Étiquette : Mémoire

  • France-Algérie : Mémoire indissociable

    France-Algérie : Mémoire indissociable

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    par Abdelkrim Zerzouri

    A quelques jours de la commémo ration de la «Journée nationale d’hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives », instituée en 2001 par Jacques Chirac, et qui coïncide avec le 25 septembre de chaque année, la politique mémorielle du président français devrait franchir un nouveau cap dans un climat de précampagne électorale pour les présidentielles françaises de 2022.

    La France officielle, qui reste prudente quand il s’agit de « reconnaissance » de ses fautes et ses crimes durant la période coloniale, serait sur le point de mettre de côté ses hésitations et aller droit au but pour tenter de « réparer », moralement et financièrement surtout, les harkis et leurs ayant droits. Toute la presse de l’Hexagone en parle, le président français ne manquerait pas de clôturer en cette occasion le dossier des réparations.

    Ouvert en 2018, quand il a débloqué 40 millions d’euros pour revaloriser les pensions des anciens combattants, ce dossier tiendrait une bonne place parmi les gestes forts attendus envers cette catégorie de la population, qui ne s’est jamais vraiment relevée de ce sentiment d’abandon, de trahison et d’amertume.

    Des fonds plus importants seront, ainsi, accordés aux harkis et à leurs descendants. Le président français pourrait-il aller plus loin que ses prédécesseurs, jusqu’à satisfaire une revendication des associations des harkis et leurs ayants droit, à savoir la promulgation d’une loi de reconnaissance de l’abandon des harkis et de réparation financière ? Et pourrait-on s’attendre dans ce cadre de la politique mémorielle à d’autres gestes de la part de l’Algérie en direction des harkis, qui souhaitent avoir la possibilité de retourner au pays ?

    Avec des liens enchevêtrés, le dossier mémoriel ne peut avancer sans étaler au grand jour tous les tabous. On se rappelle qu’à la veille de la précédente présidentielle, en 2017, Macron avait déclenché une forte polémique en qualifiant, à partir d’Alger, la colonisation française de crime contre l’humanité, une « vraie barbarie » qui « fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à l’égard de ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes », devait-il convenir. Que dira à ce sujet le président français à la veille de la fin de son quinquennat ?

    Certainement qu’il serait plus réservé, mais la reconnaissance, d’un côté, et le déni, de l’autre côté, ne peuvent faire le bien de la politique mémorielle. Peut-être que le temps de la parole est dépassé et qu’il faut lui joindre le geste concret.

    Curieusement, depuis la fin de la mission sur « la mémoire de la colonisation », confiée de part et d’autre aux soins de l’historien Benjamin Stora et du docteur Abdelmadjid Chikhi, directeur des archives nationales, le dossier mémoriel fait presque du surplace. Faut-il s’attendre à un geste fort pour le booster à la veille de la célébration du déclenchement de la guerre de libération nationale ?

    Le Quotidien d’Oran, 2070972021

  • Algérie: Avec Bouteflika, la France a reconnu son passé colonial

    Algérie: Avec Bouteflika, la France a reconnu son passé colonial

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    Le mandat de Bouteflika en Algérie marqué par la reconnaissance par les présidents français du passé colonial

    Au cours des 20 années de mandat de l’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika, les relations entre l’Algérie et son ancien maître colonial, la France, ont connu des hauts et des bas. Alors que les présidents français depuis Nicolas Sarkozy ont pris des mesures pour reconnaître les actions néfastes de la France, l’Algérie n’a pas encore reçu d’excuses officielles de l’Élysée.

    L’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika, décédé vendredi à l’âge de 84 ans, n’a jamais hésité à rappeler à la France son passé colonial au cours de sa carrière politique. À la veille de son élection en 1999, lorsque Paris craignait que de nombreux partis boycottent le vote, voici sa réponse :

    “La France a mené de très mauvaises politiques en Algérie parce que lorsque la France est arrivée ici, elle a vu un vaste espace vide – un terrain de jeu ouvert qu’elle a ensuite utilisé et abusé”, a-t-il déclaré.

    Une fois élu, Bouteflika a demandé à plusieurs reprises à la France d’admettre ses méfaits coloniaux – pourtant il a poussé à la coopération entre les deux pays.

    Mais en 2003, un traité d’amitié bilatéral n’a pas été signé lorsque le président français de l’époque, Jacques Chirac, n’a pas voulu discuter ouvertement du passé colonial de la France. Ce n’est qu’en 2007 qu’un président français, Nicolas Sarkozy, dénonce publiquement le colonialisme.

    « Le système colonial était profondément injuste et allait à l’encontre des trois principes fondateurs de la République française : liberté, égalité et fraternité », a déclaré Sarkozy.

    Comme son prédécesseur, François Hollande a refusé de s’excuser, mais a reconnu la brutalité des actions de la France en Algérie.

    Lors de sa campagne présidentielle en 2017, Emmanuel Macron a fait un commentaire qui a suscité les éloges de nombreux Algériens, mais a choqué la communauté des Français qui avaient autrefois vécu en Algérie.

    « C’est un crime. C’est un crime contre l’humanité, une barbarie, et cela fait partie d’un passé auquel nous devons faire face en nous excusant auprès de ceux contre qui nous avons commis ces actes », a-t-il déclaré.

    En janvier de cette année, l’historien français Benjamin Stora a publié un rapport détaillé, commandé par Macron, recommandant plus de 20 actes « pratiques » de reconnaissance, mais sans s’excuser pour les actions de la France.

    Le gouvernement algérien a salué le geste comme une étape positive – mais attend toujours des excuses officielles de la France.

    Africatimes, 18/09/2021

  • La mémoire au cœur des tensions entre Bouteflika et Paris

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    Le passé colonial au cœur des tensions entre Abdelaziz Bouteflika et les présidents français

    Durant sa carrière politique, Abdelaziz Bouteflika n’a eu de cesse de renvoyer la France à son passé colonial. Retour sur les moments forts de cette relation parfois tumultueuse entre l’ancien chef de l’État algérien et les présidents français.

    Le passé colonial de la France a beaucoup pesé sur les relations diplomatiques entre Paris et Alger. L’ancien président Abdelaziz Bouteflika a régulièrement demandé à la France de présenter des excuses pour les crimes commis lors de la guerre d’indépendance et pendant les 132 ans de la colonisation.

    Le président Hollande avait, le 20 décembre 2012, solennellement reconnu devant le Parlement algérien « les souffrances » infligées par « la colonisation française », sans toutefois formuler d’excuses ou de repentance.

    De Jacques Chirac à Emmanuel Macron, en passant par Nicolas Sarkozy, retour sur l’histoire tumultueuse de la question mémorielle entre la France et l’Algérie.

    France24, 18/09/2021

  • « De notre Mémoire », un projet sur l’histoire de l’Algérie 1830-1962

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    Lancement du projet « De notre Mémoire » sur l’histoire de l’Algérie 1830-1962

    Le ministère des Moudjahidine et des Ayants-droit a annoncé, lundi, le lancement du projet « De notre Mémoire » en coordination avec le ministère de la Communication, dans l’objectif de faire connaître l’histoire de l’Algérie de 1830 à 1962.

    A l’occasion du double anniversaire de la journée du Moudjahid (20 août 1955 – 20 août 1956), le ministère a indiqué qu’il procédera à l’élaboration d’un dossier sur l’histoire de l’Algérie qui sera publié par la presse écrite au regard de son rôle central dans la communication des valeurs et des principes de la révolution du 1er Novembre et de la Mémoire nationale.

    Le ministère des Moudjahidine a affirmé qu’il œuvre à travers ce projet à « préserver la Mémoire nationale et à promouvoir le sens historique auprès du lecteur pour l’accoutumer à suivre la rubrique histoire dans la presse et les médias nationaux ».

    Le chef du cabinet du ministère des Moudjahidine, Fouad Benslimane a déclaré que ce projet sera lancé à l’occasion de la journée du Moudjahid, ajoutant qu’une conférence « importante » sera organisée mercredi prochain après approbation du Comité national chargé de la célébration des journées et des fêtes nationales pour permettre d’exposer le programme national dans les médias et de « transmettre notre histoire glorieuse à la génération montante ».

    Dans le cadre des démarches du ministère à préserver et à vulgariser la Mémoire nationale, la sous-directrice du patrimoine historique et culturel du ministère, Salima Thabet a, de son côté, mis en avant « le rôle majeur » des médias dans la diffusion des principes de la guerre de libération et la consécration des fondements de la personnalité nationale auprès des générations montantes.

    MH

    Le Réveil d’Algérie, 16/08/2021

  • France-Algérie: archives, sort des disparus, mémoire…

    France-Algérie: archives, sort des disparus, mémoire…

    Alors que les Algériens poussent la France à ouvrir ses archives coloniales, la famille d’un homme disparu depuis longtemps attend des réponses.

    ALGER – Au moment de son arrestation, Slimane Asselah n’a laissé derrière lui qu’une valise rectangulaire marron. À l’intérieur se trouvaient un costume à carreaux gris, deux brosses à cheveux, divers documents administratifs et une photo d’identité montrant son visage pensif.

    Pendant des décennies, ces quelques effets personnels ont offert aux enfants d’Asselah, Rachid et Samia, un rare aperçu de la vie de leur père. Les jumeaux avaient à peine deux ans en 1957 lorsque les troupes françaises ont capturé Asselah, alors âgé de 33 ans, dans le cabinet médical où il travaillait dans la casbah d’Alger. Il n’est jamais rentré chez lui.

    Dans les années qui ont suivi, sa famille a lancé un appel pour obtenir des informations sur son sort, mais en vain. Plus récemment, un historien a découvert en France une enquête vieille de plusieurs décennies sur son cas, mais elle n’a pas révélé son sort.

    Les Asselahs pensent que certaines réponses pourraient se trouver dans les archives conservées en France, et la semaine dernière, les législateurs français ont adopté une loi controversée qui, selon les responsables gouvernementaux, facilitera l’accès à certaines archives. Les familles de milliers d’Algériens qui ont disparu pendant la guerre d’indépendance espèrent que ce type de mouvement pourrait leur offrir une lueur d’espoir.

    Après que le gouvernement du président Emmanuel Macron a récemment pris des mesures pour reconnaître plus complètement les abus commis par la France pendant le conflit colonial, les Asselahs sont impatients d’en savoir plus sur l’affaire qui hante leur famille depuis des générations.

    « C’est ce que nous voulons savoir : Qu’ont-ils fait de son corps ? » Rachid a déclaré lors d’une récente interview dans la maison de sa famille dans la capitale algérienne. « L’ont-ils assassiné ? L’ont-ils jeté à la mer ? »

    Un responsable français a déclaré que le gouvernement a « mis en place des outils tels qu’un guide numérique sur les disparus, en français, anglais et arabe, pour faciliter les recherches des familles qui peuvent ensuite demander des copies de documents par une simple lettre écrite. »

    Mais certains historiens affirment que la nouvelle législation pourrait en fait resserrer l’accès à certains documents d’archives, dont certains liés à la guerre d’indépendance algérienne. « Nous ne gagnons pas de terrain ici », a déclaré Malika Rahal, une historienne basée en France qui co-dirige 1000autres.org, un projet qui a recueilli des informations sur les disparus d’Algérie, dont Asselah.

    Les chercheurs soulignent également que la navigation dans ces immenses archives est difficile, même pour les historiens professionnels, et que, malgré les espoirs de nombreuses familles, il est peu probable qu’elles contiennent des révélations majeures sur des cas spécifiques. Selon plusieurs experts, les fonctionnaires français n’ont probablement pas enregistré régulièrement des preuves d’événements tels que des exécutions extrajudiciaires, par exemple.

    Si de tels enregistrements existent quelque part, ils peuvent se trouver dans les notes privées d’anciens responsables militaires, et pas nécessairement dans des archives officielles – ce qui rend ces documents très difficiles à obtenir.

    Néanmoins, « on ne peut pas exclure le miracle » que quelque chose apparaisse dans les archives, a déclaré Rahal. L’alternance « entre l’espoir et le désespoir », dit-elle, « fait partie de la condition d’avoir une disparition forcée dans sa famille ».

    Reconnaissance officielle

    En mars, Macron a rencontré les petits-enfants d’Ali Boumendjel, éminent avocat et indépendantiste algérien, et a reconnu qu’il avait été « torturé puis tué » par les troupes françaises en 1957. Les autorités françaises ont longtemps prétendu qu’il s’était suicidé.

    La déclaration de Macron sur Boumendjel – associée à un récent rapport très médiatisé qu’il a commandé sur l’Algérie – a contribué à donner le sentiment que la France pourrait enfin être prête à affronter sa conduite dans la guerre d’Algérie.

    Mais beaucoup de ceux qui ont disparu pendant le conflit étaient beaucoup moins connus que Boumendjel et leurs cas moins célèbres, comme Asselah.

    Il est né en janvier 1924 dans un village situé à environ 85 miles d’Alger. Son père a vendu des terres appartenant à la famille pour payer son éducation, a dit Rachid, et Asselah a finalement déménagé à Alger, où il a obtenu un diplôme en médecine. Asselah a été l’élève du célèbre psychiatre et philosophe politique martiniquais Frantz Fanon, et ses recherches universitaires ont porté sur les rêves.

    En 1954, l’année où la guerre éclate, il épouse sa cousine Baya. Elle a donné naissance aux jumeaux l’année suivante.

    Alors que les révolutionnaires algériens s’éteignent, l’emblématique poseur de bombes du Milk Bar regarde en arrière sans regret.

    Asselah avait été politiquement actif dans les années d’avant-guerre et, une fois le conflit déclenché, il a commencé à soigner discrètement les membres blessés de la branche armée du mouvement indépendantiste, le Front de libération nationale (FLN), selon le récit de sa famille.

    Au début de 1957, alors qu’il transportait un militant du FLN blessé à l’arrière d’une voiture, selon sa famille, il a vu des gendarmes français installer un barrage devant lui. La voiture les a dépassés, mais les militaires français ont par la suite établi un lien entre lui et l’incident. Il est devenu l’un des nombreux Algériens arrêtés dans la capitale pendant la période brutale connue sous le nom de « bataille d’Alger ». Selon sa famille, il a été enregistré à un moment donné comme ayant été libéré, mais il n’est jamais réapparu.

    Un destin non résolu

    Le mystère entourant le sort de leur père a jeté une ombre sur l’éducation des jumeaux, ont-ils dit. Leur mère a connu des difficultés financières alors qu’elle vivait avec leur grand-père. Finalement, après qu’Asselah a été déclarée morte, elle s’est remariée. Mais elle n’a jamais pu tourner la page dans cette affaire.

    « Le problème, c’est que nous ne l’avons jamais enterré », a déclaré Rachid. « Nous n’avons pas pu faire le deuil de sa mort ».

    Des années après sa disparition, leur mère a croisé le chemin d’une infirmière qui avait travaillé dans le même cabinet médical que son mari. L’infirmière a inopinément rendu sa valise marron à la famille, expliquant qu’elle l’avait gardée après son arrestation.

    Lorsqu’ils l’ont ouverte, son odeur s’est répandue et ils ont trié ses affaires en pleurant. « C’est tout ce que nous avons gardé », a dit Rachid à propos des objets contenus dans la valise. « Il n’y avait rien d’autre. »

    Les deux enfants sont devenus médecins, « voulant suivre son chemin », dit Samia. Lorsque la femme de Rachid a finalement donné naissance à un fils, ils l’ont appelé Slimane, en l’honneur de son grand-père disparu.

    Bien que des décennies se soient écoulées depuis l’arrestation de leur père, les Asselahs, comme de nombreux Algériens dont les proches ont disparu pendant la guerre, restent troublés. Jusqu’à présent, Macron n’a reconnu la responsabilité française que pour les décès de Boumendjel et de Maurice Audin, un mathématicien et figure indépendantiste qui a été torturé et a disparu en 1957.

    Dans la perspective d’une élection nationale l’année prochaine en France, « Macron n’a aucun intérêt à aller très loin » dans le traitement de la conduite française en Algérie, a déclaré Fabrice Riceputi, l’historien qui co-dirige 1000autres.org avec Rahal et a découvert l’ancienne enquête sur le cas d’Asselah. Revenir sur les abus de l’époque coloniale reste très sensible en France et le sujet a déjà irrité les opposants politiques de Macron.

    Reconnaître la responsabilité de la mort de Boumendjel était « un bon pas dans la bonne direction, mais vraiment un tout petit pas », a déclaré Riceputi.

    Il a offert peu de satisfaction aux Algériens, qui considèrent largement le conflit comme « vécu collectivement », a déclaré Natalya Vince, qui enseigne les études nord-africaines et françaises à l’Université de Portsmouth en Angleterre. « Il y a des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont disparu et dont personne n’a plus jamais entendu parler », a-t-elle ajouté.

    Rachid a déclaré qu’il voulait que « tous les Algériens disparus … soient reconnus ».

    Dans sa famille, le sort non résolu de leur père signifie vivre avec un sentiment constant de malaise, a déclaré Rachid.

    « Nous sommes toujours en train d’attendre quelque chose. . . . Attendre une révélation, attendre la vérité », dit-il. « Ce qu’est devenu notre père. . . . Y a-t-il un endroit où il est enterré ? On ne le sait pas. Et c’est là le problème. »

    The Washington Post, 25/07/2021

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  • France-Algérie: Le Sénat français verrouille les archives

    ESSAIS NUCLÉAIRES DANS LE SUD ALGÉRIEN : Le Sénat français verrouille les archives

    Ainsi, cette fin du mois de juin aura été une confirmation des appréhensions des Algériens, mais aussi celles des historiens, des spécialistes et des universitaires, qui butent sur la récente loi adoptée par le sénat français, laquelle, cousue sur mesure, impose un nouveau blocus à l’accès aux archives militaires, notamment celles se rapportant aux essais nucléaires français opérés dans le sud algérien entre 1960 et 1966. Pourtant, le président Macron en a décidé autrement …

    En effet, le 9 mars dernier, lorsque l’Elysée avait annoncé la décision de déclassifier les archives coloniales « secret défense » de plus de 50 ans concernant la Guerre de libération nationale, comme recommandation contenue dans le rapport Stora, l’opinion publique nationale était réticente à l’idée de croire à une bonne volonté allant réellement dans le sens d’apaiser la mémoire algéro-française. Pour preuve, le Sénat français a récemment introduit un amendement dans le projet loi relatif à la Prévention des actes terroristes et au renseignement (PATR) qui remet en cause la décision du président Macron, laquelle prévoyait la levée de l’embargo sur les archives classées « secret défense » jusqu’à l’année 70.

    Et dire que l’Algérie s’est attelée à un travail de fourmi concernant les sites des essais nucléaires français, à Reggane et In Ecker, qu’il est question de nettoyer des effets radioactifs et de réhabiliter en conséquence. Pour preuve, la mise en place de l’Agence nationale de réhabilitation des anciens sites d’essais et d’explosions nucléaires français dans le Sud algérien, en vigueur depuis juin dernier. Début juin, le président Tebboune avait affirmé au magazine Le Point que l’Algérie a demandé à la France de venir nettoyer les sites des essais nucléaires, estimant que l’opération était « en bonne voie ».

    Adopté le 30 juin dernier par une majorité du Sénat acquise au parti Les Républicains, dont l’hostilité à l’égard de l’Algérie n’est plus à démontrer, cet amendement de la loi, introduit sous l’article 19, établit « quatre nouvelles catégories pour lesquelles il n’est pas possible de fixer par avance un délai au-delà duquel toute sensibilité aurait disparu ». Ceci se rapporte notamment aux archives de l’armée coloniale française. Quant aux dites catégories, elles concernent les documents relatifs à certaines infrastructures militaires ou civiles.

    Plus précisément « la diffusion des plans, tant qu’ils sont en service, affecterait significativement la sécurité nationale ; ceux sur l’emploi des matériels de guerre, jusqu’à la fin de leur usage ; ceux concernant les procédures opérationnelles et les capacités techniques des services de renseignement, tant qu’elles sont en vigueur, et ceux sur la mise en œuvre et les moyens de la dissuasion nucléaire », pouvait-on lire dans le texte qui a suscité une levée de boucliers parmi les chercheurs et historiens, soucieux de lever le voile sur la vérité de ce que la France appelle la Guerre d’Algérie.
    À commencer par les essais nucléaires français opérés dans le sud algérien entre 60 et 66 dont les dommages causés sur les vies humaines et l’environnement sont visibles plus de 55 ans après.


    C’est dire toute l’influence des lobbies anti-Algériens qui semblent avoir le bras long dans le Palais du Luxembourg pour faire tomber dans l’eau une décision qui aurait un tant soit peu ouvert les perspectives d’un apaisement qui a, au demeurant, long cours entre les deux pays.
    Farid Guellil

    Le Courrier d’Algérie, 14/07/2021

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  • Dossiers de la mémoire: Beaucoup reste à faire

    par Abed Chérifi

    La célébration du 59ème anniversaire du recouvrement de l’indépendance nationale, une autre occasion de mettre au-devant de la scène le dossier épineux de la mémoire et la relation avec l’ex-puissance coloniale. Le ministre des Moudjahidine et des Ayants droit, Tayeb Zitouni, a affirmé, dans un entretien accordé à l’agence APS, que les relations algéro-françaises avaient connu, ces derniers temps, «un progrès remarquable» en termes de suivi des dossiers de la mémoire. Tayeb Zitouni a également indiqué que la question de la mémoire, «de tout temps au centre des discussions entre l’Algérie et la France, est traitée avec sérieux et pondération loin des reliquats du colonialisme». «Ces dossiers doivent être traités dans le cadre d’un dialogue d’Etat avec Etat loin des personnes, des groupes et des autre cercles influents», ce qui exige, a-t-il dit, «une véritable lecture objective de l’Histoire sous tous ses volets».

    Le ministre des Moudjahidine a estimé que le dossier Mémoire «étant une démarche permanente ne saurait être divisé en étapes ou haltes de la période de la colonisation française de l’Algérie qui s’étale de 1830 jusqu’au 5 juillet 1962», a-t-il souligné. «Une période marquée par des crimes imprescriptibles et dont les effets de certains subsistent à ce jour à l’instar des explosions nucléaires dans notre Sud et le dossier des disparus ainsi que les stigmates des lignes de Challe et Morice, les mines et les victimes du napalm, et autres crimes», a encore rappelé le ministre, ajoutant qu’à ces crimes «s’ajoutent la question des déportés de la Calédonie et Guyane et autres colonies françaises en sus des lois iniques promulguées par le colonisateur français pour confisquer les biens des Algériens (terres et biens immobiliers) pour les redonner aux colons outre l’argent, les biens et les documents historiques précieux volés de l’Algérie, a détaillé Tayeb Zitouni.

    Ce dernier a assuré que les efforts se poursuivent «pour insuffler un élan aux relations bilatérales entre l’Algérie et la France basées sur des fondements garantissant l’intérêt commun et le respect de la spécificité et la souveraineté des deux pays». «Les dossiers liés à la mémoire sont toujours au cœur des pourparlers entre l’Algérie et la France dans le cadre du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN), des commissions ad hoc et les groupes conjoints regroupant plusieurs secteurs ministériels œuvrent constamment dans une optique globale sur les dossiers de la récupération des archives ainsi que la poursuite de la restitution des crânes de nos chouhada et notre patrimoine gardé en France outre le dossier d’indemnisation des victimes des explosions nucléaires au désert et sa dépollution des déchets nucléaires en sus du dossier des disparus de la révolution nationale», a-t-il indiqué.

    Quant aux dossiers des archives nationales et des disparus, Tayeb Zitouni a indiqué qu’ils «n’ont pas connu d’évolution, ce qui requiert de la partie française de s’engager et de répondre à la demande de l’Algérie, en lui permettant de récupérer ses archives nationales et de fournir les informations suffisantes relatives aux disparus algériens et aux lieux où ils se trouvent». Il a également rappelé que les services de son secteur, en coordination avec plusieurs départements ministériels chargés de ce dossier, «ont entamé un examen approfondi de tout ce qui est disponible comme données à ce propos», sachant «qu’il a été procédé au recensement de plus de 2.000 martyrs disparus, dont le lieu de leur enterrement n’est pas connu».

    Déchets nucléaires : la France refuse de remettre les cartes topographiques

    Au sujet des explosions nucléaires dans le Sahara algérien, le ministre des Moudjahidine a affirmé que la partie française «refuse de remettre les cartes topographiques qui permettent de déterminer les lieux d’enfouissement des déchets polluants, radioactifs ou chimiques non découverts à ce jour», a-t-il déclaré. «La partie française n’a mené techniquement aucune initiative en vue de dépolluer les sites et la France n’a fait aucun acte humanitaire en vue de dédommager les victimes», a encore indiqué le ministre, ajoutant que ce dossier est «le plus sensible de ceux de la mémoire qui font l’objet de consultations au sein des commissions compétentes, ce qui nécessite des mesures pratiques urgentes et un règlement et un débat autour de ce dossier en toute objectivité». Avec la parution du décret exécutif portant création de l’Agence de réhabilitation des anciens sites d’essais nucléaires et d’explosions nucléaires français dans le Sud algérien, ajoute Tayeb Zitouni, l’Algérie «aura renouvelé son engagement permanent en matière d’interdiction des armes nucléaires, en tant qu’acteur actif sur la scène diplomatique internationale, ainsi que ses efforts visant à empêcher la prolifération des armes nucléaires dans le monde».

    S’agissant de l’indemnisation des victimes d’explosions nucléaires, le même responsable a précisé que les conditions «rédhibitoires prévues dans la loi Morin du 5 juillet 2010 n’avaient permis aux Algériens de bénéficier d’aucune indemnisation jusqu’à ce jour, malgré le fait que ces essais nucléaires français constituent une catastrophe environnementale et humanitaire qui, après 55 ans, causent des maladies cancéreuses et des malformations physiques», a-t-il souligné. Le ministre a enfin réaffirmé que les autorités françaises «insistent encore sur le fait de traiter le dossier des essais nucléaires dans le plus grand secret, en dépit des nombreuses tentatives de juristes et d’associations de victimes des essais nucléaires français en Algérie, qui ont œuvré à ouvrir l’archive, propriété des deux pays, au moins pour déterminer les sites et le champ d’essais».

    Le Quotidien d’Oran, 05/07/2021

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  • J’étais un musulman français, par Mokhtar Mokhtefi

    Né en 1935 dans un village algérien colonisé par la France, Mokhtar Mokhtefi a grandi au milieu des mouvements d’indépendance. Il a vu les effets de la colonisation de son pays par la France pendant 130 ans et les tactiques brutales qu’elle utilisait pour rester au pouvoir : arrestation et torture des manifestants, élections truquées et limitation sévère de l’accès de la population à l’éducation.

    À l’âge de vingt-deux ans, il a rejoint la lutte pour l’indépendance, devenant officier dans le tristement célèbre ministère de l’Armement et des Liaisons générales (MALG). Après avoir été formé aux opérations radio dans une base secrète, il a aidé à mettre en place un réseau de communication en temps de guerre, un exploit que la France n’aurait jamais cru pouvoir réaliser avec le MALG mal équipé.

    Plus tard dans sa vie, il a été contraint à l’exil politique par le nouveau gouvernement algérien et a publié des ouvrages sur l’Afrique du Nord et le monde arabe. Écrit à la fin de sa vie, I WAS A FRENCH MUSLIM (Other Press Hardcover ; 21 septembre 2021 ; traduit par Elaine Mokhtefi) est à la fois une chronique sage et profondément personnelle du parcours de l’auteur, de l’étudiant militant au combattant de la liberté, et un portrait plus large de la transition de l’Algérie vers un État indépendant, avec toute sa complexité et ses pièges. Je tenais à m’assurer que vous avez pris connaissance des éloges dont ce livre fait l’objet et j’espère que vous l’envisagerez pour une critique ou un reportage cet automne.

    Dans J’étais un Français musulman, Mokhtefi fait revivre les images et les sons de l’Algérie avec force détails : son éducation aimante, traditionnellement musulmane, passée à regarder son père travailler dans leur boucherie, sa mère arranger les mariages de ses cinq frères aînés, les bagarres dans la cour d’école et son couscous préféré. Il se souvient avoir été l’un des rares enfants algériens, et le seul de sa famille, à recevoir une éducation au-delà du niveau primaire. Pendant ses années passées dans un pensionnat dirigé par des Français, le programme raciste qui prône la colonisation n’a fait que renforcer sa conviction de la nécessité de l’indépendance. Malgré les risques, il a créé une cellule secrète du Front de libération nationale (FLN) parmi ses camarades de classe.

    Ecrit sur un ton chaleureux et conversationnel, J’étais un musulman français résonne aussi d’une profonde sagesse sur la politique, la nature humaine et les dures réalités de la guerre, qui ne peut venir que d’une vie de réflexion et d’empathie. Mokhtar Mokhtefi parle de la mort d’amis, de sa propre mort évitée de justesse, et du mélange de fierté et de terreur de sa famille chaque fois que son frère aîné a été arrêté et torturé pour avoir promu l’indépendance de l’Algérie. Il se souvient également de la camaraderie, des discussions politiques et des petits griefs, et de ses doutes croissants quant à la capacité de l’Algérie à instaurer une véritable démocratie entre les différents mouvements nationalistes. Mais surtout, J’ÉTAIS UN MUSULMAN FRANÇAIS rend hommage aux nombreux hommes et femmes qui se sont battus à ses côtés, souvent avec un peu plus que des couteaux, contre un régime colonial soutenu par les Américains pour obtenir l’indépendance de l’Algérie.

    **N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez obtenir une version préliminaire imprimée ou électronique, si vous avez des projets de revue ou de reportage, ou si vous souhaitez organiser une interview avec la traductrice Elaine Mokhtefi**.

    Une note sur le titre du livre : La traductrice Elaine Mokhtefi, également veuve de l’auteur et auteur de Alger, capitale du tiers monde : Freedom Fighters, Revolutionaries, Black Panthers, explique dans son introduction que I WAS A FRENCH MUSLIM n’est pas une formulation oiseuse, mais plutôt le statut officiel des Algériens sous les Français. Alors que l’Algérie était considérée comme faisant partie de la France et que le million d’ »Européens » qui y vivaient étaient considérés comme des Français, la carte d’identité des Algériens les qualifiait de « musulmans français ». » La France se présentait comme un État laïque alors même qu’elle définissait ses sujets algériens par leur religion.

    À propos de la traductrice : Elaine Mokhtefi est née à New York et a grandi dans de petites villes de New York et du Connecticut. Elle a vécu de nombreuses années en France et en Algérie, où elle a travaillé comme traductrice et journaliste, et est l’auteur de Alger, capitale du tiers monde : Combattants de la liberté, révolutionnaires, panthères noires. Elle est la veuve de Mokhtar Mokhtefi.

    Mokhtefi… reconstitue les images et les sons de la vie dans son village de Berrouaghia et la pression constante qu’il ressentait pour être [un « Français musulman »]… émouvant. »

    -La Nation

    « Les commentaires pleins d’esprit de Mokhtefi mettent en lumière sa vitalité, même au milieu de la destruction et des déchirements….. Son histoire est passionnante…. sa description colorée du caractère de l’époque, du lieu et des gens dans l’Algérie coloniale et de la guerre constitue une lecture captivante, ainsi qu’un contexte pour les relations entre la France et l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui…. Comme le révèlent les mémoires de Mokhtefi, les fantômes de la guerre d’Algérie vivent dans les deux pays. »

    -LA REVUE DE MARKAZ, Mischa Geracoulis

    « Ce livre merveilleux plonge le lecteur dans la société de l’Algérie musulmane à la fin de la période coloniale, puis dans le mouvement nationaliste anticolonial en pleine évolution, et enfin dans l’Armée de libération nationale (ALN) et son corps de transmissions naissant, en transmettant avec des détails savoureux la saveur particulière de chacun d’eux, tout en racontant le chemin de l’auteur vers la liberté, étape par étape, en transcendant sa condition initiale de Français de seconde zone privé de citoyenneté dans son propre pays. Le récit d’un esprit libre s’il en est, raconté sur un ton extraordinairement engageant, fidèlement rendu par la traduction d’Elaine Mokhtefi, est l’un des meilleurs mémoires de la révolution nationale algérienne – fascinant, émouvant, et un plaisir à lire du début à la fin. »

    Hugh Roberts, professeur Edward Keller d’histoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient à l’université Tufts.

    « Cette histoire de passage à l’âge adulte suit la transformation d’un jeune garçon en un homme de conviction et d’un pays colonisé en une nation indépendante. Ni édulcorées ni cyniques, les mémoires de Mokhtar Mokhtefi décrivent habilement la lutte des « Français musulmans » pendant la domination coloniale française et la révolution algérienne, tout en laissant entrevoir les paradoxes et les promesses non tenues de l’indépendance. Cette gracieuse traduction du français offre un accès indispensable aux étudiants anglophones en histoire. Ses mémoires prendront certainement une place centrale parmi les autobiographies et les mémoires de l’époque pour son évocation équilibrée et compatissante des tensions du nationalisme et – tout aussi important – pour son exploration de l’éveil politique d’un jeune homme. »

    -Elise Franklin, professeur adjoint, Université de Louisville

    « J’étais un Français musulman est un récit intensément intime de Mokhtar Mokhtefi sur les huit années qu’il a passées en tant que courrier, opérateur radio et officiel du mouvement d’indépendance algérien [1954-1962]. Il décrit la traversée du désert à pied, les amitiés nouées et les officiers responsables, arrogants et obsédés par le pouvoir. Il y a des querelles majeures et mineures ainsi que des histoires d’amour. C’est l’histoire d’une génération et de sa lutte pour la liberté. Mais Mokhtefi n’hésite pas à faire un bilan sombre de l’avenir. Ce livre, traduit du français par Elaine Mokhtefi, est un récit personnel au jour le jour, moment après moment, qui se dévore d’une traite. »

    -Manfred Kirchheimer, cinéaste

    « J’étais un musulman français est un document extraordinaire – un témoignage vivant et émouvant de la vie coloniale et de la lutte anticoloniale, raconté avec générosité, éloquence et candeur. Les mémoires de Mokhtar Mokhtefi sont une bête rare, un récit puissant et trop humain d’efforts et de déceptions révolutionnaires, dépourvu de romantisme mais plein de grâce. »

    -Ben Ehrenreich, auteur de La voie du printemps et des Carnets du désert.

    « Ce mémoire est une histoire écrite en temps réel, intime et fascinante. Pourtant, Mokhtefi ne perd jamais de vue l’importance historique plus vaste de son engagement personnel et les dimensions plus larges, et les dangers potentiels, de la lutte algérienne pour l’indépendance. Un livre à lire par tout étudiant sérieux de la relation embrouillée entre la France et l’Algérie, passée et présente. »

    -Andrew Hussey, professeur d’histoire culturelle à l’université de Londres,

    et auteur de Speaking East : La vie étrange et enchantée d’Isidore Isou.

    « Soixante ans après que l’Algérie a gagné son indépendance de la France, les individus qui ont constitué l’épine dorsale du mouvement de libération restent, à quelques exceptions près, des acteurs anonymes. La publication des chroniques de guerre de Mokhtar Mokhtefi, J’étais un Français musulman : Mémoires d’un combattant de la liberté algérien, fait sortir l’un de ces acteurs – et son entourage – des coulisses pour le faire entrer sur la scène de l’histoire mondiale. Pour ceux qui ne connaissent pas la guerre d’indépendance algérienne, cette fresque historique à la première personne offre un récit captivant de la vie dans l’Algérie coloniale et un récit poignant de la lutte d’une génération pour l’autodétermination. Les lecteurs experts – en particulier ceux qui sont imprégnés de l’histoire de la bataille d’Alger de Pontecorvo – seront frappés par la version des événements de Mokhtefi, qui évite l’épisode peut-être le plus célèbre de la guerre, préférant exposer le quotidien logistique et politique de la guerre rurale. Si les expériences de Mokhtefi semblent bien éloignées de la guerre urbaine spectaculaire d’un Ali La Pointe, son récit de l’une des plus longues luttes de libération du monde est à la fois plus complexe politiquement et, en fin de compte, plus personnel. »

    -Lia Brozgal, professeur associé, études françaises et francophones, Université de Californie, Los Angeles.

    « L’autobiographie de Mokhtar Mokhtefi occupe une position originale dans le panorama des mémoires de plus en plus abondants des anciens combattants de la guerre menée par le Front de libération nationale (FLN) algérien contre la France entre 1954 et 1962. Pour la liberté de ton, l’irrévérence, la subjectivité assumée, ainsi que pour l’élégance d’un style rapide et précis, l’ouvrage évite tout empressement de narration édifiante ou de théories systématiques ; ce qui en ressort est, en revanche, presque une histoire sociale de l’Algérie à l’époque coloniale. »

    -Andrea Brazzoduro, Marie Sklodowska Curie Global Fellow, Université Ca’ Foscari de Venise et Université d’Oxford

    « Mokhtar Mokhtefi et moi nous sommes rencontrés et sommes devenus amis au cours de la dernière année de sa vie. Nous avons passé des heures à discuter du manuscrit de ses mémoires ; c’était sa raison d’être. Il avait deux objectifs essentiels : le premier était de rappeler aux jeunes d’aujourd’hui que, sous le colonialisme, on n’était jamais un citoyen, mais un « Français musulman », un être sous-humain, traité comme tel. Son second objectif était de montrer comment l’Algérie indépendante, comme d’autres anciennes colonies, est devenue la continuation de la colonisation, sous la forme d’une dictature. Les colonialistes sont partis mais seront remplacés par des Algériens qui, de fait, ont colonisé leurs compatriotes, et ce n’est pas fini. »

    -Amara Lakhous, auteur de Choc des civilisations au-dessus d’un ascenseur de la Piazza Vittorio.

    « En lisant les mémoires de Mokhtar Mokhtefi, j’ai eu le sentiment de découvrir mon héritage algérien. Il représentait la promesse d’une appartenance. Il m’a fait voir combien j’avais peu compris le colonialisme, la guerre, le peuple, sa résilience et son humour. Ce fut une aventure à couper le souffle. À travers lui, j’ai ressenti la peur de la persécution, la colère incommensurable contre le colonialisme, l’odeur salée des rues d’Alger, l’atmosphère électrisante de l’indépendance, les rêves d’un garçon et soldat devenu un esprit libre, et les sons du rire et du ravissement. J’étais un Français musulman est la porte d’entrée vers un monde si lointain aujourd’hui, un monde plein de promesses et de fureur, de vie et de joie, de dignité, de passion et d’utopie.

    Que ses mots résonnent dans nos cœurs et nos vies. »

    -Karim Aïnouz, auteur et réalisateur de cinéma brésilien.

    « Mokhtar Mokhtefi raconte à la première personne une page d’histoire intime qui l’a marqué à vie. Il était un soldat de l’Armée de libération nationale au cœur de l’une des plus héroïques luttes anticoloniales du siècle dernier. Les personnalités qu’il fréquente deviendront les idoles de la révolution, les écoliers réciteront leurs exploits, et leurs noms orneront les avenues de l’Algérie indépendante. Mokhtefi décrit ces hommes et ces femmes dans leur réalité humaine – leur grandeur et leur courage mais aussi leurs envolées égoïstes et les luttes de pouvoir qui naissent au lendemain de l’indépendance. J’étais un Français musulman raconte l’histoire de la bataille, non seulement contre le colonialisme, mais surtout pour la libération. Le personnel et le politique se rejoignent pour retracer l’idéal d’émancipation qui garde son actualité et reste à atteindre, en Algérie et ailleurs. »

    -Walid Bouchakour,

    journaliste algérien, doctorant à l’université de Yale.

    « En racontant son parcours personnel de ‘musulman français’ à ‘combattant de la liberté algérien’, Mokhtar Mokhtefi conduit le lecteur, avec franchise et humour, à travers la transition de l’Algérie de territoire colonial à nation indépendante. Sensible aux complexités de la société coloniale et de la lutte nationaliste, les mémoires de Mokhtefi évitent les récits simplistes pour dresser un portrait richement détaillé et nuancé de l’histoire de l’Algérie, ainsi que des hommes et des femmes qui l’ont façonnée au cours de ces décennies charnières. »

    -Claire Eldridge,

    Professeur associé en histoire moderne, Université de Leeds

    « L’histoire des décolonisés est bien connue. Ils naissent par degrés, ils s’éveillent à l’injustice, ils la combattent, et puis ils meurent, assez tôt ou peut-être plus tard, eux ou leurs convictions. Leur récit est la gloire des morts. Sauf qu’ici, c’est un récit de la vie, raconté à sa gloire. Avant la victoire fige la vie et les palpitations de la vie ».

    -Kamel Daoud,

    auteur de L’enquête Meursault et de Zabor, ou les Psaumes.

    « Les mémoires singulières de Mokhtar Mokhtefi sur la guerre de libération de l’Algérie ont quelque chose pour chaque lecteur – un portrait vivant de l’ascension d’un jeune homme à la conscience politique sous le système colonial français, un récit au coup par coup de l’entraînement militaire et des combats qui intéressera beaucoup les historiens. Conteur doué, Mokhtefi communique un amour contagieux de la patrie, mais il se débarrasse fermement des piécettes du nationalisme officiel en décrivant les luttes intestines, les purges internes et les ambitions politiques dans les rangs nationalistes. I Was a French Muslim a été brillamment traduit du français par la personne la plus proche de l’auteur – sa veuve, Elaine Klein Mokhtefi, elle-même écrivain de talent et vétéran de la révolution algérienne. »

    -Madeleine Dobie,

    Professeur de littérature française et comparée, Université de Columbia

    « L’autobiographie de Mokhtar Mokhtefi occupe une position originale dans le panorama des… mémoires d’anciens combattants de la guerre menée par le Front de libération nationale (FLN) algérien contre la France entre 1954 et 1962… Pour la liberté de ton, l’irrévérence, la subjectivité assumée, ainsi que pour l’élégance d’un style rapide et précis, l’ouvrage est aussi une anomalie. »

    -Journal of North African Studies

    « Fringant et charismatique, Mokhtar Mokhtefi s’est consacré à la libération de son pays, l’Algérie occupée par les Français, pour ensuite devenir un exilé en France, puis aux États-Unis, parce que le gouvernement post-indépendance ne pouvait pas tolérer un homme de son intégrité et de ses principes démocratiques. Au lieu de succomber à l’amertume, à la nostalgie ou à la vanité, sanctuaire de nombreux exilés politiques, il est resté fidèle aux idéaux d’autodétermination et de liberté qui l’avaient conduit dans la lutte de libération. Et à la toute fin de sa vie, il a écrit ces puissants mémoires de ses années révolutionnaires, lyriques dans leur évocation du mouvement d’indépendance algérien, mais profondément conscients des dimensions tragiques de cette histoire. J’étais un musulman français, traduit avec brio par sa veuve, l’écrivain, artiste et militante Elaine Klein Mokhtefi, est plus que la chronique de la vie d’un homme ; c’est l’histoire d’une génération, un bildungsroman de la lutte pour la liberté en Algérie. »

    -Adam Shatz, collaborateur de la London Review of Books.

    J’ÉTAIS UN MUSULMAN FRANÇAIS

    Par Mokhtar Mokhtefi

    Traduit par et avec une introduction d’Elaine Mokhtefi

    Other Press Hardcover | En vente : 21 septembre 2021

    Prix : 26,99 $ | ISBN : 978-1-63542-180-4

    J’étais un musulman français par Mokhtar Mokhtefi Lien source J’étais un musulman français par Mokhtar Mokhtefi

    Illinois News Live, 17 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, France, colonisation, Mémoire, Mokhtar Mokhtefi, I was a french muslim, ministère de l’Armement et des Liaisons générales, MALG,

  • L’Algérie, la France et les lobbies

    Il se dit que la sphère médiatico-politique algéroise règle sa montre sur Paris. Un petit coup de froid en France et on entend l’éternuement à Alger. Cela est peut être vrai, mais l’inverse l’est également. Et pour cause, à l’approche de chaque rendez-vous électoral en Algérie, les milieux médiatico-politique parisiens frémissent. Eux aussi règlent leur montre sur Alger. Les articles publiés récemment dans des journaux de référence sont la preuve de l’intérêt souvent pas très objectif qu’ont ces milieux avec l’Algérie. Et pour cause, les plumes derrière lesquels se cachent des appétits politiques que le président de la République a identifié, dans son dernier entretien avec El Jazeera de lobbies anti-Algérie, se sont ligués pour dire tout le mal qu’ils pensaient de l’Etat algérien. Ils pointent «une dérive autoritaire» à la veille de chaque élection.

    Les récentes sorties participent de cette volonté de noircir le tableau pour empêcher l’opinion française de voir l’Algérie telle qu’elle est réellement. C’est à dire une République qui s’assume et qui avance dans l’enracinement de la démocratie avec ses moyens et ses citoyens, sans aucune ingérence étrangère. Cela ne plait évidemment pas aux lobbyistes français qui s’acharnent sur l’Algérie, avec l’espoir de détruire ce qui se construit en dehors de leur zone d’influence.

    En fait, ces campagnes médiatiques qui semblent avoir été montées pour soutenir un courrant politique acquis à la politique française en Algérie, est l’expression d’une panique qui annonce un échec certain du dernier épisode en date des nombreuses tentatives initié par les lobbies anti-algérien. Il reste que cette acharnement ne doit pas être une fatalité pour nous autres Algériens, pour la simple raison que les haineux sont très minoritaires dans la société française. Aussi, une réaction des opinions publiques s’impose et doit être forte. Algériens et Français peuvent écrire une nouvelle page d’histoire.

    Les politiques des deux pays doivent trouver les mots justes pour avancer l’un vers l’autre, sous l’impulsion des deux peuples. En d’autres termes, il est très possible de réaliser un «petit miracle» historique au nez et à la barbe des partisans de la haine et de la division. En tout état de cause, tous les acteurs sincères de la scène agléro-française veulent en finir une bonne fois pour toute avec les manipulations stériles et dégager l’horizon politique, social et économique pour instaurer un nouveau modèle de partenariat, peut être pas parfait, mais qui lancerait les bases d’un avenir commun beaucoup moins conflictuel que le passé et le présent.
    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 10 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, France, Mémoire, lobbies, colonisation,

  • Algérie : Le  » Hirak  » a choisi la voie de la raison (Tebboune)

    Dans une interview avec le magazine français  » Le Point  » : Le  » Hirak  » a choisi la voie de la raison en se rendant aux élections présidentielles

    Par : Med Wali

    Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a accordé un long entretien au magazine français  » Le Point « , au cours duquel, le chef de l’Etat a abordé de nombreux dossiers, dont le Hirak, les élections présidentielles du 12 décembre 2019, et la classification des mouvements Rachad et le MAK comme organisations terroristes.

    Dans son interview au magazine français, le président de la République a déclaré que les mouvements Rachad et le MAK ont choisi d’être des terroristes, et que Rachad a donné des instructions pour affronter les services de la sécurité et de l’Armée nationale, tandis que le MAK tentait de faire exploser des voitures piégées lors des marches pacifiques des vendredis.

    Au cours de son intervention, le président de la République a dit que  » le véritable  » Hirak  » a choisi la voie de la raison, en allant aux élections présidentielles, et que le seul mouvement auquel il croit est le véritable  » Hirak « . Dans ses déclarations, le président Tebboune a indiqué que le Hirak de tous les Algériens a refusé d’aller vers une période de transition. »

    Dans ce sillage, le président Tebboune a souligné que  » le groupe ayant rejeté les élections présidentielles du 12 décembre 2019 était minoritaire « , soulignant que  » tout le monde a le droit à l’expression, mais je rejette les diktats de la minorité « , a-t-il fait savoir.

    Dans une autre affaire, le président de la République a affirmé que  » les Algériens attendent que la France reconnaisse tous ses crimes, et nous demandons à la France de nettoyer les sites d’essais nucléaires, et nous espérons qu’elle soignera et prendra en charge les victimes des essais nucléaires.  » Concernant la situation sanitaire dans le pays, le président Tebboune a affirmé que  » la décision de fermer des frontières vise à protéger les Algériens de la pandémie, et malgré cela 80 000 Algériens ont été évacués depuis la fermeture de nos frontières « , tout en soulignant que « les vaccins du corona sont disponibles, et ils ne seront pas imposés au peuple.  » Au passage, le chef de l’Etat assure que la réouverture des frontières dépendra de l’évolution de la situation épidémiologique en Algérie.

    M.W.

    Le Maghreb, 03 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Hirak, élections législatives, Abdelmadjid Tebboune, Rachad, MAK, France, mémoire, crimes coloniaux, Reggane, essais nucléaires,