Étiquette : Mémoire

  • L’Algérie réclame la restitution de la totalité des archives

    L’Algérie réclame la restitution de la totalité des archives – France, colonisation, mémoire, crimes coloniaux,

    La France a annoncé ce jeudi 23 décembre 2021, l’ouverture des archives relatives aux affaires judiciaires et aux enquêtes de police dans l’Algérie en guerre contre la colonisation, en vertu d’un texte publié au Journal officiel.
    Pour les algériens, cette décision est un non-évènement, dans la mesure ou la revendication algérienne demeure la restitution de toutes les archives datant de 1830 jusqu’à le recouvrement de l’indépendance le 5 juillet 1962, en plus des archives de l’avant 5 juillet 1830, confisquées au lendemain de la colonisation française et rapatriées en France, dont des archives liées à l’état-civil.

    Le reste n’est que de la littérature, et de la poudre aux yeux, attestant une mauvaise foi, des autorités françaises, soucieuses aujourd’hui d’instrumentaliser la rente mémorielle pour faire pression sur Alger.
    L’objectif d’Emmanuel Macron, devient clair comme de l’eau de roche, en tentant de donner l’impression d’apaiser les relations avec l’Algérie, via des décisions sans envergure comme l’ouverture des archives concernant les enquêtes judiciaires et policières de 1954 à 1966. Pourquoi, ne pas ouvrir les archives des organisations paramilitaires et de l’armée française, ayant excellé la torture et les exactions durant cette période ?


    Les algériens sont loin d’être dupes pour « plonger » sur un trompe-œil qui ne convainc personne. La France qui idéalise et glorifie la colonisation via les lois sur la glorification de la colonisation adoptée en février 2005 et sur le séparatisme, adoptée cette année, n’a nullement l’intention d’aller au fond de la chose pour régler le contentieux historique avec l’Algérie, elle demeure confinée dans ses illusions de colonisatrice.

    La seule solution est de clamer haut et fort sa responsabilité historique dans l’extermination de millions d’algérien durant en 132 ans de colonisation, de restituer toutes les archives, décontaminer les sites des essais nucléaires français effectués en Algérie, et de cesser de jouer le tuteur, seules conditions à ouvrir une nouvelle ère pour des relations débarrassées du caractère passionnel, basées sur le respect mutuel et l’intérêt mutuel au grand bien des peuples des deux rives de la Méditerranée.

    Algérie54, 24/12/2021

    #Algérie #France #Archives #Mémoire

  • Jacques Julliard et l’Algérie: L’aveuglement devant l’histoire

    Jacques Julliard et l’Algérie: L’aveuglement devant l’histoire

    Jacques Julliard et l’Algérie: L’aveuglement devant l’histoire – France, colonialisme, Mémoire,

    Depuis les années 1960 et le désaveu cinglant du pouvoir en Algérie par Simone de Beauvoir, c’était après le renversement d’Ahmed Ben Bella par le colonel Boumediene, plusieurs intellectuels français, qui ont soutenu l’insurrection anticoloniale, sont revenus dans des autocritiques, parfois pathétiques, sur leur engagement en faveur d’une Algérie libérée de l’aliénation coloniale française. C’était, ces dernières semaines, celle de Jacques Julliard, écrivain, professeur d’Université et éditorialiste du magazine parisien « Marianne », de Natacha Polony et du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, qui n’a absolument aucune parenté avec celui de Jean-François Kahn – même s’il a conservé les mêmes habillages et personnels.

    Jacques Julliard s’émeut-il de voir son pays rejeté partout dans le monde, principalement par ses alliés, notamment américains qui lui tondent la laine sur le dos dans un contrat militaire pharamineux avec l’Australie. Et, aussi, l’Allemagne qui « fait bande à part ». L’éditorialiste peut même piquer un fard : « La France entretient à l’heure actuelle des relations détestables avec d’autres pays, au premier chef l’Algérie, mais aussi la Turquie, le Mali, l’Afghanistan » (1). Il s’en prend, spécialement, à l’Algérie après le conflit mémoriel provoqué par le président Macron (2) et reproche à son pays de faire des « génuflexions » devant le pouvoir algérien, qu’il traite en ces termes : « Dans le cas de l’Algérie, la naïveté et la maladresse d’Emmanuel Macron, dépourvu de toute expérience en la matière, y sont pour beaucoup. Comment imaginer un gentleman’s agreement avec un gouvernement corrompu, incompétent, qui ne se maintient que par la force militaire, comme l’ont démontré les révoltes populaires du Hirak. » (3). Et, le coup de grâce, cette tardive contrition : « Je suis de ceux qui ont combattu de toutes leurs forces le colonialisme français et la sale guerre d’Algérie quand il le fallait, mais nos prosternations répétées, non suivies d’effets, devant des potentats aussi cyniques, aussi méprisables, ne sont pas un acte de justice, mais une absurde humiliation volontaire. » (4).

    La France et la carte de l’islamisme

    Il n’est jamais tard pour battre sa coulpe pour de bonnes raisons. Mais Jacques Julliard en a-t-il sur l’Algérie indépendante ? Il reste dans le sillage d’un de ses maîtres d’antan, le socialiste François Mitterrand, président de la France, de 1981 à 1995, qui a appuyé dans les années 1990 la terrible guerre islamiste contre l’État algérien, son pouvoir et son peuple. C’est ce président, connu pour son infamie pendant la guerre d’Algérie (« L’Algérie, c’est la France »), qui a ouvert le territoire de la France, son droit d’asile et ses centres d’accueil aux islamistes. À Paris, sous la protection de la France, Mourad Dhina, membre de l’instance de commandement du FIS à l’étranger et porte-parole des groupes islamistes, égrenait quotidiennement devant la presse internationale la litanie des morts infligées au peuple algérien. En ces années 1990, chaque jour d’Algérie correspondait à dix « Bataclan », car, partout dans le monde, les victimes innocentes de la barbarie islamiste méritent le même respect et la même foi, particulièrement en Algérie et en France. Des civils, hommes et femmes de toutes conditions, ont été tués et des nourrissons jetés dans des fours à chaux par les groupes islamistes armés. Et, à l’ombre des mihrabs, des tribunaux islamistes collationnaient des listes d’Algériens dont le sang était licité. En France, le pouvoir politique, qui était scrupuleusement informé de la réalité du terrain et de ses victimes civiles, les élites et les médias ont fait le choix de l’islamisme contre le peuple algérien – convient-il de le rappeler ? Nos morts leurs étaient indifférents.

    Parmi ceux qui criaient le plus fort, Jacques Julliard et une presse française sans honneur. Ils ont monté contre l’Armée nationale populaire (ANP), l’ultime recours de l’Algérie et des Algériens contre les tueries islamistes et l’anéantissement de leur pays, l’accusation odieuse du « Qui-tue-qui ? ». Dans cette guerre, la France a joué la carte de l’islamisme pour châtier un gouvernement républicain, de surcroît indépendant des partis. Cette crapulerie politique, à l’enseigne du socialisme, restera.

    Les Français n’ont jamais surmonté le traumatisme de la guerre et de l’indépendance de l’Algérie et, surtout, le morne ressentiment envers ses pouvoirs issus du FLN, qui a conduit le combat pour la libération du pays. Relativement à l’Algérie, en près de soixante années d’indépendance, la France, dans toutes ses nuances politiques, persiste dans la même et immuable hypocrisie. Ses responsables politiques, dans les gouvernements et dans les partis, maintiennent coûte que coûte le contact avec les gouvernants algériens pour préserver les intérêts économiques et commerciaux de leur pays, mais ses élites peuvent leur « taper » dessus à l’envi. Une distribution de rôles scélérate.

    Dans ce sordide arrangement, Julliard tient sa partition. Mais, sur le fond, qu’en sait-il de l’histoire présente de l’Algérie ? Est-il un indiscutable spécialiste de ce pays, comme il l’est du champ politique français ? Il reprend, certes, l’image dysphorique de l’Algérie et de ses régimes politiques, largement répandue dans les médias et dans l’intelligentsia de son pays. Mais la France est-elle le comptable ad vitam aeternam du destin de son ancienne colonie ?

    En 2021, comme sous le règne de François Mitterrand, rien n’aura donc changé pour la France concernant l’Algérie : un soutien sans limite à toute opposition déclarée. Dans tous les domaines. Ainsi, dans le champ culturel, lorsque l’Académie française attribue contre ses propres principes, en 2015, son grand Prix du roman à un fatras islamophobe de Boualem Sansal, écrit d’une plume de tâcheron, très vite entré dans l’oubli (5). Mais le sinistre individu, porte-parole du sionisme international, dépiautait l’Algérie sur tous les plateaux de radios et de télés de France. Cette manière de casser l’Algérie et les Algériens reste l’ordinaire des médias français. Une passion triste.

    Jacques Julliard peut se réclamer du hirak et de ses « révoltes populaires », qu’il ne connaît pas. Simplement, parce que ce hirak est contre le gouvernement d’Alger : l’ennemi de mon ennemi… Vieille ritournelle. Faisons de la pédagogie pour ce professeur d’histoire politique sans discernement. Aux mois de février et de mars 2019, des manifestations de rue, vite dénommées « hirak » sur le modèle de celles qui ont enflammé le Rif marocain, ont précipité la chute du président Abdelaziz Bouteflika, démissionnaire le 2 avril 2019, et de son clan corrompu, régnant sans partage sur le pays pendant vingt ans (1999-2019). Mais, il est difficile, aujourd’hui, pour un historien de reconnaître et de décrire les raisons de la chute d’un pouvoir d’airain, soutenu par plusieurs puissances mondiales, entre autres la France et les États-Unis.

    Au-delà des marches, aux attentes souvent débridées, quels ont été les acteurs de la confrontation, ouverte dès l’installation d’un pouvoir intérimaire chargé, selon les dispositions constitutionnelles, d’officialiser l’élection présidentielle, confiée à un organisme indépendant ? Si la Russie et la Chine se sont cantonnées dans une position d’observateurs neutres, les États-Unis d’Amérique avaient déjà leurs pions dans la partie feutrée qui s’annonçait. C’est un de leurs conférenciers, coutumier des arcanes de la NED (National Endownent for Democracy), ordonnatrice de la « démocratisation » du Grand Moyen Orient, le Français Lahouari Addi, qui imposera, en l’absence de toute délibération des marcheurs, une feuille de route du hirak : une présidence collégiale de l’Algérie, dévolue aux avocats Mustapha Bouchachi, Zoubida Assoul, présidente de l’UCP, un parti agréé, et de l’activiste Karim Tabbou, agents de l’agit-prop formés et financés par la NED (6). Cette présidence collégiale devait coopter une Assemblée constituante et nommer un gouvernement. Il s’agissait, alors, de refuser toute voie démocratique et de privilégier le coup de force. Le pouvoir chancelant d’Alger n’avait d’autre ressource que de remettre les clés de la Mouradia, siège de la présidence de la République, au triumvir désigné par les Américains. Cette solution était fermement soutenue par les bobos algérois, clients de la France et de ses « services » à Alger.

    Dans quelle mesure, cet objectif de rupture radicale engagé par des acteurs politiques structurés dans une opposition clairement fomentée par « la main de l’étranger » pouvait-il recueillir l’adhésion des marcheurs, notamment dans les villes et villages de l’intérieur, traditionnellement attachés au pouvoir central ? De fait, leurs slogans en appelaient à l’ANP, incontournable gardien de la sécurité du territoire et, surtout, de la cohésion nationale. Le « khawa-khawa », nettement doctrinal, confortant le lien entre le peuple et son armée, entonné par des centaines de milliers de marcheurs, de Tlemcen à Souk-Ahras, d’Alger à Tamanrasset, marquait un tournant dans le hirak algérien. Le haut-commandement de l’ANP, mettant au premier plan le général Ahmed Gaïd Salah, chef de l’État major, vice-ministre de la Défense, n’excédait pas les recommandations de la Constitution en vigueur, précisément un retour aux urnes. Son premier effet, le plus perceptible dans les marches du vendredi, était une notable dispersion des marcheurs. Les familles algériennes qui leurs ont imprimé leurs couleurs d’espoir ont choisi leur camp. Il est vrai, aussi, que les Algériens ne marcheront jamais contre leur armée, avec laquelle ils ont partagé dans l’effroyable adversité islamiste des années 1990 les épreuves et la solidarité. Le hirak originel du 22 février 2019, dévoyé, perdait la légitimité populaire.

    Les amis algériens de Jacques Julliard

    Le 12 décembre 2019, l’élection dans une compétition régulière et légale de M. Abdelmadjid Tebboune, sixième président de la République algérienne démocratique et populaire depuis l’indépendance, en 1962, devait marquer la fin du hirak. Mais dans un néo-hirak, qui va tirer ses cartouches à la veille de l’élection présidentielle, qu’il appelle à boycotter, un nouveau groupe s’impose, celui des islamistes emmenés par Rachad, succédant au FIS-dissous avec les mêmes cadres et les mêmes desperados harnachés de tenues afghanes et d’épées, recevant ses ordres de sa direction domiciliée à Londres et Genève, où l’ancien porte-parole des groupes islamistes armés, Mourad Dhina, reprend du service. Ce néo-hirak, qui prétendait rassembler plus de « trente millions d’Algériens », a refusé les élections présidentielles de juillet 2019, annulée faute de candidats, et de décembre 2019. Lorsqu’on dispose de « trente millions » de marcheurs en âge de voter, on peut contrôler de bout en bout une élection et faire approuver son programme politique par un plébiscite populaire. La « démocratie » du néo-hirak reste celle du gourdin des nervis islamistes, qui recherchent le passage en force : faire tomber le régime – « un cadavre à la renverse », exultaient les bobos d’Alger – sans passer par les urnes. Et, c’est encore le deal aujourd’hui.

    Les marcheurs égaillés du néo-hirak où se distinguaient déjà les islamistes de Rachad, en chefs de file, les agents de la NED et leurs partisans, les bobos dineurs à l’ambassade de France, les communistes du MDS et les trotskystes du PST, partis agréés, font la jonction avec le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK), une ligue séparatiste, soutenue par la France, Israël et le Maroc, qui prône la lutte armée pour la dislocation du territoire algérien et la fin de l’État républicain. Plus que jamais, le néo-hirak, c’est la partition de l’Algérie : une part pour une funambulesque oumma de l’Islam sous la férule du calife Erdogan, l’autre, la Kabylie, en protectorat franco-israélien. La France et ses médias applaudissent. Cependant, M. Tebboune et son gouvernement ne devaient-ils pas faire face à ce mouvement insurrectionnel ? Avec fermeté. Mais, aucun marcheur n’a été ni tué ni estropié, comme en Colombie, au Myanmar et en France. Certes, relevait-on, ici et là, quelques arrestations dans la stricte application de lois civiles.

    La stratégie rouée de Rachad et du MAK met face au pouvoir les forces supplétives des agents américains, des bobos d’Alger et des gauchistes du MDS et du PST. A-t-on jamais entendu parler d’un islamiste de Rachad arrêté et déféré dans la justice ? Ou d’un activiste du MAK ? Dans le pays, durement frappé par la pandémie du coronavirus, où les manifestations de rue sont réglementées, ce sont les néo-hirakistes des grandes cités qui occupent la scène judiciaire dans une rébellion urbaine aux provocations calculées. Des exemples typiques ? Khaled Drareni, correspondant (sans carte) de TV5-Monde, de l’ONG française « Reporters sans frontières » (RSF), fondateur du site d’informations en ligne « Casbah Tribune », chouchou des médias français, a été accusé d’« attroupement non armé » et d’« atteinte à l’unité nationale », condamné à une peine de prison puis gracié par le président de la République. Après chaque marche, il aurait été débriefé par les « services » français, dans les locaux de l’ambassade de France à Alger. C’est du boulot ! À Oran, un trotskyste réputé de l’Université, membre de la Ligue algérienne de Défense des Droits de l’Homme (LADDH), agitateur doué, a été arrêté et jugé une demi-douzaine de fois. Un journaliste, à Annaba, élisait domicile dans les prétoires. Et, des dizaines d’activistes sortis du néant. Pendant que les bobos et les « gauchos » harcelaient les forces de police, Rachad ramassait de l’argent dans l’arrière-pays et le MAK des armes de guerre.

    Ces trublions citadins se sont comptés, ces derniers jours, à l’occasion du soixante-treizième anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de l’ONU et de la Journée mondiale des Droits de l’Homme, le 10 décembre 2021. Ils étaient exactement, d’après un recensement de la presse, cent-cinquante signataires d’une pétition contre l’État algérien adressé aux Nations unies. Il y a même parmi eux de nombreux Français d’origine algérienne, singulièrement une élue du Parti socialiste, qui n’ont aucun lien avec l’Algérie, qui n’est plus leur pays. Que peut un gouvernement contre ces francs-tireurs des beaux quartiers de la capitale et des leurs commanditaires, visibles ou masqués ?

    Derrière les « révoltes populaires » qu’évoque Jacques Julliard, dont l’écho s’est depuis bien longtemps dissipé, il ne reste qu’un mouvement terroriste soutenu par les bobos d’Alger, bien-nés, et leur presse, qui savent faire du bruit à Alger et à Paris. Ces factotums de l’islamisme et du séparatisme kabyle peuvent faire feu de tout bois pour hâter la chute du régime. Ainsi cette veillée d’armes d’opposants au pouvoir d’Alger, vers la mi-octobre 2021, dans l’amphithéâtre de l’Assemblée nationale française, sous la direction de Mme Marie-George Buffet, député du Parti communiste français. Comme au temps de Charles X et de l’expédition contre Alger (7), Mme Buffet a promis à ses convives de lever les chars français, et derrière eux ceux de l’OTAN, contre le pouvoir d’Alger (8). Des bobos d’Alger se voient déjà entrant dans la capitale algérienne sur les chars de l’Occident, qui ont détruit la Libye, pour offrir le pouvoir aux islamistes de Rachad et aux séparatistes du MAK. Il se répète, à Alger, qu’ils ne sont dans le néo-hirak que pour chauffer les tambours de l’islamisme de Rachad. Un de leurs maîtres à penser, un professeur de sociologie de l’Université d’Alger, n’a-t-il pas délivré à l’islamisme de Rachad l’onction démocratique dans les colonnes d’un quotidien francophone d’Alger ?

    Passons, donc. Ce qui est détestable dans la prose de Jacques Julliard, c’est cette arrogance affichée envers les Algériens et leur gouvernement : « un gouvernement corrompu, incompétent, qui ne se maintient que par la force militaire », « des potentats aussi cyniques, aussi méprisables ». Une exécution nocturne en rase campagne. Une morgue foncièrement néo-colonialiste. Un racisme scrofuleux. Une haine suintante. Jacques Julliard se dresse devant l’Algérie avec son casque colonial, ses guêtres et sa cravache. Comme dans les cruelles années 1990, la France de Jacques Julliard soutient ouvertement les ennemis de l’Algérie sans s’embarrasser de ses contradictions. Contre l’islamisme, à Paris, tueur, en 2015, à « Charlie Hebdo », à l’« Hyper Casher », sur les terrasses des restaurants et des brasseries et au « Bataclan », en 2016, à Nice, qui continue à décapiter des Français ; avec l’islamisme à Alger et ses 200000 victimes de la « décennie noire ».

    Lectures à courte vue

    Ce n’est pas la seule fois, ces dernières semaines, où Jacques Julliard s’est exprimé véhémentement sur le pouvoir d’Alger, colligeant un corpus malveillant, emprunté à la terminologie de son opposition islamiste et séparatiste kabyle, nourrie, logée et blanchie par le pouvoir de Paris. Que reproche-t-il aux hauts responsables de l’État algérien ? Que l’on en juge : « […] les raisons du caractère détestable des relations franco-algériennes actuelles sont plus profondes : la vérité est que le gouvernement militaro-autoritaire qui règne sur l’Algérie, par son absence de représentativité, est incapable d’entraîner son pays et ses habitants dans un processus sincère de réconciliation avec l’ancienne puissance coloniale » (9). Reprenons donc les griefs de l’éditorialiste parisien :

    – Un « gouvernement militaro-autoritaire ». Sur quelles données formellement établies, Jacques Julliard fonde-t-il un gouvernement militaire de l’Algérie ? L’Armée nationale populaire, éloignée de la politique politicienne, est une institution républicaine dont les missions ne déparent pas de celles des armées des grandes démocraties mondiales. Cette vaillante armée du peuple, il serait difficile de lui coller une carte de parti, quel qu’il soit, autre que celle de l’Algérie. Le chef de cette armée, comme dans toute démocratie, est un civil, en l’espèce M. Abdelmadjid Tebboune, président de la République, ministre de la défense et chef suprême des forces armées.

    Jacques Julliard a décidé de mettre un militaire derrière chaque Algérien et derrière chaque élu algérien, quelle qu’en soit l’appartenance politique et la charte idéologique. Mais la France, toute proche, de l’Appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle et de l’État de Vichy du maréchal Pétain, n’était-elle pas foncièrement dans une compétition de chefs militaires ? Ne convient-il pas de rappeler à l’insulteur des Algériens et de leur gouvernement que le fondateur de la Ve République française, le général Charles de Gaulle, ne manquait pas de proclamer sa filiation militaire et de revêtir solennellement l’habit en plusieurs circonstances de la vie politique de son pays ? Et, récemment, ce sont des militaires qui ont censuré l’action politique du président Macron dans une sévère pétition publiée par le magazine « Valeurs actuelles ». Dans la France de ce début de XXIe siècle, c’est aussi un militaire, le général de Villiers, qui est pressenti par les Français pour sortir leur pays du déclin. Rien de tel en Algérie, les militaires ne font pas de politique.

    – Une « absence de représentativité ». En termes de représentativité réelle, en dehors des alliances du second tour propres au système électoral français, un président de la République française, rassemble au mieux un quart des électeurs au premier tour. C’était le cas en 2017 pour M. Macron, et, aussi, dans les prévisions actuelles du président-candidat en 2022. En 2019, M. Tebboune, élu au premier tour, réunissait les deux tiers des électeurs participant au vote. Quand à la désaffection des électeurs, elle est du même niveau en Algérie et en France.

    En quoi l’éditorialiste infatué de « Marianne » peut-il donner des leçons à l’Algérie ? La France est-elle plus démocratique et l’Algérie le serait moins ? Toutes les instances représentatives du pays sont élues, ainsi le président de la République, les députés, une partie des membres du Conseil de la Nation (équivalent du Sénat en France), les conseillers de wilaya (département), les conseillers municipaux et les maires.

    – Une « sincère réconciliation ». Il faut en parler. Et, revenir nécessairement à l’éclairage de déchirantes pages d’histoire coloniale française en Algérie. La France entre en Algérie, en 1830, sans y être invitée, procède à une longue et sanglante guerre de conquête (1830-1870), parsemée de génocides, comme dans les enfumades du Dahra dirigées, en 1845, par le lieutenant-colonel Pélissier (10). Pour maintenir la colonisation, elle procède distinctement à des massacres à Sétif, Guelma et Kherrata, en 1945, et tue des centaines de milliers d’Algériens dans une féroce guerre coloniale (1954-1962). La France a déstructuré le pays, son économie, son système de formation, déplacé des centaines de tribus dépossédées de leurs terres. La colonisation française n’a jamais été heureuse pour l’Algérie et les Algériens. Elle a été un facteur de retard et d’effondrement. C’est le Jeune Kateb Yacine qui pariait, en 1948, que l’Algérie sans la France aurait eu le potentiel socio-économique de l’Égypte (11). Ce passif douloureux devrait-il s’effacer par un trait de plume ?

    Quelle réconciliation est aujourd’hui envisageable entre Algériens et Français sur un passé qui divise toujours ? Faudrait-il encore que les Algériens mettent genou à terre devant leur ancien oppresseur pour un « processus sincère de réconciliation » en subissant, chaque jour, les imputations de « rente mémorielle » – des candidats Macron et Zemmour, unis dans leurs fariboles néocoloniales ? Les querelles mémorielles de ces derniers mois entre Paris et Alger ne montrent-elles pas qu’une telle projection reste hâtive ? Ce n’est pas seulement, comme le pense Julliard, une question de gouvernants. Les Français encensent l’exemplaire réconciliation franco-allemande. Or l’Algérie et l’Allemagne face à la France ne sont pas dans la semblable complexité historique. La rivalité de nations européennes chevronnées qu’entretenaient Français et Allemands ne s’inscrivait pas dans une trame coloniale – même si de part et d’autre des territoires étaient convoités. Il est encore tôt, trop tôt pour les Algériens, pour éveiller et rendre possible une réconciliation avec la France selon le protocole franco-allemand.

    Au-delà d’une indécidable « réconciliation sincère » attendue par la France, ce qui dérange désormais les Français, c’est un changement imprévu : l’Algérie possède un président de la République à l’écoute de son peuple, plus que de Paris comme cela était, à juste titre, rattaché à son prédécesseur. L’Algérie n’a pas rencontré ce profil de chef d’État, soucieux de la personnalité et de la dignité de son pays, depuis Houari Boumediene (1965-1978) et Liamine Zeroual (1996-1999) et c’est un très bon signe pour une nation qui affirme son autonomie régionale et internationale. M. Tebboune, parlant au nom des Algériens, a insisté sur le fait qu’Alger ne reprendra ses relations avec Paris, que d’égal à égal, dans un strict respect. Il a aussi insisté sur le fait que l’Algérie, offensée par les propos inconsidérés du président Macron sur son histoire, ne fera jamais le « premier pas ». Le message est sans fioriture et il semble qu’il a été entendu à Paris. Julliard s’inquiète-t-il des « génuflexions » et des « prosternations » des autorités françaises ? C’est ce que vient de faire, ces jours-ci à Alger après la bourrasque mémorielle, Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ? L’éditorialiste de « Marianne » ne se doute-t-il pas que les Algériens auraient pu attendre du haut-représentant de la France plus que des regrets ? L’aman, sûrement, ce vieux rite punitif de la France coloniale en Algérie.

    Dans les chromos de l’Algérie française, ce qui demeure d’une culture coloniale indigente, figurent des images sépia de populations indigènes, le front et les genoux dans le sol boueux, suppliant l’aman à un officier français au-devant de ses mousquetons et de ses canons. Il ne suffisait pas à la France coloniale inhumaine de pourchasser et de tuer les Algériens sans armes, il lui fallait aussi humilier leurs survivants dans cette cérémonie victorieuse de l’aman, le pardon. À Alger, M. Le Drian, autrefois grand mamamouchi socialiste, rapetassé dans une livrée macroniste, n’a pas été soumis à l’aman, il a même été reçu en audience par M. Tebboune, qui a été, en la grave circonstance, singulièrement aimable, qui n’a pas exhumé des reliques de l’histoire commune algéro-française ce sacré éventail du dey Hussein. Dans ce bref contentieux mémoriel avec la France, qui devra bien s’épuiser, rien n’est perdu : l’Algérie a gagné un président patriote et déterminé, qui a rendu aux Algériens leur fierté et leur grandeur de peuple libre dans un État souverain. Contre Jacques Julliard et ses lectures à courte vue, l’Histoire des Algériens en témoignera.

    * Linguiste, écrivain, critique et historien de la littérature

    Notes

    1. Jaques Julliard, « La France seule », « Marianne » (Paris), 12 au 18 novembre 2021.

    2. Réunissant au palais de l’Élysée des jeunes Français d’origine algérienne, le 15 octobre 2021, le président Macron a exprimé son profond scepticisme sur l’existence d’une nation algérienne avant la conquête française. Propos de précampagne électorale qui ont été à l’origine d’une brouille entre les deux pays. L’Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris et interdit son espace aérien aux avions militaires français.

    3. « La France seule », art. cité.

    4. Id.

    5. Abdellali Merdaci, « L’indigne compromission de l’Académie française », Afrique-Asie.fr, 30 octobre 2015.

    6. Voir sur cet aspect, l’ouvrage d’Ahmed Bensaada, « Qui sont ces ténors autoproclamés du hirak ? », Alger, APIC Éditions, 2020.

    7. Voir Georges Fleury, « Comment l’Algérie devint française », Paris, Perrin, 2008.

    8. Ahmed Bensaada, « Algérie : les tribulations tartarinesques de Marie-George Buffet (https://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=586:2021-11-17-21-55-07&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119).

    9. Jacques Julliard, « De la repentance », « Marianne », 15 au 21 octobre 2021.

    10. Le 19 juin 1845, plus de 700 Algériens ont été asphyxiés dans les grottes du Dahra par les troupes du colonel Pélissier. Ce meurtre collectif a été salué à la Chambre des députés (Cf. François Maspero, « L’Honneur de Saint-Arnaud », Paris, Plon, 1993).

    11. Kateb Yacine, « Abdelkader et l’indépendance algérienne », Alger, En Nahda, 1948.

    Par Abdellali MERDACI

    L’Espoir libéré, 19/12/2021

    #Algérie #France #Histoire #Mémoire

  • La France perd le Mali

    La France perd le Mali – Sahel, Barkhane, Niger, Burkina faso, Tchad, mémoire, Emmanuel Macron,

    Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’est rendu à Alger ce mercredi 8 décembre afin d’y rencontrer son homologue Algérien Ramtane Lamamra pour être ensuite reçu en audience par le président Abdelmadjid Tebboune, ce qui n’était ni prévu, ni annoncé au préalable dans chacune des deux capitales.

    Décrite « de travail », cette visite semble beaucoup plus être forcée et dictée par les derniers événements survenus au Sahel et ses possibles conséquences sur le statut de la France en Afrique que d’aucune autre raison , ce qui explique d’ailleurs cette seule déclaration très solennelle sous forme d’allocution écrite avec des mots choisis , lu par l’ex ministre de la défense française à sa sortie de l’audience accordée par le locataire du Palais d’El Mouradia

    La présence physique de Jean-Yves Le Drian intervient dans un climat de crise très délicate entre Alger et Paris et dont les principales causes sont d’ordres économiques et géostatiques, le président Tebboune ayant déjà déclaré auparavant, que l’Algérie ne fera en aucun cas le premier pas pour désamorcer cette brouille avec Paris.

    Échéance électorale oblige, l’Elysée privilégie de mettre seulement en évidence , la seule liaison avec les différends historiques entre les deux pays, « Je souhaite que nos deux pays reprennent ensemble la voie d’une relation apaisée », a déclaré à la presse M. Le Drian aux côtés de son homologue, Ramtane Lamamra, ajoutant que la France et l’Algérie devaient « regarder vers l’avenir ». Le ministre français a insisté sur « la confiance » à « renouer » et sur « l’approfondissement de notre partenariat » qualifié d’« indispensable », c’est ce que l’on pouvait lire et entendre dans la presse et les médias ayant couverts l’événement , autant de vocables solennisant la thèse de la volonté de Paris de surmonter les maladresses fuitées de Macron, en omettant ou ne laissant pas paraître dans les revues de presse, l’utilisation des autres mots présents dans la même allocution à plus forte résonance tel que « partenariat » « opérationnel » et autre « rôle régional » en référence à l’Algérie appuyé, en lisant cette phrase, d’un regard en direction de Lamamra. Des mots qui en disent long sur les véritables motivations de cette visite. Le spectre de Bangui que Washington refuse de voir se reproduire à Bamako.

    Á l’accoutumée et de tout temps Paris souffle » le chaud et le froid » dans ses relations avec Alger, cependant cette fois ci, ce modus operandi a vite été remplacé par la mise en place d’une escalade verbale calculée envers Alger, précipitée sans doute par la nouvelle donne au Mali après le putsch du 24 mai 2021.

    D’autant plus que depuis son élection à la tête de l’Etat Algérien en décembre 2019, Abdelmadjid Tebboune a amorcé de nouvelles stratégies et actions diplomatiques qui ont quelque peu exacerbé Paris et que cette dernière juge sans nul doute, préjudiciables pour ses intérêts directs, autant pour les relations bilatérales que dans le continent Africain mais aussi en Méditerranée.

    En effet, six semaines plus tôt survint une énième provocation, les propos tenus par Emmanuel Macron lors d’une rencontre à l’Élysée avec des « petits-enfants » de la guerre d’Algérie, largement médiatisés dans l’hexagone, ont été jugés par Alger d’offensants et irrespectueux envers l’Algérie, son peuple et son histoire. Il y avait évoqué un « système politico-militaire algérien » bâti sur la « rente mémorielle » et la « haine de la France ». S’interrogeant même sur l’existence de « la nation algérienne (…) avant la colonisation française ».

    Le Retrait des forces françaises du Mali : redéploiement tactique ou bien tentative d’enlisement de l’Algérie ?

    Alger avait répliqué en rappelant pour consultation son ambassadeur à Paris ; une action diplomatique qui n’a rien d’extraordinaire dans pareille situation. Sachant que les enjeux étaient ailleurs et contre l’attente de tous, Paris y compris , les autorités Algériennes ont de facto et parallèlement interdit le survol l’espace aérien algérien aux avions militaires français participant à l’opération « Barkhane », Macron, qui caresse le rêve de rempiler pour un deuxième mandat présidentiel, avait accéléré quelques mois avant cette cabale, le retrait des forces françaises des principales lignes de front dans le nord du Mali, optant pour l’internationalisation de l’intervention , tout en maintenant les bases françaises dans le Sahel , notamment au Tchad et au Niger , afin d’éviter, selon des analyses françaises , que cette région ne tombe dans l’escarcelle de l’influence russe et chinoise, les conséquences de l’opération « Sangaris » en Centrafrique sont si évidentes pourtant ! Les Russes et les chinois sont bel et bien là.

    Selon la version française à peine dévoilée le 09 juillet dernier lors du sommet virtuel de Paris sur le Sahel , ce repli tactique vise un allègement de l’effort de guerre français, sans pour autant renoncer à l’influence de Paris dans la région, le coût financier étant de un milliard d’euro/an depuis le début des opérations, « Serval » d’abord puis «Barkhane », selon des sources informées. Sur un plan opérationnel ceci consiste en la fermeture des bases militaires à Kidal, à Tombouctou et à Tessalit, dans le nord du Mali (sud de l’Algérie) , ainsi que la réduction des effectifs , pour les faire passer de 5100 actuellement à environ 2500 à 3000 éléments, concrètement ceci rendra ainsi cette zone déjà très fragile , un No Man’s Land ouvert à la possibilité de la création d’un État ethnique Touareg sous la coupe des terroristes comme ce fût pour le duo pachtoun-taliban en Afghanistan, sans plan de rechange, la France s’emploie ainsi à vouloir remplacer «Barkhane» par «Takuba», cette task force européenne déployée au Sahel mais non opérationnelle, et qui compte le rester puisque les pays qui la compose , le Royaume-Uni à leur tête , refusent jusque-là de s’impliquer militairement dans la région la considérant comme étant « zone sous influence française ».

    La création d’un tel déséquilibre sécuritaire prémédité ou non dans le nord Mali , impliquerait selon des observateurs acquis aux thèses françaises, de toute évidence, l’engagement de troupes Algériennes, du moment que ce déséquilibre profiterait grandement aux groupes armés et aux organisations terroristes aux frontières algériennes, ou bien même selon d’autres, la création de zones sécuritaires en profondeur Malienne et par conséquent au Sahel , ce qui est très peu probable, pour l’une comme pour l’autre, ceci ne peut être envisageable du côté d’Alger qui maîtrise et connaît parfaitement le dossier, donc en possession de plusieurs arguments à mettre en œuvre pour le règlement de ce conflit Malien, sans encombre , encore plus, le gouvernement Algérien reste convaincu que la solution de cette crise ne peut être d’aucun cas militaire.

    Qu’en est-il des réalités sur le terrain ???

    À Bamako, le Président par intérim, proche de Paris Bah N’daw, est renversé par le colonel Assimi Goïta le 24 Mai 2021, Macron annonça le retrait de ses troupes des bases du nord, le 09 juillet 2021 , laissant une armée locale très précaire qui a toujours eu du mal à contenir depuis toujours, les rébellions Touaregs au delà du fleuve Niger, la frontière naturelle entre le nord et le sud du pays, Paris espère ainsi pousser la Direction au pouvoir à revenir contrainte, dans le giron français, afin d’obtenir l’appui militaire et financier de l’hexagone. Cependant les militaires aux commandes à Bamako annoncent la réception de quatre hélicoptères russes MI-171 neufs livrés à partir de la base Égyptienne de Helwane, possible future base de maintenance pour hélicoptères en concert avec l’Algérie pour la zone AME, c’est ici l’entame de l’acquisition des équipements qui permettront une lutte anti-terroriste plus conséquente par l’armée Malienne suivi par la signature de plusieurs contrats d’achat d’armements avec Pékin cette fois, dont dix MRAP, véhicules blindés anti-mines déjà livrés , il est même question de l’acquisition proche de chasseurs russes de classe 4++, le SU 35, au moment où Paris accuse Bamako de vouloir contracter les mercenaires du groupe Wagner proche du Kremlin, à vrai dire rien n’a été confirmé à ce sujet, encore une guerre du renseignement dans ce contexte de lutte contre le terrorisme transnationale et qu’il faille compter désormais sur l’expertise Algérienne indispensable pour Paris qui n’a pas été en mesure de prévoir les intentions du gouvernement Malien . Ce rapprochement direct de Bamako avec Moscou et Pékin, ne va pas sans déplaire encore une fois à Washington. Un revirement total de la situation puisque, l’armée malienne dispose actuellement des atouts qui lui ont fait défaut jusqu’à présent lui permettant d’avoir la maîtrise aérienne et une logistique anti-mine, arme redoutable des jihadistes en sol malien et qui est la principale cause des pertes en vie humaines françaises depuis « Serval » , tout le contraire de l’effet escompté par cette manœuvre Française, Bamako a maintenant les capacités militaires pour faire cavalier seul dans sa lutte contre le terrorisme et surtout son émancipation vis-à-vis de Paris, en choisissant ses propres partenaires militaires . En effet, c’est le retour à la case de départ du dossier à savoir la crise Touareg au nord du pays et le consensus des belligérants du rôle de l’Algérie qui dispose de l’entière confiance de ses voisins du sud ouest.

    Algérie : une connaissance parfaite des réalités maliennes

    Le Nord du Mali a toujours été le théâtre de nombreuses rébellions Touaregs, réclamants une égalité entre le nord et le sud par rapport aux investissements de l’état , des événements au cours des quels Alger a de tout temps joué un rôle central et majeur, privilégiant le dialogue entre les belligérants, plusieurs crises ont pu être dépassées grâce à des négociations sous l’égide d’émissaires Algériens , la dernière avait été couronnée par les Accords d’Alger signés en 2015 , entre les groupes armés Touaregs et le gouvernement de Bamako qui n’a encore pas honorer ces engagements vis-à-vis de ses détracteurs Touaregs , au risque d’un retour aux armes imminent des Azawads, auxquels il faudrait ajouter la présence entre temps, d’une nébuleuse terroriste ayant trouvé dans cette région délaissée par l’état et livrée à elle même, un vaste terrain libre, favorable à une implantation pérenne des jihadistes qui appellent à un dialogue direct avec les capitales européennes, celles-ci ont pris pour habitude de payer des rançons à coup de millions d’euro, Paris n’est pas en reste sur cette pratique.Toutefois, comme en 2012, les groupes armés terroristes pourraient cette fois-ci se regrouper, avec l’aide des différents services de renseignement présents, sous la bannière du GSIM, groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans de Iyad Ag Ghali, qui a dernièrement déclaré le jihad contre la Russie, selon le scénario le plus optimiste de Paris, la création d’un émirat terroriste à ses frontières sud contraindra une intervention militaire Algérienne cependant la déclaration du GSIM contre la Russie pourrait amener les troupes russes dans cette zone et non pas seulement Wagner comme en centre Afrique, et qui a valu à Paris les foudres de l’administration Américaine.

    Le Drian à Alger: les relations bilatérales ou bien une mission de sauvetage de la politique française au Mali ?

    D’après les premières impressions, cette visite à Alger semble dépasser, et de très loin le seul cadre des relations bilatérales Algéro-françaises relégués à priori au second plan, malgré la volonté officielle française de vouloir faire paraître le contraire. Ce qui pousse Paris à agir avec célérité, c’est sans doute sa position inconfortable vis-à-vis de ses alliés européens et beaucoup plus avec l’administration Biden.

    Aux besoins de Paris, exposés à Tebboune par le biais de Le Drian. l’Elysée, vu que sur le terrain des opérations, les événements ont pris une tournure telle que Washington ne manquera pas de recadrer la France au Sahel, si ce n’est pas déjà fait d’ailleurs. Sans doute c’est à Alger, que reviendra la primauté sur ce dossier, car ses thèses Maliennes sont les plus réalistes et réalisables. Cependant, le mutisme total d’El Mouradia sur cette visite semble dire que l’Algérie n’a jamais été loin du Mali, bien au contraire. Ce qui semble focaliser actuellement l’attention de l’Algérie c’est la Libye, un autre dossier où les actions de Paris ont été aussi désavouées.

    Par Mohamed Amine Hattou

    Algérie54, 13/12/2021

    #Algérie #France #Mali #Sahel #Tchad #BurkinaFaso #Niger

  • La France entreprend de raviver ses liens avec l’Algérie

    La France entreprend de raviver ses liens avec l’Algérie

    La France entreprend de raviver ses liens avec l’Algérie – Mali, Sahel mémoire, visa, relations bilatérales

    Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, est retourné le 9 décembre en Algérie afin de raviver des liens mis à mal ces derniers mois par des tensions diplomatiques entre les deux pays, une visite décrite par un diplomate comme un pas destiné à « tourner la page ».

    La visite de Jean-Yves Le Drian à Alger, qui n’avait pas été annoncée en amont, avait pour but de tout mettre sur la table et d’ouvrir la voie à une reprise du dialogue, a indiqué à des journalistes une source diplomatique française.

    « Aucun de nous ne peut se permettre de laisser perdurer cette situation dégradée. Il y a une volonté de relancer notre relation et de résoudre les problèmes qui lui nuisent », a dit cette source. « Une page a été tournée ».

    Dans un communiqué relayé par le Quai d’Orsay, le chef de la diplomatie française, qui s’est entretenu avec Abdelmadjid Tebboune et avec son homologue algérien, a dit avoir « exprimé le souhait de travailler à lever les blocages et les malentendus qui peuvent exister » entre les deux pays.

    « Nous sommes convenus de reprendre un certain nombre de coopérations », a poursuivi Jean-Yves Le Drian. « Cela se traduira par la reprise d’un dialogue opérationnel entre partenaires sur les questions humaines et sur les questions migratoires (…), par la reprise d’un dialogue opérationnel sur la lutte contre le terrorisme (…) ».

    Selon la source diplomatique, Alger ne s’est pas engagé à permettre la reprise des vols militaires français mais une discussion sur la question est désormais ouverte. En revanche, a-t-elle ajouté, l’Algérie est désormais disposée à ce que les vols médicaux d’urgence transportant des soldats français déployés au Mali traversent son espace aérien.

    Une relation tendue
    Les relations entre Paris et Alger ont subi un sérieux coup de froid après la publication d’un entretien dans lequel Emmanuel Macron s’interrogeait sur l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation française et accusait le pouvoir algérien de cultiver une « rente mémorielle ».

    Elles sont devenues glaciales après la diffusion de propos tenus par le Président français lors d’une rencontre avec des « petits-enfants » de la guerre d’Algérie, dans lesquels il accusait le « système politico-militaire » algérien d’avoir réécrit l’histoire de la colonisation dans la « haine » de la France.

    À la suite de ces propos, qualifiés de « très graves » par le Président Abdelmadjid Tebboune, l’Algérie a fermé son espace aérien aux avions militaires français de l’opération Barkhane au Mali et rappelé son ambassadeur à Paris pour consultation.

    L’Élysée a fait savoir le mois dernier qu’Emmanuel Macron regrettait les « polémiques et malentendus » suscités par ses propos.

    By Amine Dziri

    Sputnik France, 09/12/2021

    #France #Algérie #Mali #Sahel #Visa

  • Les petits pas de Paris envers Alger

    Les petits pas de Paris envers Alger

    Les petits pas de Paris envers Alger – Algérie, France, archives, mémoire, Emmanuel Macron,

    Après près de 60 ans, les archives des enquêtes judiciaires de la guerre d’Algérie seront déclassifiées, selon Roselyne Bachelot, ministre française de la Culture. Vendredi, Roselyne Bachelot a informé sur BFMTV qu’elle dévoilait les archives des enquêtes judiciaires de la gendarmerie et les forces de police pendant le conflit algérien, 15 ans avant la date limite légale.

    Le ministre a souligné que la France souhaite rétablir diverses relations avec l’Algérie, mais que cela ne peut se faire que si la vérité est dite.

    Elle a répondu à une question concernant les ramifications de cette décision, en particulier la possibilité d’un futur aveu que l’armée française a torturé des Algériens, en disant qu’il est dans l’intérêt de la France d’accepter que la torture ait eu lieu.

    Dans la même veine, un groupe de députés à l’Assemblée générale française a annoncé le dépôt d’un projet de loi qui obligerait le gouvernement français à reconnaître la responsabilité des massacres du 17 octobre 1961, dans lesquels des dizaines d’Algériens à Paris ont été martyrisés pour avoir protesté contre un couvre-feu discriminatoire imposé aux Algériens dans la capitale française.

    Les propos du ministre français de la Culture sont intervenus un jour avant que l’Algérie ne commémore les manifestations du 11 décembre 1960, au cours desquelles les forces françaises ont tué des dizaines de manifestants algériens pacifiques en faveur de l’indépendance.

    Ces déclarations font suite à la visite du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian en Algérie, où il a rencontré le président Abdelmadjid Tebboune et d’autres hauts responsables de l’État.

    Que cette tâche soit confiée au ministre de la Culture peut paraître anodin, mais il semble que Paris ait le souci de présenter sa démarche comme patriotique et ancrée dans un contexte d’histoire nationale contrairement à ceux que d’indécrottables néo-colonialistes prétendent.

    Un autre pas après la reconnaissance de l’assassinat de Maurice Audin (activiste communiste pro-libération), et la restitution de crânes de combattants algériens. Suffisant pour calmer la colère d’Alger après les propos incendiaires du président français ?

    Techniquement, même si la presse ne s’y attarde pas longuement aujourd’hui, il s’agit d’archives du conflit uniquement et non de la période coloniale dans son ensemble. Donc il faut s’attendre à des justifications sur le plan français dans de nombreux dossiers du fait de la guerre.

    Il eut été plus productif notent certains observateurs, d’avoir les cartes des lieues des essais nucléaires pour nettoyer les sites actuels qui tuent encore. Ainsi que les cartes des terrains minés pendant l’occupation et le retour du canon Baba Merzoug par exemple.

    L’admission des crimes perpétrés contre les Africains prend un temps inimaginable quand d’autres de second plan sont mis en avant rituellement chaque année et ont même obtenu d’interminables compensations.

    À Alger, on observe le jeu descendre et monter sans saisir ni rejeter pour le moment. Toutefois, une chose révélatrice, l’ambassadeur algérien en France est toujours … à Alger.

    Aldjazair.org, 11/12/2021

    #algérie #france #macron #archives

  • Quel est le secret de la déclassification des archives de la révolution algérienne ?

    Algérie, France, archives, colonialisme, mémoire, Emmanuel Macron,

    La décision des autorités françaises de déclassifier les archives des « enquêtes judiciaires », qui ont eu lieu lors de la révolution de libération contre le colonialisme français, a soulevé plusieurs questions sur le contexte de cette décision, intervenue dans un contexte très sensible.
    La décision française intervient deux jours après la visite du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian en Algérie, après plus de deux mois d’une grave crise diplomatique entre les deux pays, sur fond de déclarations incalculables du Président français, Emmanuel Macron.
    Les observateurs ont lu la démarche française comme une « manœuvre » pour atteindre des objectifs non déclarés, et les milieux spécialisés ont lié cette décision à la course effrénée entre les candidats affiliés à la droite et à l’extrême droite, pour les élections présidentielles en France.
    L’historien algérien Mohamed Amine Belghith, spécialiste des relations historiques entre l’Algérie et la France, a confié à Echorouk ; « La décision française est considérée comme une manœuvre qui doit être traitée avec beaucoup de prudence, en raison de ses objectifs apparemment invisibles, mais en fait, elle est étroitement tissée pour atteindre des objectifs qui servent la France et ne servent pas l’intérêt national de l’Algérie ».
    La ministre française de la Culture, Roselyne Bachelot, a annoncé la décision du gouvernement français de déclassifier les archives des « enquêtes judiciaires ».
    « Je vous annonce l’ouverture des archives des enquêtes judiciaires de la gendarmerie et des forces de police sur la guerre d’Algérie 15 ans plus tôt », a déclaré Bachelot à BFMTV jeudi 9 décembre à propos de la révolution de libération historique et victorieuse de l’Algérie entre 1954 et 1962.
    Si la démarche française apparaît très audacieuse compte tenu du passé colonial criminel des pratiques de l’occupation française en Algérie, tant elle est considérée comme une fenêtre vers la dénonciation des crimes de l’armée coloniale, et « le début de la recherche de la vérité directement », selon le responsable français, cependant, il comporte néanmoins des risques, comme la déformation de certaines icônes révolutionnaires, notamment l’héroïque martyr, Larbi Ben M’hidi.
    Mohamed Amine Belghith a expliqué ; « D’abord, il faut souligner une chose, c’est que la dernière décision française porte sur une question, qui est le suivi judiciaire des patriotes, et cela est étudié par les juges français qui ont vécu cette étape. On suppose que l’ouverture des archives liées au suivi judiciaire des patriotes pendant la révolution algérienne se fera en l’an 2039. Et le dossier des Harkis en 2045… mais pourquoi les autorités françaises ont-elles annoncé l’ouverture des Harkis dossier avant les archives ?”.
    «Ce qui est sûr, c’est que les Français ne prendront aucune décision sauf selon des calculs, donc je pense que la dernière décision n’a d’autre but que de semer la confusion chez les Algériens. Vous savez que depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui, deux générations n’ont pas participé à la révolution… », a ajouté l’historien, qui a passé cinq ans à étudier à l’Université française de la Sorbonne.
    L’historien bien connu pense que : « Les Français, par leur dernière décision, veulent gâcher le récit que nous avons à propos de certaines personnalités révolutionnaires qui dans la mémoire des Algériens sont proches du degré de sainteté. Le dossier de Larbi Ben M’hidi dans les archives françaises dépeint le martyr comme une personne pervertie, alors que l’homme était l’une des rares personnes à faire preuve d’intégrité et de constance. Il en va de même pour le combattant de la liberté, Abane Ramdane, qui est mal présenté même si son image est tout à fait opposée ».
    Belghith estime que les autorités françaises, à la lumière de la campagne électorale pour la présidence française, cherchent un moyen de mélanger les cartes des Algériens. J’ai étudié à la Sorbonne et je les connais bien. Ils sont meilleurs pour trier et organiser des fichiers… et ils manipulent des fichiers uniquement pour des raisons de guerre psychologique ».
    L’historien s’est demandé si la récente décision française libérerait les archives des procès du réseau Johnson et des procès de Koudia ; « il faut être prudent, et ensuite être prudent lors de la lecture des documents qui ont été révélés », excluant que la décision vise à permettre aux Algériens des archives de la révolution, sinon les chercheurs ne seraient pas privés de Visas leur permettant d’accéder au archives situées en France.
    Echourouk online, 11/12/2021
    #Algérie #France #Archives #Mémoire #Macron
  • Archives d’Algérie : La boîte de Pandore

    Archives d’Algérie : La boîte de Pandore – France, Macron, Tebboune, Mémoire, crimes coloniaux,

    LA FRANCE DÉCIDE D’OUVRIR LES ARCHIVES JUDICIAIRES DE LA GUERRE D’ALGÉRIE
    La boîte de Pandore
    En décidant d’ouvrir “avec 15 ans d’avance” les archives judiciaires en rapport avec la guerre d’Algérie, la France fournit ainsi du matériau aux historiens pour la connaissance de certains faits et vérités sur une période dont le poids continue à rythmer les rapports entre Paris et Alger.

    En Algérie, l’annonce de la décision du gouvernement français de l’ouverture des archives “judiciaires entre 1954 et 1962” sur la guerre d’Algérie est accueillie comme une bonne nouvelle par les chercheurs et historiens. Ils appellent, dans ce sillage, les autorités algériennes à ouvrir les archives nationales. La France a décidé l’ouverture d’une partie de ses archives sur la guerre d’Algérie avec 15 ans d’avance, alors qu’elles devaient rester classifiées jusqu’en 1937. L’annonce a été faite, hier, vendredi, par la ministre française de la Culture, Roselyne Bachelot, deux jours seulement après la visite, en Algérie, du ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, après deux mois de crise diplomatique grave.

    “On a des choses à reconstruire avec l’Algérie, elles ne pourront se reconstruire que sur la vérité”, a expliqué, sur le plateau de BFMTV, Roselyne Bachelot, après avoir annoncé l’ouverture des “archives sur les enquêtes judiciaires de gendarmerie et de police” en rapport avec la guerre d’Algérie (1954-1962). Cette décision qui ne manque pas de symbolique se veut un geste “fort” de Paris à l’adresse de la partie algérienne, irritée par les déclarations du président français, fin septembre, remettant en cause l’existence de la nation algérienne avant la colonisation et qualifiant le régime algérien de régime “politico-militaire”. C’est une décision aussi qui correspond à la démarche initiée par le président français portant sur la “réconciliation mémorielle” et dont les travaux ont été confiés à l’historien français Benjamin Stora. “Sur cette question (archives, ndlr) — qui est troublante, irritante, où il y a des falsificateurs de l’Histoire à l’œuvre — je veux qu’on puisse la regarder en face. On ne construit pas un roman national sur un mensonge”, a argué encore la ministre de la Culture française, responsable des archives.

    Pour elle, le devoir de vérité revêt une importance majeure, nécessaire à apaiser les tensions et construire une histoire à partir des faits et non de mensonges. Comment cette décision est-elle perçue en Algérie ? L’historien Amar Mohand Amer ne manque pas de relever d’emblée le caractère “fondamentalement politique” de cette décision, intervenant au lendemain d’une brouille diplomatique sans précédent entre les deux pays. “C’est avant tout un acte fondamentalement politique. Les dernières déclarations d’Emmanuel Macron qui ont offusqué beaucoup de nos compatriotes, sinon la grande majorité, la promotion d’une ‘fausse Histoire’ de l’Algérie en France, notamment par le polémiste Éric Zemmour, ont accentué un climat qui était déjà délétère entre les deux pays. La conséquence de ces tensions mémorielles et politiques est que l’Histoire est prise en otage, encore une fois, par les porteurs de mémoire et des politiques”, explique-t-il à Liberté.

    Et dans ce sens, observe-t-il, l’ouverture par anticipation de ces archives est une initiative du gouvernement français “destinée à rectifier le tir sur le plan politique”. Sur le plan académique, note-t-il par ailleurs, cette décision est une réponse aux demandes récurrentes des historiens d’“affranchir la discipline de toutes les pesanteurs, qu’elles soient politiques mémorielles ou idéologiques”, affirme-t-il. Ce qui permettra, poursuit l’historien, l’ouverture de nouveaux terrains à l’exploration des chercheurs. “Sur le plan académique, des thèses plus documentées seront réalisées”. Amar Mohand Amer espère que les jeunes historiens algériens pourront bénéficier de cette ouverture. Pour lui, “l’État algérien devrait profiter de cette occasion pour financer des séjours scientifiques en France qui seraient destinés aux jeunes historiens, les plus méritants”.

    À l’instar d’Amar Mohand Amer, l’historien Fouad Soufi, également ancien archiviste, pense, lui aussi, que l’ouverture des archives “permettra aux historiens et autres universitaires d’accéder à de précieuses sources d’information dont ils sauront faire l’analyse critique”. Et de ce point de vue, dit-il, une archive constitue toujours un matériau important pour les historiens. Cependant, relève l’ancien archiviste, il ne s’agit pas des archives judiciaires, comme cela a été annoncé par la ministre française de la Culture. “Je voudrais préciser qu’il ne s’agit pas d’archives judiciaires. Ces archives ont été produites par les services de police et par la gendarmerie.

    Les services de police relevaient et relèvent encore globalement du ministère de l’Intérieur et la gendarmerie était encore un corps de l’armée. Si les premières (mais pas toutes) sont depuis toujours versées aux Archives de France, les archives de la gendarmerie relèvent du Service historique de la Défense, mais versées dans les dépôts d’archives de la Gendarmerie nationale. On peut se demander si cette décision concerne les enquêtes de la DST, celles du SDECE et autres services ?”, s’interroge Fouad Soufi, ajoutant, d’un autre côté, que cette annonce “nous concerne tout autant”. Mme la ministre nous dit finalement : “Voilà donc notre décision en France et vous en Algérie ? Faut-il que notre pas en avant soit unilatéral ?” Chez nous, les historiens et autres chercheurs continueront-ils à se demander : “Jusqu’à quand allons-nous devoir écrire notre histoire à partir des archives françaises proprement dites ?”

    Karim Benamar

    Liberté, 11/12/2021

    #Algérie #France #Tebboune #Macron #Archives #Mémoire

  • Algérie: Paris joue la carte de la mémoire

    Algérie: Paris joue la carte de la mémoire

    Algérie: Paris joue la carte de la mémoire – France, Guerre d’Algérie, Emmanuel Macron, colonisation,

    LA FRANCE VA OUVRIR DES ARCHIVES SUR LA GUERRE D’ALGÉRIE
    LA CARTE DU DOSSIER MÉMORIEL POUR DÉSAMORCER LA CRISE
    Après la crise alimentée par les propos du président français Emmanuel Macron, Paris tente de recoller les morceaux avec Alger en annonçant l’ouverture prochaine des archives sur «les enquêtes judiciaires» de la guerre d’Algérie, qui devront lever le voile sur le sort réservé aux centaines de militants de la guerre de libération emprisonnés, torturés ou exécutés par l’armée coloniale française. C’est ce qu’a annoncé hier la ministre française de la culture, Roselyne Bachelot.

    A travers cette annonce, qui intervient au lendemain de la visite en Algérie du chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, la France joue la carte du dossier de la mémoire, considéré comme une priorité par l’Etat algérien et figurant en tête des dossiers bilatéraux, pour tenter d’apaiser les relations diplomatiques avec Alger et désamorcer une crise d’une rare gravité entre les deux pays en cours depuis plusieurs mois.

    «Je veux que sur cette question, qui est troublante, irritante, où il y a des falsificateurs de l’Histoire à l’œuvre, soit regarder en face. On ne construit pas un roman national sur un mensonge», a argué la ministre, qui a dans son périmètre la question des archives, près de soixante ans après la fin du conflit et alors que la relation franco-algérienne.

    Après avoir annoncé l’ouverture avec quinze ans d’avance les archives sur les enquêtes judiciaires de gendarmerie et de police en rapport avec la guerre d’Algérie (1954-1962), conservées aux Archives nationales d’Outre-mer à Aix-en-Provence, Mme Bachelet a estimé que la France a des choses à reconstruire avec l’Algérie, mais qui ne pourront se reconstruire que sur la vérité.

    «C’est la falsification qui amène toutes les errances, tous les troubles et toutes les haines. A partir du moment où les faits sont sur la table, où ils sont reconnus, où ils sont analysés, c’est à partir de ce moment-là qu’on peut construire une autre histoire, une réconciliation». Interrogée sur les conséquences de cette décision, notamment sur la possible confirmation à venir d’actes de torture commis par l’armée française en Algérie, Mme Bachelot a déclaré que «c’est l’intérêt du pays que de le reconnaître».

    Le 9 mars 2021, le président français avait «pris la décision de permettre aux services d’archives de procéder aux déclassifications des documents couverts par le secret de la défense nationale (…) jusqu’aux dossiers de l’année 1970 incluse. Cette décision sera de nature à écourter sensiblement les délais d’attente liés à la procédure de déclassification, s’agissant notamment des documents relatifs à la guerre d’Algérie. Peu avant, Emmanuel Macron avait reconnu, «au nom de la France», la torture et l’assassinat de l’avocat et dirigeant nationaliste Ali Boumendjel et du mathématicien et militant Maurice Audin par l’armée française pendant la guerre d’Algérie en 1957. Ces gestes d’apaisement étaient recommandés dans le rapport remis à Emmanuel Macron le 20 janvier par l’historien Benjamin Stora dans le but de «réconcilier les mémoires» et de « regarder l’histoire en face».

    La lecture du rapport remis par Benjamin Stora au chef de l’Etat français, qui lui a confié en juillet 2020 une mission de conseil sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie, a été perçue comme « décevante » en Algérie. Il est notamment reproché à ce rapport, de 146 pages, de foisonner beaucoup plus des gestes symboliques, d’approches plus événementielles ou commémoratives que d’une réelle volonté de faire éclater la vérité ou les vérités ou de rétablir les droits. Le colonisé et le colonisateur pour Stora sont situés au même niveau. Rappelant que pour les autorités algériennes, l’excellence des relations bilatérales entre Alger et Paris est tributaire des
    rapports historiques et de la question mémorielle, lesquels ne pourront faire l’objet d’une quelconque concession.

    Mohamed Mecelti

    Le Jeune Indépendant, 11/12/2021

    #Algérie #France #Tebboune #Macron #Mémoire #Archives

  • Algérie-France: Vers la fin de la crise ?

    Algérie-France: Vers la fin de la crise ? – Emmanuel Macron, Abdelmadjid Tebboune, mémoire,

    Paris veut dénouer la crise profonde qu’elle traverse avec l’Algérie et « renouer une relation de confiance », ainsi que le « dialogue politique ». C’est ce qu’a déclaré hier le chef de la diplomatie française au terme de sa visite à Alger.
    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Cette visite inattendue dans ce contexte de grandes tensions entre les deux pays est interprétée comme étant, en quelque sorte, la phase concrète des démarches entamées à la mi-novembre à Paris pour tenter d’apaiser la colère des dirigeants algériens suscitée par de graves propos d’Emmanuel Macron.

    À cette période qui coïncidait avec la préparation d’une conférence sur la Libye, un conseiller du chef d’État français avait déclaré que «le président de la République regrettait les polémiques et les malentendus engendrés par les propos rapportés» et qu’il « était fortement attaché au développement de la relation». Cette déclaration a été suivie d’autres propos apaisants du même genre, d’insistance sur « le rôle important de l’Algérie dans la région et la nécessité d’entretenir des relations de travail sereines entre les deux pays ».

    Après les paroles, les actes. Jean-Yves Le Drian et Ramtane Lamamra, qui s’étaient limités à un simple salut courtois à Kigali, en octobre dernier, ont pu s’entretenir hier à Alger. Le chef de la diplomatie française a ensuite été reçu par Abdelmadjid Tebboune auquel il a fait part du « souhait (de son pays) de travailler à lever les blocages et les malentendus qui peuvent exister entre les deux pays ».

    « Ce déplacement a pour double objectif de renouer une relation de confiance entre nos deux pays, marquée par le respect de la souveraineté de chacun, mais aussi de regarder vers l’avenir pour travailler à la relance et à l’approfondissement de notre partenariat qui est indispensable (…) la France et l’Algérie ont des liens profonds animés par la densité des relations humaines entre Algériens et Français, et ancrés dans une Histoire complexe », a-t-il ajouté.
    Le Drian a fait savoir qu’au cours des échanges, « les deux parties ont convenu de reprendre certains axes de la coopération bilatérale, qui se traduira par la reprise d’un dialogue opérationnel entre partenaires sur les questions humaines et migratoires, et aussi par la reprise d’un dialogue opérationnel sur la lutte contre le terrorisme et par nos efforts communs pour assurer la sécurité de nos deux pays », a-t-il dit, avant d’exprimer son « souhait que le dialogue que nous relançons aujourd’hui puisse conduire à une reprise des échanges politiques entre nos deux gouvernements en 2022 ».

    Les échanges ont également porté sur des questions régionales où « l’Algérie joue un rôle important », ajoute-t-il. «Nous entendons continuer à coordonner nos initiatives diplomatiques pour favoriser le processus d’une transition politique en Libye à la suite de la Conférence de Paris (…) nous avons fait le point sur la situation au Mali », soulignant que « l’engagement de l’Algérie dans la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation est un élément essentiel du processus de paix au Mali ».

    Il a été aussi question du terrorisme au Sahel et de l’émigration clandestine, autant de sujets « d’intérêts communs » qui ont fait « le sens de ma présence aujourd’hui à Alger (…) pour une visite de travail et d’évaluation de la relation bilatérale ». La veille, le Quai d’Orsay avait évoqué une « visite de travail, d’évaluation et de relance des relations algéro-françaises », alors qu’à Alger, un communiqué du ministère des Affaires étrangères a fait état d’une « visite de travail et d’évaluation des relations bilatérales ». Le terme « évaluation » sous-entend que l’Algérie compte mettre à plat l’ensemble des différends ayant conduit à la crise inédite qui secoue les deux pays depuis près de deux mois. Ces tensions ont commencé avec l’annonce de la réduction de 50% du quota de visas habituellement octroyés à l’Algérie (au Maroc et à la Tunisie aussi).

    Selon Paris, cette décision a été prise en raison du refus de ces États de rapatrier leurs citoyens en situation illégale. Alger s’est élevée contre cette prise de décision, sans concertation préalable sur le sujet, avant le rappel de son ambassadeur. Cette question de rapatriement a également généré un différend entre les deux pays. Le ministre de l’Intérieur français a avancé que ces migrants illégaux sont près de huit mille personnes, alors que l’Algérie affirme qu’ils ne dépassent pas les 900 personnes. Ce chiffre avait été avancé par Abdelmadjid Tebboune dans une interview accordée à Der Spiegel et où il avait aussi qualifié de « très graves » les propos du Président français. « Emmanuel Macron a blessé la dignité des Algériens. Nous n’étions pas des sous-hommes. Nous n’étions pas des tribus nomades avant que les Français viennent en Algérie », a-t-il déclaré en réaction aux propos (de Macron) qui avait remis en cause l’existence de « la Nation algérienne avant la colonisation française ».

    Le Président français avait également accusé le système algérien de s’être bâti sur une « rente mémorielle », lors d’une rencontre avec de jeunes binationaux à l’Élysée. Ces propos rapportés par le journal Le Monde ont entraîné une série de réactions, notamment le rappel de l’ambassadeur à Paris et l’interdiction de survol du territoire algérien faite aux avions militaires français appuyant l’opération Barkhane au Nord-Mali.

    A. C.

    Le Soir d’Algérie, 09/12/2021

    #Algérie #France #Tebboune #Macron #Mémoire #Visa

  • La France va ouvrir ses archives sur la guerre d’Algérie

    La France va ouvrir ses archives sur la guerre d’Algérie – Colonisation, Mémoire, crimes coloniaux, Emmanuel Macron, Abdelmadjid Tebboune

    La France ouvrira « 15 ans à l’avance » ses archives sur la guerre d’Algérie. Une décision qui intervient au lendemain de la visite du ministre français des Affaires étrangères après des mois de tensions entre l’Algérie et la France.

    L’annonce de l’ouverture des archives a été faite ce vendredi par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot sur BFMTV.

    « J’ouvre avec 15 ans d’avance les archives sur les enquêtes judiciaires de la gendarmerie et de la police qui concernent la guerre d’Algérie », a-t-elle annoncé dans son communiqué qui a été repris par l’AFP.

    Cette décision intervient au lendemain de la visite du ministre français des Affaires étrangères après des mois de tensions entre l’Algérie et la France. En effet, en octobre dernier, le président français Emmanuel Macron avait suscité la colère de l’Algérie en remettant en cause l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation française et en accusant « le système politico-militaire » d’être bâti sur « une rente mémorielle ».

    Ces déclarations avaient suscité la colère d’Alger, qui a rappelé son ambassadeur pour « consultation » et fermé l’espace aérien aux avions militaires français opérant dans le cadre de l’opération Barkhane au Sahel.

    Alors qu’Abdelmadjid Tebboune avait affirmé en novembre qu’il « ne ferait pas le premier pas » pour sortir de la crise, le chef de la diplomatie française a atterri mercredi à Alger dans le cadre d’une visite surprise annoncée in extremis.

    Ce voyage a le double objectif de renouer une relation de confiance entre nos deux pays, marquée par le respect de la souveraineté de l’autre, mais aussi de regarder vers l’avenir pour travailler à la relance et à l’approfondissement de notre partenariat qui est essentiel » , a-t-il déclaré après sa réception par Abdelmadjid Tebboune.

    Pipa news, 10/12/2021

    #France #Colonisation #Algérie #Mémoire #Archives #Macron #Tebboune