Étiquette : Mémoire

  • Algérie-France : Stora ne désespère pas

    Auditionné a l’Assemblée nationale française
    Stora ne désespère pas quant a l’avenir des relations algéro-françaises

    L’historien Benjamin Stora a défendu, ce mercredi 5 avril, son rapport sur la mémoire remis le 20 janvier dernier au président Emmanuel Macron, devant la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblé nationale française.

    En dépit des relations tendues entre les deux pays, marquées par le report de la visite de Jean Castex en Algérie et la déclaration du ministre de Travail, Hachemi Djaaboub qualifiant “la France d’ennemi traditionnel et éternel”, Benjamin Stora ne désespère pas, ont rapporté des médias français.

    Emmanuel Macron l’avait mandaté en juillet 2020 pour “dresser un état des lieux juste et précis” sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie.

    Côté algérien, le président Abdelmadjid Tebboune a, lui, confié la tache a son conseiller chargé des Archives et de la mémoire Abdelmadjid Chikhi.

    Devant les députés, l’historien spécialiste de l’Histoire d’Algérie est revenu sur les conclusions de son rapport. Formulant le vœu que les deux pays avancent de concert sur le chemin d’une mémoire apaisée, il espère œuvrer a une “réconciliation des peuples français et algérien”.

    «Soixante ans après, l’Histoire est encore un champ en désordre, en bataille quelquefois», écrit Benjamin Stora dans son rapport. L’historien plaide pour une reconnaissance affirmée des crimes commis durant la colonisation, puis durant la guerre, longtemps oubliés ou minimisés en France. Ainsi du conflit lui-même, qui, bien qu’il ait duré près de huit années, est longtemps resté sans nom, ou pudiquement appelé “événements d’Algérie”. L’objectif est de mettre fin a ce que Benjamin Stora nomme la “communautarisation des mémoires”. L’historien considère que “tout groupe appartenant a cette histoire est spécifique, mais aucun n’est exceptionnel et nul ne doit être placé au-dessus des autres. Or, chaque groupe exige une empathie a sens unique, unilatérale, exclusive”. Lutter contre cet antagonisme mémoriel est un enjeu d’autant plus important, note le rapport, qu’”aujourd’hui, en France, plus de sept millions de résidents sont toujours concernés par l’Algérie, ou plutôt, par la mémoire de l’Algérie”.

    Afin de poursuivre le travail de mise en lumière des “déplacements massifs de populations rurales, pratiques de la torture, internements arbitraires et exécutions sommaires”, Benjamin Stora souhaite le transfert de certaines archives de la France vers l’Algérie. Il évoque la nécessité que soit facilité l’accès aux chercheurs des deux pays aux archives a la fois françaises et algériennes. La numérisation de toute cette documentation sera nécessaire a cette “mise en commun”, a-t-il précisé durant son audition. Il propose également de restituer a l’Algérie l’épée de l’émir Abdelkader, héros de la résistance a la colonisation française au XIXe siècle.

    Echourouk online, 05 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, France, Mémoire, colonisation,

  • La Suisse doit-elle payer sa dette pour son passé coupable d’esclavagisme ?

    Albert Coroz : Un an après la mort de George Floyd, et après avoir pleinement participé à cette hystérie planétaire, la RTS commémore l’événement dans son émission « Faut pas croire ».
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    Une surenchère dans les médias de Suisse romande s’efforce d’accréditer l’idée que la Suisse aurait eu un passé esclavagiste et serait coupable de racisme.

    Désormais, il faut que cela entre dans nos crânes, les Blancs doivent passer aussi à la caisse en Suisse pour leur passé, pour la réparation de l’esclavage des Africains. (vidéo de 30 minutes reprise ci-dessous)

    Notre réalité actuelle concernant l’esclavage et la colonisation, la voici:

    Dans nos hôpitaux les migrants sont surreprésentés, dans nos prisons les migrants sont surreprésentés, dans nos services sociaux les migrants sont surreprésentés, nos caisses de chômage versent des millions aux migrants, chaque année des migrants arrivent en masse pour profiter de notre système social ultra-généreux, bâti par les Suisses de souche durant des siècles de travail pénible, sans avoir eu d’esclaves.

    La population suisse est aussi en train d’être remplacée par l’immigration extra-européenne. En effet, la natalité des Suisses de souche est en baisse et pourtant le nombre de ses habitants ne cesse d’augmenter; cela est dû à une immigration excessive ininterrompue.

    Cette banale constatation de l’attrait de la Suisse pour une grande partie des habitants pauvres de la planète engendre une grille de lecture tout autre de la situation.

    La Suisse est la nation au monde qui débourse le plus pour aider les pays étrangers. Sa densité d’étrangers et d’organisations de charité sont des records mondiaux.

    La Suisse n’a jamais eu de colonies, n’a jamais mené de guerres sur d’autres continents et vit de son travail tout en venant en aide partout dans le monde.

    Et si les Blancs répertoriaient plutôt tout le bien que leur civilisation a répandu sur terre durant des siècles, leurs inventions, leurs conceptions philosophiques, leur spiritualité, leurs connaissances scientifiques, l’humanité n’aurait pas assez de temps à vivre pour leur rendre la pareille!

    En termes de revendications légitimes, ce monde occidental tant vilipendé pourrait aussi adresser une liste de doléances à l’humanité.

    À quand les demandes de réparations adressées à la Turquie, qui a réduit en esclavage, castré, pillé, violé, torturé, massacré des populations européennes, avec une cruauté inimaginable, et ceci durant des siècles? Non seulement rien n’a jamais été demandé, mais en quarante ans, 5,5 millions de Turcs ont été accueillis en Europe.

    À quand les réparations pour les chrétiens chassés, pillés de leurs biens ou tués aujourd’hui encore dans les pays musulmans?

    À quand des mouvements parlant des populations massacrées, victimes des conquêtes musulmanes ?

    Et au lieu de demander des réparations pour des crimes imaginaires, ne faudrait-il pas aussi faire le procès du communisme et dénoncer les dégâts incommensurables qu’ont causés et que causent ENCORE AUJOURD’HUI les idéologies marxistes et communistes dans le monde ?

    Quand donc la RTS va-t-elle cesser sa propagande de gauche interminable, sa promotion d’idées mortifères pour l’Occident et pour sa civilisation chrétienne, sa façon de propager et de singer toutes les modes venues des campus américains ?

    Quand donc la RTS fera-t-elle la promotion de manifestations contre l’oppression et les meurtres de femmes et de chrétiens en terre d’islam?

    Quand donc nos médias subventionnés donneront-ils la parole de façon équitable à ceux qui sont opposés à leurs idées prétendument «progressistes»?

    *****

    L’invité de la RTS pour cette émission, Kanyana Mutombo, est le fondateur et directeur de l’Université populaire africaine de Genève (UPAF).

    « L’UPAF a pour but de servir à la formation et de l’intégration des migrants africains à Genève des quelques 20 000 Africains d’origine, tous statuts confondus, vivant au bout du lac. L’UPAF compte offrir un enseignement de l’histoire et de la culture africaine, dans le but de transmettre la connaissance de leur continent d’origine aux jeunes Africains nés en Suisse, mais aussi proposer des conseils et un soutien juridique aux nouveaux immigrants, afin de les aider à s’adapter. »

    Source : Humanrights.ch

    Kanyana Mutombo dit dans cette émission de la RTS que la Suisse devrait indemniser les Africains, car elle a profité, et profite encore, de l’argent sale, comme celui de David de Pury, qui a versé des millions venant de l’esclavage pour améliorer le sort des Neuchâtelois.

    Le degré d’insolence de Mutombo envers le peuple suisse, qui offre une vie confortable à une vaste population africaine, est juste insupportable!

    ***RTS – Radio Télévision Suisse:Un an après la mort de George Floyd, et alors que les manifestations « Black Lives Matter » trouvent un écho dans le monde entier,la question de la réparation de l’esclavage reste cruciale.

    Et les voix de descendants d’esclaves, aux États-Unis notamment, continuent de se faire entendre pour que ces injustices du passé trouvent un point final. Oui mais voilà : peut-on réparer économiquement des siècles de violence et de discrimination ? Comment un pays ou des entreprises privées doivent-ils et peuvent-il faire face à leur passé, aussi douloureux soit-il ? Linn Levy reçoit l’historien Nicolas Bancel et le politologue Kanyana Mutombo.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=syqGMI_JprM&w=560&h=315]

    Et voici la réalité que nous n’entendrons JAMAIS dans nos médias concernant l’affaire Floyd, qui était un toxicomane, un repris de justice, victime ou non d’une bavure policière… jugement en cours:

    […]  Les violences suite à la mort de Floyd ont duré de mai à octobre. Elles ont fait 30 morts, 14’000 arrestations (1) et 20 milliards de dégâts (2).

    Elles ont secoué l’Amérique dans son tréfonds. Elles ont détruit des milliers de vies modestes, des centaines de petits commerces — appartenant principalement aux minorités, à des noirs et des immigrés — qui n’avaient que ça et n’ont plus rien. Ces petits commerçants ont perdu le travail de toute une vie. Sans aucun espoir de le reconstruire. […]

    Ils n’ont jamais une seule fois écrit que « les partisans de Joe Biden ont saccagé l’Amérique, fait 30 morts et détruit des quartiers noirs ». […].
    30 morts et 20 milliards de dégâts, ça correspond à la définition de manifestations pacifiques selon vous ? […]

    article complet : Dreuz.info

    Source : Lesobservateurs

    Etiquettes : Suisse, esclavagisme, mémoire, dette, passé,



  • Agence pour la réhabilitation des sites d’essais nucléaires de la France coloniale en Algérie

    Le gouvernement a achevé la rédaction du projet de loi sur l’Agence nationale pour la réhabilitation, l’organisation et le fonctionnement des anciens sites d’essais nucléaires français dans le sud du pays, une étape qui renouvelle le discours sur les expériences que la France coloniale a menées dans le Sahara algérien, car leurs répercussions catastrophiques ont persisté jusqu’à aujourd’hui.

    Le ministre de l’énergie et des mines, Mohamed Arkab, lors d’un conseil des ministres prévu, qui sera présidé par le Premier ministre Abdelaziz Djerad, exposera un projet de décret exécutif qui comprend la création, l’organisation et le fonctionnement de l’Agence nationale pour la réhabilitation des anciens sites d’expérimentations nucléaires françaises dans le sud algérien, selon la formule initiale de cette nouvelle structure, la mission de l’agence étant censée être « purement technique ».

    La nouvelle initiative du gouvernement de créer cette agence a coïncidé avec l’escalade de la polémique autour du rapport rédigé par l’historien Benjamin Stora, sur la mémoire, qui a négligé le dossier des essais nucléaires effectués par la France coloniale dans le Sahara algérien, ce qui a amené le directeur de l’Observatoire de l’armement en France, Patrice Bouveret, à regretter de ne pas voir Stora mentionner dans son rapport « la grande importance » des conséquences sanitaires effroyables pour les habitants de Reggane et de Tamanrasset, victimes des essais nucléaires français.

    « Nous regrettons que les effets des 17 essais nucléaires effectués par la France pendant la guerre de libération algérienne et les cinq premières années de l’indépendance n’aient pas reçu plus d’importance, Benjamin Stora n’ayant traité que de la question des déchets nucléaires laissés par la France », a déclaré Patrice Bouveret dans une déclaration à l’agence de presse algérienne APS.

    L’Algérie a renouvelé sa demande à la France de payer une compensation pour ses essais nucléaires désastreux. Cette question fait partie des crimes commis par le colonialisme français et constitue l’un des dossiers les plus sensibles de ce que l’on appelle la « douleur de la mémoire » partagée entre les deux pays.

    Auparavant, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, avait déclaré, à l’occasion du 61e anniversaire de la réalisation des 17 premiers essais nucléaires au Sahara : « En ce jour de 1960, la France coloniale a réalisé la première explosion nucléaire dans la région de Reggane avec une force de 70 kilotonnes, ce qui équivaut à trois à quatre fois la charge de la bombe d’Hiroshima. Cette explosion a eu des répercussions radiologiques catastrophiques, avec des dommages indicibles pour la population locale et l’environnement qui perdurent encore aujourd’hui ».

    Il a ajouté, à cet égard, que ces conséquences sanitaires ne peuvent être considérées comme un problème dont la gestion incombe aux seuls services de santé algériens, car la préoccupation réside principalement dans la mise en œuvre des nombreuses recommandations énumérées dans le rapport Stora ».

    Bien qu’en mai 2009, le Parlement français ait adopté une loi portant le nom du ministre de la Défense de l’époque, Hervé Morin, concernant l’indemnisation des victimes des essais nucléaires en Algérie et dans la région de la Polynésie dans l’océan Pacifique, et qu’un budget de 10 millions d’euros ait été alloué en 2009 pour indemniser les victimes, ce montant a été considéré par les associations de défense des victimes comme « modeste » compte tenu du grand nombre de personnes touchées.

    Echourouk online, 31 mars 2021

    Etiquettes : Algérie, France, essais nucléaires, colonisation, mémoire,

  • Algérie : “La consolidation du front interne nous permettra de relever tous les défis et enjeux » (salah Goudjil)

    Dans un entretien exclusif accordé à la revue «El Djeich», le président du Conseil de la Nation, M. Salah Goudjil, a affirmé que la colonisation de l’Algérie par la France fut une colonisation de peuplement qui diffère de toutes les autres formes de colonisation dont ont été victimes d’autres peuples, tant elle eut pour visée l’extermination du peuple algérien qui, pour sa part, reste en permanence attaché aux sacrifices des Chouhada. Il a également estimé que, tout comme elle a libéré l’Algérie, notre Révolution libératrice a également libéré le peuple français. Le président du Conseil de la Nation a souligné avec force que la conjoncture actuelle exige le renforcement et la consolidation du front intérieur pour faire face aux complots ourdis contre notre pays.

    El Djeich : M. le Président, notre pays a célébré, il y’a quelques jours, la Journée du Chahid, coïncidant avec le 18 février de chaque année. En tant que Moudjahid de la première heure, que représente pour vous cette journée ?

    Le président du Conseil de la Nation : Je dois en premier lieu dire qu’en tant que moudjahid, je suis honoré d’avoir un entretien avec cette prestigieuse revue qui a vécu toutes les étapes franchies par l’Algérie, depuis l’indépendance à nos jours, et qui met toujours en exergue l’importance des missions dont s’acquitte l’Armée nationale populaire. En ce qui concerne votre question, et alors que nous commémorons la Journée nationale du Chahid, il est nécessaire de rappeler les sacrifices des glorieux Chouhada grâce auxquels l’Algérie jouit de l’indépendance. Aussi, nous avons en permanence à l’esprit leurs sacrifices, car peu sont les pays dont les fils ont consenti autant de sacrifices pour le recouvrement de la souveraineté nationale, comme l’ont fait les Algériens.

    J’atteste que tous les Chouhada, en particulier ceux dont j’ai eu l’occasion d’assister aux derniers instants avant leur martyre, ont prononcé une seule phrase avant la chahada, qui est : «Prenez soin de l’Algérie». Les Chouhada n’ont à aucun moment réclamé que l’on prenne soin de leurs enfants, de leurs familles ou de leurs biens, mais de préserver l’Algérie. C’est en réalité une recommandation qui ne peut quitter nos esprits ni notre mémoire, car elle constitue assurément le référent fondamental de toutes nos actions. Vous m’interrogez sur la place du Chahid, il n’y a pas une famille algérienne qui n’a pas un Chahid parmi ses membres, ce qui est un motif de fierté pour toutes ces familles. Personnellement, ma famille compte de nombreux Martyrs. Aussi, aujourd’hui, après toutes ces années, depuis le déclenchement de la glorieuse Révolution, il est d’une grande importance de préserver notre mémoire. A ce propos, il est nécessaire de rappeler que le mérite aujourd’hui revient au président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, d’avoir décrété la journée du 8 mai, Journée nationale de la mémoire, afin que les sacrifices des Chouhada ne sombrent pas dans l’oubli. En outre, M. le Président a ouvert le dossier de la mémoire auquel il a accordé toute l’importance nécessaire. Dans ce cadre, la récente création d’une chaîne de télévision consacrée essentiellement à la mémoire et au patrimoine historique permettra à tous ceux qui ont vécu la période de la Révolution libératrice d’apporter leurs témoignages ainsi qu’aux historiens et à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la nation, afin que la mémoire nationale demeure vive dans le cœur et l’esprit des générations futures. Sur la base de tout ce qui précède, je dirais que la Journée nationale du Chahid aura toujours une grande importance et une haute portée symbolique dans la conscience collective du peuple algérien. Elle constitue une partie indissociable du patrimoine commun des Algériens de façon à ce que chaque année, elle nous rappelle les valeurs du sacrifice et du dévouement, ainsi que la barbarie de la colonisation et les crimes de l’armée française durant la Révolution. Pour toutes ces raisons, le Chahid doit de meurer éternellement vivant dans la mémoire collective des Algériennes et des Algériens. Sur un autre plan, il est nécessaire de rappeler que nous avons récemment célébré le 2e anniversaire du Hirak El Moubarak authentique, qui a été consacré par le président de la République, Monsieur Abdelmadjid Tebboune, Journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée pour la démocratie. Concernant le Hirak El Moubarak du 22 février, je dirai que les Algériennes et les Algériens ont donné à l’ensemble des pays, même à ceux qui se targuent d’être démocratiques, un exemple sans précédent de pratique démocratique.

    Quelle lecture faites-vous des politiques des gouvernements français qui se sont succédés durant les 132 ans d’occupation et disposez-vous de chiffres sur la politique d’extermination organisée par l’occupant à travers les opérations de liquidation, de destruction, de déplacements et d’exil ?

    Initialement, il faut souligner que la colonisation de l’Algérie par la France est radicalement différente de toutes les formes de colonialisme vécues par les autres peuples. Il s’agissait d’une colonisation de peuplement et de destruction dans le sens propre du terme, dont l’objectif principal, depuis 1830, était l’effacement du peuple algérien et son remplacement par un autre peuple, dans le cadre d’une politique suivie par la France coloniale depuis qu’elle a mis les pieds sur le territoire algérien. J’avais évoqué précédemment cette question en disant que ce type de colonisation n’a eu cours qu’en Amérique du Nord, suite à la migration des Européens vers cette région qu’ils ont occupée et s’y sont installés après avoir exterminé les populations autochtones. Mais ce qui fait la grandeur de la Révolution libératrice est qu’elle a transcendé tous les us et coutumes, tant il est vrai que le peuple algérien n’a pas permis à l’occupant de l’exterminer. Bien plus, il n’a eu de cesse de résister jusqu’à contraindre l’occupant à retourner d’où il est venu. L’évocation de notre histoire et la lecture attentive de ses événements impose un retour aux débuts, car tout est lié, il ne suffit pas de parler seulement de la période qui commence depuis 1954, il faut revenir à tous les faits qui l’ont précédée. Ainsi, la politique d’extermination pratiquée par l’occupant français est mise en évidence par certains indicateurs, dont le plus important est clairement le déclin quantitatif de la population algérienne au cours des différentes phases de l’occupation suite à cette politique, et que j’ai divisée en quatre périodes principales. La première, entre 1830 et 1870 (soit 40 ans), depuis que l’occupant avait mis les pieds sur notre terre, sachant que cette occupation n’englobait pas l’ensemble du territoire national. Les statistiques montrent qu’à l’époque, la population de l’Algérie était de 3 millions. La deuxième période qui a duré également 40 ans, de 1870 à 1910, au cours de laquelle les meurtres et la tentative d’extermination du peuple algérien se sont poursuivis. Les statistiques de l’époque indiquent que la population algérienne était estimée à 2,9 millions. La troisième phase, de 1910 à 1945, au cours de laquelle la population a augmenté, selon un recensement de 1950, atteignant environ 6 millions. Une période qui coïncide avec la baisse des massacres collectifs, au regard du fait qu’en ce laps de temps, il y eut deux Guerres mondiales pour lesquelles la France avait procédé à la mobilisation obligatoire de milliers d’Algériens envoyés au front. La quatrième période s’étale de 1945 à 1954. Immédiatement après la fin de la Seconde Guerre mondiale et le jour où les alliés célébraient leur victoire sur le nazisme, le 8 mai 1945, des massacres ont eu lieu à Sétif, Guelma, Kherrata…, au cours desquels l’occupant a fait preuve d’un art inégalé dans le recours aux pratiques de répression et d’extermination, faisant 45 000 Martyrs. Durant cette période, la France a essayé de lancer des réformes, par le biais des élections e vue de l’élection d’une nouvelle assemblée algérienne en 1947, constitué de deux collèges distincts, le premier composé de colons français et européens et le deuxième collège composé d’Algériens. On reléve ici clairement une autre manifestation de la discrimination et du racisme que la France a adopté dans ses relations avec les Algériens. Pour conclure ma réponse, je dirai en toute objectivité que l’occupation française a reposé sur une politique de déshumanisation de l’Algérien, de sa destruction sur les plans social, politique, culturel et civilisationnel, bien plus, elle a même oeuvré à nous déposséder de nos noms et prénoms… C’est ce qui confère le caractère criminel à cette politique qui a duré 132 années, cela avec des preuves irréfutables. Il en est pour preuves les essais nucléaires destructeurs, les massacres collectifs, les enfumages de tribus entières dans les grottes, les opérations d’assassinats et de liquidations extrajudiciaires et autres faits qui, aux yeux du droit international, constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. L’Histoire retiendra que la colonisation en Algérie a été la plus violente et la plus barbare que l’humanité a connue.

    Pouvez-vous, M. le Président, nous entretenir de la réaction des patriotes algériens, en particulier des militants du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, ainsi que des préparatifs à la veille du 1er Novembre, en particulier de la proclamation du 1er Novembre ?

    Comme je l’ai mentionné précédemment, des élections à l’Assemblée algérienne avaient eu lieu, le Parti populaire algérien (PPA) a été autorisé à y participer sous la dénomination de Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), dans la mesure où, après son interdiction, il continuait d’activer dans la clandestinité. L’assemblé algérienne comptait 121 sièges, 60 pour les Français et 61 pour les Algériens qui n’avait d’autre prérogatives que celle de débattre le budget consacré à ce qui était appelé le département de l’Algérie et rien d’autre. Cependant, à l’issue des élections, le MTLD n’avait remporté que 5 sièges et le parti de Ferhat Abbas 05 ou 06 sièges, le reste des sièges avait été remporté par les Français. Ceci à la suite d’un truquage éhonté des élections par Naegellen, qui a débouché sur un Parlement dont plus des deux tiers étaient revenus aux Français, alors que dans les faits, le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques les avait remportés haut la main. La fraude a été tellement massive que lorsqu’on parle d’élections truquées dans les milieux français, ont dit qu’il s’agit d’«élections à la Naegellen», du nom de Marcel Edmond Naegelen, ancien ministre de l’Education dans le gouvernement français, nommé gouverneur de l’Algérie et qui a supervisé le truquage de ces élections. A la suite de cela, les dirigeants du Mouvement national se sont réunis pour étudier la situation, caractérisée par la volonté de l’occupant à continuer d’ignorer les droits des Algériens. A l’issue de cette réunion, ils ont conclu que l’action politique seule ne suffisait plus à obtenir les résultats escomptés et qu’elle devait s’accompagner d’une action armée. Une décision importante qui s’est traduite par la création de l’Organisation spéciale (OS), activant dans la clandestinité et composée de jeunes militants ayant de l’expérience dans la lutte, dont l’objectif principal était de préparer la lutte armée contre un occupant qui ne comprenait que le langage des armes. L’action de l’Organisation spéciale, sous la direction des défunts Mohamed Belouizdad; Husseine Aït Ahmed puis Ahmed Ben belle, avait englobé tout le territoire algérien et je me souviens que parmi les frères qui avaient formé cette organisation, entre autres les défunts Rabah Bitat, qui activait dans la région d’Oran et Chihani Bachir, dans la région d’Aïn Sefra. Il ressort donc que les militants activaient en dehors de leur région d’origine, ce qui met en évidence le caractère clandestin de l’action de l’organisation. Les autorités d’occupation ne découvriront son existence qu’en 1950, suite à l’arrestation de certains de ses membres. Pour sa part, le défunt Aït Ahmed avait réussi à échapper au coup de filet et rejoint l’étranger avec l’aide du Chahid Mustapha Ben Boulaïd, qui lui a obtenu de faux papiers d’identité. Après ces faits, la direction du parti s’était réunie et décida du gel de l’action de l’OS et sa réorganisation. Décision que le Chahid Mustapha Ben Boulaïd rejeta catégoriquement, au motif que l’organisation avait obtenu des résultats positifs et pu atteindre un bon niveau en matiére d’organisation tout comme elle avait réussi à obtenir des armes acheminées à dos de chameau depuis la Libye à travers le sud algérien jusqu’à la région des Aurès. Nombre de militants ont tenté avec insistance de convaincre Ben Boulaïd de revenir sur sa décision, mais ce dernier a fermement refusé de geler les activités de l’organisation. La poursuite de l’action de l’OS a fait que les principaux responsables militants se sont réfugiés dans d’autres régions pour échapper à la chasse des autorités d’occupation, suite à la découverte de l’OS, à l’exemple du Chahid Zighoud Youcef, Abdallah Ben Tobbal, Ammar Benaouda et Rabah Bitat, Dieu les bénisse tous. A la suite de la scission au sein du parti entre les messalistes et les centralistes, Mustapha Ben Boulaïd a décidé, le 23 mars 1954, avec un groupe de militants de l’OS, la création d’une nouvelle organisation ayant pour objectif l’unification des rangs dans la perspective de l’action armée. C’est la naissance du Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action (Crua) qui, à la suite de l’échec de sa tentative de réconcilier les deux parties en conflit, décida d’organiser la réunion du Groupe des 22, tous membres de l’OS. Dans la réalité, le nombre des militants devant participer à la réunion était bien supérieur, du fait que nombreux de ceux qui activent à travers le territoire national n’ont pu effectuer le déplacement, en raison des mesures strictes appliquées par l’administration coloniale. L’objectif de la réunion du Groupe des 22, présidée par le Chahid Mustafa Ben Boulaïd, le 26 juin 1954, était de faire le point sur la situation. Après discussions, un comité a été créé pour réfléchir aux mesures à prendre par la suite. Depuis lors, et jusqu’au 26 octobre 1954, selon les données que j’ai en ma possession, le Groupe des 22 était à la recherche d’une personnalité charismatique, connue du peuple, pour diriger la phase suivante. Ils ont pensé à Messali Hadj auquel Ben Boulaïd a rendu visite en Belgique, en juillet de la même année, du fait que ce dernier avait les moyens d’effectuer ce voyage, outre le fait qu’il était membre du Comité central du Parti. L’offre faite par Ben Boulaïd à Messali de diriger le groupe qui aura la charge de déclencher la Révolution a été rejetée par ce dernier qui a affirmé que la primauté de prendre une décision aussi cruciale lui revenait de droit. Suite à cette fin de non-recevoir, le Chahid Mustapha Ben Boulaïd se rend à Paris où il rencontre quelques militants responsables, comme Ahmed Nouaoura et Ammar Belagoune, auxquels il demandera de cesser de verser les cotisations mensuelles au parti de Messali Hadj et de se préparer à rentrer au pays pour contribuer au déclenchement de la Révolution, ce qui sera le cas. Ben Boulaïd s’est également rendu à Tripoli où il a rencontré le défunt Ahmed Ben Bella pour se concerter sur la question du ravitaillement en armes. Ils se sont ensuite déplacés au Caire où ils ont rencontré le président égyptien Djamal Abdel Nasser qu’ils ont informé des préparatifs en cours pour le déclenchement de la Révolution et sollicité pour qu’il leur fournisse des armes et facilite leur entrée en Algérie. D’autre part, à son retour au pays, Ben Boulaïd a pris attache avec le Dr Lamine Debaghine, personnalité bien connue, qui a rejeté l’idée du déclenchement de la Révolution. Alors, Ben Boulaïd a décidé de l’option de la direction collégiale avec Larbi Ben M’hidi, Rabah Bitat, Mohamed Boudiaf et Didouche Mourad, tout en mettant l’accent sur le fait qu’elle ne saurait se faire sans la présence en leur sein d’un représentant de la région de Kabylie. C’est ainsi qu’ils ont pris contact avec Krim Belkacem et son adjoint Ammar Ouamrane, les invitant à prendre part à cette décision historique. Ce qui se fit facilement du fait que les contacts entre Ben Boulaïd et Krim Belkacem n’avaient jamais été interrompus. Après s’être mis d’accord sur tous les détails, les membres du Groupe des Six ont veillé à la rédaction de la proclamation du 1er Novembre afin de préserver la confidentialité. Il s’agissait de dirigeants imprégnés des valeurs portées par le mouvement national, d’un haut niveau culturel. En outre, l’intérêt suprême a fait qu’ils ont renoncé à leurs appartenances (sensibilités idéologiques) pour rédiger un appel invitant les algériennes et les Algériens, toutes catégories et tendances confondues, à rejoindre la Révolution à titre individuel et non en tant qu’organisations ou partis. Toutes et tous devaient se fondre dans un seul mouvement ayant pour objectif l’indépendance nationale, à savoir le Front de libération nationale, qui a rassemblé tout le monde sous un slogan d’une grande portée stratégique, à savoir «la Révolution par le peuple et pour le peuple», un slogan qui est resté en usage jusqu’à l’étape post-indépendance. Par la suite, la Révolution est entrée dans la phase organisationnelle avec le découpage du territoire en cinq zones et à la désignation des responsables de chacune d’elles. La Révolution a touché l’ensemble du territoire national. Mustafa Ben Boulaïd a ainsi dirigé la Révolution dans la région des Aurès, Krim Belkacem en Kabylie, Rabah Bitat, dans la région Centre, Ben M’hidi, dans la région Ouest et Didouche Mourad à l’Est. Le défunt Mohamed Boudiaf a été chargé de la coordination entre l’intérieur et l’extérieur. Muni de la proclamation du 1er Novembre, il s’est rendu au Caire où il a rejoint Ahmed Ben Bella, Aït Ahmed et Khider afin qu’elle soit diffusée par la Radio «Sawt El Arab».

    l Il était nécessaire que l’armée qui a participé à la libération du pays, immédiatement après l’accession à l’indépendance nationale, de s’engager dans une autre étape, celle de l’édification d’une armée au diapason des aspirations du peuple. A cet égard, quelles étaient les circonstances qui ont présidé à la conversion de l’ALN en Armée nationale populaire ?

    l Les autorités coloniales avaient mis sur pied ce qu’elles ont appelé la «force locale», composée d’officiers et de soldats qui avaient servi dans l’armée française,dotés d’armes dans toutes les wilayas avec à la tête de ces wilaya un ancien officier de l’armée française. Le ministre des forces armées de l’époque Piére Messmer avait déclaré que cette force locale constituera le noyau dur de l’armée algérienne après l’indépendance, ajoutant que les unités de l’ALN aux frontières ne seraient autorisées à rentrer au pays qu’à l’issue du référendum et après équipement de la force locale. De même, dès leur retour, les éléments de l’ALN seraient soumis au choix d’intégrer la force locale ou de bénéficier d’une somme d’argent et retourner à la vie civile. Dans le même temps, après le cessez-le-feu, une réunion a eu lieu en Tunisie, regroupant le président du Gouvernement provisoire de la République algérienne, Benyoucef Ben Khedda, et l’ancien président tunisien, Habib Bourguiba. Dans sa déclaration, ce dernier avait affirmé que le pouvoir ne pouvait être l’émanation des chars pendant que Ben Khedda annonçait la dissolution de l’étatmajor général. Mais ce qui s’est passé par la suite, c’est que l’ALN avait franchi la frontière. Une réunion a eu lieu à Bou Saâda, regroupant des responsables des Wilayas I, VI et V ainsi que le Commandement de l’état-major général, au cours de laquelle il a été question du changement de l’appellation de l’Armée de libération nationale. Il faut aussi savoir que lors de la réunion de Tripoli, il avait été décidé de la reconversion de l’Armée de libération nationale et, après des discussions approfondies, il a été unanimement reconnu que cette armée, qui puise ses racines du peuple, devait rester liée au peuple et à la patrie. A ce titre, ils se sont entendus pour lui donner le nom d’Armée nationale populaire. Cet attachement nous le vivons et le ressentons aujourd’hui dans le lien étroit existant entre le peuple et l’armée. Pour ma part, j’ajoute toujours : «L’Armée nationale populaire, digne et méritante héritière de l’Armée de libération nationale». Lorsque nous faisons le lien entre tout ce que nous avons mentionné et rappelons les étapes franchies par notre pays, nous pouvons considérer que la phase d’édification de l’Etat s’est étendue de 1967 à 1977, que le défunt président Houari Boumediene l’avait qualifiée à l’époque d’étape du retour à la base, depuis la commune jusqu’à la Constitution, en passant par la Charte nationale, tout comme il a été procédé à l’élection de l’Assemblée populaire nationale, suite à la dissolution du précédent Parlement Le pays a connu une autre phase sous la direction du président Chadli Bendjedid, de même, notre peuple a eu à faire face au terrorisme barbare une décennie durant, seul, sans l’aide de personne. Mais grâce à Dieu et à la résistance de notre peuple, à la détermination et aux sacrifices des hommes et femmes des différents corps de sécurité, à leur tête l’Armée nationale populaire, digne et méritante héritière de l’Armée de libération nationale, nous avons vaincu le terrorisme et ses résidus. Ensuite, il y eut la période du président Bouteflika qui a duré 20 ans. Durant ce temps, le pays a connu des déviations et des dépassements destructeurs à tous les niveaux, ce qui a conduit le peuple à sortir pour protester et exprimer son rejet de ces pratiques dans des manifestations pacifiques, civilisées. Tout au long de ces manifestations, l’armée s’est tenue aux côtés du peuple, préservant ainsi leur caractère pacifique. Il en est pour preuve que pas une goutte de sang n’a été versée. Il est curieux que certains négligent étrangement cette particularité très importante et à travers elle la position historique de l’ANP, digne et méritante héritière de l’ALN … Au regard de tout ce que nous venons d’évoquer, je ne cesserai jamais de dire et de rappeler que la contribution de l’ANP a toujours fait éviter à notre pays de se faire entraîner vers des lendemains incertains. Par ailleurs, ce que nous devons souligner est que notre pays a traversé une période difficile qu’il a finalement surmontée avec l’organisation d’élections présidentielles intègres et démocratiques, de l’avis même des candidats. Des éléctions qui ont permis d’entrer dans la légitimité démocratique. Ainsi, le Président a élaboré un programme visant le changement et fixé des objectifs à atteindre progressivement. Il est vrai que ce programme a pris quelque retard du fait de circonstances objectives caractérisées essentiellement par la propagation de la pandémie du coronavirus, sans pour autant que son application ne soit interrompue. Après les élection présidentielle, le président de la République a décidé de l’organisation d’un référendum portant révision de la Constitution aprés son enréchissement. Une révision qu’il a voulue consensuelle. Personnellement J’ai retrouvé dans cette Constitution certains avis que j’avais soumis. Ma lecture est que cette constitution concrétise réellement la devise «par le peuple et pour le peuple». Ce que je trouve de plus important à signaler à ce propos est la poursuite du processus d’édification des institutions de l’Etat, un Etat où tout le monde trouvra sa voie, et qui soit sous forme d’une grande maison abritant tout le monde quels que soient leurs différends. Il nous appartient bien sûr de faire la différence entre l’Etat et le gouvernement. Ce dernier change selon les aspirations et la volonté du peuple, car l’Etat a vocation d’être pérenne. Telle est la finalité des réformes engagées par Monsieur le président de la République qui, comme attendu, vient de décider la dissolution de l’Assemblée populaire nationale, dans le but d’aller vers des élections législatives où la parole sera donnée au peuple pour que se concrétise le changement politique dans le pays. Partant de là, quiconque est porteur d’un programme qui peut contribuer à servir la nation et qui bénéficie de la confiance du peuple, aura toute la latitude d’œuvrer pour le bien et l’intérêt de la patrie. A ce titre, le président de la République avait précédemment affirmé que même si dans le cas où à l’issue de ces élections législatives, celle-ci aura l’occasion de constituer le gouvernement conformément aux nouvelles dispositions consacrées par la dernière révision constitutionnelle, à l’initiative du président de la République, M Abdelmadjid Tebboune. Ce qui constitue le summum de la démocratie et sa consécration. Que peut-il y avoir de plus que cette démocratie participative fondée sur notre glorieux legs novembriste ?

    En tant que Moudjahid de la première heure, quel est votre point de vue sur le dossier de la mémoire et quels sont les fondements sur lesquels doit reposer le dialogue sur ce volet avec la partie française ?

    S’agissant de la question de la mémoire, il faut souligner que la feuille de route pour un dialogue sur cette question doit se faire avec l’Etat français, indépendamment des personnes ou des présidents. Il est important de noter que lorsque nous avons combattu la France, nous avions fait la distinction entre le colonialisme français et le peuple français. Notre Révolution a été menée contre le colonialisme et jamais contre le peuple. Aussi, l’écriture de l’histoire, en partant de ce postulat, montre que tout comme elle a libéré l’Algérie, notre Révolution a également libéré le peuple français. Comment? Durant cette période, la France a vu passer six gouvernements dirigés par des personnalités françaises connues, comme Edgar Faure, Guy Mollet, Charles de Gaulle… Ces gouvernements sont tombés l’un après l’autre du fait de la pression exercée par la Révolution libératrice, et puis ce fut la chute de la IVe République qui ramena au pouvoir le général De Gaulle, suite à un coup d’Etat mené par les colons en Algérie, avec l’aide d’officiers de l’armée. Par la suite, le général De Gaulle, avec le général Challe, a tenté d’étouffer la Révolution libératrice par le lancement d’un plan opérationnel qui a nécessité la mobilisation de tous les moyens humains et matériels. Parallèlement, il a tenté quelques réformes politiques et économiques, à travers notamment le plan de Constantine et l’organisation de simulacres d’élections municipales dans le but de constituer une troisième force d’Algériens comme interlocuteurs pour négocier le sort de l’Algérie. Puis, lors d’une conférence de presse tenue en 1958, il a suggéré l’idée d’une «Paix des braves». Alors que jusque-là, la France coloniale qualifiait les révolutionnaires de «hors-la-loi», de «Fellagha», voilà qu’à ses yeux, ils devenaient des braves qu’il invite à négocier. L’échec de cette stratégie poussa De Gaulle à penser au devenir de la France et au choix entre la perte d’une colonie ou celle de son pays. La France était à l’époque, un des pays européens les plus faibles économiquement, d’où l’idée de procéder à des essais nucléaires en Algérie dans une tentative de redorer le blason de la France et de restaurer son prestige en Europe et dans le monde. Mais la pression permanente de la Révolution finira par le contraindre à s’asseoir autour d’une table qui conduira aux négociations d’Evian. L’analyse de toutes ces phases montre que l’Algérie a libéré le peuple français car sans la Révolution libératrice, tous ces développements n’auraient pas eu lieu en France. Ainsi, en comparant ce contexte historique avec ce qui se passe actuellement suite à la présentation au président français du dossier de la mémoire par l’historien Benjamin Stora, nous dirons que ce rapport traite une question francofrançaise qui ne nous concerne pas. Cependant, si j’avais à formuler mes remarques personnelles sur ce rapport, en tant que moudjahid ayant participé à la Révolution, je dirais que la France veut encore gérer le dossier de la mémoire avec l’idée de la «paix des braves», comme avait tenté de le faire le général De Gaulle avec les révolutionnaires. Ainsi, le dossier de la mémoire aujourd’hui est voué à connaître le même sort que la stratégie du général De Gaulle durant la Révolution, à savoir l’échec. D’autre part, le rapport Stora a abordé la période 1954 – 1962, alors que, comme je l’ai mentionné précédemment, parler d’histoire et de mémoire doit commencer du tout début, car les étapes de l’histoire nationale sont indissociables les unes des autres. L’histoire est un processus permanent qui ne saurait être compartimenté en des épisodes, tout comme ne pourrait l’être la période d’occupation coloniale de 1830 au 5 Juillet 1962.

    Un des principes immuables de l’Algérie est la non-ingérence dans les affaires internes des Etats et le soutien du droit des peuples opprimés à l’autodétermination. Quel est votre commentaire au regard des questions palestinienne et sahraouie ?

    Par principe, l’Algérie n’a jamais cherché à s’ingérer dans les affaires internes d’autres pays, aussi nous n’acceptons donc jamais que d’autres s’immiscent dans nos affaires intérieures. Une partie de ces principes que je viens d’évoquer constitue l’essence de l’orientation et de la doctrine algérienne et il est important de se rappeler qu’elle se cristallise conformément aux principes fondateurs de notre politique étrangère. Celle-ci se traduit par le renforcement du respect de la légalité internationale, le dialogue et la concertation entre l’ensemble des parties concernées pour le règlement pacifique des conflits. De même pour notre pays, il est nécessaire d’organiser les relations internationales dans le cadre du respect des principes et dispositions du droit international, s’agissant particulièrement du respect mutuel, la non-ingérence dans les affaires internes, le respect de la souveraineté nationale des Etats et de leur indépendance. Telle est la voie que nous suivons à titre d’exemple et non exhaustif dans le cas libyen, la région du Sahel etc. S’agissant de la question palestinienne, Monsieur le président de la République a réaffirmé la position immuable de notre pays à son égard. Quand à la question du Sahara occidental, il s’agit d’une question de décolonisation de la dernière colonie sur le continent Africain et du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, un principe pour lequel nous avons combattu jusqu’à ce que notre pays arrache son indépendance et recouvre sa souveraineté. Le dossier du Sahara occidental est posé au niveau de l’organisation onusienne. Il concerne un peuple qui cherche à exercer son droit à l’autodétermination. Ainsi, il importe que les décisions de la légalité internationale préconisant l’organisation d’un référendum par lequel le peuple sahraoui pourra exercer son libre choix, soient appliquées. Un peuple qui a eu longtemps à endurer l’occupation espagnole puis marocaine actuelle. Ici, nous devons faire la distinction entre le peuple marocain frère et le régime d’occupation du Makhzen. Tout comme l’Algérie avait refusé l’occupation française dans sa totalité, l’a combattu et payé le plus lourd des tributs pour la liberté et le recouvrement de la souveraineté nationale, elle rejette tout autant l’occupation par le Maroc du Sahara occidental et toutes les formes d’occupation. D’autre part, comme tout le monde le sait, l’Algérie n’est pas partie au conflit qui oppose la République arabe sahraouie démocratique et le royaume marocain. Un conflit qui doit trouver sa solution sous l’égide de l’ONU, à travers la désignation urgente d’un envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies, chargé de relancer le processus de règlement du conflit et d’organiser le référendum afin de permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit imprescriptible à l’autodétermination.

    Quel message pouvez-vous adresser au peuple algérien à propos des campagnes agressives flagrantes menées par certaines parties ? Et comment faire face aux complots ourdis contre notre pays ?

    La vérité que tout le monde devrait prendre en compte est que les ennemis de l’Algérie, à l’intérieur comme à l’étranger, n’apprécient guère que l’Algérie soit forte et debout. Il est clair qu’ils visent l’Armée nationale populaire parce que c’est l’épine dorsale de l’Etat, tout comme ils ne veulent pas que l’Algérie soit un Etat démocratique. La démocratie véritable qui confère une immunité à l’Etat et qui barre la route à l’ingérence d’autrui dans nos affaires internes, leur fait peur. Les Algériens qui ont donné le meilleur des exemples en matière de lutte et de sacrifices durant la Révolution et qui ont pris des décisions vitales durant le processus d’édification de l’Etat, y compris la nationalisation des hydrocarbures (dont nous venons de célébrer le cinquantenaire), saura faire face et relever tous les défis. Ici, il me revient à l’esprit la visite effectuée en 1969 par le défunt roi d’Arabie saoudite, Fayçal. A l’époque, j’étais Mouhafedh à Annaba qui chapeautait nombre d’autres wilayas actuelles. Une visite au complexe d’El Hadjar avait été programmée où je l’avais accueilli, accompagné du secrétaire général de la wilaya. A la fin de la visite, nous lui avons présenté le Livre d’or pour qu’il le signe. Il écrivit «Au nom de Dieu Clément et Miséricordieux» puis s’arrêta et dit : «Je remercie Dieu de m’avoir accordé le temps pour que je puisse visiter l’Algérie indépendante ainsi qu’une des nombreuses réalisations édifiées par l’Algérie indépendante.» Après un bref silence, il ajouta : «En 1956, j’étais ministre des Affaires étrangères de mon pays, j’avais effectué une visite en France. A l’époque, mon homologue français était Robert Schumann. A l’issue de la visite et avant de quitter Paris, je lui avais exprimé mon désir de visiter de nouveau la France mais après l’indépendance de l’Algérie.». Il a ajouté : «Au regard des sacrifices consentis par le peuple algérien durant la Révolution libératrice, il est de son droit d’opter pour la doctrine de son choix, fusse-t-elle le communisme…». Il a également remarqué que de nombreuses mosquées avaient été construites et celles en voie de l’être sur tout le territoire algérien après quelques années seulement d’indépendance et il conclut en disant que telle était sa vision de l’Algérie. A travers cet exemple, j’ai voulu inviter les Algériens à revenir à l’histoire et à s’en inspirer, qu’ils aient conscience de la grandeur de l’Algérie, de sa place et de son rôle dans le monde arabe et en Afrique. L’Algérie est un pays aux positions immuables et profondément enracinées, et nous ne devons pas oublier que ses relations avec les Etats-Unis d’Amérique se sont détériorées et ont été rompues pour une période, du fait de la cause palestinienne, et Washington avait compris notre position, néaumoins, le pragmatisme a prévalu et relations économiques ont évolué entre nos deux pays par rapport à ce qu’elles étaient par le passé. Telle est l’Algérie pour laquelle nous nous battons encore et dont nous œuvrons à transmettre les positions aux générations futures afin qu’elles réalisent la place qu’occupe leur pays dans le concert des nations et la place du peuple algérien parmi les peuples du monde. En général, en de telles circonstances, il importe de renforcer et de consolider le front interne afin de faire face à toute forme de menaces, de complots et de manœuvres… Quand a ce qui a trait à ceux qui auront à assumer des responsabilités à tous les échelons, ce sera conformément aux fondements de la démocratie et selon ce que décide le peuple. En vérité, les complots ourdis contre l’Algérie ne datent pas d’aujourd’hui, à cette différence près qu’ils sont désormais ouvertement affirmés. Ils sont nourris par de multiples parties et cercles qui voudraient clairement faire de l’Algérie un pays quelconque, alors que l’Algérie avec sa longue et honorable histoire, son peuple fier, ne peut être qu’un grand pays, traitant avec les Etats d’égal à égal. Ainsi, je dirais qu’il nous incombe à tous d’œuvrer ensemble afin de concrétiser l’objectif commun, celui de l’édification de la nouvelle Algérie, stable et prospère, conformément aux aspirations du peuple et par fidélité aux sacrifices consentis par nos valeureux Chouhada. Nous œuvrons à le concrétiser étape par étape, sous la direction du président de la République. En conclusion, je voudrais insister sur la question du renforcement et la consolidation du front interne ainsi que l’unification des rangs qui nous permettra inévitablement de relever tous les défis et enjeux. Les ennemis de l’Algérie sont désormais connus et tentent vainement de polluer le climat à travers des voix installées à l’étranger, qui s’attaquent à notre pays au nom de la liberté d’expression. là, il faut faire la distinction entre liberté d’expression et liberté de s’adonner à des pitreries… C’est au nom de cette liberté qu’ils diffusent des informations fausses et tendancieuses, auxquelles on ne saurait faire face que par l’unification des rangs, l’action constante, davantage de vigilance et de perspicacité. Vive l’Algérie libre et indépendante, gloire et éternité aux Chouhada.

    El Djeich nº 692, mars 2021

    Tags : Algérie, Mémoire, Maroc, Sahara Occidental, FLN, 1er novembre, guerre de libération, colonisation,

  • Macron ouvre l’accès aux archives de la Guerre d’Algérie

    Archives classifiées de plus de cinquante ans : Emmanuel Macron ouvre l’accès

    Le président français Emmanuel Macron a décidé d’ouvrir l’accès aux archives classifiées de plus de cinquante ans en prenant la décision de permettre aux services d’archives de procéder dès demain ( mercredi 10 mars aux déclassifications des documents couverts par le secret défense selon le procédé dit de « démarquage au carton » jusqu’aux dossiers de l’année 1970 incluse » indique un communiqué aujourd’hui de l’Elysée qui précise par ailleurs que « cette décision sera de nature à écourter sensiblement le délais d’attente liés à la procédure de déclassification s’agissant notamment des documents relatifs à la guerre d’Algérie »

    Et pour se faire dans les délais respectables et permettre aux universitaires et autres chercheurs d’y puiser pour les besoins de leurs travaux, le même communiqué ajoute que « le gouvernement a engagé sur demande du président de la République, un travail législatif d’ajustement du point de cohérence entre le code du patrimoine et le code pénal pour faciliter l’action des chercheurs » est-il indiqué.

    Pour l’Elysée « il s’agit de renforcer la communicabilité des pièces sans compromettre la sécurité et la défense nationale » En conclusion le communiqué de l’Elysée précise que « l’objectif est que ce travail entrepris par et avec les experts de tous les ministères concernées aboutisse avant l’été 2021 ».

    Ferhat Zafane

    La Patrie News, 9 mars 2021

    Tags : Algérie, France, Archives, mémoire, colonisation,


  • France-Algérie : Les exigences de la réconciliation mémorielle

    La réhabilitation posthume du militant nationaliste Ali Boumendjel, arrêté en pleine Bataille d’Alger et exécuté par l’armée française, constitue un nouveau chapitre dans l’histoire de la colonisation. Plus qu’un «acte isolé», comme l’affirme l’Elysée dans un communiqué, la quête mémorielle procède de gestes à forte charge symbolique préconisés par l’historien Benjamin Stora, recommandant une politique des «petits pas».

    La reconnaissance de l’assassinat de Maurice Audin et le rapatriement des 24 restes mortuaires de chouhada représentent indéniablement des progrès qui en appellent d’autres dans la voie de la réconciliation mémorielle initiée par le président Macron et le président Abdelmadjid Tebboune. La démarche louable et porteuse d’une dynamique de rapprochement entend tourner des décennies d’amnésie et d’occultation imposées par les tenants du négationnisme et des nostalgiques d’un passé à jamais révolu. Il suffit seulement de relever la levée de boucliers subie par le président Macron, qualifiant le colonialisme de «crime contre l’humanité» et levant le voile sur la torture et les exécutions sommaires pratiquées par l’armée coloniale.

    A trois semaines d’intervalle, l’exécution de Larbi Ben M’hidi (4 mars 1957) et l’assassinat d’Ali Boumendjel (23 mars 1957) par le même bourreau, le tristement tortionnaire «commandant O», Paul Aussaresses, renseignent sur le mensonge d’Etat longtemps entretenu. Le temps de la vérité historique a sonné.

    En socle de la nouvelle Algérie, la question de la mémoire, en fondement de l’identité nationale, est «un devoir sacré» proclamé par le président de la République engagé à rapatrier tous les restes de chouhada, à récupérer les archives et traiter avec toute la rigueur voulue la question de l’indemnisation des victimes de l’explosion nucléaire au Sahara et de la décontamination des zones irradiées. La mise en place d’une chaîne spécialisée en histoire et l’institution de la Journée nationale de la mémoire, célébrée le 8 mai, indiquent clairement le sens d’un engagement qui n’est pas le fait d’une «quelconque tendance conjoncturelle».

    Au cours de la dernière rencontre avec des responsables de médias nationaux, le président de la République a appelé à faire preuve de discernement et de sérénité dans le traitement de cette question sensible, relevant que les «bonnes relations» entretenues avec la France d’Emmanuel Macron ne sauraient toutefois se faire au détriment de notre histoire. «Nous ne renoncerons jamais à notre mémoire qui ne peut faire l’objet d’aucun marchandage», a-t-il souligné. La réconciliation en marche reste tributaire de la manifestation de la vérité et, comme le montrent les «petits pas» accomplis jusque-là, de la reconnaissance pleine et entière de la responsabilité de l’Etat français dans les crimes coloniaux.

    Horizons, 6 mars 2021

    Tags : Algérie, Abdelmajid Tebboune, France, Mémoire, Colonisation,

  • The Indian Express : Pourquoi la France a reconnu avoir tué un combattant de la liberté algérien 6 décennies après

    Source : The Indian Express, 7 mars 2021

    La reconnaissance par le président français Macron de la torture et de la mort de Boumendjel aux mains des soldats français est considérée comme un pas vers la guérison de vieilles blessures.

    Dans un effort visant à améliorer ses relations avec l’ancienne colonie algérienne, la France a admis que ses soldats ont torturé et tué l’avocat et combattant de la liberté algérien Ali Boumendjel, dont la mort en 1957 avait jusqu’à présent été couverte comme un suicide.

    Mardi, le président Emmanuel Macron a déclaré aux petits-enfants de Boumendjel : « [Il] ne s’est pas suicidé. Il a été torturé puis tué ».

    Qui était Ali Boumendjel ?

    Agé de 37 ans au moment de sa mort, Boumendjel était un nationaliste et un militant de l’indépendance algérien lorsque le pays d’Afrique du Nord était sous la domination coloniale française. Opposant actif au colonialisme français, Boumendjel a servi d’intermédiaire entre les modérés et les révolutionnaires luttant pour la liberté du pays.


    En 1957, les troupes françaises l’ont détenu et placé à l’isolement pendant la bataille d’Alger, dans le cadre de la guerre d’indépendance algérienne qui a duré huit ans. Pour faire passer sa mort pour un suicide, Boumendjel a été jeté du sixième étage d’un immeuble après avoir été tué.

    Ce conflit sanglant, marqué par la torture, les morts en détention et les disparitions forcées, a duré jusqu’en 1962, et a pris fin avec lui 132 ans de domination française.

    Au fil des ans, plusieurs organisations en France et en Algérie ont réclamé la découverte de la vérité sur la mort de Boumendjel.

    Paul Aussaresses, le chef des services de renseignements français en Algérie pendant la guerre d’indépendance, a avoué en 2001 qu’il avait ordonné l’assassinat de plusieurs prisonniers algériens, dont Boumendjel.

    Ce que la France a dit

    La France a eu une relation compliquée avec l’Algérie. Bien que des personnes ayant des liens avec le pays vivent en France (y compris les descendants d’anciens colons), la réticence de l’ancienne puissance impériale à admettre les atrocités qu’elle a commises pendant la période coloniale a longtemps jeté une ombre sur les relations bilatérales avec l’Algérie, ainsi que sur les relations avec sa propre grande communauté musulmane.

    Les deux pays sont également en désaccord sur le nombre d’Algériens qui ont été tués pendant la lutte pour l’indépendance. Selon les historiens français, environ 4 lakh algériens sont morts pendant la guerre, alors que le gouvernement algérien a affirmé que le nombre était supérieur à 10 lakh, selon la BBC. Pendant des années, le conflit a été désigné avec dédain en France comme les « événements algériens ».

    La reconnaissance par le président français Macron de la torture et de la mort de Boumendjel aux mains des soldats français est considérée comme un pas vers la guérison de vieilles blessures. Dans une déclaration, Macron a déclaré : « Au cœur de la bataille d’Alger, [Boumendjel] a été arrêté par l’armée française, placé à l’isolement, torturé, puis assassiné le 23 mars 1957 ». S’adressant aux petits-enfants de Boumendjel, Macron a déclaré que l’aveu avait été fait « au nom de la France ».

    Macron a également précisé que le cas de Boumendjel ne serait pas le seul qui serait réexaminé. « Aucun crime, aucune atrocité commis par quiconque pendant la guerre d’Algérie ne peut être excusé ou dissimulé », peut-on lire dans la déclaration de son bureau.

    Importance de la reconnaissance

    L’Algérie, qui célèbre l’année prochaine les soixante ans de son indépendance vis-à-vis de la France, s’est félicitée de cette admission. Elle a déclaré jeudi que « l’Algérie note avec satisfaction l’annonce par le président français Emmanuel Macron de sa décision d’honorer le combattant et martyr Ali Boumendjel », a rapporté l’AFP.

    En 2018, Macron avait admis que la France avait créé un « système » pour pratiquer la torture pendant la guerre, et avait également reconnu que le mathématicien français et militant communiste indépendantiste Maurice Audin avait été assassiné en Algérie. Lors de sa campagne électorale de 2017, Macron avait qualifié la colonisation française de l’Algérie de « crime contre l’humanité » et les actions françaises de « véritablement barbares ».

    Pourquoi certains sont encore mécontents

    Bien que Macron ait reçu des éloges pour ses efforts en vue de rétablir les relations entre la France et l’Algérie, certains lui ont reproché de refuser de présenter des excuses officielles pour les atrocités commises pendant le conflit.

    En janvier, Macron a déclaré qu’il n’y aurait « ni repentance ni excuses » mais des « actes symboliques », comme la formation d’une « commission de vérité » qui étudiera la guerre. Le rapport du gouvernement français qui a recommandé la création d’une telle commission a été critiqué par l’Algérie, qui l’a qualifiée de « non objective » et de « inférieure aux attentes ».

    Tags : Algérie, France, Mémoire, colonisation,


  • Algérie-France : Macron en Delacroix…de circonstances

    par Madjid Khelassi

    Le président français Emmanuel Macron a reçu, ce mardi, quatre des petits enfants d’Ali Boumendjel pour leur dire, au nom de la France, que « l’avocat et dirigeant nationaliste algérien ne s’est pas suicidé, mais qu’il a été torturé puis assassiné par l’armée française».

    Effets d’annonces ou réelle démarche pour lever le voile sur les crimes de la France coloniale particulièrement lors de la bataille d’Alger?

    L’intention se mesurera à l’action. La bataille d’Alger et ses 3000 civils algériens disparus à ce jour, constituent un nœud gordien dans le travail , si travail il y’a, sur l’apaisement des mémoires.

    Ali Boumendjel ,brillant sujet algérien (dixit la terminologie coloniale), s’engagea très tôt dans le combat pour l’indépendance de son pays. Avocat, humaniste, il dénonça vite l’injustice d’un système colonial exploiteur,raciste, exterminateur et arrogant .

    Arrêté pendant la bataille d’Alger, il fut torturé puis assassiné le 23 mars 1957.

    Le général Paul Aussaresses , avouera plus tard, avoir ordonné son assassinat et le maquillage du crime en suicide.

    Des horreurs de la longue nuit coloniale, à la reconnaissance de l’assassinat de Boumendjel …il y’a un petit pas de franchi côté français. Mais il en faudrait beaucoup d’autres pour dire la barbarie civilisatrice française.

    Faut- il se féliciter de cette sortie Macronienne, ou doit-on raison garder, car Macron fonctionne toujours à double hélice ? Cette fois-ci, c’est un mouvement centrifuge qui lorgne vers l’horizon 2022. Et un mouvement centripète qui drague l’électorat binational, fort de plus de 2 millions d’âmes.

    Emmanuel Macron, ou quand l’histoire de la guerre d’Algérie s’invite quand il veut bien, dans la vie politique française. Sauf que la guerre d’Algérie ne pourrait obéir à l’ordre des phrases ou des postures. C’est un dédale de couloirs encore obscurs, de monstruosités, où tout franchissement de miroirs, par le biais d’agendas ou d’arrières pensées, est impossible.

    Il y’a 3000 Ali Boumendjel disparus pendant la bataille d’Alger…Toujours enfouis dans les archives du vrai grimé en faux.

    Macron s’essaye t-il en un Modigliani peignant la barbarie de la guerre d’Algérie avec une craie évanescente? Les couleurs pourpres de la barbarie coloniale, non encore estompées de l’autre côté de la Méditerranée, risquent de contrarier le tableau, au par à coup, d’un président qui joue aux Delacroix de circonstances.

    La Nation, 3 mars 2021

    Tags : Algérie, France, Mémoire, colonisation,

  • Algérie-France : Des relations en clair-obscur !

    par Abla Chérif

    L’image que renvoient les relations algéro-françaises semble empreinte d’un clair-obscur où l’indéfinissable prend souvent le dessus. L’amalgame ou l’ambiguïté chevauchent ou pressent parfois le pas devant des actions politiques ouvertes qui viennent tempérer une situation que l’on devinait tendue.

    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Le dernier évènement en provenance de Paris en est l’exemple type. Ce mardi, Emmanuel Macron reconnaissait ainsi «au nom de la France», que l’avocat et militant Ali Boumendjel avait été «torturé et assassiné» par l’armée française durant la guerre d’Algérie. Il en fait l’annonce devant les petits-enfants du martyr reçus à l’Élysée ce jour-là.
    La famille Boumendjel n’a eu de cesse de réclamer la vérité sur l’assassinat de l’avocat, maquillé en suicide. Dans un communiqué rendu public, la présidence française relate les circonstances de cet assassinat, précisant que «les faits se sont déroulés au cœur de la Bataille d’Alger, durant laquelle l’avocat fut arrêté par l’armée française, placé au secret, torturé, puis assassiné le 23 mars 1957 ».

    On rappelle aussi que «Paul Aussaresses, l’ancien responsable des services de renseignement à Alger, avait lui-même avoué avoir ordonné de tuer et de maquiller le crime en suicide». Macron promet de ne pas s’arrêter là dans les questions liées à la mémoire. « Ce n’est pas un acte isolé, aucun crime, aucune atrocité commise par quiconque pendant la guerre d’Algérie ne peut être excusé ni occulté », tient à préciser encore le communiqué de l’Élysée. La reconnaissance des tortures subies par Ali Boumendjel et de son assassinat est présentée comme étant un geste d’apaisement, recommandé par le rapport de l’historien français Benjamin Stora.

    Remis le 20 janvier dernier, le document censé apaiser les tensions autour de la mémoire a été vivement critiqué aussi bien en France qu’en Algérie, car ne préconisant pas d’excuses de Paris pour la colonisation. Un geste fort de Paris, à l’heure où une grosse polémique née de récents propos tenus par Emmanuel Macron bat son plein à Alger.

    Intervenant en février dernier lors d’une réunion du G5, le Président français a cité l’Algérie parmi les pays ayant fait part de leur engagement à prendre part à la Task Force Takouba, une force militaire contrôlée par les Français et destinée à renforcer la lutte antiterroriste qui se mène dans le Sahel.

    Le discours ne souffre aucune ambiguïté et ne peut, tel que prononcé, laisser penser un seul instant qu’une erreur de cette taille puisse être faite dans une communication d’un niveau aussi élevé.

    Habituée aux appels du pied et manœuvres d’expressions destinées à lui forcer la main en vue d’un engagement militaire au Sahel, Alger garde le silence. Les interprétations auxquelles les propos de Macron donnent lieu poussent, cependant, le ministère de la Défense à démentir de manière très ferme toute intention d’envoyer des troupes se joindre aux opérations qui se mènent au Sahel.

    Il tient particulièrement à « rassurer » l’opinion algérienne en faisant savoir que les soldats de l’ANP ne pouvaient obéir qu’à son commandement et au chef suprême de l’armée dans le respect strict de ses prérogatives constitutionnelles. La mise au point est cinglante.

    Lors d’une conférence de presse, le sujet est également abordé par le président de la République qui affirme qu’il « n’est pas question d’envoyer les enfants du peuple pour se sacrifier pour autrui, et que décision sera prise en cas de besoin de dissuasion ». Abdelmadjid Tebboune affirme cependant que les « relations algéro-françaises sont bonnes, en dépit de l’action de lobbys en France qui visent à les saper ».

    Quelques jours plus tard, un communiqué de l’ambassade de France à Alger vient nuancer les propos d’Emmanuel Macron. La chancellerie rectifie le tir en affirmant que le Président français se félicitait dans son discours de « l’engagement politique d’Alger lors de la réunion du comité de suivi de l’Accord d’Alger à Kidal ». Le texte se veut un démenti aux rumeurs qui circulent sur un sujet de grande sensibilité et dans un pays où le représentant de Paris (l’ambassadeur de France) a fait lui aussi l’objet d’une controverse ces dernières semaines. Très « visible » depuis son arrivée à Alger, François Gouyette est notamment critiqué pour avoir rencontré des représentants de formations politiques et de la société civile.

    Ce comportement qu’Alger n’a pas pour habitude de tolérer semble irriter, d’autant plus qu’il intervient dans une période sensible que traverse le pays. Le fait ne donne pas pour autant lieu à une réaction politique publique. L’élément contribue, toutefois, à entretenir l’existence d’un certain flou.

    Le Soir d’Algérie, 6 mars 2021

    Tags : France, Algérie, Mémoire, Colonisation,

  • Algérie : Rationalisation et pragmatisme

    C’est l’heure de la rationalisation des dépenses dans la nouvelle Algérie, soucieuse de mettre fin aux importations improductives et à la surfacturation aux conséquences désastreuses sur l’économie nationale. «De tels comportements doivent cesser», a déclaré le président de la République lors de sa rencontre avec les responsables de médias nationaux, tout en soulignant que la mise de fin de fonctions de l’ancien directeur général d’Air Algérie fait suite au non-respect des instructions portant sur la rationalisation des dépenses.

    «Certains n’ont pas compris que nous devons importer ce dont nous avons besoin», a précisé le chef de l’Etat. Des progrès significatifs ont été enregistrés. Un recul, de 6%, en 2019 et de 15% en 2020, de la facture des importations des produits céréaliers et laitiers a été observé. «Nous n’avons importé ni fruits ni légumes», a fait savoir Abdelmadjid Tebboune. Cette option stratégique est incontournable pour faire face à une situation qui, sans être inquiétante, n’en est pas moins rassurante.

    Malgré le poids de la pandémie, la baisse des réserves de change et des recettes pétrolières, l’Algérie, en mesure d’honorer tous ses engagements, avance à pas sûrs dans la voie des réformes pour jeter les bases d’une économie diversifiée et compétitive. Les signes de renouveau attestent du rebond du secteur agricole, dont les recettes (25 milliards de dollars) ont dépassé, pour la première fois depuis l’indépendance, celles du pétrole (24 milliards de dollars). Le cap sur l’investissement productif, national et étranger, et l’augmentation de la production est pris.

    L’Algérie nouvelle qui avance ambitionne, à la faveur des législatives et locales sans commune mesure avec le passé, de construire «une nouvelle société», permettant l’émergence de jeunes et de nouvelles compétences. En «force de frappe», connue et reconnue, elle reste fidèle à ses principes fondateurs, apportant un soutien indéfectible aux peuples en lutte pour leur indépendance, et à sa doctrine en faveur de la paix, de la réconciliation et de la stabilité dans la région et dans le monde, sans aucune ingérence dans les affaires d’autrui. Elle s’interdit, en conséquence, l’envoi de troupes au Sahel, contrairement aux rumeurs diffusées en France et en Espagne par les 89 sites de nos voisins.

    La campagne de déstabilisation tous azimuts, connue du président français, Emmanuel Macron, est le fait de ces milieux revanchards et des lobbies mobilisés pour saper les «bonnes relations» décomplexées et bénéfiques entre la nouvelle Algérie et la France engagée dans la voie du rapprochement et de l’apaisement. «Nous ne renoncerons jamais à notre mémoire qui ne peut faire l’objet de marchandage», a affirmé le président de la République, acquis à une démarche intelligente et sereine.

    Horizons, 2 mars 2021

    Tags : Algérie, France, Abdelmajid Tebboune, colonisation, mémoire,