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  • Maroc-Espagne: Le chantage par les enfants

    Maroc-Espagne: Le chantage par les enfants – Migration, mineurs marocains non accompagnés, Ceuta, Melilla,

    Les autorités de la ville de Ceuta ont indiqué que le Maroc refusait de coopérer avec elles pour relancer le processus de rapatriement des mineurs marocains non accompagnés qui se trouvent dans l’enclave espagnole depuis la crise migratoire de masse de mai dernier, selon des médias. « Les autorités marocaines n’avaient pas interagi au sujet de plus de 700 rapports demandés (par leurs homologues de Ceuta) pour entamer le processus de retour des mineurs marocains, qui est suspendu depuis août dernier », rapporte vendredi le journal Elfarodeceuta. Cela rend de fait impossible l’engagement de toute procédure de rapatriement conformément aux dispositions de la loi sur l’immigration, selon la source.

    Cette dernière explique que « le délégué des autorités de Ceuta ne peut accepter d’engager les procédures de retour des mineurs dans leur pays qu’au vu de deux rapports, l’un de la représentation diplomatique de leur pays d’origine sur leurs conditions familiales, et l’autre du service de protection de l’enfance de la ville qui renseigne sur la situation actuelle des mineurs ». « Le délégué a essayé tous les moyens possibles pour recevoir une réponse du pays voisin, en vain », ajoute la source.

    Cette dernière affirme que « la partie marocaine n’a manifesté sa volonté de coopérer que durant le mois d’août, lorsque le processus d’expulsion des mineurs marocains a commencé. Mais cette coopération est actuellement suspendue ».

    Durant la période du 17 au 20 mai dernier, environ 10.000 personnes, pour la plupart des jeunes Marocains, sont entrées illégalement dans l’enclave espagnole de Ceuta. La plupart des migrants ont été immédiatement renvoyés au Maroc, mais environ 1.500 mineurs sont restés, selon les autorités espagnoles, 2.000 selon Amnesty International. En mai dernier, l’Espagne a accusé le Maroc d’ »agression » et de « chantage » après l’assaut migratoire sur Ceuta. En juin, au lendemain de la crise de Ceuta, le Parlement européen a adopté une résolution qualifiant de « moyen de pression inacceptable » l’utilisation par le Maroc de la migration.

    L’organisation « Save the Children », quant à elle, a révélé, dans un récent rapport, que 98,6% des mineurs marocains ne veulent pas retourner dans leur pays, ajoutant que les enfants qui ont subi de mauvais traitements – parmi les motifs de refus de rentrer au Maroc – ont confirmé leurs « souffrances » de violences physiques et d’abus.

    #Maroc #Espagne #Ceuta #Melilla #Migration #Mineurs_non_accompagnés

  • Maroc-Espagne: Toujours pas de signes d’apaisement

    Maroc-Espagne: Toujours pas de signes d’apaisement

    Maroc-Espagne: Toujours pas de signes d’apaisement – ferme piscicole, îles Chafarines, Ceuta, Melilla, migration, covid19,

    Brouille diplomatique entre Rabat et Madrid : Toujours pas de signes de dénouement
    Aucun signe d’une fin de la brouille diplomatique entre Rabat et Madrid n’est apparu, six mois après la nomination de José Manuel Albares à la tête de la diplomatie espagnole, selon l’agence Europapress.
    Dans un article sur les relations entre l’Espagne et le Maroc en 2021, il est indiqué que le ministre des Affaires étrangères n’a pas réussi à rapprocher les points de vue entre les deux capitales au sujet d’un bon nombre de questions litigeuses. José Manuel Albares n’a pas eu de réunion bilatérale avec son homologue marocain Nasser Bourita cette année, à l’exception de deux appels téléphoniques ces derniers mois, ce qu’elle (l’agence) considère comme preuve que « la crise diplomatique entre les deux pays n’est pas terminée ».

    La source médiatique a ajouté que « le Maroc n’est pas sorti de la zone d’ombre dans ses relations avec l’Espagne au cours des mois qui ont suivi le discours du roi Mohamed VI, dans lequel il a exprimé la volonté du Royaume de lancer une phase inédite de coopération bilatérale basée sur la transparence et la confiance ».

    Selon Europapress, l’implantation d’une ferme piscicole dans les îles Chafarines, dans les eaux que l’Espagne considère comme les siennes, « a aggravé la situation », mais les critiques de Rabat de la gestion de la pandémie de Covid-19 par les autorités espagnoles au niveau des aéroports « ont accentué davantage la crise ».

    En effet, le ministère marocain de la Santé a accusé récemment les autorités espagnoles, dans un communiqué, de « mettre en danger la santé des citoyens marocains » et décidé d’organiser des vols spéciaux de rapatriement des Marocains bloqués en Europe à partir du Portugal, invoquant « l’absence de respect des protocoles sanitaires » par le gouvernement espagnol dans les aéroports.

    Dans ce contexte, le journal espagnol « El Confidencial » a rapporté que le ministre espagnol des Affaires étrangères a convoqué le chargé d’affaires de l’ambassade du Maroc à Madrid. Le « froid diplomatique » assombrit encore les relations bilatérales entre Madrid et Rabat depuis le mois de mai dernier. L’ambassadrice du Maroc à Madrid, Karima Benyaich, appelée pour des consultations le 18 mai en pleine crise migratoire de Ceuta, utilisée par le Maroc pour faire pression sur l’Espagne pour qu’elle prenne son parti dans le conflit au Sahara occidental, n’a pas encore repris ses fonctions.

    Horizons, 30/12/2021

  • Dissocier définitivement l’économie de Melilla et Ceuta du Maroc

    Dissocier définitivement l’économie de Melilla et Ceuta du Maroc

    Dissocier définitivement l’économie de Melilla et Ceuta du Maroc – Espagne, Manuel Garcia Margallo,

    L’ancien ministre espagnol des Affaires étrangères, Manuel Garcia Margallo, a appelé à dissocier définitivement l’économie de Melilla et Ceuta (sous souveraineté espagnole) du Maroc.

    S’exprimant lors d’une conférence sur «l’économie de Melilla et son avenir», l’ancien chef de la diplomatie espagnole a fait remarquer que l’avenir de l’économie de Melilla était tributaire du développement de ses relations avec le reste des villes d’Espagne, et principalement avec l’Union européenne. Il a mis en avant, à cet égard, la nécessité d’accorder davantage d’intérêt à cet aspect et réduire la dépendance économique de Melilla envers le Maroc.
    Contrairement à Ceuta (extrême nord) qui a réussi à s’intégrer économiquement dans l’espace espagnol, la ville de Melilla, géographiquement éloignée de l’Espagne, trouve des difficultés à intégrer pleinement l’économie espagnole.
    APS

    Le Soir d’Algérie, 05/12/2021

    #Maroc #Espagne #Ceuta #Melilla

  • « Le Maroc ne pense même pas à libérer Ceuta et Melilla »

    « Le Maroc ne pense même pas à libérer Ceuta et Melilla » – Algérie, Espagne, Amiral Teodoro Lopez Calderon, Sahara Occidental

    L’amiral Teodoro Lopez Calderon : « tous les plans du Maroc sont liés à l’Algérie, il ne pense même pas à libérer Ceuta et Melilla ».
    Le chef d’état-major de l’armée espagnole, l’amiral Teodoro Lopez Calderon, a déclaré que le principal adversaire du Maroc à l’heure actuelle est l’Algérie.

    Le responsable espagnol a ajouté, selon ce qui a été rapporté par « Russia Today », que « le grave problème auquel le Royaume du Maroc est confronté est le Sahara occidental ».

    Bien que les villes de Ceuta et Melilla soient toujours sous occupation espagnole, l’amiral Theodoro Lopez Calderon a nié que Rabat constitue une menace pour la sécurité des deux villes, soulignant que cette dernière n’a manifesté aucune volonté de restituer ses terres militairement.

    L’amiral Calderon a clairement indiqué que les armements du Maroc ces dernières années n’avaient rien à voir avec la reconquête de Ceuta et Melilla.

    Le porte-parole a souligné que les services de renseignement espagnols avaient tiré la sonnette d’alarme et averti le chef du gouvernement du pays du danger d’un rapprochement maroco-israélien sur la « nation espagnole ».

    Le même responsable a révélé le point culminant des accords sionistes-marocains en construisant une base militaire dans la région, que le commandant militaire considérait comme une menace pour les intérêts de Madrid dans la région.

    L-I

    Le Réveil d’Algérie, 03/12/2021

    #Maroc #Algérie #Espagne #Ceuta #Melilla #Sahara_Occidental

  • Le Maroc et Israël main dans la main contre l’Algérie

    Le Maroc et Israël main dans la main contre l’Algérie – Sahara Occidental, Espagne, Ceuta, Melilla

    Le Maroc a accueilli le 24 novembre dernier le ministre israélien de la défense Benny Gantz pour sceller un accord militaire et sécuritaire sans précédent entre les deux pays et inédit dans le monde arabe.

    Le mémorandum d’entente Israël-Maroc couvre un spectre large de coopération : « Echange d’expériences et d’expertise, transferts technologiques, formation, coopération dans le domaine de l’industrie de défense. » Il a été question à Rabat, entre autres, d’entraînements et de manœuvres conjoints entre les deux armées, de drones sophistiqués, de radars Elta, missiles, systèmes antidrones ainsi que de la modernisation de la flotte des avions F5. Le point saillant de l’accord-cadre est cependant l’acquisition par les FAR du système de défense aérienne Lightning 8 installé sur les avions, et qui se décline également dans une version terrestre. Mais les FAR auraient déjà acquis le Skylock Dome israélien. Transaction annoncée par le journal israélien Globes dans un article soulignant l’intérêt pour les solutions de défense israéliennes au dernier salon aéronautique de Dubaï. Le Skylock est présenté comme offrant une large protection contre la menace croissante des drones d’attaque. Cette acquisition est destinée essentiellement à faire face à la menace stratégique représentée par l’arsenal de drones d’attaque et de drones chasseurs de tanks et de surveillance algérien.

    Grâce donc à l’ennemi stratégique israélien, le Makhzen, voisin géographique et historique belliqueux, va donc s’équiper massivement de technologies militaires israéliennes. Cette coopération militaire étendue permettra à Israël de développer une industrie locale de production de drones, ce qui renforcerait évidemment les capacités aériennes des FAR qui disposent déjà de drones turcs, israéliens et américains. Elle permettrait aussi aux Israéliens de produire des drones en grande quantité et à un prix inférieur au Maroc, afin de bien se positionner sur les marchés d’exportation, notamment en Afrique.

    Par ailleurs, et selon des sources médiatiques espagnoles, la coopération maroco-israélienne accrue comprendra de même la construction d’une base militaire près de l’enclave espagnole de Melilla, distante d’Alger, à vol d’oiseau, d’environ 560 kilomètres. La coopération entre le Maroc et Israël pourrait aller au-delà de la sécurité et de la défense pour parvenir à un accord de renseignement, en bonne et due forme, qui scellerait 60 ans de coopération en matière d’espionnage et de contre-espionnage dans le monde arabe et en Europe.

    Cet accord de coopération militaire et sécuritaire tous azimuts a déjà, d’autre part, une traduction sur le plan économique, Rabat devant accorder prochainement des licences à une entreprise israélienne pour explorer le pétrole et le gaz en zone offshore dans le sud du Maroc et au Sahara Occidental occupé.

    Cet accord stratégique n’est en rien surprenant. Il était parfaitement prévisible depuis la reprise officielle des relations diplomatiques, dans le cadre des Accords d’Abraham, et concrétisée par l’ouverture d’ambassades dans les capitales respectives. Le discours diplomatique provocateur de Rabat, les menaces israéliennes contre l’Algérie, proférées à partir de la capitale du Maroc, avec l’assentiment du palais royal, l’assassinat à l’aide d’un drone de trois camionneurs algériens en zones libérées du Sahara Occidental, et l’agression numérique caractérisée des services de renseignement marocains, via le système de vaste intrusion cybernétique Pegasus, laissaient entrevoir une rapide conclusion d’un accord militaire et sécuritaire stratégique.

    Rien d’étonnant donc. Reste à savoir si cette attitude ultraoffensive et guerrière du Makhzen à l’égard de l’Algérie, pensant prendre part à sa prise en tenaille géostratégique via ses vastes frontières, déboucherait ou non sur une guerre totale, une guerre de drones ou une guerre indirecte à travers l’embrasement du front militaire sahraoui ? Si une revivification du champ de bataille sahraoui est possible, une guerre totale ou un conflit armé par drones interposés qui aurait pour théâtre d’opérations l’Algérie et le Maroc, paraissent à ce stade assez improbables. Une guerre aux portes de l’Europe entre deux armées dotées des ressources militaires nécessaires aurait des conséquences très lourdes en matière de flux migratoires et de garantie des approvisionnements énergétiques du sud de l’Europe. Elle opposerait en outre deux pays qui sont dans des alliances stratégiques avec l’OTAN, les USA, la France et Israël pour le Maroc, et la Russie et la Chine s’agissant de l’Algérie. Ces puissances ne pourraient pas accepter, in fine, que l’allié stratégique en question puisse subir des dommages à grande échelle.

    Tout porte à croire que le Maroc et Israël, désormais alliés stratégiques au grand jour, marcheront main dans la main pour affaiblir systématiquement l’Algérie, et sur tous les plans. Faire en sorte à ce que ses capacités immunitaires soient sans cesse diminuées. Favoriser alors le rôle du ver dans la pomme en encourageant tout mouvement d’opposition et de sédition internes, affaiblir ses positions diplomatiques partout où l’Algérie aurait une quelconque influence, porter atteinte à ses intérêts diplomatiques et mener contre elle une guerre d’intox noire et une guerre de déstabilisation psychologique sur tous les fronts du monde numérique !

    Noureddine Khelassi

    Le Soir d’Algérie, 01/12/2021

    #Maroc #Israël #Algérie #Sahara_Occidental #Front_POlisario #Makhzen

  • Maroc: Les 2 décisions qui inquiètent l’Espagne

    Maroc: Les 2 décisions qui inquiètent l’Espagne

    Maroc, Espagne, Israël, Ceuta, Melilla – Maroc: Les 2 décisions qui inquiètent l’Espagne

    Deux décisions prises par le Maroc inquiètent vivement l’Espagne ces jours-ci. La première est d’ordre militaire et la seconde d’ordre économique, mais qui peut avoir de graves retombées écologiques.

    C’est un média espagnol qui rapporte ces inquiétudes qui surviennent à quelques jours de la visite au Maroc du ministre de la Défense israélien, Benny Gantz, dans le cadre de l’accélération du rythme de normalisation dans lequel s’est empêtré le régime du Makhzen et qui a provoqué un torrent de colère populaire au sein de la société marocaine. La première source d’inquiétude des autorités espagnoles est liée à un accord militaire entre le Maroc et Israël. En effet, selon le journal El Espanol, le Maroc prévoit de signer un accord avec Israël pour l’établissement d’une base militaire dans la ville d’Afsous à Nador, près de l’aéroport international de Laroui au sud de Melilla. Les autorités espagnoles y voient une «menace pour la sécurité de la ville espagnole de Melilla, située à seulement 68 kilomètres de la région » où est prévue l’emplacement de cette base militaire.

    Citant des experts espagnols, la même source a ajouté que « des responsables du renseignement étranger ont mis en garde contre ce projet qui va au-delà, selon eux, des accords d’Abraham signés en octobre 2020″ entre l’entité sioniste et un nombre de pays arabes.

    L’autre inquiétude de l’Espagne est liée à l’autorisation que vient d’accorder le Maroc à une société qatarie pour effectuer des forages pétroliers près des eaux des îles Canaries. C’est surtout au niveau de l’archipel que cette décision marocaine inquiète y voyant un «risque environnemental pour la région ».

    S. H.

    L’Algérie d’aujourd’hui, 21/11/2021

    #Maroc #Espagne #Israël #Base_militaire #Ceuta #Melilla #Iles_Canaries #Prospections

  • Engager le Maroc: un pari que l’Espagne ne veut pas perdre

    Engager le Maroc: un pari que l’Espagne ne veut pas perdre

    Espagne, Maroc, Sahara Occidental, Ceuta, Melilla – Engager le Maroc: un pari que l’Espagne ne veut pas perdre

    Dans une partie d’échecs, chaque joueur connaît le type de jeu auquel il joue et déplace les pièces à tour de rôle. En plus de l’avantage relatif de faire une ouverture cohérente avec vos objectifs, vous devez anticiper les mouvements de votre adversaire et planifier en conséquence.

    Le Maroc a déplacé des pièces les 17 et 18 mai 2021, lorsqu’il a accueilli 8 000 immigrants dans la ville de Ceuta, territoire espagnol en Afrique et frontière extérieure de l’Union européenne. Il l’a fait sans prévenir, négligeant ses fonctions de gardien des frontières et permettant l’entrée d’une masse de migrants représentant 9,5 % de la population de Ceuta.

    Cet épisode est d’un caractère inédit : il s’est produit dans le contexte d’un changement géopolitique au Maghreb, dans une dégradation sans précédent des relations Rabat-Madrid, et il a été d’une ampleur inégalée. La particularité de l’événement exige une évaluation des relations entre les deux pays et de la stratégie de l’Espagne vis-à-vis du Maroc. Madrid sait-il qu’il joue aux échecs avec Rabat ? Est-il capable de lire à l’avance les mouvements du Maroc ? A-t-il une stratégie efficace ?

    Fond

    Cet acte a lieu au cours d’une période de changements dramatiques dans l’espace maghrébin. À savoir, les hostilités sur le Sahara occidental ont de nouveau éclaté en 2019. En outre, les relations du Maroc avec Alger se sont considérablement détériorées, tandis que ses relations avec l’Europe sont devenues plus tendues à la suite des décisions de la CJUE en 2021 et des conflits avec la France et Berlin. Washington a accru son soutien au Maroc, reconnaissant sa souveraineté sur le Sahara occidental et fournissant des fournitures d’armes et une coopération militaire. En parallèle, Rabat s’oriente vers l’Afrique, renforce ses liens avec le Sahel et étend ses contacts diplomatiques avec le Nigeria, le Sénégal et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Ces changements renforcent l’importance des déplacements du Maroc et soulignent la pertinence de ses interactions avec son seul voisin européen : l’Espagne.

    Les relations entre l’Espagne et le Maroc ont toujours été conflictuelles et prospères à parts égales. Aux aspects positifs des relations commerciales, de la complémentarité économique et de la coopération dans la lutte contre le terrorisme s’ajoutent des aspects problématiques : revendications territoriales sur les possessions espagnoles en Afrique, questions de délimitation maritime et d’immigration. Le rejet par le Maroc du principe de l’ Uti possidetis juris , cherchant à modifier les frontières héritées du colonialisme, a amené des conflits dans ses relations avec ses voisins. Avec l’Espagne, cela est évident dans des événements tels que la guerre d’Ifni (Maroc-Espagne), la Marche verte, la crise de Perejil et les événements de Ceuta en mai de cette année.

    Dans les médias, les relations entre les royaumes d’Espagne et du Maroc sont façonnées par des conflits, comme la crise de Perejil en 2002 et 2010-2011 sans ambassadeur du Maroc à Madrid. Ces affrontements, impliquant généralement des territoires espagnols en Afrique ou des questions d’une grande sensibilité publique telles que la migration ou le Sahara occidental, sont de courte durée et normalement rapidement résolus. En conséquence, les relations entre Madrid et Rabat sont de nature cyclique et font partie de la politique intérieure espagnole. Cela conditionne que les moments forts de leurs relations ne durent jamais longtemps et que les réponses de l’Espagne en discutant publiquement du Sahara, de Ceuta et de Melilla soient évitantes plutôt qu’assertives. Dans ce cadre, les événements de Ceuta 2021 peuvent être compris comme un nouveau revers dans le développement de relations complexes.

    Ces conflits contrastent avec l’interaction économique profondément imbriquée de l’Espagne avec le Maroc. Des secteurs tels que l’automobile, le textile et l’agriculture font partie de la même chaîne de valeur. Le Maroc est le deuxième partenaire hors UE de l’Espagne tandis que l’Espagne a dépasséLa France comme principal fournisseur du Maroc. Cela répond au concept de « coussin d’intérêts » avancé par l’Espagne dans les années 1990. L’idée centrale de cette stratégie est qu’une interdépendance économique accrue réduira les tensions politiques. Selon cette théorie, l’économie marocaine étant plus dépendante de l’Espagne que l’Espagne ne l’est du Maroc, Rabat serait contraint dans ses mouvements politiques. Cependant, compte tenu de la fréquence des conflits entre les deux royaumes, cette approche libérale est d’une efficacité douteuse.

    La combinaison de malentendus fréquents et d’interactions économiques croissantes n’est pas le seul paradoxe à relever dans les relations des deux royaumes. Sur le plan politique, la synchronisation entre les maisons royales des pays (principalement entre Juan Carlos I et Hassan II dans le passé mais aussi entre Mohamed VI et Felipe VI à l’ heure actuelle ) contraste avec les six années sans réunions annuelles de haut niveau. requis par le traité d’amitié entre les deux pays. Par ailleurs, le Premier ministre Sanchez a rompu avec la tradition espagnole de payer le premier voyage étranger au Maroc, en place depuis les années 1980.

    Bref, les problèmes entre Madrid et Rabat sont cycliques et affectent grandement la politique intérieure espagnole. Ni la force de l’interaction commerciale ni la proximité entre leurs rois ne suffisent à lisser les relations entre les deux pays.

    Les axes de la relation entre l’Espagne et le Maroc

    La complexité des relations entre l’Espagne et le Maroc s’articule autour de six axes : les migrations, le terrorisme, l’énergie, le Sahara, Ceuta et Melilla, et l’Union européenne. Chaque axe génère une série d’opportunités et de vulnérabilités pour l’Espagne, et c’est la confluence de ces axes qui détermine les hauts et les bas entre les deux pays.

    Le premier de ces axes est la migration. En raison de son omniprésence soutenue dans les médias, c’est celui qui concerne le plus la politique intérieure espagnole. Les immigrants subsahariens et marocains arrivent en Espagne par deux voies différentes : par voie maritime (vers la péninsule et les îles Canaries) et par voie terrestre (à travers les villes espagnoles d’Afrique de Ceuta et Melilla). Depuis 1992, Madrid a intensifié sa coopération avec Rabat dans ce domaine.

    Actuellement, le système d’externalisation des frontières est présent dans le rapatriement des immigrés, les patrouilles conjointes de police maritime, les commissariats conjoints, les raids contre les assauts massifs sur les barrières frontalières, et la construction et le contrôle de la barrière de Nador au Maroc. Ces projets sont financés par des fonds européens, que le Maroc souhaite voir se multiplier . Cette collaboration est asymétrique : le Maroc a le contrôle exclusif de la frontière, et l’Espagne dépend de son bon vouloir. Rabat, conscient de cela, n’hésite pas à instrumentaliser la question.

    Le deuxième axe est la coopération antiterroriste et sécuritaire. La collaboration dans ce domaine est née des attentats terroristes de Madrid le 11 mars 2004. La coopération s’étend désormais à la coopération policière, judiciaire et de renseignement. De plus, dans le but de contrôler la radicalisation, Rabat nomme une partie des imams en Espagne. Là encore, l’asymétrie est en faveur du Maroc. Les imams marocains pourraient se positionner en faveur des intérêts de leur pays d’origine. De plus, la coopération antiterroriste est essentielle pour la sécurité nationale de l’Espagne, et sa perte potentielle mettrait l’Espagne en danger.

    Le troisième axe est l’énergie. La présence espagnole dans ce domaine est importante, avec une participation au développement de l’énergie solaire et éolienne au Maroc et à ses centrales à cycle combiné. De plus, l’Espagne exporte de l’électricité vers le Maroc à travers deux interconnexions avec la péninsule ibérique, qui représente 20 % de la demande marocaine. L’Espagne était autrefois dépendante du gazoduc Maghreb-Europe, qui passait par le Maroc. Sa fermeture en novembre 2021 a réduit cette dépendance mais a posé un problème pour garantir l’approvisionnement en gaz de l’Espagne. Dans ce domaine, l’Espagne a le dessus : elle a opposé son veto au Plan Solaire Méditerranéen au Maroc (pour éviter la concurrence avec la production renouvelable espagnole) et a rejeté une 3e interconnexion électrique demandée par le Maroc.

    Le quatrième axe est celui du Sahara occidental. Cette ancienne colonie espagnole est d’une importance viscérale pour le Maroc. Au cœur de ses revendications territoriales, le conflit perdure depuis son début dans les années 1970, et Rabat manque de soutien international sur sa position. C’est d’ailleurs un sujet d’actualité, autour duquel le Maroc a récemment gagné le soutien américain, le rejet français et allemand, et sur lequel il a déclaré qu’il ne signerait pas d’accords commerciaux n’incluant pas le Sahara occidental.

    L’Espagne est confrontée à un dilemme puisqu’elle doit choisir entre son opinion publique (sensible à la cause sahraouie) et ses relations commerciales avec le Maroc. De ce fait, il conserve une double position. Officiellement, l’Espagne soutient une solution par l’intermédiaire de l’ONU, envoie une aide humanitaire aux camps de réfugiés sahraouis de Tindouf, reconnaît le Front Polisario comme représentant du peuple sahraoui et rejette les revendications marocaines sur les eaux des Canaries au motif que Rabat n’a aucune souveraineté sur le Sahara occidental .

    Néanmoins, elle applaudit le projet d’autonomie proposé en 2007 par le Maroc (qui n’envisage pas l’indépendance), a rejeté l’initiative américaine d’étendre le mandat de la MINURSO à la surveillance des droits humains en 2013, et défend les intérêts du Maroc (et les siens) devant les arrêts de la CJUE. sur les accords commerciaux impliquant le Sahara occidental. La complexité de cet axe, qui oblige l’Espagne à marcher dans les deux sens à la fois, est une menace pour toute relation constructive avec le Maroc.

    Le cinquième axe concerne les revendications du Maroc sur les villes autonomes de Ceuta et Melilla et les îles espagnoles au large des côtes marocaines. L’effort de Rabat pour rétablir ses frontières « authentiques » ne s’arrête pas au Sahara, s’étendant encore plus dans ces territoires espagnols, sur lesquels il a une revendication permanente.

    Ces territoires ont quatre problèmes.

    -Economiquement, ils dépendent du commerce marocain et des subventions espagnoles,
    -démographiquement, la croissance de la population d’origine marocaine entraîne des changements dans la structure sociale qui peuvent être source de conflits,
    -la protection internationale est relative, puisque les territoires espagnols ne sont pas explicitement protégés par l’OTAN, et bien qu’ils fassent partie de l’UE et de l’espace Schengen, ils ne font pas partie de l’Union douanière,
    -les îles ne figurent pas dans la Constitution espagnole ni dans l’organisation territoriale espagnole.

    Profitant de ces faiblesses, le Maroc a utilisé différentes stratégies pour renforcer ses revendications : blocus économiques, vetos contre la poursuite de l’intégration dans l’UE, rhétorique du colonialisme et comparaisons avec Gibraltar, voire la crise de Perejil en 2002, dans laquelle un petit groupe de la marine marocaine occupait l’une des îles espagnoles. Cet axe a une présence latente dans les relations entre les deux pays : bien que Madrid évite sa mention publique, les revendications de Rabat peuvent aboutir à une confrontation directe des intérêts nationaux espagnols.

    Enfin, le sixième et dernier axe est l’Union européenne. La relation de l’Espagne avec le Maroc est basée sur la politique européenne de voisinage et sur l’Union pour la Méditerranée. Par ailleurs, cette relation tourne actuellement autour de l’octroi de fonds au Maroc pour l’externalisation des frontières, les accords commerciaux sur l’agriculture et la pêche, et les arrêts de la CJUE sur ceux-ci, qui depuis 2015 ont compliqué les relations de Bruxelles avec Rabat. En effet, le Maroc a changé d’ attitude envers l’UE depuis 2008, réduisant ses concessions, augmentant ses exigences et adoptant un discours plus pragmatique. Dans le cadre des relations Madrid-Rabat, l’UE a agi comme un pacificateur, réduisant les conflits bilatéraux. Cependant, l’Espagne est limitée au sein de la structure multilatérale, puisqu’elle ne peut pas imposer ses préférences et son pouvoir se limite à bloquer les initiatives (comme il l’a fait avec la libéralisation agricole par exemple). De plus, les arrêts de la CJUE ont empoisonné les relations bilatérales entre l’Espagne et le Maroc.

    Ce qui est aujourd’hui la coopération en matière de migration, de sécurité et d’énergie, en raison des conflits autour du Sahara ou de Ceuta et Melilla peut devenir un jour une dépendance indésirable. Trop de questions liées à la sécurité nationale espagnole sont soumises à la bonne volonté de Rabat. C’est pourquoi les désaccords entre les deux pays provoquent tant de remous en Espagne, même s’ils ne tournent pas toujours autour de chacun des 6 axes décrits ci-dessus.

    Ceuta 2021 — Nouvelle crise ou point de non-retour ?

    Cet article commence par les événements du 18 mai 2021, lorsque le Maroc a assoupli ses contrôles aux frontières et autorisé plus de 8 000 sans-papiers, pour la plupart de jeunes Marocains, à entrer dans la ville de Ceuta. Le chiffre est sans précédent, environ 10 fois plus élevé que ce qui était reçu jusque-là. Il convient de se demander si cet événement est un simple retournement des relations conjoncturelles entre le Maroc et l’Espagne, ou s’il implique quelque chose de différent.

    Lorsque la crise de Ceuta en 2021 est relativisée, on observe une détérioration extraordinaire des relations entre le Maroc et l’Espagne, renforcée par les actions unilatérales de Rabat. En 2018, le Maroc a fermé la frontière commerciale avec Melilla. En 2019, il a durci la lutte contre la contrebande à Ceuta, entravant le passage des frontières et interdit à ses agents d’entrer à Ceuta ou Melilla. À ce jour, cela a soumis les deux villes à une asphyxie économique sans précédent. En 2020, le Maroc a opposé son veto à l’entrée du poisson marocain à Ceuta et a relancé le différend sur la délimitation des frontières maritimes dans les eaux canariennes. En 2021, il a installéune ferme piscicole dans les eaux espagnoles près des îles Chafarinas sans autorisation. Ces dernières années, les relations entre les deux pays se sont progressivement dégradées, camouflées derrière la pandémie de Covid-19 et autour de questions d’importance relative, qui n’affectent qu’indirectement les 6 axes ci-dessus évoqués.

    En revanche, la crise de Ceuta est pertinente dans presque tous ses aspects.

    Le Maroc instrumentalise l’immigration, laissant de côté ses obligations de garde-frontière.
    Le conflit du Sahara occidental reste en toile de fond : la crise était une forme de protestation de Rabat contre l’hospitalisation en Espagne du leader du Front Polisario Brahim Ghali, organisée de manière opaque par Madrid.
    Malgré les tentatives de Rabat de maintenir la crise dans le cadre bilatéral, elle a dégénéré jusqu’à l’Union européenne, où l’Espagne a reçu le soutien de la Commission européenne, du Parlement européen (qui a prononcé une condamnation pour violation des droits de l’enfant contre le Maroc), et même de la France. .
    La crise a été suivie par la réactivation des revendications territoriales sur Ceuta et Melilla : le Premier ministre marocain a comparé la situation au Sahara occidental.
    Face aux vecteurs nombreux et inhabituels de cette crise, l’Espagne doit identifier quel objectif poursuit le Maroc, et quelles seront ses prochaines étapes. Rabat cherche évidemment à capitaliser sur l’élan donné par la reconnaissance américaine de sa souveraineté sur le Sahara et ses relations vigoureuses avec certains de ses voisins africains.

    De plus, la détérioration des relations a coïncidé avec une détérioration de la politique intérieure espagnole, alors que le Maroc profite de l’indépendance, de l’instabilité gouvernementale, du COVID-19, etc. Le Maroc poursuit-il une stratégie contre l’Espagne ? C’est ce que présume le renseignement espagnol , sans trop savoir de quelle stratégie il s’agit. En fait, le CNI considère que la crise de Ceuta n’est pas un problème d’immigration, mais une invasion qui peut se répéter à nouveau. Rabat aurait pu entraîner le conflit dans une zone grise, auquel cas il s’agirait d’établir l’environnement, en attendant les opportunités.

    La situation actuelle ne s’inscrit pas dans le schéma cyclique qui caractérise ses relations avec le Maroc. Ceuta et Melilla étouffent, les services secrets espagnols craignent de perdre la collaboration antiterroriste avec le Maroc, Rabat est en position de force et Madrid est incapable de reconnaître quelle sera la prochaine étape du Maroc, se limitant à essayer de remettre sur les rails une relation de plus en plus ancrée. . L’élan avec lequel Rabat fait pression pour la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara, et son extrapolation de celle-ci à Ceuta et Melilla, suggère que les désaccords avec l’Espagne ne sont pas terminés.

    Dans tout cela, la stratégie de l’Espagne vis-à-vis du Maroc est inefficace. Le libéralisme du coussin d’intérêts a échoué. Elle reposait sur des éléments d’intérêt national pour l’Espagne (migrations, terrorisme, etc.) mais pas pour le Maroc. Le seul domaine où Madrid a une position avantageuse est l’énergie : l’Espagne exporte de l’électricité vers le Maroc, continue de refuser d’établir une troisième interconnexion électrique et reçoit des demandes marocaines pour que l’Espagne réexporte le gaz algérien. De plus, l’Espagne a appris que le Maroc craint de perdre sa réputation auprès de l’Union européenne et essaie d’empêcher l’UE de s’impliquer dans ses relations bilatérales. Grâce à l’intervention de l’UE, le Maroc a fait un faux pas lors de la crise de Ceuta cette année.

    Cependant, tout porte à croire que Madrid est convaincu que les hauts et les bas continueront de prévaloir dans ses relations avec Rabat et il accepte l’ invitation de Mohamed VI d’inaugurer une étape inédite dans les relations entre les deux pays. Il est donc prévisible que l’Espagne maintienne le Maroc comme l’un des deux pays pilotes de son FocusLe plan Afrique 2023, lui accordant ainsi qu’au Sénégal une attention sans précédent dans le développement de relations constructives, et exportera cette expérience vers d’autres pays africains. Dans une partie d’échecs, chaque joueur connaît le type de jeu auquel il joue et déplace les pièces à tour de rôle. L’Espagne sait qu’elle joue, mais elle n’a pas réalisé que le jeu a changé et que l’échiquier est différent. Il a sauté plusieurs tours et, depuis trop longtemps, ses pièces sont restées immobiles.

    Jésus Yaniz Gonzalez

    RIAC, 19/11/2021

    #Espagne #Maroc #Algérie #Sahara_Occidental #Ceuta #Melilla #Migration #Iles_Canaries

  • Le Maroc nargue l’Espagne dans les eaux de Melilla

    Tags: Maroc, Espagne, Melilla – Le Maroc nargue l’Espagne dans les eaux de Melilla

    Selon des informations publiées par El Confidencial, le Maroc a fait exploser un vieux navire de guerre au large de Melilla.

    S’interrogeant sur l’existence de « nouvelles frictions entre l’Espagne et le Maroc », le quotidien espagnol rapporte que « le Maroc, qui possède plus de 2 000 kilomètres de côtes, a dû couler jeudi un navire désaffecté de la Marine Royale juste devant les portes de Melilla, bloquant brièvement l’accès au port de la ville autonome ».

    Dans ce but, la source précise qu’un « patrouilleur marocain a bloqué l’accès au port d’un ferry espagnol afin, en théorie, de le protéger des dommages collatéraux causés par une opération visant à couler un bateau avec des explosifs ».

    #Maroc #Espagne #Melilla

  • Rosa Caadas : L’Espagne et le Maroc doivent repartir de zéro

    Rosa Caadas : L’Espagne et le Maroc doivent repartir de zéro – « L’Espagne et le Maroc doivent redéfinir leur relation par le dialogue et la diplomatie »

    Née à Tanger dans une famille espagnole, formée dans la plus prestigieuse école de commerce de Paris et installée à Barcelone, Rosa Caadas préside la Fondation Tanja, qui œuvre pour changer les récits et promouvoir les relations entre le Maroc et l’Espagne. Elle compte dans son conseil d’administration des personnalités internationales telles que Javier Solana, Josep Borrell, Shlomo Ben Ami, Andr Azoulay et Omar Azziman. En outre, elle combine cette activité avec son travail de présidente de Trea Capital Partners. Experte en investissements, fusions et acquisitions, elle conseille des groupes d’entreprises des deux rives de la Méditerranée à la recherche d’opportunités. En visite à Madrid, elle accorde cette interview à EL MUNDO pour parler de la manière dont l’Espagne et le Maroc peuvent reprendre leurs relations, une fois calmée la tempête diplomatique vécue au milieu de cette année, suite à l’accueil du leader du Front Polisario, Brahim Ghali, dans notre pays pour recevoir un traitement médical.

    Question – L’Espagne et le Maroc sont-ils en train de surmonter la crise diplomatique ?

    Réponse.- Nous y travaillons, la corde s’est déjà un peu desserrée. Mais je pense qu’une nouvelle période va commencer où nous devrons parler beaucoup plus, avoir plus de complicité, parce que les relations que nous avons – nous sommes le premier partenaire commercial, il y a mille entreprises au Maroc – il n’y a pas de complicité. Et il y a peu de complicité aussi entre ceux qui appellent « les patrons », les présidents des grandes entreprises des deux pays. D’abord, parce que les Marocains sont plutôt d’origine française et cela limite aussi la complicité parce que cela s’acquiert quand on étudie ensemble, on parle la même langue… c’est quelque chose qu’il faut résoudre pour avancer dans une plus grande complicité.

    Q.- Quelles leçons le gouvernement espagnol doit-il tirer de ces mois de crise ?

    R.- Je pense qu’il y a eu un peu d’innocence dans les choses qui ont été faites et de ne pas apprécier le changement. Malgré l’importance de l’Afrique du Nord et de la Méditerranée, nous ne lui accordons pas l’importance qu’elle a. Nous constatons actuellement que la situation est en train de dégénérer et que nous n’accordons pas à cette région l’attention dont elle a besoin. Les gens ne savent pas ce qui se passe là-bas, alors que cela a une influence directe en Espagne et en Europe. Je pense que davantage de connaissances sont nécessaires. Et puis il y a toujours cette vision un peu erronée du  » Maure « , qui est comme un stéréotype que nous avons et qui peut effectivement exister, mais ce n’est pas 100% de la population. Il y a des gens très préparés, des femmes très guerrières, des progrès sont faits… le Maroc a fait beaucoup de progrès ces dernières années. Cette méconnaissance rend aussi les relations tendues de temps en temps. Il est vrai qu’être voisin n’est jamais facile, mais il vaut mieux trouver une solution, puisqu’il faut vivre ensemble, que d’aller à l’affrontement. Dans cette crise, il y a eu beaucoup d’erreurs des deux côtés.

    P.- Et le Maroc, que pouvez-vous apprendre de cette crise ?

    R.- Je pense que Ceuta a totalement dérapé, c’était une grosse erreur. C’est aussi la première fois que l’Europe en a dit assez, parce qu’il y a eu beaucoup de sauts d’obstacles, plus précisément en 2014, il y a eu beaucoup de sauts massifs, et l’Europe n’a rien dit, ils pensaient que c’était le problème de l’Espagne et qu’elle devait le résoudre et non… c’était prononcé. Cette fois-ci, le Maroc s’est également rendu compte que l’un de ses plus grands défenseurs, qui a toujours été la France, l’a également rappelé à l’ordre sur cette question, dans l’une des premières fois où la France s’est rangée du côté de l’Espagne sur cette question. Par conséquent, je pense que le Maroc a eu tort.

    Q.- Le président espagnol, Pedro Sánchez, a assumé la responsabilité de l’ensemble du gouvernement dans la décision d’autoriser le chef du Polisario à entrer en Espagne pour recevoir un traitement médical, ce qui a déclenché la crise. Aurait-il été possible de mieux gérer la tempête diplomatique ?

    R.- L’Espagne aurait également pu empêcher ce qu’il a fait. Pour moi, c’est quelque chose de gratuit. Il ne s’agit pas de demander la permission, mais d’informer. Si vous avez déjà une relation et que vous savez que ce problème touche la plaie, évitez de le signaler – ne pas demander la permission, l’Espagne n’a pas à demander la permission, mais ce qu’elle doit faire, c’est informer. Je ne conteste pas le côté humanitaire de la chose, mais je pense que la manière n’était pas correcte. Si vous faites quelque chose de bien, vous ne le cachez pas, n’est-ce pas ?

    Il y a des erreurs des deux côtés qui ont été couplées à une situation changeante au Maroc, qui s’est beaucoup développée lorsque les Etats-Unis ont dit que la Shara était une souveraineté marocaine. Cela a également conduit le Maroc à prendre une position qu’il n’avait pas jusqu’à présent. Il ne faut pas oublier la position géostratégique de la Chine et son expansion en Afrique. Et les États-Unis ont vu qu’ils étaient laissés de côté et ont mis le Maroc sur le devant de la scène.

    Q. Quel était le contexte du tweet de Donald Trump reconnaissant la souveraineté marocaine sur la Shara occidentale ?

    R.- Le contexte est le fait que les USA voulaient que le Maroc retrouve des relations avec Israël, un pays avec lequel il y avait déjà des liens très importants (10 ministres du gouvernement sont d’origine marocaine). Évidemment, les États-Unis avaient des intérêts, ils ne l’ont pas fait pour autre chose.

    Q.- L’Espagne doit-elle redéfinir ses relations avec le Maroc ?

    R.- Oui, des deux côtés, il faut le faire. Vous devez redéfinir une relation de tat, dans un échange mutuel. Il faut beaucoup de dialogue, de diplomatie, pour calmer les eaux, qui se sont un peu calmées mais qui continuent de s’agiter. Il faut repartir de zéro, nous sommes dans une situation différente. Il faut profiter de la pandémie, que tout cela ait quelque chose de positif, et faire table rase. Mettons les conditions pour dire d’où l’un et l’autre ne peuvent pas passer et trouvons un vrai allié, un partenaire. Parce que les positions du Maroc et de l’Espagne sont très stratégiques. L’Espagne est stratégique pour l’Europe et peut se positionner comme la partie la plus forte de toute la Méditerranée si elle sait le faire, car la région est très importante. Il faut partir de zéro avec des gens qui ont cette sensibilité, qui savent comprendre qui est en face d’eux.

    Q.- Cependant, Sánchez a fermé la possibilité de changer la position de l’Espagne en faveur de la thèse du Maroc sur la Shara occidentale et continue à s’aligner sur l’ONU. Pensez-vous que l’Espagne devrait changer sa position ?

    R.- Qu’est-ce qui a été réalisé avec les résolutions de l’ONU ? Je pense qu’il faut les repenser. D’abord parce que cela n’a pas marché, ils stagnent. Ces gens qui sont là depuis des années et des années [los saharauis refugiados en los campos de Tinduf] vont-ils continuer comme ça pendant des années et des années ? C’est à l’Espagne de faire un pas parce que, en fait, si nous sommes là où nous sommes, c’est parce que l’Espagne s’est trompée. L’Espagne ne peut pas se cacher derrière les résolutions de l’ONU, elle doit être un peu plus active, s’il faut modifier certaines choses, modifiez-les et trouvez une solution. Mais ce référendum va être très difficile à faire, car il n’y a pas de recensement et il n’y en aura jamais. On part déjà de la base que l’on propose quelque chose qui est impossible… on le change, non ? Allons trouver une autre solution.

    R.- Il s’agit de rechercher une autonomie plus ouverte qui permette à ces personnes d’avoir une vie digne. Si on parle de raisons humanitaires, je pense que c’est une excellente raison. Il faut au moins essayer d’aller de l’avant pour trouver une autre solution que le référendum. Cela fait deux ans et demi que nous n’avons pas de représentant pour le Shara occidental, cela signifie que nous l’avons arrêté. Vous devez le débloquer.

    Q.- Pensez-vous qu’avec le bilan du Maroc au Sahara occidental et son triste bilan en matière de droits de l’homme, avec une population locale réprimée et économiquement déprimée, l’autonomie serait viable pour les Sahraouis, qui demandent autre chose, l’indépendance ?

    R.- Je ne sais pas si ce serait une autonomie. Je dis que nous devons avancer dans quelque chose d’autre que le référendum. Parce que nous avons vu que pendant toutes ces années, il n’a pas été possible de le faire. Qu’est-ce qui est le mieux ? Continuer dans cette position ? Profitons de cette occasion pour nous ouvrir, je ne sais pas dans quelle direction… ils devront la trouver entre tous les partis, mais avançons un peu… ne restons pas à l’ONU, il faut faire un pas.

    Q.- Le Tribunal de l’Union européenne a invalidé les accords de pêche et d’agriculture entre Bruxelles et Rabat pour avoir inclus le Shara occidental.

    R.- C’est une mauvaise nouvelle pour le Maroc mais aussi pour l’Espagne. Nous avons 92 bateaux qui pêchent dans cette zone. Mais cela continue de démontrer les contradictions et les ambiguïtés concernant le Shara occidental, tant en Espagne que dans l’UE.

    Q.- Le Maroc et l’Algérie sont enfermés dans leur propre crise, exacerbée depuis l’été avec la rupture des relations bilatérales. Pourquoi cette escalade maintenant que le Maroc se calme avec l’Espagne ? Comment cette tension va-t-elle évoluer ?

    R.- Dernièrement, l’attention s’est portée sur le Maroc, qui reçoit beaucoup d’aides européennes pour être, comme on dit, le « gendarme » de l’immigration. Et je pense que l’Algérie a dit « je suis là et j’ai aussi quelque chose à dire » et s’il n’y avait pas la question du gaz, personne ne parlerait de l’Algérie. C’est un signal d’alarme.

    Q.- L’Espagne souhaite également maintenir une bonne relation avec l’Algérie, un autre allié stratégique. Comment maintenir un équilibre ?

    R.- Cela va être compliqué parce que l’Algérie est un pays plus difficile, plus fermé. Le Maroc ne peut pas non plus se fermer en disant que l’Espagne doit couper ses relations avec l’Algérie, je ne pense pas qu’il le fera. L’année dernière, le Maroc a déjà dit qu’il fallait ouvrir un peu plus les relations avec l’Algérie. Le fait qu’il y ait ce blocus est aussi un frein à la croissance de la zone. Le Maroc ne va pas demander à l’Espagne de rompre avec l’Algérie. Il est vrai qu’une des grandes questions est le gaz, qui pour l’instant passait par le Maroc. Nous verrons ce qui se passe maintenant, car il n’y a jamais eu de coupures d’approvisionnement ou lorsque les relations étaient tendues. Nous verrons si [el anuncio de Argel de dejar de transportar gas a la Pennsula a travs del gasoducto que pasa por Marruecos el 31 de octubre] est juste un avertissement ou si cela devient une réalité.

    Q.- Avec les élections du 8 septembre, le Maroc a clôturé un cycle de dix ans avec le parti islamiste modéré Justice et Développement (PJD) à la tête du gouvernement. Comment interprétez-vous le triomphe du Regroupement national des indépendants (RNI) ?

    R.- Le PJD se considérait comme le parti du peuple, mais ces dernières années, avec la pandémie, ils ont réalisé qu’ils n’étaient pas à la hauteur et que leurs promesses n’ont pas été tenues. Cela a été une punition car les villes phares ont perdu.

    Q.- Le nouveau gouvernement dirigé par le RNI peut-il aider à redresser les relations avec l’Espagne ?

    R.- Ce sont des technocrates, des gens très préparés qui peuvent donner au pays plus d’ouverture, parce que le PJD n’avait pas non plus de relations internationales importantes et ils peuvent lui donner plus de projection. La femme d’Aziz Akhanuch [el nuevo primer ministro] est une femme d’affaires fougueuse, combative, et cela peut aider aussi. Pour la première fois, les maires de Casablanca et de Rabat sont des femmes. C’est un pas que l’on voit déjà qu’il peut y avoir des changements. Je ne vois pas ce changement de travers, je crois que le dialogue peut être plus facile par affinité, par culture, avec les pays européens et avec l’Espagne. Il est temps de repartir à zéro dans les relations entre l’Espagne et le Maroc, profitons-en pour parler des questions qui sont sur la table et qui n’ont jamais été résolues, pour parler du TAT, un « win-win », commençons à parler au même niveau et allons vers quelque chose qui nous intéresse tous.

    DIGIS MAK, 01/11/2021

  • Les porteadoras, le drame des ouvrières oubliées

    Les porteadoras, le drame des ouvrières oubliées. Entretien avec Cristina Fuentes Lara, experte en politique migratoire et militante de l’APDHA

    Le 8 octobre 2019, le Maroc a préparé un blocus unilatéral de ce qui est cyniquement appelé « commerce atypique ». Les porteadoras de Ceuta et Melilla [1], qui risquent leur vie depuis des années en transportant jusqu’à 90 kilos de marchandises sur leurs épaules pour moins de 10 euros, faisaient peu parler d’eux auparavant, mais on en parle encore moins aujourd’hui.

    Ces femmes se déplacent aussi souvent qu’elles le peuvent entre les frontières dans le cadre d’une « nouvelle forme d’esclavage », qui est répandue à Ceuta et Melilla depuis près d’un demi-siècle. Beaucoup d’entre eux sont écrasés à mort dans les foules qui se forment aux passages étroits de la frontière et sont également victimes de diverses formes de violence, mais tout le monde semble détourner le regard, car ni en Espagne, ni au Maroc, ni même en Europe, ils ne sont considérés comme des travailleurs.

    Cristina Fuentes, spécialiste des phénomènes migratoires et maître de conférences à l’Université Rey Juan Carlos de Madrid – prix national pour la lutte contre la violence de genre en 2018 – étudie ce phénomène dramatique depuis des années et, grâce à sa collaboration avec l’Association andalouse des droits de l’homme, elle dénonce les violations que subissent ces femmes.

    Selon le dossier publié par cette association en 2016 – un nouveau rapport a été rendu public cette année [2] – plus de 7 000 femmes  » subissent quotidiennement des harcèlements, des abus, des traitements dégradants et les plus jeunes sont également victimes de harcèlement sexuel « . Les porteadoras portent entre 60 et 90 kilos sur leurs épaules pendant des heures et « sont insultés, harcelés et méprisés, obligés de faire la queue pendant des heures et battus s’ils ne le font pas, le tout pour moins de 10 euros par jour ».
    Ils font la queue pendant des heures au soleil sur la plage de Tarajal, sans abri à l’ombre ni accès à l’eau potable ou aux toilettes publiques.

    Une étude de l’Université de Grenade intitulée « Enquête sur le régime économique et fiscal de Ceuta » souligne qu’ »environ la moitié des exportations quittent Ceuta sur les épaules des femmes porteadoras, il s’agit d’une activité illégale estimée à plus de 400 millions d’euros », et signale également que « ces bénéfices sont basés sur la violation des droits de l’homme à l’encontre de ces femmes, qui ont besoin d’un emploi pour soutenir leurs familles ».

    Cristina, nous avons l’habitude d’entendre parler de commerce atypique, de problèmes liés à la situation frontalière ou au chaos de Tarajal… mais nous savons très peu de choses sur les porteadoras, qui sont ces femmes ?

    Il s’agit de femmes marocaines qui traversent chaque jour la frontière espagnole (depuis Ceuta ou Melilla) en transportant des marchandises. Ils vivent dans des villages proches de la frontière et ont entre 40 et 55 ans. Certaines sont mariées, d’autres veuves ou divorcées, mais quel que soit leur statut marital, ce sont elles qui assurent la subsistance économique de leur famille, car leurs maris sont au chômage depuis longtemps ou sont incapables de travailler. En outre, ces femmes ont en moyenne 3 à 5 enfants à charge.

    Comment se déroule leur quotidien ?

    Eh bien, leur journée commence vers 3 heures du matin. Ils se lèvent, préparent le petit-déjeuner pour leur famille et prennent un taxi collectif jusqu’à la frontière. Puis ils font la queue au poste frontière jusqu’à ce qu’ils puissent passer du côté espagnol. Ils se dirigent ensuite vers les porte-conteneurs (dans le cas de Ceuta) et les camions (dans le cas de Melilla). Là, ils récupèrent les colis contenant les marchandises et les transportent de l’autre côté de la frontière, où l’acheteur des marchandises attend son colis. En échange de leur travail, ils sont payés entre 10 et 25 euros.
    Parmi les risques de leur travail figurent la confiscation des marchandises par la police, l’interdiction de franchir la frontière avec des colis et l’obligation de passer la nuit dans les villes autonomes, ainsi que les violences policières qu’ils subissent souvent et les attroupements.

    Certains d’entre eux ont perdu la vie…

    Oui, au moins 10 porteadoras sont morts dans l’exercice de leur métier, presque tous à Ceuta et à cause de la foule qui se forme lorsqu’ils doivent aller chercher un colis ou des marchandises.

    D’après ce que ces femmes vous ont dit, qu’en pensent-elles ?

    Ils pensent que c’est leur travail, qu’ils n’ont pas d’autre choix pour faire vivre leur famille. Bien sûr, ils pensent qu’il s’agit d’une situation temporaire, d’un travail qu’ils doivent faire en attendant que leur situation économique s’améliore. Au Maroc, ce travail a un très faible prestige social et c’est pourquoi ces femmes mentent souvent à leur famille sur le travail qu’elles font, se faisant passer pour des femmes de ménage à Ceuta ou Melilla.

    Pourquoi est-il dans l’intérêt des deux parties que les porteadoras continuent à être largement oubliés ?

    Parce qu’ils représentent le maillon faible du commerce atypique. Ils travaillent et sont rendus invisibles. Deux autres facteurs influencent également cette situation : d’une part, le fait que leur travail ne jouit d’aucun prestige social au Maroc, et d’autre part, le fait que, étant donné qu’il est considéré comme illégal au Maroc, ils font de la contrebande et ne peuvent donc agir d’aucune manière.

    Quels sont les risques encourus par ces femmes si ce transport de marchandises devient illégal ?

    Selon la perspective marocaine, l’activité professionnelle des femmes porteadoras est considérée comme illégale alors qu’en Espagne, elle n’est pas réglementée. L’interdiction du transport de marchandises est liée à un changement dans la gestion politique marocaine, plutôt qu’à un changement dans la gestion marocaine de la frontière.
    Depuis octobre 2019, la frontière est fermée au trafic de marchandises et ils survivent grâce au mutualisme de voisinage et au réseau d’assistance.

    En collaboration avec l’Association en faveur des droits de l’homme d’Andalousie, vous avez élaboré un dossier sur cette question, quels en sont les points essentiels ?

    Elles sont toutes rassemblées dans le décalogue des mesures du dossier 2016. En général, nous proposons la réduction du poids maximum des bagages à 20 kg ; la fermeture immédiate du passage de Biutz, car il ne répond pas aux normes minimales de sécurité ; le respect de la dignité des personnes ; l’ouverture du passage de Tarajal II, avec des aires de repos et des services tels que des toilettes publiques, des sources d’eau et des zones ombragées ; et que les coursiers féminins soient considérés comme des travailleurs ; l’amélioration de l’infrastructure de la frontière de Tarajal, aujourd’hui obsolète ; la délimitation des compétences des différents organes de sécurité des deux côtés de la frontière ; la création de protocoles d’intervention sur la sortie des marchandises ; l’ouverture d’une douane commerciale entre Ceuta et le Maroc qui permette une activité commerciale légale et digne.

    Ce même dossier souligne qu’en 2014, cette activité commerciale représentait 1 400 millions d’euros par an, soit un tiers de l’économie des deux villes autonomes espagnoles. Y a-t-il eu des améliorations dans les conditions de travail de ces travailleuses ?

    Aucun. Rien n’a changé en ce qui concerne leur situation : ni en Espagne, ni au Maroc, ni en Europe, ils ne sont considérés comme des travailleurs.

    Le transport de marchandises repose-t-il sur une structure patriarcale ?

    Oui, en effet, si nous analysons en détail le système dans lequel travaillent les porteadoras, nous pouvons constater que les acheteurs de la marchandise, les commerçants et les policiers sont tous des hommes, et que seules les personnes qui effectuent le travail le plus dénigré dans la plupart des cas sont des femmes.

    Y a-t-il une conscience au sein de la société marocaine de ce qui se passe à la frontière ?

    Absolument, tout le monde dans le contexte frontalier est conscient de la violation des droits humains de ces femmes.

    Et en Europe ?

    L’indifférence. L’Association des droits de l’homme d’Andalousie a exposé la situation des femmes coursiers au Parlement européen, qui a répondu par le silence. Ils sont conscients de la situation, mais ne font rien.

    À votre avis, que réserve l’avenir aux femmes coursières ?
    Ainsi, beaucoup d’entre eux travailleront à l’avenir comme employés de maison, dans le secteur des soins ou dans la vente au détail dans les médinas de leurs villes.

    Notes
    [1] Villes autonomes espagnoles sur le territoire marocain.

    [2] Télécharger le rapport « Porteadoras : La feminización de la pobreza en la Frontera Sur », APDHA – 8 mars 2021

    Melting Pot Europa, Octobre 2021