Étiquette : Mémoire

  • 61 ans plus tard, les Algériens souffrent toujours de l’héritage atomique de la France

    Source : TRT World, 15 fév 2021 (traduction de l’anglais)

    Les experts estiment que le passé nucléaire de la France en Algérie ne doit plus rester enfoui dans le sable.

    Le 13 février 1960 au matin, la France a testé sa première bombe nucléaire appelée «Gerboise Bleue» (Blue Jerboa) dans la région de Tanezrouft, une partie du Sahara qui chevauche l’Algérie et le Mali, à environ 30 miles au sud de Reggane.

    Gerboise Bleue avait une capacité d’ explosion de 70 kilotonnes, soit plus de quatre fois la force de Little Boy, l’arme nucléaire américaine qui a été larguée sur Hiroshima à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    À l’époque, les autorités françaises affirmaient que les tests se déroulaient dans des zones inhabitées et désertes. Cependant, il a été révélé plus tard que des milliers de personnes vivaient sur les sites où la France testait ses armes nucléaires.

    Les Algériens vivant dans ces régions n’ont pas été correctement avertis après la campagne d’essais de bombes nucléaires mal gérée de Paris autour de la ville de Reggane en 1960, qui a vitrifié de vastes étendues de désert avec de la chaleur et du plutonium, laissant un héritage de radiations non confinées qui paralyse encore les habitants.

    Selon le ministère français de la Défense, le nombre d’Algériens touchés par les tests était de 27000 mais selon les chiffres fournis par un professeur algérien de physique nucléaire, Abdul Kadhim al Aboudi, le nombre de personnes qui y vivaient était de 60000.

    En l’espace de deux ans, de 1960 à 1962, la France testa quatre bombes au-dessus du sol à Tanezrouft. Les tests ont eu lieu même après l’indépendance de l’Algérie de la France en 1962, qui a été obtenue après une guerre révolutionnaire de huit ans qui a fait des centaines de milliers de morts. Malgré cela, les Français maintiennent toujours une présence militaire dans la région et testent 13 bombes nucléaires dans une installation souterraine sous les montagnes du Hoggar, à 643 km au sud-est de Reggane.

    De 1960 à 1967, Paris a réalisé 17 essais nucléaires atmosphériques et souterrains dans les régions de Reggane et du Hoggar. Neuf d’entre elles ont été menées après l’indépendance de l’Algérie.

    Selon les experts, près de 42 000 Algériens ont été tués et «des milliers irradiés» lors de ces tests particuliers menés par la France entre 1960 et 1967.

    Des estimations modestes suggèrent que depuis 1960, au moins 150 000 personnes ont vécu, près ou voyagé dans des régions où la France a testé ses armes atomiques.

    Les dégâts causés en Algérie ont commencé à se faire jour au milieu des années 90. Une organisation de citoyens a détecté des dommages physiologiques survenant souvent chez les résidents vivant à proximité du site d’essai ainsi que chez les nomades voyageant à travers le Sahara.

    Plusieurs rapports ont également révélé que le plutonium radioactif utilisé est responsable de niveaux élevés de cancer de la peau dans le sud de l’Algérie, parmi de nombreuses autres maladies.

    L’accord d’Evian

    En 1962, la guerre d’indépendance algérienne a pris fin, au moins sur le papier. Le document, simplement intitulé «Déclarations rédigées de commun accord», a été signé dans une ville de la rive française du lac Léman plus connue pour son eau en bouteille que pour son rôle dans l’histoire diplomatique: Evian-les-Bains.

    Connu sous le nom d’accords d’Evian, le règlement a appelé à un cessez-le-feu immédiat et a établi les paramètres de l’indépendance de l’Algérie.

    Cependant, conformément à une clause de l’accord, la France a été autorisée à poursuivre son programme d’essais jusqu’en 1967. Le gouvernement algérien sous la présidence de Chadli Bendjedid a secrètement autorisé la France à poursuivre ses essais sur le site B2-Namous de Reggane jusqu’en 1986 .

    Lorsque les Français ont finalement quitté l’Algérie, ils ont enterré une gamme d’objets contaminés dans les deux zones – du métal provenant de tours télécommandées qui ont activé les bombes, des pièces de moteur d’avions qui ont volé dans le champignon de Gerboise Bleue pour recueillir des données sur les radiations et des camions de qualité militaire. placé dans le rayon de l’explosion pour agir comme baromètres de sa puissance.

    En raison des vents sahariens dans la région, le sable recouvrant ces tombes de déchets nucléaires a été emporté. Les personnes vivant dans le sud de l’Algérie n’ont jamais été informées par la France des risques de radiation résiduelle et les gens ont commencé à utiliser des articles contaminés comme ressources.

    Bien que Paris ait été sévèrement critiqué pour son mépris des pratiques sûres de confinement nucléaire à la fois sur le plan interne et international, il est resté relativement silencieux sur la question.

    Un expert en énergie nucléaire algérien, Ammar Mansouri, qui avait précédemment décrit les essais comme «les crimes les plus méprisables perpétrés par la France coloniale en Algérie», demande maintenant à la France – qui a signé un traité rétroactif de l’Association internationale de l’énergie atomique sur la gestion des déchets radioactifs en 1997 – de faire face la loi internationale.

    Plus de six décennies après la réalisation de Gerboise Bleue, un rapport de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN) recommandait à la France d’aider l’Algérie au nettoyage des sites concernés.

    Selon le rapport ICAN : «Dès le début des essais nucléaires, la France a mis en place une politique d’enfouissement de tous les déchets dans le sable. Tout ce qui a pu être contaminé par la radioactivité a dû être enterré.

    Cela comprenait des avions, des chars et d’autres équipements. Pire encore, les matières radioactives ont été laissées à l’air libre, exposant ainsi la population et l’environnement à un danger assuré.

    Le rapport mentionnait également que, la France n’ayant été soumise à aucune obligation au titre des accords qu’elle a conclus avec l’Algérie, elle n’a jamais révélé la localisation ni la quantité des déchets enfouis.

    Le rapport disait: «Le passé nucléaire ne devrait plus rester enfoui profondément dans le sable.»

    Les séquelles toxiques de l’héritage atomique de la France

    Les résidents du sud de l’Algérie ont signalé l’étrange augmentation des problèmes médicaux apparus pour la première fois dans les années 1970 et persistants jusqu’à nos jours.

    Bébés nés avec des membres atrophiés; cancers du foie, de l’estomac et de la peau; et la cécité de ceux qui ont été témoins des éclairs nucléaires brutaux lorsque les bombes ont explosé . À Reggane, beaucoup étaient au milieu de leurs prières du matin (fajr) lorsqu’une détonation a eu lieu.

    Ceux qui ont survécu doivent faire face à des incidences plus élevées de cancer, de malformations congénitales et de mutations génétiques pendant des générations. Si les sources de rayonnement sont toujours là, de manière invisible, le danger demeure réel et présent parmi elles toutes.

    Plus d’un demi-siècle plus tard, la France n’a pas encore assumé l’entière responsabilité de son sombre héritage colonial en Algérie.

    Le mois dernier, Paris a annoncé qu’il n’y aurait pas d’excuses pour la colonisation et ses activités qui ont coûté la vie à des millions de personnes au cours de ses 132 ans d’occupation de l’Algérie.

    Tags : Algérie, France, Mémoire, colonisation, colonialisme, essais nucléaires,

  • Dans une tribune publiée dans le Quotidien d'Oran, Benjamin Stora répond aux critiques

    Dans une tribune publiée dans le Quotidien d’Oran, l’historien français, Benjamin Stora, estime que la France n’a pas à présenter d’excuses à l’Algérie, jugeant que « les discours d’excuses ne doivent pas être des mots prononcés un jour pour se débarrasser le lendemain d’un problème si profond. »

    L’historien répond aux reproches qui ont accueilli son rapport sur la « réconciliation des mémoires » entre Paris et Alger, défendant « une méthode qui privilégie l’éducation et la connaissance de l’autre », dans une tribune publiée lundi dans le Quotidien d’Oran.
    Benjamin Stora, qui a remis mercredi son rapport sur la colonisation et la guerre d’Algérie au président français Emmanuel Macron, a été très critiqué dans certains médias algériens, notamment pour ne pas avoir pris position en faveur d’ »excuses » de la France pour son passé colonial dans le pays.
    « J’ai simplement proposé dans mon rapport une méthode qui est la mienne depuis longtemps: connaître les motivations, la trajectoire de tous les groupes de mémoire frappés par cette guerre dévastatrice, patiemment, pour faire reculer les préjugés et le racisme », se défend le spécialiste de l’histoire contemporaine de l’Algérie, dans le journal oranais.
    « Les discours d’excuses ne doivent pas être des mots prononcés un jour pour se débarrasser le lendemain d’un problème si profond », ajoute l’historien, disant regretter le retard pris en France comme en Algérie sur « ce travail d’éducation ».
    Face à une histoire complexe, « mon rapport propose précisément une méthode qui privilégie l’éducation, la culture, par la connaissance de l’autre, et de tous les groupes engagés dans l’histoire algérienne », affirme Benjamin Stora.
    La publication de son rapport, commandé en juillet par Emmanuel Macron, n’a pas encore suscité de réaction officielle à Alger. Mais de nombreuses critiques ont émané de médias locaux et d’Algériens qui déplorent que le principe « d’excuses » ait été écarté.
    « Le rapport Stora ne prend pas en compte la principale demande historique des Algériens, la reconnaissance par la France des crimes commis par la colonisation », a tweeté Abdelaziz Rahabi, ex-ministre et diplomate algérien.
    L’historien algérien Fouad Soufi a néanmoins salué la volonté de Benjamin Stora de « tisser des passerelles entre les deux pays » malgré les positions extrémistes d’un côté comme de l’autre.
    La « réconciliation des mémoires » antagonistes sur la colonisation française et la guerre d’indépendance (1954-1962) est un des dossiers prioritaires entre Alger et Paris. Emmanuel Macron et son homologue Abdelmadjid Tebboune se sont engagés dimanche à retravailler bientôt ensemble, notamment sur ce dossier mémoriel, dès le retour à Alger du président algérien, actuellement soigné en Allemagne pour des « complications » post-Covid-19.(Avec Afp)
    Algérie1, 27 jan 2021
    Tags : Algérie, France, colonisation, mémoire, 
  • Les réactions s’enchaînent en Algérie et en France sur le rapport de Benjamin Stora

    Le rapport de l’historien français spécialiste de l’histoire de l’Algérie, Benjamin Stora, sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie, remis mercredi dernier au Président français Emmanuel Macron, continue de susciter des réactions en Algérie et en France.
    Karim Aimeur – Alger (Le Soir) – Le président du parti islamiste MSP, Abderrezak Makri, a dénoncé le contenu de ce document, en soutenant qu’il donne l’impression qu’il ne s’agit pas d’une question de colonisation. « Dans ce rapport remis par Benjamin Stora à son Président, on a l’impression qu’il parle de l’histoire de deux groupes de personnes qui se sont battus dans un terrain commun, disant à celui-ci que tu as fauté ici et à l’autre, tu as fauté là. Il dit à l’un voici ton droit et à l’autre voilà le tien. Il demande aux deux parties de se réconcilier et met fin à la question », a écrit le leader islamiste.
    Pour Makri, ce rapport donne aussi l’impression qu’il ne s’agit pas «d’une histoire de colonisation, la pire que l’humanité ait connue, d’un pays étranger violant un autre pays, d’une terre qui n’est pas la sienne, et d’une armée barbare qui a commis les plus terribles crimes contre le peuple algérien durant près d’un siècle et demi». La veille, c’est l’ancien ministre de la Communication et ancien diplomate, Abdelaziz Rahabi , qui avait affirmé que le rapport de Benjamin Stora n’a pas pris en compte la principale demande historique des Algériens, à savoir «la reconnaissance par la France des crimes commis par la colonisation». 
    Pour Rahabi, il ne s’agit ni de repentance, notion étrangère aux relations entre Etats, ni de fonder une mémoire commune, car, a-t-il appuyé, «les deux pays étant héritiers de deux mémoires antagoniques sur cette question». Il a ajouté que chaque pays doit assumer son passé, et il appartient aux deux Etats de mettre en place les conditions d’une relation apaisée et tournée vers l’avenir. Des historiens ont également réagi à ce rapport. Hier, le chercheur en histoire, Gilles Manceron, a affirmé que la réaction officielle de la France qui refuse de présenter des excuses à l’Algérie est «inquiétante». 
    Dans un entretien accordé à l’APS, l’historien spécialiste du colonialisme français a expliqué que l’important, ce n’est pas le rapport, mais les conclusions que le Président (Macron) va en tirer. Il a rappelé que le thème du «refus de la repentance a été utilisé en France, notamment par Nicolas Sarkozy et ceux qui soutenaient sa présidence, comme un moyen de refuser la reconnaissance des crimes de la colonisation et de dire la vérité à leur sujet». «La presque-totalité des historiens, en France comme en Algérie, demandent une reconnaissance et un discours de vérité», a-t-il dit. 
    «En ce qui concerne l’idée d’excuses au nom des institutions de la France pour ce qu’elles ont commis dans le passé, cela me semble différent. Il faudra, à mon avis, que la France officielle vienne à un moment à formuler des excuses, mais l’important aujourd’hui est de faire avancer dans l’opinion l’idée qu’il faut une reconnaissance et un travail de vérité», a-t-il poursuivi. 
    L’historien Mohamed El Korso estime, pour sa part, que le rapport doit interpeller la classe politique française. «Avant d’être une feuille de route pour des négociations sur des sujets sensibles entre l’Algérie et la France dans la perspective d’une future réconciliation pas seulement mémorielle, mais aussi politique, stratégique, scientifique, économique, culturelle…, il interpelle d’abord l’ensemble de la classe politique française pour se réconcilier avec sa propre mémoire», a-t-il soutenu. 
    Rendu public mercredi dernier, le rapport de Benjamin Stora a fait plusieurs recommandations, dont la mise en place d’une commission «Mémoire et vérité» chargée d’impulser des initiatives mémorielles communes entre les deux pays.
    #Algérie #France #BenjaminStora #Mémoire #Colonisation #GuerredAlgerie
  • Colonisation: la France « doit des excuses à l’Algérie » (Vidéo)

     

    La France « doit des excuses à l’Algérie » dont la colonisation (1830-1962) « ne ressemble à aucune autre » colonisation de par sa violence, a affirmé le journaliste politique français Jean-Michel Aphatie, la qualifiant « d’acte politique impensé ».

    « La colonisation algérienne ne ressemble à aucune autre colonisation. Nous devons des excuses (à l’Algérie) », a souligné M. Aphathie qui intervenait sur une chaîne TV française lors d’un débat sur la colonisation française.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=HuEquow4Hf4?feature=oembed]

    « Nous ne savons pas pourquoi la France a conquis Alger (le 5 juillet) 1830. C’est un acte politique impensé », a-t-il dit, expliquant qu’à l’époque Charles-Philippe de France, connu sous le nom de Charles X, « était basculé par les Libéraux en France, lequel mène une opération militaire pour sa gloire personnelle ».

    Vingt-cinq jours plus tard, Charles X « perd le pouvoir le 30 juillet 1830 et Louis Philippe lui succède », a ajouté M. Aphatie, un éditorialiste qui cumule une grande expérience pour avoir exercé dans plusieurs médias français, relevant que ‘ »personne ne savait quoi faire en Algérie et l’armée (française) était livrée à elle-même sur le terrain ».

    Il a expliqué que c’est « à partir de là que va commencer la conquête de l’Algérie (qui) était tellement violente, qu’en 1845 il y a eu une campagne de presse européenne pour la dénoncer », a-t-il déploré, qualifiant de « scandale » qu’une avenue soit baptisée du nom du maréchal Thomas Bugeaud qui « s’est comporté comme un boucher ».

    « Aujourd’hui, le maréchal Thomas Bugeaud est honoré par une avenue à Paris. C’est un scandale », a asséné M. Aphatie qui a, à son actif, plusieurs publications dont notamment un ouvrage intitulé « Liberté, égalité, réalité ».

    Condamnant la colonisation française, il a aussi regretté que des générations d’Algériens soient privées de leurs droits et spoliées de leurs terres.

    « On a volé les terres aux Algériens, on a empêché la scolarisation de cinq générations d’Algériens, condamnés à l’ignorance et à l’analphabétisme. On a lancé du napalm sur des villages algériens », s’est encore offusqué M. Aphatie, connu pour ses positions politiques jugées justes et courageuses.

    APS


    Tags : Algérie, France, Mémoire, colonisation, 

  • Algérie : La France et sa colonisation civilisatrice

    Benjamin Stora, historien et spécialiste reconnu de l’histoire contemporaine de l’Algérie, a remis aujourd’hiu à 17h, à l’Élysée, le rapport dont l’a chargé en juillet 2020 Emmanuel Macron et qui devait « dresser un état des lieux juste et précis sur le chemin accompli en France sur la colonisation et la guerre d’Algérie ».

    Mais chose assez curieuse, l’Elysée réagit avant que le rapport n’atterrisse chez le président français. « Des actes symboliques sont prévus, mais il n’y aura ni repentance ni excuses », a indiqué l’Elysée ! Curieuse dichotomie que cette sortie qui devance l’événement.
    C’est une démarche de reconnaissance qui exclut repentance et excuses, précise l’Elysée en s’appuyant sur l’avis de Benjamin Stora, qui cite en exemple le précédent des excuses présentées par le Japon à la Corée du Sud et à la Chine, sur la Seconde Guerre mondiale et qui n’ont pas permis de réconcilier ces pays.
    Quel smash sur la tronche de la réalité historique ! Le Corée et la Chine, à ce que l’on sache, n’ont jamais été des colonies japonaises. Et l’amalgame se fracasse sur l’histoire hideuse de la colonisation française en Algérie.
    Et nous voilà de retour dans le Yo-yo du « je t’aime moi non plus» en vigueur depuis 60 ans.
    Ah la relation avec la France ! Supercherie à répétition ou escroquerie du siècle ? Ou quand la Gaule accuse l’histoire d’avoir provoqué un désordre vertigineux dans sa colonisation civilisatrice. Ah le désordre colonial inoubliable…où tout chevauche tout : la guerre, la torture, les accords d’Evian, l’indépendance, la question mémorielle, le pardon, l’entêtement, la mauvaise foi, les Nostalgériques, les bidonvilles de Nanterre, les ratonnades, le métro Charonne, Giscard , Mitterrand, Chirac, Sarkozy , Hollande, Ben Bella, Boumediene, Chadli, Bouteflika, relation cannibale mangeuse de sincérité, gorgone diplomatique et nids d’espions démodés.
    Un peu plus de nous, les emmurés de Bugeaud, les enfumés de Polignac, colonie de peuplement qui vire à colonie d’extermination. Abdelkader, El Mokrani, les cerises d’Icheriden, la politique de la terre brûlée et tutti quanti.
    132 ans d’occupation…qui accouchent de 60 ans de tergiversations gauloises : relations stratégiques d’exception, d’égal à égal, dit la Gaule moderne !
    Et puis vint Macron, sorte d’Edmund Hilary de la politique qui pointa la colo comme crime contre l’humanité.
    Et puis plus rien. Pause et (re) pause dans les relations. Macron, l’alpiniste, s’emmêle les piolets entre Frison Roche et les harkis.
    Les Algériens, premiers de cordées des massacres de la colonisation, sont toujours les premières victimes de l’humeur Hexagonale.
    L’Élysée déclarant à la criée qu’il n’y aura ni repentance, ni excuses…La France a décidément toujours un torticolis, quand il s’agit, pour elle, de se pencher sur son affreux passé colonial.
    Madjid Khellassi
    La Nation, 20 jan 2021
    Tags : Algérie, France, colonisation, mémoire, guerre d’Algérie, Benjamin Stora,
  • La France et la colonisation en Algérie : "Ni repentance ni excuses"

    « Ni excuses ni repentance ». Ce sont les termes utilisés par la présidence de la République française à propos de cettelancinante question qui a tant influé sur le cours des relations entre les deux pays.

    Tout espoir de voir la France d’Emmanuel Macron s’excuser pourles crimes commis contre le peuple algérien durant la longue nuit coloniale s’est évaporé. Définitivement. En effet, la France vient de trancher de manière limpide qui ne souffre d’aucune équivoque : « Ni excuses ni repentance ». Ce sont les termes utilisés par la présidence de la République française à propos de cette lancinante question qui a tant influé sur le cours des relations entre les deux pays. Les Algériens, qui nourrissaient le secret espoir de voir la France d’Emmanuel Macron franchir le pas et demander le pardon du peuple algérien savent désormais àquoi s’en tenir. Cette position de la présidence de la République française a été exprimée hier à l’occasion de la remise du rapport sur la question mémorielle entre l’Algérie et la France. Un rapport remis à Emmanauel Macron par l’historien Bendjamin Stora. Cet éminent historien à remis son rapport sur « Les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie » avec des propositions pour parvenir à une « nécessaire réconciliation » franco-algérienne, près de 60 ans après la fin de la Révolution algérienne.
    Ainsi, selon le communiqué de l’Elysée, la France dit envisager des « actes symboliques », mais annonce qu’il n’y aura « ni repentance ni excuses ». La présidence française précise en outre que « le chef de l’État participera à trois journées de commémoration dans le cadre du 60e anniversaire de la fin de la Guerre d’Algérie en 1962 : la Journée nationale des harkis le 25 septembre, la Répression d’une manifestation d’Algériens le 17 octobre 1961 et les Accords d’Evian du 19mars 1962 ». Cette position n’est pourtant guère surprenante, eu égard à ce qui se passe en France où les forces d’extrême droite et les nostalgiques de « l’Algérie française » ont le vent en poupe et constituentune grande force électorale. Autant dire que dans le paysage politique interne français cela représente une importante équation, d’où les craintes que nourrissent certains politiques de s’attirer l’animosité de cet importante frange du peuple francais. Mais qu’à cela ne tienne certains considèrent donc que le Président français a été à l’écoute de cette frange de la population etn’a pu donc franchir le pas, lui qui a pourtant eu par le passé des positions jugées « courageuses » par rapport à la question de la colonisation.
    Reppelons- nous la fameuse interview accordée à la chaîne de television Echourouk en 2017 ou Macron n’était pas encore président de la République française, mais seulement candidat à la présidence. Macron avait alors qualifié la colonisation « de crime contre l’humanité ». Une déclaration qui a soulevé, comme attendu, un tollé général en France.Depuis, et par petites touches successives, Macron, devenu Président de la République, a opéré un changement.En tout cas cette position ne fera que renforcer l’exigence du peuple algérien qui, lui, s’en tient mordicus à la revendication de la présentation par la France de ses excuses pour les crimes commis durant la colonisation. Certains, en Algerie, considèrent que la « repentance » de la France est la condition sine qua non pour booster les relations entre les deux pays. Cela dit, du côté algérien on attend le rapport de Abdelmadjid Chikhi, le conseiller chargé des archives et de la mémoire auprès de la présidence, chargé par le Président Tebboune de travailler sur la question mémorielle.
    Par : KAMAL HAMED
    Le Mide Libre, 21 jan 2021
    Tags : France, Algérie, Colonialisme, Colonisation, mémoire, crimes, Guerre d’Algérie,
  • Dossier de la Mémoire: l’Algérie pose ses conditions

    Le conseiller du président de la République chargé des Archives et de la Mémoire nationale Abdelmadjid Chikhi a dit ne pas avoir encore rencontré l’historien français Benjamin Stora pour se pencher sur le dossier de la mémoire.

    «Je n’ai pas travaillé avec Stora. On a eu deux contacts et il m’a dit qu’il rédigeait un rapport à la demande de Macron », a affirmé le conseiller à la présidence de la République chargé des Archives après six mois de l’ouverture du dossier lié à la mémoire entre l’Algérie et la France.
    Abdelmadjid Chikhi a fait savoir que son homologue français Benjamin Stora lui avait dit qu’il ne pouvait pas lui parler du dossier avant de transmettre son rapport au locataire de l’Elysée.
    Quant au dossier de la mémoire et les éventuels obstacles entravant son travail, Chikhi a expliqué que «pour l’Algérie, tout est clair car les questions restent stables aussi bien dans nos documents que dans nos mémoires».
    «Nous en tant qu’Algériens savons ce que nous voulons. Nous n’oublions pas le passé et nous ne pouvons pas l’effacer car c’est une partie indivisible de la vie du peuple algérien à travers les temps. Nous voulons revenir à notre Histoire et qu’elle soit présente dans notre vie quotidienne», a-t-il ajouté.
    Echourouk, 2 déc 2020
  • Algérie-France : Le Président Tebboune reçoit un appel de d’Emmanuel Macron

    Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu, samedi matin, un appel téléphonique de son homologue français, Emmanuel Macron, qui a pris des nouvelles de son état de santé et l’a informé, par la même occasion, que le rapport sur le dossier de la Mémoire, confié à l’historien Benjamin Stora, sera fin prêt en janvier prochain, a indiqué un communiqué de la Présidence de la République.

    “Le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu, samedi matin, un appel téléphonique du président de la République française, M. Emmanuel Macron, qui a pris des nouvelles de son état de santé”, précise le communiqué, ajoutant que “le Président Tebboune a remercié chaleureusement son homologue français pour l’intérêt qu’il lui a témoigné depuis son transfert médical en Allemagne, et lui a souhaité à son tour un prompt rétablissement”.
    Lors de cet entretien téléphonique, M. Macron a informé le Président Tebboune que le rapport sur le dossier de la Mémoire, confié à M. Benjamin Stora, sera fin prêt en janvier prochain, souligne la même source .
    Les deux chefs d’Etat ont convenu de reprendre contact, début 2021, pour aborder nombre de dossiers et de questions d’intérêts commun, notamment les questions régionales et la situation en Libye, au Mali et au Sahara occidental, conclut le communiqué la Présidence de la République.
    Le président Tebboune est toujours en convalescence en Allemagne. Il était apparu dimanche dernier pour la première fois depuis son transfert médicalisé en Allemagne le 28 octobre dans un message vidéo. Le chef de l’Etat a fait savoir qu’il était sur la voie de guérison et qu’il rentrera au pays d’ici trois semaines au plus tard.
    Pour sa part le président français, en isolement pour 7 jours suite à sa contamination au Covid-19 a rassuré avant-hier dans une vidéo sur son état de santé en postant une vidéo sur les réseaux sociaux. Pour sa part la présidence française a indiqué hier dans un bref communiqué que l’état de santé d’Emmanuel Macron était « stable » et que ses examens sont « rassurants ».
    En novembre dernier, le président français Emmanuel Macron, a couvert de louanges son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune dans un entretien à Jeune Afrique. «Je vous le dis franchement: je ferai tout ce qui est en mon possible pour aider le président Tebboune dans cette période de transition. Il est courageux», a déclaré le chef de l’Etat français répondant à une question sur la situation politique en Algérie qui a connu une révolution citoyenne pacifique. Laissant entendre que le changement est un long processus qui nécessite de la persévérance et du courage politique Emmanuel Macron a affirmé qu’«on ne change pas un pays, des institutions et des structures du pouvoir en quelques mois». «Je ne suis jamais dans l’invective ni dans la posture du donneur de leçons. L’Algérie est un grand pays. L’Afrique ne peut pas réussir sans que l’Algérie réussisse», a déclaré le président français.
    Le Jeune indépendant, 20 déc 2020
    Tags : #Algérie, #France #Marcon #Tebboune #Mémoire #BenjaminStora #Colonisation
  • Algérie-France : Histoire et mémoire, des dossiers plus que jamais d’actualité

    Les questions d’histoire et de mémoire devraient à l’avenir occuper une place importante dans la relation algéro-française et constituer un de ses dossiers marqueurs, voire décisifs de cette mesure attendue de part et d’autre depuis des années. C’est ce qui est suggéré en tout cas par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian qui a déclaré hier lors d’une émission RTL/LCI/ Le Figaro qu’un « travail de mémoire » est souhaitable entre la France et l’Algérie.

    « La question qui se pose dans les relations entre la France et Algérie sur la mémoire, la manière dont les uns et les autres avons vécu ce conflit, reste là. Et il faudrait que nous ayons ensemble un travail de mémoire », a déclaré le chef de la diplomatie française qui a été invité à commenter la polémique franco-française suscitée par les déclarations du président Emmanuel

    Macron sur la Shoah et les rapprochements qu’on lui a prêté avec la
    « guerre d’Algérie » et les crimes coloniaux.

    L’intéressant dans ce qu’a déclaré M. Le Drian face aux médias de son pays est que les dossiers de l’histoire et de la mémoire relatifs à la séquence coloniale sont plus que jamais d’actualité et qu’ils constituent une partie importante des questions qui doivent être résolues dans le cadre de la relation bilatérale entre Alger et Paris.

    Cependant, bien des contraintes doivent être surmontées comme on le constate depuis la loi française de février 2005 qui reconnaîssait les
    « bienfaits de la colonisation », un texte voté par la droite et qui a été abandonné au temps du gouvernement Chirac après avoir provoqué l’ire de la partie algérienne et l’indignation d’une partie de l’opinion française : celle d’historiens qui revendiquaient un examen impartial des faits historiques durant la période coloniale et dénonçaient notamment, à l’image de l’éminent Claude Liauzu, une instrumentalisation de l’histoire à des fins politiques et politiciennes, au grand risque de l’occultation d’abominables crimes coloniaux disent encore des chercheurs comme Olivier Lecour Grandmaison.

    Hier, M. Le Drian a confirmé que les autorités algériennes souhaitaient ce processus et insisté sur le fait que les Français avaient eux aussi « besoin d’avoir sur ce sujet là un moment de rappel historique et de vérification », rappelant à nouveau l’énormité des contraintes qui subsistent pour parvenir à un règlement commun de la question historique et mémorielle. Le ministre français des Affaires étrangères, qui est, rappelons-le, historien de formation, a plaidé pour une réflexion « de manière sereine,y compris avec les historiens algériens », une proposition qui fait débat depuis des années sous nos cieux, depuis au moins l’appel du regretté Gilbert Meynier au milieu des années 2000 pour une « analyse commune » de l’histoire coloniale française en Algérie. Mais qui ne semble pas susciter l’enthousiasme de tous, des historiens algériens optant pour une « lecture nationale » de l’histoire algérienne et du mouvement national algérien. Il n’empêche que des promesses d’ouverture importantes sont signalées du côté français, depuis le début des années 2000 et en particulier depuis l’arrivée à l’Elysée du président Macron.

    Dans l’avion qui le ramenait jeudi d’Israël, où il participait à la commémoration du 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, indique une dépêche de l’AFP, le chef de l’Etat français s’est dit convaincu que la France devait revisiter la mémoire de la guerre d’Algérie (1954-1962) pour mettre un terme au « conflit mémoriel » qui « rend la chose très dure en France ».

    La politique au secours de la décantation historique ?

    Question nationale française seulement comme le suggère ces paroles ? Sans doute pas et l’on comprend mieux le communiqué de la diplomatie algérienne, avant-hier, sur la « surprise » de l’Algérie à voir le chef de l’Etat truc Reccep Tayyip Erdogan, reprendre des propos « sortis de leur contexte » du Président de la République, M. Tebboune, sur le bilan humain des crimes coloniaux dans notre pays avant 1962.

    Dans ce communiqué des Affaires étrangères algériennes, on pressent le souci de la mise au point adressée au président turc mais sans doute aussi la préoccupation de se charger des questions d’histoire et de mémoire dans le cadre du bilatéral algéro-français avec l’espoir qu’elles connaissent des avancées potentiellement annoncées par les déclarations du chef de l’Elysée et qui restent à concrétiser par de nouveaux gestes forts. Ces gestes pourraient venir de l’amélioration de la relation politique entre Alger et Paris. Après une période de crispation, celle-ci semble connaitre une évolution dans le sens d’une relance : « Nous avons en Algérie une situation qui est complètement nouvelle, qui va sans doute engager des évolutions significatives de ce pays », a estimé Jean-Yves Le Drian. » De nouvelles perspectives s’offrent pour les relations entre la France et l’Algérie. Si la mémoire partagée peut faire partie de cetensemble nouveau, ce serait une très bonne nouvelle pour tout le monde », a encore insisté le patron du Quai d’Orsay.

    Tags : France, Algérie, mémoire, crimes de guerre,

  • La République des Tartuffes

    Le vrai défi pour les élus du peuple français serait de voter, aujourd’hui, pour un texte qui criminalise toute atteinte aux génocides algérien, palestinien ou hutu. Puisqu’ils s’arrogent le droit de réécrire l’histoire d’une nation à quelques milliers de kilomètres de leurs frontières, autant le faire pour des pays plus proches et plus légitimes pour un geste aussi fort.



    Pourquoi pas, alors, pour les Peaux-rouge d’Amérique, pour le Aborigènes d’Australie ou, encore, pour la mémoire des victimes des purges staliniennes ? Plus que tout autre nation, la France le pourrait certainement, ne serait-ce qu’au nom de l’universalité de ses valeurs des droits de l’Homme.



    Et tant qu’à faire, si ce n’est que pour des arrière-pensées électoralistes – comme certains esprits malveillants semblent le suggérer – l’électorat français aux origines algériennes n’est-il pas quatre fois plus important que la petite communauté arménienne de France?



    Mieux encore, et si le parlement algérien ou celui du Maroc votaient aussi leurs propres lois sur les génocides des autres ou sur ceux dont ils ont été victimes dans leurs histoires respectives : celui des Rifains durant la guerre du Rif au Maroc (1921 – 1926) en est un exemple, toujours vivant dans la mémoire des Marocains. De même pour les Algériens et notamment les massacres de Setif, Guelma et Kherrat, de mai 1945.



    Au cas où on l’aurait oublié, le Maroc et l’Algérie sont aussi des états souverains, dotés d’institutions souveraines, et donc libres d’accueillir sur leur sol les entreprises qu’ils veulent et ce, dans le strict respect de leurs lois et de leurs valeurs nationales. La SNCF impliquée dans la déportation des juifs durant la seconde guerre mondiale n’a-t-elle pas été contrainte et forcée de reconnaitre officiellement son collaborationnisme passé, pour espérer être admise à un appel d’offre d’une ligne de train à grande vitesse en Californie (États Unis) ?



    Pourquoi pas ces pays maghrébins n’exerceraient-il pas les mêmes pressions sur des entreprises françaises impliquées dans le pillage et la rapine des ressources de leurs pays aux temps de la colonisation ? Et pourquoi ne le feraient-ils pas aussi avec toute entreprise relevant d’un état dont les institutions officielles auraient portées atteinte à leurs lois, à la dignité de leurs peuples et à leurs histoires ? Et si le parlement démocratiquement élu de la Tunisie libre décidait de sévir contre toute entreprise étrangère reconnue coupable de complicité avec la dictature de Ben Ali ?



    Assurément, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et d’autres pays encore seraient dans leur bon- droit, surtout s’ils ont affaire à une république de Tartuffes, où l’on excelle dans l’art du «donnage de leçons» en droit-de-l’hommisme aux autres, comme ces chameaux condamnés à ne voir et à ne critiquer que les bosses d’autres chameaux.



    Karim R’Bati

    Le blog citoyen, 27 janvier 2012


    Tags : Maroc, Algérie, mémoire, crime de guerre, génocide, Rif, France,