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  • Macron perd le nord et… le sud

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    Mais quelle mouche a donc piqué le président français pour «asséner ses vérités» sur l’Algérie ?

    Si l’on excepte l’épisode Sarkozy, un anti-Algérien, qui s’assume, c’est la première fois dans l’histoire de la 5e République française que l’on assiste à de tels propos de la part d’un chef d’Etat français. Il est vrai que le général De Gaulle, en recevant Abdelaziz Bouteflika, alors jeune ministre de des Affaires étrangères algérien venu le sonder sur la nationalisation des biens vacants abandonnés par les anciens colons, avait évacué le sujet par un «vous ne vous imaginiez tout de même pas que j’allais réparer vos ascenseurs jusqu’à la fin des temps». Bernard Bajolet, l’ancien ambassadeur qui révèle cette anecdote dans un livre consacré à son expérience diplomatique, ne nous renseigne pas sur la réponse de l’ancien chef d’Etat algérien.

    Il faut peut-être attendre le règne de Mitterrand pour retrouver une salve aussi provocatrice dans la bouche d’un président français. Le premier président socialiste de la 5e République s’est présenté dans un premier temps comme «tiers-mondiste» convaincu qui voulait l’avènement d’un nouvel ordre mondial, cher aux dirigeants algériens. Il avait même fait cause commune avec le défunt Chadli lors de la rencontre Nord-Sud de Cancún, qui eut lieu au Mexique, du 22 au 23 octobre 1981, elle était destinée à sortir les pays d’Amérique latine du cercle vicieux de l’endettement. Cette nouvelle proximité entre un président français et son homologue algérien, avait peut-être encouragé Mitterrand à oser son fameux «il faut» après l’interruption du processus électoral en 1991. Cette déclaration du premier ministre de l’Intérieur de la guerre d’Algérie avait provoqué une crise sans précédent entre les deux rives. La France était même devenue un sanctuaire pour les terroristes algériens et leurs couvertures politiques.

    Des présidents avenants

    Depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts mais les présidents français successifs se sont gardés de heurter frontalement la sensibilité des Algériens, surtout concernant les sujets qui touchent à la mémoire et à l’histoire. Ce n’est pas à l’habile Chirac qu’on va faire la leçon sur la bienveillance diplomatique, à part peut-être son incident avec le président Zeroual au siège des Nations-Unies et encore moins au très «Algérien» François Hollande qu’on va apprendre à garder son sang froid devant la complexité des relations algéro-françaises, assez chargées émotionnellement pour leur rajouter des élucubrations sur l’origine de la nation algérienne. Et c’est justement là que Macron a «excellé».

    Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Cette interrogation de la part de Macron a fait ressurgir les vieux démons colonialistes pour nous sortir des thèses chères aux algérianistes et autres colonisateurs zélés qui ne voyaient en l’Algérie qu’un territoire rempli de populaces sans attache nationale ni histoire pour cristalliser l’imaginaire et le destin commun. Cette digression, venant de la part d’un chef d’Etat d’un pays, avec qui nous avons des relations officiellement bonnes, ne peut s’expliquer seulement par la montée de la fièvre électorale, même s’il est vrai que Macron est débordé actuellement sur son aile droite par le phénomène Zemmour. Elle vient compléter une série, en cours, de sorties médiatiques et de décisions qui dénotent une certaine fébrilité dans la prise de décision chez l’establishment politique français. On a l’impression que le président français s’essouffle dans sa dernière ligne droite n’arrivant plus à donner du tonus à la fin de son mandat. De l’Europe à l’Afrique, des Etats-Unis à la Russie, du Golfe à la Syrie, Emmanuel Macron a mené depuis avril 2017 une diplomatie hyperactive et volontariste, en chantre d’un multilatéralisme dont la France est la locomotive européenne.

    La bérézina du Pacifique

    Mais le début de l’automne n’a pas été de tout repos pour la diplomatie française. Victime collatérale d’un accord politique entre Canberra, Londres et Washington pour contrer la Chine, la France voit lui échapper un contrat à 56 milliards d’euros avec l’Australie et encaisse un revers diplomatique majeur dans la zone indo-pacifique. Cet événement qui fait voler en éclats le sacro-saint multilatéralisme prôné par la doctrine Macron et de son ministre des Affaires étrangères Le Drian, a donné lieu à une série de déclarations qui sont loin de figurer dans le manuel du parfait diplomate. La France a perdu son sang froid face à ses partenaires historiques, l’Angleterre, l’Australie et surtout les États-Unis qui avaient quelques mois auparavant pris la décision unilatérale de se retirer de l’Afghanistan.

    La France s’est aussi enlisée au Sahel. Annonçant d’abord un départ définitif du Mali, Macron s’est retrouvé à échanger des mots aigres-doux avec le premier ministre malien surtout depuis la décision de Bamako de faire appel à des mercenaires russes pour contrer les terroristes islamistes.

    Et c’est à ce moment précis que la France a choisi d’en découdre avec une autre région importante : le Maghreb. La France décide de diminuer drastiquement le nombre de visas accordés à trois pays du Maghreb, et ce quels que soient les motifs du voyage. Les visas octroyés à l’Algérie et au Maroc vont être divisés par deux, tandis que ceux délivrés à la Tunisie vont diminuer de 30%. La France dit ainsi répondre à l’immobilisme de ces pays qui refusent de reprendre leurs ressortissants vivant illégalement en France. Cette décision n’a pas laissé les gouvernements maghrébins de marbre. Le ministère des AE algérien a même convoqué l’ambassadeur de France à Alger pour des explications.

    Alors pourquoi cette sortie de route ?

    Et pour finir, le président français décide de s’attirer l’unanimité des Algériens contre lui après des propos non démentis tenus lors d’un échange avec une vingtaine de jeunes descendants de protagonistes de la Guerre d’Algérie (1954-1962). M. Macron y estime qu’après son indépendance, le pays s’est construit sur « une rente mémorielle », entretenue par le « système politico-militaire ». Et que la nation algérienne n’a jamais existé et serait une création de la colonisation française.

    Macron, qui a commencé sa compagne électorale par traiter la colonisation française de crime contre l’humanité, a dévié de sa trajectoire pour succomber sans doute aux sirènes des communicants et autres spin doctors à quelques mois des présidentielles.

    Cet automne fatal pour la diplomatie française ouvre plusieurs questions pour la France sur le plan international. Parmi elles, son positionnement dans cette nouvelle «guerre froide» qui se profile dans la zone indo-pacifique et dans le conflit larvé qui oppose les Etats-Unis à la Chine. Sa place en Afrique, sa vieille chasse gardée, ou elle est bousculée par la Russie et par d’autres forces émergeantes comme la Turquie. Et enfin ses relations avec les pays du Maghreb qui veulent s’émanciper définitivement de la tutelle française. Cette volonté est exprimée de plus en plus par les élites maghrébines qui se cherchent d’autres horizons loin de l’œil vigilant de Paris. A tous ces défis, Macron et Le Drian n’ont pas réussi à donner des réponses convaincantes.

    R. A.

    Algérie aujourd’hui, 05/10/2021

  • Macron implique la Turquie dans sa querelle avec l’Algérie

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    La Turquie a critiqué le président français Emmanuel Macron pour ses propos décrivant les 300 ans de règne de l’Empire ottoman comme du colonialisme, affirmant que cette « approche bon marché » ne fonctionnerait pas pour lui lors des prochaines élections.

    “Nous avons vu dans le passé et nous voyons maintenant que ces approches bon marché n’apportent aucun avantage aux élections”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu lors d’une conférence de presse avec le ministre ukrainien des Affaires étrangères Kuleba Dmytro en Ukraine le 7 octobre. Çavuşoğlu paie un visite en Ukraine pour s’entretenir avec son homologue ukrainien.

    La réaction de Çavuşoğlu est intervenue après que Macron a tenté d’entraîner la Turquie dans sa querelle avec l’Algérie au sujet de la tristement célèbre domination française dans le pays d’Afrique du Nord qui a duré entre 1830 et 1962 et a coûté la vie à des dizaines de milliers d’Algériens.

    Selon les médias français, Macron, dans un effort pour pallier le passé colonial atroce de la France, a affirmé qu’« il y avait eu une colonisation avant la domination coloniale française » en Algérie, faisant allusion à la présence ottomane dans le pays entre 1514 et 1830.

    « La construction de l’Algérie en tant que nation est un phénomène à surveiller. Y avait-il une nation algérienne avant la colonisation française ? Telle est la question », a déclaré Macron. « Il y a eu des colonisations antérieures. Je suis fasciné de voir la capacité de la Turquie à faire oublier totalement le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle a exercée, et à expliquer que nous sommes les seuls colonisateurs. C’est bien. Les Algériens le croient », a-t-il déclaré.

    “C’est tellement mal pour lui d’entraîner la Turquie qui n’a pas de tache sombre de colonialisme dans son passé dans cette discussion”, a déclaré Çavuşoğlu, ajoutant que ceux qui ont quelque chose à dire sur la Turquie “devraient le dire directement en face, pas dans notre dos . Tout comme ce que fait notre président Recep Tayyip Erdoğan.

    Çavuşoğlu a déclaré que Macron devrait mieux essayer de prendre des mesures pour gagner la confiance de son peuple et éviter les mouvements populistes avant les élections présidentielles de mai 2022 en France.

    Les propos de Macron ont déclenché une profonde tension entre la France et l’Algérie, cette dernière ayant fermé son espace aérien aux avions militaires français.

    Aldjazair.org

  • Algérie: « Mes ancêtres ont croisé le fer avec la puissante Rome »

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    Pour rappeler aux Français et au monde la profondeur de l’histoire nationale, Lamamran s’est rendu à la prison romaine où fut détenu Jugurtha, l’un des héros de l’Algérie antique… Au Président français Emmanuel Macron qui demandait le week-end dernier « si la nation algérienne existait avant la colonisation française », le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, a convié Macron à réviser ses classiques en Histoire en lui répliquant par cette subtilité qu’on peut résumer comme suit :

    « Au cas où vous l’ignoriez, mes ancêtres ont croisé le fer avec la puissante Rome. » En Italie, c’est en marge des travaux du sommet qu’il est revenu à la charge concernant les déclarations du Président français. Pour rappeler aux Français et au monde la profondeur de l’histoire nationale, il s’est rendu à la prison romaine où fut détenu Jugurtha, l’un des héros de l’Algérie antique. Une visite qu’il a partagée sur son compte Twitter. « Une séquence de l’histoire de l’Algérie, aux racines ancrées dans la profondeu de Rome. Le lieu où fut emprisonné et tué le roi de Numidie Jugurtha, fils de Cirta et petit-fils de Massinissa, en 104 avant Jesus-Christ, après une guerre féroce qui a duré 7 ans contre Rome », a écrit Ramtane Lamamra. Une manière de remettre les choses à leur place après l’interrogation d’Emmanuel Macron sur l’existence de la nation algérienne avant la colonisation française. Tous ceux qui, en France, partagent l’idée qui veut que l’Algérie n’ait aucune existence en tant que nation avant sa colonisation en 1830, peuvent lire entre les lignes ce message : vous ne pouvez pas remonter aussi loin pour parler de votre propre histoire. L’évocation de Jugurtha s’inscrit aussi en droite ligne des récentes déclarations du ministre des Affaires étrangères et de celles de toute l’Algérie officielle, concernant le colonialisme et sa prétendue « mission civilisatrice ».

    Jugurtha est pour les Algériens le symbole de la résistance de leurs ancêtres à la Rome antique et à ses velléités d’expansion et de domination. À Bamako, Lamamra a déclaré que « l’Afrique est le berceau de l’humanité » mais aussi le tombeau du colonialisme ». Les défaites infligées par l’armée de Jugurtha aux légions romaines sont l’illustration de cette affirmation. Aussi, le sort atroce qui lui a été réservé – il est mort de faim dans un cachot romain – est une séquence de la hideur du colonialisme, quel que soit son nom ou son époque. Ce n’est pas la première fois que le nom de Jugurtha est évoqué par l’Algérie pour porter la contradiction dans un litige diplomatique.

    En juillet dernier, un commentaire de la revue de l’ANP, El Djeich, rappelait au Maroc toutes ses trahisons envers l’Algérie à travers l’histoire, parmi lesquelles la livraison de Jugurtha à Rome par Bochus, roi de la Maurétanie césarienne, soit le Maroc actuel. L’Algérie peut s’en vouloir d’avoir elle-même occulté sa profondeur historique. Pendant au moins les 30 premières années de son indépendance, elle a presque complètement ignoré la dimension amazighe de son identité, et partant, les hommes et les faits antérieurs à la conquête musulmane au 7e siècle.

    Malgré les avancées enregistrées dans ce sens depuis les années 90, un personnage comme Jugurtha n’a toujours pas la place centrale qu’il devrait occuper dans le récit national. Les réactions en Algérie, du côté des officiels, de la société civile et même d’une partie de l’opposition, ont porté sur cette remise en cause. L’Algérie a décidé de rappeler son ambassadeur à Paris et fermé son espace aérien aux avions d l’armée française qui se rendent au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane. Aux avant-lignes de cette riposte, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra.

    Au cours d’une visite au Mali justement, mardi 6 octobre, il a dénoncé une « faillite mémorielle qui met les relations de la France officielle avec certains de nos pays dans des situations de crise malencontreuses », appelant les autorités françaises à « décoloniser leur propre histoire » Ils ont « besoin de se libérer de certaines attitudes et visions qui sont intrinsèquement liés à la logique incohérente portée par la prétendue mission civilisatrice de l’Occident », a-t-il dit à Bamako.

    Par : LAKHDARI BRAHIM

    Le Midi Libre, 10/10/2021

  • L’Afrique tombeau du colonialisme qui se referme

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    En déclarant l’Afrique “tombeau du colonialisme”, Lamamra, le chevronné actuel ministre des affaires étrangères de l’Algérie s’élève frontalement contre le néocolonialisme indécrottable de Paris. C’est en homme politique qui connaît ses dossiers et fier citoyen de la nation algérienne chantre de l’anti-colonialisme qu’il a remis à sa place poliment une France qui se droitise en pré-campagne présidentielle et qui se devait de nouveau d’essuyer le couteau sur l’Afrique.

    En visite officielle à Rome, Ramtane Lamamra en a profité pour visiter le tombeau de Jugurtha en un pied de nez à Macron pour lui signifier de relire ses pages d’histoire. Jugurtha est né vers 160 av. J. C à Cirta — actuelle Constantine, Algérie — et mort en 104 av. J.-C. à Rome, est un roi numide. Il s’oppose durant sept ans à la puissance romaine entre 111 av. J.-C. et 105 av. J. C, durant un conflit qui nous est connu sous le nom de « guerre de Jugurtha ». Le Mali a été le berceau de trois grands empires : l’empire du Ghana, l’empire du Mali et l’empire songhaï…

    Et pourtant, pour la France de Macron avant son arrivée, c’était le néant en Afrique. Nous laisserons le récit de l’histoire riche de l’Afrique aux historiens.

    L’Algérie, en rappelant son ambassadeur et interdisant son espace aérien aux avions militaires français vient certifier avec l’assurance de sa stabilité acquise grâce au bon choix de ses partenaires (Russie/Chine) que la perversité de la France vis-à-vis de l’Afrique ne cessera pas tant que celle-ci prêtera le flanc avec son ignorance, sa faiblesse ou sa vénalité.

    Une Afrique qui se doit de hausser le ton contre toute présence qui porte atteinte à sa souveraineté. Pas que contre la France qui persiste. Elle se doit, comme le reste du monde libre, de délimiter ses lignes rouges pour s’affranchir de cette tutelle créant le besoin et qui suce son sang depuis des siècles pour le recracher en métropole sur les immigrés.

    L’Algérie en soutenant la Libye, la Tunisie, le Mali ouvre une brèche dans la forteresse de la Françafrique qui n’est grande que parce qu’elle s’appuie sur les épaules du continent le rabaissant à chaque élection présidentielle. Ne répondez pas à la fausse flatterie du sommet Afrique France qui n’est qu’un écran de fumée où on a pris pour figurants les enfants de Harkis et des nègres de salons venus danser autour de la Macronie dans une mise en scène digne d’une démocratie intermédiaire.

    La France de Macron s’obstine dans un déni futuriste de s’acquitter de sa dette morale et matérielle qu’elle a envers ses anciennes colonies. Il faut cesser de croire que seul le système est coupable, son peuple dans sa majorité, naguère jouissant des privilèges de l’empire colonial, soutient par orgueil secrètement un Macron embourbé dans les dédales d’une histoire proche peu reluisante. Tout ceci laisse une porte grande ouverte royalement à la Chine, aux Russes et aux Américains pour rafler la mise dans un monde qui change plus vite que certains.

    Le printemps arabe n’a emporté que les pays faibles et mal accompagnés. Quand Kadhafi s’est tourné vers la Chine et la Russie, ils l’ont éliminé. L’Occident a fait du terroriste un fonds de commerce aux détriments des nations instables. L’Algérie prouve par sa stabilité que malgré ses positons non-alignés, elle reste solide et le Hirak peut suivre son cours vers sa maturité politique sans immixtion dans ses affaires de parties étrangères déstabilisatrices déguisées en âmes charitables.

    L’Afrique doit rendre l’aumône à l’Occident. L’époque des renversements est révolue, et la Russie apparaît comme un partenaire solide qui parraina la Syrie que le Western World réuni n’a pu renverser. La Russie, et la Chine s’érigent lentement en rempart contre le néo-colonialisme offrant une alternative à une Afrique riche en ressources et pourtant exsangue des abus séculaires de Londres, Paris et Washington.

    Mohammed Mezouar

    Aldjazair.org, 09/10/2021

  • Qui sème le vent…., Monsieur Macron

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    La décision subite et malvenue que vous venez de prendre concernant la réduction de moitié de l’octroi des visas aux algériens, ne manque pas de susciter la gouaillerie de ces derniers, bien plus que l’ire qui ferait jubiler certains parmi vos compatriotes les plus xénophobes et les politiques les plus zélés de votre pays, à leur grand dam. Vous n’êtes pas sans ignorer que votre tentative d’édulcorer la teneur sévère et disproportionnée de vos propos, en déclarant doctement votre intention de cerner cette mesure uniquement aux membres de l’élite dirigeante, est sans grand effet car incapable de vaincre les velléités abusives des préposés à cette opération, que vous ne pourrez empêcher par aucun moyen de se livrer à des pratiques encore plus restrictives dans la délivrance des visas.

    Les conditions précipitées qui l’entourent, l’approximation des règles d’application accompagnant habituellement ce genre de directive qui touche à une matière considérée sans doute comme de seconde priorité, et le sceau des prérogatives discrétionnaires aidant laissent le champ libre aux commis à cette fonction pour s’adonner aux interprétations les plus extensives et souvent infondées, qui donnent lieu à des suites négatives aux demandes de la grande majorité des personnes ne faisant aucunement partie de “l’élite dirigeante“ supposément ciblée, et qui a paradoxalement toujours bénéficié des bonnes grâces et de la protection de l’Etat français quand il s’est agi de blanchir leur fortune mal acquise en Algérie, en s’offrant des propriétés immobilières parmi les plus cossues au cœur même de la capitale française !

    Ces malfrats ont beau faire l’objet d’un mandat d’arrêt avec notice rouge via Interpol lancé depuis des mois par les autorités judiciaires algériennes, à ce jour aucun n’a été arrêté sur le sol de l’hexagone, et encore moins extradé à partir de ce territoire. C’est là que se situe la déperdition de vos visas Mr Macron, ceux que vous avez accordés à des criminels de haut acabit qui ont trouvé refuge dans votre pays, par la grâce de cette satanée règle scélérate du politiquement correct.

    Votre sortie impétueuse ne s’est pas arrêtée là malheureusement. Emporté par votre pétulance à tout le moins bruyante, vous vous êtes laissé aller à des errements pédantesques, échappés de votre contrôle et amplifiés par vos prétentions déplacées et démesurées de porte-voix d’une tendance doctrinaire versée dans l’interprétation exaltée de l’histoire, et faisant outrageusement étalage d’une gloriole enfantée par une condescendance immanente, se réfrénant toute retenue et tout sens d’objectivité pour donner libre cours aux slogans à relents suprémacistes, toisant de surcroît au passage et de bien haut les sociétés anciennement colonisées, avec un regard impérieux qui exclut en une seule giclée remords et repentance.

    De vulgaires motivations électoralistes vous ont poussé tout droit à l’impertinence, au point que vous n’ayez eu aucun égard à clamer l’inexistence d’un état algérien avant que vos ancêtres n’y débarquassent en 1830, sabres au clair et baïonnettes tendues.

    Votre arrivée précoce au sommet du pouvoir, si l’on se réfère à votre carrière politique relativement jeune, a produit une sorte de diffraction, chassant de votre vision politique qui sied en principe à tout homme d’Etat d’envergure la portée néfaste et imprévue de votre discours, exposant ainsi au grand jour une ingénuité qui compromettra pendant encore un certain temps votre maîtrise des us et coutumes universellement admises dans le milieu diplomatique. Mal vous en prit, Monsieur le Président.

    Le Carrefour d’Algérie, 10/10/2021

  • Propos de Macron sur l’Algérie. Le dérapage de trop !

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    A quelque mois des présidentielles françaises, Emmanuel Macron multiplie les gestes d’hostilité envers l’Algérie et vire carrément à droite pour les besoins de sa campagne électorale pour assurer sa propre succession à l’Elysée. En effet, les gestes d’hostilité de l’actuel locataire de l’Elysée se multiplient et ses sorties inadmissibles envers l’Algérie s’accélèrent et vont crescendo à mesure que l’échéance présidentielle française avance. 
    Tout a commencé durant l’été dernier lorsque Emmanuel Macron a reconnu solennellement «les souffrances des essais nucléaires français en Polynésie», en acceptant d’ouvrir les archives sur ce dossier, pendant que son pouvoir refuse toujours de remettre à l’Algérie les cartes topographiques qui permettent de déterminer les lieux d’enfouissement des déchets polluants, radioactifs ou chimiques non découverts à ce jour. La partie française n’a mené techniquement aucune initiative, en vue de dépolluer les sites et la France n’a fait aucun acte humanitaire en vue de dédommager les victimes. Les explosions nucléaires dans le Sahara sont d’irréfutables preuves des crimes perpétrés dont les radiations continuent d’affecter l’homme et l’environnement. Il y a quelques jours, le même Macron récidive. 
    En rencontrant quelque 300 harkis, descendants ou représentants, il a regretté, «à voix haute et solennelle», les «manquements» passés de la République vis-à-vis de certains de ses «enfants». «Aujourd’hui, au nom de la France, (…) je demande pardon», a-t-il lancé, s’engageant à «panser les plaies tant qu’elles ne seront pas refermées». Une loi qui sera concoctée avant la fin de l’année en cours, en confiant à son gouvernement la rédaction d’un «texte de loi de reconnaissance et de réparation». Le locataire de l’Elysée ne s’arrête pas là, il pousse encore le bouchon plus loin, jeudi dernier, en recevant des jeunes triés sur le volet. Lors de cette échange avec ses binationaux, le chef de l’Etat Français avait estimé que le pays s’était construit, depuis son indépendance, sur «une rente mémorielle», entretenue par «le système politico-militaire». Une déclaration de trop qui a poussé le Président Abdelmadjid Tebboune de rappeler «pour consultations» son l’ambassadeur d’Algérie à Paris, Mohamed Antar-Daoud.
    Après le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France pour consultation viendra ensuite un communiqué de la Présidence de la République algérienne qui remet les pendules à l’heure. L’Algérie a exprimé son rejet “catégorique de l’ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures” à la suite des propos non démentis que plusieurs sources françaises ont attribué nommément au Président de la République Française, indique la Présidence de la République dans un communiqué. “A la suite des propos non démentis que plusieurs sources françaises ont attribués nommément au Président de la République française, l’Algérie exprime son rejet catégorique de l’ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures que constituent lesdits propos”, précise la même source. 
    “Les propos en question portent une atteinte intolérable à la mémoire des 5.630.000 valeureux martyrs qui ont sacrifié leur vie dans leur résistance héroïque à l’invasion coloniale française ainsi que dans la Glorieuse Révolution de libération nationale”, ajoute la Présidence de la République, estimant que “les crimes de la France coloniale en Algérie sont innombrables et répondent aux définitions les plus exigeantes du génocide contre l’humanité. Ces crimes qui ne sont pas prescriptibles, ne sauraient faire l’objet d’une manipulation des faits et d’interprétations atténuantes”.
    Pour la Présidence de la République, “la propension des nostalgiques de l’Algérie française et des milieux qui se résignent difficilement à l’indépendance pleine que les Algériens ont gagnée de haute lutte, s’exprime à travers de vaines tentatives d’occulter les exactions, massacres, enfumages, destructions de villages, des centaines de +Oradour-Sur-Glane+, éradications de tribus de résistants, qui sont des génocides en séries que les acrobaties conceptuelles et les raccourcis politiques ne parviendront jamais à occulter”. 
    “Pour leur part, les appréciations superficielles, approximatives et tendancieuses énoncées, en ce qui concerne l’édification de l’Etat national algérien ainsi que sur l’affirmation de l’identité nationale relèvent d’une conception hégémonique éculée des relations entre Etats et ne sauraient, en aucune façon, être compatibles avec le ferme attachement de l’Algérie à l’égalité souveraine des Etats”, souligne-t-on dans le communiqué. 
    “Cette malencontreuse intervention qui heurte fondamentalement les principes devant présider à une éventuelle coopération algéro-française en matière de mémoire, a l’incorrigible défaut de tendre vers la promotion d’une version apologique du colonialisme, au détriment de la vision établie par I’Histoire de la légitimité de luttes de la libération nationale, alors que rien ni personne ne peuvent absoudre les puissances coloniales de leurs crimes, y compris les massacres du 17 octobre à Paris dont l’Algérie et sa communauté établie en France s’apprêtent à commémorer dans la dignité”, ajoute la même source. 
    “Face à la situation particulièrement inadmissible engendrée par ces propos irresponsables, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a décidé le rappel immédiat en consultations de l’ambassadeur d’Algérie auprès de la République française”, conclut le communiqué. Il faut dire que le président Macron qui a déclaré, il n’y a pas si longtemps, qu’à «chaque fois que je parle de l’Algérie, je perds un à deux points dans les sondages», a compris que maintenant sa réélection passera par des gestes hostiles envers son ancienne colonie pour séduire la droite et l’extrême droite. Il se lance en campagne avant l’heure, lui qui se sent acculé par la droite et l’extrême droite qui s’ajoutent à la forte présence d’?ric Zemmour dans le débat politique français qu’on dit partant lui aussi pour les présidentielles françaises du printemps prochain. 
    La question mémorielle liée à la guerre d’indépendance est présente à chaque rendez-vous politique français dont aucun candidat ne peut faire l’impasse, les nostalgiques de l’Algérie Françaises et autres Harkis sont considérés proches de la droite et même de son extrême et constituent une réserve de voix non négligeables sur lesquelles Macron espère compter. Un même Macron qui pourtant, en 2017, a qualifié la colonisation française en Algérie «de crime contre l’humanité» avant de privilégier les «actes symboliques» contre «toute excuse ou repentance», une fois à l’?lysée. 
    Macron ne fait réellement que perpétuer la tradition du double jeu et les revirements versatiles du pouvoir français concernant le dossier de la colonisation. Le président Abdelmadjid Tebboune impute le contentieux mémorial qui pèse sur les relations algéro-françaises aux «trois lobbys en France. Aucun ne s’entend avec l’autre et chacun est influent. Il y a le lobby de ceux qui sont partis d’Algérie après l’indépendance. Leurs descendants entretiennent l’esprit de la haine des Algériens. Il y a un autre lobby qui est celui des Algériens qui ont choisi de soutenir la France (allusion aux harkis) et le dernier est celui de l’ancienne OAS (Organisation armée secrète) qui active toujours en France», avait-il alors déclaré, en juin dernier, dans un entretien à Al Jazzera. 
    Ces lobbys influent sur la politique française, notamment dans les grands rendez-vous de la vie nationale de l’hexagone. En refusant de s’excuser pour la colonisation de l’Algérie, adoptant un profit bas face aux Harkis et multipliant les actes d’hostilités envers l’Algérie, Emmanuel Macron sacrifie la réconciliation des mémoires sur l’autel des prochaines élections présidentielles française. 
    Enfin, il convient de le souligner que ce dossier mémoriel, l’Algérie est restée intransigeante pour son règlement global qui passe par la reconnaissance officielle, définitive et totale par la France de ses crimes et des indemnisations équitables. 
    Décidément, l’Algérie aux principes constants et inchangeables au gré des événements et politiques dérange. Une Algérie éternellement grandie par sa Révolution de Novembre 1954, qui reste bel et bien «une marche historique qui a bouleversé un continent et qui n’a pas fini d’étonner le monde par sa puissance, sa vitalité face à un adversaire désorienté et complètement déréglé», comme le tenait à le souligner Mohamed Boudiaf dans «le commencement», écrit à Turquant, en 1961. 
    Si Tayeb El Watani prédisait déjà, qu’ «un jour viendra où tous les crimes seront connus et, à ce moment, on oubliera volontiers de parler aussi légèrement du 1er Novembre 1954».
    Le Carrefour d’Algérie, 08/10/2021
  • Macron perd le nord et… le sud

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    Mais quelle mouche a donc piqué le président français pour «asséner ses vérités» sur l’Algérie ?
    Si l’on excepte l’épisode Sarkozy, un anti-Algérien, qui s’assume, c’est la première fois dans l’histoire de la 5e République française que l’on assiste à de tels propos de la part d’un chef d’Etat français. Il est vrai que le général De Gaulle, en recevant Abdelaziz Bouteflika, alors jeune ministre de des Affaires étrangères algérien venu le sonder sur la nationalisation des biens vacants abandonnés par les anciens colons, avait évacué le sujet par un «vous ne vous imaginiez tout de même pas que j’allais réparer vos ascenseurs jusqu’à la fin des temps». Bernard Bajolet, l’ancien ambassadeur qui révèle cette anecdote dans un livre consacré à son expérience diplomatique, ne nous renseigne pas sur la réponse de l’ancien chef d’Etat algérien.
    Il faut peut-être attendre le règne de Mitterrand pour retrouver une salve aussi provocatrice dans la bouche d’un président français. Le premier président socialiste de la 5e République s’est présenté dans un premier temps comme «tiers-mondiste» convaincu qui voulait l’avènement d’un nouvel ordre mondial, cher aux dirigeants algériens. Il avait même fait cause commune avec le défunt Chadli lors de la rencontre Nord-Sud de Cancún, qui eut lieu au Mexique, du 22 au 23 octobre 1981, elle était destinée à sortir les pays d’Amérique latine du cercle vicieux de l’endettement. Cette nouvelle proximité entre un président français et son homologue algérien, avait peut-être encouragé Mitterrand à oser son fameux «il faut» après l’interruption du processus électoral en 1991. Cette déclaration du premier ministre de l’Intérieur de la guerre d’Algérie avait provoqué une crise sans précédent entre les deux rives. La France était même devenue un sanctuaire pour les terroristes algériens et leurs couvertures politiques.
    Des présidents avenants

    Depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts mais les présidents français successifs se sont gardés de heurter frontalement la sensibilité des Algériens, surtout concernant les sujets qui touchent à la mémoire et à l’histoire. Ce n’est pas à l’habile Chirac qu’on va faire la leçon sur la bienveillance diplomatique, à part peut-être son incident avec le président Zeroual au siège des Nations-Unies et encore moins au très «Algérien» François Hollande qu’on va apprendre à garder son sang froid devant la complexité des relations algéro-françaises, assez chargées émotionnellement pour leur rajouter des élucubrations sur l’origine de la nation algérienne. Et c’est justement là que Macron a «excellé».
    Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Cette interrogation de la part de Macron a fait ressurgir les vieux démons colonialistes pour nous sortir des thèses chères aux algérianistes et autres colonisateurs zélés qui ne voyaient en l’Algérie qu’un territoire rempli de populaces sans attache nationale ni histoire pour cristalliser l’imaginaire et le destin commun. Cette digression, venant de la part d’un chef d’Etat d’un pays, avec qui nous avons des relations officiellement bonnes, ne peut s’expliquer seulement par la montée de la fièvre électorale, même s’il est vrai que Macron est débordé actuellement sur son aile droite par le phénomène Zemmour. Elle vient compléter une série, en cours, de sorties médiatiques et de décisions qui dénotent une certaine fébrilité dans la prise de décision chez l’establishment politique français. On a l’impression que le président français s’essouffle dans sa dernière ligne droite n’arrivant plus à donner du tonus à la fin de son mandat. De l’Europe à l’Afrique, des Etats-Unis à la Russie, du Golfe à la Syrie, Emmanuel Macron a mené depuis avril 2017 une diplomatie hyperactive et volontariste, en chantre d’un multilatéralisme dont la France est la locomotive européenne.
    La bérézina du Pacifique

    Mais le début de l’automne n’a pas été de tout repos pour la diplomatie française. Victime collatérale d’un accord politique entre Canberra, Londres et Washington pour contrer la Chine, la France voit lui échapper un contrat à 56 milliards d’euros avec l’Australie et encaisse un revers diplomatique majeur dans la zone indo-pacifique. Cet événement qui fait voler en éclats le sacro-saint multilatéralisme prôné par la doctrine Macron et de son ministre des Affaires étrangères Le Drian, a donné lieu à une série de déclarations qui sont loin de figurer dans le manuel du parfait diplomate. La France a perdu son sang froid face à ses partenaires historiques, l’Angleterre, l’Australie et surtout les États-Unis qui avaient quelques mois auparavant pris la décision unilatérale de se retirer de l’Afghanistan.
    La France s’est aussi enlisée au Sahel. Annonçant d’abord un départ définitif du Mali, Macron s’est retrouvé à échanger des mots aigres-doux avec le premier ministre malien surtout depuis la décision de Bamako de faire appel à des mercenaires russes pour contrer les terroristes islamistes.
    Et c’est à ce moment précis que la France a choisi d’en découdre avec une autre région importante : le Maghreb. La France décide de diminuer drastiquement le nombre de visas accordés à trois pays du Maghreb, et ce quels que soient les motifs du voyage. Les visas octroyés à l’Algérie et au Maroc vont être divisés par deux, tandis que ceux délivrés à la Tunisie vont diminuer de 30%. La France dit ainsi répondre à l’immobilisme de ces pays qui refusent de reprendre leurs ressortissants vivant illégalement en France. Cette décision n’a pas laissé les gouvernements maghrébins de marbre. Le ministère des AE algérien a même convoqué l’ambassadeur de France à Alger pour des explications.
    Alors pourquoi cette sortie de route ?

    Et pour finir, le président français décide de s’attirer l’unanimité des Algériens contre lui après des propos non démentis tenus lors d’un échange avec une vingtaine de jeunes descendants de protagonistes de la Guerre d’Algérie (1954-1962). M. Macron y estime qu’après son indépendance, le pays s’est construit sur « une rente mémorielle », entretenue par le « système politico-militaire ». Et que la nation algérienne n’a jamais existé et serait une création de la colonisation française.
    Macron, qui a commencé sa compagne électorale par traiter la colonisation française de crime contre l’humanité, a dévié de sa trajectoire pour succomber sans doute aux sirènes des communicants et autres spin doctors à quelques mois des présidentielles.
    Cet automne fatal pour la diplomatie française ouvre plusieurs questions pour la France sur le plan international. Parmi elles, son positionnement dans cette nouvelle «guerre froide» qui se profile dans la zone indo-pacifique et dans le conflit larvé qui oppose les Etats-Unis à la Chine. Sa place en Afrique, sa vieille chasse gardée, ou elle est bousculée par la Russie et par d’autres forces émergeantes comme la Turquie. Et enfin ses relations avec les pays du Maghreb qui veulent s’émanciper définitivement de la tutelle française. Cette volonté est exprimée de plus en plus par les élites maghrébines qui se cherchent d’autres horizons loin de l’œil vigilant de Paris. A tous ces défis, Macron et Le Drian n’ont pas réussi à donner des réponses convaincantes.
    R. A.
  • Macron refuse de s’excuser pour le colonialisme français en Afrique

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    Le président français Emmanuel Macron a réitéré vendredi son refus de s’excuser pour le passé colonial de son pays en Afrique. Macron s’exprimait lors de sa participation au dernier jour du sommet Afrique-France tenu dans la ville côtière de Montpellier (sud-est), où il a débattu avec un groupe de 11 jeunes du continent noir de diverses questions, dont la démocratie dans leurs pays.

    Les jeunes sélectionnés pour débattre avec Macron ont fustigé l’attitude paternaliste et colonialiste de la France.

    Le chef de l’Etat français a déclaré que « présenter des excuses ne résoudra pas le problème, cependant la reconnaissance permettra de parvenir à la vérité », appelant à la réécriture d’une histoire commune à la lumière de sa position déclarée.

    Le sommet Afrique-France de cette année s’est tenu sans la participation de chefs d’État africains, à l’exception du président français lui-même.

    Macron a choisi le nouveau format du sommet, pour « donner la priorité aux jeunes des pays africains et à ceux qui ont la capacité de changer le continent noir et la France et les écouter», selon le quotidien régional français « Midi Libre ».

    Les déclarations de Macron interviennent dans un contexte très particulier, marqué par de vives tensions entre Paris et Alger, après que le journal « Le Monde », a rapporté les propos du locataire de l’Elysée dans lesquels il conteste l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation française du pays en 1830.

    « Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? », s’est interrogé le chef de l’Etat français à cet effet.

    Alger a dénoncé les déclarations de Macron, à son encontre, les considérant comme étant « une atteinte inacceptable à la mémoire de plus de 5 millions de résistants tués par la France coloniale ».

    Les autorités algériennes ont répondu par la sanction en interdisant le survol de son espace aérien par l’aviation militaire française, engagée notamment au sein de Barkhane, une décision prise dans la foulée du rappel par Alger de son ambassadeur à Paris « pour consultations ».

    Anadolou

  • Macron refuse de demander pardon aux Africains

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    Le président français Emmanuel Macron a refusé de demander pardon pour les crimes coloniaux français commis dans ses anciennes colonies en Afrique.
    Lors d’un sommet Afrique-France tenu a Montpellier en présence de jeunes issus de plusieurs pays africains, Emmanuel Macron s’est opposé a toute idée d’excuse pour les crimes commis par l’occupant français sur le continent africain.
    Appelé par un blogueur sénégalais a demander pardon aux Africains, le locataire de l’Elysée s’est en effet refusé a demander pardon, privilégiant “un travail de vérité” et non de “honte de soi et de repentance” non sans reconnaître “la responsabilité immense de la France car elle a organisé le commerce triangulaire et la colonisation”, a rapporté le journal Le Point.
    Dans son discours liminaire, le président français avait toutefois loué “la part d’africanité de la France”.
    “Nous avons une dette envers l’Afrique”, “un continent qui fascine le monde entier, qui parfois en effraie d’autres”, a-t-il ajouté, allusion aux débats sur l’immigration qui marquent les débuts de la campagne présidentielle française, et qui ont été pointés a plusieurs reprises par les participants au sommet.
    Force est de rappeler que ce sommet auquel aucun chef d’Etat africain n’a pris part s’est tenu dans un contexte marqué par une crise ouverte entre la France et ses deux anciennes colonies, en l’occurrence l’Algérie et le Mali.
    Echourouk online, 09/10/2021
  • La baguette (de pain) de «l’étranger»

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    On se souvient (presque) tous de la fameuse histoire, racontée par Fernand Raynaud, sur le renvoi aveugle d’un village de France d’un immigré («parce qu’il mangeait le pain des Français») qui était, en fait, le boulanger du coin. On s’en était aperçu trop tard.

    Cela nous ramène à l’actuelle campagne présidentielle hexagonale durant laquelle candidats et supporteurs (dont certains animateurs, journalistes et autres «experts») font feu de tout bois, ratissant large, tirant dans tous les coins, utilisant tous les arguments, du plus sérieux au plus ridicule en passant par le plus provocateur et le plus irresponsable (cf. certains récents propos de E. Macron face à des «jeunes Français d’origine algérienne» et de l’arrière petit-fils de Salan, le chef OAS).

    Si à gauche et chez les Verts, les positions restent mesurées, cantonnées à l’essentiel, à droite (avec une bonne partie du pouvoir en place y compris), deux problèmes sont abordés, car devenus thèmes centraux des stratégies électorales: la sécurité publique et l’immigration. Avec un point focal, la faute aux immigrés (clandestins, cela va de soi, et légaux: «Il y en a trop»), aux Arabes et aux Musulmans (sous-entendre l’islam qui amènerait du séparatisme et la violence), les trois sujets se mélangeant pour aboutir à une accusation majeure : ils (surtout les musulmans avec une certaine insistance, parfois non exprimée mais suggérée, sur l’Algérie et le Maghreb) sont la cause unique de l’intolérance, de la violence et de l’insécurité (publique) et par glissement sémantique du «terrorisme». Tout cela accompagné de statistiques et de données qui montrent tout et cachent l’essentiel.

    Cette fois-ci, les attaques vont encore plus loin dans la critique et l’insulte avec, non plus Marine Le Pen (qui ne sous-estime pas (ou plus) l’électorat «franco-arabe»), mais un invité inattendu, un ex-«bien de chez nous», Eric Zemmour qui est arrivé, en peu de temps, à se transformer en possible présidentiable, tout en devenant un homme d’affaires avisé puisque ses ouvrages, grâce à son activisme, caracolent en tête des ventes. D’une pierre plusieurs coups !

    L’essentiel n’est pas là. Le risque est grand de le voir, connaissant la versatilité des peuples pris dans le maelstrom des crises et des peurs (souvent sans fondement mais accélérés par la pandémie de la Covid-19 et ses effets socioéconomiques et même psychologiques) font arriver au pouvoir des populos fascistes dont la première des actions est soit de renvoyer l’«étranger», soit de l’«exterminer». Adolf Hitler, dont on ne sait pas encore avec exactitude la parentèle, en tout cas pas aryenne pour un sou, a débuté avec un ouvrage de haine (haine trop longtemps «personnalisée» et intériorisée) devenu un best-seller et des discours extrémistes contre, tout particulièrement, les étrangers et surtout les Allemands de confession juive, ce qui lui avait permis d’accéder au pouvoir. On connaît la suite.

    Zemmour serait-il, sans peut-être le faire exprès (car il ne faut pas surestimer l’«intelligence» (sic !) de cet homme, «symptôme de la lâcheté des démocraties» selon Luc Ferry, par ailleurs bon polémiste), en train de suivre son cheminement, très bon «ami» depuis les années 80 de papy Le Pen et de mémé Ursula Painvin, fille de Joachim von Ribbentrop, le ministre des Affaires étrangères du IIIe Reich, pendu en 1946 à Nuremberg.

    Ursula, 88 ans, vénère Jean¬ Marie Le Pen («Il faudrait te cloner») et, de Berlin, elle encourage Eric Zemmour avec ses «pensées les plus admiratives et amicales»), en train de suivre le cheminement simili nazi, en oubliant que c’est un immigré tunisien, Makram Akrout, arrivé sans papier de Tunisie il y a 19 ans, boulanger de son état (à Paris) qui a récemment décroché le «Prix de la meilleure baguette -de pain- de Paris» et qui livrera, donc, l’Elysée durant toute une année. Arrivés à l’Elysée avec leur programme de «grand nettoyage», Eric Zemmour et ses amis mangeront-ils alors de ce pain-là ? Un scénario catastrophe pour les radicaux et les racistes : pour «éviter» la «honte», on est, déjà, en train de lui «chercher des poux dans la tête».

    Comme pour la fameuse jeune chanteuse d’origine algérienne, écartée d’un concours (TF1) qu’elle allait remporter, il aurait «écrit on ne sait quels messages anti-français sur les réseaux sociaux» ! Hitler avait alors accusé les juifs de détenir, de la faire et de la défaire, toute la fortune du pays.

    Belkacem Ahcene Djaballah

    Le Quotidien d’Oran, 09/10/2021