Étiquette : Mauritanie

  • Fin du mandat du Secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe

    Fin du mandat du Secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe

    Taïeb Bakouche, UMA, Maghreb, Maroc, Algérie, Tunisie, Mauritanie, Libye, secrétaire général de l’UMA,

    Selon Taqadomy, aujourd’hui, mardi, prend fin le mandat de l’actuel secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe, Taïeb Bakouche, officiellement désigné en mai 2016 et qui a pris ses fonctions en août de la même année.

    « Bakouch a d’ores et déjà envoyé un mémorandum aux cinq pays afin de le prolonger pour un second mandat », précise la source. Et d’ajouter que « pour l’heure, aucune réponse n’est parvenue au requérant de la part des États membres ».

    Selon le règlement intérieur de l’Union, le Secrétaire général restera en poste jusqu’à la nomination d’un successeur.

    Or, une telle éventualité est peu probable à l’heure actuelle, car la région subit l’impact de divergences politiques sans précédent entre certains États membres. D’abord la rupture des relations entre le Maroc et l’Algérie, en plus de la crise diplomatique entre la Tunisie et le Maroc.

    Le secrétaire général de l’Union avait convoqué un sommet des Ministres des Affaires Étrangères des pays maghrébins, afin de discuter des questions en suspens, et il attend toujours les réponses du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie, après l’approbation de la Mauritanie et de la Libye.

    #UMA #Maghreb #Maroc #Mauritanie #Algérie #Tunisie #Libye #Taïeb_Bakouche

  • La Mauritanie reçoit une aide humanitaire de l’Algérie

    La Mauritanie reçoit une aide humanitaire de l’Algérie

    Mauritanie, Algérie, inondations, aide humanitaire,

    ALGER – L’Algérie a acheminé, mardi, des aides humanitaires vers la République islamique de Mauritanie, pays frère, suite aux récentes inondations survenues dans certaines régions de ce pays.

    Ces aides humanitaires ont été chargées à bord de deux avions militaires relevant des Forces aériennes de l’Armée nationale populaire (ANP) à partir de la base aérienne de Boufarik (Blida).

    Dans une déclaration à la presse, la présidente du Croissant Rouge Algérien (CRA), Ibtissem Hamlaoui a indiqué que ces aides entraient dans le cadre des « relations fraternelles et le soutien constant de l’Etat algérien à la Mauritanie, pays frère. Elles viennent en consolidation des efforts consentis par ce pays face aux conséquences des inondations survenues récemment dans certaines régions de la Mauritanie ».

    La Mauritanie a connu de nombreux morts et dégâts matériels dans plusieurs régions ces dernières semaines en raison des fortes pluies torrentielles et diluviennes depuis le début de l’automne en cours.

    Un total de 23 personnes ont trouvé la mort au cours des deux derniers mois suite aux fortes chutes de pluies qui se sont abattues sur plusieurs régions de la Mauritanie.

    #Mauritanie #Algérie #Inondations

  • Le conflit du Sahara conduira-t-il le Maroc à sa perte?

    Le conflit du Sahara conduira-t-il le Maroc à sa perte?

    Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Espagne, Algérie, Mauritanie, MINURSO,

    Lhoucine BENLAIL

    Depuis l’organisation en 1975 de la fameuse Marche verte par Hassan II, marche à laquelle participèrent pas moins de 350.000 marocains, la monarchie qui a fait de ce dossier un champ privé, s’est conduite d’une manière pour le moins curieuse pour ne pas dire amateure.

    – Déjà en 1975, le défunt roi Hassan II qui avait pris les devants au moment où le régime franquiste était à l’agonie, décida de partager avec la Mauritanie, ce territoire revendiqué par le Front Populaire de la Seghia Hamra et le Rio de Oro (P.O.L.I.S.A.R.I.O)

    L’etat mauritanien n’était demandeur d’aucun pouce du Sahara occidental.

    Ce partage fut acté par le traité tripartite de Madrid (Maroc, Espagne, Mauritanie)

    Les guérilleros du F.Polisario qui étaient déjà engagés depuis 1973, date de la création de leur mouvement, dans la lutte armée contre les troupes espagnoles présentes au Sahara occidental, dénoncèrent ce traité et décidèrent de retourner leurs armes contre les troupes marocaines qui avaient remplacé les militaires espagnols à l’issue de la Marche verte et de la signature des accords de Madrid.

    – La Mauritanie qui ne disposait guère d’une force militaire apte à faire face aux attaques du Polisario contre sa très modeste armée, dut se résoudre quelques années plus tard, à renoncer à ce cadeau empoisonné que lui avait offert Hassan II.

    – Le retrait de la Mauritanie en 1979 de ce conflit armé l’opposant à un Polisario armé par l’Algérie, obligea le Maroc à se déployer sur les territoires abandonnés par les militaires mauritaniens.

    – Ce retrait mairitanien fut accompagné de la reconnaissance de la RASD (République arabe sahraouie democratique) proclamée en 1976 par la direction du F.POLISARIO.

    – Vu l’immensité et l’étendue du Sahara occidental, le redéploiement marocain ne put couvrir l’ensemble du territoire sahraoui et seule la partie considérée par le Maroc comme utile pour son économie fut investie par l’armée royale marocaine.

    Cette partie couvrant essentiellement les zones (voir carte ci-dessus) comprenant les gisements phosphatiers et les côtes atlantiques donnant accès aux eaux de l’océan riches en ressources halieutiques.

    – L’accentuation des attaques du Front Polisario contre les troupes marocaines présentes au Sahara pour assurer la sécurité de ces gisements, conduit le roi Hassan II à décider l’érection d’un immense mur de sable, séparant de facto, la partie riche en minerais du Sahara de celle sur laquelle s’installèrent les combattants du Polisario, la considérant comme libérée.

    Ce mur appelé par les uns (Polisario) Mur de la honte et par les autres (Maroc) Mur de défense fut construit entre 1980 et 1987.

    – En 1984, pour protester contre la présence du Front Polisario au sein de l’OUA (Organisation de l’unité Africaine, Hassan II se retire de cette instance africaine. Ceci constituera une grave erreur, car le départ du Maroc permit à l’Algérie et au Polisario de prendre une influence considérable au sein de l’OUA et plus tard, dans les instances de l’UA (Unité africaine).

    RASD fut, en l’absence du Maroc, l’un des etats fondateur de la nouvelle structure africaine.

    A noter que, se rendant compte de l’erreur commise par son père par le retrait de l’OUA, l’actuel monarque marocain reviendra sur cette décision et demandera l’adhésion du Maroc à l’UA.

    Ce faisant, il fut obligé de ratifier la charte de l’instance africaine, laquelle charte contraint le Maroc à respecter les frontières des États membres de l’unité africaine en cela celles compris la RASD.

    – les instances internationales qui considéraient les affrontements militaires au Sahara comme un conflit de basse intensité ne s’étaient guère préoccupées de cette guerre larvée opposant le Maroc au Polisario.

    – Néanmoins, plusieurs batailles d’importance se déroulèrent sur ce territoire contesté.

    Déjà en 1976, des affrontements violents opposeront dans la région d’Amghala, l’armée marocaine aux combattants du F.Polisario soutenus par l’armée algérienne.

    – Ces affrontements prirent de l’intensité et amenèrent les Nations unies en 1991, à proposer un cessez le feu entre les belligérants.

    Cet armistice qui est accepté par les deux parties en conflit est assorti d’un accord signé tant par le Maroc que le F.Polisario, accord préconisant la nécessité de l’organisation d’un référendum d’autodetermination à travers lequel, les populations sahraouies devront choisir entre l’indépendance de leur patrie ou le rattachement au Maroc.

    Une force onusienne d’interposition entre les troupes marocaines et sahraouies (M.I.N.U.R.S.O) Mission des Nations unies pour un Référendum au Sahara occidental, prend ses quartiers sur ce territoire et entame les démarches en vue d’organiser cette grande consultation des sahraouis concernant leur avenir.

    Tant le Maroc que le Polisario signeront cet accord en 1991.

    – Depuis cette date, l’ONU, par le truchement de la MINURSO, s’emploie à favoriser des contacts directs entre le Maroc et le Polisario en vue de procéder à un recensement des populations sahraouies dont la majeure partie s’était réfugiée à Tindouf (Algérie).

    Le temps s’écoulant sans que les parties en conflit ne parvinrent à un accord au sujet de ce recensement indispensable pour l’organisation du référendum d’autodérmination au Sahara occidental.

    Si le Polisario estime que seuls les sahraouis recensés par l’Espagne avant 1975 sont éligibles pour participer à cette consultation, le Maroc, lui, exige la participation au référendum de toutes les personnes présentes sur ce territoire, en cela compris, celles établies au Sahara occidental après la Marche verte de 1975.

    Et c’est l’enlisement.

    – Pour donner une chance à ses efforts, l’ONU désignera un délégué du Conseil de sécurité pour le Sahara occidental dans l’espoir de trouver une solution à cette impasse.

    – Un deuxième puis un troisième et un quatrième représentant onusien sont envoyés vers les parties en conflit sans parvenir à dégager un consensus sur l’organisation du référendum d’autodetermination au Sahara.

    – Chaque partie accusant l’autre de saboter les efforts des envoyés spéciaux du Conseil de sécurité de l’ONU en vue d’avancer vers la réalisation des objectifs préconisés par les Nations unies.

    – En 2007, radicalisant sa position et rejetant de facto le contenu de la résolution onusienne proposant un référendum d’autodetermination, l’état marocain estimera que le Sahara occidental est un territoire marocain non négociable avec qui que soit.

    Dans le même temps, il informe les différents états membres de l’ONU de sa décision d’accorder aux sahraouis un statut d’autonomie sous souveraineté marocaine.

    Il allait de soit que ce plan appelé « Initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région du Sahara », fut rejeté tant par le Polisario que par l’Algérie.

    – Depuis cette initiative prise par le Maroc, c’est le blocage total.

    Et même si le Maroc hésite encore à se retirer du processus décidé par l’ONU en 1991, l’état marocain fait tout pour s’éloigner des résolutions des Nations unies, leur substituant son plan d’autonomie qu’il peine à « vendre » aux puissances occidentales.

    – Fin 2020, Donald Trump, soumis à rude pression par le lobby sioniste et l’AIPAC pro israélien, prend l’initiative de proposer au Maroc, une reconnaissance de la souveraineté de ce pays sur le Sahara occidental, reconnaissance conditionnée par la normalisation des Relations entre le Maroc et Israël.

    – Cette normalisation va nettement plus loin que ce qu’espéraient les USA et Israël puisque le roi Mohammed VI a ouvert tous les secteurs névralgiques de l’état marocain (armée, police, économie, etc) à la pénétration israélienne.

    – S’appuyant sur cette reconnaissance US qui reste aléatoire, le roi Mohammed VI durcit sa position et exerce un chantage très dur sur son voisin espagnol à travers l’encouragement par le Maroc de l’émigration clandestine.

    Ainsi, en mai 2021, des milliers de jeunes et d’adolescents marocains envahissent la ville espagnole de Ceuta dans une passivité flagrante des forces de sécurité marocaines.

    – Augmentant sa pression sur le gouvernement espagnol pour l’obliger à reconnaître la marocanité du Sahara, le monarque marocain autorisa ses services d’espionnage à mettre sur écoute le premier ministre espagnol via le dispositif logiciel Pegasus.

    La pression est tellement forte sur Pedro Sanchez, que celui ci n’a d’autre option que de faire les louanges du plan marocain d’autonomie. Un projet catégoriquement rejeté par le Polisario et son parrain algérien.

    – Convaincu que le chantage, la menace et les opérations d’espionnage paient et constituent la voie « royale » pour amener les pays occidentaux à manifester leur soutien à la thèse marocaine au sujet du Sahara occidental, Mohammed VI a lancé dans son discours du 20 août 2022, un avertissement clair aux pays qui hésitent à reconnaître le caractère marocain du Sahara occidental.

    Désormais, a dit le roi, nous conditionnerons notre amitié et notre partenariat avec les autres pays, en fonction de la seule attitude de ces états en rapport avec notre souveraineté sur le Sahara occidental.

    – Considérant ses rapports à l’Algérie et fort de l’appui israélien à sa politique militaire dans la région, le roi ne cesse d’acquérir des armements de plus en plus sophistiqués pour se mettre à l’abri de toute supériorité algérienne dans ce domaine.

    – Il n’est pas sûr que ce chantage et ces menaces exercés par Mohammed VI à l’encontre des pays européens produira les effets espérés par le roi du Maroc.

    Les relations internationales ont leurs règles, dont le chantage ne fait pas forcément partie.

    Sawt El hakika, 22/08/2022

    #Maroc #Sahara_Occidental #Front_Polisario #Espagne #Mauritanie #Algérie #MINURSO #ONU

  • Ahmed Raissouni a fini par démissionner

    Ahmed Raissouni a fini par démissionner

    Ahmed Raïssouni, Maroc, Union internationale des Oulémas musulmans, Algérie, Mauritanie, Sahara Occidental,

    Le président de l’Union internationale des Oulémas musulmans (UIOM), Ahmed Raïssouni, a fini par annoncer, ce matin, sa démission de la présidence de l’organisation.

    Le prédicateur marocain se plie ainsi aux pressions de plusieurs instances, suite à ses dernières déclarations virulentes contre l’Algérie, la Mauritanie et le Sahara occidental.

    Dans une sortie qualifiée d’irresponsable et provocatrice, Raissouni avait appelé les marocains à marcher sur Tindouf et Laâyoune, expliquant que « le Maroc doit redevenir comme il était avant l’invasion européenne, quand la Mauritanie faisait partie de son territoire ».

    Ces déclarations avaient provoqué un tollé général et le secrétaire général de l’Union a dû intervenir pour s’en démarquer.

    Il y a quelques jours, l’Association des Oulémas musulmans algériens a décidé de geler ses activités au sein de l’UIOM en exigeant la démission de Raïssouni.

    Ce qui est désormais fait. Dans sa lettre de ce matin, Raisounni a expliqué avoir présenté sa démission afin de pouvoir « s’exprimer librement sans aucune condition ni pression ».

    LSA, 28/08/2022

    #Maroc #Ahmed_Raïssouni #Oulemas

  • Mali: Note confidentielle sur la réunion des pays donateurs

    Mali: Note confidentielle sur la réunion des pays donateurs

    Mali, Sahel, Maroc, Algérie, CEMOC, G5, Mauritanie, Sénégal, Niger,

    3ème Reunion de suivi de la conférence de Bruxelles « Ensemble pour le renouveau du Mali »

    Honneur vous faire part de ce que la 3ème réunion de suivi de la Conférence de Bruxelles « Ensemble pour le renouveau du Mali » a eu lieu a Bamako le 15 Mai c’est a dire une année jour pour jour après la Conférence des donateurs qui avait mobilise 3,3 milliards d’euros pour aider le Mali dans le processus de reconstruction post conflit.

    La réunion était présidée par la Troïka (Mali-France-UE) : 1er Ministre malien – Commissaire au Développement de l’UE et la SE française au développement et a la francophonie.

    Ont participé a cette réunion d’évaluation et d’examen des progrès réalisés depuis Bruxelles sur les engagements pris par le Mali et par les donateurs, les représentants des pays membres du Groupe de suivi ainsi que ceux des organisations internationales et sous régionales africaines ainsi que plusieurs membres du gouvernement malien.

    Un état des lieux sur la tenue des engagements financiers a été présenté qui fait apparaître que près de 70% des contributions promises ont été engagées sur lesquels 43% ont été effectivement décaissés.

    Le 1er Ministre malien ainsi que les membres du Gouvernement ont fait part aux participants des réformes déjà entamées dans les domaines du retour a l’ordre constitutionnel, de la sécurité , de la bonne gouvernance , de la réconciliation nationale , de la décentralisation , des projets de développement dans les secteurs productifs ainsi que dans les secteurs sociaux.

    Les participants ses sont félicités des progrès ainsi réalisés et ont convenu de continuer a apporter leur soutien au gouvernement malien dans ses efforts de reconstruction et de refondation de l’Etat.

    A noter que dans plusieurs domaines les Ministres maliens ont déclaré s’inspirer de l’expérience du Maroc: décentralisation , gestion des affaires de la communauté a l’étranger , politique de la ville, agriculture , régionalisation . Notre pays a été le seul a être cité comme modèle dans un certain nombre de secteurs.

    J’ai été le premier a prendre la parole pour orienter les débats dans le sens de féliciter le Mali pour les progrès réalises en si peu de temps et pour réaffirmer l’engagement de Sa Majesté le Roi et du Gouvernement a apporter tout l’appui et le soutien au Mali dans ses efforts visant la sécurité , le développement et la stabilité.

    La prochaine réunion du Groupe de Suivi se tiendra a Paris le 30 Septembre prochain.

    Plusieurs Ministres m’ont fait part en aparté de se rendre en visite de travail dans notre pays pour s’inspirer de l’expérience marocaine dans les domaines relevant de leurs compétences : Justice-Décentralisation – réconciliation – Maliens de l’étranger ce qui montre toute l’appréciation et l’intérêt qu’ils ont pour la coopération avec notre pays.

    Haute considération
    Ouali Tagma, 15/05/2014

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    Honneur porter votre connaissance que la 2ème réunion de la plateforme ministérielle de coordination des stratégies sur le Sahel s’est bien déroulée . La participation de la délégation de notre pays a été hautement appréciée notamment par rapport a sa contribution au débat . Plusieurs concepts avances par notre délégation ont été largement repris et fortement appuyés par de nombreuses délégation notamment que c’est la menace qui détermine l’espace , la centralite des organisations sous régionales dans la mise en oeuvre des stratégies , la nécessité de l’ouverture des frontières , de l’intégration sous régionale , la centralite du G5 par rapport a tout autre tentative d’appropriation et d’exclusion ( allusion au concept des pays du champ).

    Il a été également souligné que le secrétariat n’a qu’un rôle technique et que la primauté doit rester aux pays et aux organisations membres de la plateforme .
    Étaient présents les MAE du Soudan, de la Guinee , de la Mauritanie et de la Libye.
    A l’issue des travaux Les délégations ont été reçues en audience par le Président de la République .

    Haute considération
    Mohamed Ouali Tagma, 15/05/2014

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    Mali, Sahel, Maroc, G5, CEMOC, Algérie, Sénégal, Mauritanie, Niger, CEN-SAD,

    Honneur vous faire part des éléments concernant le Mali et le Sahel à la lumière de la réunion de BAMAKO

    Les deux réunions qui ont eu lieu au Mali au sujet d’abord du suivi de la feuille de route « ensemble pour le renouveau du Mali » (donateurs) et ensuite de la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, ont permis à la délégation du Maroc de se positionner fortement dans le soutien et l’appui aux processus visant la stabilité du Mali et du Sahel.

    Le concept avancé par notre délégation que » c’est la menace qui détermine l’espace » et qui vise à mettre un terme au concept » pays du champ » a été repris par un grand nombre de délégations présentes qui ont souligné que c’est ce concept qui devrait déterminer l’étendue de la zone « sahel » et non l’inverse.

    Ainsi sur le plan conceptuel la notion « pays du champ » est dépassé et n’a été citée aucune fois tout au long de la réunion.

    Par extension, il peut même être avancé que le « G5 », notion inventée par l’Europe et principalement par la France, n’a pas connu un grand soutien.

    Le nouveau concept que c’est « la menace qui détermine l’espace » a été enrichi par la notion que le Sahel est avant tout un espace homogène du point de vue géographique et culturel qui s’étend de l’Atlantique à la mer rouge et que par rapport aux critères de la menace et de la sécurité, il devra être approché dans sa totalité, sans distinction, ni différenciation.

    Admettant la pertinence du concept « la menace qui détermine l’espace », délégation du Mali et de la Mauritanie ont souligné que le G5 est un groupement non exclusif et reste ouvert à la participation de tout autre pays du Sahel qui en manifeste le souhait.

    Le Président IBK a d’ailleurs souligné que le Président Macky Sall a abordé avec lui la question et il lui a affirmé que le G5 n’est pas un groupe fermé et que le Sénégal pouvait y adhérer.

    Le représentant du Bénin a souligné dans son intervention que le Bénin se considère comme appartenant au Sahel.

    Tout concourt finalement à ce que la CEN-SAD soit l’organisation idoine pour peu qu’elle saisisse cette opportunité. En effet la CENSAD correspond largement à cette configuration.

    S’agissant de la situation au Mali, il était prévu qu’une réunion ait lieu le Samedi à KIDAL sous présidence algérienne entre le gouvernement et les groupes armés du Nord. Le MAE mauritanien m’a confirmé la tenue de cette réunion mais m’a affirmé que la Mauritanie, le Niger et le Tchad qui y étaient conviés ont fait savoir qu’ils n’y prendront pas part. Le MAE mauritanien estime que le jeu n’est pas clair et que la partie malienne n’a pas précisé ses attentes. D’autres sources, ont souligné que l’attitude « trop discrète » du gouvernement malien quand à ses objectifs, n’est pas à même de faire adhérer autour de lui un maximum de pays.

    La Secrétaire d’État Française au développement et à la Francophonie qui avait pris part à la réunion « Ensemble pour le Mali » s’est rendue à Tombouctou le Vendredi et semblait optimiste par rapport au retour de la sécurité dans le Nord Mali. Les événements survenus à KIDAL démentent ce sentiment et ont torpillé la réunion prévue.

    Haute Consideration
    Moha Ouali Tagma directeur des affaires africaines
    MAEC
    19/05/2014
    #Mali #Sahel #Maroc #ONU #UE

  • Maroc : des rumeurs sur la présence de l’armée à Lagüera

    Maroc : des rumeurs sur la présence de l’armée à Lagüera

    Maroc, Mauritanie, Lagüera, Sahara Occidental, armée marocaine,

    L’ancien ministre mauritanien prévient l’entrée des troupes marocaines au sud du Sahara

    Nouakchott, 24 août. L’ancien ministre mauritanien, Sidi Mohamed uld Maham, a estimé que les informations circulant dans certains médias sur l’entrée des troupes marocaines dans la zone sahraouie de La Güera, à l’extrême sud du Sahara occidental, seraient une raison « suffisante » pour la Mauritanie « abandonnez votre neutralité positive » dans ce conflit.

    « Que ces informations soient vraies ou fausses, l’entrée dans La Güera est une provocation, et une agression contre les forces mauritaniennes présentes dans une terre sujette à un conflit et en attente d’un règlement international sous les auspices des Nations unies », a déclaré Maham (ancien ministre de la Communication et ancien président du parti au pouvoir) via son compte Facebook.

    La Güera se trouve dans la partie ouest d’une presqu’île située sur la côte atlantique, et à l’est elle est rattachée à Nouadhibou, la capitale économique de la Mauritanie et où se trouve son principal port. La ville, pratiquement inhabitée, est sous l’administration du Maroc, mais est contrôlée « de facto » par la Mauritanie, où elle a établi un camp militaire.

    Certains médias marocains ont rapporté ces derniers jours que des véhicules militaires marocains ont effectué une opération de repérage entre La Güera et Guerguerat, à quelque 80 kilomètres au nord et où se trouve un passage frontalier entre le Maroc et la Mauritanie.

    Aucune source officielle mauritanienne ou marocaine n’a confirmé la présence de militaires marocains à La Güera.

    L’ancien ministre mauritanien a demandé à son pays « de fermer le poste frontière terrestre de Guerguerat » si cette information est confirmée, et d’ouvrir le dossier de la délimitation des frontières établies par l’accord tripartite de Madrid de 1975. EFE

    Infobae, 24/08/2022

    #Maroc #Mauritanie #Sahara_Occidental #La_Güera

  • Propos de Raïssouni contre l’Algérie: Un dérapage impuni

    Propos de Raïssouni contre l’Algérie: Un dérapage impuni

    Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Mauritanie, Mohammed VI, Tindouf,

    Plus d’une semaine après le grave dérapage du président de l’Union international des Oulémas musulmans (UIOM), les réactions en Algérie ne se sont pas du tout estompées.

    Dans cette cascade de réactions, les propos de ce prédicateur marocain sont assez forts. Il faut dire aussi que Ahmed Raissouni a commis l’irréparable en s’en prenant violemment à l’Algérie en des termes qui ont choqué plus d’un observateur. En effet, dés lors qu’il a ouvertement appelé à l’invasion du territoire algérien pour, selon lui, récupérer des territoires qui revenaient de plein droit au Maroc, ce soit disant savant musulman , a dépassé toutes les lignes rouges .

    L’ensemble de la classe politique et les organisations de la société civile, choqués qu’ils étaient par la teneur de ces propos, ont condamnés avec les termes le plus forts cette position d’un prédicateur qui est plutôt censé prêcher la bonne parole . L’association des Oulémas musulmans algériens(AOMA), qui est membre de l’Organisation que préside Raïssouni, a usé des termes le plus forts pour dénoncer ce prédicateur qui s’est avéré n’être qu’un sbire au service de ses maîtres du Makhzen.

    Les Oulémas algériens ont même décidé de geler ses activités au sein de cette organisation internationale. Dans une déclaration à la télévision algérienne, le président de l’AOMA, Abderezzak Guessoum, a en effet annoncé le gel des activités de l’Association à l’UIOM, jusqu’à ce que « des excuses solennelles et sans équivoque » soient faites par son président, Ahmed Raïssouni, ou sa démission de ce poste. Il a également appelé « tous les Oulémas musulmans à appuyer la décision de l’AOMA et à exiger le départ de Raïssouni. »

    Pour rappel Ahmed Raissouni s’est permis de remettre en cause la Souveraineté de l’Algérie sur plusieurs portions de son territoire. Poussant le bouchon encore plus loin, ce prédicateur n’a pas hésité un seul instant en appelant à la guerre entre les deux pays.

    « Le peuple marocain est prêt à marcher sur Laayoune et Tindouf. Il est prêt à y rester des semaines entières », a-t-il dit notamment déclaré lors d’un entretien avec une chaîne de télévision locale alors qu’il était question de l’affaire du Sahara Occidental. Il a presque imploré le roi Mohamed VI de donner l’ordre aux marocains pour qu’ils entament cette marche en direction du territoire algérien.

    Selon lui, les marocains étaient prêts à se « sacrifier » et à « se mobiliser » pour « marcher par millions sur Laayoune et Tindouf, si le roi le demande. » Il s’en est également pris à un autre pays, la Mauritanie, en remettant là encore sa Souveraineté territoriale. C’est dire combien ses propos sont d’une extrême gravité. Pourtant l’Organisation internationale qu’il préside tarde à prendre les mesures qui s’imposent en pareille circonstance.

    Pour l’heure cette organisation s’est juste contentée d’émettre un communiqué selon lequel les propos tenus par son président n’engagent que sa propre personne. Certes , mais un président , prédicateur de surcroit, qui appelle à la guerre entre les musulmans, est quand même d’une extrême gravité .

    Ce qui mérite, par voie de conséquence, un châtiment exemplaire. Or jusqu’à présent Raïssouni reste impuni alors que l’organisation internationale des Oulémas musulmane, dont la crédibilité est sérieusement écornée, fait dans la fuite en avant.

    Par : KAMAL HAMED

    Le Midi libre, 23/08/2022

    #Algérie #Maroc #Ahmed_Raïssouni #Sahara_Occidental #Mauritanie

  • Sahel : une géopolitique de l’invisible !

    Sahel : une géopolitique de l’invisible !

    Sahel, Mali, Tchad, Mauritanie, Niger, Burkina Faso, trafic, contrebande, terrorisme,

    Malgré sa pauvreté manifeste, le Sahel s’érige aujourd’hui en hub énergétique mondial, de plus en plus convoité par les grandes puissances. Zone charnière entre l’Afrique subsaharienne et la Méditerranée, avec ses 80 millions d’habitants, ce vaste territoire de plus de 9 millions de km², difficilement contrôlable, est devenu un sanctuaire dédié à l’insécurité. Écologiquement et économiquement délabré et laissé pour compte, l’immensité du Sahel constitue un véritable Eldorado pour abriter les nouveaux terrorismes franchisés d’Al-Qaïda et des activités illicites et criminelles de tous bords.

    Au sein des pays du Sahel, la position géopolitique et géostratégique de la Mauritanie est d’autant plus cruciale que périlleuse. Longtemps considérée comme trait d’union entre l’Afrique occidentale et le Maghreb, la Mauritanie reste fortement tributaire des écarts disproportionnés entre la géographie de son histoire et l’histoire de sa géographie. Étant le plus grand portail du Sahel sur l’Atlantique avec ses 754 km de côtes, sa superficie surdimensionnée de plus d’un million de km², ses reliefs difficiles et accidentés, ses labyrinthes sahariens à faible densité humaine, la Mauritanie est par excellence le pays le plus fragile et le moins contrôlable de la région.

    Pourtant, la Mauritanie officielle, au lendemain d’une longue et tumultueuse période d’exception, ne se résigne pas à faire la politique de ses moyens, quand bien même elle n’a pas les moyens de sa politique. Inévitablement, elle devient de plus en plus confrontée, eu égard à sa fragilité structurelle et conjoncturelle, aux menaces d’insécurités tous azimuts.

    Dans ce contexte particulièrement incertain, l’ampleur des menaces au Sahel, la nécessité de faire une lecture habile de la donne internationale brouillée et le bon sens de voisinage stratégique, appellent les différents acteurs de la région à collaborer autrement. Afin de briser le cycle de la violence et éviter l’enracinement de l’insécurité au Sahel, des actions atypiques, concertées, minutieusement préparées et exécutées sont indispensables. L’instauration de nouveaux termes d’échange en matière de communication, de diplomatie, de coopération, de circulation des informations et des renseignements devient incontournable. Seule une perception partagée des intérêts et des menaces en commun, permettraient de dépasser des stratégies, jusqu’ici, circonscrites, qui se neutralisent ou se disputent, afin de pouvoir coordonner les efforts et ménager les moyens de lutte contre l’insécurité.

    Avec l’émergence de la sécurité humaine au sens élargi du terme, une certaine vision étroite de la notion de sécurité a substantiellement changé. L’exigence de sécurité ne renvoi plus exclusivement à la protection de l’État, de ses symboles, de ses personnages et de sa souveraineté territoriale. Toutefois, l’obligation d’y intégrer convenablement la sécurité humaine passe nécessairement par une profonde reforme du secteur de sécurité. Il s’agit là d’un impératif pour assurer notamment, la protection des personnes et des populations qui ont besoin d’être mises à l’abri de la peur, de la maladie et des autres menaces physiques, morales ou politiques. Autant cette promesse constituerait une planche de secours pour un Sahel inachevé, elle demeure un défi majeur à relever par tous les acteurs de la région.

    Les puzzles de la Seibâ

    La terminologie du Sahel est profusément contrastée. Mot arabe qui signifie littéralement rivage, le Sahel désigne aujourd’hui exactement le contraire de son sens d’origine. A priori, le Sahel serait là où la régularité des conditions de l’écologie et du climat rend à nouveau la vie possible après le franchissement particulièrement pénible de l’immense désert saharien. De nos jours, le Sahel est antinomique de sa propre signification.

    Déjà à l’époque médiévale, les géographes arabes distinguaient, en se référant aux grands empires sahéliens, entre deux notions, celle de « Bilad es Seibâ » ou pays de la dissidence et celle de « Bilad es Silm » ou pays de la paix. Entre ces deux repères géographiques, il y a eu toujours des espaces d’indécision socio-politiques et militaires. Historiquement, la plus grande partie du territoire du Sahel se composait de zones grises qui s’étendent sur plusieurs milliers de kilomètres. Il s’agit d’un espace mouvant où des puzzles de terroirs, pratiquement incernables et indécis, oscillaient selon les dispositions des rapports de forces conjoncturels, entre les différents centres de décision politico-militaires, plus ou moins stables et sédentarisés situés sur les confins de cette région.

    Les modes opératoires de gestion de l’espace sahélien n’avaient pas connu de changements véritables depuis des siècles. Les anciennes revendications territoriales, commerciales ou culturelles, notamment pour l’accès à l’eau, à la terre et aux ressources naturelles, s’imbriquent de nos jours, avec les nouvelles difficultés générées par la mondialisation des flux d’échanges planétaires. Les modes traditionnels d’exercice du pouvoir sur ces espaces charnières, sous-administrés et sous-défendus de tous les temps, se faisaient à travers des droits de passage, de protection et d’usufruits réclamés par les riverains. Affaiblis, voire neutralisés par la nouvelle notion de frontières, introduite par la colonisation, ces modalités s’avèrent aujourd’hui profitables à la pénétration et à la prolifération des groupes criminels avec autant de risques d’insécurité et de conflits dans cette région. En effet , ce fameux territoire du Sahel, vulnérable du fait même de sa géopolitique saharienne propice à la dilution des frontières et à la mobilité des personnes, des montures et des équipements, a été historiquement le théâtre éludé de nombreux flux ambulants : humains, marchands, financiers, culturels, religieux et militaire. Nonobstant, le champ sahélien n’obéit pas à un système de forces homogènes. Il reste incapable de s’autoréguler, de parvenir à une certaine stabilité autour d’un ultime point d’équilibre. Les altercations au Sahel évoquent les dissonances d’un orchestre sans chef. Dans cette vaste région débridée, allant de l’Atlantique à la Somalie et de la Méditerranée au Golfe de Guinée, l’évaluation des enjeux de sécurité à travers le prisme des flux dévoile les parcours transsahariens qui, loin d’être des terroirs hermétiques et compartimentés, se chevauchent et se recoupent pour créer une multitude d’équations géopolitiques intangibles. Il s’agit d’une zone dans laquelle les espaces lacunaires et les angles morts favorisent l’amplitude et l’imbrication des flux criminels de tous bords. Il serait vain alors, d’analyser séparément ces menaces tant elles sont étroitement juxtaposées et solidaires. L’insécurité, la criminalité organisée et le terrorisme ne peuvent être appréhendés sans les envisager comme un tout intégral. Du point de vue stratégique, d’importants changements géopolitiques sont survenus dans la région durant les dernières décennies. Des éléments nouveaux doivent être pris en compte pour mieux apprécier la situation des enjeux de stabilité au Sahel. Cette évolution concerne aussi bien les acteurs de la sécurité, la nature des menaces que la transformation de la notion même de sécurité.

    État post-colonial et facteurs d’instabilité

    La fragilité endogène du Sahel découle d’une profonde vulnérabilité des États post-coloniaux qui en composent le tissu. Espace tampon, mais surtout espace de contacts et d’échanges, le Sahel ne cesse de développer une conflictualité endémique de plus en plus difficilement contrôlable. Dans cette région, les facteurs déstabilisateurs sont nombreux et variés : la fragilité structurelle et conjoncturelle de ses États, l’extrême pauvreté de ses populations, la sécheresse et la dégradation de son milieu naturel, les luttes internes de pouvoir qui y gangrènent, la militarisation croissante de ses rapports sociopolitiques, la forte pression de sa démographique, les conflits régionaux, l’insécurité généralisée et les velléités étrangères, qui la transforment en espace de confrontation géopolitique permanente.

    Un demi-siècle après leur indépendance, les États post-coloniaux demeurent incapables de parachever leurs autorités sur leurs propres territoires. Cette incapacité des États sahéliens à exercer leur principale fonction régalienne, constitue une problématique fondamentale qui alimente les risques de déstabilisation et de conflits armés dans cette région. Le délitement de tout État fragile le livre potentiellement à ses forces anarchiques intrinsèques et/ou à la domination extérieure. Étant un espace particulièrement sous-administré et mal géré, le Sahel souffre d’une mauvaise gouvernance chronique qui hypothèque dangereusement son avenir.

    Les douze pays qui constituent officiellement la région du Sahel sont pratiquement classés, à un titre ou un autre, comme pays fragiles selon les critères de l’OCDE. Ce classement signifie que les systèmes de sécurité des pays concernés, sont incapables de jouer avec efficience le rôle majeur qui leur est dévolu. Ce rôle qui consiste à assurer la protection de la souveraineté, du territoire, des personnes et des populations des pays en question. Pire encore, dans certains contextes, les crises d’instabilité qui affectent périodiquement et/ou fréquemment ces pays, faisaient apparaître leurs systèmes de sécurité comme étant cause ou partie prenante dans les facteurs d’insécurité et d’instabilité qui menacent la démocratie, l’État de droit et la sécurité humaine dans lesdits pays. Seuls deux pays du Sahel sur douze avaient échappé à un coup d’État militaire en 45 ans ; seuls quatre pays membres de la CEDEAO sur 15 n’ont pas été affectés depuis 30 ans par un conflit violent aux frontières ou à l’intérieur.

    La région du Sahel est souvent soumise à de nombreux soubresauts politiques, à des guerres civiles, des conflits frontaliers (Sénégal, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Somalie) et des coups d’État : (Mauritanie- Août 2005 et Août 2008), (Guinée Bissau- Mars 2009 et Avril 2010) et (Niger- Février 2010). D’autre part, il y a aussi l’hyperstabilité de pouvoir (M. Campaoré au pouvoir depuis Octobre 1987 et M. Déby depuis Février 1991). Paradoxalement, la redistribution du pouvoir est souvent aussi déstabilisatrice et génératrice de frustrations et donc de conflits.

    Au Sahel, l’insécurité revêt plusieurs facettes et s’affiche sous différents visages dans une région devenue un véritable Eldorado pour tous les trafics illicites de contrebande. Les flux de la criminalité organisée y ont trouvés largement leur place, soit en s’adossant aux circuits traditionnels des flux d’échange, soit en occupant les espaces laissés vacants par la relâche des États affaiblis. Allant du trafic des migrants clandestins, estimé entre 65.000 à 120.000 par an, à celui des armes légères avec environ 8 millions de pièces qui circulent en Afrique de l’Ouest, dont plus de 100.000 kalachnikovs au Sahel, en passant par celui des drogues, pour finir avec le terrorisme régional et international.

    La criminalité organisée, y compris le terrorisme transsaharien, a été érigée en créneau porteur à travers une dynamique capitalistique en plein essor dans un environnement d’extrême pauvreté. Sachant qu’il existe principalement deux couloirs de trafic des drogues prohibées en Afrique, à savoir l’héroïne dans l’Est et la cocaïne dans l’Ouest, il est curieux que 0,2% seulement des quantités des drogues transitant par ce continent soient saisies chaque année. La jonction de ces deux circuits, qui se rejoignent dans le Sahara, permettent au gros lot d’emprunter, grâce aux complicités locales, de nouveaux itinéraires vers l’Europe à travers le Tchad, le Niger, le Mali et la Mauritanie. L’évolution du trafic de la drogue est impressionnante. Ainsi, entre 2004 et 2007, des saisies de 33 tonnes de cocaïne ont été effectuées en Guinée-Bissau, où résideraient quelques dizaines de narcotrafiquants colombiens. En 2006, des saisies importantes ont été enregistrées : 2 tonnes au Ghana, sur une seule opération, alors qu’en en 2007, 630 et 830 kg de cocaïne ont été saisis en Mauritanie, 5,5 tonnes saisies au Sénégal et, en 2008, 750 kg ont été saisis au Mali. L’évolution des flux des trafics illicites, particulièrement profitables en termes de chiffre d’affaires, est autant plus importante qu’elle reste intimement liée au phénomène de prolifération de la corruption à grande échelle dans les différents pays de la région. Symptôme de dysfonctionnement politique et économique des États sahéliens, cette pratique familière et répandue mine la bonne marche de l’ensemble des institutions des États sahéliens. La connivence entre les réseaux sociaux et familiaux avec les agents d’État affectés au contrôle des frontières, en particuliers policiers, douaniers, gendarmes, gardes-côtes et militaires, est souvent la pierre angulaire qui perpétue ces pratiques et fait prospérer les flux de la criminalité organisée sous toutes ses formes.

    L’opacité et l’impunité font de la région du Sahel une zone où la pratique de la corruption pénalise sévèrement la croissance et empêche la redistribution des richesses. Transparency International a publié, en octobre dernier, son rapport 2010 sur la perception de la corruption dans 178 pays dans le monde. Les scores des pays sahéliens dans ce classement sont sans appel. Parmi les plus mauvais élèves de la planète on peut compter : la Mauritanie au 143ème rang, le Tchad 171ème, le Soudan 172ème, le Burkina Faso, le Sénégal, le Bénin et le Mali occupent respectivement les 98ème, 105ème, 110ème et 116ème rangs.

    Au-delà de la cruauté des faits, des interprétations iconoclastes des actes dénaturés font ressortir que la corruption n’est pas forcément perçue par l’opinion publique dans cette région comme étant un délit, mais plutôt comme une façon de redistribuer autrement des revenus à large échelle. Les trafics illicites ne sont pas alors considérés comme des infractions majeures mais plutôt, elles deviennent une ressource de rente profitable là où il y a connexion avec des acteurs gouvernementaux.

    Ainsi, la subtilité de la corrélation entre sécurité humaine, bonne gouvernance et développement durable n’est plus à démontrer. L’absence de sécurité hypothèque les efforts de développement et, réciproquement la fragilité socio-économique favorise les conflits et l’insécurité. Les crises liées à l’insécurité ont ralenti ou fait échouer les efforts de développement durable dans diverses régions du monde, notamment en Afrique subsaharienne. Au Sahel, où la plupart des pays se trouvent actuellement dans une dynamique de sortie de crise ou dans une situation de stabilisation et de reconstruction post-conflit, la sécurité constitue véritablement un défi majeur et un enjeu pour le développement durable de cette région.

    Enjeux énergétiques et conflits d’intérêt

    Dans un contexte géopolitique mondial marqué par la hausse continue des cours des hydrocarbures et une forte demande en la matière, les enjeux énergétiques sont plus que jamais au centre des conflits internationaux. Paradoxalement, le Sahel synonyme d’extrême pauvreté et de misère, devient de plus en plus un espace de confrontation géopolitique et géostratégique entre les différentes puissances régionales et internationales pour le contrôle des richesses naturelles, qu’il recèle : pétrole, gaz, or, phosphates, diamants, cuivre, fer, charbon, nickel, zinc, bauxite, uranium, plutonium, manganèse, cobalt, argent, chrome, étain, sels minéraux, eaux douces, poissons, crustacés, diversité biologique, cheptels de bétails, bois précieux, etc. Les revirements des enjeux énergétiques et les conflits d’intérêt dans la région du Sahel, particulièrement riche d’importantes réserves d’énergies fossiles et de gisements de minerais stratégiques attisent les appétits des puissances étrangères à trouver un prétexte pour s’y déployer. La France y est déjà bien avancée avec des troupes positionnées dans la région du Sahel ou à proximité. Elle dispose de quatre bases militaires permanentes : au Sénégal (1200 hommes), au Tchad (1250), en Côte d’Ivoire (2000), au Gabon (900) et à Djibouti (2900), en plus de sa présence limitée et non permanente dans d’autres pays de la sous région comme au Cameroun, en Mauritanie, au Burkina Faso et en Centre Afrique.

    Concernant les États-Unis, bien que leur présence militaire officielle au Sahel n’existe pas encore, les câbles diplomatiques récemment dévoilés par WikiLeaks révèlent une autorisation « réticente » de survol accordée par les autorités algériennes à l’US Air Force pour des missions au Sahel contre l’Aqmi. Déjà, les États-Unis avaient lancé dès 2002 l’initiative Pan Sahel et organisent régulièrement les exercices militaires de type Flintlock avec les armées des pays du Sahel. En Décembre 2008, la Force tactique en Europe du Sud (SETAF) a été transformée en U.S Army Africa (Armée USA pour l’Afrique), qui est une composante du Commandement Africa (AfriCom) devenu opérationnel depuis octobre 2009. D’après des officiels US, cette transformation constitue une « nouvelle façon de regarder vers l’Afrique ». Bien que la base de l’U.S Army Africa soit actuellement à Vicence en Italie, ce corps opérera sur le continent africain avec de petits groupes pour conduire des opérations de « réponse aux crises » en se servant de la 173ème Brigade aéroportée. Fruit de la reconnaissance américaine de l’importance stratégique croissante de l’Afrique, l’U.S. Army Africa continuera à s’agrandir dans le cadre de commandement des forces navales AfriCom.

    Le commandement du fameux AfriCom ne trouvant pas encore de place pour s’installer en Afrique du Nord, l’US Army Corps of Engineers, vient de lancer en début de ce mois, un intriguant appel d’offres pour la construction d’un terrain d’aviation militaire dans un pays d’Afrique du Nord. Sans préciser le nom du pays dont il s’agit, l’objectif serait d’installer une base militaire aérienne américaine dans la région qui servira aux missions d’espionnage que le Pentagone envisage de lancer, officiellement, pour traquer les membres d’Al Qaïda au Sahel.

    La Chine a également fait ses entrées économiques colossales dans la région du Sahel depuis quelques années déjà. La concurrence chinoise avec les autres pays est en expansion. La Chine est actuellement le second partenaire commercial de l’Afrique, après les États-Unis. Les investissements chinois sont en forte croissance même dans les pays traditionnellement liés aux USA. En Éthiopie, la China Exim Bank a investi récemment 170 millions de dollars pour la construction d’un complexe résidentiel de luxe à Addis Ababa, et une autre société chinoise, Setco, a annoncé la construction de la plus grande usine de pvc dans ce pays. Au Liberia, la China Union Investment Company a investi 2,6 milliards de dollars dans les mines de fer. Des sociétés chinoises ont effectué aussi de gros investissements qui dépassent 2 milliards de dollars par pays, dans les secteurs pétroliers au Nigeria et en Angola, jusque là dominés par les compagnies occidentales. Mais la concurrence chinoise aux États-Unis ne se limite pas au plan économique, Pékin soutient aussi certains gouvernements, comme ceux du Zimbabwe et du Soudan. En plus, elle fournit aussi des armes un peu partout en Afrique.

    Israël est présente au Sahel elle aussi, l’Iran s’intéresse aux minerais stratégiques du Sahel, l’uranium notamment et, cherche à y réaliser des percées substantielles. La Russie, l’Inde et le Brésil seraient aussi déterminés à être de la partie. L’intensification de la présence économique et militaire des acteurs extérieurs et les conflits d’intérêt qui en découlent, contribuent à déstabiliser davantage les États fragiles et affaiblis dans la région de Sahel.

    La richesse controversée du Sahel attise les convoitises des puissances étrangères désirant s’en assurer le contrôle. Une véritable géopolitique des tubes, sur fond de rivalités internationales croissantes, commence à se dessiner au Sahel. Les grands États de la planète s’activent depuis quelques années déjà pour organiser progressivement le désenclavement des richesses du Sahel afin de les acheminer ensuite vers les zones de consommation, en Asie via le Soudan, en Amérique via le Golfe de Guinée et vers l’Europe continentale à travers l’Atlantique, le Sahara et le Maghreb.

    A partir de 2011, l’Afrique sub-saharienne serait susceptible de devenir pour les États-Unis une source d’énergie aussi importante que le Moyen-Orient, disposant de quelques 60 milliards de barils de réserves pétrolières avérées. Les experts s’attendent à ce que 1 sur 5 barils de pétrole entrant dans le circuit de l’économie mondiale proviendrait du golfe de Guinée, et que la part des importations américaines du pétrole africain passera de 20% en 2010 à 25% en 2015. Les investissements des compagnies pétrolières européennes et américaines sont en constante progression depuis 2000. ELF y puise près de 60% de sa production de pétrole. Total et Gazprom s’apprêtent à financer le projet de gazoduc transsaharien de 4000 km pour relier le Nigeria à l’Algérie d’ici à 2015.

    L’attractivité du golfe de Guinée est de plus en plus grandissante depuis la mise en service, en 2003, de l’oléoduc Tchad-Cameroun qui relie les champs pétrolifères de Komé, dans le sud-ouest du Tchad au terminal maritime camerounais de Kribi, sur un parcours de 1.070 km. Ce pipeline qui draine 250.000 barils de pétrole par jour vers l’Atlantique, donnera accès à terme, aux champs pétroliers du Soudan, bien que l’exploitation du pétrole dans ce pays est fortement dominée par la Chine, dont le Soudan ne couvre pourtant que 4,5% de ses besoins en or noir. La China National Petroleum Company (CNPC) est le plus gros investisseur étranger au Soudan, avec quelque 5 milliards de dollars dans le développement de champs pétroliers. Depuis 1999, la Chine a investi au moins 15 milliards de dollars au Soudan. Elle possède 50% d’une raffinerie de pétrole, près de Khartoum, en partage avec le gouvernement soudanais. Le schéma des alliances sous régionales se recoupe curieusement avec celui des antagonismes politico-économiques entre la Chine, la France et les États-Unis pour le contrôle des ressources pétrolières dans beaucoup de pays de la région, comme au Soudan, au Tchad, au Niger et au Cameroun notamment. C’est au gré des intérêts croissants des puissances internationales que la tectonique des frontières conflictuelles sera de plus en plus récurrente dans la région du Sahel. La sécession du Sud Soudan apparaît aujourd’hui plus que jamais probable. Très probablement, cette région extrêmement riche en ressources naturelles, pétrole et gaz notamment, accédera à l’indépendance à l’issue du référendum du 9 janvier prochain. Ce résultat ne peut être fortuit, eu égard à l’appui occidental sans précédent qui a été méthodiquement apporté à tous les mouvements séparatistes dans ce pays, durant les quarante de dernières années.

    La demande mondiale en pétrole et en gaz naturel étant appelée à doubler dans les vingt prochaines années, le Sahel pourrait alors jouer un rôle prépondérant de fournisseur d’énergie. Sans compter le potentiel d’Algérie en pétrole et en gaz, le Mali est troisième producteur d’or du continent, le Niger avec ses gisements d’uranium, qui le placent au second rang mondial, la récente entrée de la Côte-d’Ivoire, du Ghana, du Tchad et de la Mauritanie dans le groupe des pays producteurs de pétrole, confirme la tendance. La production du champ off-shore ghanéen est estimée à 120.000 barils/jour, celle de Côte-d’Ivoire à 80.000 barils/jour. C’est dans ce contexte, des stratégies de positionnement, de prise de contrôle, d’encerclement et de contre-encerclement que se définissent des enjeux géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques de la zone sahélienne.

    Paradoxalement, l’abondance des ressources naturelles et l’importance de la position géostratégique de la région du Sahel vont de paire avec la fragilité de la plupart de ses États eu égard à leur instabilité et insécurité caractéristique. Avec une démographie galopante, qui devrait atteindre 100 millions d’habitants en 2020 et 150 millions en 2040, avec un taux d’illettrisme qui dépasse 54%, une pauvreté endémique qui touche au-delà de 50% des populations, une corruption généralisée, une conflictualité constante, le Sahel ne décolle pas. La conjugaison de l’ensemble de ces problèmes génère souvent des crises politiques et militaires ou des catastrophes alimentaires, des pénuries, des famines et des disettes récurrentes qui engendrent des déplacements massifs de populations en désordre sous formes de réfugiés et/ou de migrants clandestins. Le jeune cinéaste et musicien canadien d’origine sénégalaise Musa Dieng Kala, n’est pas le seul à se demander : « Dieu a-t-il quitté l’Afrique ? ».

    En conséquence, une grande partie les populations pauvres du Sahel, dépourvues de leurs droits à la sécurité humaine au sens élargi du terme, incluant la sécurité alimentaire, la sécurité sanitaire, l’accès à l’eau potable, etc., se retrouvent souvent contraints de prêter allégeance à des groupes criminels, rebelles et/ou terroristes soit pour bénéficier des retombées des trafics illicites ou pour obtenir une ultime protection. A cela s’ajoutent les effets pervers de la mise en place d’économies parallèles bâties sur la corruption et le racket, et enfin, la sanctuarisation de groupes terroristes délocalisés d’Al Qaida, Aqmi et Cie. Désormais, la connexion opérationnelle de ces réseaux et groupes terroristes est devenue réalité à travers leur alliance au Sahel : le fameux GSPC algérien devenu AQMI à partir de 2006, le Groupe islamique combattant marocain ou GICM, le GICL libyen et GICT tunisien, ainsi que d’autres petits groupuscules terroristes issu de divers pays sahéliens comme celui de Ansarou Allah Al Mourabitoune de Mauritanie, ceux du Mali, du Niger et du Nigeria. Ces groupes terroristes et ces réseaux mafieux sont en quête inlassable pour s’assurer une arrière base territoriale afin de perpétuer leurs activités transnationales.

    Terrorismes franchisés et géopolitique des menaces

    Au Sahel toutes les menaces d’insécurité s’entremêlent. L’islamisme combattant va de pair avec le terrorisme international, la piraterie et toutes sortes de trafics illicites. Les anciens réseaux et ceux récemment recréés s’imbriquent pour pérenniser et sécuriser le système de la criminalité internationale organisée en s’affranchissant des distances et des frontières. En pleine mutation, ces différents réseaux transfrontaliers bénéficient grandement des recettes des trafics pour acquérir de nouveau les moyens nécessaires pour pouvoir développer et continuer leurs activités criminelles.

    C’est pourquoi, il ne peut y avoir de lutte anti-terroriste efficace sans lutte globale contre toutes les autres formes de criminalité, leur interdépendance étant désormais attestée. Il est connu que ces activités se nourrissent les unes des autres au sein d’une alliance objective entre crime organisé et terrorisme sahélien. Guidées principalement par leurs soucis de survivre et leurs intérêts convergents : les organisations criminelles profitent des actions violentes des organisations terroristes et des guérillas ou des rébellions, tandis que ces dernières bénéficient des financements que les activités criminelles sont en mesure de leur fournir. Actuellement, la collaboration entre AQMI et les réseaux mafieux du Sahel se développe plutôt vers une forme de spécialisation de l’entreprise criminelle. Cette tendance a été révélée récemment lors du procès controversé d’Oumar Sahraoui en Mauritanie. Ce malien de souche Maure, ancien du Polisario, reconverti dans le trafic de drogue dans la région du Sahel, était le responsable de l’opération de la prise des otages espagnols en Mauritanie en 2009. Il avait affirmé qu’il agissait pour le compte d’AQMI. Par ailleurs, il existe d’autres hypothèses sur une éventuelle dérive narcotrafiquante signalée depuis quelques temps chez le Front Polisario et aussi chez certains leaders du Front Populaire de Libération de l’Azawad. Cette hypothèse rebondit actuellement dans l’actualité sahélienne, à l’occasion d’une série d’arrestations d’importants groupes de narcotrafiquants, opérées ces dernières semaines par les armées mauritanienne et malienne. Selon l’AFP, les six trafiquants de drogue internationaux sont issus des rangs du Polisario. Le chef du groupe, un certain Sultan Ould Bady, serait à la tête de l’un des trois plus gros réseaux qui organisent le trafic de drogues en direction de l’Europe en passant par la région du Sahel. Ould Bady, qui défraye la chronique présentement, serait également impliqué dans l’enlèvement et la revente de plusieurs ressortissants européens en faveur d’AQMI ces dernières années.

    Infiltrés aussi bien par les services de renseignement des pays riverains comme par les intelligences internationales, la dynamique des réseaux terroristes s’imbrique avec les calculs géopolitiques des rivalités régionales extrêmement sensibles et complexes. Cette attitude alimente l’instrumentalisation de la sécurité comme enjeu majeur dans les rapports de force tout comme dans la gestion des conflits d’intérêts politiques, économiques, et stratégiques à l’échelle régionale. Les cas de figures sont nombreux et diversifiés, allant des subtiles controverses des relations bilatérales entre l’Algérie et la France, fortement marquées par le poids du passé colonial, aux instigations des conflits régionaux ajournés, dont la persistance constitue une source d’inquiétude supplémentaire pour la sécurité de toute la région, notamment, dans les cas du Sahara occidental et celui du mouvement indépendantiste touareg dans le Nord du Mali.

    L’implication de la communauté internationale (ONU, G8, UE) dans le renforcement des capacités du système régional de sécurité au Sahel se heurte à plusieurs difficultés. Au delà des problèmes d’encrage juridique, institutionnel et politique, de manque de moyens financiers et logistiques, d’absence de réforme du secteur de sécurité, la coordination des efforts de lutte contre les menaces d’insécurité au Sahel prêtent souvent à une tentation d’internationalisation de la menace Al-Qaïda dans cette région par transposition du modèle afghan. Cette perspective est souvent assimilée à une sordide connivence avec des agendas néo-colonialistes dont les objectifs inavoués visent le contrôle par des puissances occidentales, les Américains et les Européens notamment, de la route de l’ouest des flux énergétiques notamment dans les nouveaux sites et réserves récemment découvert dans cette région, au détriment des autres puissances régionales ou internationales comme les Russes, les Chinois et les Brésiliens, etc. Avec l’émergence de la notion de sécurité humaine, qui a été initiée par la diplomatie canadienne à la fin du siècle dernier et adoptée par les Nations Unies à partir de 2004, la région du Sahel n’a cessé de consigner davantage de contre-performances sur son registre déjà épuisé.

    Dans cette perspective, la problématique d’intégration de la sécurité humaine comme dimension incontournable dans toute approche pour contrer les flux d’insécurité au Sahel, devra contribuer utilement à renouveler les conceptions, les approches et les stratégies relatives globalement à la régulation de la sécurité dans la région. Deux catégories de changements s’avèrent alors indispensables à introduire dans ce schéma de réflexion. La première vise à améliorer les relations souvent brouillées et difficiles entre le gouvernement, la société civile et les institutions de sécurité. La seconde a pour objectif la refonte complète des institutions de sécurité en termes d’organisation, de recyclage, d’introduction et de réhabilitation de culture institutionnelle et de relations avec l’autorité civile sur conçues sur la base des valeurs démocratiques et humanistes fondées sur le profond respect des droits de l’Homme, de l’équité et de la justice. Toutefois, les mesures politico-militaires qui ont été décidées par différents pays du Sahel au cours des six derniers mois n’augurent pas de vision positive pour la régulation des problèmes insolubles d’insécurité dans un avenir proche. Grosso modo, le constat objectif fait que ces mesures sous-estiment gravement le poids réel des facteurs d’insécurité et compliqueraient en définitive toute stratégie de lutte commune contre la menace terroriste comme problème majeur d’insécurité dans cette région. Il s’agissait plutôt de démarches désarticulées et sectaires, souvent déterminées par les instincts de subtile méfiance et de sourde défiance qui divisent encore les gouvernements des pays de l’espace sahélien, alors que les sérieuses menaces d’insécurité dictent plutôt un schéma de réflexion collégial, non exclusif et confiant, afin de pouvoir dégager des actions profondément concertées pour être efficaces. Les mesures incohérentes concernent notamment : (a) L’instauration d’un comité d’état-major conjoint contre le terrorisme initié par quatre pays sahéliens qui sont l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et Niger, lors de la réunion de Tamanrasset le 21 avril 2010 en excluant trois autres États nord-africains, (b) L’opération militaire isolée franco-mauritanienne menée le 22 juillet 2010 contre un camp AQMI au Mali pour libérer l’otage français Michel Germaneau et, (c) La réunion de Bamako tenue les 6 et 7 Août 2010 regroupant six États subsahariens à l’exclusion des États du Maghreb.

    Sécurité humaine et perspectives d’avenir

    En termes de réflexion prospective, la concertation et la coopération entre les différents acteurs sahéliens seraient indispensables pour lutter efficacement contre l’insécurité et pour inviter un développement durable dans la région du Sahel. Sachant qu’il n’y a pas de développement sans sécurité et pas de sécurité sans développement et, compte tenu de ses potentialités économiques, le développement durable et la stabilité au Sahel pourraient éventuellement trouver un nouvel élan à moyens termes. Tous les espoirs sont permis, toutefois, la condition sine qua non d’une telle évolution reste la volonté et le courage des décideurs politiques pour dépasser avant tout les pesanteurs locales et les schémas réducteurs de la petite histoire au profit des avantages de la grande géographie de leurs pays, pour mieux appréhender la thématique de la sécurité humaine suivant des paramètres d’intérêts économiques équitablement partagés.

    Pour certains optimistes, la perspective d’intégration régionale, notamment le développement d’un marché commun à l’échelle régionale pourrait alors contribuer à atteindre un « Sahel nostrum » (à l’image de la « Mare nostrum » des Romains). La lutte contre le terrorisme et le crime organisé au Sahel ne saurait se concevoir sans dépasser relativement une certaine vision figée des notions formelles sur l’intangibilité des frontières, le fétichisme de la souveraineté nationale et la non-ingérence, car au-delà des légitimes préoccupations nationales de chaque pays, seules des grandes actions collégialement concertées pourraient éventuellement briser le cycle de la violence et éviter l’enracinement de l’insécurité dans cette ultra fragile région du Sahel. La persistance des conflits de la sous-région au cours des vingt dernières années a empêché les pays de se concentrer sur le développement et détourné les Organisations panafricaines comme l’Union africaine et la CDEAO de leur rôle initial de promotion de l’intégration économique régionale. Ces organisations se trouvent aujourd’hui plongées au cœur des problématiques de sécurité, de la gestion des conflits et du maintien de la paix. Pour mener à bien cette mission délicate, elles avaient développées un certains nombre de Mécanismes de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité dont le schéma a été mis en place depuis la conférence d’Abuja en 1999.

    Théoriquement, ces mécanismes permettent à l’UA et à la CEDEAO d’intervenir en cas de risques importants comme les désastres humanitaires, les menaces à la paix et à la sécurité de la sous-région, la lutte contre la circulation illicite des armes et la recrudescence de la criminalité transfrontalière. Toutefois, leur application, qui s’appuie sur un certain nombre de structures officielles comme la Conférence des chefs d’État, le Secrétariat exécutif et le Conseil de sécurité et de Médiation, se heurte souvent à des difficultés. Pour que l’apport, vivement souhaité au Sahel, de ces organisations soit efficace et durable, il aura toujours besoin d’être appuyé par une volonté politique, des moyens nécessaires et une redynamisation permanente.

    Mauritanie : espoirs et risques d’enlisement

    Dans le cas de la Mauritanie, les menaces d’insécurité au Sahel et leurs incidences directes se conjuguent avec la complexité de la condition géostratégique fragile de ce pays. Le résultat est un véritable engrenage de postures inquiétantes voire dangereuses.

    Au lendemain de la sortie d’une longue série de périodes d’exception en cascades, la Mauritanie, qui reste fortement tributaire des écarts disproportionnés entre la géographie de son histoire et l’histoire de sa géographie, se trouve aujourd’hui inopportunément piégée au milieu d’un duel périlleux au Sahel entre les David et Goliath. Au terme d’un demi-siècle d’indépendance, la Mauritanie est de nouveau attrapée dans les feux croisés d’une bataille que se livrent des stratégies internationales et sous-régionales diamétralement opposées quand bien même elles sont subtilement convergentes. Les arrangements tactiques franco-américains conflueraient actuellement pour faire de la Mauritanie une pierre de lance dans leur lutte contre Al-Qaida dans la région du Sahel, alors que ce pays se trouve pleinement visé par la nouvelle stratégie de survie d’AQMI à travers sa descente dans l’espace saharo-sahélien. AQMI cherche obstinément à développer son action plus au Sud dans le cadre d’une approche qui lui permettrait de contrôler des réseaux de trafics illicites afin d’obtenir encore plus de fonds pour financer ses activités et, du coup, se mettre plus à l’abri de la poursuite qui le guète en milieu urbain. Actuellement, le recoupement des données disponibles permet de situer le tarif de base conventionnel pour la libération d’un otage à 5 millions d’euros. Certains spécialistes estiment que les enlèvements d’Occidentaux au Sahel ont rapporté aux terroristes, durant les dernières années, une recette de plus de 50 millions d’euros auxquels s’ajoute un montant de 100 millions d’euros collectés sous diverses formes.

    Depuis plus d’une décennie, le no man’s land mauritanien est devenu un terrain d’accueil privilégié pour le potentiel de nocivité des différents réseaux terroristes et contrebandiers délocalisés dans la région du Sahel. Étant le plus grand portail atlantique du Sahel avec ses 754 km de côtes, sa superficie surdimensionnée de plus d’un million de km², ses reliefs difficiles et accidentés, ses labyrinthes désertiques à faible densité humaine, la Mauritanie est par excellence le pays sahélien le plus fragile et le moins contrôlable. Désormais, les lisières périphériques du Nord et du Nord-est de la Mauritanie, où les frontières avec ses voisins d’Algérie et du Mali se perdent immuablement dans l’immensité impitoyable du désert, offrent indiscutablement un véritable paradis pour toutes sortes de trafics illicites : armes, cigarettes, carburant, drogues, devises, etc.

    Cependant, la Mauritanie est restée curieusement le maillon le plus faible de la région du Sahel, malgré son potentiel considérable de ressources naturelles, fer, cuivre, pétrole, gaz, or, poissons, crustacés et cheptels de bétail. Les statistiques de GlobalSecurity estiment que le budget annuel de dépenses militaires de la Mauritanie ne dépassait pas le montant de 19 millions de dollars US en 2005, contre 45 millions pour le Niger, 50 millions pour le Mali, 117 millions pour le Sénégal, 2,3 milliards de dollars US pour le Maroc et 3 milliards pour l’Algérie, au titre de la même année.

    Certes la Mauritanie est héritière de l’empire des Almoravides, (en arabe al-Murābitūn), cette dynastie berbère, qui avait constitué le plus grand empire du Sahel, englobant l’Ouest du Sahara, la partie occidentale du Maghreb et une bonne partie de la péninsule Ibérique au XIe et XIIe siècles, après avoir repris Aoudaghost, principal comptoir commercial sahélien de l’empire du Ghana en 1054, fonder Marrakech et conquérir l’Espagne en 1086.

    Durant plusieurs siècles, les anciennes Cités historiques de Mauritanie comme Ouadane, Tinigui, Chinguetti, Azougui, Tichit, Oualata, Combi Saleh etc., avaient brillées par leur inexorable pratique de commerce transsaharien florissant et leurs importantes positions géostratégiques et militaires. Au début du 20éme siècle, la Mauritanie avait attiré la convoitise des Français déjà installés à Saint-Louis, qui y voyaient un haut lieu stratégique pour contrôler les périphéries de leurs colonies en Afrique du Nord et en Afrique occidentale et pour neutraliser les mouvements nationalistes de résistance.

    Toutefois, le statut géopolitique de la Mauritanie actuelle ainsi que son potentiel économique et militaire, ne font plus de la mémoire impériale de ce pays que l’ombre d’elle-même. Confrontée aux menaces d’insécurités tous azimuts, la logique des choses et le bon sens interpellent plutôt la Mauritanie à se résigner inévitablement à faire la politique de ses moyens quand bien même elle n’a pas les moyens de sa politique.

    Nonobstant, l’actuel gouvernement mauritanien semble avoir un autre point de vue sur cette question. Le volontarisme de plus en plus résolu de la Mauritanie pour aller en solo, à la Napoléonienne, dans la lutte contre les réseaux terroristes d’AQMI au Sahel, est autant contesté à l’intérieur comme à l’extérieur. Loin d’être un sujet d’unanimité au niveau national et, moins encore un sujet de concertation avec les pays voisins, l’implication de l’armée mauritanienne dans des opérations militaires en dehors du territoire national, notamment dans des missions conjointes doublées d’un appui de troupes d’élites françaises avec l’assistance de la technologie spatiale de surveillance américaine de l’OTAN, posent énormément de points d’interrogation sur la cohérence d’une telle démarche. Est-il concevable aujourd’hui que les armées africaines acceptent de jouer le rôle des « tirailleurs » comme à l’époque coloniale dans des dispositifs d’intervention rapide en Afrique ? Loin d’être de nature à rassurer sur l’avenir de la stabilité du pays, les récents événements ne font que dresser les axes divergents de ralliement classiques et de positionnement géopolitique dans la région et exacerber davantage les méfiances mutuelles des pays riverains.

    Acteur et victime de l’ambivalence de sa propre politique étrangère, la Mauritanie a été l’un des pays sahéliens qui avaient accueilli des équipes spéciales de la US European Command (EUCOM) en 2004 dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. L’objectif de cette mission portait sur la mise en œuvre des formations et entrainements internes du programme d’assistance de sécurité « Initiative Pan-Sahel », fournis par le département d’État américain à la Défense.

    Cette même Mauritanie qui se permet de bousculer les velléités de l’Algérie voisine comme gendarme du Sahel, abrite plutôt discrètement, depuis plus d’un an, un détachement du Commandement des Opérations Spéciales Françaises (COS). La décision de l’Élysée de dépêcher cette formation d’élite en Mauritanie, qui a été prise apparemment dans la plus grande discrétion, rentre dans le cadre de la mise en place d’un plan d’aide militaire aux pays du Sahel. Le détachement d’une centaine d’hommes environ basé à Atar est chargé de la formation des GSI, ou Groupements spéciaux d’intervention de l’armée Mauritanienne impliqués dans les opérations récentes contre AQMI au Mali. Le détachement aurait participé également en juillet dernier à l’opération militaire franco-mauritanienne dans le Nord du Mali pour libérer l’otage français Michel Germaneau. A en croire certaines sources spécialisées, ce même détachement, qui a été récemment déployé à Ouagadougou, pour une éventuelle action contre AQMI au Mali, à la suite de l’enlèvement des Français au Niger, serait actuellement à pied d’œuvre pour intervenir en Côte d’Ivoire. N’empêche, l’idée de la formation des Groupes Spéciaux d’Intervention (GSI) pour la lutte contre le terrorisme au Sahel serait éventuellement élargie au Mali et au Niger.

    D’un point de vue géostratégique, l’analyse des imbrications des données actuellement disponibles et leurs incidences potentielles sur l’aggravation des menaces d’insécurité et d’instabilité en Mauritanie fait ressortir indiscutablement des risques d’enlisement réels. De part et d’autre, les manœuvres en lice au Sahel, bien que initialement antinomiques, elles convergent néanmoins vers les mêmes objectifs. Épuisés, les réseaux d’AQMI et Cie, qui ont drôlement besoin d’acquérir une nouvelle légitimité symbolique au Sahel, rêvent sans doute d’une internationalisation rapide de la guerre contre eux. Cependant, la diabolisation d’AQMI pourrait aussi en faire l’arbre qui cache la forêt pour voiler les véritables enjeux de la confrontation. La menace terroriste au Sahel ne serait-t-elle pas délibérément amplifiée pour servir d’alibis aux interventions visant à prendre le contrôle exclusif des richesses de la région ?

    Au cours de la prochaine décennie, la géopolitique du Sahel serait déterminante pour l’avenir de la stabilité de l’Afrique et celle de ses voisins Européens et Asiatiques notamment. En panne d’espérances, le Sahel, qui demeure à la croisée des chemins de tous les dangers, restera encore longtemps une zone sensible où se jouera une grande partie de l’avenir du monde.

    Mohamed Saleck

    Agoravox, 21 décembre 2010

    #Sahel #Mali #Tchad #Mauritanie #Niger #Burkina_Faso

  • Mauritanie : Nouakchott ploie sous le poids des marécages

    Mauritanie : Nouakchott ploie sous le poids des marécages

    Mauritanie, Nouakchott, pluie, inondations,

    Des pluies moyennes se sont déversées ce vendredi 19 août pour la deuxième fois en moins de deux semaines sur Nouakchott. C’était à l’instar des importantes pluies tombées sur le pays ces derniers jours et qui ont en particulier provoqué dans certaines places des dégâts énormes voire des inondations comme ce qu’il s’est passé à Kaédi la veille des pluies de Nouakchott et qui ont dépassé la barre de 150 mm. Pourtant les pluies de Nouakchott sont anodines par rapport à ce qui se passe dans l’intérieur du pays tel que les deux Hodhs, l’Assaba ou encore le Trarza où on a enregistré à Boutilimit plus de 144 mm et alentours 180 mm tel Ain Salama où encore au Guidimakha la zone considérée la plus pluvieuse du pays.

    Aujourd ‘hui Nouakchott, malgré le vaquage des populations à leurs préoccupations est paralysée. Les marécages sont partout : les goudrons, les rues, les ruelles, les quartiers, les maisons sont prises d’assaut par les eaux. Des maisons du Ksar, de Mechroue , des Mgayzirat sont inaccessibles. La mairie de Teyarett, au lieu de commencer à aspirer les eaux dans les différents quartiers de sa commune, somme les boutiques du marché SEYIDI, de payer des dîmes inaccessibles, le cas échéant elles seront tout simplement fermées.

    Il faut dire que la pluie a été plus importante au Ksar et à Teyarett plus que les autres arrondissements tels que Riadh, Sebkha ou Arafat. On parle de 80 mm d’eau déversées sur ces deux arrondissements (Ksar et Teyarett). Les habitants pauvres n’ayant pas de maisons dures et fermées ont évacué leurs places suite aux pluies torrentielles tombées ce 19 août. Les maisons délabrées ont vu les eaux venir d’autres bourgades moins loties. Ce qui a provoqué l’évacuation des demeures.

    Partout les zones marécageuses jonchent la ville. Une ville millionnaire construite ex nihilo et qui se développe de long en large. Nouakchott est une capitale bizarre, à part le centre de la ville, la ville n’a pas de canaux d’évacuation des eaux, la ville n’a tout simplement pas de réseaux d’assainissement.

    L’ONAS qui s’occupe de l’assainissement de la ville et les mairies ont donc du pain sur la planche. Il faudra chercher beaucoup de citernes pour évacuer les eaux qui jonchent surtout les quartiers pauvres et leurs étroites ruelles.

    Nord Info, 20/08/2022

    #Mauritanie #Pluie #Nouackhott

  • Les Algériens vent debout contre le provocateur Raissouni

    Les Algériens vent debout contre le provocateur Raissouni

    Algérie, Maroc, Ahmed Raïssouni, Union internationale des Oulémas musulmans, Tindouf, Sahara Occidental, Mauritanie,

    Le Haut conseil islamique (HCI) a souligné que «cet individu n’a pas tiré d’enseignements suite au camouflet essuyé par son prédécesseur, Allal El Fassi, qui avait parlé de Tindouf en pleine Révolution algérienne».

    Les récentes déclarations du président de l’Union internationale des Oulémas musulmans (UIOM), le Marocain Ahmed Raïssouni, ont mis le monde politique et religieux sens dessus dessous sur l’ensemble des sphères musulmanes. Même si le prédicateur a tenté de se disculper en affirmant que son intention n’était pas de déclarer la guerre au peuple algérien, mais il a néanmoins persisté dans sa dérive en considérant que Tindouf revenait au Maroc et traité les citoyens du Sahara occidental de Marocains emprisonnés par l’Algérie. Cette nouvelle couche de déclarations pour le moins inopportunes, aggrave son cas auprès de toutes les instances politiques et religieuses algériennes. Cette double sortie aux accents ostensiblement provocateurs contredit la mission d’un homme dont l “œuvre doit être celle de donner l”exemple. Mais au lieu de cela, il a fait montre d’une attitude propice à attiser les feux de la Fitna et de susciter, dans la région, des tiraillements aux conséquences graves.

    Aux multiples réactions enregistrées en Algérie, on retiendra celle de la Commission de la fatwa du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs qui a condamné, hier mercredi, les propos provocateurs du Marocain Ahmed Raïssouni, affirmant qu’il a tenté d’allumer les feux de la fitna dans la région, soulignant qu’«il fait ainsi sienne l’idéologie des groupes terroristes extrémistes».

    «Les propos de Raïssouni portent une incitation claire et un appel explicite à attaquer la souveraineté des Etats. Mal lui en a pris d’attiser le discours de haine et d’appeler à allumer les feux de la fitna entre les peuples, les Etats et les gouvernements de la région», a précisé la Commission de la fatwa, ajoutant que Raïssouni «a tenté vainement de revêtir ces élucubrations et ces divagations du sceau du djihad en les reliant à des thèses illusoires et infondées rejetées par la religion, la raison, l’histoire et la réalité, faisant ainsi sienne l’idéologie des groupes terroristes extrémistes».

    «Le véritable djihad est celui dont nos aïeux ont porté l’étendard dans cette terre bénie lorsque, répondant à l’appel de la religion et de la patrie, ils se sont levés contre l’occupation française, sacrifiant leur argent et leurs vies. Et c’est le même djihad mené aujourd’hui par les enfants du peuple palestinien contre l’entité sioniste occupante», ajoutant que «l’auteur de ces propos graves et insensés, qui s’est approprié la doctrine expansionniste du Makhzen, a voulu attenter à la souveraineté de deux états voisins, en l’occurrence l’Algérie et la Mauritanie, faisant fi des règles et des lois internationales et des principes de bon voisinage, ainsi que de la morale islamique dont tout un chacun doit se prévaloir, à fortiori lorsqu’il s’agit d’un individu qui prétend être versé dans les sciences de la Charia islamique», a estimé la commission.

    De son coté, la Ligue Rahmania des zaouïas scientifiques a qualifié les déclarations de Raïssouni de bavure qui «a entaché d’opprobre la crédibilité d’un savant et sa réputation en milieux scientifiques, lui qui assure la présidence d’une instance scientifique internationale de renom». Raïssouni «est allé très loin lorsqu’il a appelé les oulémas et prédicateurs marocains, au djihad et à prendre part à une marche millionnaire sur le territoire algérien (…), un appel clair à attiser les feux de la fitna et à creuser davantage le fossé qui sépare les deux pays en jonchant d’épines la voie menant à l’Édifice maghrébin pour lequel a été créée l’Union du Maghreb arabe», précise la Ligue.

    Le président de L’UIOM «aurait dû centrer ses efforts sur les moyens de faire avorter le processus de normalisation qui ouvre la voie à l’entité sioniste et lui assure une présence dans la région du Maghreb, constituant ainsi une menace pour sa sécurité et un complot dangereux ourdis contre ses peuples, car provoquant des conflits et des tensions aux conséquences désastreuses, sans rappeler que la normalisation est en soi une trahison vis-à-vis d’Al-Aqsa et d’Al-Qods, une atteinte aux droits légitimes du peuple palestinien et un coup de poignard dans le dos de la Nation arabe et musulmane», a déploré la Ligue dans son communiqué.

    Toujours dans la représentation des autorités religieuses du pays, le Haut conseil islamique (HCI) a souligné que «cet individu n’a pas tiré d’enseignements suite au camouflet essuyé par son prédécesseur, Allal El Fassi, qui avait parlé de Tindouf en pleine Révolution algérienne»

    Pour sa part, le président de l’Association des oulémas musulmans algériens, Abderrazak Guessoum, a dénoncé les propos de Raïssouni, soulignant qu’ils «ne servent nullement l’unité des peuples et ne préservent pas le bon voisinage». Selon le même responsable, «Raïssouni qui a brillé par son mutisme au sujet de la trahison de la cause palestinienne par son roi et des visites successives des dirigeants de l’institution militaire sioniste au Maroc, a appelé au djihad contre l’Algérie», en violation flagrante du principe du djihad en Islam. Les Oulémas musulmans «sont appelés à fustiger l’appel à la guerre entre deux pays musulmans frères, lancé par Raïssouni qui doit démissionner de la présidence de l’UIOM ou en être limogé».

    La classe politique n’est pas en reste dans la condamnation sans réserve des propos du président de l’UIOM. Ainsi, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui a considéré, par le truchement de son président, Abderrazak Makri, que la sortie médiatique de Raïssouni «est une bourde que l’histoire retiendra et que les générations successives ressasseront à jamais».

    Le FLN a qualifié les déclarations de Raïssouni de «propos irresponsables provenant d’un haineux ignare qui se méprend sur les valeurs de l’Islam et usurpe ses fonctions pour inciter à la Fitna et aux hostilités entre musulmans». De son côté, le Mouvement El Bina El Watani a dénoncé les déclarations subversives de Raïssouni, qui «ont choqué les Algériens et d’autres peuples du Maghreb, tels les Mauritaniens et les Sahraouis».

    Le Front El Moustakbal a dénoncé, dans un communiqué, les déclarations du Marocain Raïssouni qui «souffre d’un vide spirituel chronique, notamment lorsqu’il s’agit de la souveraineté et de l’unité territoriale de l’Algérie et de son peuple». Tajamou Amal El Djazaïr (TAJ) a, lui aussi, condamné «les déclarations saugrenues et irresponsables d’Ahmed Raïssouni», appelant l’UIOM à lui demander des comptes et à le condamner pour ce genre de sorties attentatoires à l’image de l’instance.

    Anissa Mesdouf

    Ouest Tribune, 17/08/2022

    #Algérie #Maroc #Ahmed_Raïssouni