L’EXPERT MAURITANIEN SOULEIMAN EL-CHIKH HAMDI : « La Mauritanie ne s’embourbera pas dans les manœuvres marocaines »
Étiquette : Mauritanie
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Sahara Occidental-Maroc : « La Mauritanie ne s’embourbera pas dans les manœuvres marocaines » (expert)
Le Maroc a tout fait pour entraver le plan de règlement du conflit du Sahara occidental avant de procéder à son acte « imprudent » à El-Guerguerat, a déclaré l’expert mauritanien des affaires sahelo-sahariennes, Souleiman El-Cheïkh Hamdi, qui assure, que « la Mauritanie ne s’embourbera sûrement pas dans les manœuvres politiques marocaines », si la guerre venait à s’intensifier dans la région.Dans un entretien au site « SH24H », paru samedi, Souleiman El Chikh Hamdi, a soutenu que « le Maroc est resté coincé dans le conflit du Sahara occidental, et cette question (sahraouie) sera la cause de la fin de son régime », concluant que les Mauritaniens « sont convaincus » que le parachèvement du processus de décolonisation du Sahara occidental, « va former une barrière impénétrable contre les ambitions expansionnistes marocaines » dans la région. Cette conviction, d’après lui, « bénéficie du soutien de la majorité des tendances, populaires et officielles, en Mauritanie ».Tout en montrant comment le Maroc nourrissait ses idées expansionnistes depuis les revendications du Parti Istiqlal, et les sorties de certains hommes politiques marocains à cet égard, M. Hamdi, a déclaré que « la Mauritanie est exposée de temps en temps à des campagnes hostiles de la part du Maroc ». S’exprimant sur les derniers développements dans la région, M. Hamdi a expliqué que « la situation actuelle nous a ramenés à la case départ, c’est-à-dire à la guerre, la transgression du plan de règlement qui a stagné depuis ses premiers instants, à commencer par l’opération de recensement, l’identification, le cessez-le-feu, la détérioration des droits de l’Homme et l’échec à créer les conditions nécessaires à l’organisation d’un référendum d’autodétermination (au Sahara occidental) ».Pour lui, le Maroc a tout fait pour entraver le travail des Nations unies en raison notamment du soutien français, en violation flagrante des résolutions de l’ONU jusqu’à ce qu’il procède, le 13 novembre 2020, à son acte « imprudent », celui de l’agression militaire contre des civils sahraouis dans la zone tampon d’El-Guerguerat (Sud-ouest du Sahara occidental). Cela dit, est le résultat de sa (du Maroc) « stupidité politique » qui s’était traduite par la violation du cessez-le-feu de l’ONU, vieux de 30 ans.En revanche, le chercheur mauritanien a souligné que « la position mauritanienne concernant la question sahraouie est restée constante, car les relations mauritano-sahraouies sont ancrées dans l’histoire, sur le plan social, économique et politique, car, dit-il, « les deux peuples en font un mais dans deux États ». Notant à cet égard, que la fin de la guerre entre les deux peuples frères en 1978 et le retrait de la Mauritanie de cet épisode « injuste », était « une position saine », mais la plus solide des positions (de la Mauritanie) a été, selon lui, la reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique en 1984 (RASD).Il a en outre, mentionné que « le Maroc sait pertinemment que la Mauritanie a beaucoup enduré en raison des circonstances et des positions difficiles que le pays a dû adopter afin de maintenir une position de neutralité positive ». Il a estimé, par ailleurs, que malgré l’emploi par le Maroc, du trafic de drogues comme moyen pour attenter aux relations entre les deux peuples, « les relations sahraoui-mauritaniennes ne sont pas affectées, bien au contraire, elles sont devenues plus solides ». Dans ce sillage, il a prévenu que si la guerre venait à s’intensifier dans la région, « la Mauritanie ne s’embourbera sûrement pas dans les manœuvres politiques marocaines ».Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Mauritanie, -
Sénégal : Pont de Rosso, un pont entre l’Europe et l’Afrique
Rosso est, après l’aéroport de Dakar, le principal point d’entrée au Sénégal depuis l’étranger. Cette ville située sur le fleuve Sénégal est à l’image de son homonyme et ville jumelle en Mauritanie. La frontière entre les deux États longe la rivière. Les deux Rosso se sont toujours regardés, mais jusqu’à présent, ils ne se sont jamais vraiment touchés. C’est à cela que sert le Pont de Rosso, à relier enfin les deux rives, à simplifier la vie des habitants et des voyageurs et à rapprocher l’Afrique de l’Europe.
Ridial Fall est un citoyen sénégalais qui vit en Italie. Chaque année, à l’occasion du Magal de Touba, la plus importante récurrence de la confrérie mouride à laquelle il appartient, il retourne au Sénégal. En voiture. Il passe par la France, traverse l’Espagne. Puis Gibraltar, le Maroc et la Mauritanie. « Le passage de la Mauritanie au Sénégal peut devenir épuisant. Files d’attente pour prendre le ferry, temps d’attente très longs, opérations douanières… ». L’idée de traverser la rivière grâce à un pont le ravit. « Le pont de Rosso n’est pas une infrastructure, mais une nécessité, un rêve nécessaire ».
Hier, des représentants des gouvernements mauritanien et sénégalais étaient présents à la cérémonie de signature qui permettra le début des travaux et la réalisation du rêve nécessaire. Pour Nouakchott, il s’agissait de Mohamedou Ould M’Haïmid, ministre de l’équipement et des transports, et Mohamed Lemine Ould Dhehby, ministre des finances ; pour Dakar, Mansour Faye, ministre des infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement, et Abdoulaye Daouda Diallo, ministre des finances et du budget.Puis il y a eu bien sûr les représentants des différentes réalités économiquement engagées dans le projet : Mohamed Chérif, Country Manager de la Banque Africaine de Développement pour le Sénégal, Irène Mingasson, Ambassadeur de l’Union Européenne au Sénégal et Ramon Ynaraja, représentant de la Banque Européenne d’Investissement.
L’absence de traversée du fleuve Sénégal, frontière naturelle entre les deux pays, a historiquement constitué un obstacle majeur à la mobilité des personnes et des biens. Le pont de Rosso reliera les 1 500 mètres séparant les deux rives du fleuve, facilitant ainsi les transports et les échanges, réduisant la durée des trajets et diminuant les coûts de transport. Dans une perspective plus large, elle contribuera également, par extension, au développement des activités de transport le long des corridors transafricains Tanger-Lagos et Alger-Dakar, afin de consolider l’intégration Sud-Sud entre l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb.
Le coût total du projet est d’environ 88 millions d’euros, dont une subvention de 20 millions d’euros de l’Union européenne, deux prêts pour un total de 41 millions d’euros de la Banque africaine de développement aux deux pays et 22 millions d’euros de la Banque d’investissement de l’Union européenne. Le reste du financement est assuré par des fonds de contrepartie engagés par les deux États.
A l’occasion de la cérémonie, Irène Mingasson, a déclaré : « Avec une contribution non-remboursable de 20 millions d’euros pour la construction du Pont Rouge, l’UE est un partenaire important. Intégration régionale de l’Afrique de l’Ouest ». Ce projet de construction de pont, a-t-il ajouté, contribue à renforcer cette intégration économique et sociale nécessaire au développement de la région : « Ce pont est aussi le lien entre la Méditerranée et l’Afrique de l’Ouest et donc avec l’Europe. Elle ne peut que renforcer le partenariat Afrique-Europe. L’engagement de l’UE à consolider ce partenariat en améliorant les performances de ce corridor côtier se concrétisera avec la construction du pont ».
Le Pont Rouge est un véritable lien entre le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest. La Banque africaine de développement a mobilisé près de 41 millions d’euros pour améliorer la mobilité des personnes et des biens, au bénéfice des populations. » Avec l’achèvement récent du pont de la Sénégambie financé par la Banque, le pont rouge constituera le seul chaînon manquant du corridor Tanger-Lagos. Ce projet est un bon exemple de la coopération entre donateurs », a ajouté M. Cherif.
« Le renforcement des transports transfrontaliers est essentiel pour le commerce, l’activité économique et la cohésion sociale. La Banque européenne d’investissement est heureuse de soutenir cette liaison de transport prioritaire, en partenariat avec le Sénégal, la Mauritanie, la Banque africaine de développement et l’Union européenne « , a enfin commenté M. Fayolle. « Le projet du Pont de Rosso facilite la coopération internationale et renforce le commerce transafricain. En favorisant le développement du secteur privé (en particulier l’agriculture), le projet encourage le maintien et la création d’emplois, et contribue ainsi à la lutte contre la pauvreté. »
(Stefania Ragusa)Africa Rivista, 27 mars 2021
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Un pont construit par la Chine reliera pour la première fois la Mauritanie et le Sénégal
La Mauritanie et le Sénégal ont signé aujourd’hui au poste frontière mauritanien de Rosso un contrat avec la société chinoise Polychangda Engineering qui construira le premier pont reliant les deux pays, séparés par le fleuve Sénégal, ont indiqué à EFE des sources officielles mauritaniennes.
Le budget du pont, qui s’élève à 87,63 millions d’euros, sera financé conjointement par la Banque européenne d’investissement, la Banque africaine de développement et l’Union européenne, ainsi que par les deux pays voisins.
Elle sera longue de 1,48 kilomètre et large de 7,2 mètres dans les deux sens, avec une voie autoroutière de 2,4 mètres de long et un accotement de 2,1 mètres de large pour les piétons.
La durée des travaux est estimée à 30 mois, tandis que le pont aura une durée de vie estimée à 100 ans.
La construction de ce pont était un rêve depuis l’indépendance des deux pays, et aujourd’hui il est devenu une réalité, a déclaré le ministre mauritanien des transports, Mohamed Ahmedou, lors de la cérémonie de signature du contrat.
Le nouveau pont, hautement symbolique, sera un lien important non seulement entre les deux pays, mais aussi entre l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb, a déclaré le ministre.
Jusqu’à présent, la seule voie de transit sur le fleuve Sénégal entre les deux pays était le bac de Rosso, qui transporte des personnes, des véhicules et des animaux, ainsi que de petites pirogues qui ne peuvent pas transporter de véhicules.
Le seul passage terrestre se situe en amont, et il n’est accessible qu’aux véhicules tout-terrain. Le pont changera donc le visage de la circulation dans la région.
Mais en plus, le pont sera un lien important entre deux pays, le Sénégal et la Mauritanie, qui ont eu une histoire compliquée de suspicion mutuelle qui a explosé en 1989, quand il y a eu des massacres d’Arabes au Sénégal et d’Africains en Mauritanie, une crise qui a pris des années à surmonter. EFESwissinfo, 25 mars 2021
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Sahara Occidental : La Mauritanie aux côtés des sahraouis
Par Ali OussiNouveau coup dur pour les médias aux ordres du Makhzen. Ces derniers, écrivant sous la dictée des conseillers forts peu avisés du roi Mohamed VI, s’étaient en effet aventurés à prétendre que le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani aurait refusé de recevoir l’envoyé spécial du chef d’Etat de la RASD (république arabe sahraouie et démocratique) Brahim Ghali.Or, le camouflet lié à cette campagne médiatique tendancieuse et mensongère n’a pas tardé à se faire jour par la voie, et la voix, la plus officielle qui soit. Un communiqué de la présidence mauritanienne, daté de ce mercredi a en effet administré un gifle magistrale à Rabat en évoquant cette rencontre dont le Maroc ne voulait absolument pas entendre parler.Mieux encore, les éléments de langage utilisés dans ce communiqué officiel transcendent de loin la sémantique diplomatique traditionnelle pour constituer une cinglante et indirecte réponse mauritanienne à la campagne médiatique et politique du Maroc. Nouakchott, en effet, qualifie de « frère » le président sahraoui ce qui vaut son pesant de sens et de puissance.Des sources très au fait de ce genre de dossiers particulièrement sensibles, nous révèlent en effet que le « protocole a été scrupuleusement respecté par Nouakchott dans l’annonce de cette audience, telle réservée aux personnalités de très haut rang. Il faut dire aussi que le Polisario a lui aussi honoré à sa manière son voisin du sud en lui envoyant un émissaire loin d’$être n’importe qui.Il ne s’agit rien moins que de Béchir Moustapha Sayed, membre du Secrétariat national du Front Polisario, ministre Conseiller chargé des Affaires politiques à la Présidence sahraouie. Ce haut responsable au sein de la direction du Polisario est également le frère de El Ouali Mustapha Sayed, dirigeant historique et fondateur de ce front.Finalement, le soutien clairement affiché de la Mauritanie à la cause sahraouie bat en brèche la campagne menée tambour battant par le Makhzen sur un prétendu changement d’attitude et de position de la part de Nouakchott vis-à-vis de la question sahraouie depuis l’arrivée de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani à la tête de la présidence mauritanienne….La Patrie News, 26 mars 2021Tags : Mauritanie, Sahara Occidental, RASD, Front Polisario, -
Ambassadeur d’Algérie : « Une étude est en cours pour l’ouverture d’une agence d’une banque algérienne à Nouakchott ».
Dans une interview accordée à l’agence de presse mauritanienne Al Akhbar, l’ambassadeur d’Algérie à Nouakchott a dévoilé l’intention des autorités algériennes d’ouvrir une agence bancaire à Nouakchott.
Texte intégrale de l’interviex (traduction non officielle)
Ambassadeur d’Algérie : « Une étude est en cours pour l’ouverture d’une agence d’une banque algérienne à Nouakchott ».
L’ambassadeur d’Algérie en Mauritanie, Noureddine Khandoudi, a souligné qu’il est devenu nécessaire de créer une succursale d’une banque algérienne à Nouakchott « pour faire face au grand développement des relations commerciales bilatérales afin de résoudre le problème du paiement et des transferts financiers. » Le texte de l’interview est le suivant :Q : Comment voyez-vous la coopération algéro-mauritanienne, et quels sont ses domaines les plus saillants ?
R : La coopération algéro-mauritanienne est riche en réalisations et bénéficie d’une structure encadrée par des mécanismes : le Comité de concertation politique, le Comité de suivi et la Haute commission mixte de coopération algéro-mauritanienne. Ainsi, la coopération entre nos deux pays est durable et ouverte, puisqu’elle couvre tous les domaines sans exception. Elle se traduit également par des visites bilatérales dans le but d’approfondir et d’élargir la coopération entre les deux pays frères. En ce qui concerne les domaines les plus marquants de la coopération bilatérale, je parlerai des plus importants d’entre eux : les visites du plus haut niveau entre les deux pays frères, malgré les circonstances de la pandémie du COVID 19. En ce qui concerne les visites, je mentionne : – la visite du Ministre des Affaires Etrangères, Mr. Ismail Ould Cheikh Ahmed, en Algérie le 13 février 2020 ; – la visite du ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, à Nouakchott le 10 mars 2020 ; – la visite à Nouakchott en juin 2020 de la délégation ministérielle algérienne de haut niveau conduite par le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, qui comprenait les ministres des Finances, du Commerce et de la Santé ainsi que le directeur général de l’Agence algérienne de coopération internationale ; – le 4 janvier 2021, deux avions ont atterri à l’aéroport de Nouakchott, Oum Al-Tounsi, le premier transportait le ministre de la Santé, le ministre chargé de la réforme hospitalière, des experts du Comité scientifique de surveillance et de suivi du COVID 19, ainsi qu’une délégation médicale de 17 médecins et techniciens, pour aider la Mauritanie à faire face à la pandémie. Le second avion transportait vingt tonnes d’aide, de fournitures et d’appareils médicaux ; – de son côté, Alger a reçu du 5 au 7 janvier 2021 une importante délégation militaire mauritanienne conduite par le général de corps d’armée Mohamed Ould Makt. Au cours du mois de mars 2021, les deux pays ont coopéré dans les domaines suivants : – la pêche, et notamment l’échange de formation ; – la santé, par l’octroi d’une formation de haut niveau dans le domaine paramédical, en plus de la mise en place d’un accord global dans le secteur de la santé en général ; – les énergies renouvelables, l’impression de manuels scolaires, la coopération décentralisée entre Nouakchott et Alger. Tout cela attend la circonstance appropriée pour tenir une nouvelle session de la Haute Commission Mixte à Nouakchott.
Q : En 2018, les deux pays ont annoncé l’ouverture de leur premier passage terrestre. Comment cela se reflète-t-il sur les relations entre les deux pays, et sur les échanges commerciaux ?
R : La mise en place du poste frontalier commun et son lancement officiel en août 2018, constitue un changement qualitatif dans les relations entre les deux pays frères. Cet événement important sera suivi par la signature, prochainement, de l’accord portant création de la » Commission frontalière bilatérale « . Cette Commission s’occupera de la coopération économique, culturelle et sécuritaire le long des zones frontalières communes. En attendant l’étape décisive pour l’achèvement de la route stratégique entre Tindouf et Zouirate (environ 900 km), qui changera les caractéristiques de toute la région par son développement et la forte impulsion de l’activité commerciale, économique et culturelle en plus du contact humain entre les deux peuples frères.
Dans le domaine culturel, un certain nombre de manifestations ont été annulées à cause du COVID 19 dont le forum international sur le savant Cheikh Abdelkarim Telemssani dans la ville algérienne d’Adrar, sous le haut patronage du Président de la République, M. Abdelmajid Tebboune. Cette personnalité est un héritage commun dans l’histoire de nos deux pays, avec la participation des pays africains voisins. Quant à l’aspect stratégique et géopolitique, la construction de la route entre la frontière algérienne et Zouirate fera de la Mauritanie le cœur de l’axe Le Caire-Dakar et Alger-Dakar. Ce dernier axe, qui s’inscrit dans les plans de l’Union africaine, est actuellement en cours d’achèvement. Après la réalisation de la route Nouakchott-Rousseau, les travaux du pont Rousseau sur le fleuve Sénégal débuteront. L’achèvement de cette route permettra également à la Mauritanie de communiquer par voie terrestre avec trois pays du Maghreb, à savoir l’Algérie, la Tunisie et la Libye. Si l’on regarde la carte après la réalisation de cette route terrestre, la connexion entre les quatre pays du Maghreb mettra en évidence les caractéristiques de la construction d’un Maghreb arabe intégré sur le plan économique, commercial, humain et culturel.
Q : L’Algérie a organisé une exposition de ses produits et industries à Nouakchott, décrite comme la plus grande exposition de ce type en dehors de l’Algérie. Quelles sont les conséquences de cette exposition de produits algériens sur le marché mauritanien ?R : L’Algérie a organisé deux expositions à Nouakchott, la plus grande en dehors du pays et la plus grande que Nouakchott a reçu également. La première du 30 avril au 6 mai 2017 et la seconde du 23 au 29 octobre 2018, et cette dernière était la plus grande, puisque 170 entreprises algériennes y ont participé en plus de 400 exposants et 133 hommes d’affaires algériens. En marge de cette exposition, 18 accords ont été signés entre des concessionnaires algériens et mauritaniens. Les deux expositions ont eu des répercussions qui se sont traduites par une forte présence des produits algériens sur le marché mauritanien. Le consommateur mauritanien a admiré ces produits pour leur qualité et leur prix. Nous attendons une percée dans les relations commerciales entre les deux pays, surtout si la route de la frontière à Zouirate est goudronnée.
Q : En octobre dernier, lors de la cérémonie de lancement du groupe parlementaire de l’Amitié Mauritano-algérienne, vous avez annoncé une étude sur la possibilité d’ouvrir une banque algérienne en Mauritanie, où en est cette question ?
R : Il est impératif d’établir une succursale d’une banque algérienne à Nouakchott pour faire face au grand développement des relations commerciales bilatérales et résoudre le problème de paiement et de transfert d’argent. Une étude est en cours en Algérie sur la possibilité d’ouvrir une succursale de la banque algérienne en Mauritanie et ailleurs.
Q : Deux nouveaux présidents ont pris le pouvoir dans les deux pays au cours des deux dernières années : Mohamed Ould Cheikh Al-Ghazouani en Mauritanie, et Abdelmajid Tebboune, alors comment ces nouvelles personnalités ont-elles affecté les relations des deux pays, et était-ce un impact positif ou négatif ?R : Les relations entre les deux pays frères se sont accrues et étendues. Parmi les nombreuses preuves de ce rapprochement je mentionne : les conversations téléphoniques entre les deux présidents sur la situation du COVID 19 dans les deux pays et les questions d’amélioration des relations ainsi que l’échange d’envoyés spéciaux entre les deux pays.
Q : La région a connu des développements sécuritaires depuis octobre dernier, notamment ce qu’on appelle le passage de Guerguerat. Comment l’Algérie voit-elle cette question ? Et comment voyez-vous la position mauritanienne à ce sujet ?
R : La question du passage dit de Guerguerat doit d’abord être abordée du point de vue du droit international et de l’accord de cessez-le-feu de 1991 entre le Maroc et le POLISARIO. La problématique est de savoir comment une brèche dans le « mur de sable » que le Maroc a construit au Sahara Occidental après son occupation, s’est transformée en « passage », puis en « traversée » ? L’accord de paix qui a suivi un cessez-le-feu entre les deux parties stipule que les forces des deux parties doivent rester à l’intérieur des frontières dessinées par la carte de cessez-le-feu selon l’accord militaire numéro 1 signé le 24 décembre 1997 entre le Général Bernd Lubenik pour la MINURSO et Brahim Ghali pour le POLISARIO d’une part et le même Général et un représentant pour le Maroc, le 22 janvier 1998. L’accord définit la bande tampon. Il est interdit aux forces armées et aux véhicules militaires de pénétrer dans cette zone. Lorsque le Maroc a essayé de paver la route de Guerguerat à la frontière mauritanienne en 2016, l’ONU a refusé et l’a appelé à arrêter les travaux, ce qu’il a fait en février 2017. La brèche de Guerguerat a été créée par des contrebandiers et des trafiquants de drogue. C’est ce qu’a justifié le Maroc lorsque ses forces de gendarmerie ont franchi le mur de Guerguerat, le 11 août 2016, en soulignant que cette action s’inscrivait dans le cadre de la « lutte contre la propagation de la contrebande et du trafic de drogue. » Cette position déclarée peut être revue dans toutes les sources médiatiques de l’époque. D’autre part, la MINURSO utilise les brèches dans le mur de sable pour se déplacer entre les deux zones, contrôlées par le Maroc et la RASD, à ma connaissance Mahbas, Tafariti, Guelta et Awserd. Quant à Guerguerat, elle ne fait pas partie des brèches utilisées par la MINURSO. Comme chacun sait, l’établissement d’un passage légal entre deux pays voisins est une question qui doit être négociée et aboutir à un accord. Lorsque l’Algérie et la Mauritanie ont voulu créer un passage frontalier entre elles, elles ont négocié et se sont rencontrées pendant deux ans (2017-2018), après quoi l’accord pour établir le passage a été signé par les ministres de l’intérieur des deux pays. Autant que je sache, la Mauritanie reconnaît la RASD, et dans les documents officiels de la Mauritanie, il est indiqué qu’elle est bordée au nord par le Sahara occidental. En ce qui concerne l’Algérie, l’attaque contre des manifestants sahraouis pacifiques, en plus du franchissement du mur susmentionné, est une violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu de 1991.
Quant à la position de la Mauritanie, c’est une position souveraine, basée sur la « neutralité positive ». Je comprends personnellement de la neutralité que la Mauritanie reconnaît à la fois le Royaume du Maroc et la RASD, traite avec eux, et reçoit leurs émissaires. Nous avons un grand espoir que la Mauritanie joue un rôle positif dans ce conflit, surtout pour amener les frères marocains et sahraouis à négocier une solution au conflit en tenant compte des résolutions de l’ONU et du droit international.Q : Quelle est la position de l’Algérie sur le groupe des cinq pays du Sahel, et sur la force conjointe de ce groupe ? Quelle est sa relation avec ce groupe dans le contexte de la sécurité et de la stabilité dans la région ?
R : D’emblée, je dois saluer le fait que l’Algérie entretient des relations fortes, fraternelles et historiques avec les pays africains qui ont formé le G5 Sahel. La position de l’Algérie concernant la sécurité dans les pays voisins est fondamentale. Notre pays est convaincu que ces pays peuvent coopérer entre eux pour relever les défis posés par les problèmes de sécurité. L’Algérie est connue pour son rejet de l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures des pays du continent. D’autre part, l’armée algérienne assume constitutionnellement les tâches de défense de la souveraineté nationale, de l’unité et de la sécurité du pays. Les actions et les mouvements des forces algériennes sont soumis au Président de la République, Commandant suprême des forces armées, ainsi qu’au ministre de la Défense nationale.
Q : L’Algérie a rejoint plusieurs organismes concernés par la sécurité régionale dans la région du Sahel (Pays du champ – Amis du Mali -), avant la disparition de ces formations. L’Algérie a-t-elle préféré maintenir une coopération et une coordination bilatérale avec chaque pays séparément plutôt qu’une coordination multilatérale ?
R : L’Algérie travaille sérieusement à renforcer la coopération militaire avec la Mauritanie, le Mali et le Niger pour faire face aux défis sécuritaires imposés à la région. La création du Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC) en 2019, basé à Tamanrasset, en Algérie, est un pilier fondamental pour répondre aux menaces et aux risques sécuritaires par la coopération et l’échange de renseignements pour coordonner les actions de part et d’autre des frontières communes des quatre États membres, et pour s’appuyer sur leurs propres capacités et leurs forces. L’Algérie reste convaincue que le CEMOC constitue un mécanisme efficace et utile pour la coopération avec d’autres partenaires. Il convient de rappeler que le 9 février 2021, Bamako a accueilli une réunion des chefs d’état-major du CEMOC, en présence de tous les États membres. Cela indique que les pays concernés adoptent toujours le CEMOC comme un moyen de coopération entre eux. La Mauritanie assure actuellement la présidence tournante de ce comité.
Q : La France travaille au déploiement d’une force européenne dans la région du Sahel, plus précisément dans le nord du Mali. Quelle est la position de l’Algérie par rapport à cette force ?
R : Dans mes réponses aux deux questions précédentes, j’ai indiqué que les positions de l’Algérie sont fondées sur des principes et découlent du rejet de toute forme d’intervention militaire étrangère pour résoudre les problèmes sécuritaires et militaires des pays de la région, au Sahel, en Afrique en général, ou au Moyen-Orient. L’expérience a montré que les interventions militaires étrangères ne résolvent pas les problèmes. Elles compliquent plutôt les problèmes et les approfondissent.
Source : Al Akhbar, 22 mars 2021Tags : Mauritanie, Algérie, Maroc, Sahara Occidental, coopération,
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La Mauritanie et le Qatar renouent les relations diplomatiques
Le gouvernement qatari a officiellement rétabli dimanche ses relations diplomatiques avec la Mauritanie, mettant fin à quatre années de rupture.
Le ministre qatari des affaires étrangères, Sheikh Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, s’est rendu en Mauritanie et a rencontré son homologue Ismail Ould Sheikh Ahmed, avec qui il a eu des entretiens.
Selon l’agence de presse qatarie, la rencontre a porté sur « l’examen des relations de coopération bilatérale et la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays frères. »
Nouakchott a rompu ses relations diplomatiques avec Doha il y a quatre ans, en raison de la crise du Golfe.
En juin 2017, la Mauritanie, membre de la Ligue arabe, a rompu ses liens avec le Qatar en raison des allégations selon lesquelles ce pays « soutient les terroristes ».
Les plus grandes puissances du monde arabe, dont l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats arabes unis, ont coupé leurs relations diplomatiques avec le Qatar, l’accusant de soutenir les militants islamistes et l’Iran. Le Qatar a démenti avec véhémence ces allégations.
Le ministère mauritanien des affaires étrangères a déclaré dans un communiqué quelques instants avant de rompre les liens avec le Qatar, « l’État du Qatar a lié ses politiques … au soutien d’organisations terroristes et à la propagation d’idées extrémistes. »
« Cela a entraîné de lourdes pertes en vies humaines dans ces pays arabes, en Europe et dans le monde entier », a-t-il ajouté.
Le Qatar a reconnu avoir fourni une assistance à certains groupes islamistes (tels que les Frères musulmans), mais a nié avoir aidé des groupes militants liés à Al-Qaïda ou à l’État islamique d’Irak et du Levant (ISIL).Taarifa, 21 mars 2021
Tags : Mauritanie, Qatar, Arabie Saoudite, monarchies du Golfe,
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Quand De Gaulle voulait aider les Algériens et les Marocains à « s’entretuer »
A l’automne de l’année 1963, l’Algérie repoussait une agression militaire d’envergure, conduite par l’armée marocaine avec pour but d’occuper une partie imposante du sud-ouest du pays. Ce que l’on appelle, aujourd’hui, la guerre des Sables éclata.
Des décennies sont passées sans que les secrets, conservés soigneusement dans « les dépôts de l’histoire », ne soient révélés. Quelques bribes seulement. Pourtant de l’autre côté de la frontière, la propagande n’a eu cesse de galvaniser les sujets en racontant des épopées et des légendes.
La décision des autorités algériennes de récupérer l’oasis de Laaroda, exploitée depuis des années par des citoyens marocains dans le cadre du bon voisinage, vient de détruire les élucubrations du makhzen marocain.
Alors que la jeune république se défendait contre l’expansionnisme démesuré d’Hassan II et de ses comparses, la France observait, en dépit de son devoir moral, une drôle de position. Officiellement, elle était neutre. En réalité, non !
Au pouvoir à l’époque, le général Charles De Gaulle aurait joué un rôle « néfaste ». Il aurait même fait en sorte d’exacerber le conflit armé entre les deux pays voisins, selon un livre d’Alain Peyrefitte (1925 / 1999).
Essayiste, mais surtout ministre durant l’ère De Gaulle, l’auteur a rapporté un entretien avec ce dernier, tenu au palais de l’Elysée en octobre 1963. Les propos du général traduisirent son esprit dédaigneux et suprématiste.
« Ce sont des histoires d’Arabes !», avait-il lâché. D’un ton cynique, il poursuivait : « Il faut qu’ils se chamaillent, les Egyptiens avec les Syriens, les Syriens avec les Kurdes, etc. Il y a bien deux mille ans que c’est comme ça. Quand nous étions là en force, nous avons pu imposer le silence ; puis, ils se sont tournés contre nous. Maintenant que nous ne pouvons plus être le bouc émissaire, ils se tournent les uns contre les autres ».
Ce jour-là, il semblerait que De Gaulle était prolixe. Son développement sur son attitude et celle de son gouvernement sont sans équivoques. « Le Maroc voudrait Tindouf, pour faire tomber la Mauritanie. Notre intérêt est au contraire dans le statu quo des frontières, de manière que la Mauritanie tienne le plus longtemps possible », avait-t-il plaidé.
Puis d’expliquer les choses sentencieusement : « Il ne faut rien proclamer du tout. Et, d’abord, c’est faux ! Nous aidons les Marocains, en leur fournissant des armes. Nous aidons les Algériens en mettant à leur disposition notre aérodrome de Colomb-Béchar ».
L’ancien chef de l’Etat français finit par le dire clairement : « Par le fait, nous les aidons à s’entretuer. Pourtant, il faut faire comme si nous étions neutres !»
Djaouad AmineLa Patrie News, 19 mars 2021
Tags : Maroc, Algérie, France, Mauritanie,
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Communiqué sur la participation de la Grèce à la réunion ministérielle de la Coalition internationale pour le Sahel
Annonce du ministère des Affaires étrangères sur la participation du ministre des Affaires étrangères Nikos Dendias à la réunion ministérielle de la Coalition internationale pour le Sahel (19 mars 2021)
Le ministre des Affaires étrangères Nikos Dendias a participé aujourd’hui, 19 mars 2021, à la réunion ministérielle de la Coalition internationale pour le Sahel («Coalition pour le Sahel»), qui s’est déroulée par vidéoconférence.
Dans son intervention, le Ministre a noté que la situation dans la région du Sahel continue de requérir l’attention de la communauté internationale tant d’un point de vue humanitaire que sécuritaire. La coopération des partenaires internationaux avec le groupe G5 des pays du Sahel contribue à la réponse aux défis complexes auxquels la région est confrontée en raison de la fragilité de l’environnement sécuritaire. Les problèmes interdépendants comprennent la pauvreté croissante, les activités des organisations criminelles et terroristes et l’augmentation des flux migratoires illégaux.
Le ministre a souligné que, dans ce contexte, la Grèce renforce sa présence dans la région à travers l’ouverture récente d’une nouvelle ambassade au Sénégal et la nomination de l’ambassadeur de Grèce à Dakar en tant qu’envoyé spécial du ministère des Affaires étrangères pour le Sahel. M. Dendias a souligné qu’il s’agissait d’une manifestation pratique de l’intérêt de la Grèce pour l’Afrique de l’Ouest et les pays du Sahel, dans le but de soutenir activement les efforts visant à renforcer la sécurité et la stabilité de la région, en collaboration avec les pays de la région, la Union et autres partenaires internationaux.Ministère grec des affaires étrangères, 19 mars 2021
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