Étiquette : Mémoire

  • Algérie-France : Un petit geste pour mettre fin à une crise de 6 décennies

    Les deux pays ont annoncé leur intention de « clore le premier dossier de la Mémoire »

    Selon le site Alain News, une première étape à franchir pour résoudre le conflit entre Paris et Alger est de rendre 13 crânes numérotés et restes des martyrs de la résistance populaire et de la guerre de libération contre l’occupation française de 1830 à 1962.

    D’après des déclarations faites aux médias par Rachid Belhadj, chef du comité algérien en charge du dossier, a expliqué que « l’étape de récupération des crânes en France se déroule bien, mais ce n’est pas une chose facile ».

    Et il s’attendait à ce que ce dossier épineux soit bouclé avant juillet prochain, pour qu’il s’agisse d’une « percée sans précédent dans l’impasse qui a marqué les relations du colonisateur d’hier avec son ancienne colonie pendant 6 décennies complètes », selon les observateurs.

    Etiquettes : Algérie, France, mémoire, colonisation, crimes coloniaux, crimes de guerre, crânes de martyrs,

  • De l’Algérie au Rwanda, la « politique de reconnaissance » d’Emmanuel Macron

    En reconnaissant les responsabilités de la France dans le génocide au Rwanda, le président français a souhaité tourner la page de 27 ans de tensions diplomatiques. Une visite qui s’inscrit dans une démarche visant à confronter le passé, « sans repentance ni déni ». Décryptage. 

    « Je viens reconnaître nos responsabilités ». Jeudi 27 mai, dans la capitale rwandaise, le président Emmanuel Macron prononce un discours historique, reconnaissant officiellement pour la première fois le rôle de la France dans le génocide de 1994, qui a fait quelque 800 000 morts, essentiellement issus de la minorité tutsi. 

    Cette visite officielle, visant à tourner la page des tensions persistantes entre la France et le Rwanda autour de ce chapitre tragique de l’histoire, s’inscrit dans une politique plus large du président de la République, mise en place dès le début du quinquennat, pour « regarder l’histoire en face ». Un exercice périlleux qui suscite tout à la fois de l’admiration et de vives critiques. 

    Travail de longue haleine 

    Si le discours d’Emmanuel Macron a été accueilli très favorablement au Rwanda, la nature de son propos aura suscité peu de surprise. Depuis plusieurs années, le président français travaille d’arrache-pied au rétablissement des relations entre les deux pays. Le 24 mai 2018, il reçoit Paul Kagamé à Paris et promet qu’un travail sera mené sur les archives françaises liées au génocide au Rwanda. Un an plus tard, il concrétise sa promesse avec la mise en place de la commission Duclert qui conclut, dans son rapport remis au président le 6 mars, à de lourdes responsabilités du pouvoir français, tout en excluant la notion de complicité. Le président rwandais salue alors un “grand pas en avant”. Entre temps, la France décrète une journée de commémoration du génocide des Tutsis, le 7 mai. Enfin, en avril, Emmanuel Macron permet la déclassification d’archives françaises sur le génocide.

    Pour Jean Claude Félix-Tchicaya, chercheur à l’Institut de Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), en reconnaissant aujourd’hui le rôle de la France, le président français achève un tournant historique : “Avec ce discours Emmanuel Macron se place en homme du 21e siècle (…) Il fait faire un bond à la France, à l’Afrique et au Rwanda”. 

    Approche “volontariste” 

    Cette politique de reconnaissance, Emmanuel Macron la mène sur de nombreux fronts. En visite à Ouagadougou, le 28 novembre 2017, le président s’engage à restituer le patrimoine africain dérobé pendant la conquête coloniale. En 2020, la France officialise la restitution de 26 œuvres au Bénin ainsi que d’un sabre historique au Sénégal. 

    Autre axe majeur de cette politique, la colonisation. En 2017, alors qu’il n’est que candidat, Emmanuel macron, en visite en Algérie, qualifie la colonisation de “crime contre l’humanité”. “Ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes”, affirmait-t-il alors. Des excuses qui ne seront finalement pas prononcées, l’Élysée y préférant des “actes symboliques”, selon les conclusions du rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie demandé par Emmanuel Macron à l’historien Benjamin Stora. « L’excuse n’est pas la question centrale, ce qui compte ce sont les actes concrets, comme la reconnaissance officielle des crimes ou la déclassification d’archives” juge ce dernier, contacté par France 24. 

    “D’autres présidents comme Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy ou bien François Hollande se sont bien sur exprimés sur la colonisation, mais Emmanuel Macron a multiplié les actions, poursuit l’historien. Il a reconnu la responsabilité de la France dans la disparition de Maurice Audin, il a reconnu l’assassinat de l’avocat Ali Boumendjel et même fait déposer une gerbe au nom de la France à Sétif, à l’occasion des commémorations des massacres du 8 mai 1945. Même s’il reste beaucoup à faire, il faut reconnaître qu’aucun président français n’avait fait cela avant lui. Ses actions montrent qu’il n’est pas prisonnier de cette époque et avance de manière volontariste.” 

    Polémique “racialiste” 

    Si elle est jugée courageuse par certains, la politique de reconnaissance d’Emmanuel Macron est loin de faire l’unanimité. Le 18 avril, lors d’un entretien à la chaîne américaine CBS, le président aborde la question du racisme qui “cause beaucoup de tensions” en France et souligne l’importance d’un “dialogue apaisé et ouvert pour en comprendre les causes et d’une certaine manière déconstruire notre propre histoire”. Une déclaration qui suscite alors de vives réactions, comme celle de Xavier Bertrand, des Républicains, qui dénonce une vision “injuste au regard de ce qu’est la France” et qui va à l’encontre de “l’unité nationale”. 

    À droite, certains détracteurs du président l’accusent de prêter le flanc à de la repentance excessive et de céder à un courant “racialiste”. Un débat stérile selon Benjamin Stora : “c’est un piège politique tendu par l’extrême droite. La question du racisme est bien sur importante, mais il s’agit avant tout de regarder le passé en face. Emmanuel Macron veut s’inscrire dans la lignée du général De Gaulle qui considérait que la décolonisation est la grandeur de la France. Ce qu’il cherche c’est la reconquête du prestige international” analyse l’auteur de « France-Algérie, les passions douloureuses. »

    Engagement insuffisant ? 

    Attaquées par une partie de la droite, les actions d’Emmanuel Macron sont également jugées insuffisantes par certains à gauche. Son absence de discours le 10 mai, lors de la Journée nationale des mémoires de la traite, a ainsi suscité l’agacement de Christiane Taubira, ancienne garde des Sceaux et initiatrice de la loi reconnaissant l’esclavage comme crime contre l’humanité. “Il est quand même édifiant de constater que le président de la République n’a rien trouvé à dire sur plus de deux siècles de l’Histoire de la France, alors qu’il y a cinq jours il faisait des gammes sur Napoléon Bonaparte”, déclarait-elle alors.

    Enfin la question des excuses et des réparations continue de faire débat. Le 8 mai, alors que l’Algérie commémorait sa première “Journée nationale de la Mémoire”, le gouvernement a fait savoir qu’il était toujours en attente de “la repentance” de la France et “d’indemnisations équitables”. Interrogé, lors de sa visite à Kigali, sur d’éventuelles excuses à l’égard du Rwanda, le président français a jugé que le terme n’était “pas approprié », préférant “donner” la reconnaissance de la responsabilité de la France. Le président rwandais, Paul Kagame, a, pour sa part, salué un discours d’ »immense courage » qui a « plus de valeur que des excuses ». 

    France24, 27 mai 2021

    Etiquettes : France, Afrique, colonisation, Algérie, Rwanda, génocide, reconnaissance, responsabilité, Mémoire,

  • Cranes des résistants: réunion algéro-française le 7 juin

    24 cranes restitués en juillet dernier

    Le professeur Rachid Belhadj, chef du comité scientifique en charge du dossier d’identification des cranes des résistants algériens, a indiqué qu’une rencontre entre l’Algérie et la France aura lieu le 7 juin avec au menu la deuxième étape en vue du rapatriement du reste des cranes des résistants algériens.

    Dans une déclaration a la Radio locale de Sétif, Pr Belhadj a dit qu’une rencontre était prévue entre les deux parties le 7 juin prochain avant que ledit dossier ne soit clos définitivement.

    Avouant que la question n’étant point facile, le directeur des activités médicales et paramédicales et chef du service de médecine légale de l’hôpital universitaire Mustafa-Bacha assure quand même que l’opération ayant trait a la restitution des cranes se déroule dans de bonnes conditions.

    «Nous nous efforçons, ajoute-t-il, d’accomplir cette mission historique dans de meilleures conditions tout en respectant les lois et les engagements de chaque pays».

    Cette étape devrait démarrer prochainement, a fait savoir l’interlocuteur qui avait affirmé en juillet dans un entretien a Echorouk que la première étape était menée fin septembre, dont une équipe s’est rendue au Musée de l’Homme de Paris. La rencontre qui a eu lieu avec la partie française s’est soldée par la mise sur pied de la commission mixte algéro-française.

    Echourouk News, 21 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, France, Mémoire, crânes, colonisation,

  • Macron, l’Algérie, Deschamps et Benzema

    Le retour de Benzema dans la sélection du coq après cinq ans et demi coïncide avec un moment important de la politique française : il marque les 60 ans du processus désastreux de décolonisation de l’Algérie, une blessure encore à vif dans les sentiments des deux pays. La France a commis des atrocités avant de se retirer, ce qui a été considéré comme une haute trahison par la droite française et surtout par les « pieds noirs », les Algériens d’origine européenne (principalement des Alsaciens), contraints de s’installer en métropole. Leur irritation était telle qu’ils ont créé un groupe terroriste, l’OAS, qui a passé des années à mener des attaques infructueuses contre de Gaulle.

    Macron est maintenant dans un délicat processus de réconciliation et d’expiation de ce sale épisode et le retour de Benzema, d’origine algérienne comme chacun sait, ne nuit pas à sa stratégie. Il n’est donc pas rare que la Fédération française et son sélectionneur, Deschamps, sortent de leur position pour éloigner Benzema. Sur sa condition de courrier dans l’affreuse extorsion de son coéquipier d’alors, Valbuena, il y a des indices très sérieux. C’est ce qui l’a mis à l’écart, en toute logique, dans l’attente d’un procès que ses avocats ont pu jusqu’à présent retarder par des objections de procédure, mais qui est déjà imminent.

    Macron a même lancé des mots de complicité avec Deschamps : « Nos métiers sont similaires, il y a 70 millions de Français qui pensent avoir de meilleures idées pour notre tâche. » Le départ de Benzema sans jugement à son encontre était très difficile à admettre en raison des plusieurs millions d’Algériens d’origine qui vivent en France, d’autant plus qu’il a atteint, après 30 ans, son plus haut degré d’excellence, que le fait lointain reste sans jugement et que Valbuena n’est plus en équipe nationale et joue en Grèce. Donc Benzema revient. C’est bien pour l’Euro. En octobre viendra le procès, mais quoi qu’il en sorte, le premier clin d’œil a déjà été fait.

    Pledge Times, 20 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, France, mémoire, décolonisation, Benzema, football, Didier Deschamps, championnat, sélection nationale,

  • France-Algérie : Les petits pas de l’axe Alger-Paris

    Tebboune reçoit un appel téléphonique de Macron

    Les deux présidents expriment une réelle volonté de briser la digue qui empêche les deux sociétés de se rencontrer pour édifier un avenir serein.

    Saïd BOUCETTA

    Abdelmadjid Tebboune a reçu, mardi dernier, en fin d’après-midi, un appel téléphonique de son homologue français, Emmanuel Macron. Un communiqué de la présidence de la République rapporte que les deux hommes ont passé en revue «les relations bilatérales et convenu de mettre à jour la réunion de la Commission ministérielle conjointe de haut niveau». Laquelle rencontre programmée pour le début du mois d’avril dernier a été reportée sine die, jetant le doute sur la solidité des relations entre Alger et Paris. Cet épisode n’a pas entamé pour autant, la volonté des présidents des deux pays à travailler dans le sens d’une réconciliation mémorielle entre les deux pays, en dépit de l’action des lobbies des nostalgiques de l’Algérie française. On retiendra dans le cadre de l’effort réciproque, l’initiative d’Emmanuel Macron qui a personnellement dépêché à Sétif l’ambassadeur de France en Algérie à l’effet de déposer une gerbe de fleurs au nom du président de la République française au pied de la stèle en hommage au premier martyr des massacres du 8 Mai 1945.

    Ce coup de téléphone témoigne donc d’une détermination commune aux deux présidents de ne pas céder aux pressions des nostalgiques et de poursuivre le travail de mémoire entrepris entre Paris et Alger. Lequel devra se poursuivre «dans un esprit d’apaisement», souligne un communiqué de la présidence de la République française. Le président Macron, premier chef d’Etat français à être né après l’indépendance, espère voir cette réconciliation algéro-française se concrétiser «tout particulièrement, entre les jeunesses des deux pays». Cet échange téléphonique, avec en sus, une reprise annoncée des relations institutionnelles et la relance de la coopération entre les deux pays, démontre, si besoin, la foi en l’avenir qu’expriment régulièrement Abdelmadhid Tebboune et Emmanuel Macron. Il est entendu, en effet, que les crises les plus coriaces n’ont pas empêché les deux hommes de renouer les fils du dialogue que des forces occultes ont souvent tenté de rompre.

    Depuis novembre dernier, les communications téléphoniques se font régulières et s’imposent, de fait, comme un élément solide et constant dans le partenariat algéro-français et traduisent un «acte de résistance» contre l’occultation de la vérité historique. D’ailleurs, le chef de l’Etat qui a indiqué dans son message à l’occasion de la Journée de la mémoire, le 8 Mai dernier, que «l’excellence des relations avec la République française ne saurait exister en dehors de l’Histoire et du traitement des dossiers de la Mémoire, qui ne sauraient faire l’objet d’aucune renonciation», sait parfaitement que l’exigence algérienne ne contredit pas la démarche du président Macron sur le dossier de la mémoire.

    C’est dire la volonté d’Alger et de Paris de briser une bonne fois pour toutes la digue qui empêche les deux sociétés de se rencontrer pour édifier un avenir serein, débarrassé des fantômes du passé que les nostalgiques de la colonisation n’ont de cesse d’agiter pour brouiller les visions des uns et des autres et maintenir un statu quo nuisible à la France, à l’Algérie et à toute la région méditerranéenne. À une année du 60e anniversaire de son indépendance, l’Algérie gagnerait à voir en la France une puissance économique et scientifique et non pas un Etat colonial qui n’existe plus. De son côté, la France se portera bien mieux en considérant l’Algérie comme une puissance régionale qui dispose d’une influence certaine en Afrique du Nord et dans le Sahel. Les deux présidents sont déjà dans cette perspective. Et pour cause, lors de l’entretien téléphonique, ils ont procédé à un échange de «vues sur les questions régionales d’intérêt commun dans la région du Sahel, notamment au Tchad, au Niger et au Mali, et ce qui doit être fait pour aider les pays du Sahel à instaurer la stabilité», notent les communiqués émanant des Palais d’El Mouradia et de l’Elysée. On retiendra, notamment dans le communiqué de la Présidence algérienne l’accord des deux chefs d’Etat pour un soutien du processus de règlement en Libye, «notamment en apportant aide et assistance au nouveau gouvernement afin d’organiser des élections dans les meilleures circonstances». Tebboune et Macron sont sur la même longueur d’onde.

    L’Expression, 15 mai 2021

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  • Faire valoir les droits des victimes algériennes des essais nucléaires français en Algérie

    Les morts sans importance des essais nucléaires français

    Le sujet de ces essais nucléaires met en jeu l’Histoire entre l’Algérie et la France, sa complexité et ses tabous. L’association Le Grand Maghreb invite le lecteur à s’intéresser à ce thème, au-delà de la simple lecture de la presse contemporaine.

    Après le thème du rapatriement des crânes algériens sur leur terre natale d’Algérie, l’Association Le Grand Maghreb continue d’investir les sujets humanitaires liés à l’Histoire de l’Algérie et de la France. Le thème des essais nucléaires réalisés par la France en Algérie est si complexe que les principales victimes de ces essais ont, jusqu’à présent, été oubliées. Fidèle à sa philosophie philanthropique, l’Association Le Grand Maghreb monte au créneau pour la défense des damnés des essais nucléaires. Un travail de recensement des victimes des essais nucléaires en collaboration avec les associations algériennes et le monde médical en Algérie est en cours. L’Association Le Grand Maghreb ouvre une page blanche. Il y a lieu de s’interroger sur l’absence d’une telle statistique.
    Comment quantifier l’ampleur de la population victime de ces essais ? Il faut rappeler que les effets néfastes de ces essais continuent de provoquer de terribles maladies chez la population algérienne, faute de décontamination des terres polluées et de sensibilisation de cette même population de ces zones violentées par le nucléaire. Leurs conséquences sont tragiques. Les victimes sans entregent disparaissent dans la douleur du silence, après une vie estropiée par ces essais. L’Association Le Grand Maghreb noue des contacts avec des associations algériennes qui interviennent dans ce domaine, a pris l’attache d’un éminent professeur à Alger et Président national des oncologues en Algérie qui prend en charge les cancéreux. C’est l’illustration parfaite de la collaboration de la diaspora algérienne en France avec la société civile algérienne.

    Une action judiciaire à venir grâce la collaboration de Maître Fabrice Di Vizio, avocat notamment du Professeur Raoult. Une fois le difficile travail de recensement qui nécessite préalablement une expertise médicale précise, l’Association Le Grand Maghreb pourra mettre en œuvre les actions judiciaires pré-contentieuses et contentieuses en saisissant la justice française. Maître Fabrice Di Vizio, saisit à cet effet, pourra déployer les actions appropriées. Les conséquences des essais nucléaires provoquent de terribles dégâts sur la santé des personnes, cancers de la thyroïde, malformations des nouveaux nés, décès dans de terribles souffrances faute de prise en charge de ces personnes. L’Association Le Grand Maghreb souhaite obtenir réparation et justice pour ces personnes précisément, celles qui sont dépourvues de tout réseau, qui n’ont pas les moyens de se rendre à l’étranger et qui meurent en silence. Ce débat judiciaire permettra d’évoquer également la nécessité de traiter la problématique des sols pollués et leur nécessaire décontamination.

    Faute de tels dispositifs préventifs et curatifs, on pourrait considérer que les préjudices perdurent et que la responsabilité de leur auteur continue de prospérer. La justice à l’égard des victimes doit prévaloir avant tout sur la raison d’Etat, des Etats ou les affres de l’Histoire de ces essais. Le sujet de ces essais nucléaires met en jeu l’Histoire entre l’Algérie et la France, sa complexité et ses tabous. L’association Le Grand Maghreb invite le lecteur à s’intéresser à ce thème, au-delà de la simple lecture de la presse contemporaine. Il se rendra compte que des essais nucléaires ont été réalisés dans des conditions d’expérimentation absolues, quitte à sacrifier les populations locales. Ces dernières n’en avaient même pas conscience. La Grande Muette a fait son œuvre, provoquant bon nombre de «Morts sans importance de la bombe atomique française».

    Quels que soient les enjeux de part et d’autre de la Méditerranée, l’Association Le Grand Maghreb entend poursuivre ce combat, empreint de dignité et d’humanisme à l’égard de son prochain. Des familles entières ont été endeuillées dans le silence le plus total. Les sociétés civiles doivent s’emparer de ce sujet. Face à la complexité de ce sujet et des nombreux échanges nécessitant coordination et organisation, l’Association Le Grand Maghreb, impressionnée par la soif de justice de ces victimes, a demandé officiellement à l’ambassadeur d’Algérie en France, Monsieur Mohamed-Antar Daoud la mise à disposition de bureaux sur Paris afin de prendre en charge avec efficacité ce dossier.

    Brahim Mabrouki Président de l’Association Le Grand Maghreb

    La Nouvelle République, 12 mai 2021

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  • France: une école portant le nom du sanguinaire Thomas Bugeaud, bientôt débaptisée à Marseille

    « Une école peut porter le nom d’un héros, pas d’un bourreau » annonce ce mardi le maire socialiste de Marseille Benoît Payan.

    Ce dernier a opté pour le retrait du patronyme du conquérant de l’Algérie au profit de celui d’Ahmed Litim, libérateur de Marseille.

    « Chaque matin, des enfants rentrent sous un fronton où sont inscrits à la fois la devise de la République “Liberté, Egalité, Fraternité” et le nom de Bugeaud, ce qui est totalement contradictoire »,note Benoît Payan. Maréchal de France, gouverneur général de l’Algérie dès 1840, Thomas Bugeaud (1784-1849) s’est d’abord illustré dans les campagnes napoléoniennes des massacres perpétrés contre les populations algérienne durant les premières décennies de la colonisation française de l’Algérie. il était l’artisan de la terre brûlée.

    Il est à souligner que la délibération qui doit officialiser cette décision sera présentée au conseil municipal de Marseille, le vendredi 21 mai.

    Algérie54, 12 mai 2021

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  • L’intérêt de l’Algérie prime (Edito de Ouest Tribune)

    Il aurait été logique de clore le débat algéro-français sur la mémoire à l’occasion du 76e anniversaire des massacres du 8 mai 1945 et passer à autre chose, histoire d’éclairer l’opinion publique sur d’autres enjeux aussi capitaux que la réconciliation algéro-française. Il faut bien souligner, et le faire à chaque fois qu’il est possible, que l’Algérie et les Algériens ne respirent pas l’oxygène qui sortirait des discours des officielles ou des nostalgiques français. Nous avons d’autres centres d’intérêts, d’autres problèmes, d’autres défis, d’autres débats à mener.

    L’Algérie, c’est beaucoup plus complexe que de la réduire à un petit poucet qui éternue lorsque la grande France s’enrhume. Si nous avons chassé le colonialisme de notre pays, c’est sans doute pour passer à autre chose. Et effectivement, nous avons, ensemble, fait beaucoup de choses. Certaines ont été bonnes d’autres moins bonnes et il y en a même eu de franchement catastrophiques. Mais en 59 années d’indépendance, nous n’avons pas attendu qu’un président français vienne nous insuffler la vie. Nous sommes indépendants, fiers d’avoir arraché notre liberté au prix de millions de martyrs et, au passage, récupérer notre lègue historique et culturel intacts. La colonisation, malgré son horreur, n’a pas réussi à nous détruire.

    Cela pour dire que si les Algériens évoquent régulièrement le passif mémoriel avec la France, dans la rue comme ailleurs, et que s’ils retiennent la phrase : « la colonisation est un crime contre l’humanité », prononcée par Emmanuel Macron, ils n’en font pas pour autant leur sujet quotidien. Seulement voilà, certains «mauvais perdants», adeptes de l’Algérie de Papa, en rajoutent plusieurs couches et s’essayent à l’exercice de comparaison : qui de l’Algérie ou le Maroc est plus proche au cœur de l’Elysée. Ils ont tenté de nous faire admettre que le royaume voisin est le préféré de la France et que les discours « mielleux » de l’Elysée ne servent qu’à nous endormir. Comme si, nous autres Algériens, sommes en course avec les Marocains sur qui saura plaire à la «grande France» !

    Que ces idiots sachent que l’Algérien ne cherche l’amour d’aucune autre nation et certainement pas celle dont il a combattu le système haineux. Nous ne sommes pas dans une logique de concurrence avec qui que ce soit. Si les Marocains s’autorisent des crises avec l’Algérie, l’Espagne, l’Allemagne et l’Iran, pensant bénéficier du soutien de Paris, c’est leur affaire et ça ne nous fait ni chaud ni froid. Nous ne cherchons pas une place dans le cœur de la France, mais la sauvegarde de nos propres intérêts. Voilà c’est dit.

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 11 mai 2021

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  • Relations Algéro-Françaises : Le nouveau cap d’Alger

    L’Algérie est en train de tracer les contours de sa nouvelle relation avec la France. Par touches successives, Alger est en effet sur la voie de redessiner la nature même de sa relation avec Paris, et ce en clarifiant davantage sa position sur l’épineuse question de la mémoire et de l’histoire commune.

    Ce remodelage s’est ainsi vérifié à l’occasion de la commémoration du 76e anniversaire des massacres du 8 mai 1945, où plusieurs hauts responsables algériens se sont exprimés sur ce douloureux événement, où la France coloniale a massacré 45. 000 algériens et, par extension, sur la relation entre l’Algérie et l’ancienne puissance coloniale. Ainsi, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le Premier ministre, Abdelaziz Djerrad et le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, sont montés au cerneau pour donner un aperçu complet sur cette nouvelle orientation et cette nouvelle tendance. Cette sortie synchronisée atteste, il va sans dire, que l’Algérie lie désormais le lourd dossier de l’histoire à sa relation contemporaine avec la France.

    Les deux dossiers sont intimement liés: voila le nouveau message d’Alger adressé à Paris. « La qualité de nos relations avec la France ne peut se faire au détriment dudossier mémoriel qui est non négociable », a indiqué le président Tebboune dans son message en ajoutant à ce propos que plusieurs chantiers restent ouverts, tels celui de la récupération du reste des crânes des résistants, les archives, le dossier des disparus et l’indemnisation des victimes des essais nucléaires dans le Sud. Des propos qui ne soufrent d’aucune ambigüité même si le chef de l Etat ne s’est pas étalé sur les détails de l’ensemble des questions qui compose ce dossier de la mémoire.

    Sur ce plan, c’est le ministre de la Communication qui s’est chargé d’énumérer les dossiers encore en suspenns. Ammar Belhimer a souligné que « l’Algérie reste attachée au règlement global du dossier mémoriel », ajoutant que les efforts de l’Algérie en ce sens « commencent à payer ». Dans un message à l’occasion de la célébration, pour la première fois dans l’histoire de l’Algérie indépendante, de la Journée nationale de la Mémoire, coïncidant, cette année, avec le 76e anniversaire des massacres du 8 mai 1945, le porte parole du gouvernement a indiqué que le règlement de cette question repose sur « la reconnaissance officielle, définitive et globale, par la France, de ses crimes, qualifiés par Macron lui-même de crimes contre l’humanité, la repentance et des indemnisations équitables ». Belhimer remet ainsi sur le devant les questions de la repentance des excuses et des indemnisations. Autant dire que ce sont là des questions qui fâchent puisque la France officielle a déjà dit son mot sur les excuses et la repentance par la bouche de ses plus hauts responsables, dont l’actuel locataire de l Elysée, Emmanuel Macron, qui a a clairement écarté toute éventualité pur son pays de faire acte de repentance pour les crimes commis durant la colonisation contre le peuple algérien.

    Par : KAMAL HAMED

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  • Algérie/ Leçon

    L’Algérie a célébré hier le 76ème anniversaire des horribles massacres du 8 mai 1945 commis par l’armée coloniale à Sétif, Guelma, Kherrata et dans d’autres régions de ce pays meurtri, dans un contexte pour le moins particulier. On aurait tant souhaité restituer l’importance et la dimension historique de ces tragiques événements fondateurs de la conscience algérienne face à la 4ème puissance du monde. Parce que le 8 mai 1945, ne se réduit pas aux chiffres, certes incroyablement élevés (45000) de victimes et à la sauvagerie dont firent preuve les forces coloniales face aux manifestants algériens qui croyaient fêter l’indépendance.

    C’est justement ce gros mensonge historique de la France coloniale qu’il convient aussi et surtout de souligner. Ces milliers d’Algériens sortis défiler dans les rues de Sétif, Guelma et Kherrata, ne le firent pas pour célébrer la victoire des alliés et donc de la France contre l’Allemagne nazie. Ils étaient sortis fêter, du moins le pensaient-ils, leur propre liberté comme il leur avait été promis par la France en contrepartie de leur participation à la guerre contre les soldats d’Hitler.

    C’est dire à quel point ces algériens étaient prêts à tout faire pour recouvrer leur liberté. Une liberté qu’ils n’auront évidemment pas et la promesse française n’était que de la poudre aux yeux. Pis encore, les ancêtres de Macron firent preuve d’une rare sauvagerie pour mater ce pays désarmé et justifier ainsi l’indigne marché de dupes. Mais malgré le lourd tribut, et la grande désillusion, les massacres du 8 mai 1945 furent un apport décisif au déclenchement de la Révolution de Novembre 1954.

    Les algériens ont compris qu’il n’était plus possible de compter sur la bonne foi d’un colonisateur rompu au mensonge et aux promesses non tenues. Les assises de la révolution furent d’ailleurs données à travers la création du MTLD et son pendant militaire l’organisation spéciale (OS).

    Ainsi, de la colère et de la désillusion, naquit l’une des plus belles révolutions de l’humanité qui allait balayer, bien malgré lui, un système colonial profondément raciste et injuste qui aura étreint sous son joug, ce beau pays pendant 132 ans.

    Imane B.

    L’Est Républicain, 09 mai 2021

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