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  • Chambas condamne les pays qui célèbrent le coup d’État militaire

    Chambas condamne les pays qui célèbrent le coup d’État militaire – Afrique, Dr Mohammed Ibn Chambas, Gambie, Mali, RDC,

    L’ancien Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies (ONU) pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, le Dr Mohammed Ibn Chambas, a condamné les pays dont les citoyens ont célébré les coups d’État militaires sur le continent africain.

    Il a expliqué que le renversement des dirigeants élus comme on l’a vu en Gambie, au Mali et en République démocratique du Congo (RDC) était une menace pour la gouvernance démocratique du continent car un tel développement paralysait la fondation, d’où l’appel aux citoyens à lutter contre une telle émergence négative.

    « Huit des quatorze élections nationales organisées dans la région entre janvier 2020 et mars 2022 se sont terminées par des résultats contestés qui ont conduit à la violence dans des pays comme le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, le Niger et le Togo.

    Les troubles croissants autour des processus électoraux ont certainement suscité des inquiétudes quant aux futures élections dans la région, cependant, des élections telles que les récentes élections présidentielles et parlementaires en Gambie nous donnent l’espoir de la possibilité d’élections pacifiques », a-t-il déclaré.

    Le Dr Chambas l’a dit hier à Accra lors d’un atelier de deux jours des parties prenantes sur la mise en œuvre du projet de surveillance, d’analyse et d’atténuation de la violence électorale (ENAM).

    Le projet a couvert 17 processus électoraux et des leçons importantes qui ont été menées dans cinq pays (Sénégal, Guinée-Bissau, Togo, Mali et Guinée). Il a ensuite été étendu à cinq pays supplémentaires (Niger, Burkina-Faso, Bénin, Ghana et Côte d’Ivoire).

    Les participants étaient des représentants de l’ONU, de l’Union africaine (UA), de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), entre autres.

    Il a été organisé par le Réseau ouest-africain pour la consolidation de la paix (WANEP) pour dialoguer et partager les expériences sur les réalisations, les bonnes pratiques, les opportunités et les défis du projet, ainsi que pour faciliter des initiatives similaires en vue de contribuer à des élections pacifiques dans la région.

    Le Dr Chambas a déclaré que la recherche avait montré que l’Afrique était l’une des «régions les plus inégales socialement et économiquement», avec la concentration de la richesse et du pouvoir entre les mains de quelques personnes.

    Il a déclaré que la population croissante de jeunes chômeurs préparait le terrain pour la mobilisation citoyenne et que cela pourrait devenir violent, soulignant que ce mécontentement et cette frustration étaient particulièrement ressentis par la population vulnérable et marginalisée, en particulier les femmes et les jeunes.

    Le Directeur Exécutif de WANEP, le Dr Chukwuemeka Eze, a déclaré que les défis contemporains aux élections et à la gouvernance démocratique, intensifiés par les différends électoraux, continuent de menacer les fondements des démocraties.

    Il a dit que la région africaine était déjà aggravée par des myriades d’insécurité qui nécessitaient les efforts collectifs des dirigeants pour y faire face.

    Le ministre de l’Intérieur, M. Abrose Dery, dans un discours lu pour lui, a déclaré que le Ghana avait mis en œuvre une stratégie de sécurité nationale pour faire face aux menaces potentiellement imminentes.

    Business Ghana, 30/04/2022

    #Afrique #Mali #RDC #Guinée #BurkinaFaso #Tchad #Coup_detat

  • France 24 et RFI disent que le Mali les a bannis pour de bon

    France 24 et RFI disent que le Mali les a bannis pour de bon – France Médias Monde, Russie, Wagner, Sahel, Barkhane,

    La junte au pouvoir au Mali a définitivement interdit les diffuseurs français RFI et France 24 après avoir allégué que l’armée de la nation sahélienne avait commis des abus, ont annoncé mercredi les chaînes de radio et de télévision.

    France Médias Monde, la société mère publique de RFI et de France 24, a indiqué avoir reçu dans la journée une notification de l’autorité malienne de communication.

    « France Médias Monde conteste fermement la décision définitive de suspension », ont indiqué les deux diffuseurs, a indiqué la société dans un communiqué.

    Il a qualifié cette décision de « non fondée et arbitraire », ajoutant qu’il utiliserait tous les recours possibles pour faire annuler la décision.

    Le gouvernement français avait qualifié la suspension temporaire initiale des chaînes de médias françaises par le Mali le 17 mars de grave atteinte à la liberté de la presse.

    RFI (Radio France International) et France 24 couvrent largement l’actualité africaine et ont une forte audience dans l’ancienne colonie française.

    L’interdiction de diffusion intervient après que les relations diplomatiques entre le Mali et son ancienne puissance coloniale, la France, ont plongé à leur plus bas niveau depuis des années au milieu de différends sur la démocratie et de la présence présumée de paramilitaires liés à la Russie dans le pays.

    Le Mali a expulsé l’ambassadeur de France en janvier.

    La junte, qui a pris le pouvoir en août 2020, a déclaré qu’il y avait eu de « fausses accusations » dans un rapport à la mi-mars dans lequel RFI diffusait les commentaires de victimes présumées d’abus par l’armée et le groupe de sécurité privé russe Wagner.

    La junte malienne a également accusé Human Rights Watch (HRW) et Michelle Bachelet, la chef des droits de l’homme de l’ONU, d’avoir fait de fausses allégations contre le gouvernement.

    Pays pauvre de 21 millions d’habitants, le Mali a été ravagé au cours de la dernière décennie par la violence islamiste.

    Des milliers de soldats et de civils ont été tués et des centaines de milliers de personnes forcées de fuir leur foyer.

    De plus, l’armée sous-équipée a souvent été accusée d’avoir commis des abus pendant le conflit brutal. Le gouvernement intérimaire dirigé par l’armée rejette régulièrement de telles accusations.

    L’amitié croissante de la junte avec la Russie a aggravé les frictions avec la France, un allié traditionnel.

    Paris a annoncé le mois dernier le retrait imminent de milliers de soldats déployés au Mali dans le cadre de la mission anti-jihadiste française au Sahel.

    Big news network, 29/04/2022

    LIRE AUSSI : Le Mali accuse l’armée française d’”espionnage” et de “subversion”

    LIRE AUSSI : Pourquoi Barkhane quitte le Mali? Conséquences sur le Sahel

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    #Mali #France24 #RFI #Sahel #Barkhane #Russie #Wagner

  • Sahel : regards croisés sur la crise alimentaire

    Sahel : regards croisés sur la crise alimentaire

    Sahel : regards croisés sur la crise alimentaire – Niger, Nigeria, Mali, Burkina Faso, Tchad,

    En Afrique, quelque 346 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire qui va s’aggraver encore dans les mois à venir. C’est une catastrophe qui passe largement inaperçue. Regards croisés de trois chefs de délégations du CICR au Sahel.

    François Moreillon, Yann Bonzon et James Reynolds sont chefs de délégation du CICR respectivement au Niger, au Nigéria et au Mali.

    Dans cette édition du podcast « Humanitaires », ils abordent la difficile question de cette crise et de son impact au Sahel, ainsi que des réponses que met en place le CICR.

    Avec Halimatou Amadou, ils partagent leur regard sur le quotidien des communautés dans ces pays.

    CICR, 26/04/2022

    #Sahel #Mali #Niger #Nigeria #BurkinaFaso #Tchad #Famine #crise_alimentaire

  • Politique étrangère de Macron : Quel bilan?

    Politique étrangère de Macron : Quel bilan?

    Politique étrangère de Macron : Quel bilan? – Europe, Sahel, guerre en Ukraine

    Europe, Sahel, guerre en Ukraine… Quel bilan tirer de la politique étrangère menée par Emmanuel Macron?
    Thomas Gomart, directeur de l’Institut français des relations internationales. Son dernier ouvrage est Guerres invisibles, éd. Tallandier, 2021.

    FIGAROVOX. – Emmanuel Macron s’est-il inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs, ou a-t-il fait prendre une direction nouvelle à la diplomatie française ?

    Thomas GOMART. – Emmanuel Macron a essayé de faire preuve d’un classicisme agile. Il s’est inscrit à la fois dans la continuité de ses prédécesseurs, tout en tentant d’apporter des éléments de disruption. Il a pris des risques plus ou moins payants. La continuation par rapport à ses prédécesseurs de la Vème République s’observe dès ses premiers pas en tant que président. Tout d’abord, le volet occidental à travers la relation très spécifique entre Washington, Londres et Paris, par l’invitation faite à Donald Trump d’assister au défilé du 14 juillet 2017. Il sait que l’embryon d’alliance atlantique apparaît à la fin de la Première Guerre mondiale. Ensuite, la relation franco-allemande par le conseil des ministres franco-allemands, qui a décidé d’un certain nombre de programmes d’armement structurants. Enfin, l’importance accordée à la relation avec Moscou, notamment par l’invitation de Vladimir Poutine à Versailles. En ce sens, il réalise des figures imposées, tout en cherchant à imposer son style.

    Puis, l’aspect disruptif, l’ «agilité» pour reprendre un terme qu’il affectionne, c’est d’avoir beaucoup investi sur des rendez-vous censés nourrir le multilatéralisme. Cette tendance a été accentuée après les décisions de Donald Trump de sortir de l’accord de Paris, et de l’accord sur le nucléaire iranien. Elle s’est traduite par une multiplication d’événements multilatéraux et multifacteurs qui correspondent au souci d’Emmanuel Macron d’apparaître comme agile. Il a aussi multiplié les prises de parole dans différents formats avec une volonté évidente de moderniser l’image de la France.

    Cette stratégie a-t-elle permis d’affirmer la France comme un acteur influent et crédible sur la scène internationale, ou au contraire doit-on lire, par exemple l’incapacité à s’imposer face aux États-Unis dans la crise des sous-marins, ou comme un médiateur face à Poutine dans le conflit ukrainien, comme une baisse de l’influence française ?

    Si l’on essaye de faire le bilan de ce que sa diplomatie a produit, il y a plusieurs déceptions profondes. La plus importante est sans doute l’issue de son dialogue continu avec Vladimir Poutine qui n’a pas empêché l’agression russe en Ukraine. La deuxième déception est la découverte de l’alliance Aukus nouée par les « trois démocraties maritimes » ainsi que ces pays se définissent, alors que l’Australie était considérée comme un des principaux points d’appui dans tout le discours français sur l’Indopacifique. Il y a également des déceptions liées à sa tentative de modifier la situation politique au Liban, et une très grande question sur la politique française au Sahel avec la décision d’arrêter l’opération Barkhane. Ce sont des éléments qui montrent les difficultés, les revers rencontrés par la diplomatie française.

    Si on regarde les réussites, Emmanuel Macron est le seul en 2017 à être élu sur un discours pro-européen. À la différence de tous ses autres compétiteurs, il n’a jamais varié sur cet engagement. De ce point de vue, il a obtenu un certain nombre de transformations au sein de l’Union européenne. La mutualisation de la dette, le fait que la notion de souveraineté européenne ou souveraineté technologique soit devenue plus centrale, et le fait que l’Union européenne ait réussi à participer à la crise sanitaire dans sa gestion à la fois sanitaire, vaccinale et économique font partie des réussites diplomatiques.

    La deuxième réussite est d’avoir construit un discours sur le multilatéralisme à l’attention des acteurs désireux de ne pas être piégés par la rivalité sino-américaine, tout en étant parfaitement clair sur son système d’alliance. C’est un discours qui s’est adressé à des pays comme l’Inde, à une volonté de renouveler les termes des échanges avec des pays africains, les pays du Golfe ou encore l’Indonésie. La France a joué un rôle moteur pour les enjeux liés aux biens communs, comme la lutte contre le réchauffement climatique ou la perte de la biodiversité. Elle s’est montrée active dans la mise en œuvre des ODD (objectifs de développement durable).

    Le troisième aspect, le plus important, est sa lucidité sur de la rapidité de dégradation de l’environnement stratégique. C’est le premier président qui assume ouvertement le réarmement. Il a clairement rompu avec l’héritage de ses prédécesseurs, qui avait négligé le budget de la défense, tout en décidant d’interventions extérieures. Parallèlement, il s’est employé à convaincre ses alliés européens de la nécessité de réarmer.

    Au final, pour produire des effets à moyen et long termes, une politique étrangère dépend de la solidité économique du pays. Le problème fondamental de la France est le suivant : son positionnement diplomatique connaît un rendement décroissant au moment où sa sécurité exige des coûts croissants. L’effet ciseaux est prévisible : une propension plus élevée à prendre des coups et une capacité plus limitée à en porter.

    La fin du quinquennat a été marquée par la fin de la présence française au Mali commencée sous François Hollande, quel bilan tirer de ces 9 ans de présence et de ce départ poussé par le nouveau pouvoir malien ?

    Il faut commencer par noter qu’Emmanuel Macron a résisté à la tentation des interventions militaires extérieures. Le Mali est un héritage de la présidence Hollande, comme vous l’avez rappelé. Sur le plan militaire, cela a été une opération qui a régulièrement permis de « neutraliser » des djihadistes, et donc de limiter leur progression. Ces opérations se sont accompagnées d’efforts pour encourager le « 3D » c’est-à-dire des actions combinées de défense, de diplomatie et de développement. Cela a eu aussi pour vertu de faire comprendre aux Européens que la situation au Sahel concernait leur propre sécurité, ce qui a entraîné un certain nombre d’européens à participer de manière modeste à l’effort.

    Le bilan négatif est qu’évidemment en dépit d’une présence sur le terrain, Paris n’a pas vu venir les deux coups d’État, a sous-estimé le sentiment anti-français qui s’est développé dans la sphère informationnelle, l’a négligé et a dû faire face à une activité informationnelle qui s’est retournée contre Paris. De plus, ces opérations ont abouti à une usure de l’outil militaire puisqu’elles ont mobilisé plus de cinq mille hommes, sans parvenir à distinguer entre une mission qui, initialement était de stopper les djihadistes (donc qui relevait d’éléments uniquement militaires et qui était réussie), et l’ambition trop importante de contribuer à la reconstruction de l’État malien, ce qu’une opération militaire ne peut pas faire, surtout de cette taille.

    La réflexion qui devrait guider l’indispensable retour d’expérience est de comprendre comment nous sommes passés d’une logique de contre-terrorisme à une logique de reconstruction d’État.

    La France a-t-elle redéfini son rôle au sein de l’Europe, notamment depuis le départ d’Angela Merkel ?

    Oui et non. Oui, dans la mesure où Paris est une des rares capitales européennes où on est encore capable d’avoir une pensée globale sur le monde. C’est de plus en plus rare au sein de l’Union européenne. Paris conserve une capacité d’initiative, malgré les difficultés que nous connaissons. Son positionnement est sans doute meilleur au sein de l’Union européenne en 2022 qu’il ne l’était en 2017, mais le Brexit a entraîné une dégradation préjudiciable de la relation de la France avec Londres.

    Non, dans la mesure où il y a un sous-investissement français, qui s’explique par une culture administrative, une absence de mobilisation de moyens, et une difficulté à exercer de l’influence. Exercer de l’influence est un métier, qui demande une vision, des moyens et surtout de la constance. Il ne suffit pas d’avoir des idées et de penser que tout le monde va s’y ranger tellement elles sont intelligentes. Il y a un sous-investissement structurel dans les institutions européennes, dans le jeu européen de la France, par rapport à d’autres acteurs qui maîtrisent beaucoup mieux les rouages bruxellois en particulier parlementaires. Le problème de la France est d’avoir envoyé à Bruxelles des parlementaires qui, pour une large partie d’entre eux, sont contre le projet européen. De ce point de vue, il y a une grande difficulté de la France: d’un côté Emmanuel Macron assume un positionnement européen, affirme qu’il faut aller plus loin dans la construction européenne et, de l’autre, il fait face à des forces politiques très hostiles à l’Union européenne.

    Pensez-vous que la suppression du corps diplomatique par la réforme de la haute fonction publique risque d’influer sur cette capacité à « avoir une pensée globale sur le monde » que vous décrivez ?

    Dans les atouts de la France, il y a incontestablement une forte culture militaire et une forte culture diplomatique. Les deux vont de pair. Est-ce que cette réforme va altérer ce savoir-faire, ou permettre d’accélérer une adaptation, une modernisation de l’outil diplomatique français ? Très franchement, il y a une spécificité du métier de diplomate qui porte notamment sur la maîtrise de langues rares, l’art de la négociation, la capacité à naviguer dans différents milieux, de vivre dans des pays difficiles. Les diplomates doivent conserver ces traits spécifiques au cœur de leur identité, tout en se formant au cours de leur carrière. Une réforme est toujours difficile.

    Pour conclure quels enjeux principaux en politique étrangère attendent le vainqueur du scrutin de dimanche ?

    Ce sont clairement la suite et les conséquences de la guerre d’Ukraine. C’est le sujet systémique. Le prochain président ou la prochaine présidente va devoir très vite agir pour la sécurité européenne au sens dur du terme. Et n’aura pas droit à l’erreur.

    Le Figaro, 22/04/2022

    #France #Macron #Politique_étrangère #Ukrane #Sahel #Europe


  • France : Macron face au nouveau paradigme africain

    France : Macron face au nouveau paradigme africain

    France : Macron face au nouveau paradigme africain – Mali, Sahel, Afrique, Burkina Faso, Niger, Tchad, Barkhane, Algérie,

    Le président Emmanuel Macron reste à l’Elysée. Dimanche, 24 avril, il a gagné au deuxième tour de l’élection présidentielle à 58, 5% le suffrage des Français pour un second quinquennat. Ainsi, il repart victorieusement pour un deuxième mandat qui s’annonce pourtant ardu.

    Par Anis Remane

    Au vu de la progression de l’extrême droite qui a obtenu 40% de vote et de la polarisation du champ politique et social français -une observation partagée hier par l’ensemble des médias de l’Hexagone et de l’étranger- le locataire de l’Elysée avance désormais sur un terrain difficile. Ses adversaires, à droite comme à gauche ou à leurs extrêmes, l’attendent au tournant et parlent des législatives prévues en juin prochain comme d’un «troisième tour» à l’issue duquel il peut se retrouver en situation de cohabitation ou, alors, face à une Assemblée nationale qui ne sera certainement pas celle issue des présidentielles de 2017.

    Quelle que soit, donc, la configuration qu’aura cette prochaine Assemblée, elle sera en ligne de compte de l’action du président réélu y compris en politique étrangère. A ce sujet, le président Macron sera particulièrement suivi sur la façon dont il va nouer les relations de son pays avec l’Afrique, un continent où, s’il continue de jouir d’un certain ascendant, notamment en Afrique de l’ouest et au Sahel, il n’a plus l’influence qui étaient la sienne dans les années et les décennies précédentes. C’est que l’Afrique change et cette transformation met de plus en plus en contradiction une politique étrangère française qui, malgré les discours et les déclarations d’intention, reste encore axée sur la défense et l’extension des intérêts de Paris. Le résultat est le rejet de cette politique comme on le voit au Mali où le sentiment anti-français n’a jamais été aussi manifeste.

    Il s’agit d’«accompagner les efforts locaux de développement plutôt que l’expansion des intérêts français en Afrique», a déclaré hier l’historien et intellectuel camerounais Achille Mbembe. L’Union Africaine (UA) souhaite l’établissement avec la France de «relations rénovées et mutuellement avantageuses». Le plus vrai est que le président Macron, qui a dû observer les transformations importantes en cours dans le continent africain, sait que la donne a changé avec l’émergence d’une conscience politique renouvelée chez les sociétés et les peuples africains que les rapports de domination du passé ne passent plus. Que, au niveau des Etats, des paradigmes nouveaux apparaissent avec le retour ou l’arrivée de nouveaux compétiteurs et, donc, de nouvelles alternatives en matière de coopération économique, sécuritaire et stratégique.

    Dans ces domaines, la fracture avec la France est visible. Elle risque de s’aggraver si les dossiers qui brouillent ses relations ne trouvent pas la régulation dont ils ont besoin sur la base d’une coopération «rénovée» et «mutuellement avantageuse», pour reprendre le message de félicitations de l’UA. C’est particulièrement vrai, pour la relation algéro-française qui est passée par des moments de grande crispation – à l’occasion du contentieux mémoriel qui a vu Alger rapatrier son ambassadeur durant l’automne dernier – et qui connait aujourd’hui un dégel «laborieux», avait déclaré le chef de la diplomatie Ramtane Lamamra en février dernier.

    Dans sa lettre de félicitations, le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, qui n’a pas été parmi les premiers chefs d’Etat à réagir à la victoire du président Macron, a quelque peu poussé plus loin le dégel, en se montrant confiant quant à l’avenir de la relation avec Paris. Mais ce sera le terrain et le sort qui sera réservé aux questions bilatérales, notamment celles qui sont marquées du sceau de l’aspérité, qui validera cette confiance. Les deux pays n’ont pas encore réalisé le partenariat et la coopération économiques souhaités à la hauteur des atouts et des ambitions réciproques.

    La tenue prochaine à Alger du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN) devrait apporter des réponses sur la façon dont la relation économique et commerciale entre les deux pays va évoluer. Pour le politico-mémoriel, soixante ans après, le dossier des essais nucléaires reste, lui, au cœur des questions à aplanir entre Alger et Paris. Alger demande la décontamination des sites où la France a réalisé entre 1960 et 1966 17 essais nucléaires au Sahara. Il s’agit d’agir en sorte que les commissions mixtes mises en place pour faire des propositions obtiennent enfin des résultats. Pourquoi ce dossier, le président Tebboune a déclaré en juillet 2020, quand le travail commun sur les questions mémorielles était encore à l’ordre du jour, que «la seule compensation envisageable est celle des essais nucléaires».

    Reporters, 26/04/2022

    #France #Algérie #Afrique #Sahel #Mali #BurkinaFaso #Barkhane #Macron

  • Mali: Le GSIM prétend avoir capturé un Russe de Wagner

    Mali: Le GSIM prétend avoir capturé un Russe de Wagner

    Mali: Le GSIM prétend avoir capturé un Russe de Wagner – Djihadistes, Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, Ségou,

    D’après VOA Afrique, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) a annoncé avoir capturer un combattant Russe du groupe Wagner dans un communiqué parvenu à l’AFP dans la nuit de dimanche à lundi. « Durant la première semaine d’avril, (nous avons) capturé un soldat des forces russes Wagner dans la région de Ségou », dans le centre du Mali, indique ce texte en arabe, cité par notre source.

    « Ces forces meurtrières ont participé avec l’armée malienne à une opération de parachutage sur un marché dans le village de Moura où ils ont affronté plusieurs moudjahidines avant d’encercler cette localité pendant cinq jours et tuer des centaines de civils innocents », ajoute le texte.

    Selon le même communiqué, cité par VOA Afrique, « les moudjahidines ont par ailleurs fait face à deux opérations de parachutage menées par les mercenaires au-dessus des falaises de Bandiagara, à 70 km de Sévaré (centre du Mali, NDLR). Les moudjahidines ont réussi à confisquer des armes des mercenaires qui ont pris la fuite ».

    Le Quotidien numérique, 25/04/2022

    #Mali #Russie #Wagner #GSIM #Djihadistes

  • Transsaharienne: le Comité de liaison va passer à un corridor économique

    Transsaharienne: le Comité de liaison va passer à un corridor économiqueSahel, Mali, Tchad, Niger, Niger, Nigeria, Tunisie, Algérie

    Le Comité de liaison de la route transsaharienne (CLRT) va passer a un corridor économique, a indiqué lundi son secrétaire général Mohamed Ayadi sur les ondes de la Chaîne III de la Radio Algérienne.

    “Nous sommes un a moment extrêmement important, je suis heureux d’annoncer la tenue d’une rencontre, le 27 juin prochain, qui réunira les ministres des six pays membre, a savoir l’Algérie, la Tunisie, le Mali, le Tchad, le Niger et le Nigeria pour se prononcer sur la transition ou l’évolution de ce comité vers un corridor économique”, déclare- t-il a ce propos.

    Le Secrétaire général du CLRT explique qu’en tête de ce corridor, il y aura le Conseil des ministres, le coordinateur qui est le SG et également plusieurs comités, notamment des transports, des routes, des finances et du commerce. “Les représentants des 6 pays se réunissent pour examiner ensemble ce qui peut faciliter les échanges commerciaux et le passage au niveau des douanes”, ajoute-t-il.

    Ayadi précise qu’après cette étape, “on passera ensuite a l’informatisation de façon a réduire le plus possible le coup du transport ce qui va aider au développement économique de la région”.

    “Il est évident qu’avant qu’on aille vers ce genre d’approche, il a fallu passer par le linéaire a réaliser”, dit-il, ajoutant que “dans cette liaison entre Alger et Lagos sur quelques 4800 km, l’Algérie a réalisé plus de 500 km en autoroute, le Nigéria en a fait autant”. Ayadi souligne que l’Algérie a fait quelque chose d’exceptionnelle entre Chiffa et Berouaguia avec cet aménagement de ponts et de tunnels qui fait comme gagne plus de 30 minutes.

    De ce fait, l’invité de la rédaction estime que notre pays a fourni beaucoup d’efforts pour la concrétisation de ce projet d’envergure. “Il y a eu des efforts très grands par l’Algérie. Les autres pays ont accompagné selon leurs moyens, mais aujourd’hui globalement le projet est a 90 % d’avancement”, affirme-t-il.

    Transaharienne: éradiquer les entraves bureaucratiques pour une meilleure rentabilité

    Le secrétaire général du Comité de liaison de la route transsaharienne (Alger-Lagos) Mohamed Ayadi a plaidé, vendredi, pour “éradiquer toutes les entraves bureaucratiques” pour la prospérité de Tamanrasset et ses environs.

    Dans une déclaration a la Chaîne III de la Radio algérienne, Mohamed Ayadi a soutenu que cet ouvrage va permettre aux opérateurs économiques algériens d’être plus complétifs, notamment sur le marché africain.

    «La route, estime-t-il, est comme un accélérateur dans les échanges commerciaux». «Plus de véhicules, c’est plus de produits et les coûts de transport diminuent. Donc, vous devenez automatiquement compétitif», explique le SG du Comité.

    De l’avis de l’interlocuteur, cela ne suffira pas si les blocages administratifs demeurent. «Si je viens avec mon camion et je serai bloqué durant toute une journée par la douane, où au niveau du guichet d’une banque, ça ne sert absolument a rien, puisque cela coûte de l’argent…énormément d’argent a nos opérateurs économiques», juge-t-il.

    De ce fait, Ayadi appelle clairement a «la levée des entraves bureaucratiques » pour la prospérité de Tamanrasset et ses enivrons».

    L’Algérie a consacré 30 000 milliards a la route transsaharienne

    300 milliards de dinars (30 000 milliards de centimes), c’est le montant de l’enveloppe débloquée par l’Algérie et destinée a la route transsaharienne et a sa transformation en une autoroute Nord-Sud afin de désenclaver certains pays du continent.

    Le chiffre a été communiqué par le ministre des Travaux publics Kamel Nasri lors d’une allocution, ce lundi 24 mai, a l’occasion de la 71e session du Comité de liaison de la route transsaharienne (CLRT).

    Le ministre a affirmé le lancement des travaux de réalisation d’un tronçon de quelque 850 km, dont une première tranche de 507 km est achevée tandis que l’étude est en cours pour la réalisation de la seconde tranche de 260 km de long.

    Pour lui, la route Alger-Lagos revêt d’une extrême importance d’autant plus qu’elle permet d’atteindre les principaux ports de la Méditerranée et de renforcer le commerce Afrique-Europe.

    Nasri a également fait savoir que cette route sera raccordée directement à l’autoroute Est-Ouest via la pénétrante du port Djen Djen sur une distance de 110 km.

    Le ministre du Commerce Kamel Rezig a, de son côté, souligné que la route transsaharienne constitue un axe fondamental pour la redynamisation du commerce hors hydrocarbures.

    La route transsaharienne transformée en autoroute

    Le Secrétaire général du ministère des Travaux publics a annoncé le 4 mars dernier que la route transsaharienne sera transformée en autoroute Nord-Sud.

    Officiellement..première évaluation du projet de la route transsaharienne
    Le président du Conseil national économique et social (CNES) Réda Tir a révélé, mercredi, qu’une première réunion d’évaluation du projet de la route transsaharienne sera organisée en présence des ministres et des ambassadeurs des pays concernés.

    L’invité de “Echorouk Morning” a affirmé que la réunion qui se tiendra, ce jeudi, portera sur l’évaluation du projet de réalisation de la route transsaharienne et la remise des recommandations au président de la République.

    Elle se tient en présence du CNES, les ministères du Commerce, des Affaires étrangères, les Transports et les Travaux publics ainsi que le secrétaire général de la commission chargée du raccordement de la route transsaharienne et des ambassadeurs des six pays concernés, selon Tir.

    Ce dernier a affirmé par ailleurs que l’Algérie a joué pleinement son rôle dans ce projet sur lequel elle compte pour conquérir les marchés africains.

    A cet effet, il a plaidé pour exploiter cette route afin d’aller a la conquête des marchés, permettre a l’Algérie de retrouver son statut au sein du continent, comme il a incité le gouvernement a œuvrer a aplanir les entraves et faciliter l’exportation.

    La route “Alger – Lagos” opérationnelle en juin prochain
    La route transsaharienne Alger-Lagos sera opérationnelle dès le mois de juin prochain, selon le ministre des Transports par intérim, Farouk Chiali.

    Le dernier tronçon de la route transsaharienne (Alger-Lagos) sera réceptionné d’ici le mois de juin, a indiqué en février dernier Farouk Chiali, ministre des Travaux publics et des Transports par intérim, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne.

    «C’est une entreprise algérienne qui s’occupe des derniers travaux de ce tronçon qui se trouve au Niger», a souligné l’ancien ministre Chiali, en précisant que l’axe de la transsaharienne entre l’Algérie et le Nigeria (Alger-Lagos) sera totalement achevé en juin prochain. «Une cérémonie sera organisée au Niger pour achever ce projet africain de 4000 kilomètres avec des tronçons vers la Tunisie, le Tchad et le Mali», a-t-il affirmé.

    L’Invité de la Rédaction a fait également savoir que les routes du Sud sont retenues comme priorité, vu que le développement du pays va être orienté vers l’Afrique subsaharienne. A ce titre, le membre du gouvernement cite comme exemple la route Adrar-Reggane- Bordj Badji Mokhtar de 550 kilomètres de long et qui est en cours de réalisation. «Il y a aussi la réhabilitation des tronçons reliant In Salah a Tamanrasset (700 km) et celle-ci a In Guezzam (400 km)», a-t-il renchéri.

    L’ancien ministre précise que les routes du Sud, notamment subsaharienne, sont raccordées avec l’autoroute Est-Ouest. Il a annoncé, dans le même registre, que son département a développé un schéma directeur qui permet l’interconnexion des régions entre elles. Un schéma, dit-il, qui prend en compte le développement du pays.

    Farouk Chiali a affirmé par ailleurs que des travaux sont en cours pour transformer la transsaharienne en autoroute au niveau de l’Algérie.

    La Route nationale 1 (RN1) avait été intégrée dans le projet de la transsaharienne, a-t-il souligné, évoquant a ce propos des travaux engagés pour sa transformation en autoroute dans certains endroits.

    «Le 28 octobre dernier, nous avons ouvert a la circulation le tronçon Chiffa-Berrouaghia sur 52 kilomètres et la RN1 transformée en autoroute par endroits ce qui permet d’avoir 550 kilomètres d’autoroute entre Alger-Ghardaïa. Il nous reste à peine 7 kilomètres a terminer», a-t-il détaillé.

    Comme il s’est exprimé sur les projets en cours de réalisation dans certaines wilayas du Nord. Il s’agit notamment du projet de l’autoroute Tiaret-Relizane (52 kilomètres), dont l’étude est finalisée, ainsi que le projet de l’autoroute Tènes-Tissemsilt-Tiaret (220 kilomètres).

    Selon lui, le projet de Tènes-Tissemsilt est en cours de réalisation au niveau de Chlef et l’objectif tracé est de l’achever dans les prochains mois, a-t-il noté, alors qu’au niveau de Tissemsilt-Aïn Defla, la route est pratiquement dédoublée, a-t-il soutenu.

    Son secteur s’est focalisé sur un autre dossier, a-t-il dit, en l’occurrence celui ayant trait a la réalisation des routes au niveau des zones d’ombre, considérant que ce projet comme une des priorités.

    Pour ce qui est du volet financement, le secteur a bénéficié en 2021 d’un budget de 63 milliards DA destiné notamment pour l’entretien du réseau routier, dont 40 milliards DA seront mobilisés avec le ministère de l’Intérieur pour les chemins communaux et de wilayas et 13 milliards DA pour les routes nationales.

    Echoroukonline, 25/04/2022

    #Sahel #Algérie #Tunisie #Niger #Nigeria #Tchad #Mali #Transaharienne

  • France, Macron, Barkhane : quand l’opinion publique s’impose

    France, Macron, Barkhane : quand l’opinion publique s’impose

    France, Macron, Barkhane : quand l’opinion publique s’impose – Serval, Takuba, Mali, Mauritanie, Tchad, Niger, Burkina Faso, Russie, Wagner, Sahel, G5 Sahel, MINUSMA,

    L’impossible mission de la France au Sahel. Le retrait de février dernier est le fruit d’un mécontentement entre les populations françaises et sahéliennes, devenu décisif en vue des élections présidentielles

    Par Naomi Moreno-Cosgrove/ Institut Royal Elcano

    Le 17 février 2022 , le président français Emmanuel Macron a annoncé le retrait des troupes françaises et européennes du Mali . Une telle déclaration, qui faisait suite à une rupture rapide des relations avec la junte au pouvoir au Mali – qui a pris le pouvoir après un coup d’État en mai 2021 – a mis un terme brutal aux neuf années d’engagement militaire de la France dans le pays.
    Le communiqué de l’Elysée est intervenu à un moment où les réactions sociales avaient alimenté le scepticisme entourant l’opération Barkhane . Dans le contexte des élections françaises alors imminentes, cette manœuvre semblait suggérer que l’engagement français au Sahel avait pris soin d’éviter d’être surnommé «l’Afghanistan français».

    Le Mali était le point focal de la contre-insurrection française au Sahel , une ceinture de 4 millions de kilomètres carrés qui s’étend sur la frontière savane-désert de l’Afrique. L’opération a vu le jour en 2013 avec l’ Opération Serval . Il a donné suite à la demande du Mali d’évincer les djihadistes qui avaient profité des griefs des minorités existantes, utilisant la rébellion touareg comme cheval de Troie pour conquérir les territoires du nord du Mali.
    Comme ce fut le cas au début de la guerre en Afghanistan, Serval s’est avéré être un succès tactique. En 2014 , l’ Opération Serval a été étendu à toute la région , y compris la Mauritanie , le Niger , le Burkina Faso et le Tchad , dans ce qui est devenu connu sous le nom d’ opération Barkhane . Ce dernier ne devait durer que quelques semaines mais ne s’est pas déroulé comme prévu. Plutôt que d’apaiser la situation, le déroulement de Barkhane s’est heurté à une augmentation des pertes , à une escalade de l’insurrection et à une baisse des soutiens sur le terrain et à l’intérieur .

    Ces dernières années , l’implication du contre-terrorisme français au Sahel a vu une escalade de l’opposition locale , avec des protestations incitées par les médias sociaux et une colère généralisée contre l’insécurité. D’une part, le désenchantement local s’est produit car, contrairement à ce qui était attendu, les Sahéliens ont longtemps été témoins de l’échec de la France à éviter les pertes de l’armée locale . De plus, bien que Barkhane ait été promu comme « agissant pour le bénéfice maximum des populations locales », l’armée française n’a pas réussi à empêcher l’augmentation des pertes civiles et le déplacement généralisé de la population .

    Les succès tactiques de Barkhane – impliquant la neutralisation de djihadistes de haut niveau tels qu’Adnan Abu Walid al-Sahraoui, chef de l’État islamique au Grand Sahara (ISGS), et Abdelmalek Droukel, chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique ( AQMI ) – ils ne se sont pas traduits par un succès pour la stratégie globale de la mission et ont été dépassés par l’incapacité de la France à réduire les événements violents dans la région. L’élargissement de leur champ d’action aux contentieux locaux a permis aux groupes djihadistes – notamment l’ISGS et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), la branche d’al-Qaïda dans la région – de se consolider son influence, se mobiliser et obtenir des ressources pour renforcer son action. En outre, la crise des déplacements et la crise humanitaire – avec 1,4 million de personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI) en 2019 – ont montré que la situation est loin de s’améliorer. Depuis 2015, plus de 23 500 civils ont été tués au Mali , au Niger et au Burkina Faso , dont la moitié au cours des trois dernières années.

    Ajouté aux perceptions mutuelles dissonantes qui ont caractérisé les relations franco-maliennes , en partie aggravées par le virage pro-russe du Mali, le sentiment populaire anti-français croissant a contribué à alimenter le soutien aux coups d’État d’août 2020 et de mai 2021 .

    e point de basculement est survenu en mars 2021 , lorsque les enquêteurs de l’ONU ont révélé qu’une frappe aérienne française avait frappé un mariage dans le centre du Mali au début de l’année et avait tué 19 civils.

    Dans la région au sens large, l’irritation à propos de Barkhane a culminé en novembre 2021lorsque des manifestants dans le nord du Burkina Faso et l’ouest du Niger ont bloqué un important convoi de fournitures militaires françaises. Dans la ville nigériane de Tera, des soldats français ont tiré sur des manifestants pour libérer le convoi, tuant trois personnes et faisant 18 blessés. De plus, à la suite du coup d’État militaire de janvier 2022 , à Ouagadougou, les images des milliers de Burkinabés descendant dans la rue , avec beaucoup dans la foule agitant des drapeaux russes et tenant des banderoles anti-françaises , ne sont plus une surprise.

    Cette désillusion s’est conjuguée à la perception partagée qu’un « embouteillage sécuritaire » a transformé le Sahel en une arène pour les acteurs internationaux de la sécurité aux mandats d’intervention contradictoires . Ainsi, au lieu de s’améliorer, la situation s’est aggravée.

    La myriade d’interventions – du G5 Sahel et de la MINUSMA aux missions de formation de l’UE et la dernière initiative, la Task Force Takuba – ont encore contribué à la rhétorique jihadiste anti-néocoloniale en exploitant les plaintes des populations. Bien que les acteurs de la sécurité continuent de ne pas parvenir à stabiliser la région, l’intervention internationale et, en particulier, française continue d’être vue à travers les yeux méfiants d’une population fatiguée.

    L’annonce de février est également intervenue au moment où Emmanuel Macron se préparait pour le premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril. Comme lors de la campagne de 2017 , lorsqu’elle a émis l’idée que les opérations extérieures françaises devaient être réduites en ampleur et se traduire par des efforts internationaux accrus, l’opinion publique française semble jouer un rôle dans la transformation de Barkhane .

    Les opérations militaires françaises à l’étranger continuent d’être perçues aux yeux du public comme un prétexte pour couvrir des intérêts indéfinis – comme la sécurité de l’uranium d’Areva au Niger – en collaborant avec des régimes autoritaires .

    De plus, dans un contexte où des questions plus urgentes semblent occuper l’arène géopolitique, la congruence entre les moyens et les capacités de Barkhane n’a pas réussi à répondre aux paramètres de la mission. L’opération a déployé jusqu’à 5 100 soldats, 780 véhicules militaires et environ 40 avions de combat, pour un coût d’environ 1,2 milliard de dollars par an. Ainsi, en janvier 2021 , pour la première fois depuis le début de la mission en 2013, un sondage Ifop montrait que la majorité – 51 % – de la population française n’était pas favorable à l’intervention française au Mali., avec environ 19 % se déclarant « fortement opposés ». Cela contraste avec les 73% en 2013 et 58% en 2019 qui soutenaient la présence militaire française au Mali.

    Moins d’un mois avant de se présenter aux élections, Macron a rejeté la responsabilité sur la junte malienne : « nous ne pouvons pas rester engagés militairement avec des autorités de facto dont nous ne partageons pas la stratégie et les objectifs cachés ». Dans l’ ensemble, l’électorat français et les contributions négatives des populations locales semblent avoir joué un rôle central dans le façonnement du déroulement de l’opération Barkhane et de l’avenir des missions antiterroristes françaises dans la région .

    Bien qu’ayant capté l’essentiel de l’attention, les coups d’État au Mali et la montée au pouvoir conséquente des russophiles prêts à négocier avec les djihadistes, responsables de la mort de 54 soldats français depuis 2013 et dont le but est la raison d’être de Barkhane, ce n’était pas la cause, mais il a souligné que la journée de la France au Mali est sur le point de se terminer. Alors que Wagner – une société paramilitaire publique-privée gérée au sein du cercle oligarchique de Vladimir Poutine – s’apprête à exploiter le vide laissé par les Français et la Task Force Takuba au Sahel, l’annonce de Macron en février indique une dynamique que les décisions gouvernementales en France concernant une région traditionnellement sous son emprise, ils ont été conditionnés par des schémas de mécontentement parmi les populations françaises et sahéliennes .

    L’Indro, 22/04/2022

    #Mali #Sahel #Tchad #BurkinaFaso #Barkhane #Niger #France #Takuba #Terrorisme #Russie #Wagner

  • Charnier de Gossi: une manipulation pour accuser les russes?

    Charnier de Gossi: une manipulation pour accuser les russes?

    Charnier de Gossi: une manipulation pour accuser les russes? – France, Barkhane, Takuba, terrorisme, Russie, Wagner,

    Les images de drone floues, des légendes et commentaires orientés, utilisation abusive de médias ne sont pas une preuve. Analyse du scandale. Pourquoi la France se dépense-t-elle autant pour diaboliser la Russie ? Le scandale de corps enterrés dans le désert malien impliquant l’armée française et des paramilitaires russes qui se renvoient tous deux la responsabilité des morts tourne en boucle dans les médias. Pour les Français, des images de leur drone feraient foi. Mais pas pour les Africains.

    Dans ces images floues, l’on voit des individus en pleine action, enterrant des corps sans rien pour les identifier clairement. Nous pensons que la France peut faire mieux. Pour se dédouaner, la France s’appuie donc sur ses propres images de drone. Juge et partie à la fois, elle veut convaincre le monde entier qu’elle n’y est pour rien. Seulement, il y a des publications qui pointent de plus en plus un doigt accusateur vers ce pays . Surtout lorsqu’on sait que ce même drone n’a jamais pu aider les forces maliennes à localiser les terroristes ou à seulement les voir arriver.

    Les images de drone juges et partie

    Depuis la venue des paramilitaires Russes au Mali, avec la volonté du pouvoir malien, les Français multiplient des images des drones sur le ciel malien comme par enchantement. Mais seulement lorsqu’il s’agit de discréditer la présence russe dans le sahel. Une attitude qui leur donne l’image de mauvais perdant et fait dire à beaucoup qu’elle pourrait tout aussi bien être auteur de plusieurs actes ignobles dont elle aimerait donner la responsabilité aux Russes. Pendant qu’elle fait sans succès une guerre d’influence aux Maliens et à Assimi Goïta leur leader politique, elle se serait aussi lancée dans une guerre pour la désinformation.

    Comme quoi, si elle ne récupère pas ses positions au Mali et au Sahel, elle pourrait tout de même essayer de nuire aux Africains et au Maliens en particulier, mais surtout aux Russes qui semblent doubler leur offensive diplomatique en Afrique. La présence russe n’est pas seulement mal perçue par les Occidentaux au Mali. De nombreux pays ont montré leur soutien à la Fédération de Russie depuis le lancement de son Opération Militaire Spéciale en Ukraine le 24 février 2022.

    La messe est dite

    Un soutien qui s’est plus d’une fois vérifié lors des votes à l’ONU. Les résultats de ces consultations ont prouvé que même dans le monde, seuls les Occidentaux semblent lui refuser leur soutien ou compréhension. Mais Européens, Américains et japonais sont parties de la crise politico-militaire en Ukraine.

    Saimondy Actualités, 23/04/2022

    #Mali #Gossi #France #Russie #Wagner #Charnier #Barkhane #Takuba

  • Mali: Nécessité d’accompagner les sanctions d’une aide humanitaire

    Mali: Nécessité d’accompagner les sanctions d’une aide humanitaire

    Mali: Nécessité d’accompagner les sanctions d’une aide humanitaire – Abdoulaye Mar Dieye, climat, paix et développement au Sahel, CEDEAO,

    Déclaration de M. Abdoulaye Mar Dieye à la réunion de la Commission de consolidation de la paix sur les défis liés au climat pour la paix et le développement au Sahel

    Excellences,

    Chers collègues,

    Je suis particulièrement heureux de vous rejoindre aujourd’hui depuis Dakar pour faire la lumière sur la situation au Sahel.

    Je voudrais saisir l’occasion pour remercier le vice-président de la Commission de consolidation de la paix, SE l’ambassadeur Jose Blanco ainsi que l’ASG Elizabeth Spehar, qui est en ligne avec nous, et les collègues de PBSO, pour avoir organisé cette réunion opportune. Je tiens également à remercier mes collègues de l’OIM, de la FAO et de l’UNOWAS ; nos briefers de la société civile du Niger et du Mali ainsi que des représentants du G5 Sahel (ES Eric Tiare), de l’UA (Ambassadrice Fatima Kyari Mohammed) et de l’UE (Envoyée Emanuela Claudia Del Re). La liste des briefers d’aujourd’hui démontre l’énorme effort de coordination et les partenariats solides qui sont nécessaires pour garantir des résultats positifs au Sahel.



    Excellences,

    Ce sont des temps graves ! Le Sahel, objet de notre discussion aujourd’hui, subit des tensions supplémentaires, non seulement au niveau national et régional, mais aussi d’un point de vue international.

    D’une part, les récentes transitions militaires dans la région ont encore restreint les espaces démocratiques et politiques. Les sanctions de la CEDEAO contre le Mali, si elles ne sont pas accompagnées d’une clause humanitaire forte et de solides mesures d’atténuation, exerceront une pression supplémentaire sur une situation économique et sociale déjà désastreuse dans toute la région.

    D’autre part, la guerre actuelle en Ukraine pousse déjà à la hausse les prix du pétrole, du gaz et des denrées alimentaires dans le monde et aura sans aucun doute un fort impact sur les pays du Sahel. Cela créera probablement un effet d’éviction sur le financement humanitaire, singulièrement pour le Sahel, où les besoins humanitaires sont considérablement sous-financés à un taux faible de 20 à 25 %.

    Ces faits alarmants rendent cette réunion du PBC d’autant plus opportune et je tiens à vous remercier tous pour votre engagement envers le Sahel et votre leadership dans la résolution des causes profondes de la crise dans la région.

    La situation appelle des réponses édifiantes et solidaires.

    Premièrement, il est crucial de préserver l’unité politique du G5 Sahel et de réaffirmer son rôle central pour relever les nombreux défis auxquels la région est confrontée. Ce faisant, nous devons élever notre partenariat programmatique avec le G5 Sahel ; grâce à un meilleur alignement de notre soutien collectif à son Programme d’Investissement Prioritaire (PIP).
    Constatant l’importance et la centralité du G5 Sahel, je voudrais attirer votre attention sur la nécessité d’aborder le Sahel « à géométrie variable » : en effet, il faut regarder la région dans une perspective plus large, en incluant dans la politique et paramètres de sécurité, le Processus de Nouakchott et l’Initiative d’Accra.

    Deuxièmement, il est essentiel d’intensifier notre financement structurel aux pays du Sahel dans l’esprit du Plan Marshall allemand avec l’Afrique, qui vise à promouvoir l’innovation et à exploiter le potentiel de la jeunesse africaine. Le drame du Sahel est que l’investissement global est chroniquement faible ; une moyenne de 16-18 % du PIB ; tandis qu’un plancher minimum de 24 % du taux d’investissement global serait requis.

    À cet égard, les investissements structurels tels que l’Initiative de la Grande Muraille Verte de l’Union africaine et l’initiative Desert-to-Power de la Banque africaine de développement auront besoin d’un soutien plus fort pour une mise en œuvre à plus grande échelle.

    Troisièmement, les initiatives en cours réussies mises en œuvre dans le cadre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel (SINUS) doivent être renforcées. Parmi ceux-ci, permettez-moi de mentionner l’initiative conjointe FAO-OIM sur la transhumance et la prévention des conflits soutenue par le Fonds pour la consolidation de la paix, l’initiative dirigée par le PNUD sur la stabilisation dans le bassin du lac Tchad et récemment dans la région du Liptako-Gourma, les agences des Nations Unies basées à Rome. appui à la résilience au Sahel. Toutes ces initiatives ont été vivement saluées par les chefs d’État et de gouvernement du G5 Sahel lors du sommet de N’Djamena en février 2021.

    Ce que nous apprenons de ces initiatives, c’est que le fonds pour la consolidation de la paix est un outil utile grâce auquel nous pouvons tester de nouvelles approches en plaçant la prévention au centre du lien humanitaire/développement/consolidation de la paix et en investissant dans la participation et l’autonomisation significatives des femmes et des jeunes, ciblant les groupes à risque dans les zones frontalières et transfrontalières traditionnellement délaissées.

    Excellences,

    Nous devons agir avec un sentiment d’urgence et de solidarité. Par conséquent, nous devons investir dans le moteur le plus puissant qui transformerait le Sahel en une version meilleure et stable, à savoir l’éducation. Il n’y aura pas de Sahel paisible et prospère sans notre jeunesse, et n’oublions pas l’importance d’investir dans les jeunes filles. Le Sahel a besoin de tout le monde sur le pont et dans de nombreuses configurations, nous avons vu comment les femmes et les filles agissent comme une force motrice.

    Investir dans la jeunesse n’est pas seulement une bonne économie et intelligente face au climat ; mais c’est un acompte pour un avenir stable, paisible et des plus prometteurs. Cela devrait alors être au cœur du Fonds de Consolidation de la Paix, singulièrement au Sahel.

    Merci.

    United Nations Integrated Strategy for the Sahel, 21/04/2022

    #Mali #Sahel #CEDEAO #Climat #Sanctions