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  • Enquête ouverte à Paris sur l’espionnage par le Maroc

    Le parquet de Paris a ouvert mardi une enquête sur l’espionnage de journalistes français dont l’infiltration de téléphones par le logiciel Pegasus pour le compte de l’Etat marocain, a été révélé dimanche par un consortium de médias, a-t-il annoncé dans un communiqué. Cette enquête a été ouverte pour une longue liste de dix infractions dont « atteinte à la vie privée », « interception de correspondance », « accès frauduleux » à un système informatique et « association de malfaiteurs ».

    Elle fait suite à la plainte déposée par le site Mediapart, dont deux journalistes ont été espionnés, à laquelle doit s’ajouter une plainte similaire du Canard enchaîné. L’enquête vise également d’autres infractions d’atteintes à un système informatique, telles que l’introduction, l’extraction et la transmission frauduleuses de données, qui peuvent être potentiellement reprochées aux utilisateurs de Pegasus. Elle concerne aussi la « mise à disposition et détention d’un équipement » permettant des atteintes à un système de données et « l’offre et la vente sans autorisation d’un dispositif de captation de données », qui visent cette fois potentiellement la commercialisation du logiciel et les intermédiaires impliqués.

    Plusieurs médias dont Le Monde, le Guardian et le Washington Post ont révélé dimanche que le fondateur de Mediapart Ewdy Plenel et la journaliste de son média Lénaïg Bredoux avaient été espionnés par les services secrets marocains. Le Canard Enchaîné, lui, aurait été visé notamment à travers son ancienne collaboratrice Dominique Simmonnot, aujourd’hui contrôleure générale des lieux de privation de liberté, qui a également annoncé qu’elle allait saisir personnellement la justice. Les investigations ont été confiées à l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC), a précisé le parquet.


    Selon l’enquête publiée dimanche par un consortium de 17 médias internationaux, le logiciel Pegasus, élaboré par l’entreprise sioniste NSO Group, aurait permis d’espionner les numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise de différents pays. Le logiciel espion Pegasus, introduit dans un smartphone, permet d’en récupérer les messages, photos, contacts et même d’écouter les appels de son propriétaire.

    Ces révélations ont suscité l’indignation dans le monde entier d’organisations de défense des droits humains, de médias et de dirigeants politiques. NSO, régulièrement accusé de faire le jeu de régimes autoritaires, assure que son logiciel sert uniquement à obtenir des renseignements contre des réseaux criminels ou terroristes.

    Le travail mené par les 17 médias, dont les quotidiens français Le Monde, britannique The Guardian et américain The Washington Post, se fonde sur une liste obtenue par le réseau basé en France Forbidden Stories et l’ONG Amnesty International. Elle compte, selon eux, 50.000 numéros de téléphone sélectionnés par les clients de NSO depuis 2016 pour une surveillance potentielle.

    Le Maghreb, 22/07/2021

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  • Affaire des restaurants clandestins : Brice Hortefeux et Alain Duhamel reconnaissent avoir déjeuné chez Christophe Leroy mais s’estiment piégés

    Mediapart fait de nouvelles révélations sur l’affaire des restaurants clandestins. Selon le site d’information, l’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a déjeuné avec le journaliste Alain Duhamel chez le chef Christophe Leroy. Les deux intéressés confirment mais s’estiment piégés.

    Nouveau rebondissement dans l’affaire des restaurants clandestins. Le vendredi 2 avril, M6 mettait en lumière dans un reportage en caméra cachée les coûteux repas organisés sous le manteau pour l’élite dans des lieux huppés parisiens, et ce au mépris des restrictions sanitaires. L’enquête révélait notamment que le chef Christophe Leroy servait des dîners gastronomiques hors-la-loi dans un appartement privé du VIIIème arrondissement et que le collectionneur Pierre-Jean Chalençon organisait des soirées clandestines dans son Palais Vivienne.

    De nouvelles révélations

    Ces révélations ont fait scandale, d’autant plus que l’ancien acheteur d’Affaire Conclue se vantait dans ce reportage de partager la table de ministres. Rapidement, les intéressés ont fermement nié avoir contrevenu à la loi mais la polémique s’est transformée en affaire judicaire. Pierre-Jean Chalençon et Christophe Leroy ont même été placés en garde à vue et leur domicile perquisitionné. Et si les deux intéressés ont finalement été relâchés, l’affaire continue de prendre de l’ampleur. Ce samedi 10 avril, Mediapart fait ainsi de nouvelles révélations sur ces restaurants clandestins parisiens, confirmant qu’un homme politique a bien dîné à la table de Christophe Leroy.

    Brice Hortefeux à la table du chef Leroy

    Selon le site d’information, l’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux « a déjeuné fin mars avec l’éditorialiste Alain Duhamel dans un appartement reconverti en restaurant clandestin par le chef Leroy ». Le repas a eu lieu le mardi 30 mars, dans un appartement privé du 8e arrondissement de Paris, celui qui a été filmé dans le reportage de M6, où Christophe Leroy « proposait à une clientèle selecte des menus entre 110 euros et 580 euros » tous les jours. Contactés par Mediapart, Brice Hortefeux et Alain Duhamel ont confirmé leur présence, expliquant toutefois qu’ils avaient fréquenté ce restaurant clandestin à l’insu de leur plein gré. Le proche de Nicolas Sarkozy raconte qu’il devait déjeuner avec le célèbre éditorialiste dans un cadre professionnel ce jour-là mais ne se voyait pas l’accueillir dans son bureau. Une connaissance lui a alors parlé de la table de Christophe Leroy : « Une personne que je connais est venue me voir pour tout autre chose, et dans la conversation me dit : ‘Si vous avez des déjeuners ou des dîners, il y a un business club dont je suis membre et c’est tout à fait possible d’organiser cela’ ».

    « Tout paraissait légal »

    Mais Brice Hortefeux ne se serait absolument pas douté qu’il s’agissait d’un restaurant clandestin. Le député européen a ainsi expliqué à Mediapart que son interlocuteur lui a assuré que c’est tout à fait légal : « Cette personne me dit : « Il y a beaucoup de monde qui passe, des entreprises, des élus… » Quand vous savez cela, vous vous dites que vous êtes dans les clous ». Brice Hortefeux insiste d’ailleurs : « Tout paraissait légal ». De son côté, Alain Duhamel ne savait pas non plus où il mettait les pieds. « Je ne savais pas de quoi il s’agissait, ce n’était pas précisé, j’y suis allé. Je croyais que ce serait soit chez lui, soit chez un de ses amis, et puis je suis monté dans ce truc-là. (…) Et puis je me suis aperçu qu’il y avait des gens qui déjeunaient. On m’a emmené tout de suite dans une petite salle à manger au fond, où nous étions trois » s’est défendu de son côté au site d’information le journaliste.

    Brice Hortefeux « abusé », Alain Duhamel « piégé »

    Quand finalement, l’affaire des dîners clandestins a éclaté, les deux protagonistes ont déchanté. « Évidemment, vous imaginez ma tête… Cela vous tombe dessus comme un coup de massue. Je ne savais rien et, honnêtement, c’est très pénible. Je ne le vis pas très bien, je me suis excusé auprès d’Alain Duhamel, j’étais très gêné vis-à-vis de lui » a expliqué Brice Hortefeux. De son côté, Alain Duhale raconte avoir « mal dormi” après ce déjeuner. “J’étais tellement troublé qu’en sortant, je me suis trompé de Uber” affirme-t-il également. Le journaliste confie avoir eu l’impression d’être “un peu piégé”. Un sentiment partagé par Brice Hortefeux. Interrogé par France info, le député européen s’est de nouveau défendu : « Quelqu’un que je connais depuis toujours m’a proposé d’organiser un déjeuner dans un club avec un traiteur. J’ai demandé à la personne si c’était légal. Elle m’a répondu oui. On m’a même transféré un article de Ouest-France évoquant le sujet. Si ça n’est pas légal, j’ai été abusé ». Pour l’ancien ministre de l’Intérieur, les choses sont claires : « Je reconnais avoir participé à un déjeuner professionnel avec Alain Duhamel. Ce n’est pas un déjeuner clandestin ».

    Télé-Loisirs, 10 avr 2021

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