Étiquette : Macron

  • Macron s’est excusé aux Harkis, mais pas aux algériens

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    L’historien Ouddène Boughouflala : « Il faut en finir avec le néocolonialisme masqué»

    Entre Alger et Paris, le  poids de l’histoire demeure toujours présent, alors que pour une certaine classe politique française de gauche ou de droite, la nostalgie de l’Algérie française continue d’animer les ambitions politiques à l’approche des élections. L’historien Ouddène Boughoufala ne cache pas son exacerbation face aux surenchères politiciennes de la France. «Paris a toujours cette nostalgie d’un passé colonial qui l’empêche de saisir le fait que l’Algérie de 2021 n’est ni celle de 1830 ni celle de 1962», assène-t-il.Le chercheur au Laboratoire des études historiques et archéologiques d’Afrique du Nord est des plus explicites  : «Si la France veut établir des relations politiques solides avec l’Algérie, elle doit de prime abord revoir sa présence en Algérie comme pays colonisateur, qui a commis les crimes les plus odieux et barbares.» Ensuite, «comprendre le fait que la diplomatie passe également par l’histoire», poursuit-il, avant de préciser que «l’acharnement de la France de Macron s’explique par des facteurs internes liés à l’approche de l’élection présidentielle et la tentative de gagner l’adhésion de l’électorat de l’extrême droite».

    Le chercheur explique, dans le même sillage, que la pression exercée par l’Algérie concernant la question de la mémoire et de la reconnaissance des crimes coloniaux«n’a pas réjoui apparemment les apôtres du néocolonialisme en France». Boughoufala rappelle que «Macron a présenté les excuses de la France aux harkis et non pas aux Algériens victimes de la barbarie des léopards français, ni les victimes de la torture et ni celles des essais nucléaires». Une attitude que l’historien n’hésite pas à qualifier de «pernicieuse qui illustre parfaitement le complexe des acteurs politiques français et leur nostalgie coloniale». En référence aux déclarations du chef de l’Etat, le chercheur fait savoir que «le dossier de la mémoire continue de miner les relations entre les deux pays», en raison, dit-il,«des lobbies exerçant leur influence sur la sphère politique à Paris».

    Le Pr. El Houcine Hammache, spécialiste en psychologie sociale : «Le message de Tebboune a été clair»

    Le spécialiste en psychologie sociale, le Pr El Houcine Hammache, a relevé que, dans son message à l’occasion de la Journée nationale de l’émigration, le président de la République n’a pas fait dans le politiquement correct, dans le sens où il a affirmé que l’Algérie est un état souverain. «Les déclarations du chef de l’Etat ont un effet immédiat à l’encontre d’une impulsivité politique d’un Macron à la recherche d’un électorat supplémentaire.

    Le Pr. Hammache affirme que par son «intransigeance», le président français rappelle aux Français que l’Algérie possède des arguments valables qui fortifient ses positions» et surtout, poursuitil,«son exigence de la réouverture de tous les dossiers concernant la barbarie coloniale». Pour le chercheur, les déclarations du chef de l’Etat sont claires dans le sens où il refuse de faire des concessions et exige la reconnaissance par la France de ses crimes de guerre, qui ont débuté avec le début de leur colonialisme, soit de 1830 à 1962.

    «Le président de la République a réagi tout simplement aux déclarations du président français, en démontrant que nous avons beaucoup d’arguments qui sont justes et valables sur les plans politique, social et psychologique. L’Algérie n’a pas bénéficié de ses droits comme nation victime d’une longue nuit de colonialisme», ajoute-t-il. En effet, le dossier de la mémoire hante les esprits des néocolonialistes français dans leur quête d’un passé qu’ils estiment glorieux, mais qui n’était au final qu’un épisode de terrorisme civilisationnel.

    Samira Azzegag

    Horizons, 18/10/2021

  • El Moudjahid : Macron disculpe l’Etat français

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    En n’assurant n’avoir aucune attache avec les partisans de la « nostalgérie » le président français veut résumer par ce barbarisme la douleur et l’émotion des proches des victimes tout en affirmant s’engager résolument dans la voie de la réconciliation des peuples français et algérien. La peine des gens qui ont vu mourir les leurs, jetés dans la Seine, les mains attachées, peut-elle être réductible à de la nostalgie. Il y a des mots qui blessent autant que les balles quand on se moque du respect.

    L’auteur de la Gangrène et l’oubli aura bien du mal à le convaincre de franchir le Rubicon, car Emmanuel Macron ne cesse de mettre de la politique dans son vin mémoriel.

    C’est un véritable déni de vérité, une hallucinante disculpation de l’Etat français qu’a accomplis le Président Macron en lavant cet Etat de la responsabilité des horribles crimes perpétrés en ce 17 octobre 1961.

    Il s’est contenté de faire porter la responsabilité de ces assassinats sur le seul préfet de Paris, Maurice Papon, évitant également de les qualifier de crime d’État.

    Il faut être absolument naïf pour croire que Papon pouvait avoir pris la décision de donner ordre à la police parisienne de réprimer avec une extrême sauvagerie, des manifestants pacifiques et sans armes.

    En vérité, le préfet, dont ce n’est pas la première équipée sanglante, ne pouvait qu’être missionné par les très hautes sphères du régime gaulliste pour accomplir la sale besogne.

    Se rendre sur un lieu de mémoire, observer une minute de silence et lancer une gerbes de fleurs dans la Seine, témoin éternel de la nuit d’horreur, ne trompe personne. L’acte, aussi solennel soit-il, est totalement improductif.

    On comprend bien que le crime d’Etat n’entre pas dans la volonté de ce président. Faut-il le répéter. Il y a là, tout au plus, un clin d’œil évident en direction d’un électorat qu’il courtise dans la course à l’Elysée.

    Tout compte fait, Macron s’inscrit dans la continuité de la politique française et ne change dans le fond, rien à l’affaire.
    Que vaut, en réalité, la portée de son «geste» ? Presque rien. Contrairement à de nombreux pays qui ont reconnu les crimes perpétrés au cours de leur histoire coloniale, contre les autochtones, comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Belgique, sans oublier les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Australie ou le Canada, la France se signale par cette attitude inacceptable pour les victimes et leurs descendants, ainsi que pour le peuple algérien.

    Encore une fois, elle se dérobe en accomplissant un acte, sur le pont de Bezons, historiquement et politiquement irrecevable.

    Pour Mehdi Lallaoui, cinéaste et auteur d’un excellent documentaire sur la douloureuse tragédie du 17 octobre 1961, président de l’Association Au nom de la mémoire, « c’est une occasion ratée, très en-deçà de ce que l’on attendait ». « Les assassins ne sont pas nommés. Il n’y a que Maurice Papon qui l’est. C’est insupportable de continuer dans ce déni, que l’on ne puisse pas nommer la police parisienne, que l’on ne puisse pas citer Michel Debré, Premier ministre à l’époque, ou le général de Gaulle ».

    EL MOUDJAHID, 18/10/2021

  • France-Algérie : Le jeu de Macron

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    Après ses provocations envers l’Algérie en allant jusqu’à remettre l’histoire d’une Nation pour légitimer indirectement la colonisation en Algérie, Macron a prôné, dans un entretien diffusé mardi, un apaisement dans les relations entre Paris et Alger. « Mon souhait, c’est qu’il y ait un apaisement parce que je pense que c’est mieux de se parler et d’avancer. Il y a sans doute des désaccords mais la vie, c’est fait pour parler des désaccords et aussi les partager », a déclaré le chef de l’Etat, dans un entretien accordé lundi soir à France Inter et diffusé mardi matin.

    « Il y aura immanquablement d’autres tensions, mais je pense que mon devoir, c’est d’essayer de faire cheminer ce travail» de mémoire, a-t-il ajouté. Mais, Macron est allé au-delà de la mémoire commune entre l’Algérie et la France, en évoquant la question des «Ottomans» en Algérie. Déjà, cette question des Turcs en Algérie est, avant tout, une affaire algérienne dont le dossier doit être traité par des Historiens et non par des politiques. «Des tensions, il y en aura…».

    C’est comme si l’Histoire allait déranger les politiques. Or, depuis l’événement du malaise Zeroual-Chirac, il n’y a pas eu de tension entre l’Algérie et la France. Déjà, le travail de mémoire est une source d’apaisement et non de tension.

    La « provocation » de Macron était délibérée, d’ailleurs il ne s’est même pas excusé. La France a peur que l’Algérie se rapproche trop de la Chine. Et cette «provocation» viserait, en premier lieu, la Turquie qui s’est rapprochée de la Russie.

    La «provocation» de Macron qui est non pas vers le régime mais vers tout un peuple, est aussi une stratégie électoraliste pour «rassurer» la droite et l’extrême droite en France.

    La meilleure réponse de l’Algérie est de donner la parole et d’ouvrir les espaces aux Historiens afin de traiter les questions d’Histoire et de crimes contre l’humanité durant la période coloniale.

    Le Carrefour d’Algérie

  • Visa et mensonges !

    Algérie, France, Emmanuel Macron, visa, #Algérie, #Visa, #Macron,

    La question du «visa» entre l’Algérie et la France continue de faire polémique d’autant que la France a réduit le nombre d’octroi de visa aux Algériens. La France a annoncé le 28 septembre une réduction de moitié des visas pour l’Algérie et le Maroc et d’un tiers pour la Tunisie, invoquant comme raison le «refus» de ces pays de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France. 
    Tebboune a accusé ce dimanche le ministre de l’Intérieur de mentir sur le nombre d’immigrés clandestins algériens à refouler depuis la France. «Il n’y a jamais eu 7.000 Algériens à expulser. La France a évoqué avec nous plus de 94 Algériens. Jamais il n’y en a eu 7.000», a déclaré Abdelmadjid Tebboune ce dimanche soir, dans un entretien avec plusieurs médias algériens. 
    Entre 94 et 7.000 personnes, il y a une grande différence. La France va certainement réagir et laisser indiquer qu’il s’agirait de 7.000 algériens en situation irrégulière qui devraient être expulsés. Mieux, l’Algérie refuse catégoriquement de recevoir tout binational, né en France, lié au terrorisme. 
    «La liste qui nous est parvenue en 2020 et les trois listes en 2021 comptaient 94 cas, parmi lesquels 21 ont été acceptés et 16 autres rejetés», a assuré le président Tebboune. «Ils ne vont pas rentrer (en Algérie) car ils sont liés au terrorisme. Ils sont venus de Syrie. (…) Il y a des binationaux qui n’ont pas de famille ici», a-t-il expliqué. 
    Cette fois-ci, le pouvoir algérien veut mettre les choses au clair sur la question du visa qui devient du «chantage». Le «visa» prive des Algériens d’aller voir leur famille en France. 
    Tebboune n’hésite pas à rappeler au pouvoir français les accords d’Evian et de 1968 sur la libre circulation. 
    «La réduction des visas est une question qui relève de la souveraineté de tous les Etats, y compris pour l’Algérie, à condition qu’elle respecte les accords d’Evian et les accords de 1968 qui dictent certaines mesures», a-t-il souligné. 
    Alger refuse que l’Algérie soit traitée comme d’autres pays sur la question, entre autres, des visas. «Ne nous mélangez pas avec d’autres pays. (…) L’Algérie est un pays spécial» pour la France, a-t-il ajouté en répétant: «Il y a des accords qui nous lient», a-t-il relevé. 
    Ce qui est certain, ce sujet continuera d’alimenter la polémique.
    B. Nadir
  • Ouest Tribune : Une mémoire honteuse

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    Les dérapages historiques du président français sur la colonisation et l’existence d’une nation algérienne avant l’invasion française rappelle que la nostalgie pour une ère révolue n’est pas une affaire d’extrême droite dans ce pays. Cette célébration du crime contre l’humanité qu’a été la colonisation française en Afrique est donc une affaire d’élite toute tendance idéologique confondue. Il serait injuste de mettre toute l’intelligentsia française dans le même sac, mais disons-le clairement, Emmanuel Macron est dedans sans nuance aucune. Mais ce petit-fils spirituel de Le Pen et les autres affidés de l’Algérie-française est bien embêté tous les 8 mai et les 17 octobre de chaque année. Il ne peut invoquer des faits de guerre, ni une hostilité armée de manifestants. Dans les deux cas, c’est du pur crime d’Etat.

    En cette date anniversaire du 17 octobre 1961 de l’abject assassinat de centaines d’Algériens, souvent de la manière la plus barbare, commis par la police française, les personnalités en vu de l’establishment français n’éprouve pas de honte particulière à se bousculer sur twiter et les chaînes de radio et de télévision pour apostropher les historiens qui disent la vérité et sortir des sornettes sur la prétendue responsabilité algérienne dans la guerre de libération nationale. Comme si l’acte colonial lui-même était, à l’origine, une demande de protection de l’Algérie.

    En cette date-anniversaire, les responsables politiques de l’Hexagone qui protègent leur gagne-pain mémoriel ne savent, en réalité, pas sur quel pied danser.

    L’institutionnalisation de la torture, le déplacement des populations, l’usage du napalm et les bombardements de villages durant la guerre d’Algérie et, plus loin dans l’histoire, les emfumades et les dépossessions des terres des Algériens sont autant de faits historiques. Et tout cela remonte à la surface chaque 17 octobre et 8 mai 45.

    Tout le monde en France, de l’extrême gauche à l’extrême droite en reconnaît la véracité, documents à l’appui. En réalité, personne n’est dupe. Les dernières gesticulations du président Macron n’ont d’autres objectifs que celui de répondre à l’appel des nostalgiques de l’Algérie française.

    Ces derniers, qui faut-il le souligner, perdent du terrain d’année en année et vont droit vers une autre défaite après celle de leur guerre coloniale, ont fait un deal crasseux avec un homme faussement républicain. Dans ce combat d’arrière garde, Macron et consorts ne cherchent pas la vérité historique et encore moins le salut de la République française.

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 17/10/2021

  • Horizons: 17 Octobre 1961, un jour sang pour les Algériens

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    Jamais l’Histoire coloniale n’a été aussi fortement convoquée que durant ces derniers temps. Campagne électorale présidentielle française oblige, l’ancienne puissance coloniale remet au goût du jour ses missions civilisatrices dans les guerres impérialistes et coloniales qu’elle a fait subir notamment aux peuples du continent africain. Le président Macron a ouvert le feu dans une volte-face mémorielle jetant un froid inédit sur les relations algéro-françaises et donnant le LA à presque toute la classe politique de l’Hexagone. Et c’est, bien sûr, par l’Algérie que les candidats de l’extrême-droite puis de la droite ont entamé leur surenchère révisionniste. C’est que le «joyau» perdu de la France est resté en travers de la gorge des partisans de l’Algérie française. Une question se pose : marqueront-ils une pause dans leurs propos haineux à l’occasion de ce 17 Octobre ? Peut-être. Il faut juste leur rappeler que c’est Maurice Papon, celui qui a pris soin de déporter des milliers de juifs durant la Seconde Guerre mondiale vers les camps de concentration nazis, qui a été chargé par l’Etat français de mater coûte que coûte la marche pacifique des Algériens de Paris en 1961.
    Alors que les relations diplomatiques entre l’Algérie et la France sont toujours tendues et au bord d’une rupture jamais égalée, et pour cause, les dernières déclarations du président français Emmanuel Macron sur la nation algérienne, une date et un massacre viennent rappeler à la France ses «œuvres» coloniales et à l’Algérie son combat pour la liberté, ses souffrances et ses martyrs.

    Une date, le 17 Octobre 1961, une oppression des plus violentes, des Algériens tués et d’autres jetés vivants dans la Seine, avait remis en cause la France des «droits de l’homme ». Le tristement célèbre 17 Octobre est une tache des plus noires dans l’histoire coloniale de la France. A ce jour, la France ne se regarde pas en face et ne reconnaît que timidement ce qui s’est passé ce jour-là. Elle tente d’occulter cette terrible date et d’autres sinistres dates dans sa conquête de l’Algérie.

    Après les années de l’indépendance de l’Algérie, il était impossible et inadmissible pour l’Etat français d’accepter le rappel de ces évènements, ou la commémoration de cette date sous quelques formes possibles. De Charles de Gaulle à Valéry Giscard d’Estaing, ces terribles événements sanglants ont été sciemment occultés pour préserver la nouvelle France et le fameux slogan «Liberté, égalité, fraternité».

    Quand Octobre noir nous remet dans l’histoire !

    Les Algériens de France de l’époque, à travers la Fédération de France, ne faisaient que remémorer dans un cadre restreint cette date de l’histoire du combat de l’Algérie. Il faut se rappeler qu’en ces temps troubles des années 1960 et 1970, les relations entre l’Algérie et la France, ancienne colonie «non repentie» encore, étaient tumultueuses. Nos immigrés sur la terre de Jean-Paul Sartre étaient la cible quasi quotidienne des groupes racistes et des «défenseurs» de «l’Algérie française». Des Algériens résidant en France étaient agressés et même «assassinés» dans les rues obscures, dans le métro à leur retour du travail le soir. Des Algériens partis pour travailler et gagner le «pain» de leurs familles restées en Algérie ont fait les «beaux jours» des mines françaises et ont fait tourner la machine chez Peugeot et Renault. Certains revenaient dans des cercueils.

    L’avènement et la montée du socialisme en France, avec l’investiture de François Mitterrand en 1981, allaient atténuer un peu cette «haine» française envers les Algériens. Les relations entre les deux pays prennent un envol prometteur. Mais tout était d’ordre politique, diplomatique et économique. La mémoire, elle, devait attendre encore. Durant le règne de Mitterrand, rien de concret n’a été fait pour reconnaître ce 17 Octobre encore moins d’autres dates sanglantes de la guerre d’Algérie et du colonialisme français.

    Durant ces années de l’après-indépendance de l’Algérie, les écrits d’historiens, algériens et français, ont permis d’entretenir la mémoire et mis à mal l’histoire de la colonisation. Les socialistes de Mitterrand, pris entre leurs «valeurs sociales et humanistes» et la position parfois «tiède» et souvent «froide» de leur leader Mitterrand vis-à-vis de l’histoire coloniale et la guerre d’Algérie, ne pouvaient vraiment aller de l’avant. L’histoire retient que Mitterrand était ministre de l’Intérieur de juin 1954 à février 1955 sous le gouvernement Pierre Mendès France.

    Un révélateur, le procès Papon

    Le président français le plus proche de l’Algérie et le plus à l’écoute de l’histoire commune est sans doute Jacques Chirac. C’est bien lui qui a fait le premier pas, lors de son 2e mandat, pour se rapprocher de l’Etat et du peuple algériens et aussi de l’histoire. C’est durant son règne que les Algériens ont pu ouvertement célébrer et commémorer les sanglants événements du 17 Octobre 1961. Finalement, c’est la droite qui a bousculé les choses dans le contexte politique des années 1990.

    Et il fallait attendre le procès de Maurice Papon pour que les événements tragiques du 17 Octobre 1961 deviennent publics. Et attendre l’année 2012, quand, à l’occasion du 51e anniversaire de la manifestation, le président François Hollande «reconnaît avec lucidité», au nom de la République, la «sanglante répression» au cours de laquelle ont été tués «des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance».

    Avant lui, il y a eu Sarkozy qui avait soufflé le chaud et le froid dans les relations entre les deux pays, tout comme le fait aujourd’hui le président Macron. Entre-temps, et entre les passages des présidents français, les Algériens n’ont jamais oublié ce qui s’est passé ce 17 Octobre, il ya de cela 60 ans. Chaque année, ils sont fidèles au rendez-vous de l’histoire et de la mémoire, ils se mettent sur les bords de la Seine pour rendre hommage aux martyrs de ce jour…quand des Algériens, lors d’une marche pacifique, seront tués en plein Paris et sous le regard de la France et du monde. Sur plus de 200 morts, des dizaines seront jetés dans la Seine…

    Fayçal Charif

    Horizons, 17/10/2021

  • Les initiatives d’apaisement de Macron ne sont pas suffisantes

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    Le président français, Emmanuel Macron, a tenu à éviter l’improvisation lors de sa participation, samedi, aux cérémonies de commémoration des martyrs tués lors des manifestations qui ont eu lieu à Paris le 17 octobre 1961, et a préféré publier une déclaration écrite distribuée aux médias.

    Il semble que le président français était convaincu que les propos qu’il a tenus de manière impromptue il y a plus de deux semaines devant la jeunesse d’origine algérienne sur l’Algérie et son passé lui ont valu de gros ennuis politiques auxquels il ne s’attendait pas, aussi a-t-il préféré cette fois-ci une déclaration écrite pour éviter tout dérapage.

    Fait inhabituel, le président français a gardé le silence lors de la commémoration des massacres, sous le pont où les Algériens ont manifesté le 17 octobre 1961, en réponse à un couvre-feu strict imposé aux Algériens qui réclamaient la fin de la domination coloniale française en Algérie, avant de déposer une gerbe en l’honneur des victimes, dont le nombre a été limité par la France coloniale à seulement trois personnes, alors que les statistiques indépendantes parlaient de centaines.

    Macron a observé une minute de silence sur le bord de la Seine, où les Algériens ont été tués alors qu’ils étaient menottés par la police du criminel Maurice Papon dans le fleuve français.

    Ses compagnons, qui sont des familles de manifestants martyrs et des représentants d’associations actives dans le domaine de la mémoire, ont jeté des roses dans le fleuve, dans une image symbolique en hommage aux victimes.

    Quelques minutes après la fin de la cérémonie de commémoration, l’Elysée a publié un communiqué dénonçant « les crimes inexcusables commis contre les Algériens le 17 octobre 1961. »

    Le communiqué de la présidence française indique que « le chef de l’État a avoué les faits. Les crimes qui ont été commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon (le chef de la police de Paris de l’époque) étaient inexcusables pour la République », selon l’agence de presse française « AFP ». Il était clair ici dans la déclaration que le criminel Papon était tenu pour responsable, mais que l’acte avait été commis au nom de l’État français.

    Il est connu qu’environ 25.000 Algériens sont sortis le 17 octobre 1961, dans une manifestation dans la capitale française, Paris, à l’invitation de la Fédération française du Front de Libération Nationale, pour exprimer le rejet du cinquième décret d’octobre, qui interdit seulement aux Algériens de quitter leurs maisons après 20:30, parce qu’ils considèrent ce décret une décision discriminatoire et inacceptable.

    Comme le déclarent la présidence française et les écrits historiques, « Dans la soirée du 17 octobre 1961, et malgré le couvre-feu, plus de 25.000 hommes, femmes et enfants ont quitté leur domicile et se sont rendus dans de nombreux endroits de Paris où ils se sont rassemblés, mais la répression de la police française a été très brutale. »

    La présidence française reconnaît que « la répression a été brutale, violente et sanglante. » En outre, environ 12 000 manifestants ont été arrêtés et transférés au stade Pierre-de-Coubertin. Au cours des manifestations, de nombreux Algériens ont été blessés et des dizaines d’entre eux ont été tués, et des centaines, selon des historiens indépendants, ont péri après avoir été jetés dans la Seine par la police française alors qu’ils étaient brutalement enchaînés. À ce jour, les familles n’ont toujours pas retrouvé les corps de leurs proches disparus cette nuit-là », indique le communiqué de la présidence française.

    Macron, le premier président français à assister à une cérémonie commémorative pour les personnes tuées, a observé une minute de silence en leur mémoire au pont de Bezons sur la Seine, dans la banlieue de Paris, où la manifestation a commencé, mais les participations précédentes étaient limitées à l’ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë, en plus de quelques élus.

    La participation de Macron à la commémoration était le plus qu’il a osé offrir aux Algériens qui exigent une reconnaissance française des crimes de l’État français en Algérie pendant un siècle et 32 ans, avec des excuses pour ces crimes, puis une compensation pour les richesses qui ont été pillées pendant cette période sombre de l’histoire de Paris, dont les responsables continuent d’échapper à la responsabilité de ce que leurs pères ont fait, à l’exception de quelques initiatives isolées qui, de l’avis des Algériens, ne restent que de la poussière dans les yeux.

    Echourouk online, 16/10/2021

  • Pourquoi la France perd son influence au Maghreb et au Sahel

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    La crise actuelle entre l’Algérie et la France révèle l’émergence d’un nouvel ordre en Afrique du Nord, dans lequel la France n’a pas grand-chose à dire.

    Lorsqu’Emmanuel Macron s’est lancé dans la course à la présidence française il y a cinq ans, il s’est présenté comme le candidat du changement. Indépendant, non lié aux partis politiques traditionnels, il semblait voir l’histoire coloniale de la France sous un angle nouveau et être favorable à des solutions innovantes. Sa voix était inattendue – et résolument moderne.

    Le candidat à la présidence française a même prononcé des mots qu’aucun président français, même de gauche, n’avait jamais osé prononcer, qualifiant la colonisation française de l’Algérie de crime contre l’humanité.

    Cinq ans plus tard, le même Macron, dans son rôle actuel de président de la France, a fait des déclarations incroyablement condescendantes remettant en question l’identité précoloniale de l’Algérie en tant que nation.

    Touchant un sujet difficile s’il en est un – le passé colonial de l’Algérie – ses remarques ont suscité une colère généralisée parmi les Algériens.

    Cette réaction de colère est la conséquence d’une divergence d’opinion fondamentale sur un sujet hautement sensible. Car remettre en cause l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation française revient à justifier implicitement le colonialisme lui-même.

    Un revirement spectaculaire

    Comment s’est opéré le spectaculaire retournement de Macron ? Comment un homme qui avait auparavant des opinions politiques et économiques intérieures et internationales aussi peu conventionnelles a-t-il pu utiliser une rhétorique remettant en cause non seulement la notion d’existence d’une nation algérienne précoloniale, mais suggérant un fossé entre le président algérien Abdelmadjid Tebboune et les militaires algériens ?

    S’agit-il d’une simple gaffe ou d’une nouvelle interprétation de l’histoire visant à recadrer la perception des relations franco-algériennes ?

    Ou Macron a-t-il été influencé par les courants politiques algériens et français qui soutiennent que le régime algérien est sérieusement affaibli à la suite du Hirak, ou du mouvement de protestation ? Serait-ce une simple question de complaisance, voire d’arrogance, de la part du président français ?

    Seul le temps et les futurs biographes de Macron nous le diront. Mais une chose est sûre : les accusations de propagande électorale ne tiennent pas la route. Les commentaires controversés de Macron risquent de lui faire plus de mal que de bien.

    Pendant ce temps, le Macron d’aujourd’hui semble avoir perdu son chemin. Le seul président français à avoir montré une volonté, du moins au début, de remettre en question les politiques hégémoniques de la Francafrique – sans toutefois réussir à rompre complètement avec elles – tente maintenant de nettoyer le désordre diplomatique dans l’espoir de conserver des privilèges français qui sont clairement intenables à long terme.

    Car la France est aujourd’hui une puissance économique et militaire réduite qui n’a pas les moyens de façonner les politiques de l’Afrique.

    C’est ainsi que Macron a renié sa très attendue nouvelle politique africaine, tout en se laissant entraîner dans la spirale infernale de la Francafrique, où il tente de colmater les fuites d’un navire manifestement en perdition.

    Car, en termes économiques, la France ne peut pas rivaliser avec la Chine. Non seulement les investissements chinois en Afrique éclipsent ceux de la France, mais ils dépassent également les investissements de tous les pays occidentaux réunis. Les exportations de la France vers l’Afrique en 2020 représentaient 5,3 % du total de ses exportations mondiales pour cette année-là. Elles sont désormais inférieures à celles de l’Allemagne, bien que l’Afrique ne soit pas une priorité pour l’Allemagne.

    Les exportations françaises vers l’Afrique représentent à peine un quart de celles des Chinois, malgré l’arrivée relativement récente de la Chine sur le continent.

    Les limites de l’intervention

    Sur le plan militaire, la France a atteint les limites de son intervention au Sahel, les opérations Serval et Barkhane n’ayant pas permis d’éliminer les groupes islamistes armés qui prolifèrent dans la région.

    La France avait espéré former une coalition de nations africaines et européennes, mais les premières n’avaient pas les moyens de s’engager, et les secondes ne voulaient pas s’impliquer dans ce qu’elles craignaient être une guerre ingérable et impossible à gagner.

    Mais pour la France, le coup le plus dur est survenu au début de l’automne, après l’annonce que les États-Unis formaient un pacte de sécurité dans le Pacifique sans la France.

    Avec le retrait des troupes américaines d’Afghanistan et d’Irak, Washington signale son intention de se concentrer sur ce qu’il considère comme le plus grand défi du 21e siècle : la bataille économique du Pacifique.

    En signant le pacte avec la Grande-Bretagne et l’Australie d’abord, puis avec l’Inde et d’autres pays d’Asie du Sud-Est, les États-Unis ont déclenché une crise avec la France en annulant de fait le contrat de sous-marins de 57 milliards de dollars conclu entre Naval Group et l’Australie.

    Le marché a été arraché à la France au profit d’entreprises américaines, et le camouflet infligé à la France a été profondément ressenti.

    Négligée par ses anciens alliés occidentaux, la France pensait pouvoir s’imposer sur la scène internationale en affirmant son leadership dans certaines régions déchirées par des conflits.

    Hélas, la junte militaire intérimaire au Mali, qui entretiendrait des liens étroits avec la Russie, s’est détournée de Paris de manière inattendue. Après la décision unilatérale de la France de réduire sa présence dans la région, le Premier ministre de transition Choguel Kokalla Maiga a accusé la France d’ »abandonner le Mali en plein vol ».

    Le nouveau régime malien n’a pas apprécié que la France lui présente une affaire réglée. Là encore, la réponse française a été remarquablement maladroite, affichant un niveau d’arrogance que les alliés de la France ont de plus en plus de mal à supporter. La ministre française des Armées, Florence Parly, a qualifié les propos du Premier ministre malien d’ »indécents » et d’ »inacceptables ».

    La Russie prête à intervenir

    Convaincue qu’elle a toujours le dessus, la France poursuit cependant une stratégie malienne fondée sur l’hypothèse que la survie de la junte au pouvoir est liée à la présence de l’armée française – et ignore deux faits cruciaux.

    D’une part, si elle a permis de contenir l’expansion des groupes extrémistes armés, la présence française n’a pas permis de résoudre la crise malienne. D’autre part, d’autres options sont disponibles.

    Dans l’éventualité d’un retrait des troupes françaises, la Russie est prête à intervenir. Des discussions seraient en cours entre le Mali et l’organisation mercenaire russe controversée, le Groupe Wagner.

    La Russie, qui a déjà un pied en Libye, espère étendre son influence au Sahel. Historiquement, les États-Unis ont fourni un soutien logistique aux opérations militaires françaises dans la région, bien qu’aucune troupe américaine ne soit présente sur le terrain.

    Mais avec l’abandon des théâtres symboliques de l’Afghanistan et de l’Irak et le refus d’intervenir directement au Yémen, les efforts des États-Unis sont entièrement axés sur la garantie de la prééminence stratégique de l’Amérique dans la région du Pacifique – la question de savoir s’ils vont continuer à le faire est une autre question.

    Par conséquent, la région délaissée du Sahel est à saisir, et la Russie, alliée de longue date de l’Algérie, est prête à intervenir.

    Et les dirigeants frustrés de la France ne peuvent rien y faire. Ils ne peuvent ni rivaliser avec la Chine sur le plan économique, ni avec la Russie sur le plan militaire.

    Pire encore, les dirigeants français n’ont pas réussi à saisir la nature changeante des structures de pouvoir tant en Algérie qu’au Mali, dont les nouveaux régimes au pouvoir ont moins de liens historiques et économiques avec la France.

    Ainsi, lorsque Macron a annoncé la décision du gouvernement français de réduire considérablement le nombre de visas accordés aux dirigeants algériens, il s’est trompé de cible : les personnes visées par cette nouvelle politique ne sont plus aux commandes.

    En fin de compte, le schéma général des choses en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest va changer de façon spectaculaire. La France ne peut plus se permettre de régner en maître, et les États-Unis ont d’autres priorités. La Chine et la Russie – la première sur le plan économique, la seconde sur le plan militaire – vont inévitablement supplanter les anciens réseaux et intérêts, la Turquie entrant également dans la danse.

    La main forte de l’Algérie

    Dans le contexte actuel, précaire et en mutation rapide, l’Algérie a les coudées franches et entend s’imposer comme un partenaire stratégique, et non comme un simple sous-traitant. Grâce à ses relations économiques étroites avec la Chine et à ses accords militaires avec la Russie, l’Algérie est déjà prête à devenir un élément central, sinon central, du bloc régional émergent.

    Macron a négligé d’envisager les relations franco-algériennes sous un tel angle, se contentant de jouer le jeu traditionnel de la politique étrangère française, dans laquelle les pays africains sont considérés comme des alliés naturels, voire des vassaux. Qu’une nation africaine rappelle son ambassadeur à Paris, ferme son espace aérien aux avions militaires français et envisage de prendre d’autres mesures encore plus radicales était pratiquement impensable.

    Avec le retrait des troupes américaines d’Afghanistan et d’Irak, Washington signale son intention de se concentrer sur ce qu’il considère comme le plus grand défi du 21e siècle : la bataille économique du Pacifique.

    En signant le pacte avec la Grande-Bretagne et l’Australie d’abord, puis avec l’Inde et d’autres pays d’Asie du Sud-Est, les États-Unis ont déclenché une crise avec la France en annulant de fait le contrat de sous-marins de 57 milliards de dollars conclu entre Naval Group et l’Australie.

    Le marché a été arraché à la France au profit d’entreprises américaines, et le camouflet infligé à la France a été profondément ressenti.

    Négligée par ses anciens alliés occidentaux, la France pensait pouvoir s’imposer sur la scène internationale en affirmant son leadership dans certaines régions déchirées par des conflits.

    Hélas, la junte militaire intérimaire au Mali, qui entretiendrait des liens étroits avec la Russie, s’est détournée de Paris de manière inattendue. Après la décision unilatérale de la France de réduire sa présence dans la région, le Premier ministre de transition Choguel Kokalla Maiga a accusé la France d’ »abandonner le Mali en plein vol ».

    Le nouveau régime malien n’a pas apprécié que la France lui présente une affaire réglée. Là encore, la réponse française a été remarquablement maladroite, affichant un niveau d’arrogance que les alliés de la France ont de plus en plus de mal à supporter. La ministre française des Armées, Florence Parly, a qualifié les propos du Premier ministre malien d’ »indécents » et d’ »inacceptables ».

    La Russie prête à intervenir

    Convaincue qu’elle a toujours le dessus, la France poursuit cependant une stratégie malienne fondée sur l’hypothèse que la survie de la junte au pouvoir est liée à la présence de l’armée française – et ignore deux faits cruciaux.

    D’une part, si elle a permis de contenir l’expansion des groupes extrémistes armés, la présence française n’a pas permis de résoudre la crise malienne. D’autre part, d’autres options sont disponibles.

    Dans l’éventualité d’un retrait des troupes françaises, la Russie est prête à intervenir. Des discussions seraient en cours entre le Mali et l’organisation mercenaire russe controversée, le Groupe Wagner.

    La Russie, qui a déjà un pied en Libye, espère étendre son influence au Sahel. Historiquement, les États-Unis ont fourni un soutien logistique aux opérations militaires françaises dans la région, bien qu’aucune troupe américaine ne soit présente sur le terrain.

    Mais avec l’abandon des théâtres symboliques de l’Afghanistan et de l’Irak et le refus d’intervenir directement au Yémen, les efforts des États-Unis sont entièrement axés sur la garantie de la prééminence stratégique de l’Amérique dans la région du Pacifique – la question de savoir s’ils vont continuer à le faire est une autre question.

    Par conséquent, la région délaissée du Sahel est à saisir, et la Russie, alliée de longue date de l’Algérie, est prête à intervenir.

    Et les dirigeants frustrés de la France ne peuvent rien y faire. Ils ne peuvent ni rivaliser avec la Chine sur le plan économique, ni avec la Russie sur le plan militaire.

    Pire encore, les dirigeants français n’ont pas réussi à saisir la nature changeante des structures de pouvoir tant en Algérie qu’au Mali, dont les nouveaux régimes au pouvoir ont moins de liens historiques et économiques avec la France.

    Ainsi, lorsque Macron a annoncé la décision du gouvernement français de réduire considérablement le nombre de visas accordés aux dirigeants algériens, il s’est trompé de cible : les personnes visées par cette nouvelle politique ne sont plus aux commandes.

    En fin de compte, le schéma général des choses en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest va changer de façon spectaculaire. La France ne peut plus se permettre de régner en maître, et les États-Unis ont d’autres priorités. La Chine et la Russie – la première sur le plan économique, la seconde sur le plan militaire – vont inévitablement supplanter les anciens réseaux et intérêts, la Turquie entrant également dans la danse.

    La main forte de l’Algérie

    Dans le contexte actuel, précaire et en mutation rapide, l’Algérie a les coudées franches et entend s’imposer comme un partenaire stratégique, et non comme un simple sous-traitant. Grâce à ses relations économiques étroites avec la Chine et à ses accords militaires avec la Russie, l’Algérie est déjà prête à devenir un élément central, sinon central, du bloc régional émergent.

    Macron a négligé d’envisager les relations franco-algériennes sous un tel angle, se contentant de jouer le jeu traditionnel de la politique étrangère française, dans laquelle les pays africains sont considérés comme des alliés naturels, voire des vassaux. Qu’une nation africaine rappelle son ambassadeur à Paris, ferme son espace aérien aux avions militaires français et envisage de prendre d’autres mesures encore plus radicales était pratiquement impensable.

    Historiquement, la politique étrangère française a considéré les nations africaines comme de simples sentinelles veillant sur les intérêts de la France, qui se trouvaient également être dans leur intérêt. Cela a été le cas pour un certain nombre de pays, et certains acceptent encore aujourd’hui de jouer le rôle de sous-traitant ou de vassal.

    Mais même la voix soi-disant impeccablement moderne de Macron n’a pas pu se défaire de la vieille habitude de la Francafrique. D’où la réprimande cinglante des nations aspirant à une nouvelle donne plus équitable.

    Même le Mali, malgré son extrême instabilité, change de cap. Pourquoi un des pays les plus pauvres du monde, sans perspectives sérieuses, choisirait-il de rester dans la sphère d’influence étouffante de la France ? Après tout, en 50 ans de post-indépendance, les politiques de la Francafrique n’ont rien accompli.

    Pendant ce temps, l’Algérie, dont la population devrait dépasser les populations respectives de l’Italie et de l’Espagne au milieu du siècle, sera sans doute une force avec laquelle il faudra compter à la future table des négociations, malgré les défaillances institutionnelles et économiques qui la freinent pour l’instant.

    Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

    Abed Charef

    Middle East Eye, 15/10/2021

  • Bengrina: Macron affiche « sa haine » envers le passé algérien

    Algérie, Emmanuel Macron, Abdelkader Bengrina, Colonisation, #Algérie, #Macron, #Colonialisme, #Bengrina,

    Le président du Mouvement El Bina, Abdelkader Bengrina a affirmé, samedi, que la président français, Emmanuel Macron a affiché sa haine envers la nation algérienne et son « déni » de sa souveraineté et de son indépendance à des fins électorales. A la veille de la célébration du 60e anniversaire des massacres du 17 octobre 1961 perpétrés par la police de Paris contre des manifestants pacifiques, M. Bengrina a souligné que la France coloniale et la France de Macron a affiché sa haine envers le passé de la Nation algérienne et son déni de sa souveraineté et de son indépendance à des fins électorales, reniant par sa démarche le principe des intérêts et de l’avenir commun de l’Algérie et de la France ».

    « Le président français a emprunté la voie de la provocation et du chantage, pis encore il a tenu des propos fastidieux d’un colonisateur arrogant », a-t-il ajouté, ajoutant que cette attitude témoignait de « la vision réservée à l’Algérie, celle d’un marché et non d’un partenaire ». « On ne saurait lui mettre fin (France) que par la détermination et les réactions fortes de l’Etat algérien qui se remet progressivement de ses crises cumulées provoquées par la Issaba et ses alliés d’outre-mer et son organisation terroriste réfugiée en France et ailleurs », a-t-il fait savoir.

    M. Bengrina a souligné en même temps que l’Etat algérien est « obligé » de prendre les mesures qui s’imposent, en vue de faire face à l’arrogance française et « mettre un terme définitif à l’ingérence flagrante dans ses affaires et à tout ce qui est lié à ses intérêts vitaux et à sa souveraineté », ajoutant que les Algériens établis à l’étranger étaient conscients quant à l’importance de leur position pour ce qui est des prochaines élections présidentielles.

    Pour M. Bengrina, son mouvement politique considère à l’occasion, la Journée nationale de l’émigration coïncidant avec l’anniversaire du 17 octobre 1961, comme  » une opportunité de renouveler le devoir de la mémoire (…), de faire la lumière en vue de révéler davantage de vérités liés à ces événements tragiques, comme une partie importante de l’histoire de la Nation algérienne ».

    « La répression et la brutalité dont la rivière de La Seine était le théâtre, constituaient une terreur d’Etat et un génocide commis par le colonisateur français », a-t-il soutenu avant d’ajouter qu’ »en dépit de plus d’un demi siècle d’indépendance, le peuple algérien n’a pas oublié ces évènements et bien d’autres tout aussi douloureux, ni renoncé à son droit légitime d’exiger des excuses officielles pour tous les crimes coloniaux, alors que la France qui s’estime une source des droits de l’Homme, refuse de reconnaître officiellement les massacres du 17 octobre 1961, niant ainsi son passé colonial obscur ».

    APS, 16/10/2021

  • Macron, prêt à une dégradation des relations avec l’Algérie

    Algérie, France, Emmanuel Macron, Mémoire, colonialisme, #Algérie, #Macron, #Mémoire, #Colonialisme,

    POUR CONFORTER SA POSITION DANS LA COURSE À LA PRÉSIDENTIELLE : « Macron est prêt à assumer une dégradation conjoncturelle des relations avec l’Algérie »

    L’historien et politologue français, Olivier Le Cour Grandmaison estime que le président Emmanuel Macron « est prêt à assumer une dégradation conjoncturelle des relations avec l’Algérie » si cela lui permet, a-t-il affirmé, dans un entretien à l’APS, «de conforter sa position de leader dans la compétition électorale en cours », pour la présidentielle française prévue dans six mois. À une question sur l’impact des déclarations du locataire de l’Élysée contre l’Algérie, au lendemain de sa réception d’une délégation de Harkis et dans un contexte politico-médiatique rythmant la campagne de la présidentielle française sur des dossiers chèrs à l’extrême droite et la droite en France, l’historien Le Cour Grandmaison affirme que « Macron, en bon opportuniste se plie au sinistre air du temps politique qui est celui de la France ». L’auteur du livre « La République impériale : politique et racisme d’État » publié en 2009, après avoir relevé, que nul ne lui échappe l’ entrée en course du président Macron dans la campagne présidentielle française, il précise que « Emmanuel Macron est en campagne pour sa réélection dans un contexte de radicalisation des droites de gouvernement qui cèdent toutes aux violents discours racistes, xénophobes et islamophobes d’Eric Zemmour, sans oublier le Rassemblement national » affirme le politologue, Olivier Le Cour Grandmaison.

    Des observateurs de la scène française relevant que l’enjeu principal de la future présidentielle, étant l’ombre de l’abstention qui n’a cessé de prendre de l’espace et planer sur les élections en général en France, soulignent que les conditions socio-économiques difficiles des Français, aggravées avec plus de deux ans de pandémie sanitaire ont animé le sentiment de rejet de la classe politique française, qui vacille, selon eux entre le discours de droite et de l’extrême-droite, éviter le débat politique sur les raisons de cette faillite et les questions fondamentales , liées, à la retraite, les pertes d’emplois, le chômage, le recul voire l’abandon de services publics, de la santé, de l’Éducation ect..

    À six mois de la présidentielle alors que les Français sont plongés dans les inquiétudes de la baisse du pouvoir d’achat et qu’aucune perspective de réponses rassurantes en matière d’amélioration de la vie socio-économique, de la majorité des français, le parti du président Emmanuel Macron, se préoccupe des échos et des impacts des propos et de la propagande d’Eric Zemmour. Des médias français rapportent dans ce cadre que le parti de la République en Marche « se réjouit de la montée d’Eric Zemmour, car, plus il affaiblit Le Pen, plus il favorise Macron ». Hier, le spécialiste du train de vie de l’État français, René Dosière, président de l’Observatoire de l’éthique publique a annoncé que « 160 millions d’euros par an, c’est ce que coûterait chaque année la quarantaine de cabinets ministériels du gouvernement de Jean Castex » et de préciser que « cela en ferait le gouvernement le plus coûteux de la Ve République » selon René Dosière, l’ex-député PS et de noter qu’ «qu’il s’agit d’un des gouvernements les plus nombreux : plus de ministres, de collaborateurs, avec des rémunérations toujours élevées mais qui ont tendance à diminuer ces dernières années ».

    Emmanuel Macron et des acteurs politiques reprennent les thèmes de l’extrême-droite en les recyclant dans « un verbiage républicain jugé plus présentable »

    La mise en avant sur la scène médiatique française de voix porteuses de discours de haine et de racisme, notamment à travers celui qui a été le produit final de cercles politico-médiatiques, d’un processus entamé, depuis la fin des années 80, vise le maintien de la surmédiatisation de l’orientation du gouvernail du débat politique de la présidentielle, sur les questions fondamentales de l’extrême-droite, portée depuis les années 80, par Jean Marie Le Pen et son mouvement, avant de les céder en héritage, à sa fille, chef de file du RN, Marine Le Pen. Celle-ci qui tente sa dernière chance d’une présidentielle française, que son père avant elle n’a pas réussi certes à gagner mais dont les campagnes électorales leur ont permis de diffuser leur idéologie d’extrême-droite vient de se voir bousculer par un nouveau son, celui d’Eric Zemmour, mais non une nouvelle voix en faveur de l’extrémisme et la haine et contre la diversité de la société française, pointe le danger de tout ce qui n’est pas français de souche.

    Un contexte qui ne pouvait échapper à celui qui propulsé par les milieux de la finance et du Capital, lors de sa première campagne électorale présidentielle, en s’appuyant sur l’éclatement du parti socialiste PS et les turbulences du centre droit et de la droite, le locataire de l’Elysée semble bien profiter des sorties politico-médiatiques de Zemmour pour s’alimenter et alimenter le débat de la présidentielle et lui donner une orientation, sur des questions en direction exclusivement des électeurs de la droite et l’extrême droite. Pour Le Cour Grandmaison qui a publié en 2005, « Coloniser, exterminer : Sur la guerre et l’État colonial », les déclarations irresponsables et agressives du président de la France sur l’Algérie et son peuple, ce sont « des propos liés à cette conjoncture et à sa volonté de courtiser un électorat de droite dont il a absolument besoin », estimant que le président français « est prêt à assumer une dégradation conjoncturelle des relations avec l’Algérie si cela lui permet de conforter sa position de leader dans la compétition électorale en cours ».

    Poursuivant , l’historien et politologue La Cour Grandmaison, indique que « pour lui (le président Macron) , comme pour beaucoup d’autres, lutter contre les extrême-droites consiste désormais, depuis longtemps hélas , à reprendre certains de leurs thèmes en les recyclant dans un verbiage républicain jugé plus présentable », relevant que « l’ensemble est maintenant désigné par un vocable très en vogue, celui de –régalien- qui inclut évidemment les questions sécuritaires ».

    Les acteurs politiques en France, notamment ceux et celles mis sous les projecteurs des médias, loin d’être dans le cadre de la liberté de la presse et d’opinion, dans un espace médiatique ou la part des grandes marques pèse lourdement. En 2019, les groupes des Arnault, Bolloré, Bouygues, Lagardère, Drahi, Pinault, Niel, Pigasse, Dassault et Baylet ont engrangé plus de la moitié des aides publiques à la presse (61%), soit un peu plus de 54 millions d’euros, dont 13 millions pour le seul groupe de Bernard Arnault, révèle récemment une campagne autour d’ appels à agir pour aider le journalisme indépendant, au service du public, relayé, par Mediapart.

    Des groupes économiques puissants qui sont confortés dans des débats ou les questions de fond préoccupant de larges couches de la société française, de divers horizons, sont absentes, telles le modèle socio-économique, les choix économiques, l’écologie, les changements climatiques ect.. Pour cet universitaire, « ce vocable truffe les discours de ceux qui soutiennent la majorité présidentielle et qui cherchent à passer pour sérieux, responsables et à l’écoute des Français, comme ils disent ». « C’est ainsi que ces thèmes se trouvent aujourd’hui au plus haut de l’agenda politique de nombreux candidats à l’élection présidentielle », a-t-il conclu.
    Karima Bennour

    Le Courrier d’Algérie, 16/10/2021