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  • Retrait français du Mali : Punir les putschistes et tenter d’enliser l’Algérie (Analyse)

    – La France s’emploie à remplacer « Barkhane » par la Force européenne « Takuba », tout en encourageant les Américains à intervenir afin d’éviter que la région du Sahel ne tombe dans l’escarcelle de l’influence russe

    AA / Istanbul
    La France a, enfin, tracé sa feuille de route portant sur le retrait de la Région du Sahel africain, mais il s’agit d’un retrait limité, aussi bien au plan spatial que temporel, ou encore en termes d’effectifs.
    Ce retrait vise, selon nombre d’observateurs, à alléger le fardeau des charges financières françaises et à réduire le bilan des pertes en vies humaines, sans pour autant renoncer à l’influence de Paris dans la région.
    La feuille de route est axée sur la fermeture des bases militaires françaises à Kidal, à Tombouctou et à Tessalit, dans le nord du Mali, ainsi que sur la réduction des effectifs des forces françaises, pour les faire passer de 5100 actuellement à environ 2500 à 3000 éléments. L’application de ce plan s’étalera selon les prévisions françaises du début du second semestre de 2021 jusqu’à l’orée de l’année prochaine.
    Cette annonce a été faite par le Président français, Emmanuel Macron, au cours du Sommet virtuel tenu, le 9 juillet courant, avec les dirigeants des Etats du Sahel. Le seul chef d’Etat de la région qui a fait le déplacement à Paris à cette occasion est le Président du Niger, Mohamed Bazoum.
    De son côté, Mahamat Déby, chef du Conseil militaire tchadien, qui dirige le pays de facto après l’assassinat de son père, Idriss Déby, avait anticipé le Sommet des Etats du Sahel, en se rendant en France, jeudi dernier, soit la veille du Sommet, pour se réunir en tête à tête avec le locataire de l’Elysée, avec qui il a discuté pendant une heure d’une série de questions.
    Les deux présidents ont passé en revue au cours de leur entrevue la nouvelle stratégie de la France dans la région et Déby a fait part de son dépit des provocations russes lancées contre son pays après l’entrée de soldats de la République centrafricaine dans le territoire tchadien, selon des médias français.
    Macron craint une deuxième défaite décisive
    La défaite du parti de Macron (La République en Marche, LERM), aux élections locales, dix mois avant la tenue de la prochaine Présidentielle, a amené le président français à revoir certaines de ses politiques pour tenter de rattraper la situation, afin d’éviter le scénario de son départ de l’Elysée.
    C’est dans ce cadre que s’inscrit la décision de Macron de mettre un terme à l’Opération militaire « Barkhane » au Sahel, et d’amorcer la réduction des effectifs des forces françaises dans la région et ce, avant même de convenir d’une opération militaire alternative, qui éviterait un déséquilibre sécuritaire dans la région, lequel déséquilibre profiterait aux groupes armés et aux organisations terroristes.
    Toutefois, Macron parie sur la force européenne « Takuba » pour combler le vide au Sahel. Cette opération compte en son sein des unités spéciales européennes ainsi que 2000 soldats des forces d’élite françaises, auxquelles pourraient s’ajouter environ 1100 soldats américains déployés dans la région.
    Il convient, toutefois, de souligner que la force « Takuba » ne sera pas déployée sur le terrain et que son rôle principal se limitera à entraîner les forces locales des Etats du Sahel, de même que pour les forces américaines qui se contenteront de former et d’offrir du conseil et un appui logistique en termes de transport et de renseignements.
    Il semble que les pays européens, et à leur tête le Royaume-Uni, ne soient pas particulièrement emballés pour peser de tout leur poids militaire dans la région du Sahel, qu’ils considèrent comme étant un pré carré français.
    De même, les Américains veulent mettre un terme, très prochainement, à leur guerre lancée contre le terrorisme, et qui se poursuit depuis près de deux décennies, et éviter ainsi de s’enliser dans un nouveau marécage sécuritaire.
    Au plan interne, l’Opinion publique française exerce une pression sur la Direction de son pays pour le retrait les forces armées française du Sahel après la mort de plus de 50 soldats, depuis 2013, et des dépenses avoisinant un milliard d’euros annuellement, pour couvrir les besoins de l’Opération « Barkhane », selon le magazine « Le Monde diplomatique ».
    En se basant sur ces chiffres, la France aurait dépensé, jusqu’à présent, quelque 8 milliards d’euros au moins dans son combat au Sahel.
    Néanmoins, les résultats des sondages d’opinion publiés, au mois de janvier dernier, ont montré que 51% des Français sont contre l’intervention militaire au Sahel, alors que le taux de ceux qui appuyaient cette approche s’élevait à 73%, lors du lancement de l’opération « Serval » en 2013, avant que ce seuil ne tombe à 58%, en 2019, pour atteindre les 49% en 2021.
    Ces résultats ont poussé Macron, qui caresse le rêve de remporter un deuxième mandat présidentiel, à accélérer le retrait des forces françaises des principales lignes de front dans le nord du Mali, en optant pour l’internationalisation de la guerre, tout en maintenant les bases françaises dans la région, en particulier, au Niger et au Tchad, afin de faire barrage à l’expansion de l’influence de la Russie et de la Chine comme cela fût le cas en République centrafricaine après que Paris eut mis fin à l’opération « Sangaris ».
    Punir le Mali et tenter d’impliquer l’Algérie
    L’attention focalisée par la France sur le retrait du Nord du Mali uniquement vise essentiellement à punir le chef des putschistes, le colonel Assimi Goïta, qui avait renversé le Président intérimaire proche de Paris, Bah N’daw, malgré l’échec de l’armée malienne à faire face aux groupes terroristes disséminés dans le pays.
    De plus, la fermeture des bases militaires françaises dans les foyers de tension les plus chauds place, d’un point de vue sécuritaire, l’armée malienne face à une épreuve délicate et lui fait assumer des charges supplémentaires, ce qui pousserait la Direction de ce pays à retourner, contrainte, dans le giron français, espérant ainsi obtenir l’appui militaire et financier de l’Hexagone.
    Les régions de Kidal et de Tessalit, proches des frontières algériennes, ainsi que la cité ancestrale des Touareg, Tombouctou, souffrent d’une marginalisation par rapport aux villes du sud du pays, desquelles elles sont séparées par le fleuve du Niger, qui constitue une barrière naturelle.
    Le Nord du Mali a connu, au cours des décennies écoulées, une série de rébellions, durant lesquelles l’Algérie a joué un rôle central pour calmer la situation, via les négociations, dont les dernières en date avaient été couronnées par les Accords d’Alger signés en 2015 sous parrainage du pays maghrébin, entre les groupes armés touaregs et le gouvernement de Bamako. Cependant, ces Accords n’ont pas été respectés jusqu’à présent par la partie gouvernementale, ce qui menace de voir ces Accords s’effondrer.
    Le retrait français du nord du Mali pourrait aboutir à nouveau à un soulèvement des Touaregs et des Azawad et à la mise en échec des Accords de paix d’Alger.
    Rappelons que l’armée malienne a, de tout temps, fait face à des difficultés pour contrer les rébellions des Touaregs, compte tenu de ses capacités limitées ainsi que de la vaste région dans laquelle se déroulent les combats, parallèlement à une densité de population peu élevée et à une fine connaissance par les rebelles des sentiers ardus de la zone.
    Toutefois, les groupes armés terroristes pourraient se liguer sous la bannière du groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) sous le commandement de Iyad Ag Ghali, pour exploiter le retrait français et la faiblesse de l’armée malienne, ainsi que la reprise de la rébellion des Touaregs pour dominer à nouveau le nord du Mali, comme cela fut le cas en 2012.
    Cette situation pourrait amener l’Algérie, qui dispose de la plus forte armée dans la région du Sahel, à intervenir militairement pour empêcher l’établissement d’un émirat terroriste à ses frontières sud, selon le scénario préféré par Paris, qui ne veut pas aller de l’avant sur la voie d’une guerre ouverte contre le terrorisme en combattant au nom des pays de la région, comme cela avait été le cas pour les Etats-Unis d’Amérique qui mènent le combat en Afghanistan, à la place de Russie, de l’Iran et de la Chine.
    Le magazine « Jeune Afrique » a lancé un ballon d’essai à travers lequel il a prétendu que le chef d’Etat-major de l’armée algérienne, Saïd Chengriha, s’était rendu secrètement à Paris pour discuter de la crise du Sahel africain, ce qui a été formellement démenti par le ministère algérien de la Défense qui a qualifié cette information de « pures allégations ».
    L’armée algérienne avait mené une guerre féroce et acharnée contre les groupes armés durant la décennie des années 1990 du siècle dernier, une guerre qui n’a pu être remportée que par le truchement de la réconciliation nationale. Ainsi, l’Algérie saisit pertinemment que la guerre contre le terrorisme dans la région du Sahel ne peut être gagnée par la force militaire.
    Même après le kidnapping de ses diplomates dans la ville de Gao, dans le nord du Mali, en 2012, et l’attaque contre les installations pétrochimiques dans le sud-est de Tigentourine, à partir du nord du Mali en 2013, l’Algérie n’a pas dépêché ses unités dans la région, prétextant à l’époque que sa Constitution interdit à l’armée de combattre en dehors des frontières du pays.
    Toutefois, ce prétexte n’a plus lieu d’être depuis l’amendement par voie référendaire de la Constitution algérienne en 2020.
    En dépit de cette nouvelle configuration, l’armée algérienne demeure prudente pour éviter tout enlisement dans une guerre qui pourrait épuiser ses capacités, d’autant plus qu’une tension palpable est présente aussi au niveau de ses frontières est et ouest.
    De leur côté, les Français s’emploient à impliquer l’Algérie dans ce combat, dans la mesure où le retrait de ce combat créerait une vacance qui doit être comblée par l’une des parties.
    Le site de la chaîne d’information « France 24 » a rapporté, en citant une source militaire française : « Nous devons discuter de nos mouvements dans le nord du Mali avec la Mission des Nations unies dans ce pays (MINUSMA) et avec les Algériens qui sont concernés directement en tant que pays voisin ».
    La ministre française des Armées, Florence Parly, et son homologue américain, Lloyd Austin, ont signé, vendredi dernier, à Washington, une nouvelle feuille de route de coopération entre les forces spéciales des deux pays, ce qui pourrait présager de la possibilité de davantage d’implication de l’armée américaine dans les combats opérationnels contre les groupes armés au Sahel aux côtés de la force européenne « TaKuba ».
    La région du Sahel sera confrontée à de profonds tiraillements politiques et sécuritaires au cours de la prochaine étape, et pourra voir l’intervention de plusieurs acteurs régionaux et internationaux, ce qui aboutirait à contenir les opérations ou l’extension des groupes armés vers la région du Golfe de la Guinée, riche en pétrole et en gaz.
    Agence Anadolou, 14/07/2021
    Etiquettes : France, Mali, Sahel, Barkhane, Niger, Tchad, Mauritanie, Burkina Fasi, Algérie, Takuba, 
  • Sahara Occidental : 45ème anniversaire du martyre du fondateur du FPOLISARIO

    Le 8 juin 1976 éclatait sue tous les téléscripteurs du monde l’annonce de l’attaque pleine d’audace par un commando du Front Polisario, de la capitale mauritanienne. Si Nouakchott était à plusieurs soumise aux tirs de mortiers des combattants sahraouis, elle n’était pas la seule et les mêmes opérations se déroulaient dans tout le pays, du Nord au Sud, d’Ouest en Est.

    La spectaculaire opération de Nouakchorr est simplement l’extension, à toute la Mauritanie, des combats menés jusqu’alors par le Front Polisariom dans toute la région Nord de ce pays, dans les villes d’Aïn bentili, Bir Mogreïn, Ouadanem Chinguetti, Atar, pour réponde à l’alliance entre le Roi du Maroc et Ould Daddah dans l’invasion armée et l’occupation du Sahara Occidental.

    Des combats sur lesquels les autorités mauritanienne faisaient le silence le plus total afin que le peuple mauritanien les ignore, se déroulaient régulièrement en effet depuis janvier 1976 dans la région Nord de la Mauritanie. Ils s’étendent maintenant afin que le peuple de Mauritanie prennse peu à peu conscience des massacres faits en son nom contre le peuple frère sahraoui, à la capitale même de la Mauritanie et aux régions les plus éloignées des zones de combat (plus de 1000 km de la frontière sud du Sahara Occidental), comme le sont les villes de Tichitt et Tijigja, dans la région de Tagant.

    Dans l’attaque contre Nouakchott, les combattants sahraouis ont pris le soin d’éviter d’atteindre la population civile grâce à une haute précision des tirs des mortiers. Lors de l’attaque du soir, des fusées éclairantes ont été employées dans le souci d’éviter de faire des victimes civiles, Les tirs ont ciblé essentiellement les cours du palais présidentiel, le siège de la Radio Nationale et les ambassades de France et des Etats-Unis. L’ambassade d’Allemagne a aussi été touchée.

    Les objectifs ciblés étaient militaires et les résultats escomptés étaient politiques. C’est la raison pour laquelle, le plus haut responsable du mouvement sahraoui a tenu à conduire personnellement cette opération qu’il considérait d’une importance décisive.

    Une fois la mission accomplie, le convoi sahraoui commandé par El Ouali Moustapha Sayed s’est retiré en direction de ses bases arrières. A l’arrivée de Hassi Benichab, El Ouali a ordonné au convoi de poursuivre son chemin le temps qu’il fasse exploser le puits en tant que point d’eau important pour l’armée mauritanienne. Il était accompagné d’un 2ème Land-Rover à bord de laquelle se trouvait un groupe d’experts en explosifs lorsqu’une unité de l’armée mauritanienne a fait irruption.   El Ouali et ses compagnons sont tombés sous le déluge du feu ennemi.

    Biographie d’El Ouali

    Il était le fils d’une famille nomade pauvre, vivant dans la région de la Hamada, près de Bir Lahlou. Ses parents ont pris une part active comme beaucoup de sahraouis à la première guerre de libération contre le colonialisme espagnol en 1957. Après l’accord tripartie entre la France, l’Espagne et le Maroc, sa famille fut victime de l’opération Ecouvillon organisée par les trois armées contre le peuple sahraoui, opération qui décima le cheptel afin de réduire la résistence et d’urbaniser les sahraouis, leurs mouvements étant alors plus facilement contrôlés.

    Sa famille gagne le sud marocain. El Ouali commence ses premières études à l’âge de 12 ans, mais doit les abandonner pour secourir sa famille. En 1964, il peut se remettre à étudier, mais est expulsé de l’école pour des raisons politiques. Malgré son âge, il reste attaché è l’enseignement et entre à l’Institut Islamique où il restera 4 ans. Il en sort Bachelier, gagne l’Université de Rabat et acquiert les premières notions de sciences politiques.

    Durant les vacances qu’il passait passait parmi les siens en milieu réfugié, il prépare la lutte et donne des cours. De temps en temps, il gagne clandestinement le Sahara et prend contact en 1972 avec des nationalistes du mouvement de libération du Sahara.

    Il participe en 1972 à la manifestation pacifique de Tantan. Il est fait prisonnier, interrogé et torturé durant trois semaines à Agadir. Il réussit à rejoindre le Sahara et y poursuit son travail dans le mouvement de libération du Sahara. En 1973, il prend contact en Mauritanie avec le mouvement clandestin des Kadihin et participe le 10 mai à la création du Front Polisario. Le 20 mai, il prend part à la première attaque contre le poste militaire espagnol d’El Khanga.

    Envoyé pour prendre contact avec la Libye, l’Algérie, il visite les pays arabes et africains. En août 1974, il est nommé secrétaire général du Front Polisario. A la tête de différents délégations, il rencontre Kurt Waldheim, SG de l’ONU, Cortina Mauri, ministre espagnol des affaires étrangères, le général Giap, et en avril 1976, Olof Rydbeck, envoyé de Kurt Waldheim. Il a pu aussi rencontrer le président de la République Islamique de Mauritanie en 1975. Il œuvre pour l’unié nationale, cette unité qui a fait échec aux manœuvres des colonialistes espagnols et des voisins expansionnistes.

    El Ouali, devenu secrétaire général, reste un homme du peuple qu’aucune question ne laisse indifférent. Son intelligence très vive fait de lui un exceellent organisateur. C’est de plus un homme de grande énergie qui, par son activité débordante, a su se faire apprécier très vite dans tout le Maghreb. Son nom de héros ne vient pas seulement de son militantisme quotidien pour changer les conditions héritées du fascisme, mais aussi de son courage et de son audace qui mènent les combats à la victoire.

    El Ouali restera le symbole de la liberté, de la dignité et l’honneur de tout un peuple, héros qui a placé l’unité dans son vrai contexte, loin de l’expansionnisme et que renforce la lutte.

    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Mauritanie, Front Polisario, El Ouali Moustapha Sayed,

  • Maroc : Algérophobie

    par Brahim Taouchichet

    Depuis quelques années déjà, notre voisin de l’Ouest s’adonne à son sport national favori : casser du sucre sur le dos de son voisin de l’Est. Vent d’est, vent d’ouest qui charrient, chaque jour que Dieu fait, des nouvelles pas trop reluisantes et qui couvrent de tous les maux nos dirigeants et les généraux coupables de ne pas se laisser compter, peu importe les mensonges flagrants et les attaques diffamantes.

    Les médias de sa Majesté ne s’offusquent pas de quolibets, d’accusations gratuites, et cela presque depuis toujours. Dans l’indignité. Notre désolation est grande de voir des officiels marocains, quel que soit leur rang, réclamer l’ouverture des frontières fermées en 1994, comme préalable à tout. Si rien n’y fit, les maîtres du Makhzen n’hésitent pas à battre le rappel de leurs amis – lesquels d’ailleurs ne nous portent pas dans leurs cœurs. Passons sur les avantages que leur procurent les services rendus à sa Majesté. Deux pays si proches mais que sépare un désamour surprenant dans sa continuité. Ah, l’ennemi classique ! Si l’un fait de l’allégeance et de la soumission une règle, a contrario, l’autre est de tout temps sourcilleux pour tout ce qui touche à sa fierté. Mais afin de dépasser le ridicule de l’impasse, l’on a usé d’artifices. Quoi de mieux que d’unir nos ressources et nos intelligences dans un cadre moins étriqué, à l’heure des grands ensembles. Les nationalistes de la première heure s’étaient réunis à Tanger et se sont quittés avec moult promesses et embrassades émues. Elles devaient être concrétisées dans l’Union du Maghreb arabe (UMA) annoncée en grande pompe. C’est ne pas tenir compte des intérêts contradictoires et des tiraillements qui en feront une coquille vide.

    2008, la conférence d’Alger, à l’initiative du RCD, donnera «La déclaration d’Alger» qui restera lettre morte. Etaient présents 4 partis maghrébins. Mais les calculs du voisin de l’Ouest étaient autres, comme vont l’apprendre avec amertume les nationalistes algériens qui ne comprennent pas les revirements de leurs «frères». L’affaire du Sahara Occidental va ainsi mettre au jour tous les non-dits. Le principe de la décolonisation est foulé aux pieds. C’est oublier les désirs du Makhzen d’usurper les terres des autres. La guerre des sables restera un épisode douloureux pour tous ceux qui l’ont vécue dans leur chair, et une totale désillusion de la fraternité tant chantée. La Mauritanie n’échappera pas à ces appétits expansionnistes, jusqu’en 1960, date à laquelle sa souveraineté sera reconnue par l’organisation onusienne. Et l’Algérie.

    Hassan II qui n’en était pas à sa première forfaiture poignardera l’UMA dans le dos et ordonne avec cynisme, la pseudo-marche verte. Son rejeton poursuivra son œuvre jusqu’à franchir le Rubicon avec la reconnaissance de l’État d’Israël. Nos officiels vont-ils enfin comprendre que ce Maroc-là n’a jamais inscrit dans son agenda la grandeur et l’unité de cet ensemble maghrébin rêvé ? Qu’il est plutôt prompte à se tourner vers l’Europe, l’Occident, et être le réceptacle de leurs fantasmes et dont le moindre est d’être pour toujours les maîtres du jeu ?
    B. T.
    taouchichetbrahim@gmail.com

    Le Soir d’Algérie, 02 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Makhzen, algérophobie, attaques diffamantes, médias marocains, réclamer l’ouverture des frontières, ennemi classique, l’Union du Maghreb arabe, UMA, La déclaration d’Alger, Sahara Occidental, usurper les terres des autres, Mauritanie, expansionnisme, frontières héritées du colonialisme,  

  • Diplomatie : L’Algérie reprend son rôle stratégique

    par Abla Chérif

    Alger réactive son rôle régional de manière très perceptible depuis un moment. Elle est tournée principalement vers l’Est, mais tend aussi à garder un pied ferme dans le Sud-Ouest, en Mauritanie notamment, où de nouvelles perspectives se mettent plus sérieusement en place.

    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Cette nouvelle donne est surtout plus visible puisqu’elle se manifeste par des faits palpables qui marquent un saut qualitatif dans ses visées géostratégiques, après une longue période qui s’est limitée à des vœux pieux jamais réellement concrétisés. Alger semble aussi et surtout aller plus en profondeur dans son mode d’action, et semble avoir dépassé très vite ces derniers mois la doctrine sécuritaire qui est restée, des décennies durant, la principale carte jouée sur l’échiquier régional. Le processus de rapprochement enclenché avec la Libye le démontre d’ailleurs clairement. Ici, il n’est plus question de limiter les actions à la sécurisation des frontières, cette phase qui dure de longue date s’accompagne désormais d’un «partenariat multiforme gagnant-gagnant dans divers domaines prometteurs, notamment l’énergie, les travaux publics, la construction, l’investissement et les industries agroalimentaires».

    Le fait marquant réside aussi en la décision de la réouverture du poste frontalier Deb-Deb-Ghdamès, axe stratégique dans le transport de marchandises. Au même moment, les deux pays passent en revue les mesures pratiques visant la réouverture de la ligne maritime, ainsi que la possibilité d’ouvrir une ligne de transport de fret aérien et la reprise des vols aériens.

    La Libye est aussi toute gagnante dans ce processus qui lui permet de dépasser la «position d’élément de bouleversement» dans l’échiquier régional. L’Algérie renforce, elle, sa position régionale stratégique à l’Est où elle peut en premier lieu s’appuyer sur son partenaire essentiel, la Tunisie. Les deux pays ne semblent d’ailleurs faire plus qu’un en matière de déplacements humains et de transit de marchandises. C’est le fruit d’une longue coopération multiforme bien imagée lors de la remise de la médaille Athir par Abdelmadjid Tebboune à son homologue Kaïs Saïed. Le Président tunisien avait d’ailleurs tenu à réserver sa première sortie officielle à l’Algérie qui l’a honoré, pour reprendre les termes utilisés par l’APS, de la «plus haute distinction algérienne saluant l’excellence des relations bilatérales et les sacrifices communs durant la guerre de Libération».

    Alger ne conçoit que très peu de limites aux efforts en matière de soutien (multiformes) à Tunis. L’aide est avant tout économique et on l’a bien vu durant la visite de Kaïs Saïed (2020), puisque le chef de l’État algérien a annoncé à ce moment le dépôt de 150 millions de dollars dans la Banque centrale tunisienne. Une décision accompagnée d’un engagement à faciliter le paiement de l’approvisionnement en gaz et hydrocarbures, pour permettre à la Tunisie de dépasser la zone de turbulences dans laquelle elle se trouve. Tunis a aussi pu bénéficier d’une aide médicale importante durant le Covid, 140 000 litres d’oxygène, pour renforcer un partenariat stratégique multiforme (où la question sécuritaire joue un rôle très important), visant à stabiliser un voisin sur lequel l’Algérie peut compter dans les moments difficiles. L’axe Ouest est aussi appelé à se renforcer grâce la réactivation du rôle de l’Algérie auprès de la Mauritanie, un pays avec lequel Alger tend à aller plus en profondeur en matière de relations bilatérales. Là aussi, l’effort vise à aller au-delà du cadre sécuritaire. En avril dernier, et pour la première fois, les deux pays ont signé un mémorandum d’entente pour la création d’une commission bilatérale frontalière qui «traduit la volonté des deux pays de renforcer les relations de fraternité, de voisinage et de coopération», entre les deux États, et «intensifier le dialogue permanent, tout en mettant en place des mécanismes de coopération et de concertation sur le développement et la sécurisation de ces zones». Les deux pays évoquent aussi ouvertement les opportunités existantes en matière d’investissements, l’intensification des échanges économiques, commerciaux…

    Signe des temps, l’Algérie recevait en janvier dernier une délégation militaire de haut niveau conduite par le chef d’état-major des armées libyennes. «La première visite en Algérie du chef d’état-major revêt un caractère particulier pour les deux pays frères», commentait son homologue algérien.

    A. C.

    Le Soir d’Algérie, 01 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, diplomatie, Libye, Tunisie, Mauritanie, coopération, échange commercial, partenariat, frontières, Abdelmadjid Tebboune, Kaïs Saïed, faciliter le paiement de l’approvisionnement en gaz et hydrocarbures, relations bilatérales,

  • La stabilité du Maghreb, un impératif pour l’Europe (Institut Montaigne)

    Hakim El Karoui*

    La Méditerranée n’est pas une frontière : les flux d’hommes, d’idées, de marchandises, d’argent en ont fait depuis longtemps une interface beaucoup plus qu’une barrière. Les six millions de Français originaires du Maghreb font aujourd’hui que le destin de la France est lié à cette région du monde. C’est aussi le cas pour l’Espagne, avec le Maroc, et l’Italie, avec la Tunisie et la Libye. Le Sud de l’Europe est arrimé au Nord de l’Afrique, pour le meilleur – les échanges culturels, les services comme le tourisme, l’économie du care, la coopération industrielle – comme pour le pire, avec l’islamisme radical européen qui prend ses racines au Maghreb.

    L’Europe – et particulièrement la France – n’a pas nécessairement su prendre la mesure des transformations sociales qui ont provoqué les révoltes du printemps arabe il y a une décennie. Ce rendez-vous manqué ne doit pas se reproduire à l’occasion de la crise sanitaire et de ses conséquences économiques.

    Depuis de nombreuses années, les pays européens ont le sentiment de voir se rétrécir leur sphère d’influence en Afrique du Nord. D’autres pays, notamment des économies émergentes, ont su trouver leur place auprès des nouvelles élites économiques et formuler des propositions de partenariat concurrentes à celles des Européens.

    Les dés ne sont pourtant pas jetés. Il n’y a aucune fatalité à ce que les liens entre les deux rives de la Méditerranée s’estompent au profit d’une présence turque, qatarie, chinoise ou russe renforcée. Nous avons de nombreux atouts et au-delà nous partageons une histoire et un destin communs avec ces pays.

    Cette note dresse un état des lieux complet du Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie, avant la crise du Covid-19 et depuis. L’Institut Montaigne y plaide pour que les Européens octroient un soutien massif au Maghreb, notamment à la Tunisie, sans contrepartie trop brutale, pour éviter un choc social et politique qui y menacerait le fragile édifice démocratique.

    Avant le Covid-19 et depuis : quel état des lieux économique ?

    La Tunisie, une démocratie au modèle économique à réinventer
    Symbole politique unique dans le monde arabe, la Tunisie a réussi sa transition démocratique. Ses indices de transparence sont au niveau des grandes démocraties émergentes, à l’instar de l’Inde ou du Brésil. Mais, longtemps considérée comme l’un des pays les plus compétitifs du continent africain, la Tunisie voit sa situation économique et financière se dégrader depuis les années 2010 pour atteindre -7 % de croissance en 2020.

    Le pays est désormais caractérisé par un potentiel de croissance trop peu exploité, un manque de productivité et une certaine stagnation économique. Le secteur primaire (près de 13 % des emplois tunisiens), trop orienté vers la sécurité alimentaire nationale, est insuffisamment tourné vers le commerce extérieur. La Tunisie ne dispose d’aucune rente naturelle. C’est donc sur les exportations liées aux services (principalement le tourisme) et sur les flux d’investissements étrangers (IDE), notamment dans le textile et la micro-électronique, que repose l’économie tunisienne. Malgré une forte diversification de son économie et de réels atouts comme le faible coût du travail associé à un système de formation relativement efficace, la Tunisie peine à valoriser pleinement ses atouts.

    La Tunisie connaît un fort taux de chômage, environ 15 % de la population active. Sa croissance démographique rapide, d’environ 1 % par an, ralentit la capacité d’absorption du marché du travail de sorte que les taux de chômage des 15-24 ans comme celui des diplômés s’élèvent à environ 35 % et 30 % respectivement.

    Afin de calmer la colère sociale, les autorités ont massivement eu recours à l’augmentation de l’emploi public, en titularisant notamment des personnes en contrats à durée déterminée et en recrutant massivement dans la fonction publique dans les zones les plus pauvres. Dès la fin de l’année 2016, on dénombrait déjà près de 600 000 emplois publics, contre un peu moins de 450 000 à la fin de l’année 2010. Aujourd’hui, la masse salariale représente environ la moitié de la dépense publique tunisienne. L’emploi public culmine à près de 18 % du total – un record mondial.

    Ce modèle économique a fortement été ébranlé par la crise de 2020 et le « Grand confinement ». La réponse des autorités tunisiennes a été cohérente sur le plan sanitaire mais limitée financièrement. Par exemple, le gouvernement a versé deux tiers du SMIC aux familles les plus pauvres, soit 140 euros.

    Avec un total d’environ 2 points de PIB, le plan de relance lié aux mesures d’urgence demeure modeste, comparé à la moyenne mondiale et à celle des pays émergents (respectivement, près de 3,5 et 3 points de PIB).

    Le Maroc, un modèle de croissance expansif malgré de fortes inégalités

    Le Maroc et la Tunisie partagent certaines caractéristiques de développement :

    -un modèle de croissance « ouvert » (taux d’ouverture avant-crise proche de 90 %) qui repose sur les exportations touristiques et sur la consommation ;
    -un secteur primaire important, qui représente 12,5 % du PIB et concerne un tiers de la population active.

    Le « printemps arabe » et la recrudescence de l’instabilité régionale ont largement bénéficié au Maroc. Le pays se situe une vingtaine de places devant la Tunisie dans les classements Doing Business et Global Competitive Index. Les flux touristiques le démontrent : le Maroc a enregistré une croissance nettement plus importante que la Tunisie ou même l’Égypte – où les arrivées se sont effondrées lors des manifestations de 2011 et des vagues d’attentats de 2015 et 2016.

    Mais de fortes inégalités persistent. Le Maroc souffre, comme la Tunisie, d’un taux de chômage important, principalement chez les jeunes de 15-24 ans (21,9 %). La participation des femmes au marché du travail (19,9 % in 2020) est près de deux fois inférieure à la moyenne des pays en voie de développement (45 %). Le taux d’alphabétisation des femmes est inférieur d’environ 20 points à celui des hommes. Par conséquent, les femmes marocaines sont plus nombreuses qu’ailleurs dans le secteur informel.

    Plus largement, les principaux indicateurs sociaux sont inférieurs au reste des pays du Maghreb. Mais si le Maroc peine à réduire les inégalités structurelles, le pays a rapidement mobilisé un grand nombre d’outils de financement pour gérer l’urgence sanitaire de 2020 et soutenir les populations fragiles. Dès le début de la crise de Covid-19, les autorités marocaines ont effectivement mobilisé 3 milliards de dollars, soit 3 % du PIB. Mais ce montant ne suffit pas à contenir l’accroissement rapide du ratio d’endettement et le creusement des déficits courants.

    L’Algérie, des fondamentaux économiques dépendants du cours des hydrocarbures

    Le modèle de croissance algérien est fondé sur un triptyque :

    -production et exportation des ressources, notamment en hydrocarbures qui représentent entre 20 et 25 % du PIB national et plus de 90 % des exportations ;
    -faible tertiarisation de l’activité, notamment en ce qui concerne le tourisme et les services à la personne ;
    forte présence de l’État dans l’économie.
    -La pérennité de ce modèle de croissance dépend donc fortement des cours des hydrocarbures. Or, depuis 2014, on observe une baisse tendancielle des rentes pétrolières, ce qui impacte réellement le PIB algérien.

    La baisse des recettes pétrolières a conduit à un accroissement du déficit budgétaire depuis cinq ans. En 2015, il atteignait -16 % du PIB. L’endettement public intérieur a continué à se creuser, passant à 46,3 % du PIB en 2019. Le double choc pétrolier et sanitaire du premier semestre 2020 a abouti à une contraction du secteur des hydrocarbures, une baisse de la consommation et une chute de l’investissement. La crise est financière mais aussi sociopolitique. La stabilité sociale et politique de l’Algérie repose depuis la fin des années 1990 sur ses dépenses sociales.

    Les dépenses sociales au sens large représentent environ 25 % du PIB, soit 5 points de plus que la moyenne de l’OCDE – un montant considérable. La soutenabilité de ce système de redistribution massive via les transferts sociaux en Algérie est conditionnée à un prix élevé du baril de pétrole. L’effondrement des prix du pétrole au début de l’année 2020 a ainsi mis en péril un système de transferts sociaux essentiels pour la stabilité politique du pays.

    Cette politique de transferts sociaux permet de compenser un taux d’emploi très faible, avec un taux d’activité parmi les plus bas au monde (42 % en moyenne).

    L’Algérie doit donc trouver d’autres sources de financement pour assurer la pérennité de son système.

    Avant la pandémie, les pays du Maghreb étaient porteurs de fragilités économiques et sociales. Ces dernières se sont accentuées avec la crise. Pour y faire face, cette note projette des scénarios macroéconomiques par lesquels l’Institut Montaigne évalue clairement et précisément les besoins de financement des trois pays maghrébins.

    Sortir de la crise : quels scénarios ?

    Le cas tunisien

    La Tunisie a bénéficié d’un prêt d’urgence d’environ 753 millions de dollars de la part du FMI en avril 2020. Cette somme ne suffira pas à couvrir l’entièreté du besoin de financement public du pays en 2021. 1 milliard de dollars supplémentaires pourraient lui être accordés, mais ils sont conditionnés à la mise en place de réformes structurelles négociées avec le précédent gouvernement.

    Selon les scénarios les plus optimistes, les besoins de financement tunisiens seraient compris entre 3 et 5 milliards de dollars, et entre 5 et 9 milliards de dollars pour les scénarios pessimistes. La Tunisie a besoin de trouver en urgence des financements complémentaires.

    Le cas marocain

    Le Maroc a levé environ 3 milliards de dollars en décembre 2020. Le FMI soulignait début 2021 que la dette marocaine semblait soutenable à court terme.

    Le pays doit néanmoins financer un grand plan de développement à moyen terme : renforcement de son capital humain (déficiences structurelles pour l’éducation par exemple), financement en infrastructures et industries de réseaux (notamment le réseau routier), transition énergétique et modernisation du système de protection sociale et de santé.

    Selon les scénarios optimistes, les besoins de financement par le Maroc se situeraient entre 3,5 et 6,5 milliards de dollars. Entre 6 et 11 milliards de dollars seront nécessaires selon les scénarios pessimistes, s’il ne dispose pas d’aide des bailleurs internationaux.

    Le cas algérien

    Des trois pays du Maghreb, c’est l’Algérie qui détient le déficit budgétaire le plus important : il devrait atteindre 13,5 % du PIB en 2021. L’Algérie maîtrise cependant son taux d’endettement (46,3 % de son PIB en 2019). Déclinant un soutien multilatéral (en particulier du FMI), le gouvernement finance ses transferts sociaux sans difficulté grâce à la richesse de ses ressources en hydrocarbures. Néanmoins, la pérennité de ce système social dépend fortement du paramètre très évolutif du prix des hydrocarbures.

    Soutenir le Maghreb, un impératif pour l’Europe

    Relancer le partenariat euro-méditerranéen

    Le bilan est clair : les pays du Maghreb, et particulièrement la Tunisie, ont besoin d’être soutenus financièrement dans le contexte de la crise sanitaire. Les économies de la région et la stabilité de ces pays sont sous tension. L’Europe doit pouvoir inclure le Maghreb dans son plan européen de 750 milliards d’euros. Faire bénéficier la capacité d’emprunt européenne aux trois pays du Maghreb leur permettrait d’acquérir les liquidités nécessaires à la transformation de leurs modèles de développement. À cette condition, la crise pourra constituer une opportunité à saisir pour se relancer durablement.

    Le Maghreb, nouvel enjeu stratégique

    Le Maghreb n’est plus un pré-carré européen. Les trois pays du Maghreb font l’objet d’un intérêt de la part des grands acteurs régionaux et mondiaux. L’influence de l’Europe – et particulièrement celle de la France – recule progressivement.

    Seule démocratie du monde arabe, proche de l’Europe par ses échanges commerciaux, la Tunisie représente un fort symbole politique. La France demeure un partenaire majeur de la Tunisie : environ 14 % des importations tunisiennes en 2019 (contre 21 % en 2009). Mais l’analyse des flux d’investissements directs montre que d’autres puissances s’intéressent à la Tunisie. 39 % du stock d’IDE en 2019 provenaient des pays du Golfe, dont 11 % pour le Qatar. La Turquie est également très implantée sur le marché tunisien, notamment dans le domaine des travaux publics et des infrastructures.

    Le Maroc, passerelle entre l’Europe et l’Afrique, plateforme commerciale et financière importante, économie ouverte aux échanges et insérée dans les principaux flux économiques et financiers, est au cœur des intérêts régionaux et internationaux. Le Maroc intéresse de plus en plus la Chine, dont la diaspora est assez importante sur le littoral marocain. La Chine regarde de près les implantations logistiques, notamment à Tanger, et exporte beaucoup de biens manufacturés et de matériel au Maroc. Elle a aussi construit un partenariat avec le Royaume pendant la crise du Covid-19 : envois de masques, test avancé de vaccins, distribution massive de vaccins chinois, etc. La Chine est en bonne position sur le plan des importations marocaines : elle représente 10 % du total en 2019, même si elle demeure derrière l’Espagne (15 %) et la France (12 %).

    Fondamentalement souverainiste mais très ouverte sur l’international par ses échanges commerciaux, l’Algérie se caractérise par son paradoxe. Riche en hydrocarbures et très attentive aux choix de ses partenaires économiques, l’Algérie détient les clients et les fournisseurs les plus diversifiés de la région. La Russie et la Chine sont devenues des partenaires importants de l’Algérie (17 % des importations algériennes provenaient de Chine en 2019). Longtemps concentrées sur le secteur de la défense, les relations entre Moscou et Alger ont récemment évolué avec la crise du Covid-19 vers le domaine de la santé (utilisation du vaccin russe en Algérie).

    C’est pourquoi l’Europe doit rester très attentive à la situation du Maghreb et trouver des solutions, pas seulement d’ordre financier, pour contribuer à la stabilité de ces pays. Celles-ci dépendent du bien-être des populations, davantage que le seul soutien aux régimes. Agissons tant qu’il est encore temps.

    *Normalien, agrégé de géographie, Hakim El Karoui a enseigné à l’université Lyon II avant de rejoindre le cabinet du Premier ministre en 2002. Après un passage à Bercy, il rejoint, en 2006, la banque Rothschild. Depuis le mois d’avril 2021, il dirige le bureau parisien de Brunswick. Il est également essayiste et entrepreneur social et a créé le club du XXIe siècle et les Young Mediterranean Leaders. Hakim El Karoui est senior fellow de l’Institut Montaigne et auteur de plusieurs rapports, dont Nouveau monde arabe, nouvelle « politique arabe » pour la France (2017).

    Institut Montaigne, mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Tunisie, Mauritanie, Libye, Maghreb, Migration, Méditerranée,

  • Sahara Occidental : Les étapes de la colonisation marocaine

    On a trop souvent tendance à oublier que le Maroc s’est approprié le territoire de la RASD en deux étapes. 


    Lors du retrait des forces espagnoles, l’Espagne a transféré les pouvoirs administratifs du Sahara Occidental – mais non pas sa souverneté, nuance! – à la Mauritanie et au Maroc.
     
    Cette carte illustre la frontière entre les deux zones d’occupation, la Mauritanie appelant sa partie du butin wilâyat at-Titis al-gharbiyya, la « Province de Tiris occidentale ».
     
    Défaite par les forces armées de la RASD, l’armée mauritanienne dû plier bagages et revenir à la frontière internationalement reconnue de la République Islamique de Mauritanie, suivant un traité entre la RIM et la RASD.
     
    Le Maroc ne se sentait pas obligé de respecter ce traité ni les injonctions onusiennes, il envoya son armée récupérer ce territoire qu’il revendique. (À titre d’info, ne pas oublier que durant de longues années le Maroc a également revendiqué le territoire de la RIM comme faisant partie du ‘MA historique’.)
     
    Cette carte (d’Afrique, échelle 1:10oooooo, Bartholomew, Édimbourg) dont vous voyez un extrait, date de cette période intérimaire et nous la documente…


    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Mauritanie, Saguia El Hamra, Rio de Oro, Dakhla, Tiris El Gharbiya,

  • Mauritanie – Maroc : Le Tebraâ, une poésie des femmes du Sud, sauvé de l’oubli

    Forme d’expression poétique où la femme sahraouie manifeste son attrait à la beauté, au courage et à la loyauté de l’homme, le Tebraâ est une véritable ode à l’amour.

    Spécificité de la culture Hassanie, du sud du Maroc et de la Mauritanie, son contenu et son mode d’expression ont évolué au fil du temps.

    Il s’agit de poèmes intimes, chantés le plus souvent accompagné des tons de « tedinit » ; un instrument traditionnel de la musique hassanie de la famille des guembris ou des n’gonis, l’identité des autrices devaient rester secrète, tant les femmes ne pouvaient exprimer leurs sentiments du fait des interdits sociaux qui les empêchaient de dévoiler leur amour publiquement.

    Les poèmes devaient toutefois atteindre l’homme aimé, via un intermédiaire de confiance. Au fil du temps, au gré de l’émancipation des femmes, cette expression lyrique a été rendue publique, accédant au titre de genre littéraire à part entière.

    Paradoxalement, avec la levée des obstacles entravant l’interaction entre les hommes et les femmes, la pratique du Tebraâ peine à subsister. Dommage collatéral de la modernité, où les moyens de communication prennent d’autres formes.

    Un patrimoine immatériel inestimable, fait de poèmes d’expression orale, dont certains chefs d’œuvres transmis de génération en génération, illustrant la créativité des femmes qui les ont composés, lors de différents événements, de manière totalement spontanée.

    Un trésor que l’Académie du Royaume du Maroc, s’est attelé à sauver de l’oubli, avec un ouvrage de très bel facture. Dans ce beau livre, des femmes de différentes générations et régions de l’espace hassani sont célébrées, de l’Oued Noun au Nord, au fleuve Sénégal au Sud. Certaines d’entre elles sont décédées sans avoir enregistré leurs poèmes.

    « Dans une société où la transcription n’était pas systématique, la poésie, qui a été transmise de la bouche des femmes, a toujours représenté une source de grande valeur pour le chercheur, car elle n’est pas seulement la codification du style de vie et de l’esthétique des lieux, mais parce qu’elle reflète également la vision, les perceptions et les représentations de ce monde sahraoui.

    Par conséquent, la poésie hassanie est la meilleure incarnation du patrimoine immatériel du peuple du Sahara » précis-t-on du côté de l’Académie.

    Ce nouvel ouvrage qui documente la poésie féminine hassanie est le fruit d’un effort collectif de plusieurs chercheurs issus du Maroc, de France et de Mauritanie, ayant recueilli des poèmes et des partitions poétiques pour ensuite les transcrire, les catégoriser, les traduire et les enregistrer, sous la supervision de l’Académie du Royaume. Composé d’une centaine de « Tabri’a » (singulier), accompagné d’explications en arabe et en français, ce livre est une tentative de collecter et de documenter ce patrimoine littéraire oral qui porte la mémoire de la communauté marocaine sahraouie depuis plus d’un siècle.

    Un code QR est inséré sur la couverture du livre et permet d’accéder à une lecture audio des « Cent poèmes et poème ». La nouvelle publication a été présentée par l’Académie, lors de la journée internationale de la poésie, le 25 mars dernier.

    « L’objectif de ce travail littéraire s’inscrit principalement dans la retranscription et la préservation de l’héritage de la culture marocaine dans sa dimension Sahraouie, notamment ce genre de poésie oublié depuis longtemps, car associé aux femmes et aux contraintes de la société traditionnelle liées à la notion de la décence », a précisé, Aziza Aguida, professeure universitaire à la faculté des Langues, Arts et Sciences Humaines relevant de l’université Ibn Zohr, lors de cet évènement.

    Music in Africa, 12 mai 2021

    Etiquettes : Mauritanie, Maroc, musique, Hassania, Tebrâa,

  • La surprenante carte du Maroc dans un bureau du roi Mohammed VI

    En décembre 2020, le président Trump a déclaré que les États-Unis reconnaîtraient la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental dans le cadre d’un accord selon lequel le Maroc « normaliserait » ses relations diplomatiques avec Israël. Selon le Barreau de New York, si cette décision est approuvée par le président Biden, les États-Unis deviendront le seul pays à reconnaître la revendication de souveraineté du Maroc.

    En vue d’examiner cette question les causes et les implications de la décision de l’ancien président Trump, le Barreau a organisé un débat par vidéoconférence avec la participation d’un un panel de personnalités distinguées dont l’ancien conseiller de Donald Trump, John Bolton.

    Dans son intervention, Bolton a affirmé avoir remarqué lors d’une de ses rencontres avec Mohamed VI, une carte dans un bureau officiel sur laquelle le Sahara occidental ainsi que Tindouf et le nord de la Mauritanie figuraient à l’intérieur des frontières du Maroc.

     » Nous avons rencontré le nouveau roi Mohammed VI dans l’un de ses bureaux, je pense à Marrakech, un bureau très impressionnant. Derrière son bureau se trouvait une carte du Maroc (…) Vous ne serez pas surpris d’apprendre qu’elle incluait le Sahara Occidental. Elle comprenait également la moitié occidentale de l’Algérie et une grande partie de la Mauritanie », a-t-il révélé.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=qfuaxhm-j9M&w=560&h=315]

    Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, Mauritanie, Algérie,

  • A Lagouera, la Mauritanie est dans tous ses droits face au Maroc au statut d’agresseur occupant du Sahara Occidental

    A Lagouera, la Mauritanie est dans tous ses droits face au Maroc au statut d’agresseur occupant du Sahara Occidental

    par Maître Takioullah Eidda

    Le 14 novembre 1975, à Madrid, l’Espagne, alors puissance coloniale, signait un accord avec la Mauritanie et le Maroc, dit «Accord de Madrid».

    En vertu de cet accord, la région du Sud (Wadi Edahab), à savoir les villes de Dakhla, Awserd, El Argoub, Tichla, Legouéra, etc, revenaient à la Mauritanie et Lâyoun, Smara, Boujdour et tout le Nord revenaient au Maroc.

    Le 5 août 1979, un accord de paix fut signé entre la Mauritanie et le Front Polisario, lequel spécifie à son article 3 I.a) que:

    «La République Islamique de Mauritanie déclare solennellement qu’elle n’a et n’aura pas de revendications territoriales ou autres sur le Sahara Occidental».

    Nulle part dans cet accord, la Mauritanie n’a renoncé à son statut de «puissance administrante» de la partie du territoire qu’elle occupait. Cette réserve se comprend aisément aujourd’hui, compte tenu des enjeux relatifs à la sécurité de ses frontières et à l’incertitude entourant l’avenir du Sahara Occidental en tant que tel.

    Sans chercher à renégocier avec la Mauritanie et l’Espagne les termes de l’accord de Madrid du 14 novembre 1975, le Maroc a tout bonnement, unilatéralement et illégalement, annexé les parties Sud du territoire, délaissées volontairement par la Mauritanie dans la précipitation et l’écœurement.

    En revanche, la Mauritanie a tenu à conserver la bourgade de Lagouéra. Cette décision a été respectée par le Maroc, compte tenu de sa reconnaissance expresse, suivant l’accord de Madrid le 14 novembre 1975, de la souveraineté de la Mauritanie sur le Wad Edhahab.

    Alors, en vertu de quel droit, accord, traité ou reconnaissance internationale le Maroc peut revendiquer aujourd’hui un statut quelconque sur Lagouéra? AUCUN!

    Mieux: en tant que «puissance administrante», à laquelle l’Espagne a remis le territoire, la Mauritanie peut juridiquement et valablement demander au Maroc le retrait pur et simple de toutes les zones du Sud qui lui revenaient suivant l’accord de Madrid du 14 novembre 1975.

    Ce n’est pas parce que la Mauritanie a renoncé à toute revendication sur le Sahara Occidental, que cela lui enlève pour autant le droit de conserver et de gérer ce territoire en tant que «puissance administrante», en attendant un règlement définitif accepté par les parties et entériné par les Nations-Unies.

    Le jour où un tel règlement interviendrait, la Mauritanie a déjà reconnu, et le réitère à chaque fois que l’occasion se présente, qu’elle n’a pas de revendication sur le Sahara Occidental et qu’elle s’attache aux principes inviolables des Chartes de L’ONU et de l’Union Africaine relatifs au droit des peuples de disposer d’eux-mêmes et à l’intangibilité des frontières héritées de l’époque coloniale.

    Il est donc dans l’intérêt du Maroc de se tenir bien tranquille quand vient le temps de parler de la zone de Lagouéra, car elle met en évidence son statut d’occupant dans la partie Sud du Sahara Occidental, à l’instar de son statut dans le Nord de ce territoire: statuts de plus en plus décrié par les instances internationales, y compris par la Cour Européenne de Justice, laquelle a décidé, le 10 décembre 2015, qu’aucun pays européen ne peut inclure dans ses accords avec le Maroc le territoire qu’il occupait illégalement: le Sahara occidental.

    Maître Takioullah Eidda, avocat
    Nouakchott, Mauritanie.

    Libres opinions, 02.05.21

    Etiquettes : Mauritanie, Maroc, La Güera, Sahara Occidental, Accord Tripartie de Madrid,

  • Vidéo : Entretien avec Mokhtar Ould Daddah à propos de la nature des rapports entre le Maroc et la Mauritanie

    VIDÉO: ENTRETIEN AVEC MOKHTAR OULD DADDAH À PROPOS DE LA NATURE DES RAPPORTS ENTRE LE MAROC ET LE PEUPLE MAURITANIEN

    Dans une interview radiophonique réalisée et diffusée le 8 septembre 1960, soit environ trois mois avant la déclaration d’indépendance de la République islamique de Mauritanie, le président Mukhtar Ould Daddah a répondu à une question du journaliste Jean Lacoutoure concernant la revendication par le Maroc sur la Mauritanie et sa base historique et linguistique, en disant que les arguments historiques dans ce domaine ne valent absolument rien dire , car il n’est pas possible dans le monde contemporain des relations internationales de construire une revendication sur la base de justifications historiques.

    Il se demanda: que diraient les Français et les Allemands si les Espagnols protestaient contre le passé et pointaient du doigt une certaine période de l’histoire et disaient que Charlemagne (également connu sous le nom de Charlemagne ou Charles le Grand), ainsi que Charles Quint, avaient étendu son contrôle. sur la plupart de l’Europe un jour, faire de la France ou de l’Allemagne actuelle une partie De ou affilié à l’Espagne?

    La base historique des arguments de la revendication marocaine est fausse, dit Mokhtar, avant d’ajouter: L’Empire Cherifien n’a pas compris la nature de ses relations avec la Mauritanie;

    Que la prière au nom du Sultan soit faite à Tombouctou , un certain temps, ce qui est un fait historique qu’il ne nie pas , cependant la priére au nom du Sultan n’a jamais été faite en Mauritanie, ni à Ouadane, ni à Chinguetti, ni à Atar. , ni à Tjijka, ni à Tichit, ni même à Walata,qui étaient les villes historiques mauritaniennes habitées à cette époque et constituant un espace de vie urbaine.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=sTjVb8cgSC4&w=560&h=315]

    Si l’argument historique devait être utile dans notre monde actuel, il serait plutôt en faveur de la Mauritanie, car quiconque s’intéresse à l’histoire ne peut ignorer l’épopée des Almoravides ou le fait qu’ils sont des Mauritaniens sortis de la périphérie du fleuve Sénégal , en particulier la zone proche de notre nouvelle capitale, Nouakchott, pour traverser le désert et établir la ville de Marrakech.

    Puis il clarifie: si nous pointons l’histoire et partons d’elle, c’est la Mauritanie qui devrait avoir des revendications sur le Maroc, mais ce n’est pas l’impérialisme et elle ne veut absolument pas agir de cette manière.

    Source : Aqlame via Adrad.info, 5 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Mauritanie, Mokhtar Ould Daddah, revendications marocaines,