Étiquette : Mali

  • Le Mali suspend la diffusion de France 24 et RFI

    Le Mali suspend la diffusion de France 24 et RFI – armée malienne, Barkhane, Sahel, FAMA, exactions, Wagner, Takuba,

    Au Mali, le pouvoir en place a suspendu, dans la nuit de mercredi à jeudi, la diffusion de Radio France Internationale (RFI) et France 24. La cause : des accusations contre l’armée malienne d’avoir commis des exactions, indique l’AFP.

    Pour le gouvernement malien, il s’agit de « fausses allégations contre les vaillantes Fama (Forces armées maliennes) » qu’il rejette catégoriquement. Par conséquent, il « engage une procédure (…) pour suspendre jusqu’à nouvel ordre la diffusion de RFI (…) et France 24 », précise le communiqué signé du colonel Abdoulaye Maiga, porte-parole du gouvernement.

    Dans son communiqué, le gouvernement malien souligne que « ces fausses allégations » ont été véhiculées à la suite d’un reportage « dans lequel RFI a donné la parole à des victimes présumées d’exactions qui auraient été commises par l’armée malienne et le groupe privé russe Wagner. »

    Très virulent, le même communiqué a fait un parallèle entre les agissements de de RFI et France 24 au Mali et le rôle de la radio Mille Collines, « qui avait encouragé le génocide au Rwanda en 1994. »

    Les relations entre le Mali et la France sont au plus bas depuis des mois. Fin janvier, les autorités de ce pays voisin ont expulsé l’ambassadeur de France.

    « Le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale que ce jour (…) l’ambassadeur de France à Bamako, son excellence Joël Meyer, a été convoqué par le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale [et] qu’il lui a été notifié la décision du gouvernement qui l’invite à quitter le territoire national dans un délai de soixante-douze heures », avait indiqué un communiqué.

    En réaction, Paris et ses alliés, dont le Canada, ont annoncé, mi-février, le retrait de leurs troupes du Mali. Ce à quoi le pouvoir en place au Mali a répliqué par une exigence de retirer toutes les troupes et sans délai.

    « Le Mali a pris acte de la décision unilatérale (…) des autorités françaises de procéder au retrait des forces militaires de Barkhane et Takuba, en violation des accords liant la France et le Mali », avait réagi un porte-parole qui lisait un communiqué à la télévision nationale.

    Et d’enjoindre, « Au regard de ces manquements répétés (aux) accords de défense, le gouvernement invite les autorités françaises à retirer sans délai les forces Barkhane et Takuba du territoire national, sous la supervision des autorités maliennes. »

    Le départ forcé de France 24 et de RFI est acté alors que la chaîne d’information Russia Today lorgne de plus en plus sur l’Afrique de l’Ouest. C’est en tout cas ce qu’affirme Jeune Afrique.

    « Selon nos informations, plusieurs membres de l’équipe dirigeante de la rédaction parisienne de ce puissant média, qui compte environ une centaine de salariés, évoquent désormais l’idée d’un repli en Afrique de l’Ouest », révèle le magazine.

    Skander Boutaiba

    La Patrie News, 17/03/2022

    #Mali #France #France24 #RFI

  • Mali : “La France nous a trahis” (Choguel Maïga)

    Mali : “La France nous a trahis” (Choguel Maïga)

    Mali : “La France nous a trahis” (Choguel Maïga) – Barkhane, Takuba,

    Le Premier ministre malien, Choguel Maïga, a accusé la France de trahison et de vouloir “diviser” le Mali.

    Dans un entretien accordé a France 24 et RFI, le chef de gouvernement malien a révélé que « les hautes autorités françaises, des sénateurs et des députés ont dit clairement dans des débats:”il faut donner l’autonomie au nord du Mali” ».

    «Ils veulent diviser le Mali et que les Maliens du nord et du sud ne peuvent pas vivre ensemble », a-t-il ajouté.

    Maïga a fait savoir qu’Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères sous Nicolas Sarkozy, a dit lors de son dernier voyage au Mali en mars 2012 qu’il “faut donner l’autonomie aux Touareg”.

    Sur l’intervention de la France au Mali en 2013, il a précisé qu’ «il n’était pas prévu le déploiement de soldats français sur le sol malien».

    Pour le candidat du Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR) qui se présente pour la troisième fois a la présidentielle malienne, il faut selon lui “rebatir l’Etat, il faut refonder l’armée, il faut réaffirmer un deuxième point, l’unité de notre peuple et l’intégrité de son territoire; il faut ensuite former l’homme comme actuel développement et enfin assurer la promotion de la femme et redonner espoir a la jeunesse”.

    “Ce qui nous est arrivé, soutient-il, c’est le résultat d’une trahison du peuple et de son armée, par l’élite politique”.

    “Pendant vingt ans, on a instauré l’indiscipline dans l’armée; les hauts responsables politiques ont fait de l’armée un dépotoir de tous les enfants qu’ils n’arrivaient pas a contrôler”, a-t-il estimé.

    Quant au putsch de l’année dernière a Bamako dénoncé par tous les candidats, Maïga a déclaré que “par principe, nous avons dit que nous ne pouvons pas cautionner le renversement d’un pouvoir légal et légitime”.

    “C’est ce qui a justifié, explique-t-il, notre présence au sein du Front pour la sauvegarde de la démocratie et de la République”.

    Bamako accuse Paris d’un “abandon en plein vol”

    Le Premier ministre malien déplore le “vide” que risque de créer le retrait des troupes françaises dans le nord du Mali particulièrement. Et ce, dans un contexte de menace jihadiste accrue.

    Le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga a accusé samedi la France d’un “abandon en plein vol” avec sa décision de retrait de la force Barkhane, justifiant la nécessité pour son pays de “chercher d’autres partenaires”, a rapporté BFMTV.

    “La nouvelle situation née de la fin de Barkhane, plaçant le Mali devant le fait accompli et l’exposant a une espèce d’abandon en plein vol, nous conduit a explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome avec d’autres partenaires”, a-t-il dit a la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies.

    Il s’agit de “combler le vide que ne manquera pas de créer la fermeture de certaines emprises de Barkhane dans le nord du Mali”, a précisé le Premier ministre, déplorant un “manque de concertation” et une annonce “unilatérale” sans coordination tripartite avec l’ONU et le gouvernement malien.

    “Annonce unilatérale”

    Dans un contexte de menace jihadiste accrue, “l’opération française Barkhane annonce subitement son retrait en vue, dit-on, d’une transformation en coalition internationale dont tous les contours ne sont pas encore connus”, a aussi dit Choguel Kokalla Maïga. Et d’ajouter: “en tout cas, pas de mon pays, pas de notre peuple”.

    “L’annonce unilatérale du retrait de Barkhane et sa transformation n’ont pas tenu compte du lien tripartite qui nous lie”, l’ONU, le Mali et la France. “Le Mali regrette que le principe de consultation et de concertation, qui doit être la règle entre partenaires privilégiés, n’ait pas été observé en amont de la décision”, a poursuivi le Premier ministre malien.

    Il a réclamé qu’au vu de l’évolution a venir, alors que le peuple malien est en droit de vivre en sécurité, la mission de paix Minusma de l’ONU et ses 15.000 Casques bleus aient “une posture plus offensive sur le terrain”.

    Choguel Kokalla Maiga enfin assuré qu’il n’y avait “pas de sentiment anti-Minusma au Mali, pas plus qu’un sentiment antifrançais”.

    Echourouk, 23/02/2022

    #Mali #France #Barkhane



  • Dix-huit civils tués dans une attaque dans l’ouest du Niger

    Dix-huit civils tués dans une attaque dans l’ouest du Niger – État islamique en Afrique de l’Ouest, terrorisme, Mali, Burkina Faso,

    DAKAR, 22 février (Reuters) – Dix-huit civils ont été tués lors de l’attaque de leur véhicule de transport dans une région de l’ouest du Niger fréquemment visée par les militants islamistes, a déclaré mardi le gouvernement.

    Le ministre de l’Intérieur Alkassoum Indatou a attribué l’attaque de dimanche dans la région de Tillaberi, près de la frontière malienne, à « des bandits armés, à bord de plusieurs motos, qui n’ont pas encore été identifiés ».

    Il a précisé dans un communiqué que 13 des victimes étaient originaires du village de Foney Ganda et cinq du village de Tizegorou.

    Les responsables locaux ont imputé une série de massacres de civils depuis l’année dernière à la branche de l’État islamique en Afrique de l’Ouest, qui, avec les militants liés à Al-Qaïda, est responsable de la spirale de violence dans les pays sahéliens du Niger, du Mali et du Burkina Faso.

    Reuters, 23/02/2022

    #Niger #Terrorisme #Etat_Islamique #Afrique_Ouest

  • Mali : L’ambassadeur de France sommé par les autorités de quitter le pays

    Mali : L’ambassadeur de France sommé par les autorités de quitter le pays

    Mali : L’ambassadeur de France sommé par les autorités de quitter le pays – Sahel, Barkhane, Wagner,

    L’ambassadeur de France à Bamako, Joël Meyer, a été sommé de quitter le Mali dans un délai de 72 heures, en réaction aux propos tenus par le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a indiqué le gouvernement malien dans un communiqué.

    « Le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale que, ce jour, lundi 31 janvier 2022, l’Ambassadeur de France à Bamako SEM Joël MEYER a été convoqué par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale qui il lui a notifié la décision du gouvernement qui l’invite à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures », indique-t-on dans le communiqué, publié lundi et consulté par l’Agence Anadolu.

    « Cette mesure fait suite aux propos hostiles et outrageux du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères tenus récemment et à la récurrence de tels propos par les autorités françaises à l’égard des autorités maliennes, en dépit des protestations maintes fois élevées », note-t-on encore.
    Et d’ajouter : « Le gouvernement du Mali condamne vigoureusement et rejette ces propos qui sont contraires au développement de relations amicales entre nations ».

    Le gouvernement malien « réitère sa disponibilité à maintenir le dialogue et poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires internationaux y compris la France, dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence, conformément aux aspirations légitimes du Peuple Malien », selon la même source.

    Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, avait jugé « illégitimes » les autorités de transition et dénoncé leur « fuite en avant ». Il avait aussi estimé que le groupe russe Wagner était déjà à l’œuvre au Mali et qu’il y « protégeait les autorités en échange de l’exploitation des richesses minières du Mali ».

    AA/Ankara/Issa Aliou

    #Mali #France #Sahel #Barkhane

  • Mali: retrait danois et critiques contre la France

    Mali: retrait danois et critiques contre la France – Barkhane, Takuba, Danemark, UE,

    COPENHAGUE/PARIS, 27 janvier (Reuters) – Le Danemark va commencer à retirer ses troupes du Mali après que le gouvernement de transition de ce pays d’Afrique de l’Ouest a insisté cette semaine sur un retrait immédiat, un coup dur pour la France alors que ses opérations antiterroristes au Sahel commencent à s’effilocher.

    Cette décision intervient dans un contexte de tension entre le Mali et ses partenaires internationaux, notamment les organismes régionaux et l’Union européenne, qui ont sanctionné le Mali après que la junte a échoué à organiser des élections à la suite de deux coups d’État militaires.

    Les tensions se sont également intensifiées à la suite d’allégations selon lesquelles les autorités de transition ont déployé au Mali des entrepreneurs militaires privés du Groupe Wagner, soutenu par la Russie, ce qui, selon certains pays de l’UE, est incompatible avec leur mission.

    « Nous pouvons constater que le gouvernement de transition malien, ou les généraux putschistes, ont envoyé hier soir une déclaration publique dans laquelle ils ont à nouveau réitéré que le Danemark n’est pas le bienvenu au Mali, et nous ne supporterons évidemment pas cela », a déclaré jeudi à la presse le ministre des Affaires étrangères Jeppe Kofod. « Par conséquent, nous avons décidé de retirer nos soldats chez eux ».

    Le Danemark avait envoyé 105 militaires au Mali le 18 janvier pour rejoindre une mission des forces spéciales européennes, connue sous le nom de Takuba, qui a été mise en place pour aider le Mali à lutter contre les militants islamistes. Le Danemark a déclaré que ses troupes s’étaient déployées après une « invitation claire » du Mali.

    Mais le gouvernement malien a déclaré cette semaine qu’il était surpris par la présence danoise, car une décision n’avait pas encore été prise à la suite d’une demande de déploiement de troupes formulée par le Danemark en juin.

    Le retrait du Danemark, qui intervient après que la Suède a affirmé au début du mois qu’elle quitterait le Mali en mars, est un casse-tête pour la France, qui avait tant misé sur l’ »européanisation » de son intervention au Sahel, où Paris a des milliers de soldats en opération.

    Les relations entre la France et son ancienne colonie se sont dégradées et, mercredi, la junte s’en est prise à Paris en lui demandant de cesser de s’ingérer dans les affaires du pays et de garder pour elle ses « réflexes coloniaux ».

    La France et 14 autres pays européens ont exhorté mercredi la junte à autoriser les forces spéciales danoises à rester au Mali, rejetant les affirmations de la junte selon lesquelles leur présence n’a pas de base légale. Maiga a répondu que les Danois devaient se retirer immédiatement.

    « Nous les invitons (les Danois) à faire attention à certains partenaires qui ont malheureusement du mal à se débarrasser de leurs réflexes coloniaux », a déclaré M. Maiga.

    La décision de la junte de demander au Danemark de partir aura probablement un impact sur les déploiements futurs, la Norvège, la Hongrie, le Portugal, la Roumanie et la Lituanie devant envoyer des troupes cette année.

    La Norvège, le Portugal et la Hongrie attendent toujours l’autorisation de déployer leurs forces spéciales, a indiqué la junte.

    #Mali #Takuba #Danemark #Barkhane #UE #France

  • Afrique : rivalité entre l’UE et la Russie et la Chine

    Afrique : rivalité entre l’UE et la Russie et la Chine

    Afrique : rivalité entre l’UE et la Russie et la Chine – République centrafricaine, RCA, Wagner, Mali, Sahel,

    Au cours de la dernière décennie, l’engagement chinois et russe en Afrique s’est considérablement accru, mettant les deux puissances en concurrence directe avec l’Union européenne. Dans des développements récents, en République centrafricaine (RCA), des mercenaires russes ont récemment pris le commandement d’au moins un bataillon formé par l’UE pour aider à « précéder » le pays riche en minéraux, selon un rapport divulgué. «Aujourd’hui, la plupart des unités FACA déployées opèrent sous le commandement direct ou la supervision de mercenaires du groupe Wagner (WG). Le GT a également établi une solide influence sur l’état-major des Forces armées centrafricaines (FACA) et d’autres institutions gouvernementales », indique le récent rapport du service extérieur de l’UE. Andrew Lebovich, chargé de mission au Conseil européen des affaires étrangères (ECFR), déclare que « depuis que l’on a appris en septembre que le gouvernement malien négociait un contrat avec la société militaire privée russe Wagner Group, la France et d’autres États européens ont fait de cette question un point central de leur activité diplomatique. »

    Jusqu’à 1 000 mercenaires russes censés mener des opérations de formation, de protection rapprochée et de lutte contre le terrorisme seraient payés par des concessions au groupe Wagner ou à des sociétés liées sur plusieurs mines, pour un minimum estimé à 10 millions d’euros par mois, bien que le coût réel pourrait être beaucoup plus élevé. Lebovich explique également qu’« en réponse, la France, l’Allemagne et l’UE ont tous exprimé clairement leur mécontentement, en publiant des déclarations fermes condamnant cette décision.

    Bien que les observateurs et diplomates européens s’opposent généralement à une éventuelle présence de Wagner au Mali, certains ont estimé que le recul agressif de la France avait été contre-productif. Sa réponse a joué dans les appels populistes à la « souveraineté » – contre l’influence française continue en tant qu’ancienne puissance coloniale. Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a affirmé en novembre à Moscou le droit souverain du Mali de poursuivre des partenariats de sécurité au-delà de ceux existant avec la France et l’UE. Il a même encouragé la Russie à poursuivre l’extraction minière et d’autres opportunités commerciales au Mali.

    Pendant ce temps, le président chinois Xi Jinping a promis à l’Afrique un milliard de doses de vaccin Covid, le continent ayant du mal à acquérir suffisamment de vaccins pour se vacciner contre la maladie. Dans un discours prononcé au 8e Forum sur la coopération sino-africaine (Focac) à Dakar, au Sénégal, le président Xi a déclaré que son pays donnerait directement 600 millions de doses, 400 millions de doses supplémentaires provenant d’autres sources, telles que des investissements dans des sites de production. La Chine n’est pas seulement le premier partenaire commercial de l’Afrique, mais aussi le plus grand créancier de l’Afrique. Alors que les experts disent que la relation doit être réorganisée dans l’intérêt du peuple africain, la balle est dans le camp africain, soulignent-ils.

    Alors que l’annonce de Xi pouvait être considérée comme faisant partie des efforts de la Chine pour redorer son image, l’auteur et chercheur allemand Helmut Asche a déclaré que rien ne pouvait être gagné en dénigrant les efforts de la Chine. « Les donateurs occidentaux sont clairement en deçà de ce que nous aurions dû faire », a déclaré Asche, faisant clairement référence à la distribution inégale des vaccins entre les pays riches et les pays en développement. « Il y a des intérêts clairs derrière la partie chinoise, mais cela sert également un objectif africain », a déclaré Asche aux médias.

    La Chine est de plus en plus contrariée par les critiques occidentales. Le ministère des Affaires étrangères de Pékin a déclaré que le gouvernement était « étonné par les récents commentaires du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian au sujet d’une prétendue déception africaine envers les Chinois ». Le problème réside dans le manque de transparence, souligne l’universitaire Asche. « La moitié de la dette chinoise contractée par les pays africains est ce qu’on appelle la dette cachée. La dette cachée signifie que nous ne connaissons pas les conditions exactes de remboursement, l’état de remboursement, etc. En réponse aux ouvertures de la Chine sur le continent, l’UE a lancé ce qui est décrit comme une feuille de route pour des investissements majeurs dans les infrastructures à l’échelle mondiale.

    Sa stratégie Global Gateway, dont l’objectif est de lever 340 milliards de dollars pour financer les infrastructures, est considérée comme un défi pour l’initiative chinoise la Ceinture et la Route (BRI). Il portera sur les transports, la santé, l’éducation, et des projets numériques et climatiques à travers le monde, notamment en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique latine. Et c’est en Afrique que le programme Global Gateway sera confronté au test majeur de son efficacité à contrer l’influence économique chinoise, déclare Francesca Ghiretti de l’Institut Mercator pour les études chinoises, basé à Berlin.

    La Commission européenne ne mentionne pas le marché africain comme objectif prioritaire, « mais c’est logique, puisque c’est là que l’arrivée des financements chinois a le plus nui aux entreprises européennes, qui ont souvent perdu des parts de marché », explique Jean-François Dufour, directeur de DCA China-Analysis, une société de conseil. Le Global Gateway a aussi un avantage car, « en copiant plus ou moins la manière de faire chinoise, l’Union européenne prive Pékin d’un de ses arguments favoris en Afrique :

    euBulletin, 11/12/2021

    #Afrique #UE #Chine #Russie #GlobalGateway

  • Politique étrangère: 2021, l’année de tous les défis

    Politique étrangère: 2021, l’année de tous les défis – Algérie, diplomatie, Maroc, France, Macron, Libye, Tunisie, Sahara Occidental, Mauritanie, Niger, Mali, Sahel

    Est-il possible de rattraper de longues années d’absence sur la scène politique internationale ? C’est la problématique posée et à laquelle l’appareil diplomatique va s’atteler résolument et avec détermination dans plusieurs directions, africaine, arabe et internationale.

    On aura relevé cette « résurrection » depuis les sommets de Berlin I et II sur la crise libyenne à laquelle l’Algérie accorde une grande importance. « Une ligne rouge », déclarera le Président Abdelmadjid Tebboune aux médias. Pour autant, les escales sont nombreuses, aussi sensibles les unes que les autres, où il faudra défendre la doctrine algérienne en politique étrangère, faire entendre sa voix, défendre ses positions dans l’esprit du vivre-ensemble, de paix, de règlement des différends par les moyens pacifiques des crises et la non-ingérence dans les affaires intérieures des États. Libye, Mali et le Sahel, Sahara Occidental, Palestine sont les dossiers lourds dans lesquels va s’investir la diplomatie algérienne.

    France : la gaffe de Macron
    La nomination de Ramtane Lamamra à la tête du ministère des Affaires étrangères, à la suite de Sabri Boukadoum, en juillet 2021, a pour objectif de donner plus de visibilité sur les positions de l’Algérie. De fait, il sera très vite confronté à deux crises d’importance. Tout d’abord avec la France, suite aux propos du Président Emmanuel Macron niant l’existence de la Nation algérienne avec l’invasion coloniale française de 1830 et la mise en avant d’une « rente mémorielle » dont se nourrit le régime algérien.

    Une série de mesures, en représailles, sera prise dont le rappel de l’ambassadeur, l’interdiction du survol des avions militaires français de l’espace aérien notamment. Des mesures qui surprendront les autorités françaises habituées au profil bas des régimes précédents. La réduction de 50% de la délivrance des visas aux Algériens, la volonté d’expulser 13 000 sans-papiers algériens dépasseront les classiques querelles entre les deux capitales. Il n’empêche que c’est dans ce contexte que Ramtane Lamamra fera le déplacement à Paris dans le cadre de la tenue de la Conférence internationale sur la Libye, le 21 novembre dernier.

    Emmanuel Macron ne revient pas sur ces déclarations mais charge son ministre des Affaires étrangères et de l’Europe Jean-Yves Le Drian de procéder à un rétropédalage à partir de Bruxelles, d’abord, où il déclare que son pays respecte « la souveraineté » de l’Algérie. Suivra une visite à Alger, mercredi 8 décembre, en vue d’« apaiser » une relation fortement en crise.

    Outre son collègue des AE, il sera reçu à El Mouradia, par le Président Abdelmadjid Tebboune. En parallèle, Macron multiplie les gestes de réconciliation.

    Maroc, le torchon brûle
    On retiendra que l’année 2021 sera fortement impactée par la brusque mais prévisible tension avec le Maroc. Résultat : rupture de toutes les relations dont celles diplomatiques, annoncée le 24 août dernier par Ramtane Lamamra au cours d’une conférence de presse. Les raisons à la base de cette grave crise tiennent des hostilités permanentes marocaines au soutien du MAK (Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie), Rachad et les autres opposants.

    Outre le maintien de la fermeture des frontières déjà actée depuis de nombreuses années, l’interdiction de survol des avions civils et militaires marocains de l’espace aérien de l’Algérie. Plus encore, il s’ensuivra le non-renouvellement du contrat d’acheminement du gaz naturel vers l’Espagne par le gazoduc sur le territoire marocain. Un autre événement donnera une tournure plus dangereuse à la crise suite à l’assassinat, début novembre 2021, de trois chauffeurs algériens en route pour la Mauritanie.

    L’hostilité du Makhzen est maintenant ouverte depuis la « normalisation » avec l’État sioniste d’Israël qui sera suivie, une année plus tard, par des visites des officiels de l’État usurpateur. C’est l’escalade. Le Rubicon est franchi avec la déclaration du ministre de la Défense israélien menaçant, qui plus est du territoire marocain, l’Algérie.
    Par ailleurs, le Makhzen ne s’arrête pas là puisqu’il se fera l’avocat de l’entrée de l’État d’Israël à l’Union africaine (UA). L’Algérie va s’y opposer de toutes ses forces. Ramtane Lamamra se charge de sensibiliser ses homologues africains sur les dangers de l’initiative marocaine.

    Crises en Libye et au Mali
    Compte tenu du contexte historique et géographique, l’Algérie s’est largement impliquée dans la crise libyenne en encourageant les factions libyennes à se rencontrer à Alger et les incitant à trouver une solution politique au conflit qui les oppose. Dernières initiatives en date, il y a d’abord la réunion des sept États du voisinage de la Libye le 8 septembre 2021, suivie, le 1er novembre dernier, de celle de concertation ministérielle afin de sortir une feuille de route pour des élections générales le 24 de ce mois de décembre. Visiblement, la réconciliation n’est pas encore au rendez-vous.

    Au Mali, la diplomatie algérienne est très active et en contact permanent avec le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta. 30 juin 2021, sous la conduite de l’ambassadeur algérien à Bamako, a été tenue la 43e session du CSA (Comité de suivi de l’Accord d’Alger) pour l’actualisation de la feuille de route issue du processus de l’accord.

    Égypte, Tunisie, Mauritanie, Niger
    Les quatre pays sont, directement ou indirectement, impliqués dans la crise du Sahel. Au centre des préoccupations, la lutte contre le terrorisme, le trafic transfrontalier de drogue et d’armes. Il s’agit de mettre en place des mécanismes pour promouvoir la sécurité collective. 31 juillet, Lamamra entreprend une visite de travail au Caire où il sera reçu par le Président égyptien. Cette visite intervient après la « normalisation » entre le Makhzen et l’État sioniste d’Israël et les tentatives de ce dernier de s’introduire dans l’Union africaine. Les discussions ont aussi porté sur les opportunités de coopération économique. C’est d’ailleurs l’objectif d’intenses échanges avec la Tunisie.
    Dernière visite en date, celle du Président Tebboune, le 16 décembre dernier, suivie de la signature de 27 accords touchant plusieurs domaines. Cette visite a été, rappelons-le, précédée par celle du Premier ministre Aïmene Benabderrahmane.

    En Mauritanie, où il sera reçu par le Président Mohamed Ould Cheikh El Ghezouani, Ramtane Lamamra effectuera une visite de travail de deux jours, les 7 et 8 septembre. A l’ordre du jour : situation au Maghreb et monde arabe ; les défis dans la région sahélo-saharienne en prévision du Sommet arabe d’Alger.
    Auparavant, le chef de la diplomatie algérienne a présidé le 8e séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique, à Oran. Devant les ministres des AE africains réunis, il les a invités à parler d’une seule voix au Conseil de sécurité de l’ONU.

    Diplomatie économique
    En fin, il y a lieu de retenir cette date du 26 février où Sabri Boukadoum, prédécesseur de Lamamra, a eu à présider une rencontre qui a décidé d’une série de mesures portant sur « la création d’un réseau interactif pour les chargés d’affaires économiques et commerciales auprès de nos missions diplomatiques et consulaires à travers le monde, l’ouverture d’un bureau d’information au niveau du ministère des Affaires étrangères pour l’accueil des opérateurs et exportateurs algériens et le renforcement de la Direction de promotion et de soutien des échanges économiques, en tant que structure centrale et axiale de la diplomatie économique ».
    Brahim Taouchichet

    Le Soir d’Algérie, 30/12/2021

    #Algérie #Diplomatie #Maroc #Tunsie #Libye #Mali #Sahel #Mauritanie #Niger

  • Algérie-USA: Pourquoi les relations sont au plus bas

    Algérie-USA: Pourquoi les relations sont au plus bas

    Algérie-USA: Pourquoi les relations sont au plus bas – Etats-Unis, Maroc, France, Israël, Iran, Sahara Occidental, front Polisario, Mali, Sahel,

    Les marées géopolitiques changeantes et les priorités en matière de sécurité ont tendu les liens autrefois étroits entre Alger et Washington.
    Le 17 décembre, un responsable américain a évoqué le conflit du Sahara occidental et la récente normalisation des relations entre plusieurs États arabes et Israël. « Nous avons travaillé pour renforcer les Accords d’Abraham existants, et nous travaillons tranquillement mais assez assidûment pour étendre les Accords d’Abraham. Et donc, ces choses prennent un certain temps, mais elles sont vraiment au centre de nos préoccupations. »

    Un tel langage de Washington ne peut qu’enrager davantage les Algériens et contribuer à la montée des frictions entre l’Algérie et les États-Unis ; Alger considère que certaines des politiques des administrations Trump et Biden sont préjudiciables aux intérêts vitaux de l’Algérie et à ceux du grand Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.

    Le conflit du Sahara occidental, les accords d’Abraham, la crise syrienne et le programme nucléaire iranien sont parmi les questions régionales les plus sensibles où Alger et Washington ont de sérieux désaccords. Néanmoins, une variété de facteurs laissent l’Algérie et les États-Unis peu disposés à couper les ponts avec l’autre.

    Les relations algéro-américaines évoluaient dans une direction positive il n’y a pas si longtemps. Pendant la présidence de George W Bush, Alger et Washington s’investissaient tous les deux dans le renforcement des liens. Mi-2001, le président Abdelaziz Bouteflika a été le premier chef d’État algérien à se rendre à Washington en 15 ans. Au lendemain des attentats du 11 septembre, les États-Unis considéraient l’Algérie comme un État très expérimenté dans la lutte contre le terrorisme et donc utile aux États-Unis en tant que partenaire dans la lutte contre Al-Qaïda. Alger a fourni à Washington des renseignements précieux, devenant un partenaire essentiel de la lutte contre le terrorisme pour l’administration Bush.

    Tout au long de la présidence de Barack Obama, Washington a dû faire face à des groupes extrémistes violents en Libye tels que Daech. Ailleurs dans le quartier, comme en Algérie , au Mali et en Tunisie , il y a eu des actes de terrorisme meurtriers perpétrés par des factions armées comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Face à toute cette instabilité chaotique et ces violences dans la région, l’administration Obama avait ses raisons de vouloir garder l’Algérie proche.

    Mais, comme l’a expliqué Jalel Harchaoui, chercheur principal à l’Initiative mondiale contre le crime organisé transnational, avec la perte de contrôle de Syrte par Daesh fin 2016 et la baisse de la menace globale de terrorisme au Maghreb du point de vue de Washington, les États-Unis ont commencé à considérer l’Algérie comme moins précieux.

    Accords d’Abraham

    La décision de Trump en décembre 2020 de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en échange de la normalisation des relations avec Israël par Rabat était problématique pour l’Algérie. Alger a été pris au dépourvu lorsque Trump a livré aux Marocains ce dont ils rêvaient depuis des décennies. Ce fut une percée diplomatique irréversible pour le Maroc, a expliqué Harchaoui : « Joe Biden, un démocrate, entre à la Maison Blanche [en janvier 2021] et accepte la décision controversée [du Sahara occidental] de Donald Trump.

    L’Algérie, qui compte une population très pro-palestinienne, s’est indignée de l’officialisation des relations maroco-israéliennes. Il a fait tout son possible pour exprimer clairement son opposition aux accords d’Abraham – et son extension à d’autres pays à majorité musulmane.

    Certes, il y a des dynamiques idéologiques en jeu. Mais il y a aussi des considérations pratiques liées à la sécurité nationale de l’Algérie.

    « L’alliance d’Israël avec le Maroc pourrait signifier qu’à long terme Rabat deviendrait militairement supérieur à Alger et dominant dans la région », a déclaré à cet auteur Riccardo Fabiani, directeur du projet Afrique du Nord pour l’International Crisis Group . « Les Algériens craignent de devenir vulnérables au Maroc et à Israël à long terme, si ces deux États continuent de coopérer. »

    La Syrie est également un point de discorde. L’Algérie est déterminée à voir la Syrie revenir dans la Ligue arabe. Ayant pris il y a des années une position pro-gouvernementale sur la crise syrienne, l’Algérie est fermement favorable à la réintégration du régime de Damas dans le giron diplomatique de la région arabe. Le gouvernement américain s’oppose fermement à tout effort visant à légitimer le président Bachar al Assad et continue d’appeler les États arabes à résister à la tendance actuelle à la renormalisation des relations avec Damas.

    Guerre des récits en Occident

    Alors que les liens Tel-Aviv-Rabat s’approfondissent, il y a des Marocains et des Israéliens – ainsi que des voix néo-conservatrices à Washington – qui accusent l’Algérie d’avoir aidé à déstabiliser les activités iraniennes dans la région. Le récit est que l’Algérie est en train de devenir un conduit pour la conduite néfaste iranienne au Sahel et dans d’autres parties de l’Afrique.

    Il y a une quantité importante de propagande, d’exagération et de fiction dans ces affirmations selon lesquelles Alger parraine des acteurs non étatiques soutenus par l’Iran dans toute l’Afrique, mais elles servent des objectifs spécifiques.

    « Les allégations accusant l’Algérie de coopérer avec l’Iran et son réseau de mandataires dans la région ont été fréquentes mais pour la plupart non fondées et clairement instrumentales, car elles ont progressivement jeté les bases du réalignement régional auquel nous assistons aujourd’hui », Dr Umberto Profazio, associé Chercheur à l’IISS et analyste du Maghreb à la Fondation du Collège de défense de l’OTAN, a déclaré à TRT World.

    « Des informations selon lesquelles le Hezbollah armait le Front Polisario, par exemple, anticipaient la décision du Maroc de rompre ses relations avec l’Iran en 2018, tandis que le ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid a accusé l’Algérie de se rapprocher de l’Iran alors qu’il était en visite à Rabat cet été.

    Pourtant, il est peu probable que l’Algérie travaille avec Téhéran de cette manière étant donné que le pays d’Afrique du Nord est dominé par un puissant militaire méfiant de l’islam politique, en particulier depuis la « décennie noire » des années 1990, qui a vu une guerre civile brutale entre le gouvernement et divers groupes islamistes.

    N’ayant pas investi dans le lobbying aux États-Unis, on pourrait soutenir que l’Algérie est défavorisée à côté d’autres pays de la région qui l’ont fait. Si des pays comme Israël, le Maroc et/ou les Émirats arabes unis veulent cibler l’Algérie avec une campagne de désinformation sur les relations algéro-iraniennes, il n’y a pas de véritable réfutation pour défendre Alger contre de telles allégations dans les capitales occidentales.

    « En gros, vous pouvez dire ce que vous voulez. De nombreux pays, centres de pouvoir et décideurs vont croire tout ce que vous parvenez à publier. Il n’y a pas de contre-attaque », a déclaré Harchaoui. « Il n’y a aucun coût à [accuser l’Algérie de travailler avec l’Iran]. En fait, il y a une récompense. Il y aura un tas de décideurs qui auront tendance à le croire, ou du moins à agir comme si c’était vrai.

    Variables internationales

    L’Algérie n’a réagi que modérément aux décisions de politique étrangère des États-Unis qui enragent Alger, en partie à cause des problèmes dans les relations algéro-françaises. « La principale raison de la retenue de l’Algérie vis-à-vis de Washington doit être recherchée dans sa volonté de maintenir les liens avec ses partenaires occidentaux », a déclaré le Dr Profazio. « À une époque où les relations d’Alger avec la France sont au plus bas, s’aliéner également les États-Unis s’avérerait coûteux en termes diplomatiques, entraînant un isolement croissant dans le paysage régional et international.

    Dans le même temps, les États-Unis veulent éviter de voir l’Algérie se rapprocher encore plus de la Chine et de la Russie, deux puissances qui ont noué de solides relations commerciales et militaires avec Alger. Et même si les États-Unis accordent moins de valeur à l’Algérie en tant que partenaire antiterroriste maintenant par rapport à l’ère Bush, la cause commune contre certains groupes armés violents en Afrique continuera, donnant à Alger et Washington une raison de maintenir la coopération en matière de défense.

    De tels facteurs suggèrent que bien qu’il y ait eu des revers dans les relations algéro-américaines au cours des derniers mois et années, ces dommages ne sont pas irréparables.

    Giorgio Cafiero

    TRT World, 24/12/2021

    #Algérie #EtatsUnis #Maroc #Iran #SaharaOccidental #FrontPolisario #Mali #Sahel

  • Mensonges de l’ambassadeur Ed Gabriel sur l’Algérie -21/03/2012

    Mensonges de l’ambassadeur Ed Gabriel sur l’Algérie -21/03/2012

    Rapports de l’ambassadeur Ed Gabriel sur l’Algérie -21/03/2012- Edward Gabriel, Maroc, Maghreb, Mali, Sahel,

    Les informations contenues dans ce rapport proviennent de sources publiques et privées, et aucune des informations contenues dans ce document n’a été corroborée par des tiers.
    RAPPORT MENSUEL SUR LA SITUATION EN ALGERIE
    21 mars 2014
    Résumé exécutif
    Tendances politiques

    Toujours incapable de se tenir debout et peinant à s’exprimer clairement, le président Bouteflika a officiellement déposé ses documents de candidature à l’élection présidentielle du 17 avril.
    Les manifestations contre un quatrième mandat pour Bouteflika ont pour la plupart été assez limitées jusqu’à présent, mais montrent quelques signes de coalescence avec d’autres mouvements de protestation sur des questions socio-économiques.
    Plusieurs organisations importantes de la société civile qui ont soutenu les précédentes campagnes présidentielles de Bouteflika se sont montrées réticentes à le soutenir cette fois-ci, ce qui semble refléter un manque de consensus total au sein même de la structure du pouvoir.
    Le chef du DRS, Tewfik, semble avoir pesé de tout son poids en faveur de l’option d’un quatrième mandat, et il est probable qu’il ait joué un rôle déterminant dans l’installation de l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia, connu pour être proche du DRS, au poste de chef de cabinet de Bouteflika, afin de contrebalancer l’influence dominante du frère du Président et « grand chambellan » Saïd.
    Abdelmalek Sellal, qui a cédé le poste de premier ministre au ministre de l’énergie Youcef Yousfi pour devenir le directeur de campagne de Bouteflika, a encore compliqué les choses en faisant des commentaires désobligeants sur la communauté berbérophone Chaoui de la région nord-est des Aurès, qui abrite le noyau de l’élite militaire algérienne.


    Relations extérieures
    Luttant contre des groupes djihadistes dans le nord du Mali, capables de se déplacer facilement vers et depuis leur base arrière dans le sud de la Libye, l’armée française réorganise son déploiement dans les États du Sahel.
    La coordination entre l’armée et les services de renseignement français et leurs homologues américains au Sahel et au Maghreb semble être florissante.
    En revanche, une certaine méfiance persiste entre la France et l’Algérie dans la région du Sahara et du Sahel. La situation n’est pas arrangée par les manœuvres algériennes dans le nord du Mali, qui visent en partie à contrer l’influence croissante du Maroc.
    Le redéploiement français et la présence américaine croissante dans la zone ont alimenté des reportages alarmistes dans les médias algériens sur de supposés complots contre l’Algérie, dans lesquels le Maroc est dépeint comme aidant les puissances occidentales dans leurs efforts pour déstabiliser et découper le pays.
    Ces reportages semblent toutefois être largement motivés par des impératifs de politique intérieure et pourraient se calmer une fois l’élection présidentielle passée.

    Sécurité
    En dépit d’informations non confirmées selon lesquelles un terroriste solitaire originaire du sud du pays aurait planifié des attaques contre les ambassades occidentales dans la capitale algérienne, Alger est restée calme.
    Plusieurs incidents ont eu lieu le long des frontières orientales de l’Algérie avec la Tunisie et la Libye, dont un au cours duquel un chargement de MANPADS de contrebande aurait été capturé.
    Les forces de sécurité algériennes semblent s’améliorer dans la collecte de renseignements opérationnels du côté libyen de la frontière, ce qui leur a permis d’intercepter au moins deux incursions de groupes armés.
    Tendances politiques

    Le 22 février, lors d’une visite à Oran, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a finalement brisé le suspense et confirmé que le Président Bouteflika se représentera aux élections du 17 avril. Deux jours plus tard, des images du Président recevant un émissaire de l’émir du Koweït ont été diffusées sur la télévision d’État, dans lesquelles il apparaissait légèrement plus vivant que lors de sa précédente apparition télévisée, catastrophique, à la fin de l’année dernière, mais une fois encore sans son ; le 3 mars, le journal télévisé montrait Bouteflika remettant les signatures de parrainage et autres documents nécessaires pour officialiser sa candidature au Conseil constitutionnel et comprenait même une très courte séquence[1] dans laquelle on l’entendait parler brièvement, d’une voix tremblante et à peine audible – les premiers mots que les Algériens ordinaires avaient entendus de la bouche du chef de l’État depuis son discours de Sétif du 8 mai 2012. Quinze jours plus tard, M. Sellal a quitté ses fonctions de Premier ministre pour devenir directeur de campagne de M. Bouteflika (un rôle qu’il a occupé lors des élections présidentielles de 2004 et 2009), et le ministre de l’Énergie, M. Youcef Yousfi, lui a succédé au poste de Premier ministre. Dans le même temps, l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia a été nommé directeur de cabinet de M. Bouteflika et Abdelaziz Belkhadem a retrouvé son ancien poste de ministre d’État et représentant personnel du Président ; tous deux font partie de l’équipe de campagne de M. Bouteflika.

    Aussi attendue qu’elle ait été, la confirmation par Sellal de la candidature de Bouteflika à la réélection a été accueillie avec consternation dans de nombreux milieux. Trois des autres candidats – l’ancien Premier ministre Ahmed Benbitour, le général à la retraite Mohand Tahar Yala et Soufiane Djilali du parti Jil Jadid – ont immédiatement crié à l’injustice et annoncé leur retrait de la course à la présidence (bien qu’Ali Benflis, sans doute le challenger le plus sérieux, ait choisi de rester dans la course et ait affirmé sa conviction que l’armée « restera neutre »). Un nouveau groupe se faisant appeler Barakat ! (« Ça suffit ! »[2]), qui ne semble avoir de liens avec aucun parti politique établi, a été créé par des militants de la société civile pour protester contre la candidature de Bouteflika à un quatrième mandat, et si ses tentatives répétées d’organiser des manifestations à Alger ont pour la plupart été étouffées sans ménagement par les forces de sécurité[3], il a réussi à inspirer un nombre croissant de protestations (pour la plupart de faible ampleur) dans d’autres villes. Les étudiants des universités de Tizi Ouzou et de Bejaïa ont également manifesté par centaines contre la candidature de Bouteflika à la réélection, et les mêmes slogans ont été repris par les manifestations de chômeurs dans la ville méridionale de Ouargla et par le mouvement en cours des anciens membres mécontents de la Garde Communale.

    Pendant ce temps, les « organisations de masse » et les organismes de la société civile qui se sont précipités pour soutenir Bouteflika lors de ses précédentes campagnes présidentielles semblent dans l’ensemble beaucoup moins désireux de le faire cette fois-ci. Bien que l’UGTA (la fédération syndicale officielle de l’Algérie) et le Comité de coordination des enfants des martyrs de la guerre d’indépendance (CNEC) se soient prononcés en faveur d’un quatrième mandat bien avant que la candidature de Bouteflika ne soit publiquement confirmée, il est frappant de constater que l’Organisation nationale des Moudjahidine (organisation nationale des vétérans de la guerre d’indépendance – historiquement la pièce maîtresse de la soi-disant « famille révolutionnaire », qui a par le passé toujours soutenu le candidat du régime) n’a pas initialement soutenu clairement Bouteflika. Dans une déclaration publiée le 12 mars, l’ONM s’est contenté d’appeler l’électorat à « accomplir son devoir national et à choisir la personne la plus apte à conduire le pays vers une transition socio-économique et culturelle » ; commentant cette déclaration, le président de l’ONM, Saïd Abadou, a déclaré au quotidien arabophone El Khabar que « ce qui nous importe, c’est que cette élection se déroule dans les meilleures conditions possibles. Pour le reste, quel que soit le vainqueur, nous lui souhaitons la bienvenue ». Il semblerait que l’ONM ait été rapidement interpellé, puisque le lendemain, l’agence de presse officielle APS citait le porte-parole de l’organisation expliquant que » [notre] soutien à Bouteflika est une question qui a été réglée » (même si cette formulation est quelque peu ambiguë). De même, Mahmoud Chaâlal, chef de l’Union Nationale des Zaouias d’Algérie (l’une des deux fédérations nationales de loges soufies, qui a soutenu avec enthousiasme Bouteflika lors des élections présidentielles de 2004 et 2009[4]) a déclaré aux journalistes le 7 mars que » notre mouvement adoptera une position de neutralité et ne soutiendra aucun candidat » à l’élection présidentielle, avant d’être désavoué, suite à des « pressions » non précisées, par un communiqué publié au nom de l’UNZA le 18 mars, appelant « tous les adeptes des zaouïas et des courants soufis à se présenter en force le jour du scrutin pour élire le serviteur du Saint Coran, Mr. Abdelaziz Bouteflika, afin de lui permettre de mener à bien son programme politique ». Quant à la Fédération des Chefs d’Entreprise, première organisation patronale algérienne, elle a décidé, lors de son assemblée générale du 13 mars, après deux tentatives infructueuses d’accord entre ses membres sur la question, de soutenir Bouteflika, sans toutefois atteindre le quorum requis pour le vote à main levée.

    Ces tergiversations sont symptomatiques de profondes divisions au sein de ces organisations quant à l’opportunité d’accorder à Bouteflika un quatrième mandat successif. Une source proche des rangs intermédiaires du DRS et ayant une longue expérience du modus operandi du régime algérien affirme que ces divisions reflètent des scissions similaires au sein de chacune des ailes de la structure du pouvoir – l’armée, le DRS, peut-être même la Présidence elle-même. L’option du quatrième mandat est passée à la vapeur en l’absence de tout consensus entre les différents clans et groupes d’intérêt sur un candidat alternatif, affirme la source. Le fait que des organisations telles que l’ONM et l’UNZA soient mises au pas suggère que le DRS en tant qu’institution soutient la réélection de Bouteflika, ce qui serait cohérent avec les rapports précédents de sources bien informées selon lesquels le commandant du DRS, le Lt-Gen. Mohamed « Tewfik » Médiène s’est rangé derrière l’option du quatrième mandat. La nomination d’Ahmed Ouyahia – qui est connu pour être l’homme de Tewfik – au poste de chef de cabinet du Président semble également indiquer la participation active de Tewfik, et pourrait avoir pour but d’établir un plus grand consensus au sein de la structure du pouvoir en introduisant un contrepoids, si ce n’est une mise à l’écart active, du frère du Président, Saïd Bouteflika, dont on se méfie largement (selon une source distincte à la Présidence, il aurait pris le rôle de grand chambellan, contrôlant l’accès au Président et l’accès du Président à l’information). Il y a même eu des suggestions – que la source proche des officiers de rang intermédiaire du DRS qualifie de crédibles – selon lesquelles Ouyahia est prépositionné par Tewfik pour occuper le poste à créer de vice-président après l’élection, et donc pour succéder à Bouteflika à sa mort.

    Mais cela ne signifie pas que les doutes de tous les éléments au sein du DRS et d’autres ailes du pouvoir ont été dissipés, affirme la même source, citant le cas de la chaîne de télévision indépendante Atlas TV, contrainte de fermer après qu’une escouade de gendarmes en uniforme et en civil ait pénétré dans ses locaux et confisqué des caméras et d’autres équipements de diffusion le 11 mars, apparemment en réponse à sa couverture des manifestations de Barakat ! et aux sympathies présumées de son directeur des programmes, Hafnaoui Ghoul[5], pour Ali Benflis. Atlas TV, explique la source, est effectivement détenue[6] par le Maj-Gen. Mhenna Djebbar, l’ancien chef de la Direction Centrale de la Sécurité des Armées lorsqu’elle faisait encore partie du DRS, qui aurait été poussé à la retraite en janvier, et qui serait fortement opposé à un quatrième mandat pour Bouteflika.

    Il n’est pas tout à fait certain que ces efforts visant à contenir la dissidence au sein même de la structure du pouvoir s’avéreront efficaces. S’ils ne le sont pas, des dissidents tels que Djebbar pourraient continuer à exploiter et à encourager la dissidence au sein de la population en général, avec un risque accru de dérapage dans le mois qui reste avant l’élection présidentielle. Les décisions prises par les autorités ces derniers jours[7] de permettre à Barakat ! d’aller tenir une petite manifestation à Alger sans être inquiétées et d’autoriser une réunion publique de groupes politiques appelant au boycott de l’élection présidentielle dans la capitale le 21 mars semblent dénoter un certain degré de confiance de la part du régime, qui pense avoir la situation sous contrôle. Mais une vigilance accrue serait de mise dans les jours et les semaines à venir, surtout si les protestations publiques contre la candidature de Bouteflika commencent à faire boule de neige et à se mêler aux protestations socio-économiques.

    La situation est encore compliquée par une vilaine flambée de violence sectaire et régionaliste. Dans la ville de Ghardaia et dans les zones périphériques du sud de la vallée du Mzab, les tensions communautaires entre les communautés locales arabes sunnites et ibadites berbérophones sont très vives depuis le début de l’année et ont à nouveau éclaté à la mi-mars en émeutes extrêmement violentes au cours desquelles au moins trois personnes ont été tuées et d’innombrables magasins du centre de Ghardaia ont été incendiés. Cela a déclenché des manifestations impromptues de la part des Ibadites vivant à Alger, qui ont demandé l’envoi de l’armée pour rétablir la paix. Le 16 mars, le Premier ministre par intérim, Youcef Yousfi, le ministre de l’Intérieur, Taïeb Belaïz, et le commandant de la gendarmerie, le général de division Ahmed Bousteïla, se sont envolés pour l’Algérie. Le 16 mars, le Premier ministre par intérim Youcef Yousfi, le ministre de l’Intérieur Taïeb Belaïz et le commandant de la gendarmerie Ahmed Bousteïla se sont rendus à Ghardaïa pour montrer que le gouvernement prenait la situation au sérieux, mais ils ont été contraints de faire escale à Batna, dans le nord-est du pays, sur le chemin du retour vers Alger, le lendemain, en raison des manifestations de colère et des émeutes des membres de la minorité berbérophone chaouie, enragés par les propos tenus par Abdelmalek Sellal à la télévision nationale, qui semblait insulter leur communauté[8]. Sellal étant le directeur de campagne de Bouteflika, la colère à l’égard de sa gaffe s’est naturellement mêlée à l’opposition au quatrième mandat de Bouteflika, provoquant la création d’un nouveau groupement se faisant appeler B’zayed (« Assez » en dialecte local) en opposition aux deux. Compte tenu des récentes tensions au sein du pouvoir, l’incident est d’autant plus dommageable politiquement que les Chaouis, contrairement aux autres berbérophones de Kabylie et du Mzab, ont historiquement fourni une grande partie de l’élite militaire post-indépendance.

    Les relations extérieures

    Douloureusement conscients de la nature transnationale des groupes armés auxquels ils sont confrontés dans le nord du Mali depuis le début de l’opération Serval en janvier 2013, et de plus en plus préoccupés par le vide sécuritaire dans le sud de la Libye, les militaires français se sont discrètement lancés dans une réorganisation de leurs forces en Afrique du Nord à la fin de l’année dernière. Décrit comme une « régionalisation de la bande sahélienne », ce mouvement est largement motivé par la nécessité de tenir compte du fait que les groupes djihadistes actifs dans le nord du Mali ont pu se déplacer vers et depuis des bases arrière dans le sud de la Libye via un corridor qui traverse le territoire du Niger et de l’Algérie.

    Dans l’impossibilité d’intervenir ouvertement dans le sud de la Libye même et avec encore moins de possibilité de franchir la frontière algérienne, les militaires français envisagent désormais un seul théâtre d’opérations s’étendant sur les trois États de la région prêts à coopérer : le Mali, le Niger et le Tchad. Les forces françaises disposeront désormais de quatre bases principales dans la zone[9] : N’Djamena (avions de combat Rafale et Mirage 2000, appuyés par des ravitailleurs et des forces terrestres – ainsi que l’état-major qui assure le contrôle des opérations dans tout le Sahel), Niamey (moyens de renseignement, dont deux nouveaux drones Reaper et des avions de patrouille Atlantique 2, ainsi que des avions de combat), Gao (forces terrestres, ainsi qu’un important détachement d’hélicoptères) et Ouagadougou (base arrière discrète des forces spéciales françaises Sabre). En plus de ces quatre bases principales, l’armée française établit des bases avancées plus au nord, plus près des zones où les groupes djihadistes sont susceptibles d’être engagés : à Tessalit, à l’extrême nord du Mali, tout près de la frontière algérienne, à Faya-Largeau au nord du Tchad, et une troisième au nord-est du Niger. Ces bases avancées doivent servir de points de chute vers lesquels les véhicules de combat légers et autres matériels peuvent être acheminés par voie aérienne, ainsi que de centres de collecte de renseignements humains et/ou électroniques. Au total, ce déploiement au Sahel mobilisera en permanence environ 3 000 militaires français, appuyés par une trentaine d’avions.

    Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, s’est rendu à Washington en janvier, en partie pour expliquer ce redéploiement à l’administration américaine, et il semblerait que la coopération entre les forces américaines et françaises dans la région soit florissante. Une division géographique et technique du travail semble avoir émergé, les États-Unis se concentrant sur la moitié nord de la Libye et sur la collecte de renseignements par satellite et d’autres renseignements techniques, tandis que les Français couvrent les régions plus au sud et fournissent davantage de renseignements humains (informés par la connaissance locale de leurs anciennes colonies du Sahel). Un long reportage du quotidien français Le Monde (12/03/14), largement basé sur des conversations avec des militaires et des officiers de renseignement français, a mis en évidence cette coopération, notant qu’il existe des consultations quotidiennes entre les représentants de la CIA, de la NSA et de la DGSE (renseignement extérieur) et de la DRM (renseignement militaire) françaises. Le chef d’état-major général, l’amiral Edouard Guillaud, aurait même déclaré que « lorsqu’il s’agit de faire face à Al-Qaïda, nous sommes en contact quasi horaire avec nos interlocuteurs américains de l’AFRICOM et du Special Operations Command (SOC) ». L’armée américaine collabore avec les Français dans le cadre de missions de surveillance par drones à partir de Niamey, et Le Monde suggère que le SOC travaille en collaboration avec les forces d’opérations spéciales françaises basées à Ouagadougou.

    En revanche, l’article du Monde se termine par une note de regret quant au rôle de l’Algérie :

    Paris n’a pas réussi à impliquer les pays européens autant qu’il l’aurait souhaité dans le sud de la Libye, où une intervention militaire est exclue. Mieux vaut s’appuyer sur les voisins de la Libye […]. Mais pour que l’action régionale soit efficace, il manque encore l’acteur majeur qu’est l’Algérie. Début 2013, l’Algérie a bien fermé sa frontière avec le Mali et soutenu Serval dans l’Adrar des Ifoghas en fournissant du carburant, des signes que Paris a jugé très positifs. Mais en fin de compte, [même] l’attaque d’In Amenas n’a pas changé la ligne traditionnelle de l’Algérie, qui rejette tout examen étranger de sa gestion du terrorisme.

    Les sources militaires et de renseignement du Monde semblent s’arrêter juste avant de se demander à voix haute si Alger fait partie de la solution ou du problème au Sahel. De même, le blog français Secret Défense, habituellement bien informé, regrette que « sur le papier, Alger et Paris combattent les mêmes groupes djihadistes, mais les réalités du terrain et les sensibilités des deux côtés font que cela n’a pas conduit à une coopération étroite et confiante ». L’Algérie pourrait donc rester l’angle mort de la ‘régionalisation du Sahel’ de la France. »

    Plus précisément, Le Monde cite un fonctionnaire du ministère français de la défense qui se plaint qu’Alger a ramené dans le jeu Iyad Ag Ghali, chef de la faction islamiste touareg Ansar Dine et, jusqu’à récemment, allié d’AQMI dans le nord du Mali, ce qui complique encore la coopération régionale en matière de lutte contre le terrorisme. Avant de se lancer dans son alliance éphémère avec AQMI en 2012, Ag Ghali avait une longue histoire de contacts avec le DRS algérien. Depuis la chute de l’îlot jihadiste dans le nord du Mali sous les coups de marteau de l’opération Serval, il semble avoir repris ses contacts avec Alger, et se serait installé avec sa famille dans le village de Tinzaouten, du côté algérien de la frontière, avec la bénédiction du DRS. Les efforts d’Alger pour rétablir son influence dans la situation complexe du nord du Mali, et pour contrer l’implication croissante du Maroc dans son arrière-cour, l’ont également conduit à soutenir la création d’un nouveau groupe dissident par Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, ancien membre important du MNLA séparatiste touareg. Le nouveau groupe, qui s’appelle Conseil du Peuple pour l’Azawad, a été officiellement créé à Hassi Labyad, dans le désert du nord du Mali, le 18 mars, lors d’une cérémonie à laquelle ont assisté quelque 700 personnes, dont des membres d’autres groupes ethniques, selon Ibrahim Ag Mohamed Assaleh. Le leader du nouveau mouvement a explicitement indiqué que le rapprochement du leader du MNLA, Bilal Ag Acherif, avec le Maroc était l’une des principales raisons de la scission, déclarant au magazine Jeune Afrique basé à Paris qu’il était opposé à Bilal Ag Acherif :

    Essayer de mettre la lutte légitime du peuple de l’Azawad au service d’autres fins, notamment celles de certains Etats, qui ne correspondent pas aux nôtres. […] Je parle notamment du conflit entre Rabat et Alger, dans lequel nous ne devons pas nous impliquer […]. Ce n’est pas tant qu’il soit trop proche de Rabat. Nous avons une frontière commune avec l’Algérie. S’il n’y avait pas eu la colonisation française, il n’y aurait même pas de frontière entre l’Azawad et l’Algérie. Notre peuple est présent de part et d’autre de cette ligne. Mais nous n’existons pas du tout au Maroc. […] Il a demandé au roi du Maroc de faire une médiation. Au lieu de solliciter cette nouvelle médiation […], nous devrions accepter celle de l’Algérie.

    L’implication marocaine dans la zone saharo-sahélienne – réelle ou imaginaire – a été liée à un supposé complot occidental contre l’Algérie dans une multitude d’articles de la presse algérienne[10]. Le quotidien francophone L’Expression a été particulièrement virulent à ce sujet, publiant pas moins de trois articles très alarmistes – sous les titres « L’Algérie est-elle réellement en danger ? », « Moscou alerte Alger » et « Les dessous d’un plan de déstabilisation de l’Algérie » – en l’espace de moins de quinze jours. Le ton général est nettement paranoïaque :

    La France va établir une base militaire dans le nord du Mali, près de la frontière algérienne. Elle est déjà présente en force en Mauritanie.

    Les Marines américains ont choisi le sud de la Tunisie, l’Italie et l’Espagne pour établir leurs bases afin d’intervenir en Afrique du Nord en cas de force majeure. Et il y a une si bonne excuse ! La lutte contre le terrorisme […] est une couverture pour le véritable objectif de l’Occident : assiéger l’Algérie, grand producteur de pétrole et de gaz naturel. Il serait naïf de ne pas croire à un complot stratégique et géopolitique contre le seul État qui n’a pas subi les aléas du printemps arabe.

    […]

    Les contours d’un complot machiavélique contre l’Algérie se précisent. Moscou, en la personne de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, a pris la peine d’alerter les autorités algériennes.

    [ … ]

    Lors d’une brève visite en Tunisie il y a quelques jours, le ministre russe des Affaires étrangères a affirmé que des « parties étrangères » commercialisent un « printemps algérien » dans le but réel de mettre à bas l’Algérie. Sans les nommer, le diplomate russe a ajouté que ces mêmes parties « ont ouvert plusieurs fronts près des frontières algériennes, en Libye, en Tunisie et au Mali. » [ … ]

    Le ministre russe des Affaires étrangères a directement incriminé ceux qui sont à l’origine des bouleversements délibérément provoqués en Tunisie, en Libye et au Mali, d’où vient la plus grande menace contre l’Algérie. Il estime que les conspirateurs du nouvel ordre mondial élaborent leurs plans sur la base d’une politique d’influence, en se concentrant sur les groupes minoritaires et les réseaux terroristes [11].

    [ … ]

    Même le Maroc est de la partie. Le récent voyage [du roi Mohamed VI] au Mali ne témoigne-t-il pas d’un agenda prédéterminé ? La main du Makhzen n’est pas étrangère à ce qui se passe à Ghardaïa, où les révoltes des populations locales ont à nouveau éclaté. Des barons de la drogue et des membres du MUJAO sont derrière tout cela, selon des sources très bien informées. Le but, évidemment, étant de créer un environnement instable afin de déstabiliser le pays.

    […]

    Pour atteindre ses objectifs, l’Oncle Sam fait d’abord l’éloge de l’Algérie, la présentant comme un pays pivot dans la lutte contre le terrorisme en Afrique du Nord, un leader. Tout en flattant les compétences et la puissance militaire de l’Algérie, [Washington] est en train de réunir tous les ingrédients nécessaires.

    (…) Même si les Etats-Unis mettent en avant la coordination de la lutte contre le terrorisme comme prétexte à leur mobilisation en Afrique, il est difficile de croire qu’ils ne s’intéressent pas à une région d’Algérie riche en gaz de schiste, en gaz conventionnel et en autres minerais comme l’uranium. Des clans locaux complices sont déjà sur le terrain, prêts à allumer le moteur de la déstabilisation.

    A première vue, de telles analyses – qui passent sans commentaire dans un grand quotidien algérien – n’augurent rien de bon pour l’avenir de la coopération sécuritaire algérienne avec la France et les Etats-Unis. Cependant, si l’on peut dire que les articles de L’Expression expriment une mentalité d’assiégé qui semble exister au sein de certaines parties de la structure du pouvoir en Algérie, il convient de noter que la rhétorique particulièrement exagérée semble être générée au moins autant par la situation politique intérieure actuelle que par les développements au-delà des frontières de l’Algérie. Les sombres références aux « clans complices » agissant de concert avec les ennemis de l’Algérie témoignent de la rivalité persistante entre les factions antagonistes au sein et autour de la structure du pouvoir, tandis que les épouvantails de la déstabilisation et des « complots étrangers » (qui ont bien sûr occupé une place de choix dans le discours lu au nom de Bouteflika par le ministre des Anciens combattants Mohamed Cherif Abbas le 18 février, mettant en garde contre toute critique du DRS) sont devenus des arguments centraux du régime contre ceux qui osent protester contre l’option du quatrième mandat. Dans ce contexte, il semble donc probable – si le régime parvient à traverser les quelques semaines cruciales à venir sans provoquer de troubles graves – que cette rhétorique s’estompera une fois l’élection présidentielle passée.

    Sécurité

    Les niveaux de violence en février ont été globalement comparables à ceux des mois précédents, avec 11 incidents liés à la sécurité, dont cinq opérations djihadistes. Les niveaux d’activité ont toutefois fortement augmenté au cours de la dernière semaine de février et sont restés élevés jusqu’à présent en mars, avec 17 incidents liés à la sécurité, dont quatre opérations djihadistes, jusqu’au 19 mars.

    ALGER et ses environs sont restés calmes, bien que les médias tunisiens aient affirmé le 11 mars que les forces de sécurité algériennes recherchaient un « terroriste », apparemment originaire de la ville de Djelfa, dans le sud du pays, qui préparerait une attaque contre les ambassades américaine ou canadienne à Alger. Bien que cette information n’ait pas été corroborée par d’autres sources, elle rappelle le document attribué au chef d’AQMI au Sahara, Djamel Okacha (alias Abou Yahia El Hamam), qui circule depuis le début de l’année sur les forums Internet djihadistes et qui promet des attaques terroristes contre des intérêts occidentaux, notamment des ambassades, en Algérie, en Tunisie et dans d’autres pays de la région.

    Immédiatement à l’est de la capitale, la Kabylie a connu une forte activité ces dernières semaines, principalement des opérations de l’armée. Les forces de sécurité ont mené deux importantes missions de recherche et de destruction, l’une dans la zone de Sidi Ali Bounab entre les wilayas de Boumerdès et de Tizi Ouzou fin février-début mars, et l’autre dans la zone d’Azeffoun-Iflissen-Aghribs au nord de la wilaya de Tizi Ouzou à partir du 11 mars et toujours en cours. Chacune d’entre elles a donné lieu à de nombreux affrontements avec les djihadistes, faisant 14 morts parmi eux.

    Plusieurs incidents ont eu lieu le long de la frontière orientale de l’Algérie, tant au nord qu’au sud :

    Un total de 40 missiles a été saisi par l’armée algérienne près de la frontière avec la Libye, a déclaré une source de sécurité à l’agence de presse chinoise Xinhua le 26 février. Les armes auraient été transportées par des « membres d’Aqmi » en direction du nord du Mali, qui ont été interceptés par l’armée algérienne dans la localité de Djanet, dans la province d’Illizi. Une quarantaine de missiles Katioucha et un certain nombre de missiles sol-air SA-7[12] ont été saisis, selon la source de Xinhua. Au cours de cette opération, les forces de l’armée ont réussi à arrêter deux des membres du groupe, dont l’un a été grièvement blessé, tandis qu’un nombre indéterminé a fui vers la Libye voisine. Bien que Xinhua n’ait pas précisé la date exacte de l’opération, le quotidien algérien arabophone Echorouk a indiqué qu’elle s’était déroulée aux alentours du 24 février, et a affirmé que les contrebandiers étaient « probablement » des membres du mouvement des Fils du Sud pour la justice islamique d’Abdessalam Tarmoune. Le quotidien algérien de langue arabe El-Khabar a indiqué que les véhicules avaient été détectés avant de franchir la frontière, alors qu’ils se trouvaient dans les environs de la ville libyenne de Ghat.

    El-Khabar a déclaré le 12 mars que les forces de sécurité ont démantelé, au cours de la première semaine de mars, une cellule terroriste dans la région de Tarat, wilaya d’Illizi, à la frontière avec la Libye. Le groupe de quatre à six hommes était dirigé par un certain Abou Tareq Mehdi, demi-frère d’Ahmad Tlemci, « chef du Mujao », qui travaillait à la création d’une filière djihadiste de contrebande composée de Touaregs locaux pour surveiller les routes de contrebande entre la Libye et le Niger « en partenariat avec des milices en Libye ».
    Le 18 mars, l’armée algérienne aurait intercepté et tué « cinq miliciens libyens » au sud de Deb Deb, wilaya d’Illizi, à la frontière avec la Libye. Quatre kalachnikovs et une mitrailleuse lourde ont été récupérées lors de l’opération. Comme pour l’interception de la cargaison de missiles près de Djanet, des rapports de presse ont suggéré que le groupe avait été détecté par un avion de surveillance algérien avant de traverser en Algérie depuis Ghadames, en Libye.

    Plus au nord, à la frontière avec la Tunisie, les forces de sécurité ont déjoué le 13 mars une tentative d’un groupe djihadiste d’installer un faux poste de contrôle sur la RN-10 dans la wilaya de Tébessa, près du poste frontalier de Bouchebka. Les soldats ont repéré le groupe djihadiste et se sont dirigés vers lui, le poussant à fuir, laissant derrière lui deux voitures. L’armée a lancé une mission de recherche et de destruction dans la zone.
    Le lendemain, 14 mars, l’armée aurait intercepté et tué sept djihadistes dans la même zone autour de Bouchebka, wilaya de Tébessa. Selon certaines informations de presse, deux autres djihadistes ont été arrêtés et deux soldats ont été blessés dans l’opération. Le groupe serait passé en Algérie depuis la Tunisie. Trois jours plus tard, la police tunisienne a abattu trois djihadistes présumés près de Jendbouba, de l’autre côté de la frontière ; il n’est pas clair s’il existe un lien direct entre les deux incidents.

    Un incident a été signalé à la FRONTIÈRE SUD, au cours duquel les forces de sécurité ont tendu une embuscade à un « dangereux djihadiste » et l’ont arrêté dans la ville de Timiaouine, wilaya d’Adrar, près de la frontière avec le Mali, le 12 mars.

    Ailleurs dans le SUD du pays :

    Le 25 février, selon El-Khabar, l’armée algérienne a découvert une cache d’explosifs dans le désert près de Reggane wilaya d’Adrar, contenant « 1 420 bidons d’explosifs prêts à être utilisés. » Trois hommes ont été arrêtés « après une longue traque ».
    L’aviation militaire algérienne a bombardé le 8 mars un groupe djihadiste dans la zone située entre les wilayas d’Ouargla et d’Illizi, détruisant un véhicule tout-terrain et tuant trois personnes à bord.
    FIN

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    Source: Marocleaks, 19/12/2021

  • La France entreprend de raviver ses liens avec l’Algérie

    La France entreprend de raviver ses liens avec l’Algérie

    La France entreprend de raviver ses liens avec l’Algérie – Mali, Sahel mémoire, visa, relations bilatérales

    Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, est retourné le 9 décembre en Algérie afin de raviver des liens mis à mal ces derniers mois par des tensions diplomatiques entre les deux pays, une visite décrite par un diplomate comme un pas destiné à « tourner la page ».

    La visite de Jean-Yves Le Drian à Alger, qui n’avait pas été annoncée en amont, avait pour but de tout mettre sur la table et d’ouvrir la voie à une reprise du dialogue, a indiqué à des journalistes une source diplomatique française.

    « Aucun de nous ne peut se permettre de laisser perdurer cette situation dégradée. Il y a une volonté de relancer notre relation et de résoudre les problèmes qui lui nuisent », a dit cette source. « Une page a été tournée ».

    Dans un communiqué relayé par le Quai d’Orsay, le chef de la diplomatie française, qui s’est entretenu avec Abdelmadjid Tebboune et avec son homologue algérien, a dit avoir « exprimé le souhait de travailler à lever les blocages et les malentendus qui peuvent exister » entre les deux pays.

    « Nous sommes convenus de reprendre un certain nombre de coopérations », a poursuivi Jean-Yves Le Drian. « Cela se traduira par la reprise d’un dialogue opérationnel entre partenaires sur les questions humaines et sur les questions migratoires (…), par la reprise d’un dialogue opérationnel sur la lutte contre le terrorisme (…) ».

    Selon la source diplomatique, Alger ne s’est pas engagé à permettre la reprise des vols militaires français mais une discussion sur la question est désormais ouverte. En revanche, a-t-elle ajouté, l’Algérie est désormais disposée à ce que les vols médicaux d’urgence transportant des soldats français déployés au Mali traversent son espace aérien.

    Une relation tendue
    Les relations entre Paris et Alger ont subi un sérieux coup de froid après la publication d’un entretien dans lequel Emmanuel Macron s’interrogeait sur l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation française et accusait le pouvoir algérien de cultiver une « rente mémorielle ».

    Elles sont devenues glaciales après la diffusion de propos tenus par le Président français lors d’une rencontre avec des « petits-enfants » de la guerre d’Algérie, dans lesquels il accusait le « système politico-militaire » algérien d’avoir réécrit l’histoire de la colonisation dans la « haine » de la France.

    À la suite de ces propos, qualifiés de « très graves » par le Président Abdelmadjid Tebboune, l’Algérie a fermé son espace aérien aux avions militaires français de l’opération Barkhane au Mali et rappelé son ambassadeur à Paris pour consultation.

    L’Élysée a fait savoir le mois dernier qu’Emmanuel Macron regrettait les « polémiques et malentendus » suscités par ses propos.

    By Amine Dziri

    Sputnik France, 09/12/2021

    #France #Algérie #Mali #Sahel #Visa