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  • Qui finance les publications de Jeune Afrique ?

    Jeune Afrique, Maroc, Makhzen, François Soudan, France, Françafrique, Béchir Ben Yahmed,

    Les documents que le Journal Hebdomadaire s’est procuré attestent d’une relation plus catholique. Les accusations n’ont jamais manqué. Voyons plutôt. Selon les données figurant sur l’échéancier de paiement que le Journal s’est procuré, le Maroc s’est engagé à verser 994.000 euros à DIFCOM, agence de communication et régie publicitaire appartenant au Groupe Jeune Afrique.

    Obtenue par Maroc Leaks, une facture prouve que le Makhzen a payé, pour la période 2010-2011, le montant de 700.000 euros au magazine de la Françafrique.
    En 2005, le Journal Hebdomadaire a enquêté sur les liens occultes existant entre le Makhzen et Jeune Afrique. Voici le texte intégral de leur enquête :

    Le Makhzen finance le Groupe Jeune Afrique
    Le Journal Hebdo, 04-10-2005

    Comment le régime « finance » le Groupe de Béchir Ben Yahmed pour soigner son image.

    Quelle est la vraie nature des liens que tisse le Maroc avec le Groupe Jeune Afrique ? Un coin du voile est désormais levé sur la face cachée des relations, entre le royaume et le groupe de presse Jeune Afrique.

    Les documents que le Journal Hebdomadaire s’est procuré attestent d’une relation plus catholique. Les accusations n’ont jamais manqué. Voyons plutôt. Selon les données figurant sur l’échéancier de paiement que le Journal s’est procuré, le Maroc s’est engagé à verser 994.000 euros à DIFCOM, agence de communication et régie publicitaire appartenant au Groupe Jeune Afrique.

    Cet échéancier d’encaissement stipule que le Maroc doit s’acquitter de ce montant en trois tranches ou versements, étalés sur un an. Toutefois, les modes de règlement n’ont pas été précisés…

    Qu’a obtenu le Makhzen en contrepartie de ces 994.000 euros ? DIFCOM s’est-elle engagée à assurer la publication d’une série d’articles positifs sur le Maroc ? La constellation Jeune Afrique mettait-elle à la disposition du royaume son réseau « France-Afrique » ? Pourquoi payer autant d’argent à ce Groupe pour qu’il soigne l’image du Roi du Maroc ?.

    Les échéanciers de DIFCOM attestent qu’en 2002 et 2003, les présidents de pays comme la Mauritanie, le Gabon, le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Togo, ou le Rwanda ont assuré au Groupe Jeune Afrique une manne de plusieurs millions d’euros.

    Pourquoi le Maroc recourrait-il à ce qui semble bien être des stratagèmes de républiques bananières pour soigner son image ? A noter que l’Algérie passe aussi à la caisse pour un montant quasi égal à celui versé par le Maroc (950.000 euros). Preuve, sans doute, des talents de négociateurs des dirigeants de Jeune Afrique qui savent tirer le maximum des rivalités régionales sur le continent africain.

    Les visites du « Grand blond »

    Les articles de JAI consacrés au royaume et au roi du Maroc, en 2003 par exemple, se passent de tout commentaire. Les visites de François Soudan, le directeur de la rédaction de Jeune Afrique, au Maroc se suivent et se ressemblent. Elles sont régulières.

    Le « grand blond normand », comme l’appellent familièrement ses amis, est royalement accueilli. Logé dans les meilleurs palaces. François Soudan dispose, pendant tout son séjour au Maroc, d’une voiture et d’un chauffeur 24h/24. Ce traitement VIP dont bénéficie le Directeur de la rédaction de Jeune Afrique au royaume fait vraisemblablement partie de ce fameux « contrat de communication ». En tout cas, François Soudan multiplie les « missions spéciales » au Maroc. Il est reçu et briefé par tous les hommes forts du pouvoir comme Fouad Ali El Himma, Hamidou Laânigri, Meziane Belfkih et André Azoulay.

    Au Maroc et ailleurs, les accusations pointent constamment du doigt le Groupe Jeune Afrique. Un article du Canard Enchaîné, daté du 8 juin 1994 considère Jeune Afrique, comme le « spécialiste des dossiers de pub politique». Et enchaîne, à propos d’une commande encensant l’ex-dictateur du Togo : « A croire que cirer les pompes du général Eyadema, un peu massacreur sur les bords, ne gêne en rien les dirigeants de Jeune Afrique. Des récidivistes, d’ailleurs ».

    Pour développer et rentabiliser ses «marchés » sur le continent noir, Béchir Ben Yahmed profitait de son amitié avec un certain Jacques Foccart, le Monsieur Afrique de la France. Ce dernier, pour mener à bien sa diplomatie parallèle, mettait le patron de Jeune Afrique sur des sujets « porteurs ».

    Cette amitié avec l’homme qui joua un rôle de premier plan dans le maintien de la dépendance des pays africains en dit long sur l’action émancipatrice du groupe Jeune Afrique, véritable machine à sous ! Les sommes versées par le Maroc pour s’adjuger les faveurs éditoriales de Jeune Afrique est une pratique qui ne date pas seulement du nouveau règne. Hassan II a souvent eu du mal à gérer BBY.

    Une vieille histoire

    Tantôt, il profite de ses écrits panégyriques, tantôt, il subit ses foudres «éditoriales ». Cela dépend-il de la générosité du Palais royal ? Il y eut des hauts et des bas. Irrité par la méchanceté de BBY qui n’hésite pas à l’attaquer personnellement dans ses éditos, Hassan II décide d’interdire la diffusion de Jeune Afrique au Maroc pendant toute une décennie, entre 1965 et 1975.

    Mais, pendant toute cette période, Ben Yahmed profite du soutien inconditionnel de l’Algérie de Houari Boumediene. « Béchir a eu tout ce qu’il voulait d’Alger. Jeune Afrique était ouvertement pro-algérien et catégoriquement anti-marocain », explique un ancien journaliste rescapé de la boîte, qui coule sa retraite à Paris.

    « L’anti-marocanisme » de Jeune Afrique est alors essentiellement décliné par des enquêtes accusant l’implication des barbouzes du roi dans l’enlèvement de Medhi Ben Barka, et des articles soutenant les deux putschs avortés contre Hassan II, en 1971 et 1972.

    Des papiers qui portent la signature de Younes Berri, qui n’est autre que l’ancien opposant socialiste exilé à Paris, Hamid Barrada. Toutefois, grâce aux bons offices de Houphouët Boigny, ancien président de la Côte d’Ivoire, et un lobby pro-marocain mené par Serge Guetta, un financier parisien, ami de Ben Yahmed et André Azoulay, alors directeur commercial du groupe français Scoa, les relations entre Rabat et Jeune Afrique reprennent de plus belle.

    Profitant d’un incident avec l’Algérie, Ben Yahmed ferme, sans hésiter, son bureau à Alger en février 1975, tourne le dos à Houari Boumediene et entame une nouvelle page avec le Maroc. Désormais, BBY compte sur ses appuis dans l’entourage du Roi « C’était Mohamed Cherkaoui, alors ambassadeur du roi dans l’Hexagone et son beau-frère qui était l’émissaire de Hassan II auprès de Jeune Afrique », nous révèle cet ancien collaborateur de Jeune Afrique.

    A quelques mois de la Marche verte, Jeune Afrique lâche Alger et épouse, corps et âme, la thèse de Hassan II, conseillé par Ahmed Réda Guédira.

    L’hebdo va d’ailleurs jouer un grand rôle dans la médiatisation de sa version du dossier Sahara auprès d’une grande partie de l’Afrique francophone. A la manière d’un attaché de presse… Boumediene fulmine, il se sent trahi. Lui qui comptait beaucoup sur Ben Yahmed et son canard dans sa campagne de propagande en faveur de la RASD.

    Au sein même de la rédaction de la rue d’Auteuil, trois journalistes défendent, depuis quelques années déjà, la cause marocaine. Il s’agit de l’Algérien Hamza Kaidi, du Tunisien Abdelaziz Dahmani et du Marocain Mohamed Selhami. Ce trio dispose d’un bon carnet d’adresses au royaume. Leurs rapports avec les décideurs marocains sont plus qu’excellents. Ce qui arrange inévitablement les affaires de Ben Yahmed. Ce dernier accueille, les bras ouverts le général Ahmed Dlimi, un de ses contacts marocains les plus privilégiés, à chacun de ses passages à Paris.

    « Avec Dlimi, Ben Yahmed finissait toujours par avoir ce qu’il voulait du Maroc », nous explique-t-on. La lune de miel entre Rabat et Jeune Afrique ne va pas pour autant être affectée par la mort subite de l’ex-patron du CAB1. Et puis, en pleine guerre du Sahara, Hassan II a toujours besoin des « précieux services » du magazine des « présidents africains ».

    Driss Basri, ministre de l’Intérieur et de l’Information, l’a d’ailleurs très bien compris. Il répond favorablement à toutes les sollicitations et les démarches de François Soudan, désormais le journaliste attitré et l’émissaire officiel de Ben Yahmed au Maroc.

    Opération séduction à 1 million

    « Pendant plusieurs années, nous avons financièrement soutenu Jeune Afrique Et l’on n’a pas lésiné sur les moyens pour satisfaire leurs doléances qui étaient récurrentes », reconnaît D.Basri.

    Ce dernier confie ainsi à Othmane Bouabid, son chef de Cabinet, la gestion du « dossier Jeune Afrique ». Le soutien financier auquel fait allusion l’ancien ministre de l’Intérieur se répartit globalement en éditions spéciales et autre manne publicitaire des annonceurs institutionnels publics marocains, voire même privés.

    Après son retrait spectaculaire de l’OUA, en 1984, Hassan II ne peut pas se permettre pour autant le luxe de la politique de la chaise vide. Il a compris que la bataille du Sahara se joue aussi dans les médias. C’est ainsi qu’à l’occasion de l’assemblée générale des Nations Unies à New York, en 1985, le Maroc commande à Jeune Afrique une édition spéciale de cent mille exemplaires consacrée au dossier du Sahara, en trois langues. Mais en raison d’un problème technique, la photo de Hassan II en couverture de cette édition a été déformée. Les Marocains ont demandé et obtenu son ramassage. Trois semaines plus tard, Béchir Ben Yahmed exige et finit tout de même par être payé malgré son édition ratée. L’opération aurait coûté la bagatelle de 1 million de francs français.

    Mais Hassan II en a ras-le-bol. La chute du mur de Berlin, le cessez-le-feu avec le Polisario en 1991 et le plan de référendum proposé par l’ONU, finissent par convaincre Hassan II de la caducité de son « partenariat » avec Jeune Afrique.

    « Nous avons alors décidé d’arrêter notre collaboration pour des considérations mutuelles, en 1993 » (sic !), dira D. Basri. Ce dernier avoue même avoir personnellement donné quelque temps après l’ordre d’interdire la distribution de Jeune Afrique au Maroc, et ce à maintes reprises.

    Malgré ce « divorce », Jeune Afrique a continué à souffler le chaud et le froid sur Hassan II, depuis sa maladie jusqu’à son décès, et même après ! Dans Jeune Afrique n°2012, du 30 juillet au 9 août 1999, qui contient un spécial sur la mort de Hassan II, Béchir Ben Yahmed fait d’une pierre deux coups. Il instruit un procès de Hassan II à titre posthume et envoie des messages codés à son successeur. Messages que son entourage aurait finir par recevoir cinq sur cinq !

    Le trône « Peopolisé »

    Cette évolution est intéressante car elle souligne une régression notable dans la gestion de l’image du nouveau règne. Déjà, Hassan II avait pu se passer des services d’une presse « commerciale » puisque les réformes entamées durant les dernières années de son règne se « vendaient toutes seules ».

    La presse économique internationale a, la première, souligné les réformes économiques du Royaume avec, notamment, un programme de privatisation et de réforme des marchés financiers qui a suscité les commentaires favorables des quotidiens d’affaires les plus crédibles.

    Le Financial Times consacre ainsi, dès 1994, un supplément, à la tonalité positive, sur l’économie marocaine. Avec l’alternance et la nomination d’Abderrahman Youssoufi à la tête du gouvernement, Hassan II réalise une formidable opération de marketing politique. La très anti-monarchiste «l’Huma » titre un de ces articles sur le royaume en avril 1999, c’est-à-dire 4 mois avant le décès de Hassan II : « Le printemps marocain ».

    L’avènement du règne de Mohammed VI est accueilli avec encore plus d’enthousiasme. Le Wall Street Journal se fend d’un article, à la limite du dithyrambe, pour saluer l’arrivée du nouveau roi.

    Time Magazine publie la première interview du successeur de Hassan II avec reportage photo à l’appui. Avec les premiers errements, et notamment les dérapages sécuritaires, l’image du régime s’étiole. Les architectes de la communication de la monarchie réagissent par la «peopolisation » de la famille royale avec l’octroi d’un accès privilégié aux reporters de Paris Match.

    L’autre réaction, nous le savons aujourd’hui, est le retour des bonnes vieilles méthodes avec ce cher Jeune Afrique. L’année 2003 est symptomatique de ce revirement. Pourquoi ? D’abord parce que c’est l’année, avec 2002, où l’existence d’un contrat de communication entre le Maroc et Difcom est prouvée.

    Mais aussi parce que 2003 est l’année où, depuis l’accession de Mohammed VI au trône, le pouvoir a le plus eu besoin de « communiquer » avec la communauté internationale et avec les Marocains. Flash-back. 2003 est sans conteste l’« annus horribilis » pour le Maroc. Tout d’abord avec les attentats de Casablanca le 16 mai qui traumatisent l’opinion et relancent le débat sur la place des islamistes en politique. Mais aussi avec l’encaissement d’un sérieux revers diplomatique lorsque Washington avalise le plan Baker II rejeté par un Maroc sommé de faire une contre-proposition.

    A cela s’ajoutent des éléments de politique intérieure déstabilisants pour le régime : le sempiternel débat sur la sacralité du roi dans une hypothétique réforme de la Constitution, des rumeurs portant sur des irrégularités lors du scrutin de septembre 2002, la montée du PJD et d’Al Adl wal Ihsane… Sans oublier un durcissement à l’encontre de la presse indépendante comme en témoigne l’affaire Ali Lmrabet.

    Dès lors, on devine les tentations du régime : rebondir sur les attentats de Casablanca pour positionner le roi au sein d’une nouvelle donne alors qu’il entre dans sa 4è année de règne et prête le flanc à un vrai premier bilan. Et, pourquoi pas, au passage, en profiter pour affaiblir les islamistes, grand défi à la monarchie pour les années à venir et cette presse dite « indépendante » qui stigmatise chaque faux pas ? Résultat : ballottée au rythme de l’actualité, l’image du royaume se ternit au point que de réelles avancées comme la réforme de la Moudawana ne suffisent plus à redorer son blason. D’où la tentation d’emprunter des chemins de traverse…

    #Maroc #France #Jeune_Afrique #François_Soudan #Françafrique

  • Maroc: On ne peut pas diriger le pays avec Zoom -Ziane-

    Maroc, Mohamed Ziane, Mohammed VI, Makhzen, Abdellatif Hammouchi, Pegasus,

    Il s’inquiète de la dérive de son pays, avec un roi absent qui semble se dessaisir de ses pouvoirs étendus. Et il dirige ses fléchettes, sans crainte de représailles, vers le cercle qui entoure le monarque, à commencer par le tout-puissant chef de la police et des renseignements, Abdellatif Hammouchi. Mohamed Ziane (Malaga, 1943) ne s’inquiète pas des conséquences de ses paroles, les plus dures exprimées de l’intérieur du Maroc, où la censure et la répression ont tout dépouillé.

    Ziane connaît bien les tenants et les aboutissants du makhzén – l’entourage de Mohammed VI – car il en a fait partie pendant des décennies. Il a servi Hassan II et dans la première phase du règne de son fils jusqu’à ce qu’il prenne ses distances et devienne un oiseau rare, un opposant singulier. Ziane était ministre des droits de l’homme, député et fondateur du parti libéral marocain. Il affirme à ce jour être le premier et le seul haut fonctionnaire marocain à avoir démissionné de son plein gré, devant les caméras de la télévision locale.

    Né d’un père marocain et d’une mère espagnole, Ziane se targue d’avoir combattu le franquisme, mais affirme avoir « choisi d’être marocain ». « Je me sens très espagnol, c’est sûr. J’ai choisi d’être marocain. C’est mon souhait », répond-il en espagnol avec une touche du sud. « Au milieu des années 1950, il y avait les révolutions d’indépendance et un romantisme révolutionnaire et j’ai choisi d’être marocain parce que cela signifiait construire un nouveau pays, lutter contre l’impérialisme et le colonialisme, croire en des valeurs universelles auxquelles je continue de croire », argumente-t-il. « Aujourd’hui, je peux me demander si j’ai pris la bonne décision. Je ne sais pas, mais je ne vais pas le changer à 80 ans. Je ne vais pas changer le fusil de chasse sur mon épaule ou mon parcours », ajoute-t-il.

    Ziane, avocat connu et infatigable, aime perdre les batailles, les affaires difficiles. Il fait partie des dissidents victimes de l’espionnage de Pegasus, dont la vie privée constitue un chantage permanent pour Rabat, et a récemment été condamné à trois ans de prison après avoir été reconnu coupable de 11 chefs d’accusation. Au cours du long entretien accordé à The Independent, il parle librement et ne s’effondre qu’au souvenir de son fils, actuellement derrière les barreaux dans ce qu’il considère comme un complot. « Il a emprisonné mon fils au motif stupide qu’il a fabriqué des masques pour les vendre dans une clinique », se plaint-il alors que des larmes coulent sur son visage.

    Question : Comment se présente le Maroc depuis Rabat ?

    Réponse : Il y a un malaise généralisé. Tout le monde se demande ce qui se passe dans le pays et qui le dirige. Et c’est très grave. Quand la réponse des responsables est que le roi peut diriger un pays depuis l’étranger, je leur dis : un roi peut diriger un pays depuis l’étranger quand il est un roi qui n’a pas de pouvoir exécutif. Cependant, lorsque vous avez les pouvoirs dont dispose le roi Mohammed VI, il est difficile de comprendre qu’un dirigeant puisse se permettre le luxe de vous dire : je peux gérer 40 millions de Marocains de l’étranger en utilisant le zoom, comme nous le faisons maintenant, ou WhatsApp. Je trouve la blague très forte.

    On se demande où est le roi et pourquoi il est hors du Maroc, et aussi pourquoi les hauts fonctionnaires veulent nous convaincre que c’est normal, alors que c’est totalement anormal. Vous pouvez diriger un pays de l’extérieur, du moins d’une manière très artificielle et formelle, mais si vous devez prendre des décisions alors qu’il y a une guerre en Europe et un conflit au Sahara, avec l’Algérie comme voisin… Vous devez trouver une solution avec la Tunisie, parce qu’elle n’est pas un voisin mais elle est si proche qu’elle semble l’être. Quand il y a un problème comme la reconnaissance de l’État d’Israël, qui est très dur pour le peuple marocain, et qu’il se permet la fantaisie ou le luxe de ne pas être présent pour décider concrètement de ce qui doit être décidé, je vois qu’il y a un malaise général dans le pays et honnêtement, je ne sais pas comment cela va se terminer.

    Il y a un vide de volonté d’exercer le pouvoir, ce qui est pire qu’un vide de pouvoir.

    Q.- Y a-t-il une vacance du pouvoir au Maroc ?
    R.- Plus qu’un vide de pouvoir, il y a un vide de volonté d’exercer le pouvoir. Ce qui est encore pire. Vendredi prochain, la Constitution prévoit que le Roi doit se présenter et inaugurer la session d’automne des deux chambres, qui est la plus importante. Le budget de l’État est présenté. En octobre et novembre, il doit y avoir des réunions et des arbitrages sur le budget et la situation est très difficile avec les prix actuels du pétrole, avec le fait que l’Algérie a fermé le gazoduc qui passait par le Maroc et dont nous profitons. Que tout cela se passe et que le roi est absent, aujourd’hui nous ne savons pas s’il va y avoir une augmentation des impôts ou s’il va y avoir un apport de crédits étrangers ou de crédits internationaux et s’il va y avoir une augmentation des salaires pour répondre à cette augmentation du coût de la vie. Mais ce sont des problèmes très difficiles.

    C’est une façon très cool de gouverner un pays qui est à deux pas de l’Europe et qui a des problèmes avec une frontière à Ceuta et Melilla.

    Q.- Qui gouverne effectivement le pays ?
    A. – Probablement les amis du roi. Il y a un responsable de la vie économique, en collaboration avec le chef du gouvernement, qui est responsable parce qu’il est un ami du roi. Ce sont deux personnes qui vont décider, je ne sais pas si c’est sous le contrôle ou la présidence effective du roi ou, selon eux, dans leur propre intérêt. Sur le plan politique, il y a aussi un autre qui se dit ami du roi, celui qui s’occupe des problèmes avec les partis politiques, et il est probablement accompagné du chef de la police et du chef du contre-espionnage pour ce qui est de la sécurité intérieure de l’État.

    Mais il me semble difficile que l’arbitrage du budget se fasse en dehors d’un Conseil des ministres et en dehors de la présence du Roi, qui gouverne. Si l’on présume que le roi règne et qu’il y a un gouvernement qui dispose effectivement du pouvoir exécutif, alors que l’on sait d’avance que ce n’est pas le cas, il est difficile d’accepter que la loi de finances soit présentée dans une situation internationale comme celle que nous connaissons actuellement. C’est une façon très cool de gouverner un pays qui est à deux pas de l’Europe et qui a des problèmes avec une frontière à Ceuta et Melilla, et aussi avec l’Union européenne. Tout cela est très complexe et très délicat.

    Q.- Quelle serait la solution ? Faut-il envisager une abdication et une transition rapide vers votre fils ?
    R.- Je ne sais pas si c’est une solution constitutionnelle. Si c’est le cas, le fils aura bientôt 19 ans. Comme il aura 18 ans, il existe un conseil de régence qui a un pouvoir consultatif, mais il disparaît lorsqu’il a 19 ans. Le conseil de régence durerait trois ou quatre mois en tant que conseiller. Ce serait une bonne chose, car cela permettrait que pendant les quatre ou cinq mois où ils sont maintenant sous la tutelle de certaines personnes qui, au Maroc, n’ont aucune légitimité ou popularité pour dire qu’ils représentent le peuple. Ce sont des gens fidèles à un État qui est plus passé que futur. La situation sociale et économique du pays est si grave qu’informer le peuple que nous allons vivre une transition dans la succession au trône est capable de faire descendre les masses dans la rue et de servir d’impulsion. Et cela serait très difficile à supporter pour le Maroc.

    Le pouvoir au Maroc est composé de personnes fidèles à un État qui est plus passé que futur. La situation sociale et économique du pays est très grave.

    Q.- Je comprends que vous penchez vers une transition immédiate ?
    R.- En tout cas, on ne peut pas continuer ainsi, parce qu’aujourd’hui il y a une agitation qui ne donne pas confiance. Ce n’est pas la confiance des étrangers pour venir investir au Maroc, c’est la confiance d’un peuple qui sent qu’il a des institutions ou un roi qui prend ses responsabilités. Qui prend ses responsabilités au Maroc ? Quand un peuple ressent une telle inquiétude, je pense que le risque est très grand.

    Qui assume la responsabilité au Maroc ? Quand un peuple ressent une telle agitation, le risque est très grand.

    Q.- Le risque de révoltes ?
    R.- Les masses ne sont généralement pas intelligentes, mais elles sont dangereuses. Dans la situation actuelle, je ne pense pas qu’il soit approprié de déclencher des émeutes et une révolte de masse. D’abord, parce que les masses ne sont pas intelligentes et que nous ne savons pas où elles peuvent nous mener. Et deuxièmement, parce que croire que les choses peuvent être résolues par la répression est une folie au 21ème siècle. Mais, en fin de compte, il y a des imbéciles partout dans le monde, malheureusement. Et le problème n’est pas qu’au XXe siècle, il y avait moins d’imbéciles, mais qu’ils avaient du mal à atteindre les postes de décision. Aujourd’hui, ils y parviennent très facilement, non seulement au Maroc mais aussi dans de nombreux pays européens.

    Q.- Que sait-on au Maroc de l’activité quotidienne de Mohammed VI ?
    R.- Au Maroc, nous ne savons rien. Nous ne savons pas s’il est malade, s’il est hospitalisé, s’il s’occupe de sa mère, s’il se promène dans les rues, s’il fait des courses, s’il rencontre quelqu’un… Nous ne savons rien. Nous attendons comme des bohémiens vendredi prochain pour savoir comment il va, comment il se porte et s’il vient au Maroc ou s’il va faire son discours au parlement sur internet. L’ignorance est la pire chose qui puisse arriver à une personne. Et cela arrive avec une personne qui prétend être le peuple et que le peuple vit émotionnellement. La situation n’est pas très agréable.

    Q.- Je ne sais pas si vous lisez le Maroc d’aujourd’hui comme un pays dans lequel une partie de la population veut fuir, y compris le monarque…
    R.- Que la majorité des gens veulent émigrer, c’est sûr. Vous pouvez voir ce que les conseillers municipaux d’une municipalité très importante comme Berkane ont fait, ils sont allés à une réunion en Hollande et là ils ont dit : au revoir, je ne retourne pas dans ce pays parce que je n’ai rien à y faire. Le système judiciaire a abandonné la rectitude. Je n’ai aucun doute là-dessus. Les tribunaux ne vont pas fonctionner d’une manière indépendante du pouvoir. Ils n’appliquent même pas la loi de nos jours. Et c’est très grave.

    L’ignorance est la pire chose qui puisse arriver à une personne. Et cela arrive à une personne qui prétend être le peuple et que le peuple vit émotionnellement.

    Q.- Cela donne l’impression que le roi veut aussi fuir…
    R.- Le plus grave est que le roi ne pense pas à retourner au Maroc. Et s’il n’y pense pas, nous voulons savoir pourquoi. S’il veut aussi fuir. S’il ne veut pas être roi, c’est son problème. S’il n’en peut plus, s’il n’est pas intéressé, s’il ne veut pas ou ne se voit pas continuer à être monarque sous cette pression pour des raisons de santé ou pour des raisons de fantaisie ou de romantisme, c’est son problème. S’il ne veut pas être roi, qu’il ne le soit pas. Personne ne peut forcer une autre personne à faire ce qu’elle ne veut pas être. Nous sommes totalement d’accord sur ce point, mais il faut l’expliquer et convaincre les gens que la bonne personne a été choisie pour endurer ce que le Maroc et le monde entier vont endurer au cours de la prochaine décennie.

    Q.- Comment voyez-vous les relations hispano-marocaines aujourd’hui ?
    R.- Il y a eu un changement dans la politique marocaine, qui était la fermeture des frontières de Ceuta et Melilla. C’est une décision très difficile qui a été endurée par le peuple marocain, par le covid. S’il n’y avait pas eu le coronavirus, il aurait été la mèche qui aurait déclenché l’explosion sociale. C’est ce que subit le Nord, mais je ne pense pas que la solution soit de continuer à fermer les frontières. Je suis d’avis que les zones autour de Ceuta et Melilla doivent être développées. Ce serait la solution idéale pour l’Europe en termes d’émigration. Le plus important serait qu’au lieu d’aller fabriquer en Chine, l’Europe vienne fabriquer dans le nord du Maroc, notamment dans les zones de Ceuta et Melilla, où nous devrions trouver une solution qui offre des garanties aux investisseurs et aux habitants des deux zones.

    Q.- Le Maroc va-t-il continuer à revendiquer Ceuta et Melilla ?
    R.- Je pense que c’est une chose du passé. Ce que nous devons trouver, ce sont des solutions intelligentes. Notre avenir est en Europe. C’est pourquoi je crois à la souveraineté partagée. Ce que nous devons faire, c’est créer de grandes zones internationales intégrées où nous pouvons investir et concurrencer la Chine. Le Maroc doit faire un effort en matière d’indépendance de la justice et de respect des valeurs universelles communes. L’homme vit de rêves, car s’il avait cru que se poser sur la lune n’était pas possible, il n’y serait jamais parvenu.

    Q.- En Espagne, nous ne connaissons toujours pas les véritables raisons du changement de position de l’Espagne sur le conflit du Sahara. On a parlé de chantage marocain ?
    R.- Si vous faites référence à Pegasus, j’en ai moi-même été victime. Ce que la police politique marocaine m’a fait est absurde et criminel. Du point de vue de la déontologie, c’est très amer. Ce en quoi je crois, ce sont les déclarations de l’Espagne aux Nations unies et c’est la même chose que celle de l’ensemble de l’Union européenne. Il faut convaincre les deux parties, le Polisario et le Maroc, pour ne pas dire l’Algérie et le Maroc, même si aujourd’hui le Polisario est plutôt l’ »Argelsario ».

    Ce n’est pas Pedro Sánchez qui pourrait changer les choses entre le Maroc et le Sahara.

    Une solution doit être trouvée et le Conseil de sécurité des Nations unies est le cadre approprié pour trouver une solution à ce problème. L’Espagne peut aider à trouver la solution, mais croire qu’elle peut être résolue en dehors du cadre des Nations unies est impossible. Dire des choses, c’est une chose. Il est vrai que la proposition marocaine est un grand effort et il doit y avoir un effort de l’autre côté et ensemble nous devons trouver la bonne solution. Il serait sage de pouvoir résoudre cette question, ce différend très amer, car nous devons nous dépêcher de nous développer, non seulement sur le plan économique et social, mais aussi sur le plan culturel, moral et des valeurs. Nous devons trouver des valeurs communes. Je connais un peu le fonctionnement de l’Espagne et ce n’est pas Pedro Sánchez qui pourrait changer les choses. Nous serons toujours à l’écoute du Conseil de sécurité.

    Q.- Vous êtes très critique à l’égard d’Abdellatif Hammouchi, le chef de la quasi-totalité de la police marocaine, de la police nationale (DGSN) et des services secrets (DGST). Ne craignez-vous pas ses représailles ?
    A.- Il a emprisonné mon fils au motif stupide qu’il a fabriqué des masques pour les vendre dans une clinique. Nous avons apporté la preuve que la clinique n’existe pas. Ils ont dit que mon fils avait fait des masques dans une entreprise et l’entreprise dit qu’ils n’ont jamais vu mon fils. Et pourtant, il est en prison depuis trois ans et demi. Et c’est très difficile à supporter. Ensuite, un jour, il m’a fait chanter avec une vidéo dans laquelle il dit que je suis nue et que ce que vous pouvez voir est mon dos.

    Face à toute l’humanité, je suis le seul à ne pas pouvoir reconnaître que la forme de son postérieur est moi, mais une personne qui le connaît bien est ma femme et elle dit que ce n’est pas moi. Imaginez que ça ne me fait pas parler avec sympathie de ce type. C’est quelqu’un qui n’a jamais rien défendu, qui n’a aucune légitimité et aucune popularité. Il y a l’histoire à dormir debout selon laquelle il est très important parce qu’il a facilité la lutte contre le terrorisme, dites-le à son frère ou à son cousin. C’est faux. Un effort mondial a été déployé, tant par les sociétés civiles que par les gouvernements, et il nous a permis d’arrêter une folie. Nous devons être fiers de ce que nous avons accompli. Aujourd’hui, le terrorisme n’existe peut-être plus sous la forme sous laquelle il a triomphé à l’origine.

    Q.- Pourquoi le Maroc a-t-il fait de l’espionnage une arme non seulement contre le monde extérieur, mais aussi contre son propre peuple ? Tant de limites ont été franchies…
    R.- C’est pourquoi nous voulons savoir où se trouve le Roi et depuis combien de temps il est malade et qui décide aujourd’hui et depuis combien de temps il est malade ; nous devons savoir quand cette situation de maladie du Roi a commencé, s’il est malade. Il a été signalé qu’il a contracté le covid. Je l’ai eu trois fois et je suis vivant et je vous parle. Covid n’est pas un gros problème. C’est pourquoi il est important de savoir qui est responsable des décisions prises au Maroc. Ce que le peuple marocain demande est clair.

    Le ministère des affaires étrangères marocain, se battre avec ses voisins, est une chose puérile à faire.

    Q.- Êtes-vous inquiet de la vision agressive que le monde extérieur a du Maroc ? Pour l’instant, Rabat a des problèmes avec la France, l’Algérie et la Tunisie……
    A.- Cela m’inquiète beaucoup. Nous avons oublié les pays scandinaves, la Belgique et l’Allemagne, alors il vaut mieux s’arrêter et ne pas chercher plus loin, car nous allons atteindre les cinq continents. Quand on commence à perdre la sympathie du monde, on se demande qui est responsable. Ce sont des enfantillages, car je n’ai aucune raison de me battre avec un étranger alors que ce que je veux, c’est le convaincre qu’aussi mauvais que je sois, nous devons avoir des relations humaines. Sinon, personne ne nous aimera.

    Le peuple marocain est bien conscient de cette situation et c’est pourquoi nous ne pouvons pas supporter plus longtemps de ne pas connaître la vérité, car tout le monde finira par quitter le Maroc, et c’est ce qui va se passer. Ce que l’on a appelé le printemps arabe s’est très mal terminé, pour de nombreuses raisons. Cela signifie que les gens ne veulent plus changer la nature ou la forme des régimes ; ce qu’ils veulent, c’est partir une fois pour toutes. Au Maroc, nous ne croyons plus à la possibilité de changer le pays. Et cela ne peut pas être. L’Europe et l’Occident doivent changer leur mentalité à l’égard de l’immigration et des peuples du tiers monde, et ils doivent nous aider à récupérer nos richesses et à mettre au pouvoir des personnes qui veulent les valoriser pour le développement des peuples. Sinon, il n’y a pas d’autre solution.

    Les gens ne veulent pas changer la nature et la forme des régimes ; ce qu’ils veulent, c’est en sortir une fois pour toutes.

    Q.- Considérez-vous que le Maroc est une dictature ?
    A.- Le Maroc est un pouvoir personnalisé et absolu. Ce n’est pas Saddam Hussein ou Kadhafi ou Hitler ou Staline, mais c’est un pouvoir très personnel et absolu.

    Q.- Une société peut-elle vivre du patriotisme ?
    R.- Non. Ni par patriotisme, ni par expansionnisme. C’est une absurdité du 19ème siècle. Ce n’est même pas au 20ème siècle que cela a été accepté. Au 21e siècle, ne pas croire à l’universalisme est une folie.

    Q.- Mais n’est-ce pas la recette suivie au Maroc ?
    R.- C’est ce qu’ils croient inculquer et c’est ce sur quoi le régime marocain s’appuie. Je peux assurer au régime marocain que croire au patriotisme en 2022, c’est croire aux dents d’une dinde. Cela me semble totalement absurde.

    Ni le patriotisme ni l’expansionnisme ne sont nécessaires pour vivre. C’est une absurdité du 19ème siècle.

    Q.- Vous étiez un fidèle serviteur du majzem de Hassan II et de Mohammed VI. Aujourd’hui, vous êtes un farouche opposant…
    R.- J’ai travaillé avec Hassan II et Mohammed VI pour imposer mes idées et réussir à les convaincre d’appliquer mes objectifs, mes projets et ma façon de voir les choses. Je ne me suis pas mis au service d’un quelconque pouvoir économique, policier ou politique. J’ai été ministre et j’ai démissionné lorsqu’il y a eu une folle campagne contre la contrebande de marchandises et de drogues, parce que ce n’est pas la façon d’agir et parce que c’est contraire aux droits de l’homme. J’avais également de nombreux conflits à cette époque. Il ne faut pas se laisser emporter par l’aventurisme ni sacrifier un peuple, mais il ne faut pas non plus s’accommoder de ce qui existe aujourd’hui.

    Q.- Vous étiez ministre des droits de l’homme et vous avez démissionné. Un cas unique dans votre pays…
    A.- Il y avait aussi un conseiller du roi qui a démissionné quand ils ont voulu nationaliser le commerce agricole. Et il y a eu un ministre qui a démissionné, accusé d’être guidé par ses intérêts personnels. J’ai été le seul à aller à la télévision et à dire que je partirais s’ils ne changeaient pas leur politique.

    Q.- Les hommes politiques espagnols et marocains se ressemblent beaucoup à cet égard. A Madrid, comme à Rabat, même Dieu ne démissionne pas…
    A.- [rires] Vous devez comprendre que la sphère qui entoure les personnes au pouvoir facilite l’enrichissement et qu’il y a beaucoup d’avantages. Les êtres humains sont très stupides, malheureusement, c’est le moins que l’on puisse dire.

    El Independiente, 09/10/2022


  • Maroc : La dissidence s’organise. Le Makhzen tremble

    Maroc, Makhzen, crise politique; crise sociale, dissidence, Aziz Akhannouch,

    La classe politique et la société civile marocaines organisent la dissidence : Une crise qui risque d’emporter le Makhzen

    C’est la première fois que la classe politique et la société civile marocaines s’entendent sur l’urgence d’asseoir une structure organisationnelle la plus large possible pour canaliser le potentiel populaire de la contestation et de la dissidence contre le despotisme du régime du Makhzen et sa politique économique suicidaire.

    La situation au Maroc reflète une crise structurelle annonciatrice d’un chaos qui risque d’emporter le régime du Makhzen. La grogne et la contestation montent d’une manière gravissime. Les manifestations ont pris un caractère de dissidence citoyenne qui laisse présager un chaos généralisé au royaume chérifien. C’est pour la première fois que le slogan « Akhannouch dégage » sort de la sphère virtuelle pour embraser la vie réelle.

    C’est à Agadir, lors d’un festival amazigh, que les marocains ont sommé le richissime chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, de dégager de la scène politique en l’accusant d’être responsable de la crise profonde qui frappe de plein fouet le Maroc et son peuple qui se débat dans le dénuement et la pauvreté extrêmes. Cet incident reflète la situation d’impasse dans laquelle se trouve le Makhzen marocain qui a plongé le peuple dans une spirale socio-économique des plus désastreuses. Les forces politiques et le mouvement social marocains ont décidé de passer à une autre étape, celle de mettre en place un front commun et uni pour faire pression sur le régime du Makhzen et sa politique qui mène le Maroc derechef vers la ruine et la faillite programmées.

    C’est la première fois que la classe politique et la société civile marocaine s’entendent sur l’urgence d’asseoir une structure organisationnelle la plus large possible pour canaliser le potentiel populaire de la contestation et de la dissidence contre le despotisme du régime du Makhzen et sa politique économique suicidaire. Activistes et experts des mouvements sociaux et des crises politiques marocains s’accordent à dire unanimement que « le problème majeur dont souffre le Maroc actuellement est le phénomène de la corruption. Celle-ci est désormais structurée et a des formations politiques qui la défendent à des niveaux supérieurs et dans divers domaines ». Un responsable politique note de son côté que « cette situation expose le pays à la crise économique mondiale et à ses fluctuations soudaines, en particulier dans le domaine des hydrocarbures ».

    Ce constat a incité des organisations qui militent dans le domaines des droits de l’Homme et des libertés d’organiser une conférence nationale où l’ensemble du spectre politique et associatif marocains a été sollicité pour adhérer à la nouvelle dynamique frontiste contre la politique répressive du Makhzen et sa trahison de la cause palestinienne en normalisant avec l’entité sioniste. C’est dans cette perspective que les forces politiques et le front social marocains ont décidé unanimement d’entamer une grande marche nationale qui va battre le paver sans relâche pour exiger des changements en urgence en remettant en cause les choix économiques et sociaux entamés par le Makhzen.

    A ce propos, le front marocain contre la répression et la corruption a appelé « l’ensemble des Marocains à poursuivre l’action unitaire et au resserrement des rangs en vue de briser le siège et contrer la répression et la diffamation systématiques imposées aux défenseurs des droits de l’Homme dans le Royaume », atteste-t-on.

    La crise a atteint son paroxysme à telle enseigne que le peuple marocain veut en découdre une fois pour toutes avec le régime despotique et archaïque du Makhzen.

    Dans ce sens, le nouveau cadre rassembleur de peuple marocain contre la politique désastreuse du Makhzen a souligné que « la corruption affecte le quotidien des citoyens particulièrement dans les hôpitaux, les tribunaux et les établissements administratifs ».

    Ce degré de décomposition des institutions du royaume est un secret de polichinelle. C’est dire que le Maroc est devenu un Etat vassal servant les agendas des puissances impérialo-sionistes dans la région de l’Afrique du Nord. Cette réalité a exacerbé les tensions et le pourrissement au plan politique, économique et social.

    Rachid Nassouti

    La Sentinelle, 18/07/2022

    #Maroc #Aziz_Akhannouch #Crise_sociale

  • Conflit entre le Makhzen et la princesse Mathilde de Belgique

    Conflit entre le Makhzen et la princesse Mathilde de Belgique

    Maroc, Makhzen, PJD, Princesse Mathilde de Belgique, UNICEF, Sidaction, sida,

    En avril 2007, le Maroc a annulé la viste de la Princesse Mathilde de Belgique, aujourd’hui règne. Voici quelques articles à ce sujet parus dans la presse belge ainsi que la réponse du PJD aux informations rapportées par la presse de Bruxelles :

    Une mission annulée par crainte de l’islamisme ?

    C’est une « première » dans l’histoire récente de la monarchie : la princesse Mathilde qui devait présider une mission au Maroc comme représentante spéciale de l’Unicef et d’Onusida autour de la problématique « enfants et sida » a dû se rendre à l’évidence qu’elle avait été annulée pour cause de « problème d’agenda » dans le chef des autorités marocaines.
    Christian Laporte
    La Libre.be, 02-05-2007

    C’est une « première » dans l’histoire récente de la monarchie : la princesse Mathilde qui devait présider une mission au Maroc comme représentante spéciale de l’Unicef et d’Onusida autour de la problématique « enfants et sida » a dû se rendre à l’évidence qu’elle avait été annulée pour cause de « problème d’agenda » dans le chef des autorités marocaines. C’est en tout cas ce que l’ambassadeur du Maroc a fait savoir à l’agence Belga. Et il se tiendra à cette unique explication malgré l’insistance pressante de « La Libre ».

    Ce report qui ressemble à s’y méprendre à une annulation sine die ennuie forcément toutes les parties concernées. Du côté du gouvernement « en roue libre », pas question de créer des tensions avec le Maroc; du côté du Palais, on insiste sur les bonnes relations avec la famille royale marocaine qui a été soulignée en 2004 par la visite d’Etat d’Albert et de Paola chez Mohamed VI.

    Chez Unicef-Belgique aussi, on a pris acte de la décision marocaine non sans constater que la mission similaire qui avait été organisée à la mi-février 2006 en Tanzanie s’était passée sans encombre, dans un pays où le fléau de la maladie est bien plus répandu.

    Alors ? Il semble que la campagne de presse lancée par plusieurs journaux marocains contre la visite « non pas de la Princesse, mais de la représentante de l’Unicef et d’Onusida » ait fait réfléchir Rabat sur l’opportunité de la mission. L’on sait que des élections législatives sont programmées cette année dans le royaume chérifien, et dans les milieux du pouvoir, l’on redoute une avancée islamiste. C’est pourquoi on veillerait à ne pas provoquer outre mesure par rapport à une maladie très connotée sur le plan moral.

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    La mission de la Princesse Mathilde au Maroc reportée

    La mission au Maroc que devait effectuer la Princesse Mathilde, du 2 au 4 mai prochains, en sa qualité de représentante spéciale de UNICEF/UNAIDS pour la problématique « enfants et SIDA », a été reportée, a-t-on appris dimanche auprès du porte-parole du Palais.

    L’Echo.be, 29 avril 2007

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    Mathilde indésirable ?
    N. F.
    La DH, 02-05-2007

    Sa mission au Maroc pour l’Unicef et Onu-Sida est reportée sine die


    BRUXELLES Pas de véritable explication. La décision serait venue du siège de l’Unicef, à Genève, et a été communiquée dimanche après midi : la princesse Mathilde ne se rendrait pas au Maroc comme convenu, pour une mission prévue du 2 au 4 mai. Aucune autre date n’a été avancée.

    Cette mission, pour laquelle le Palais n’a rien organisé (son porte-parole ne peut d’ailleurs fournir d’explications sur les causes du report), devait se dérouler à Rabat et Casablanca. La princesse Mathilde, qui devait notamment y rencontrer les soeurs du roi du Maroc, qui parrainent des associations locales d’aide aux enfants victimes du sida, y assistait en sa qualité de représentante spéciale de l’Unicef et de l’Onu-Sida dans le cadre de leur campagne mondiale conjointe à propos des orphelins et enfants rendus vulnérables par le sida. À ce titre, Mathilde a visité la Tanzanie en 2006. Au Maroc, elle devait être accompagnée du Dr belge Peter Piot, directeur exécutif de l’Onu-Sida.

    Le report inattendu est-il lié à des raisons de sécurité (les récents attentats islamistes survenus à Casablanca ?) ou plutôt aux critiques larvées de la presse marocaine, qui a mal interprété la visite princière ? « La princesse Mathilde est la bienvenue au Maroc mais pas en tant que représentante du Fonds Sida des Nations unies. Elle entend s’enquérir du vécu des malades atteints de sida au Maroc « , rapportait ainsi le quotidien La Gazette du Maroc . « Autant qu’on sache, le royaume n’est, Dieu merci, pas un de ces pays où le fléau du VIH fait des ravages dans la population, et ceux qui en sont atteints reçoivent les soins appropriés « , ajoutait le journal. Qui suggérait dans la foulée que Mathilde ferait mieux de s’intéresser au sort des enfants sidéens dans « les anciennes colonies belges ».

    Pour l’Unicef Belgique, Benoît Melebeck, pour sa part, ne lie pas le report de mission et ce qui s’est dit dans la presse locale, mais explique ne pas pouvoir fournir d’autres motifs. L’ambassade du Maroc n’émet pas d’autres commentaires : elle motive les événements par des contraintes de calendrier. Vague…

    Pourtant, cette attendue mission n’avait pour autre objectif que de mettre en évidence les progrès réalisés au Maroc en matière de riposte au sida, en particulier auprès des jeunes. « Le Maroc a été choisi étant donné son engagement exceptionnel, ses progrès et son expérience en matière de lutte contre le sida », rappelait encore l’Unicef, qui notait une prévalence faible (18.000 séropositifs en 2005) du HIV au Maroc…

    © La Dernière Heure 2007

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    La réaction du PJD a été une mise au point que le parti a demandé de publier en guise de droit de réponse:

    Mise au point

    Dans les colonnes de votre journal du jeudi du 03/04/07, Mr Christian Laporte a rapporté que la Princesse Mathilde a annulé une mission au Maroc en tant que Représentante Spéciale de l’Unicef et d’Onusida.

    Malgré les explications de l’Ambassade du Maroc sur les raisons objectives de ce report, l’auteur de l’article, a cru utile de tenter de forcer la logique des choses –pourtant évidente- en trouvant le moyen de lier ce report à une prétendue crainte que les islamistes exploiteraient cette mission à des fins électoralistes.

    Le PJD se sent concerné par une telle interprétation qui donne une image négative du parti voire de la société marocaine.

    Notre parti s’étonne que l’on tente ainsi de lui faire porter la résponsabilité du report de cette visite. Au demeurant, les deux seuls organes de presse nationaux qui, à ma connaissance, se sont interogés sur l’opportunité de cette visite, ne relèvent ni de près ni de loin de notre sensibilité politique. Vous conviendrez avec moi que c’est bien peu dans la pluralité exeptionnelle du paysage médiatique marocain et je ne vois, en aucune manière non déplaise à l’auteur de l’article, a quel titre notre parti aurait été responsable du report de la visite.

    Le sida n’est pas un tabou au Maroc et nous sommes mobilisés, contre ce fléau et ouverts à toutes formes de coopération en la matière. Je vous informe, au demeurant que nous avons participé l’année dernière, tout autant que les acteurs nationaux concernés, à l’opération collective réalisée à l’echelle nationale « SIDACTION ».

    Nous vous prions d’avoir l’amabilité de publier cette mise au point.

    Daoudi

    #Maroc #Makhzen #PJD #Islamisme #Princesse_Mathilde #Sidaction #UNICEF

  • Maroc : Le régime du Makhzen va vers l’effondrement

    Maroc : Le régime du Makhzen va vers l’effondrement

    Maroc, Makhzen, crise économique, crise sociale,

    La situation économique et sociale difficile qui prévaut au Maroc, les restrictions, l’oppression et la détérioration des droits de l’homme, sont autant d’indicateurs qui montrent que le régime du Makhzen est menacé dans son existence, et que même «un miracle ne saurait sauver», selon un chercheur marocain.

    Dans une déclaration relayée par des médias, le directeur du Centre marocain d’études sur les réfugiés, Aziz Chahir, a estimé qu’au Royaume du Maroc «tous les voyants sont au rouge, et même un miracle ne saurait sauver le régime du Makhzen». Pour lui, «tous les indicateurs montrent que le Makhzen traverse sa pire crise depuis des décennies, et ce, dans tous les domaines», en référence à la grogne sociale au Maroc (manifestations, protestations et mouvements de grève touchant l’ensemble des secteurs).

    Abordant la situation économique dans le pays, Chahir a indiqué que «la croissance économique du Maroc ne dépasse pas 1%, et les réserves de change ne peuvent couvrir qu’une période de 6 mois d’importations, avec une baisse des investissements directs étrangers».

    L’éminent chercheur n’a pas manqué d’évoquer la question des droits de l’homme notamment avec la hausse alarmante des restrictions et des atteintes, la poursuite des juristes en raison de leurs opinions ainsi que le recours par le régime en place à des accusations à caractère sexuel et à de fausses accusations de blanchiment d’argent et d’espionnage.

    Il a noté que quiconque exprimant son opinion par rapport à la politique du Makhzen est pris pour cible, y compris des journalistes, des juristes et des militants des droits humains, comme l’ont déjà affirmé de nombreuses organisations internationales humanitaires et de défense des droits de l’homme.
    Aziz Chahir a qualifié le Royaume de «pays le plus injuste d’Afrique, en raison de la détérioration de la situation des droits de l’homme», ajoutant que «la misère touche toutes les classes de la société».

    Evoquant la normalisation des relations entre le Royaume du Maroc et l’entité sioniste, largement condamnée par le peuple marocain, le chercheur a souligné que cette politique «n’a pas eu l’écho souhaité» par le Makhzen, dans un pays «au bord de l’effondrement».

    APS

    #Maroc #Makhzen #crise_sociale #crise_économique


  • Maroc: Familles et amis de détenus d’opinion en grève de la faim de 24 heures

    Maroc: Familles et amis de détenus d’opinion en grève de la faim de 24 heures

    Maroc, Familles et amis de détenus politiques, Makhzen, prisonniers politiques, Hirak, Rif,

    Les familles et amis de détenus d’opinion au Maroc ont observé, dimanche, une grève de la faim collective de 24 heures pour dénoncer le maintien en détention de leurs proches et exprimer leur indignation face à la situation intenable de plusieurs détenus politiques dans les prisons du Makhzen, selon des médias marocains.

    Il s’agit, selon les grévistes, d’ »une étape pour attirer l’attention des responsables concernant leurs revendications exprimées il y a des années, à savoir la libération de leurs proches, en particulier les détenus du Hirak du Rif », rapportent lundi des médias locaux. Les contestataires ont entamé leur action à Rabat, au siège central de l’Association marocaine des droits de l’homme, la plus grande organisation non gouvernementale de défense des droits de l’homme au Maroc.

    Les grévistes ont expliqué, dans un communiqué, que la grève de la faim de 24 heures vise à « alerter les autorités sur le sort des détenus, et sur la souffrance vécue aussi par les familles le jour de l’Aïd al-Adha qui représente une occasion pour se réunir, un rendez-vous annuel dont sont privées les familles de détenus, les leurs étant derrière les barreaux ».

    Dans le communiqué, les familles et amis des détenus d’opinion, à leur tête Ahmed Zefzafi, père du leader du Hirak du Rif, Nasser Zefzafi, ont déclaré : « Nous souhaitons par cette démarche symbolique rappeler à l’opinion publique la douleur et les peines ressenties par les familles et les amis de détenus politiques, à l’occasion de l’Aïd et le reste de l’année. Il se trouve que nous aussi, nous sommes victimes de la répression politique exercée contre nos proches injustement détenus sur la base de fausses accusations ».

    Dans le même document, ils ont exigé « la fin de la détention politique et les souffrances qui y sont associées, et la libération de tous les prisonniers d’opinion ». Il est à noter que l’état de santé du leader du Hirak du Rif, Nasser Zefzafi, ne cesse de se détériorer. Zefzafi, le père, avait alerté, auparavant, sur la dégradation de l’état de santé de son fils en raison des conditions inhumaines de sa détention.

    « L’état de santé de mon fils s’est gravement détérioré. Il souffre de trois maladies chroniques dont l’asthme et l’allergie. Il ne doit sa survie désormais qu’aux médicaments qu’il prend », a déclaré Ahmed Zefzafi dans une vidéo. « Mon fils ne souffrait avant son arrestation à la suite des événements du Rif d’aucune maladie. Les maladies dont il souffre les a attrapées en raison des conditions inhumaines de sa détention à la prison de Casablanca depuis 15 mois maintenant », a fait remarquer Zefzafi père. « J’appelle les autorités marocaines à mettre fin à la souffrance de nos enfants et la nôtre aussi. Cela fait six ans que nos enfants souffrent et nous aussi », a-t-il dit.

    Il est à rappeler que ce n’est pas la première fois qu’Ahmed Zefzafi dénonce la condamnation et les conditions inhumaines de détention de son fils et celles des autres détenus du Hirak du Rif. Dans une précédente déclaration au journal espagnol « El Pais », Ahmed Zefzafi avait dénoncé les peines prononcées par la justice marocaine à l’encontre des leaders du Hirak du Rif, soulignant qu’elles étaient « les pires que le monde ait jamais connues ».

    Après un procès qui a duré huit mois, la justice marocaine a prononcé des peines allant de 1 à 20 ans de prison ferme à l’encontre de Nasser Zefzafi et 52 de ses compatriotes. Nasser Zefzafi et l’autre leader, Nabil Amhajik, ont chacun écopé de 20 ans de prison ferme. Le Hirak du Rif a éclaté après la mort en 2016 du poissonnier Mohsen Fikri, broyé dans une benne à ordures en tentant de s’opposer à la saisie de sa marchandise.

    #Maroc #Détenus_politiques

  • Malgré les attaques, le roi du Maroc défend ses amis Azaitar

    Malgré les attaques, le roi du Maroc défend ses amis Azaitar

    Maroc, Mohammed VI, Azaitar, Makhzen,

    Les services de renseignement du Maroc attaquent un ami du roi: une guerre féroce au palais royal

    Une guerre fait rage au palais royal du Maroc, par presse interposée, opposant les services de renseignement à un ami du roi. La presse du Maroc fait état de ce qu’elle qualifié de déballage contre un ami du roi.

    Les échos de la chasse à l’homme arrivent aux médias occidentaux. Certains, par complicité avec sa majesté, ou avec ses adversaires, n’en parlent pas.

    D’autres, en parlent, dont le Middleeasteye. De mémoire de journaliste marocain, on n’avait jamais vu une chose pareille. Une furieuse campagne de presse, orchestrée par le régime, soutenue dans le temps et assurée d’une totale impunité judiciaire, avec comme seul but de se défaire d’un groupe de personnes, et particulièrement d’un jeune homme qu’on juge proche du roi, ecrit ce journal.

    « Durant le long règne de Hassan II, jamais une chasse à courre de cette envergure n’aurait pu être menée sans le feu vert du défunt souverain ou de son bras droit, le puissant ministre de l’intérieur Driss Basri », ecrit encore Middleeasteve.

    « L’histoire est la suivante. Depuis quelques années, des segments entiers du makhzen, surtout ses deux principaux services de renseignement, la DST (Direction générale de la Sûreté du territoire) et la DGED (Direction générale des études et de la documentation), mènent une course à bride abattue pour tenter de chasser de l’entourage direct du roi, Mohammed VI, celui qui est devenu depuis 2018 son principal ami », note le journal.

    En 2019, le mis en cause par la presse marocaine est allé en visite quasi officielle dans le territoire disputé du Sahara occidental, où la population l’a découvert en train de parader dans les rues de la ville de Laâyoune dans une voiture conduite par le wali de la région. Officiellement, il n’a aucune fonction au sein de l’administration marocaine, ecrit Middleasteve.

    Ce journal ecrit qu’ « il fut un temps où la presse marocaine, à commencer par sa principale agence de presse, la MAP (Maghreb Arab Press), tressait des lauriers à lapersonne aujourd’ hui incriminée. La présentant comme le symbole de la réussite marocaine à l’étranger.

    Aujourd’ hui et, d’après le journal Middleasteve, sur injonctions des services marocains, l’ami du roi est attaqué avec férocité par la presse marocaine.

    Ce qui prouve qu’une guerre a lieu au palais royal du Maroc, opposant les services à un ami du roi, explique Middleasteye.

    Mounir Abi

    AL24News, 21 juin 2022

    #Maroc #MohammedVI #Azaitar

  • Les 4 copains du roi Mohammed VI qui dirigent le Maroc

    Les 4 copains du roi Mohammed VI qui dirigent le Maroc

    Maroc, Makhzen, Mohammed VI, Fouad Ali El imma, Mounir Majidi, Yassine Mansouri, Abdellatif El Hammouchi,

    Les documents confidentiels révélés par le mystérieux hacker Chris Coleman ont mis en évidence une réalité déjà connue de tous : ce sont les copains de collège de Mohammed VI qui tirent les ficelles au Maroc. Une génération qui constitue un pur produit du Makhzen et dont il a hérité les méthodes de répression.

    Fouad Ali El Himma, né le 6 décembre 1962 à Marrakech, ami intime du roi Mohammed VI et son conseiller depuis décembre 2011. C’est lui le Ministre de l’Intérieur dans l’ombre. Grand connaisseur des ruages de la politique interne du Maroc grâce aux nombreuses fonctions qu’il a assumées au sein de ce ministère.

    Mohamed Mounir El Majidi, né le 19 janvier 1965 à Rabat, homme d’affaires marocain, secrétaire particulier du roi Mohammed VI depuis 2000 et président de la SIGER, la holding royale, depuis 2002. Il est le gardien de la fortune de Mohammed VI et ministre de l’économie dans l’ombre.

    Abdellatif Hammouchi, né à Fès en 1966, actuel directeur général de la Direction général de la sûreté nationale ( DGSN) ainsi que directeur de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) 

    Yassine Mansouri, né le 2 avril 1962 à Boujad, directeur du service de contre-espionnage (DGED) et véritable patron de la diplomatie marocaine.

    En 2010, Majidi et El Himma ont été cités par Wikileaks dans des scandales de corruption, un phénomène qui « s’est institutionnalisé sous le règne de Mohammed VI». Un télégramme du consulat américain à Casablanca évoque  » l’avidité consternante de ceux qui sont proches du roi Mohammed VI ». En 2014, le nom de Majidi est cité dans l’affaire de la Banque HSBC appelée Swissleaks et en 2016, dans le Panama Papers.

    El Himma et Majidi ont été aussi visés par le Mouvement 20 Février en 2011. 

    Ils sont intouchables. Ceux qui ont osé s’en prendre aux amis du Roi ont été malmenés par le Makhzen. En 2011, le quotidien arabophone « Al Massae », révèle que Fouad Ali El Himma, serait impliqué dans une affaire de corruption et de violation des règles d’octroi des marchés publics. Son directeur, Rachid Niny a été condamné le 9 juin 2011, par le tribunal de première instance à Casablanca à un an de prison ferme avec une amende de 1000 dirhams (environ 90 euros) pour « atteinte à la sécurité du pays et des citoyens ».

    Le 27 avril 2011, Rachid Niny a été arrêté par la police marocaine après que le procureur général du Roi à Casablanca l’ait accusé « d’atteinte à la sécurité du pays et des citoyens » suite notamment à des publications mettant directement en cause le directeur des services de renseignements marocains, Abdellatif al-Hammouchi, au sujet de l’existence d’un camp de détention et de torture secret basé dans la région de la ville de Témara3. L’existence de cette prison est un tabou pour le régime de Mohammed VI à cause du scandale des tortures perpétrées par la CIA contre des musulmans soupçonnés d’appartenir à Al-Qaida. La CIA a d’ailleurs confirmé l’existence de ce centre de torture dans un rapport de 6 600 pages rendu public en mai 2014.

    En janvier 2014, El Hammouchi, lors d’un séjours à Paris avec le ministre de l’intérieur marocain, est convoqué par la justice française suite à une plainte déposée par le citoyen franco-marocain Zakaria Moumni pour séquestration et torture à la prison secrète de Témara. Parmi ses bourreaux, il a déclaré avoir reconnu El Hammouchi. Pour manifester son mécontentement, le Maroc a convoqué l’ambassadeur de France à Rabat, Charles Fries et suspendu quelques jours plus tard la coopération judiciaire avec la France. 

    Les membres de l’équipe du Roi Mohammed VI sont tous de la génération des années 1960, à l’instar de la nouvelle star de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, un pur produit des services de Sdi Yassine, comme ils appellent Yassine Mansouri dans les documents confidentiels dévoilés par le dénommé Chris Coleman.

    Nasser Bourita est né le 27 mai 1969 à Taounate. Après avoir exercé depuis 2011 la fonction de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, il a été nommé en février 2016 ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération.

    L’équipe de Mohammed VI a fait du Sahara Occidental une cause sacrée, au détriment de la légalité et de la raison, faisant du Maroc un Etat presque hors-la-loi. 

    Dans le but de s’accaparer des alléchantes ressources naturelles de l’ancienne colonie espagnole, ils vont mener ce qu’un journal marocain se disant indépendant a appelé, non sans fierté, une nouvelle doctrine diplomatique. Pour lui donner un caractère offensif, la nouvelle diplomatie se base sur une stratégie de tension comme arme principale de lutte pour imposer la pseudo-solution d’autonomie pour le conflit du Sahara Occidental. Sa première cible est l’Algérie que Rabat accuse d’être l’obstacle à ses desseins expansionnistes. 

    Dans ce contexte, il y a lieu de citer:

    – Les attaques verbales du roi du Maroc en personne contre l’Algérie dans chacun de ses discours officiels 

    – La profanation du drapeau algérien au Consulat algérien de Casablanca, le 1er novembre 2013, par un nervi aux ordres du palais 

    – La multiplication d’incidents frontaliers 

    – L’agitation de la menace d’une confrontation armée avec l’Algérie pour impressionner la communauté internationale 

    – L’inondation du territoire algérien avec des milliers de tonnes de cannabis produit dans la région marocaine du Rif 

    – La création de sites hostiles tels qu’Algeria Times 

    – La création et financement du mouvement amazigh de Ferhat Mhenni 

    – La manipulation d’un mouvement terroriste (MUJAO) pour attaquer des objectifs algériens et enlever, en 2011, les 3 coopérants étrangers qui travaillaient à Tindouf. 

    – La manipulation des incidents de la communauté Mzab à Ghardaia. 

    – La multiplication des attaques cybernétiques 

    – La dystillation de messages accusant l’Algérie de manipuler Al Qaida en vue de s’attaquer au Maroc (emails envoyés à Hillary Clinton et dévoilés par Wikileaks) 

    – Des publications hostiles apparues aux Etats-Unis via des lobbies financés par le Maroc: le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), Think Tank Républicain Center for the National Interest, Foreign Policy Research Institute 

    – Financement de lobbies en France : les journalistes Vincent Hervouet, Mireille Duteil, José Garçon, Dominique Lagarde, etc 

    Au niveau régionale:

    – Transmettre à l’opinion publique américaine que le Front Polisario avait des connexions avec le «terrorisme djihadiste. Le journaliste américain Richard Miniter a reçu la faramineuse somme de 60.000 dollars pour un article paru au New York Times. 

    – Les faux reportages de Vincent Hervouet sur TF-1 et iTélé. 

    – Le recrutement de collaborateurs dans les médias mauritaniens pour dénigrer le Front Polisario et l’Algérie. Parmi eux, le nom le plus important est celui de Abdallahy Ould Mohamedi, directeur du groupe mauritanien Sahara Media 

    – Le recrutement de Serge Daniel, correspondant de l’AFP et RFI à Bamako pour accuser le mouvement sahraoui d’accointances avec les terroristes de l’Azawad. 

    – Accuser le Front Polisario de fournir des combattants pour défendre Gadhafi et l’Algérie de leur founir le moyen de transport. 

    – Recrutement d’un ancien policier sahraoui, Moustpha Selma, pour semer la confusion 

    – Accuser le mouvement sahraoui de dévier les aides humanitaires 

    – L’envoi de centaines de resortissants marocains en Lybie pour rejoindre Daech et dont le transit se faisait par l’Algérie 

    – Le financement du terrorisme avec l’argent de la drogue qui provient du Maroc (haschich) et qui transite par le Maroc (cocaine provenant de l’Amérique Latine). 

    – La formation de 5000 jeunes marocains pour mener le cyber-terrorisme contre le Polisario et l’Algérie 

    Au niveau internationale :

    – Recrutement de journalistes et personnalités qui agissent pour donner une fausse image du Maroc 

    – Confrontation directe avec ses anciens alliés : France, Etats-Unis, Union Européenne 

    – Confrontation avec l’ONU : attaques contre le Secrétaire Général de l’ONU et son Envoyè Personnel pour le Sahara Occidental, Christopher Ross. 

    – Manipulation de la communauté marocaine en Europe en vue de s’imposer comme allié indispensable dans la lutte contre le terrorisme. 

    – Presser ses salafistes pour les pousser à rejoindre les rangs de Daech 

    – Corrompre des fonctionnaires de l’ONU dans le but d’empêcher l’ONU de rapporter sur la situation des droits de l’homme au Sahara Occidental et dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf. 

    – Attaquer les journalistes français Eric Laurent et Catherine Graciet pour empêcher leur nouvelle publication sur le roi du Maroc et venger le régime de leur anciens ouvrages sur le royaume alaouite. 

    Au niveau interne :

    – Maintenir dans le pays une tension basse mais permanente afin de justifier son maintien au pouvoir

    – Sévir contre quelques-uns pour que les autres rentrent dans le rang (Rachid Nini, l’historien et journaliste marocain Maâti Monjib, etc) 

    – Le harcèlement et la punition de ses opposants : De nombreux militants du Mouvement 20 février ont été assassinés. Khalid Gueddar a échappé de justesse à une agression au couteau près de son domicile à Rabat, cambriolage du local de l’AMDH, le lynchage de l’actrice Loubna Abidar, les attaques contre les étudiants sahraouis dans les universités. 

    – La barbouzerie : menaces et insultes téléphoniques en pleine nuit, intimidations, etc 

    – Eliminer tous les supports de la presse réellement indépendante. 

    – Travestir la vérité avec l’adoption de la mythomanie comme stratégie permanente au niveau intérieur et extérieur. 

  • Maroc: Le Makhzen veut virer la « nouvelle famille » du roi

    Maroc: Le Makhzen veut virer la « nouvelle famille » du roi

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    LES FRÈRES AZAITAR SOUS LES PROJECTEURS
    L’appareil d’État marocain lance une campagne de défenestration de la « nouvelle famille » de Mohammed VI
    Son objectif déclaré, via la presse, est de sauver une monarchie en voie de décomposition suite au quasi-enlèvement de Mohammed VI par les frères Azaitar, qui vivent dans le palais et le contrôlent.

    Les frères Azaitar organisent les audiences de Mohammed VI au palais royal avec ses conseillers, les responsables de la sécurité et même sa propre famille. Ce sont eux qui décident du début et de la fin des réunions de Sa Majesté. Le père de cette confrérie, des Marocains immigrés en Allemagne et revenus au pays, monte parfois sur le muezzin de la mosquée du palais, Dar al Makhzen, et de là appelle à la prière à la place de l’imam, selon des sources familières de la vie de la famille royale marocaine. C’est la face cachée de la vie de palais aux yeux des Marocains. Mais il y a une autre facette qui se révèle depuis plus d’un an, portée par l’hyperactivité des Azaitars sur les réseaux sociaux et les incidents qu’ils ont provoqués en public avec de simples Marocains ou même avec des officiels ; mais surtout diffusée par la presse favorable aux autorités, consacrée à la dénonciation de leurs abus et de leurs crimes présumés. Et qui sont les Azaitars ? Abubakr, Omar et Ottman sont trois jeunes Allemands d’origine marocaine qui ont grandi à Cologne, où leurs parents ont émigré du Rif. Deux d’entre eux ont un casier judiciaire. Le 20 avril 2018, le monarque les a reçus en audience pour féliciter deux d’entre eux pour leur succès dans les arts martiaux mixtes (MMA). Il y a tout juste un mois, le magazine espagnol « ¡Hola ! » avait annoncé son divorce avec Lalla Salma.

    C’est une histoire d’amour instantanée, surtout avec Abubakr, au point que le roi et les frères sont devenus inséparables. Ils vivent tous au palais, ont représenté le monarque lors de fonctions officielles – comme lors d’un événement à Laayoune en novembre 2019 – et sont partis en vacances avec lui, des Seychelles à l’estuaire de la Pointe Denis (Gabon), où le roi a une résidence ; sans oublier une croisière en Méditerranée occidentale à bord du yacht Al Lusali, qui leur a été prêté par l’émir du Qatar. Au trio initial se sont ajoutés, depuis le début de l’année, une douzaine de membres de la famille Azaitar d’Allemagne, qui vivent désormais aussi aux frais du monarque. Parmi eux, les parents – celui qui est déterminé à remplacer l’imam du palais – et le frère aîné Khaled, ainsi que quelques neveux et même Douzy, un vieil ami de la famille. « C’est une réalité qui dépasse l’imagination des scénaristes les plus fantaisistes d’Hollywood », affirme, en français et en arabe, le journal numérique « Hespress », le plus lu au Maroc.

    Pendant trois ans, la « nouvelle famille » inhabituelle du monarque a été tacitement tolérée par les autorités. Mais depuis le dernier week-end de mai, une campagne sans précédent contre les Azaitars a été déclenchée au Maroc. Elle implique des médias ayant un poids politique dans le pays, de « Hespress » à « Barlamane », le journal de l’appareil sécuritaire, en passant par le sensationnel « Goud », l’hebdomadaire « Al Ousboue » – le journal le plus vendu – et même Chouf TV, une chaîne de télévision en ligne considérée comme liée aux services secrets. En plus des médias conventionnels, une série de vidéos circulent sur les réseaux et les groupes de messagerie. Il s’agit d’une opération médiatique bien coordonnée, truffée d’attaques contre l’entourage du roi et l’inaction de certaines autorités, et inspirée par certains conseillers royaux, des chefs de police en vue et les services secrets, à en juger par l’impunité avec laquelle ses auteurs formulent leurs critiques et l’écho qu’elles ont dans les médias audiovisuels proches des bas-fonds du pouvoir d’État comme Chouf TV. Les instigateurs étaient Fouad Ali el Himma, le principal conseiller royal, et Abdellatif Hammouchi, le chef de la police conventionnelle et secrète (Direction générale de la surveillance du territoire), qui, selon des sources au fait de la situation, ont été rejoints par d’autres hauts fonctionnaires préoccupés par l’orientation de la vie au palais.

    Au printemps de l’année dernière, il y a déjà eu un premier signe du malaise généré par les frères dans certains cercles de la haute administration, lorsqu’une autre campagne bilingue a été développée dans laquelle plusieurs journaux ont critiqué la passion des Azaitars pour le luxe et leur étalage sur les réseaux sociaux de montres et de voitures coûtant des centaines de milliers d’euros alors que le pays était appauvri par la pandémie. Les médias ont ensuite laissé entendre que ces cadeaux étaient le fruit de la « générosité » du souverain, mais sans entrer dans les détails. Cependant, l’opération actuelle est beaucoup plus virulente que la précédente.

    « Pire que Franco ».

    Depuis 10 jours, les journaux ont fait un saut qualitatif, pointant directement du doigt les entreprises des Azaitars. Dans la marina de Salé, à côté de Rabat, où ils ont ouvert quelques restaurants, « les frères ont battu un record d’infractions urbanistiques », affirme « Barlamane », considéré comme la voix médiatique de la sécurité d’État. Pendant ce temps, à Marina Smir, à Ricón, une ville côtière proche de Ceuta, ils sont accusés d’appropriation du domaine public maritime pour avoir voulu s’approprier une grande partie de la plage pour y installer un restaurant. « L’occupation de la plage de Marina Smir est pire que les actions du général Franco » à l’époque de la colonisation espagnole du Maroc, écrit « PressTetouan », un journal numérique de Tétouan, l’ancienne capitale du protectorat, en précisant l’hostilité de la population locale à « l’expropriation » de la plage.

    Là encore, c’est la « générosité » du souverain alaouite qui permet aux Azaitars de monter ces affaires dont les autorisations sont parfois accélérées par des appels du cabinet royal aux gouverneurs de province, aux responsables de l’urbanisme ou au fonctionnaire de service, selon les médias marocains. Scandale : le gouverneur de Castillejos fait pression oralement sur Amendis pour qu’elle fournisse de l’eau et de l’électricité au projet d’Abu Azaitar », titrait « Goud » le 31 mai, rappelant que l’entreprise résistait parce qu’elle ne disposait pas des documents nécessaires. Deux jours plus tôt, « Hesspress » avait fustigé « les conseillers proches » du monarque, « les services de sécurité » et le ministère de l’intérieur, « dont l’immobilisme met en cause la fermeté affichée sur certains autres dossiers alors qu’il y a un « laisser-faire » face aux excès de la confrérie ». Ils ont « un double standard pour lequel ils devront un jour rendre des comptes », prédit le journal.

    Des médias aux tribunaux

    Signe de la campagne frontale menée contre les frères, on assiste pour la première fois à une réaction qui va au-delà de la simple dénonciation journalistique. Lhabi Mohamed Haji, un avocat de Tétouan qui dirige une petite association de défense des droits de l’homme ayant de bonnes relations avec les autorités, s’est rendu à Rabat la semaine dernière pour déposer une plainte contre le gouverneur de Castillejos devant le tribunal administratif pour avoir autorisé ces dérives urbanistiques sur la côte. Haji, qui demande l’annulation des permis accordés aux Azaitars, a été interviewé par Chouf TV, signe que son initiative est soutenue par les services secrets. La presse annonce également un flot de poursuites judiciaires contre la fraternité et ceux qui détournent le regard lorsqu’ils commettent les crimes allégués.

    Aux yeux des courtisans, il y a quelque chose de plus grave que les prétendues constructions illégales et l’invasion du domaine public. Dans la salle où s’entraînent les Azitars à Rabat – bien qu’ils ne soient plus en compétition – ils ont accroché « le portrait de Mohammed VI avec, à sa droite, celui d’Abubakr Azaitar, à la place de feu le roi Hassan II » et, à gauche, « celui d’Ottman Azaitar, à la place de celui du prince héritier Moulay Hassan », rapporte « Hespress ». « Les frères Azaitar sont-ils devenus des membres de la famille royale ? », s’interroge le quotidien. « Les frères Azaitar ont aujourd’hui plus de visibilité que le roi », déplore-t-il. À l’emplacement des portraits s’ajoute l’utilisation des armoiries royales du Maroc, adoptées en 1957, que les frères utilisent sur les T-shirts, les baskets, les gants de boxe et, surtout, dans leurs entreprises, à commencer par leurs restaurants. « L’image du trône est exploitée par les Azaitars », accuse « Hespress ». « Avec les frères Azaitar, le blason est devenu une marque, comme celle des grands créateurs de mode ou des grosses voitures qu’ils aiment tant », ajoute-t-il.

    Nous devons agir maintenant

    « Nous sommes à la fois intrigués et impatients de savoir où ce jeu de rôle des Azaitars va nous mener », poursuit le principal quotidien marocain. « Ils contribuent à la banalisation des symboles de la monarchie et rendent ainsi le mythe moins fort, moins présent et moins ancré dans la réalité », ajoute le document. « De là à conclure que l’autorité royale est affaiblie, il n’y a qu’un pas que les détracteurs du régime n’auront aucun mal à franchir pour désacraliser la figure du monarque », prévient-il. « C’est une décomposition dont tout le monde parle en privé », conclut-il.

    Pour éviter que le trône ne soit menacé, il faut agir dès maintenant, estime « Hespress ». « Leurs privilèges, abus et violations de la loi devraient être repris par les autres médias [les radiodiffuseurs publics les ont ignorés] et donner lieu à des enquêtes judiciaires et des mesures administratives », conclut-il. Si la campagne de presse de 2021 visait probablement à convaincre – sans succès – Mohammed VI de se passer volontairement de ses nouveaux amis pour éviter de porter atteinte à l’institution monarchique, celle qui vient de débuter donne l’impression de chercher à créer une atmosphère propice à une action contre les Azaitars par les forces de sécurité et les services secrets, selon des diplomates accrédités à Rabat et d’autres observateurs de l’actualité marocaine.

    Expulsion ou emprisonnement ?

    Comment s’en débarrasser ? Le 25 janvier 1983, le général Ahmed Dlimi, l’un des hommes les plus puissants du Maroc et un acteur très gênant pour Hassan II, est tué dans un mystérieux accident de la route avec un camion. Mais ces méthodes ne sont plus applicables aujourd’hui. Parmi les élites marocaines – les Azaitars font parler d’eux depuis des mois – on spécule sur deux options. La première est qu’ils devraient être expulsés du pays vers l’Allemagne, où la plupart d’entre eux sont nés. Cependant, un tel départ pose un problème juridique car ils possèdent tous la nationalité marocaine, qui ne se perd pas même s’ils acquièrent une autre nationalité. Depuis septembre 1991, le Maroc n’a expulsé aucun de ses ressortissants.

    L’autre option serait d’arrêter, d’emprisonner et de juger ces frères qui seraient impliqués dans des affaires louches, qui auraient bafoué la loi et qui auraient commis des agressions physiques en se promenant dans la ville. L’inconvénient de cette option est que le souverain lui-même pourrait apparaître en prison et ordonner leur libération. Si le palais a pris des mesures pour faciliter leurs transactions commerciales, que ne ferait-on pas pour les libérer, demandent les observateurs de ce drame de palais. Malgré l’absence d’un roi absorbé par sa vie privée, le Maroc reste un pays solidement gouverné et sa diplomatie fonctionne. Preuve en est l’habileté avec laquelle elle a mené les négociations avec le gouvernement espagnol pour mettre fin à la crise qui a débuté en décembre 2020 avec l’annulation par Rabat d’un sommet bilatéral avec l’Espagne. Les autorités marocaines ont réussi à obtenir du président Pedro Sánchez qu’il renonce à 47 ans de neutralité espagnole dans le conflit et s’aligne sur le Maroc au sujet du Sahara occidental. En contrepartie, il n’a obtenu jusqu’à présent guère plus qu’une reprise du trafic de passagers à travers le détroit de Gibraltar, auquel Rabat était plus intéressé que le gouvernement espagnol, et de nombreuses déclarations de bonnes intentions.

    El Confidencial, 07 juin 2022

    #Maroc #MohammedVI #Azaitar #Makhzen

  • Maladie du roi du Maroc: les rumeurs font rage

    Maladie du roi du Maroc: les rumeurs font rage

    Maladie du roi du Maroc: les rumeurs font rage – Mohammed VI, Makhzen, prince héritier, Lalla Salma, Sahara Occidental,

    Le brouhaha diplomatique que connaît depuis des mois le régime marocain du Makhzen cache l’une des plus grandes menaces à la stabilité du trône dans le royaume alaouite, qui est le problème de la succession du roi Mohammed VI, qui souffre de nombreuses maladies et est devenu moins visible dans les scènes officielles et les forums.

    Les scènes qui ont été filmées récemment ont montré qu’il était dans un état de santé grave, car il semblait avoir un visage pâle, des mouvements lents et des signes de maladie plus visibles que jamais sur son visage.

    La présence du roi du Maroc dans les réunions et activités officielles de la période récente n’était pas par désir ou conformément aux protocoles royaux habituels, mais plutôt sous la pression qui lui était imposée par le biais des réseaux sociaux, qui n’ont cessé de divulguer des informations graves sur sa santé, ce qui l’a forcé à sortir pour démentir ces rumeurs.

    Cependant, sa sortie n’a pas éliminé ces rumeurs autant qu’elle les a renforcées en raison de la situation fragile dans laquelle il est apparu devant les caméras et les objectifs des caméras.
    Mohammed VI n’apparaissait pas sur la photo qui rassemblait les participants à ce dernier forum de Marrakech sur le terrorisme, tandis que des militants sur les réseaux sociaux rapportaient que le roi n’arrivait plus à respirer, ce qui confirme les scènes fragiles sur lesquelles il est récemment apparu, sachant que le Le roi du Maroc avait auparavant subi une chirurgie complexe au cœur, en raison d’une arythmie.

    Les sources ont évoqué le retour de la princesse Lalla Salma (Benani), l’ex-épouse du monarque marocain, et la mère du prince héritier Moulay El Hassan, au premier plan après sa disparition de la scène en 2018, suite à des fuites sur sa séparation du roi, avant d’être confirmée plus tard par l’avocat de la famille alaouite en France.
    Les sources liaient le retour de « Lalla Salma » sur le devant de la scène au conflit autour du trône, compte tenu de l’état de santé du roi malade du Makhzen.

    Lalla Salma pourrait bientôt devenir la mère du prochain roi du Maroc, selon les modalités de passation de pouvoir au sein de la famille royale, après que Mohammed VI a renversé son frère Moulay Rachid, qui était prince héritier dans un premier temps, lorsque Mohammed VI a succédé à son père décédé. , Hassan II, en 1999.

    Le régime marocain du Makhzen tente d’occulter l’état de doute qui domine les rouages ​​du trône à Rabat, en occupant l’attention de l’opinion publique marocaine avec des victoires fictives de la diplomatie makhzen dans certains dossiers comme celui du Sahara occidental récemment, et en organisant des manifestations internationales, comme cela s’est produit récemment dans la ville de Marrakech, auxquelles ont participé des ministres des affaires étrangères de pays connus pour leur proximité avec le système marocain du makhzen.

    Tout cela arrive à un moment où l’influence sioniste pénètre et envahit les leviers de décision chez le voisin occidental. Les sionistes ont pris le contrôle des dotations dans le secteur des affaires religieuses, censé être loin de tels comptes, selon des témoignages d’activistes marocains sur les réseaux sociaux.
    Parmi les traits les plus saillants de cette infiltration, le régime marocain du Makhzen a ignoré l’assassinat hideux de la journaliste palestinienne, Sherine Abu Aqleh, en Palestine par les balles de l’occupation sioniste, alors que Rabat n’a pas été en mesure de publier un communiqué condamnant ce lâche assassinat, alors que les symboles du Makhzen sortent de temps en temps, pour confirmer que le « Royaume des Normalisateurs » soutient la cause palestinienne et se tient aux côtés du peuple palestinien dans sa lutte pour l’indépendance, sachant que son représentant aux Nations Unies, Omar Hilale, avait avait auparavant fait obstruction à une liste condamnant la profanation des lieux saints de Jérusalem par des soldats sionistes.

    Plus dangereux que tout cela, c’est la récurrence des fuites sur la possibilité qu’Audrey Azoulay, l’actuelle patronne de l’UNESCO, et la fille du juif André Azoulay, conseiller au Palais Royal, prennent la tête du gouvernement marocain dans le prochain amendement, succédant à son président actuel, Aziz Akhannouch, une fuite devenue plus crédible à la lumière du contrôle rampant des Juifs sur le pays.

    Sofiane. A.

    Echouroukonline, 15 mai 2022

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    #Maroc #MohammedVI #Maladie #Makhzen #Prince_héritier #LallaSalma