Étiquette : migrants

  • Un Marocain réalise son rêve américain dans l’est de l’Iowa

    -Otmane Benjilany a quitté le Maroc pour s’installer dans l’est de l’Iowa il y a 15 ans avec le rêve de posséder un jour son propre restaurant
    -Il a fait ses débuts sous le nom de « O’s Grill », avec un chariot à hot-dogs en 2009.

    CEDAR RAPIDS, Iowa (KCRG) – Otmane Benjilany a quitté le Maroc pour s’installer dans l’est de l’Iowa il y a 15 ans avec le rêve de posséder un jour son propre restaurant. Il a fait ses débuts sous le nom de « O’s Grill », avec un chariot à hot-dogs en 2009.

    « J’avais un emploi à plein temps à l’usine et je faisais le week-end un chariot à hot-dogs », raconte Benjilany.

    Il a vendu des shish kabobs de style marocain dans le centre-ville de Cedar Rapids pendant des années avant de transformer son entreprise en food truck en 2015. Depuis lors, l’entreprise fonctionne à partir d’une remorque de 14×7 pieds. Les jours de grande affluence, quatre personnes travaillent à l’intérieur. Maintenant, ils sont sur le point d’obtenir beaucoup plus d’espace.

    « Maintenant, nous avons comme 2 400 pieds carrés, alors beaucoup de magie va se produire ici », a déclaré Benjilany.

    La première maison permanente de O’s Grill ouvrira au 3911 Center Point Road NE à Cedar Rapids, à l’occasion d’Halloween. Le restaurant, qui se spécialise dans les gyros, est un rêve qui a été long à réaliser pour Benjilany qui est arrivé aux États-Unis sans parler anglais.

    « Les deux mots que je connaissais de l’anglais sont merci et bonjour lorsque j’ai déménagé ici dans ce pays, donc la route a été longue », a déclaré Benjilany.

    « J’ai l’impression d’avoir beaucoup de chance et j’ai toujours entendu parler du ‘rêve américain’, je ne savais pas ce que c’était, maintenant je le ressens et je le vis ». a dit Benjilany.

    KCRG, 18/10/2021

  • Une quarantaine de migrants marocains expulsés d’Algérie

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    Une quarantaine d’exilés marocains ont été remis aux autorités marocaines par leurs homologues algériens. C’est une première depuis la fermeture des frontières entre les deux pays en 1994. Jusqu’ici, seul le rapatriement des migrants décédés avaient permis la réouverture du poste de Zouj Bghal.

    C’est une décision exceptionnelle. « L’Algérie a remis aux autorités marocaines une quarantaine de migrants à travers le poste frontière de Zouj Bghal », situé entre la ville chérifienne d’Oujda, et la commune algérienne de Tlemcen, a déclaré à l’AFP Hassane Ammari, responsable de l’association Aide aux migrants en situation vulnérable (AEMSV).

    L’AEMSV avait précédemment écrit aux autorités algériennes pour tenter d’obtenir la libération de sept migrants marocains, à la demande de leurs familles, « mais la bonne surprise est que le nombre des expulsés était d’environ 40 personnes », selon la même source.

    D’après Mohamed Kerzazi, militant d’une association de défense des droits des migrants, le groupe a été conduit par les autorités jusqu’à la gare routière d’Oujda, distante de quelques kilomètres de la frontière. Là, « certains ont pris des bus pour rentrer chez eux, au sud et plus à l’ouest du Maroc ».

    D’ordinaire, la frontière entre les deux pays ne s’ouvre que pour le rapatriement de migrants décédés. Le 14 avril 2021, les autorités avaient ainsi permis le passage du corps d’un exilé marocain, mort au large des côtes algériennes. Une ambulance marocaine était venue jusqu’au poste de Zouj Bghal pour le ramener à Oujda, sa ville natale. Deux mois plus tôt, en février, les autorités avaient organisé, cette fois, le transfert vers l’Algérie du corps d’un migrant algérien.

    Et ce, malgré les relations traditionnellement difficiles entre les deux États, en désaccord sur la question du Sahara occidental. Le 24 août dernier, le ministre algérien des Affaires étrangères Lamtane Lamamra avait annoncé la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc, l’accusant « d’actions hostiles ».

    Le Maroc a, pour sa part, regretté la décision « injustifiée » de rompre les relations bilatérales, rejetant « les prétextes fallacieux, voire absurdes, qui la sous-tendent ». Jeudi dernier, l’Algérie a d’ailleurs annoncé la fermeture « immédiate » de son espace aérien à tous les avions civils et militaires marocains ainsi qu’aux appareils immatriculés au Maroc.

    L’Algérie sur la route de l’exil

    La frontière, fermée depuis 1994, est à l’image des relations qu’entretiennent les deux pays. La portion qui s’étend de Saïdia à Oujda est formée d’un « grillage haut de trois mètres, doublé de fils barbelés et d’un muret en béton », affirme Mohamed Kerzazi. C’est un passage très surveillé, mais qui, paradoxalement, est très passant ». Ces derniers mois, de nombreux migrants soudanais y ont transité, pour atteindre Oujda.

    Mais il est également très emprunté par les ressortissants marocains eux-mêmes. Si une majorité d’entre eux tentent de rallier l’Espagne par les enclaves de Ceuta et Melilla et par la route des Canaries, certains font également chemin vers la Tunisie et la Libye, dans l’objectif de prendre la mer pour l’Italie. Et se retrouvent donc en Algérie. « D’après les témoignages de plusieurs familles, une partie des exilés est arrêtée et peut rester dans le pays, indique le militant. Quelques-uns choisissent, parfois, d’y rester quelques temps et d’y gagner leur vie ».

    D’après Hassan Ammari, « il arrive aussi que certaines embarcations perdues, [parties des côtes marocaines, ndlr] échouent sur les côtes algériennes ». Les migrants marocains sont alors, malgré eux, coincés dans le pays.

    Info Migrants, 29/09/2021

  • Maroc: Des familles demandent le retour des leurs détenus en Libye

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    Libye : Des familles marocaines demandent le retour en toute sécurité des migrants détenus

    Des centaines de ressortissants marocains sont détenus dans des conditions inhumaines dans des centres de détention libyens, rapporte un groupe de défense des droits de l’homme. Les familles demandent instamment au gouvernement marocain d’intervenir.

    Selon un groupe de défense des droits de l’homme à but non lucratif, des centaines de Marocains sont détenus dans plusieurs centres de détention de l’ouest du pays, notamment le centre de détention d’Al-Dara et les prisons d’Ain Zara et de Ghout al-Shaal, à l’ouest de Tripoli.

    Les migrants sont maintenus dans des « conditions humanitaires difficiles », sans nourriture adéquate ni eau potable, a déclaré l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme dans un communiqué la semaine dernière. Un grand nombre de ceux qui se trouvent dans le centre d’Al-Daraj seraient également infectés par le coronavirus.

    Euro-Med Monitor dit avoir recueilli les témoignages de plus de 80 membres des familles des migrants. L’un d’eux, Al-Aweni Muhammed, a déclaré que son fils Mustafa avait quitté le Maroc en mars en direction de la Libye. Il a été détenu le 22 avril par des gardes-frontières dans la région de Ghadames, dans l’ouest de la Libye.

    « Il nous a appelés pour nous informer qu’il était détenu au centre de détention d’Al-Daraj avec de nombreux autres migrants marocains. Il a décrit les conditions comme étant très difficiles en termes de manque de nourriture, d’eau et d’hygiène », a déclaré Al-Aweni.

    Les familles réclament justice

    Les détenus comme Mustafa, âgé de 23 ans, n’ont fait l’objet d’aucune procédure légale, selon Al-Aweni, mais les familles ont été informées de l’intention des autorités libyennes de les expulser, le ministère marocain des affaires étrangères devant agir en premier.

    Entre-temps, les familles ont organisé plusieurs veillées devant le siège du ministère à Rabat, exigeant l’intervention du gouvernement.

    Une source du ministère des affaires étrangères aurait déclaré le 6 septembre que les autorités des deux pays travaillaient « au plus haut niveau » pour coordonner le retour des 195 Marocains détenus en Libye. Mais jusqu’à présent, selon Al-Aweni, les mouvements « ne reflètent pas des intentions sérieuses pour résoudre la crise. »

    6 000 personnes en détention arbitraire », selon un fonctionnaire de l’ONU
    Mustafa n’a pas réussi à échapper aux gardes-frontières libyens lorsqu’il est entré dans le pays depuis l’Algérie. Ceux qui parviennent à atteindre la côte libyenne embarquent généralement sur de petits bateaux arrangés par des passeurs. Beaucoup partent sans papiers d’identité, pensant que cela les aidera à obtenir l’asile lorsqu’ils atteindront l’Italie.

    Le voyage est souvent écourté lorsque les bateaux surpeuplés et en mauvais état sont interceptés par les garde-côtes libyens, qui les envoient dans des centres de détention comme Al-Daraj.

    Safa Msehli, porte-parole de l’agence des Nations unies pour les migrations (OIM), a tenté d’attirer l’attention sur cette situation. Vendredi 17 septembre, elle a indiqué sur Twitter que plus de 24 000 personnes avaient été renvoyées cette année : environ 6 000 sont en détention arbitraire, mais la plupart sont introuvables. Le nombre de personnes renvoyées a plus que doublé par rapport à l’année dernière, selon l’OIM.

    L’Associated Press a rapporté la semaine dernière qu’il n’avait reçu aucune réponse du ministère de l’intérieur libyen à une demande de commentaire sur les déclarations de Msehli. Euro-Med Monitor n’a pas non plus obtenu de réponse, bien qu’il ait contacté « un certain nombre d’autorités officielles libyennes » au sujet des détenus marocains.

    J’ai reçu le pire appel de ma vie ».

    Hamza a quitté le Maroc en juin, en direction de la frontière algérienne. Son père, Lamouri Radwan, a déclaré à Euro-Med Monitor qu’il a téléphoné exactement un mois plus tard : « J’ai reçu le pire appel de ma vie. Mon fils […] m’a dit que le bateau sur lequel il se trouvait avec 19 autres migrants avait chaviré en mer, et que personne n’avait pu regagner la terre ferme, à l’exception de Hamza et d’une autre personne. »

    Le contact suivant que Lamouri Radwan a eu avec Hamza a eu lieu à la prison de Melita, dans la ville libyenne de Zuwara. Son fils lui a dit que deux de ses amis étaient morts et qu’on lui avait demandé d’identifier leurs corps.

    Plus tard, Hamza a été libéré, et il est allé vivre dans une famille en Libye. Mais son père a déclaré que, comme son fils n’avait ni passeport ni pièce d’identité, il ne savait pas comment le ramener au Maroc.

    La santé et la survie des migrants en danger
    Le chercheur juridique d’Euro-Med Monitor, Youssef Salem, affirme qu’il est de la responsabilité des gouvernements libyen et marocain de protéger la vie des détenus, ce qui implique de libérer les Marocains et de leur fournir des soins médicaux, en particulier ceux atteints de la COVID-19.

    L’OIM n’a cessé d’exhorter l’Union européenne, qui donne des millions d’euros au gouvernement libyen pour empêcher les migrants de traverser la Méditerranée, à mettre fin aux renvois effectués par les autorités libyennes.

    Depuis des années, des témoignages émergent de migrants qui ont été maltraités et se sont vu extorquer des rançons dans des centres de détention : dans au moins un de ces centres, des gardes ont été accusés d’agresser sexuellement des détenus. L’OIM et d’autres organisations affirment que les migrants qui disparaissent des centres de détention sont régulièrement vendus à des trafiquants ou à d’autres centres.

    Info Migrants, 20/09/2021

  • Libye: des marocains détenus dans des « conditions inhumaines »(ONG)

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    Dans les prisons libyennes, les migrants marocains sont détenus dans des « conditions inhumaines », alerte une ONG

    L’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme accuse les autorités libyennes de maintenir en détention des migrants marocains « sans justification légale », dans des endroits insalubres où tout manque. L’ONG exhorte le Maroc à réagir.

    Cela fait déjà six mois que Muhammad Al-Aweni n’a pas vu son fils. Mustafa, 23 ans, a quitté le foyer familial le 26 mars 2021, direction Oujda, puis la Libye. Son but ? Prendre la mer pour rejoindre l’Europe. Mais le 22 avril, le jeune homme est arrêté à un poste de contrôle des garde-frontières libyens dans la région de Ghadamès, à l’ouest du pays. « Il nous a appelés pour nous informer qu’il était détenu au centre de détention d’al-Daraj avec de nombreux autres migrants marocains », raconte Al-Aweni Muhammad à l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme.

    Au téléphone, Mustafa décrit des conditions de détention très difficiles. Lui et ses codétenus manquent cruellement d’eau et de nourriture. Et l’hygiène, dans la prison, est déplorable. Dans un communiqué publié le 15 septembre, l’ONG confirme que « l’insalubrité et la promiscuité favorisent la propagation rapide des maladies infectieuses parmi les migrants ». Particulièrement dans la prison d’al-Daraj, où « de nombreux détenus ont contracté le Covid-19 ».

    Si les 80 familles de migrants marocains interrogées par l’Observatoire racontent chacune des histoires distinctes, elles s’accordent toutes sur un point : les « conditions inhumaines » dans lesquelles sont incarcérées leur enfant, leur cousin, ou un membre de la fratrie. D’après le communiqué, « les autorités libyennes détiennent depuis des mois des centaines de migrants marocains » dans plusieurs centres de détention de l’ouest du pays, « dont le centre de détention d’Al-Daraj près de la zone de Ghadamès, et les prisons d’Ain Zara et de Ghout al-Shaal dans les régions ouest de Tripoli ».

    Des « décharges électriques sur le corps »

    La plupart ont atteint la Libye par voie terrestre et ont quitté le Maroc « sans papiers d’identité, pensant que cela les aider[ait] à obtenir l’asile à leur arrivée sur les côtes italiennes », indique l’Observatoire. Certains ont été arrêtés par les autorités libyennes après avoir traversé la frontière algérienne, d’autres ont été ramenés à terre par les garde-côtes du pays lors de leur tentative de traversée en mer Méditerranée. Tous ont ensuite été transférés dans les centres de détention libyens, où près de 6 000 personnes au total seraient déjà enfermées, selon Safa Msheli, porte-parole de l’ONU et ex-représentante de l’OIM en Libye.

    Depuis 2011 et la chute de Mouammar Kadhafi, le pays est devenu une voie privilégiée pour des dizaines de milliers de migrants cherchant à rejoindre l’Europe. Mais beaucoup s’y retrouvent bloqués, dans des prisons décrites par les exilés comme un « véritable « enfer ».

    De nombreux témoignages attestent du sort épouvantable qui leur est réservé. En 2017, un Camerounais prénommé Issa expliquait à InfoMigrants qu’il fallait « prier Dieu pour de pas être vendu dans un ghetto de Bani Walid », un centre de détention située à une centaine de kilomètres au sud de Tripoli. Plus récemment, en janvier 2020, Ibrahim, un Sénégalais, racontait que « Bani Walid [était] le pire endroit sur terre ». « Chaque jour on te torture : on te frappe avec des tuyaux ou on te met des décharges électriques sur le corps », avait-il décrit. « Plusieurs personnes ont été battues à mort sous mes yeux. Les corps sont ensuite enterrés dans le désert. J’ai moi-même été obligé de le faire, sous la menace d’armes. Si tu ne fais pas ce qu’ils disent, ils te tuent ».

    Et d’après Ibrahim, « c’est très difficile pour nous les hommes, mais pour les femmes c’est encore pire ». Elles « disparaissent de la prison de 19h à 7h du matin, elles sont violées toutes les nuits à l’extérieur ».

    Une procédure illégale

    À l’horreur des conditions de détention s’ajoute le caractère arbitraire du procédé appliqué par les autorités libyennes. Pour l’Observatoire, les migrants sont jetés en prison « sans justification légale ». De plus, « en vertu des conventions et normes internationales, le gouvernement libyen a l’obligation de traiter ces détenus avec dignité, de leur fournir un abri adéquat et de leur permettre de jouir de leurs droits fondamentaux », soutient Youssef Salam, chercheur juridique au sein de l’ONG. L’organisation appelle les autorités marocaines à « coopérer activement avec les autorités libyennes pour mettre fin aux souffrances de centaines de familles qui s’inquiètent toujours du sort de leurs enfants ».

    À des milliers de kilomètres de là, à Rabat, les familles de migrants marocains détenus en Libye ont organisé, en août, cinq veillées devant le siège du ministère des Affaires étrangères. Elles exigent une intervention de l’État pour libérer leurs enfants. D’après une source au ministère marocain des Affaires étrangères contactée par l’ONG, les autorités marocaines – qui ont promis aux familles de « résoudre le problème » – travaillent « en coordination avec leurs homologues libyens pour renvoyer 195 Marocains détenus en Libye au pays ». Al-Aweni Muhammad, lui, attend toujours son fils.

    Info Migrants, 17/09/2021

  • Libye : des centaines de migrants marocains détenus dans des conditions inhumaines

    Libye : des centaines de migrants marocains détenus dans des conditions inhumaines

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    Genève – Les autorités libyennes détiennent depuis des mois des centaines de migrants marocains dans des conditions de détention inhumaines sans justification légale, a déclaré aujourd’hui l’Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme dans un communiqué.

    Des centaines de migrants marocains détenus dans plusieurs centres de détention de l’ouest du pays, dont le centre de détention d’Al-Daraj près de la zone de Ghadamès, et les prisons d’Ain Zara et de Ghout al-Shaal dans les régions ouest de Tripoli souffrent de conditions humanitaires difficiles, notamment dans le centre de détention d’Al-Daraj, où beaucoup ont été infectés par le coronavirus, en raison du manque de soins de santé.

    L’administration des prisons et des centres de détention ne fournit pas aux détenus des soins de santé (en particulier ceux atteints de COVID-19), des quantités suffisantes de nourriture ou de l’eau potable. De plus, les maladies infectieuses se sont propagées à grande échelle parmi les détenus en raison de l’environnement insalubre.

    Euro-Med Monitor a recueilli les témoignages de plus de 80 familles de ces migrants.

    Al-Aweni Muhammad a déclaré à Euro-Med Monitor que son fils Mustafa, 23 ans, « a quitté le Maroc le 26 mars pour la ville d’Oujda, puis pour la Libye, où il a été arrêté le 22 avril à un poste de contrôle des gardes-frontières libyens dans la région de Ghadamès, à l’ouest du pays.

    « Il nous a appelés pour nous informer qu’il était détenu au centre de détention d’Al-Daraj avec de nombreux autres migrants marocains. Il a décrit les conditions comme très difficiles en termes de manque de nourriture, d’eau et d’hygiène, ainsi que l’épidémie du Coronavirus parmi les détenus.

    « Mon fils n’a pas été soumis à un procès ou à une procédure légale régulière. Nous avons reçu des informations selon lesquelles les autorités libyennes ont l’intention de les expulser, mais elles attendent une réelle initiative du ministère marocain des Affaires étrangères pour transférer les détenus de Libye vers le Maroc.

    La plupart des migrants détenus traversent la frontière marocaine, atteignent la Libye par voie terrestre, puis le voyage migratoire commence à travers la Méditerranée vers les côtes italiennes, avec la coordination et l’assistance de passeurs à l’intérieur de la Libye.

    Les migrants quittent le Maroc sans papiers d’identité, pensant que cela les aidera à obtenir l’asile à leur arrivée sur les côtes italiennes.

    Certains de ces migrants marocains sont détenus par les gardes-frontières libyens après leur entrée dans le pays depuis l’Algérie, tandis que les autres sont détenus par les forces des garde-côtes libyens en mer lorsqu’ils tentent de migrer vers l’Italie. Tous sont transférés dans les centres de détention mentionnés dans l’ouest du pays.

    Euro-Med Monitor a contacté un certain nombre d’autorités officielles libyennes concernant les conditions des migrants marocains détenus en Libye, mais les autorités n’ont pas répondu.

    Les familles de migrants marocains détenus en Libye ont organisé cinq veillées devant le siège du ministère des Affaires étrangères dans la capitale Rabat, exigeant une intervention pour libérer leurs enfants. Les responsables marocains ont promis aux familles de résoudre le problème, mais les mouvements à cet égard sont encore limités et ne reflètent pas des intentions sérieuses de résoudre la crise une fois pour toutes.

    Le 6 septembre, une source au ministère marocain des Affaires étrangères a déclaré que « les autorités marocaines travaillent en coordination avec leurs homologues libyens pour renvoyer 195 Marocains détenus en Libye, notant qu’il existe une coordination au plus haut niveau pour assurer le retour des Marocains détenus en Libye. Libye. »

    Dans un autre témoignage, Lamouri Radwan a déclaré à Euro-Med Monitor que son fils, Hamza, avait quitté le Maroc le 7 juin en direction de la ville d’Oujda pour traverser de là vers la Libye. Il a déclaré que son fils l’avait informé par téléphone le 6 juillet qu’il partirait des côtes libyennes vers l’Italie sur un bateau de passeurs.

    « Le 7 juillet, j’ai reçu le pire appel de ma vie. Mon fils, Hamza, m’a dit que le bateau sur lequel il se trouvait avec 19 autres migrants a chaviré en mer, et personne n’a pu retourner à terre à part Hamza et une autre personne, « Lamouri a déclaré. « Puis le contact avec lui a été perdu jusqu’au 13 juillet, quand il nous a dit qu’il était dans la prison de Melita dans la ville libyenne de Zuwara. Nous avons été choqués lors de l’appel avec la nouvelle de la mort de deux de ses amis, Hamza Kershan et Hamza Ait Majnid. Il l’a appris lorsque les autorités libyennes lui ont demandé d’identifier les corps de ses amis.

    Il a ajouté : « Mardi dernier, les autorités libyennes ont libéré mon fils, et il séjourne maintenant dans une famille amie en Libye, mais nous ne connaissons aucun moyen pour lui de retourner au Maroc car il n’a ni passeport ni papiers d’identité. . « 

    Pour sa part, le chercheur juridique à Euro-Med Monitor, Youssef Salem, a déclaré : « La responsabilité de préserver la vie de ces détenus incombe à la fois aux gouvernements libyen et marocain. « 

    « Le gouvernement libyen est tenu, conformément aux conventions et normes internationales pertinentes, de traiter ces détenus avec dignité, de leur fournir un abri adéquat et de leur permettre d’exercer leurs droits fondamentaux . Quant au gouvernement marocain, il devrait travailler pour protéger ses ressortissants en Libye, et pour assurer leurs conditions humanitaires et juridiques », a-t-il déclaré.

    Le gouvernement libyen devrait libérer les migrants marocains sous sa garde, cesser de violer leurs droits dans les centres de détention officiels, fournir des soins de santé à ceux qui en ont le plus besoin, en particulier les patients atteints de COVID-19, et fournir des mesures de prévention et de sécurité dans toutes les prisons et centres de détention.

    Le gouvernement marocain devrait déployer des efforts plus importants et plus sérieux vis-à-vis des migrants marocains détenus en Libye, et coopérer activement avec les autorités libyennes pour mettre fin aux souffrances de centaines de familles toujours inquiètes pour le sort de leurs enfants.

    Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme, 15/09/2021

  • Ceuta : Le calin qui a secoué la toile

    Est-ce un moment de sympathie ou une menace pour votre existence ?
    La catégorie Imagerie examine comment une image détermine notre perception de la réalité. Cette semaine : L’étreinte d’une bénévole qui est venue la soutenir lors d’attaques racistes.

    À la suite d’un conflit diplomatique entre l’Espagne et le Maroc, au début de la semaine dernière, neuf mille personnes sont arrivées en l’espace de 36 heures à Ceuta, une enclave espagnole qui borde le Maroc. Ils sont venus à la nage, à pied àa travers un gué dans l’eau ou dans des bateaux en caoutchouc, ils se sont échoués épuisés sur la plage de Tarajal. Cela a dû être accablant, une sorte de pièce de théâtre chaotique avec différents groupes de personnes : les migrants, venant du Maroc et d’Afrique subsaharienne, les policiers, les gardes-frontières, les soldats dans leurs véhicules blindés, les photographes, les journalistes, les travailleurs humanitaires. Rétrospectivement, Luna Reyes dira aux journalistes : « Nous n’avons pas été formés pour voir une telle chose ».

    Elle n’était pas préparée à ce qu’elle a vu. Néanmoins, la volontaire de 20 ans de la Croix-Rouge espagnole – queue de cheval haute, élastiques au poignet, petit tatouage sur le bras – a fait ce qu’on attendait d’elle. Elle a aidé les adolescents qui pleuraient sur les derniers mètres à travers la haute marée, elle s’est assurée que les mères avec leurs enfants étaient en sécurité, elle a distribué de l’eau. Elle a posé sa main sur le cou d’un jeune homme blasé, en maillot de bain rouge, originaire du Sénégal. Il a entouré sa taille de ses bras, a posé sa tête contre son épaule et s’est accroché à elle comme si elle était une bouée de sauvetage.

    Le scène n’est pas passé inaperçue. Elle a été filmée par le photographe espagnol de l’AP, Bernat Armangué (42 ans) qui, provenant de Barcelone, était arrivé sur la plage vers midi. Il s’y promène un moment avant de se concentrer sur le groupe de migrants auquel appartient Abdou du Sénégal. Ce dernier s’est effondré, écrit Armangué, lorsqu’il a cru qu’un de ses amis (qui se révélera plus tard être son frère) était en train de mourir, ce à quoi Luna Reyes a tenté de le réconforter. J’ai réalisé que c’était un moment important : la connexion était authentique, un bref moment d’empathie entre deux personnes qui ne se connaissaient pas ».

    Déchets racistes

    Beaucoup de gens pensaient le contraire. Alors que la photo s’est répandue comme une traînée de poudre sur Internet, Luna Reyes (20 ans, volontaire – je le répète) a été bombardée d’insultes racistes, provenant du coté nationaliste de la droite espagnole et de personnes qui étaient « simplement » contrariées par l’arrivée de tant de migrants. Sous le hashtag #GraciasLuna, un contre-mouvement encore plus important a rapidement émergé, présentant Reyes comme la personnification de tout ce qui est bon en Espagne, mais entre-temps, l’étudiante elle-même avait déjà dû mettre ses comptes de médias sociaux en mode privé. Lorsque la télévision espagnole a rendu visite à Abdou, qui avait entre-temps été renvoyé au Maroc, et l’a réuni avec Reyes par vidéoconférence, celle-ci n’a pas voulu être reconnue à l’écran.

    Le photographe Armangué ne s’attendait pas à ce que sa photo déclenche tout cela. Il se trouvait à Ceuta pour faire un reportage sur une crise humanitaire en cours, dit-il par courriel. Les journalistes doivent informer et les citoyens peuvent ensuite décider s’ils veulent être informés. Les photographies, dit Armangué, peuvent déclencher des sentiments intenses. La façon dont vous réagissez dépend de qui vous êtes, de ce que vous croyez et de l’endroit où vous vous trouvez dans votre vie à ce moment-là.

    Vous n’avez pas votre mot à dire sur ce que les gens voient dans les images – même si, en tant que photographe, vous fournissez des légendes aussi précises et journalistiques. Là où l’un voit dans cette étreinte un moment symbolique de l’humanité, un autre y voit une menace personnelle pour son existence. On ne peut rien y faire. Cette petite phrase de Luna Reyes me hante toujours.

    Nous n’avons pas été formés pour voir quelque chose comme ça. Les photos sont tellement omniprésentes que nous oublions parfois que les regarder n’est pas aussi facile que nous le pensons. Regarder, lire, regarder à nouveau et seulement ensuite ouvrir éventuellement en parler – c’est un métier. Il faut s’entraîner à cela.

    De Volkskrant, 28 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, migration, pression migratoire, détresse, empathie, sympathie, migrants, subsahariens, solidarité, bénévolat, Luna Reyes, racisme, extrême droite, xénophobie,

  • Ceuta : un espagnol tire sur des immigrants avec une carabine

    Le voisin a utilisé dans son attaque une carabine à air comprimé engagée. Les faits ont été enregistrés et diffusés sur les réseaux sociaux.

    Un habitant de Ceuta, de nationalité espagnole, vient d’être arrêté par des agents de la police nationale.
    Les événements se sont produits le 18 mai, jour où plus de 8 000 personnes ont atteint le sol espagnol après avoir traversé la plage d’El Tarajal depuis le Maroc, deux jours qui sont devenus la plus grave crise migratoire et diplomatique avec le Maroc depuis des années.

    Il a été arrêté en tant qu’auteur présumé de la fusillade d’un immigrant avec un fusil à air comprimé depuis le balcon de son domicile.
    Les événements se sont produits le 18 mai dernier, jour où plus de 8 000 personnes ont atteint le sol espagnol après avoir traversé la plage d’El Tarajal depuis le Maroc, deux jours qui sont devenus la plus grave crise migratoire et diplomatique avec le Maroc dont on puisse se souvenir depuis des années.

    Ce jour-là, de nombreux immigrants ont déambulé dans les rues de la ville autonome. Un groupe d’entre eux a été victime de ces tirs prétendument perpétrés par ce voisin de Ceuta depuis sa maison à l’aide d’un fusil à air comprimé à visée télescopique. Depuis ce balcon, les événements ont également été enregistrés sur vidéo pendant que l’attaque était commise.

    Le jour même, les images de ce qui s’est passé sont devenues virales sur les réseaux sociaux. On peut y voir le moment où l’auteur, accompagné d’une autre personne, réalise les prises de vue sur les immigrants.

    En pleine crise humanitaire à #Ceuta, il y a ceux qui profitent de l’impuissance et de la vulnérabilité des enfants immigrés pour les chasser des fenêtres et des balcons.

    C’est une honte. @Hibai_ @jonathanmartinz @Juanmi_News @PabloIglesias @CensoredJules @Desvelandorient pic.twitter.com/btyTK6k0Jd

    – Suhaila Hayad M. سهيلة🌺 (@Suhaila_Hayad) 19 mai 2021
    L’un d’entre eux, gravement blessé, tombe au sol et, alors qu’il le voit étendu au milieu de la rue, entouré d’autres personnes qui tentent de l’aider, l’agresseur présumé le nargue.

    « Il est mort. Quillo, il est tombé au sol. Ne regarde pas, je l’ai frappé dans la colonne vertébrale. Lève-toi. Quillo, laisse ces boulettes passer à travers les portes des voitures. Regardez-le, ‘destrozao’ », dit, en riant, le voisin qui a tiré sur les immigrants.

    Crimes haineux et blessures
    Après avoir visionné et analysé les vidéos, les agents ont effectué différentes démarches qui ont permis d’identifier l’auteur présumé de la fusillade.

    Il n’a fallu qu’une semaine pour le trouver. Ce jeudi, il a été localisé et arrêté pour un crime de haine et un autre de blessure.

    En outre, les agents ont réussi à intervenir sur l’arme utilisée dans le fait delicitvo, à savoir un fusil à air comprimé et à visée télescopique.

    El Nuevo Siglo, 27 mai 2021

    Etiquettes : Espagne, Ceuta, Maroc, migrants, extrême droite, racisme, xénophobie,

  • A Ceuta, l’Espagne et le Maroc jouent avec la vie de milliers de migrants

    La crise migratoire à Ceuta masque l’intention du Maroc de faire pression sur Madrid pour obtenir la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara Occidental.

    Selon les autorités espagnoles c’est « historique » : en 24 heures près de 8 000 migrants, dont 2 700 mineurs, sont rentrés, par voie terrestre mais aussi à la nage, sur le territoire de l’enclave coloniale espagnole de Ceuta, au nord du Maroc. Le gouvernement espagnol du PSOE, Podemos et Izquierda Unida, a dépêché aussitôt l’armée pour expulser immédiatement près de la moitié des arrivants. Les images sont terribles, des femmes, des enfants et même des bébés sous le choc, fatigués, tremblant de froid et de peur, sont réprimés et poursuivis par les forces de sécurité espagnoles.

    Le gouvernement espagnol, qui se targuait d’être le « gouvernement le plus progressiste l’histoire » du pays, a décidé d’expulser les majeurs entrés illégalement dans son territoire colonial d’Afrique et d’accueillir une partie des mineurs dans le territoire espagnol de la péninsule. Ce qui commence déjà à créer de sérieux remous politiques et des oppositions xénophobes.

    Il faut savoir que les frontières des enclaves coloniales espagnoles en Afrique, Ceuta et Melilla, sont parmi les frontières les plus sévèrement gardées. Comme l’affirme Le Monde, « pour empêcher les traversées clandestines, les huit kilomètres de frontière entre le royaume chérifien et la ville de Ceuta sont surveillés par des miradors et des caméras vidéo et fermés depuis le début des années 2000 par une double clôture, dont la hauteur a été rehaussée, passant de trois à six mètres en 2005. En 2020, les autorités espagnoles ont annoncé de nouveaux travaux destinés à porter sa hauteur à dix mètres par endroits. Le point de passage à Melilla est tout aussi surveillé, avec une triple clôture d’une longueur d’environ douze kilomètres ». A cela il faut ajouter des accords passés avec la réactionnaire monarchie marocaine qui en échange d’une « assistance » économique se charge de surveiller la frontière de son côté et ainsi devient le « sous-traitant » de l’Europe forteresse.

    Autrement dit, la traversée de ces frontières par des milliers de personnes en quelques heures n’est possible que s’il y a une décision délibérée de les laisser passer. Le nombre de migrants arrivés à Ceuta en 24h a été plus important que les arrivées cumulées dans les enclaves espagnoles en 2018 et 2019.

    Il est évident que les autorités marocaines ont « libéré la zone » pendant quelques heures pour envoyer « un message » à l’Espagne. Mais pourquoi ? En avril dernier le chef du Front Polisario, Brahim Gali, qui se bat pour l’indépendance du Sahara Occidental, a été accepté dans un hôpital à Logroño en Espagne pour se faire soigner du Covid-19. Il y a été accepté sous un faux nom. Cela a envenimé les relations entre l’Espagne et le Maroc car le royaume prétend annexer le Sahara Occidental. Le gouvernement espagnol a déclaré qu’il s’agissait d’une décision relevant d’une question « humanitaire », à la demande de l’Algérie qui soutient le Front Polisario et est en même temps un partenaire stratégique de Madrid puisque l’Algérie est le principal exportateur de gaz vers l’Espagne.

    Le Maroc, à l’instar de ce que fait régulièrement la Turquie, a décidé « d’ouvrir » ses frontières aux migrants pour faire pression sur l’Espagne. Beaucoup à Madrid et dans les capitales européennes dénoncent un « chantage inhumain ». Or, c’est précisément l’Union Européenne qui a donné ce pouvoir au Maroc en sous-traitant la « protection » de ses frontières. L’Espagne et l’UE peuvent crier hypocritement au scandale, ils continueront à financer le Maroc pour qu’il garde leurs frontières.

    En ce sens, le journal espagnol El Pais écrit dans un éditorial : « face à ce scénario, l’Espagne et l’UE feraient bien de faire comprendre par les canaux appropriés que des épisodes de ce genre ne feront pas avancer les intérêts marocains d’un millimètre, ni sur la question sahraouie ni sur la question de l’aide économique ». Mais le jour même on apprenait que la justice espagnole convoquait le leader du Front Polisario dans le cadre de procès qui pèsent sur lui au Maroc, dont un l’accusant notamment de crime contre l’humanité. Il s’agit d’une manœuvre qui vise clairement à apaiser les relations avec le Maroc.

    Avec cette affaire, nous voyons comment le drame des migrants qui mettent en danger leur vie en tentant d’arriver sur le sol européen à la recherche de meilleures conditions de vies est utilisé comme une monnaie de marchandage par ces Etats réactionnaires. L’Espagne et l’UE offrent des faveurs économiques au Maroc en échange de la protection de leurs frontières et du contrôle du flux migratoire. Le Maroc, lui, profite de ce levier offert par les impérialistes pour négocier non seulement des faveurs économiques mais également géopolitiques.

    Mais cette attitude néfaste du royaume n’est pas étonnante. En novembre dernier le Maroc a négocié avec les Etats-Unis la « normalisation » de ses relations avec l’Etat colonialiste d’Israël en échange de la reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental. De cette façon Rabat non seulement avançait dans son projet colonisateur au Sahara mais par la même occasion abandonnait la cause de la libération nationale palestinienne. Le Maroc rejoignait ainsi tout un groupe de monarchies et dictatures arabes ennemies de la Palestine.

    Les puissances impérialistes, à commencer par la France, même si elles sont plus précautionneuses sur la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, voient cette normalisation des relations avec Israël d’un très bon œil. La France de son côté a intérêt à une reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental étant donné ses projets de faire du pays un point d’appui pour la création de corridors commerciaux depuis la Méditerranée jusqu’en Afrique de l’Ouest.

    Tous ces éléments donnent des ailes au Maroc pour faire pression sur l’Espagne et sur l’UE afin qu’ils reconnaissent sa souveraineté. C’est pour cela que dans les pays impérialistes le mouvement ouvrier doit rejeter avec force les discours xénophobes et réactionnaires, se battre pour mettre fin à « l’Europe forteresse » et imposer l’ouverture des frontières et un accueil décent pour les migrants fuyant la misère, les guerres ou les dérèglements climatiques provoquées par les puissances impérialistes elles-mêmes.

    NPA, 19 mai 2021

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  • Ceuta : le ton monte entre le Maroc et l’Espagne

    L’arrivée de milliers de migrants dans l’enclave espagnole de Ceuta par des voies clandestines ravive les tensions entre Madrid et Rabat.

    « C’est une grave crise pour l’Espagne et pour l’Europe ». Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez va se rendre dans l’enclave espagnole de Ceuta, alors que son pays a renvoyé déjà près de 4.000 migrants au Maroc. En 24 heures, près de 8.000 personnes seraient entrées illégalement sur le territoire espagnol, pour la plupart des ressortissants marocains et pour beaucoup des mineurs. Ces arrivées creusent un peu plus la crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne.

    Colère de l’Espagne

    Les services marocains ne sont intervenus que ce matin, à coups de gaz lacrymogène, pour disperser la foule qui se presse pour passer la frontière à Fnideq.

    Ouarda, âgée de 26 ans, est au chômage. Divorcée, elle assume la charge de deux enfants et explique être « venue ici pour passer la frontière clandestinement, pour assurer un avenir à mon fils. A Tetouan, ce n’est pas possible… alors on veut passer, quitte à mourir. »

    Khadija, 26 ans également, est coiffeuse et elle dit aussi avoir plus peur de rester au Maroc que de tenter de fuir. Elle témoigne avoir vu beaucoup de personnes ayant « essayé de passer mais la police les a stoppés avant. »

    Mohammed, un rappeur, explique que les jeunes veulent fuir le pays car ils n’ont pas d’emploi et il clame de pas avoir peur des dangers de l’émigration clandestine : « Il faut que je parte pour sauver ma peau », dit-il.

    Le Premier ministre Pedro Sanchez a déployé des véhicules blindés et des renforts côté espagnol, promettant aux habitants le « retour de l’ordre ». Un stade a été réquisitionné à Ceuta pour rassembler les Marocains adultes en passe d’être expulsés.

    La cheffe de la diplomatie espagnole indique ce soir avoir « rappelé [au Maroc] que le contrôle des frontières a été et doit rester de la responsabilité partagée de l’Espagne et du Maroc ».

    Réaction de l’Union européenne

    Ylva Johanson, la Commissaire européenne aux Affaires intérieures, en appelle à une plus grande coopération des autorités marocaines. Elle déclare :

    « C’est inquiétant : au moins 6.000 personnes, parmi lesquelles un grand nombre d’enfants, ont tenté de rallier Ceuta à la nage, mettant leur vie en danger. Certains ont pu être sauvés, une personne s’est noyée. Il faut que le Maroc s’engage à prévenir ces départs irréguliers et que ceux qui n’ont pas le droit de rester en Europe soient effectivement renvoyés. »

    Un lien avec le Polisario?

    Les autorités marocaines « assurent » que cet afflux record n’a rien à voir avec les dissensions qui opposent le royaume a à l’Espagne. Le Maroc a récemment réclamé des « explications » à l’ambassadeur espagnol à qui les Marocains ont fait part de leur « exaspération » après que le chef du mouvement indépendantiste sahraoui, Brahim Ghali, a été hospitalisé dans le nord de l’Espagne à la mi-avril, pour y être soigné de la Covid-19.

    Le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, milite pour l’indépendance du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, que le Maroc considère comme partie intégrante de son territoire sous le nom de « Provinces du Sud ».

    Ce matin, plusieurs centaines de migrants d’Afrique subsaharienne ont aussi tenté d’escalader la barrière qui sépare le Maroc de l’enclave espagnole de Ceuta. Des migrants essaient également de passer clandestinement vers Melilla, l’autre enclave espagnole sur le continent africain, considérée elle aussi comme la porte d’entrée la plus proche pour l’Union européenne.

    Deutsche Welle, 18 mai 2021

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  • Maroc-Espagne : Comme de l’électricité dans l’air

    Rien ne va plus entre le Maroc et l’Espagne. Les deux voisins sont en effet à couteaux tirés.

    Signe d’une crise diplomatique entre les deux royaumes, le ministre espagnol des Affaires étrangères a convoqué mardi l’ambassadrice marocaine en Espagne, Karima Benyaich pour lui exprimer le «mécontentement» des autorités espagnoles après l’arrivée de près de 8000 migrants dans l’enclave de Ceuta.

    «Je lui ai rappelé que le contrôle des frontières a été et doit rester de la responsabilité partagée de l’Espagne et du Maroc», a déclaré Arancha Gonzalez Laya, citée par l’AFP.

    Face à la gravité de la situation, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, s’est rendu à Ceuta pour s’enquérir de la situation dans l’enclave, selon des images mises en ligne par le journal local.

    Il devait ensuite se rendre à Melilla, l’autre enclave espagnole située sur la côte méditerranéenne du Maroc.«Nous allons rétablir l’ordre dans (la) ville et à nos frontières le plus
    rapidement possible», avait-il déclaré plus tôt lors d’une brève allocution télévisée depuis Madrid.

    Les relations entre Rabat et Madrid se sont tendues depuis l’arrivée en Espagne, le 18 avril, du président de la République sahraouie, Brahim Ghali pour y être soigné du Covid-19. La cheffe de la diplomatie espagnole qui a défendu la présence du chef d’Etat sahraoui a implicitement dénoncé le chantage exercé par le Maroc qui agite la menace de l’immigration clandestine pour faire pression sur l’Espagne dans le dossier sahraoui.

    «Je ne conçois pas que l’on puisse mettre en danger la vie de mineurs dans la mer comme nous l’avons vu ces dernières heures à Ceuta», que cela puisse être «une réponse à une action humanitaire (l’accueil du président sahraoui en Espagne)», a-t-elle affirmé.

    Cet afflux de migrants marocains a également suscité la réaction de la classe politique espagnole. Tout en condamnant le flux migratoire partant du Maroc, plusieurs formations politiques ont appelé les autorités marocaines à assumer leurs responsabilités et agir vite et efficacement.

    Le porte-parole de la Coalition Caballas, Mohamed Ali, a mis en garde contre la «gravité» de ce qui s’est passé et a annoncé qu’il serait à la disposition du gouvernement de Ceuta pour exiger que le gouvernement accorde la «plus grande attention» à Ceuta.

    «Notre terre ne devrait pas souffrir du différend de politique étrangère entre l’Espagne et le Maroc», a-t-il déclaré.
    La dirigeante du Mouvement pour la dignité et la citoyenneté «MDyC», Fatima Hamed, a qualifié ce qui vient de se produire de «drame», soulignant que la ville de Ceuta n’est pas prête à accueillir autant de monde et à faire face à un tel phénomène. «Ceuta n’est pas préparée à des situations pareilles», a-t-elle déclaré sur son compte Twitter.

    De son côté, la section du parti Vox à Ceuta a sévèrement critiqué la passivité des autorités marocaines face à un tel drame, appelant le gouvernement à dépêcher «d’urgence l’armée et de la marine à la frontière avec le Maroc pour freiner la pression migratoire».

    Un « chantage » marocain

    Le président de Vox Ceuta, Juan Sergio Redondo, a rappelé que sa formation n’a jamais cessé de mettre en garde contre le «chantage du Maroc», rappelant que l’Espagne devrait dénoncer le Maroc devant les instances internationales pour que le pays soit sanctionné économiquement et politiquement».

    Condamnant l’afflux des migrants marocains, le chef du Parti populaire au niveau national, Pablo Casado a appelé le gouvernement espagnol «à garantir immédiatement l’intégrité des frontières et à coordonner avec le Maroc le retour des immigrés dans leur pays».

    Près de 8.000 migrants sont arrivés depuis lundi matin dans l’enclave de Ceuta, dont 4.000 ont été renvoyés au Maroc, selon les chiffres actualisés publiés mardi par le ministère espagnol de l’Intérieur.
    Le ministère a par ailleurs annoncé l’envoi de nouveaux renforts des forces de l’ordre sur place pour faire face à l’afflux massif et soudain de milliers de migrants en provenance du Maroc.
    Cinquante agents supplémentaires vont être déployés en plus des 200 déjà envoyés mardi tandis que 150 autres seront en stand-by, toujours dans le cadre de cette crise migratoire.

    Y.O

    Algérie Breve News, 18 mai 2021

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