Étiquette : massacre du 8 mai 1945

  • Algérie/ Mémoire et reconnaissance (Edito du Moudjahid)

    La Journée nationale de la mémoire, instituée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, marque un attachement viscéral à la reconnaissance des immenses sacrifices et de la lutte du peuple algérien contre le colonialisme. Le devoir de mémoire inaliénable est le fondement de la nouvelle Algérie attachée à la valorisation de son patrimoine historique et au rayonnement civilisationnel à la hauteur des valeurs de liberté et de progrès constamment défendues.

    La célébration dans la capitale des Hauts Plateaux du 76e anniversaire des massacres collectifs de Sétif, de Guelma et de Kherrata est donc une opportunité pour révéler le visage odieux de l’ordre colonial avide de génocide et de pillage des richesses. Elle est également l’expression d’une résistance séculaire d’un peuple épris de liberté. L’acte fondateur de Sétif a sonné indéniablement l’éveil de la conscience des peuples opprimés, consacré par le parachèvement du processus de décolonisation dont l’Algérie combattante a été le socle du renouveau afro-asiatique et latino-américain.

    La portée de la Révolution algérienne a fondamentalement contribué à la reconnaissance du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et de leurs ressources, entériné par la résolution 1514 du 14 décembre 1960 et, aujourd’hui à l’heure des reniements et du révisionnisme, érigé en source de légitimation pour les peuples pliant encore sous le joug colonial. Cette quête de liberté a contribué à la libération du peuple français des griffes du fascisme, valeureusement combattu par les combattants algériens dont près de 12.000 d’entre eux sont morts sur les champs de bataille en Europe, lorsque, au lendemain de la victoire sur le nazisme, la répression sauvage de la manifestation pacifique de Sétif a mis a nu le déni de reconnaissance et de justice enterré sous les décombres des villages bombardés au napalm, les rafles, les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées, la torture et l’assassinat de masse.

    Plus de 61 ans après, le temps de l’occultation et du silence n’a plus sa place dans le vaste chantier de la réconciliation mémorielle. «Le président de la République français, qui prétend vouloir œuvrer à la réconciliation, aura la possibilité, à l’occasion des commémorations du 8 mai 1945, de faire en sorte que ses actes soient conformes à ses déclarations», a estimé dans un entretien accordé à l’APS l’historien et politologue Le Cour Grandmaison.

    Le processus en marche connaît certes des avancées incontestables attestées par le rapatriement des restes mortuaires de 26 résistants et la reconnaissance de l’assassinat des militants et des symboles de la Révolution. Mais, l’exigence d’un règlement global et définitif de la question mémorielle, réitérée par le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, est tributaire du devoir de vérité historique englué par une vision réductrice présentée dans le rapport de préconisation par l’historien Benjamin Stora occultant le génocide du 8 mai 1945 et les crimes coloniaux commis pendant plus d’un siècle de présence coloniale. Il ne peut y avoir de véritable réconciliation mémorielle sans une reconnaissance officielle, définitive et globale des crimes contre l’humanité dénoncés depuis longtemps.
    El Moudjahid, 08 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, France, Mémoire, massacre du 8 mai 1945, colonisation, crimes coloniaux,

  • Algérie-France/Pérenniser la mémoire (Edito du Moudjahid)

    Algérie-France/Pérenniser la mémoire (Edito du Moudjahid)

    L’Algérie commémore, aujourd’hui, le souvenir douloureux des massacres du 8 mai 1945. Une tragédie qui avait mis à nu l’abominable visage de la colonisation française. Et ce ne fut pas la seule.

    Durant 132 années, des crimes imprescriptibles avaient été commis, malgré de vaines tentatives de la part des pouvoirs coloniaux successifs de les occulter. Le 8 mai 1945, alors que le monde occidental célébrait la fin de l’horreur nazie, les Algériens voulaient participer à cette liesse, en brandissant le drapeau national et revendiquant leur droit à l’autodétermination. Ils en payèrent un lourd tribut. Rien ne leur fut épargné : fours à chaux du colon Marcel Lavie à Héliopolis, où furent incinérés des dizaines de cadavres abattus sauvagement par les gendarmes, l’armée, la police et les milices, brutalités bestiales, exécutions sommaires, chasses à l’homme à Sétif, à Guelma, à Kherrata et dans d’autre régions du territoire. 45.000 Algériens, voire davantage, furent massacrés impitoyablement.

    Ces évènements sanglants ont été le prélude à une étape fondamentale de l’histoire de l’Algérie, celle du déclenchement de la lutte armée qui aboutira, au prix de sanglants sacrifices, au recouvrement de l’indépendance et à la souveraineté. Les exigences de la conjoncture que nous vivons rendent indispensable la nécessité de fortifier un legs historique susceptible de faire face à des tentatives de falsification des faits, à un «révisionnisme» orchestré par des forces nuisibles et hostiles dont la vérité fait toujours mal.

    Le Président Abdelmadjid Tebboune a décrété, en 2020, le 8 mai 1945, Journée nationale de la Mémoire, et la journée du 27 mai, Journée nationale des Scouts musulmans algériens, vivier toujours renouvelé de patriotisme. Ce sont-là des décisions hautement symboliques vivement appréciées par les citoyens qui prennent acte de l’intérêt significatif accordé à l’histoire, à la nécessité de mettre son écriture, son enseignement et sa médiatisation au cœur du renforcement du sentiment d’appartenance nationale.

    Le ministère des Moudjahidine et des Ayants droit a affirmé, à ce titre, que la célébration de cette journée n’est pas exclusive aux seuls massacres du 8 mai 1945, mais embrasse toute la période de 1830 à 1962.

    Des procédures sont en cours de finalisation, pour lancer des plateformes numériques sur l’histoire de l’Algérie, depuis son invasion en 1830, afin que la matière historique soit accessible à toutes les franges de la société, voire à l’étranger. L’ouverture du champ de l’histoire à toutes les tendances est une richesse et un excellent capital mémoriel. C’est cela qui permet de contrecarrer les tentatives irrationnelles de groupes de nostalgiques, des lobbies épars qui s’ingénient à glorifier «les bienfaits» de la colonisation, à vouloir accréditer des thèses frappées d’un affligeant aveuglement que rien ne justifie, encore moins les verbiages stériles de folliculaires qui s’échinent à leur donner de la tonalité.

    La mémoire collective est un fait vital et impératif qu’il faut savoir fructifier, pour se projeter dans un avenir stimulant et inspirateur.

    El Moudjahid, 08 mai 2021

    Etiquettes : France, Algérie, colonisation, mémoire, massacre du 8 mai 1945,

  • Algérie/ Massacres du 8 mai 1945: un « génocide » occulté par le rapport de Benjamin Stora

    ALGER – Le rapport sur la Guerre de libération nationale de l’historien français, Benjamin Stora, a « fait l’impasse » sur les massacres du 8 mai 1945, a déploré l’historien Mohammed Ould si Kaddour El-Korso, qualifiant ce sanglant épisode de « génocide ».

    « Ce génocide, qui ne dit pas sans nom et tel que perçu par les Algériens, ne trouve même pas sa place dans les fameuses +préconisations+ de Benjamin Stora dans son rapport sur la Guerre d’Algérie. Des impasses y ont été faites sur nombre de questions dont celle du 8 mai 1945 », a déclaré M. El-Korso à l’APS, à l’occasion de la commémoration du 76ème anniversaire de ces tragiques événements.

    Il relève, à ce propos, une « approche sélective quant aux méfaits de la colonisation », déplorant également que le document « privilégie, entre autre questions, celles du déplacement des harkis et de leurs enfants entre la France et l’Algérie, des enlèvements et assassinats d’Européens en 1962 à Oran, ou encore la préservation des cimetières européens et juifs en Algérie ».

    En revanche, fait observer M. El-Korso, le tragique épisode dont a été le théâtre de nombreuses villes algériennes en 1945, a été évoqué uniquement à travers le rappel des déclarations des ambassadeurs français en Algérie, Hubert Colin de Verdière (2005) et Bernard Bajolet (2008). Lesquelles ont été suivies, en 2012, de celle du président François Hollande.

    Pour l’interlocuteur, le « rapporteur Stora et le président Macron sont dans leur rôle », rappelant que « même le président François Mitterrand a eu recours aux amnisties des généraux factieux alors que ses successeurs se sont distingués par la pratique politique du silence, des dérobades, des esquives et des demies-vérités. Le tout, au nom de la sacro-sainte +raison d’Etat ».

    ALGER – Le rapport sur la Guerre de libération nationale de l’historien français, Benjamin Stora, a « fait l’impasse » sur les massacres du 8 mai 1945, a déploré l’historien Mohammed Ould si Kaddour El-Korso, qualifiant ce sanglant épisode de « génocide ».

    « Ce génocide, qui ne dit pas sans nom et tel que perçu par les Algériens, ne trouve même pas sa place dans les fameuses +préconisations+ de Benjamin Stora dans son rapport sur la Guerre d’Algérie. Des impasses y ont été faites sur nombre de questions dont celle du 8 mai 1945 », a déclaré M. El-Korso à l’APS, à l’occasion de la commémoration du 76ème anniversaire de ces tragiques événements.

    Il relève, à ce propos, une « approche sélective quant aux méfaits de la colonisation », déplorant également que le document « privilégie, entre autre questions, celles du déplacement des harkis et de leurs enfants entre la France et l’Algérie, des enlèvements et assassinats d’Européens en 1962 à Oran, ou encore la préservation des cimetières européens et juifs en Algérie ».

    En revanche, fait observer M. El-Korso, le tragique épisode dont a été le théâtre de nombreuses villes algériennes en 1945, a été évoqué uniquement à travers le rappel des déclarations des ambassadeurs français en Algérie, Hubert Colin de Verdière (2005) et Bernard Bajolet (2008). Lesquelles ont été suivies, en 2012, de celle du président François Hollande.

    Pour l’interlocuteur, le « rapporteur Stora et le président Macron sont dans leur rôle », rappelant que « même le président François Mitterrand a eu recours aux amnisties des généraux factieux alors que ses successeurs se sont distingués par la pratique politique du silence, des dérobades, des esquives et des demies-vérités. Le tout, au nom de la sacro-sainte +raison d’Etat ».

    Et de convier les Algériens à mener « le combat » dans ce sens : « Il s’agit d’une mission à accomplir au quotidien et pas seulement lors des commémorations. Elle nécessite une mobilisation des compétences intellectuelles, des approches pluridisciplinaires, une volonté politique effective mais surtout une démarche politique d’Etat à Etat ».

    APS, 07 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, France, massacre du 8 mai 1945, génocide,