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  • Sahara occidental: des pressions migratoires sur l’Espagne depuis le Maroc

    MADRID – Le Maroc mène des pressions migratoires sur l’Espagne pour tenter de la forcer à reconnaitre sa prétendue souveraineté sur le Sahara occidental, a écrit le journaliste espagnol, Ignacio Cembrero, dans un article publié par le journal numérique « El confidencial ».

    Le journaliste a souligné dans son article sur les pressions migratoires sur l’Espagne, notamment depuis le Maroc, que « cette année sera pire que l’année 2020 qui était une mauvaise année, en terme d’immigration irrégulière, pour l’Espagne, et notamment pour les îles Canaries, avec 23023 arrivées. A l’origine de ces inquiétudes, « les données incomplètes pour le premier trimestre, rapportées par le ministère de l’Intérieur espagnol, qui indiquent que durant cette période, 6122 sans papiers ont débarqué en Espagne, dont plus de la moitié (3436) dans l’archipel des Canaries, soit 117% de plus qu’en 2020 ».

    « La plupart des immigrés qui ont posé le pied sur les îles, en plus des Marocains, sont des subsahariens, qui sont partis principalement des côtes du Sahara occidental » occupé par le Maroc, selon des rapports de renseignement échangés par la police européenne.

    Par ailleurs, Francisco Monux, ministre conseiller près de l’ambassade d’Espagne à Rabat, a souligné en mars dernier, que « si les autorités espagnoles ont réussi, fin novembre dernier, à ce que le Maroc accepte le retour hebdomadaire de 80 immigrés marocains irréguliers, chacun accompagné de deux policiers espagnols, tous munis d’un test PCR négatif réalisé dans les îles Canaries avant leur départ, les consulats marocains sont également très réticents à documenter les Marocains qui manquent de papiers pour pouvoir rentrer ».

    Lorsqu’ils reçoivent, enfin, un « sauf-conduit », les « sans papiers marocains ne peuvent être livrés qu’à l’aéroport d’El Ayoune, la capitale du Sahara occidental occupé, une exigence avec laquelle Rabat tente de forcer l’Espagne à reconnaitre sa prétendue souveraineté sur ce territoire non autonome ».

    Dans le même sillage, le journaliste a affirmé que les autorités marocaines « sont allées encore plus loin en faisant rapatrier des centaines d’illégaux Marocains3 qui avaient débarqué en Andalousie, vers l’aéroport d’El Ayoune occupée, en « exigeant leur transfert préalable des les îles Canaries ».

    Le journaliste espagnol estime qu’à ce rythme de rapatriement -avant la pandémie de Covid-19, ils étaient « plus nombreux à travers les frontières terrestres de Ceuta et Mellila- il faudrait trois ans à l’Espagne pour envoyer les Marocains arrivés irrégulièrement en 2020 ».

    Le journaliste espagnol, Ignacio Cembrero, avait précédemment publié un article bien documenté sur le même thème sur le site « ORIENT XXI » en date du 2 février 2021 sous le titre: « Sahara occidental. Chantage marocain à l’immigration pour faire plier l’Espagne ».

    Agences, 9 avr 2021

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  • Fuyant le Maroc, ils sont sauvés par la marine espagnole

    Nuit agitée : sept Marocains sauvés alors qu’ils tentaient de traverser le détroit de Gibraltar

    Le service maritime de la Garde civile a trouvé les immigrants dans un petit bateau et les a transférés au port de Motril, à Grenade.

    Le service maritime de la Garde civile a secouru mardi sept immigrants de nationalité marocaine qui tentaient de traverser le détroit de Gibraltar depuis la côte du nord du Maroc. Ils ont été trouvés à seulement 12 miles de la côte de Grenade, d’où ils ont été transférés au port de Motril par le bateau du service maritime. Le groupe naviguait sur un petit bateau sans aucune forme de sécurité, ce qui l’a laissé à la dérive jusqu’à ce qu’il soit retrouvé par la Guardia Civil.

    Comme l’ont rapporté à l’agence Efe des sources de la Garde civile, les immigrants, qui avaient quitté une plage du nord du Maroc, ont été localisés à environ 12 miles au sud de la côte de Grenade par le patrouilleur Rio Genil du service maritime de la Garde civile alors qu’ils naviguaient dans une yole d’un peu moins de quatre mètres de long.

    Mardi, à 8 h 30, ils sont arrivés au port de Motril, où ils ont été soignés par la Croix-Rouge, qui a indiqué qu’ils étaient rifains et en bonne santé malgré les conditions difficiles du voyage.

    Suivant le protocole sanitaire du coronavirus, tous ont été soumis aux tests du covid-19 avant de passer au centre d’accueil temporaire dont dispose la police nationale dans le port de Grenade pour y rester les prochains jours jusqu’à ce que les résultats des tests soient connus.

    Selon le média marocain local, tanja24.com, il faut noter que les tentatives d’immigration clandestine entre le nord du Maroc et le sud de l’Espagne ont connu une augmentation significative ces dernières semaines, et les conditions sociales et économiques complexes et difficiles ont été exacerbées par l’impact du coronavirus qui ont conduit à une augmentation des tentatives d’immigration clandestine, davantage les jours de beau temps comme ceux de la semaine dernière.

    El Faro de Ceuta, 7 avr 2021

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  • Chronologie : Les relations tendues de la Turquie avec l’UE

    AFP

    Les relations difficiles de la Turquie avec l’Union européenne ont mis un frein à son projet d’adhésion à l’UE et fait de l’Union une cible privilégiée des critiques du président Recep Tayyip Erdogan.

    Mais alors que les deux parties se rencontrent à Ankara pour leur premier entretien en face à face depuis un an, elles doivent aborder une nouvelle série de problèmes, notamment la quête agressive d’énergie de la Turquie dans les eaux de la Méditerranée orientale et un conflit tendu concernant les migrants.

    Nous revenons sur plus d’un demi-siècle de hauts et de bas.

    – 1963 : Accord d’association –
    La Turquie signe un accord d’association avec la Communauté économique européenne de l’époque, le précurseur de l’UE. Cet accord comprend des dispositions prévoyant un abaissement progressif des barrières douanières avant l’adhésion pleine et entière à la CEE.

    – 1974 : Invasion de Chypre –
    La Turquie envahit le nord de Chypre en juillet après une tentative de coup d’État à Nicosie, un acte condamné par tous les pays européens. La question chypriote devient un problème épineux qui ne fera que se compliquer après l’entrée de la Grèce et de Chypre dans le bloc.

    – 1980 : Coup de grâce –
    L’accord d’association est gelé après un coup d’État militaire férocement répressif en Turquie.

    En 1987, Ankara déclare officiellement sa candidature à l’UE, mais la Commission européenne la rejette, invoquant des problèmes économiques et politiques.

    – 1999 : Candidature à l’UE –
    La Turquie, membre de l’OTAN, obtient finalement le statut de candidat quelques semaines avant le nouveau millénaire. Mais l’UE déclare que les négociations ne commenceront pas tant qu’Ankara ne respectera pas les normes en matière de démocratie et de droits de l’homme.

    En août 2002, la Turquie adopte une série de réformes, abolissant la peine de mort et améliorant les droits civils de la minorité kurde.

    – 2003 : « Le printemps d’Erdogan ».
    Recep Tayyip Erdogan, leader de l’AKP d’origine islamique, devient Premier ministre en 2003 et adopte un large éventail de réformes démocratiques.

    Deux ans plus tard, les négociations d’adhésion à l’UE commencent enfin, mais les progrès sont lents.

    Les élections au Parlement européen de 2004 voient la percée des partis populistes, hostiles à l’entrée de la Turquie à majorité musulmane.

    Si certains progrès sont enregistrés, la France, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, et la chancelière allemande Angela Merkel bloquent l’élargissement des négociations.

    Entre-temps, Ankara refuse de normaliser ses relations avec Chypre ou d’étendre à l’île divisée ses accords de libre circulation avec l’UE.

    – 2015 : Crise des migrants –
    Fin 2015, la Turquie apparaît comme un acteur stratégique dans la pire crise des migrants que connaît l’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Les relations envenimées par la répression par la Turquie d’une vague de manifestations anti-Erdogan en 2013 commencent à se réchauffer.

    En mars 2016, Ankara et l’UE signent un accord controversé pour endiguer le flux de migrants, provenant pour la plupart de Syrie et d’Irak déchirés par la guerre.

    – 2016 : Échec du coup d’État –
    Après qu’Erdogan ait survécu à un coup d’État en juillet 2016, des tensions profondes se développent alors qu’il se lance dans une série de purges massives, muselle davantage les médias et enferme des dizaines de milliers d’opposants et de « terroristes ».

    – 2019 : Tensions dans la Méditerranée
    La Turquie signe en novembre un accord de sécurité controversé avec le gouvernement libyen reconnu par l’ONU, revendiquant pour elle de vastes zones de la Méditerranée en échange d’une aide militaire.

    La zone est depuis longtemps disputée entre la Grèce et la Turquie, l’appétit d’Ankara étant aiguisé par la découverte d’importantes réserves de gaz naturel.

    En juillet 2020, la Grèce signe un accord rival avec l’Égypte, qui recoupe partiellement l’accord Turquie-Libye.

    Ankara déclenche également la colère en forant dans les eaux au large de Chypre, au mépris des avertissements de l’UE et des États-Unis, ce qui incite la France à envoyer des navires de guerre dans la zone.

    En août, des navires de guerre grecs et turcs entrent en collision alors qu’ils se talonnent, mettant l’UE et l’OTAN sur les dents.

    – 2021 : Désescalade ? –
    En décembre 2020, les dirigeants européens condamnent les « activités unilatérales et provocatrices » de la Turquie et dressent une liste de cibles turques à sanctionner.

    Ankara condamne cette initiative, la qualifiant de « partiale » et d’ »illégale », mais Erdogan déclare ensuite qu’il espère tourner une « nouvelle page » dans les relations.

    Les dirigeants européens acceptent prudemment de renouer le dialogue avec la Turquie en mars 2021 si « la désescalade actuelle se poursuit ».

    La Turquie rejette les demandes « étroites » de Bruxelles, mais s’engage à prendre des « mesures positives ».

    Macau Business, 7 avr 2021

    Etiquettes : Turquie, Union Européenne, UE, OTAN, migration, Tayyip Erdogan,

  • Le corps d’une femme subsaharienne est retrouvé flottant au large des côtes des Canaries

    Le corps d’une femme subsaharienne est retrouvé flottant au large des côtes des Canaries
    Le corps, qui portait un gilet de sauvetage, a été aperçu à une vingtaine de kilomètres au sud de Fuerteventura.

    Le corps sans vie d’une femme d’origine subsaharienne a été retrouvé lundi flottant dans la mer dans les eaux proches de Fuerteventura, a rapporté le Secours maritime.

    Le corps, qui portait un gilet de sauvetage, a été aperçu à environ 20 miles au sud de Fuerteventura par le bateau de pêche La Mairena qui passait dans la zone et a alerté les équipes de secours.

    Après l’alerte, le Guardamar Concepción Arenal est parti à sa recherche et a récupéré le corps de la femme vers 13 heures.

    Le bateau Salvamento Marítimo l’a transférée vers le port de Las Palmas de Gran Canaria, où elle devrait arriver vers 15h30, heure insulaire.

    Il n’y a aucune trace de naufrage récent d’une yole dans les eaux de Fuerteventura ou de Lanzarote, mais le 24 mars dernier, un bateau avec des immigrants a demandé de l’aide après avoir quitté Tarfaya (Maroc), et bien que les secours maritimes aient essayé de le localiser pendant plusieurs jours, il n’a pas été retrouvé.

    Canarias 7, 5 avr 2021

    Etiquettes : Espagne, Iles Canaries, migration, subsahariens,

  • Maroc-Espagne : Un cadavre retrouvé sur une plage à Ceuta, il s’agit peut-être d’un Français

    Il s’agit du corps d’un sexagénaire, ce qui déboussole les autorités espagnoles, qui penchent pour un drame lié à la migration.

    Le corps sans vie d’un homme d’une soixantaine d’années porteur « d’une pièce d’identité française » a été découvert dimanche matin sur une plage de l’enclave espagnole de Ceuta.

    La Garde civile a expliqué qu’il s’agissait d’un « homme d’environ 60 ans avec une pièce d’identité française, découvert sans vie » sur la plage de Benzu, à proximité de la frontière avec le Maroc. L’homme « était encore vêtu de vêtements de ville et portait une palme » à un pied.

    Vérification de la pièce d’identité
    En raison de ces détails, « nous supposons qu’il venait du Maroc » à la nage mais cela n’a pas encore été confirmé, tout comme la cause exacte du décès, qui semblait récent en raison de l’état du corps, a-t-il expliqué.

    « Nous considérons que le document d’identité que nous avons lui appartient », a-t-il précisé, soulignant que la police judiciaire enquête pour « vérifier que ce document est authentique ».

    Un cas « atypique » vu son âge
    Ceuta et Melilla, l’autre enclave espagnole située sur la côte marocaine, seules frontières terrestres de l’Union européenne avec l’Afrique, et sont régulièrement le théâtre de tentatives de migrants de franchir en force les clôtures.

    Le cas du corps présumé français « est assez atypique », a reconnu le porte-parole notamment en raison de son âge car les migrants qui tentent le passage sont généralement âgés de 20-30 ans.

    Interrogé sur l’éventualité d’un lien avec le narcotrafic, très développé entre les côtes marocaines et espagnoles, le garde civil a estimé que cela n’aurait « pas beaucoup de sens ».

    Le Républicain Lorrain, 4 avr 2021

    Etiquettes : Espagne, Ceuta, Maroc, migration,

  • Sciences Po change

    Le prestigieux institut français d’études politiques a été accusé d’ »islamo-gauchisme », notamment parce qu’il a commencé à traiter différemment les questions liées à la race et au sexe.

    Sciences Po, le prestigieux institut français d’études politiques où sont sélectionnées, formées et promues les élites dirigeantes du pays, est en train de changer. Ses étudiants font depuis longtemps preuve d’un militantisme politique plus actif que par le passé, notamment sur les questions liées à la race, au genre et au post-colonialisme, qui font désormais partie du programme de l’institut.

    C’est précisément pour cette raison que Sciences Po a été accusé – ainsi que le monde universitaire français en général – d’islamo-gauchisme, la prétendue et indéfinie proximité des intellectuels et des partis de la gauche radicale avec les milieux islamistes (gauche signifie « gauche »). Les critiques proviennent non seulement de la droite et de ses différentes branches dans la sphère universitaire, mais aussi du gouvernement du président Emmanuel Macron.

    Pourquoi ils en parlent

    En février dernier, Frédéric Mion, directeur du prestigieux Institut d’études politiques de Sciences Po à Paris, a démissionné à la suite d’un scandale d’abus sexuels impliquant l’ancien président de la Fondation qui contrôle Sciences Po, Olivier Duhamel. Mion avait nié avoir eu connaissance des allégations d’abus portées contre Duhamel par sa belle-fille, l’avocate Camille Kouchner, qui en avait parlé dans un livre publié début janvier. Il avait alors été révélé que Mion était au courant des abus depuis 2018.

    A partir de cette histoire, explique Le Monde, il ne s’est pas passé une semaine sans que l’institut – qui compte dix antennes dans autant de villes françaises – ne fasse parler de lui.

    Le 22 mars dernier, le collectif féministe de Sciences Po Lyon Pamplemousse et le syndicat Solidaires-Etudiantes ont demandé l’exclusion de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) du partenariat avec leur institut en raison des « nombreuses ambiguïtés » de l’organisation en matière d’ »islamophobie » et de « laïcité ». La LICRA est une organisation non gouvernementale basée à Paris ; les critiques du collectif et du syndicat de Sciences Po font notamment référence à un débat qui avait été organisé en décembre 2020 dans un lycée de Besançon, à l’est de Dijon, à l’occasion de la Journée de la laïcité.

    La réunion avait été critiquée par les parents et les enseignants, qui avaient envoyé une lettre très dure au directeur de l’école dans laquelle ils demandaient l’exclusion de la LICRA des futures initiatives de l’école, l’organisation d’une nouvelle Journée de la laïcité et la publication d’un communiqué officiel par l’école pour se distancer de certains concepts exprimés par les représentants de la LICRA pendant la conférence.

    Par exemple, les représentants de la LICRA ont expliqué que l’organisation « combat toutes les formes de racisme (y compris le racisme contre les Blancs) et d’antisémitisme (y compris l’antisionisme). Nous combattons ce qui met en danger notre République, l’extrême droite identitaire, l’islamisme et l’extrême gauche. » Et encore, « (…) on peut aussi bien avoir peur de l’islam que des araignées ».

    Ce n’est pas la première fois que la LICRA est accusée de ne pas être une organisation laïque et de propager au contraire les idées qu’elle prétend combattre.

    Dans leur communiqué, les étudiants de Sciences Po soutiennent que la lutte contre l’islamophobie, l’antisémitisme et toute forme de racisme doit être une priorité et que les institutions comme celle dans laquelle ils étudient « doivent s’entourer de collectifs et d’associations dont le travail est à la hauteur de la lutte ». La LICRA n’en fait pas partie. »

    Un autre épisode très discuté remonte au 18 mars et concerne le bâtiment de Sciences Po à Strasbourg. Ce jour-là, le syndicat étudiant de droite UNI a critiqué la direction de l’institut pour avoir exclu le nom de Samuel Paty de la liste finale pour le « nom de promotion ». Paty est le professeur français décapité le 16 octobre dernier dans une attaque terroriste parce qu’il était accusé d’avoir montré à ses étudiants des caricatures du prophète Mahomet, ce qui n’avait pas eu lieu.

    C’est une tradition à Sciences Po : après quelques mois de vie commune, les étudiants de première année organisent un vote pour baptiser symboliquement leur classe pour les quatre prochaines années. Le choix doit répondre à deux conditions : la personne doit être décédée, et il ne doit pas s’agir d’une personnalité « clivante ». Un autre critère est l’alternance des genres, et la classe précédente avait choisi le nom de l’écrivain et illustrateur Tomi Ungerer. Les personnalités proposées lors du premier tour de scrutin étaient majoritairement des femmes, mais quelques noms masculins figuraient également sur la liste, dont celui de Samuel Paty. Des noms qui, comme ceux des femmes déjà choisies les années précédentes, ont cependant été exclus de la liste finale par décision unilatérale de l’institut, pour suivre la règle de l’alternance. Au final, le nom le plus voté a été celui de Gisèle Halimi, avocate féministe d’origine tunisienne décédée l’année dernière.

    UNI a dénoncé ce qui s’était passé comme étant « révélateur de ce qui se passe depuis des années à Sciences Po à Strasbourg » : « L’idéologie et les militants de l’extrême gauche dictent la loi et n’hésitent pas à piétiner la mémoire d’un martyr de la liberté ». UNI a contesté le fait que l’alternance du genre dans le choix des noms est une pratique, et non une obligation, donc s’ils l’avaient voulu le choix aurait pu tomber aussi sur Paty.

    Ces deux épisodes sont survenus après deux autres événements qui avaient eu beaucoup plus de résonance.

    La première a été la naissance du mouvement #sciencesporcs, le 7 février, à l’initiative d’une ancienne étudiante de Sciences Po Toulouse, la blogueuse féministe Anna Toumazoff. Toumazoff voulait dénoncer la « culture du viol » et la « complicité » des administrations des différentes institutions de Sciences Po dans la couverture systématique et la non sanction des auteurs de violences sexistes. La seconde a été l’apposition d’affiches à Sciences Po Grenoble, le 4 mars, avec les noms de deux professeurs accusés de « fascisme » et d’ »islamophobie ». Le syndicat étudiant US, d’extrême gauche, avait demandé la suspension d’un cours de l’un de ces deux professeurs.

    Tous ces épisodes, conclut Le Monde, montrent une évolution de Sciences Po, ou du moins une évolution de la part de ceux qui fréquentent l’institut vers une plus grande conscience politique. Ses détracteurs, en revanche, parlent de « politisation ».

    Militantisme

    « Je vois la formation de vrais militants dont les objectifs ont changé. C’est un marqueur générationnel qui n’est pas spécifique à notre éducation », a par exemple déclaré Jean-Philippe Heurtin, directeur de Sciences Po à Strasbourg. Anthonin Minier, étudiant en première année à Sciences Po à Paris et représentant des écologistes, a déclaré que parmi les étudiants, le pourcentage de ceux qui se disent proches ou engagés dans un parti ou un syndicat traditionnel est très faible.

    Des questions telles que les discriminations sociales, de genre et raciales sont entrées dans les débats entre étudiants, mais aussi dans les filières, et des collectifs se sont créés : « Les instituts d’études politiques ne sont plus des clubs d’hommes » et le pourcentage d’étudiantes est très élevé, explique Vincent Tiberj, maître de conférences à Sciences Po Bordeaux. « Le genre, maintenant, est quelque chose de significatif (…) C’est aussi démontré par #sciencesporcs. »

    Pour Francis Vérillaud, qui a dirigé les relations internationales de l’institut parisien pendant vingt-cinq ans, l’année à l’étranger, obligatoire depuis le début des années 2000, peut en partie expliquer cette nouvelle attitude : « Sciences Po a été interpellé par ses propres étudiants, qui se sont beaucoup internationalisés. Lorsqu’ils reviennent d’une année passée au Canada, aux États-Unis, aux Pays-Bas ou en Allemagne, où les questions de violence sexuelle et sexiste sont abordées dans les universités, ils apportent leur propre contribution. »

    Depuis, Sciences Po a modifié ses critères d’admission pour en démocratiser l’accès, augmenté ses bourses, les instituts se sont adaptés aux standards internationaux, et les formations principales (histoire, sociologie, sciences politiques et droit) se sont enrichies de nouvelles matières : « Penser faire Sciences Po uniquement pour passer le concours de l’École nationale d’administration (l’ENA, chargée de former la fonction publique française, ndlr) est un faux mythe », explique Yves Déloye, directeur de Sciences Po Bordeaux. « Les concours administratifs, qui ont été au cœur de la création des instituts après la guerre, n’attirent plus qu’un tiers de nos étudiants. Les autres aspirent à des carrières de plus en plus diversifiées : en entreprise, dans les ONG, dans l’économie sociale et solidaire. »

    A Sciences Po, le profil des enseignants a également évolué, et ils sont de plus en plus recrutés parmi les universitaires et les chercheurs plutôt que parmi les personnalités politiques et économiques :  » Je me souviens du grand cours d’économie de deuxième année de Michel Pébereau (président de la Banque Nationale de Paris, ndlr). Il distribuait une conférence de 1986. Mais nous sommes en 1993 et, entre-temps, le mur de Berlin est tombé. Mais dans ce monde d’élite, le temps semblait suspendu », a déclaré un ancien élève.

    Les accusations

    En janvier dernier, Il Foglio a repris une enquête publiée dans Le Figaro, le principal journal de la droite française.

    L’enquête, selon Il Foglio, « lève le voile sur l’incursion inquiétante de l’idéologie décoloniale et de la pensée indigéniste au sein de Sciences Po. » Brice Couturier, journaliste à France Culture, avait déclaré à Il Foglio que « la mode américaine de la culture de l’annulation et de la gauche ‘woke’ nous pénètre aussi, dans les centres de l’élite ». Nous sommes confrontés à quelque chose de terrifiant. (…) Imposer la victimisation à l’américaine dans nos cultures et nos pays est une aberration historique, mais cela fonctionne, car c’est à la mode. Le comportement des « réveillés » rappelle celui des gardes rouges de la révolution culturelle maoïste. Ils remettent en question leurs professeurs, créent des groupes de pression, imposent une idéologie fondée sur la race et sont hostiles à la méritocratie. Ils ne sont pas nombreux, mais ils terrorisent la masse des étudiants. »

    Ce sont plus ou moins les accusations portées contre Sciences Po, et l’ensemble du monde universitaire français.

    En février, la ministre française de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a déclaré que l’islamo-gauchisme « est une gangrène pour l’université (…) Non, en fait c’est une gangrène pour toute la société », et a annoncé qu’elle voulait lancer une enquête sur le phénomène en demandant au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) « une évaluation de toutes les recherches » et sur la présence de professeurs islamo-gauchistes dans les universités ; « essentiellement des professeurs qui travaillent sur les questions postcoloniales, de genre et de race », a expliqué la journaliste et chercheuse Catherine Cornet sur Internazionale, ajoutant comment, à partir des attentats islamistes survenus en France et de la propagande de l’extrême droite sur le rapport entre terrorisme et religion, certains arguments ont « commencé à faire leur chemin dans le parti La République en marche du président Macron. »

    La proposition du ministre a été très critiquée par le monde universitaire français, et pas seulement : dans un communiqué, la Conférence des chanceliers d’université (Cpu) a écrit que l’islamo-gauchisme n’est pas un concept, mais « une pseudo-notion dont on chercherait en vain un début de définition scientifique, et qu’il serait opportun de laisser (…) à l’extrême droite qui l’a popularisée ». La déclaration indique également : « La Cpu demande au gouvernement d’élever le niveau du débat. Si elle a besoin d’analyses, de thèses différentes et de discours scientifiques étayés pour dépasser les représentations caricaturales et les discussions de salon, les universités sont à sa disposition. Même si le débat politique n’est pas scientifique par nature, cela ne veut pas dire qu’il ne peut rien dire. »

    A son tour, le CNRS a déclaré que l’expression islamo-gauchisme ne correspond à aucune réalité scientifique, a condamné « fermement ceux qui tentent d’en profiter pour remettre en cause la liberté académique ou stigmatiser certaines communautés scientifiques » et a condamné en particulier la tentative de délégitimer divers domaines de recherche, tels que les études postcoloniales, les études intersectionnelles ou les travaux sur le terme « race ».

    Cependant, le CNRS a accepté la proposition de Vidal de réaliser une étude scientifique sur l’islamo-gauchisme. Catherine Cornet a résumé les résultats : « Grâce au Politoscope, un outil développé par le CNRS pour étudier le militantisme politique en ligne, plus de 290 millions de messages politiques postés de 2016 à aujourd’hui par plus de onze millions de comptes Twitter ont été analysés. Et c’est finalement le gouvernement qui se retrouve sur le banc des accusés : l’étude du CNRS l’accuse en effet de donner de l’espace aux thèmes les plus agressifs de l’extrême droite ».

    Selon le CNRS, le terme a été utilisé comme une « arme idéologique » pour frapper et discréditer un groupe social particulier, tout en transmettant à l’opinion publique un sentiment d’anxiété associé à un danger imminent : « Son utilisation vise à polariser l’opinion publique autour de deux camps déclarés incompatibles et entre lesquels il faudrait choisir : d’un côté les défenseurs de la loi et des valeurs républicaines, de l’autre les traîtres aux valeurs françaises et les alliés d’un ennemi sanglant. La construction même du terme reflète cette ambition. »

    Le Cnrs cite également la pratique de l’alt-right (l’extrême droite américaine) qui consiste à créer un ennemi imaginaire contre lequel l’extrême droite elle-même peut agir comme un rempart, justifiant ainsi ses actions souvent violentes.

    De l’étude du CNRS, il ressort que le principal parti accusé d’islamo-gauchisme est la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, de la gauche radicale, et juste après le leader du Parti socialiste, Benoît Hamon. L’étude indique que « les comptes les plus impliqués dans la diffusion des accusations d’islamo-gauchisme, de 2016 à aujourd’hui, sont idéologiquement d’extrême droite », et ayant utilisé le terme désormais même dans le milieu universitaire, plusieurs membres du gouvernement Macron l’ont, de fait, légitimé.

    La conclusion du CNRS est qu’il faut « veiller à ce qu’aucune forme d’extrémisme ne se développe dans le milieu universitaire ou de la recherche (…) : pour cela, il faut être conscient que l’efficacité de leur élimination dépend de la manière dont on les nomme ».

    Il Post, 3 avr 2021

    Etiquettes : Sciences Po, France, université, élite, islamo-gauchisme, militantisme, race, sexe, postcolonialisme, droite, extrême droite, migration, discrimination, islamophobie, Emmanuel Macron, Frédéric Mion, Camille Kouchner, Olivier Duhamel, Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, LICRA, Samuel Paty, 

  • Marocains arrivant au Portugal. Le ministère public enquête sur un éventuel trafic d’êtres humains

    En 2020 ont atteint la côte de l’Algarve 96 migrants marocains et seulement ce lundi sont arrivés plus 15 à 16, avance le DN. Le DCIAP enquête sur les itinéraires illégaux et les suspicions de trafic d’êtres humains.

    En 2020, sont arrivés sur la côte de l’Algarve, en provenance du Maroc, 96 migrants. Ce lundi seulement, il est possible que 15 ou 16 personnes soient arrivées. Il existe une route d’immigration illégale avec pour point de départ le Maroc et pour destination le Portugal, et le DCIAP – Département central d’investigation et de poursuite – aura été appelé pour enquêter sur cette affaire, selon le Diário de Notícias.


    L’enquête sur ces migrations de Marocains vers le Portugal a fini par être confiée à la DCIAP parce que de nouvelles données ont été mises en lumière, suggérant que cette voie d’immigration illégale pourrait être associée à des crimes plus graves, à savoir la traite des êtres humains et l’aide à l’immigration illégale, rapporte DN.

    La DCIAP, avec sa capacité à enquêter sur des cas complexes couvrant différents pays, a été choisie pour mener l’enquête.

    Le journal ajoute que trois prévenus ont été mis en examen, désignés par les autorités comme de possibles agents de la traite des êtres humains. Les trois prévenus sont marocains et sont soupçonnés des deux crimes mentionnés, mais ne sont peut-être pas les seuls impliqués dans les opérations de transport illégal de personnes entre le Maroc et le Portugal, indique également la DN.

    Observador.pt, 2 avr 2021

    Etiquettes : Maroc, Portugal, migration, traite humaine, trafic de drogues,

  • La Grèce accuse la Turquie de vouloir la provoquer avec des bateaux de migrants

    ATHENES (Reuters) – La Grèce a accusé vendredi la Turquie de vouloir la provoquer en tentant de pousser des bateaux transportant des migrants dans les eaux grecques, ce qu’Ankara a fermement rejeté.

    La Grèce et la Turquie sont en désaccord sur une série de questions, notamment les ressources énergétiques en Méditerranée, et les tensions entre les alliés de l’OTAN se sont accrues l’an dernier lorsque des milliers de demandeurs d’asile en Turquie ont tenté de prendre d’assaut la frontière terrestre grecque.

    Le ministre des migrations Notis Mitarachi a déclaré que les garde-côtes grecs avaient signalé vendredi de multiples incidents au cours desquels les garde-côtes et la marine turcs ont accompagné des bateaux de migrants « jusqu’à la frontière de l’Europe, dans le but de provoquer une escalade » avec la Grèce.

    « Il ne fait aucun doute que ces migrants ont quitté les côtes turques, et compte tenu du fait qu’ils étaient soutenus par la Turquie, ils ne couraient aucun risque », a déclaré Mitarachi dans une déclaration enregistrée.

    « Nous appelons la Turquie à se retirer et à mettre fin à cette provocation injustifiée ».

    Le vice-ministre turc de l’Intérieur, Ismail Catakli, a répondu à Mitarachi sur Twitter, affirmant qu’il déformait les événements et racontait des mensonges.

    Catakli a accusé la Grèce d’avoir repoussé 231 migrants lors de sept incidents qui ont eu lieu vendredi, ajoutant que la Turquie les a secourus.

    « C’est un crime contre l’humanité que de calomnier les garde-côtes turcs qui sauvent des gens que vous avez laissés à la mort. C’est typique de vous ! », a écrit Catakli.

    Les garde-côtes grecs ont déclaré que dans un incident, un bateau transportant des migrants a tenté de pénétrer dans les eaux territoriales grecques vendredi, accompagné d’un navire des garde-côtes turcs. Dans un autre cas, deux navires turcs ont tenté de pousser un canot pneumatique transportant des migrants dans les eaux grecques.

    Dans un troisième incident, au large de l’île de Lesbos, un navire des garde-côtes turcs a pénétré dans les eaux territoriales grecques et a harcelé un patrouilleur grec, a indiqué le ministère.

    Près d’un million de demandeurs d’asile, principalement des Syriens, des Irakiens et des Afghans, ont traversé vers la Grèce depuis la Turquie sur des bateaux en 2015, au début de la crise migratoire en Europe. Un an plus tard, l’UE a conclu un accord avec Ankara pour endiguer le flux et les chiffres ont chuté de façon spectaculaire.

    Mitarachi a appelé la Turquie à « respecter » ses engagements dans le cadre de cet accord.

    Reuters, 2 avr 2021

    Etiquettes : Grèce, Turquie, migration, Ankara, Méditerranée, OTAN, Notis Mitarachi, UE, Lesbos, Union Européenne,

  • Portugal : Un réseau de trafic de drogue a peut-être amené des immigrants illégaux du Maroc

    Un réseau de trafic de drogue a peut-être amené des immigrants illégaux

    Les autorités enquêtent sur la possibilité que le bateau à moteur semi-rigide qui a amené les trois immigrés clandestins qui ont débarqué lundi sur une plage de Vila Real de Santo António ait également transporté du haschich.

    Les autorités enquêtent sur la possibilité que le bateau à moteur semi-rigide qui a amené les trois immigrés clandestins qui ont débarqué lundi sur une plage de Vila Real de Santo António ait également transporté du haschich .

    Les trois hommes ont été arrêtés et ont déclaré que le groupe avait 16 ans. Cependant, la version ne convainc pas pleinement les autorités. La PJ et le SEF étudient la possibilité que des réseaux de trafic de drogue amènent des immigrants clandestins d’Afrique du Nord vers l’ Europe .

    Et tout indique que l’ Espagne (où les 13 éléments prétendument manquants se trouvent peut-être déjà) et la France sont les destinations finales. Les trois détenus ont déclaré qu’ils étaient marocains , mais les autorités confirmaient toujours cette information.

    Septième débarquement illégal en un an et demi
    A confirmer, il s’agissait du septième débarquement d’immigrants clandestins du Maroc, en Algarve , depuis décembre 2019. L’enquête sur un éventuel trafic de drogue est à la charge de la PJ et de la police maritime, puisque l’embouchure du fleuve Guadiana est un des les endroits les plus utilisés pour les rejets de haschisch du Maroc.

    L’immigration illégale fait l’objet d’une enquête de la SEF. Le navire , de sept mètres et d’une capacité de 22 personnes, a été abandonné sur la plage de Santo António. Les autorités ont été alertées et la PSP a intercepté trois hommes.

    «Ils étaient fatigués et désorientés, le résultat de ne pas savoir où ils se trouvaient. Un seul d’entre eux avait des papiers et, après avoir contacté SEF, nous nous sommes rendu compte qu’ils étaient en situation irrégulière au Portugal », a déclaré Hugo Marado, directeur adjoint de PSP Faro.

    Les autres membres du groupe n’ont pas été retrouvés et les autorités enquêtent pour savoir s’ils existent réellement. Selon le CM, il y a une chance qu’il y ait eu un transbordement au large de la côte de l’Algarve, d’un bateau plus grand au bateau à moteur arrivé à terre, car ce bateau ferait à peine un trajet d’environ 500 kilomètres entre le Maroc et le Portugal.

    Impala, 31 mars 2021

    Etiquettes : Portugal, Maroc, traite humaine, trafic de drogues, migration,


  • Gestion de la migration clandestine: Pourquoi Alger a changé de politique

    par Abla Chérif

    Les migrants subsahariens ont fait depuis plusieurs semaines leur réapparition suscitant des commentaires et analyses de spécialistes de la question qui font notamment remarquer l’absence d’opérations de rapatriement comme il s’en menait autrefois. Alger a-t-elle changé de politique sur le dossier de la migration clandestine ?

    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Si la question se pose sous cette forme aujourd’hui, c’est qu’elle fait suite à deux points majeurs relevés depuis un certain moment par les experts de la migration clandestine. Le premier a naturellement trait à cette présence massive de migrants enregistrée à travers toutes les grandes villes du pays sans qu’aucune réaction des autorités publiques suive (c’est le second point), alors qu’il en était tout autre quelques années auparavant. De 2014 à 2018, elles avaient, en effet, fait du dossier une préoccupation essentielle des gouvernements successifs qui ont géré la situation, en tentant de contrôler de plus près les migrants en dissociant notamment les travailleurs et réfugiés déclarés en tant que tels et les clandestins condamnés (dans la majorité des cas) à être rapatriés dans leur pays d’origine.

    Plusieurs opérations de ce genre ont été menées, parfois tambour battant et sous l’œil des caméras et journalistes, invités à suivre le voyage organisé dans des règles que l’on voulait scrupuleuses. Il faut dire que ces rapatriements se sont déroulés dans un contexte et des circonstances où le sujet de la migration clandestine constituait une grande préoccupation dans différents pays de la Méditerranée et au-delà.

    La France, l’Espagne et l’Italie, trois États aidés et soutenus par l’Allemagne sur le sujet, ont même tenté de faire pression pour que l’Algérie accepte de mettre en place une sorte de territoire neutre dans le sud du pays afin d’y concentrer les migrants clandestins, le temps d’étudier les demandes d’asile. Alger a fait part de son refus, tout en mettant l’accent sur les conséquences (sécuritaires surtout) de l’arrivée massive de migrants sur son sol.

    Les opérations de rapatriement se sont poursuivies en dépit des critiques et campagnes virulentes menées par des ONG bien connues. La situation bascule cependant en 2019. Les évènements que traverse le pays freinent les migrants mais le phénomène reprend, et de plus belle, deux années plus tard. Septembre 2021 : Hacène Kacemi, expert des flux migratoires et des questions de sécurité dans le Sahel, s’inquiète de la passivité des autorités face à une situation qui prend de l’ampleur dans un contexte sanitaire précaire et un climat régional marqué par de vives tensions au Sahel.

    Il met également l’accent sur le trafic des « passeurs » et réseaux spécialisés dans la traite humaine, et évoque leur regain d’activité depuis l’été dernier. « Alger se transforme en capitale de la mendicité », déplore-t-il aussi. La réponse à la principale question qui se pose, à savoir le changement ou non de la politique algérienne vis-à-vis du dossier de la migration clandestine, vient en partie de la présidente du Croissant-Rouge algérien, Saïda Benhabilès.

    Les opérations de rapatriement ne sont plus organisées, pour au moins deux raisons bien précises. « Tous les rapatriements qui se déroulaient auparavant se faisaient à la demande des pays d’origine des migrants.
    Le gouvernement nigérien a, à titre d’exemple, adressé des lettres à son homologue algérien afin que soient rapatriés tous les Nigériens entrés illégalement sur son territoire, et c’est ce que nous avons fait. Il en a été de même avec d’autres pays, puisque nous avons des conventions bilatérales et qu’ils sont tous, eux-mêmes, attachés à leur application », explique-t-elle. Depuis cette période, apprend-on de la même manière, aucune nouvelle demande émanant de ces pays n’a été transmise aux autorités algériennes. Pas de démarche non plus introduite par ces dernières en raison de la dégradation de la situation sécuritaire dans les États concernés. Une clause (portant sur la migration clandestine), contenue dans les accords passés entre pays, freine le rapatriement des populations pour des raisons humanitaires.

    En raison du contexte sanitaire dans lequel ce phénomène fait sa résurgence, un appel à la contribution des organismes internationaux a été lancé par le Croissant-Rouge algérien, pour la prise en charge des migrants se trouvant sur le territoire algérien. Le CICR et l’OIM (Organisation internationale pour les migrations) ont été invités à aider à la procuration de vaccins anti-Covid. « On nous a déjà aidés avec des lots de masques que nous avons distribués. Nous avons donné des boîtes entières », poursuit Benhabylès. Ces boîtes ont été cependant revendues « ou jetées », apprend-on par ailleurs. Le risque d’une contamination par le Covid au sein des migrants, mais également la crainte d’une propagation d’un variant du virus sont suivis en dépit des difficultés qui caractérisent cette population, nous dit-on. « Contrairement aux autres réfugiés, ils sont très mobiles. Il est très difficile d’agir avec eux. Ils refusent de vivre dans les espaces que nous leur avons aménagés », poursuit la présidente du CRA.

    Près de deux cents tests PCR ont été effectués, ajoute-t-elle, en formulant l’espoir de voir les organismes sollicités pour les vaccins concrétiser rapidement leur promesse. Les tests effectués se sont tous révélés négatifs, poursuit-elle, « c’est une population jeune et bien bâtie, il n’y a pas de vieux ou de malades parmi elle, c’est ce qui pourrait expliquer cette situation ». Le CRA affirme, par ailleurs, ne pas disposer de chiffres indiquant le nombre de migrants qui se trouvent actuellement sur le territoire algérien.

    En 2019, le gouvernement algérien avait indiqué qu’une moyenne de 500 migrants irréguliers entraient chaque jour dans le pays. En 2014, 10 000 mineurs non accompagnés avaient été recensés et reconduits dans leur pays d’origine, fait enfin savoir le CRA.

    Le Soir d’Algérie, 31 mars 2021

    Etiquettes : Algérie, migration, pandémie,