vous faudra compulser patiemment les fichiers.

    Comme déjà abordé dans des articles précédents, l’outil semble mieux fonctionner avec les iPhone qu’avec les téléphones Android, ce qui fait qu’Amnesty a pu effectuer davantage de vérifications de la présence de l’espiogiciel sur les appareil d’Apple. Cela est essentiellement dû au fait qu’iOS est plus transparent dans ses fichiers. Tout semble indiquer que l’outil scanne les fichiers sur iOS, alors que pour les téléphones Android, il se concentre surtout sur les messages de texte des ou vers les serveurs reliés à NSO. C’est du moins ce que révèle TechCrunch, qui a déjà testé l’outil. Via ces messages de texte, l’entreprise aurait réussi à pénétrer sur les téléphones des victimes.

    Data News, 20/07/2021

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