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  • Nador-Melilla : Les six questions qui fâchent

    Maroc, Nador, Melilla, Ceuta, migration, AMDH,

    Dans son rapport sur les tragiques événements de Nador-Melilla, l’AMDH pose six questions essentielles sur le déroulement de cette journée du 24 juin. ENASS présente ces éléments pour reconstituer le puzzle de ce drame.

    Dans son analyse de ces événements, la section de Nador de l’AMDH explique ce drame par une succession de décisions qui ont eu un effet sur l’ampleur du drame. Tâchant de présenter une lecture minutieuse des faits, cette association pose des questions à l’opinion publique.

    « Six décisions graves prises par les autorités marocaines ont été derrière cette tragédie avec un bilan très lourd jamais enregistré de cette manière sur toutes les voies de migration sud vers l’Europe », estime Omar Naji, de l’AMDH Nador, lors du point de presse de présentation.

    La principale organisation des droits humains au Maroc présente ces questions/décisions comme suit : la fréquence des attaques depuis avril 2022, le retard d’intervention des autorités le 24 juin, le choix d’encerclement après la tentative, l’usage « excessif » des gaz lacrymogènes, le retard dans les secours et la faible mobilisation des moyens sanitaires sur les lieux du drame.

    – Question #1 : Des attaques quotidiennes
    Pour l’AMDH, le dégel des relations entre le Maroc et l’Espagne sur la coopération migratoire : « Pourquoi les autorités ont tenu à attaquer presque quotidiennement les migrants même lorsqu’ils étaient dans les forêts plus loin à presque 20 km de Nador directement après la normalisation des relations maroco-espagnoles ? », s’interroge l’AMDH dans ce document de 21 pages.

    – Question #2 : Une intervention tardive
    La section de Nador qui suit la gestion des migrations dans la région pendant deux décennies, porte un regard critique sur le travail des autorités, essentiellement réduit à sa dimension sécuritaire. Sur la gestion opérationnelle, l’AMDH pose trois questions précises :

    « Pourquoi les autorités n’ont pas essayé de disperser les migrants avant d’arriver au poste frontalier de Bario Chino, lorsqu’ils étaient en route sur un itinéraire de 6 km depuis la forêt d’Izenoudene vers la frontière ? ». Précisons que sur les images diffusées par les autorités, on voit les migrants marcher depuis la forêt durant plusieurs minutes, sans intervention des forces de l’ordre. « Il est probable que les forces de l’ordre voulaient prendre un avantage sur les migrants en se positionnant en haut de la colline. Mais ceci reste une hypothèse que les autorités doivent justifier et expliciter », précise Naji.

    – Question #3 : L’encerclement à Bario Chino
    Troisième question cruciale : « Pourquoi dès l’arrivée des migrants au poste frontalier, les autorités ont mobilisé presque 2000 agents des différentes forces pour encercler en premier lieu les migrants et ne leur laisser aucune possibilité de battre en retraite et de revenir vers les forêts de Gourougou ? », ajoute l’AMDH.Cet étau dressé de 200 m² a été le théâtre d’images insoutenables de réfugiés jetés sur le sol, sans distinction entre les personnes mourantes ou blessées

    – Question #4 : L’usage intense des gaz lacrymogène
    Quatrième question pour essayer de comprendre le drame est posée par ce document : « Pourquoi tout cet usage excessif de bombes lacrymogènes contre des centaines de migrants encerclés dans un lieu étroit et presque fermé ? », proteste l’AMDH. Plusieurs témoignages recueillis par ENASS confirment l’effet des projectiles tirés du côté marocain et espagnol dans l’étouffement et le mouvement de foule au niveau de la porte Bario Chino. Dans son rapport, le CNDH pointe du doigt l’asphyxie comme « cause du décès » pour donner suite à une « catastrophe de masse » sans pouvoir préciser si ces projectiles avaient amplifié le nombre de décès.

    – Questions #5 et #6 : Secours tardifs et sélectifs
    La cinquième et sixième question interrogent la rapidité et l’efficacité des secours la matinée du 24 juin. « Pourquoi les autorités ont commencé par transporter les morts par les ambulances de la protection civiles, alors que les blessés sont restés des heures à terre sans aucun secours ? », se demande l’AMDH.

    Et d’ajouter une dernière question : « Pourquoi les autorités marocaines, mais aussi espagnoles n’ont mobilisé aucune équipe ni moyens de secours sur place pour secourir des dizaines de migrants qui agonisaient devant les yeux des autorités. Cette situation grave nécessitait des équipes médicales et non pas des centaines de militaires ». L’AMDH précise dans son rapport que 4 ambulances ont été mobilisées à partir de 11h30. Elles ont servi en premier pour transporter les morts et non pas les blessés. Durant cette journée, 20 ambulances ont été mobilisées. Elles ont transporté les blessés jusqu’à 21h du soir. Pour le CNDH, « les soins nécessaires ont été présentés ».

    « Pourquoi tout cet usage excessif de bombes lacrymogènes contre des centaines de migrants encerclés dans un lieu étroit et presque fermé ? ». AMDH Nador.


    Pour l’AMDH, ces décisions « graves et successives prises par les autorités marocaines pendant quelques jours seulement marquant un nouveau tournant dans la façon de pratiquer le rôle de gendarme que joue le Maroc directement après la normalisation des relation maroco-espagnoles et qui expliquent largement ce bilan très lourd en morts, blessés et disparus », conclue cette association qui continue à revendiquer « une enquête indépendante et complète sur ce drame ».

    Enass Media, 23/07/2022

    #Maroc #Melilla #Ceuta #Migration #AMDH_Nador

  • Huit migrants noyés au large du Maroc

    Maroc, migration, Tarfaya, Iles Canaries, migrants africains, Espagne,

    Les autorités marocaines affirment avoir récupéré les corps de huit migrants noyés en tentant de rejoindre les îles Canaries.

    Les corps de huit migrants ont été récupérés par les autorités marocaines le 25 juillet, rapportent diverses agences de presse, dont Reuters, l’Agence France Presse (AFP) et l’agence de presse d’État marocaine MAP .

    Les migrants se seraient noyés après que leur bateau se soit échoué au large des côtes du sud du Maroc, dans la province de Tarfaya. Les autorités pensent que le groupe se dirigeait vers les îles espagnoles des Canaries, l’archipel de l’océan Atlantique, à un peu plus de 100 kilomètres au large des côtes marocaines.

    Les corps des huit personnes ont été emmenés à la morgue d’un hôpital local à Laâyoune, la principale ville du Sahara occidental, selon le journal français Le Figaro.

    18 migrants interpellés pour interrogatoire
    Dix-huit autres migrants, qui seraient originaires d’Afrique subsaharienne, ont été arrêtés par les autorités après des raids dans la zone proche du naufrage du navire. Il n’était pas immédiatement clair si les 18 étaient également à bord du bateau. Cependant, l’AFP a rapporté qu’ils avaient survécu au naufrage et avaient été « détenus pour interrogatoire ».

    Selon Le Figaro, « une enquête a été ouverte pour déterminer qui est à l’origine de cette opération d’immigration clandestine », le journal citant les mêmes sources marocaines anonymes de Tarfaya.

    Le Maroc un point de transit clé

    Alors que le conflit et les rapports de mauvais traitements infligés aux migrants en Libye s’aggravent, il semble que de plus en plus de migrants se tournent vers ses voisins, le Maroc, la Tunisie et l’Algérie comme nouveaux pays de transit vers l’Europe.

    Certains migrants tentent de pénétrer dans les enclaves espagnoles du continent africain, Melilla et Ceuta, directement depuis le territoire marocain, d’autres tentent de traverser la Méditerranée depuis la côte nord du Maroc, vers l’Espagne.

    Mais alors que les patrouilles le long de ces frontières se sont intensifiées, de nombreux migrants se tournent vers la côte ouest du Maroc et le Sahara occidental dans l’espoir d’embarquer sur des bateaux traversant l’Atlantique en direction des îles espagnoles des Canaries.

    Décès en 2022

    En juin, entre 23 et 37 migrants seraient morts en tentant d’escalader la barrière frontalière vers Melilla. L’organisation caritative espagnole Caminando Fronteras (Walking Borders) a estimé que près de 1 000 migrants sont morts ou ont été portés disparus en mer sur diverses routes vers l’Espagne au cours des six premiers mois de 2022 seulement.

    Le projet Missing Migrants de l’agence des Nations Unies pour les migrations évalue les chiffres à environ 312 au cours des six premiers mois de 2022 sur la route des îles Canaries, et environ 18 décès pour diverses raisons enregistrés autour des côtes de l’Afrique du Nord au cours de la même période.

    Cependant, l’OIM indique également que le nombre réel de décès peut être beaucoup plus élevé car de nombreuses personnes ne préviennent pas leurs amis ou leurs proches lorsqu’elles sont sur le point d’embarquer pour une traversée.

    De plus, de nombreux décès surviennent également avant même que les migrants n’atteignent les côtes. Par exemple, dans le désert du Sahara au Niger et au Mali, plusieurs groupes de migrants ont été récemment abandonnés par des passeurs et retrouvés morts après avoir été exposés à des températures pouvant dépasser 40 degrés dans la journée, avec peu ou pas d’eau ou de nourriture à conserver. ils vont.

    Avec AFP, Reuters

    Info Migrants, 26/07/2022

    #Maroc #Migration #Iles_Canaries #Sub_sahariens

  • L’UE a fourni au Maroc des puissants logiciels d’espionnage

    Maroc, Union Européenne, UE, logiciels espions, MSAB, Oxigen Forensics, piratage, espionnage, migration,

    L’Union européenne a discrètement fourni au Maroc de puissants systèmes de piratage des téléphones

    Pour renforcer le contrôle des migrants, l’Union européenne a fourni à la police marocaine des logiciels d’extraction de données des téléphones. Faute de contrôle, ces technologies pourraient servir à accentuer la surveillance des journalistes et défenseurs des droits humains au Maroc.

    Délits d’opinions, harcèlements, intimidations policières. Au Maroc, la répression contre celles et ceux qui contestent le régime s’est durement intensifiée. Abdellatif Hamamouchi, 28 ans, en a fait les frais. Un soir de juillet 2018, le journaliste et militant de l’Association marocaine des droits humains a été victime d’une violente agression par des hommes qui appartenaient, selon lui, à la police politique du régime. Ils l’ont « battu et jeté par terre » avant de lui prendre son téléphone portable. « Grâce à lui, ils ont pu avoir accès à mes e-mails, ma liste de contacts, mes échanges avec mes sources », se souvient-il.

    Comme lui, une dizaine de journalistes et militants marocains dont nous avons recueilli le témoignage expliquent s’être vu confisquer leurs téléphones à la suite d’une arrestation arbitraire. Selon eux, cette pratique obéirait à un unique objectif : renforcer le fichage des opposants présumés en collectant un maximum d’informations personnelles. Un contrôle qui, depuis 2019, pourrait être facilité par le soutien technologique et financier de l’Union européenne.

    Disclose, en partenariat avec l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, révèle que l’UE a livré au Royaume du Maroc des puissants systèmes de surveillance numérique. Des logiciels conçus par deux sociétés spécialisées dans le piratage des téléphones et l’aspiration de données, MSAB et Oxygen forensics, avant d’être livrés aux autorités marocaines par Intertech Lebanon, une société franco-libanaise, sous la supervision du Centre international pour le développement des politiques migratoires (ICMPD). Objectif de ce transfert de technologies financé sur le budget du « programme de gestion des frontières pour la région Maghreb » de l’UE : lutter contre l’immigration irrégulière et le trafic d’êtres humains aux portes de l’UE.

    Selon des documents obtenus par Disclose et Der Spiegel auprès des institutions européennes, la société MSAB, d’origine suédoise, a fourni à la police marocaine un logiciel baptisé XRY capable de déverrouiller tous types de smartphones pour en extraire les données d’appels, de contacts, de localisation, mais aussi les messages envoyés et reçus par SMS, WhatsApp et Signal. Quant à Oxygen forensics, domiciliée pour sa part aux Etats-Unis, elle a livré un système d’extraction et d’analyse de données baptisé « Detective ». Sa spécificité ? Contourner les verrouillages d’écran des appareils mobiles afin d’aspirer les informations stockées dans le cloud (Google, Microsoft ou Apple) ou les applications sécurisées de n’importe quel téléphone ou ordinateur. La différence notable avec le logiciel Pegasus, les deux logiciels nécessitent d’accéder physiquement au mobile à hacker, et ne permet pas de surveillance à distance.

    LA POLICE MAROCAINE FORMÉE AU PIRATAGE NUMÉRIQUE

    A l’achat des logiciels et des ordinateurs qui vont avec, l’Union européenne a également financé des sessions de formations dispensées aux forces de police marocaine par les collaborateurs d’Intertech et les salariés de MSAB et Oxygen Forensics. Mais ce n’est pas tout. Selon des documents internes obtenus par l’ONG Privacy International, l’Europe a aussi envoyé ses propres experts issus du Collège européen de police, le CEPOL, pour une formation de quatre jours à Rabat entre le 10 et le 14 juin 2019. Au programme : sensibilisation à « la collecte d’information à partir d’Internet » ; « renforcement des capacités d’investigation numérique », introduction au « social hacking », une pratique qui consiste à soutirer des informations à quelqu’un via les réseaux sociaux.

    CONTRÔLE INEXISTANT
    Reste à savoir si ces outils de surveillance sont réellement, et exclusivement, utilisés à des fins de lutte contre l’immigration illégale. Or, d’après notre enquête, aucun contrôle n’a jamais été effectué. Que ce soit de la part des fabricants ou des fonctionnaires européens. Dit autrement, le Maroc pourrait décider d’utiliser ses nouvelles acquisitions à des fins de répression interne sans que l’Union européenne n’en sache rien. Un risque d’autant plus sérieux, selon des chercheurs en sécurité numérique joints par Disclose, que les logiciels XRY et Detective ne laissent pas de traces dans les appareils piratés. A la grande différence d’une autre technologie bien connue des services marocains : le logiciel israélien Pegasus, qui permet de pirater un appareil à distance. Le système Pegasus a été massivement employé par le Maroc dans le but d’espionner des journalistes, des militants des droits humains et des responsables politiques étrangers de premier plan, comme l’a révélé le consortium de journalistes Forbidden Stories, en 2021.

    Avec les solutions XRY et Detective, « dès que vous avez un accès physique à un téléphone, vous avez accès à tout », souligne Edin Omanovic, membre de l’ONG Privacy international. Un élément qu’il estime « inquiétant », poursuit-il, « dans un contexte où les autorités ciblent les défenseurs des droits de l’homme et les journalistes ».

    Afin de garantir que le matériel ne sera pas détourné de son objet officiel, la Commission européenne affirme qu’un document d’engagement a été signé par les autorités marocaines – il ne nous a pas été transmis. D’après un porte-parole sollicité par Disclose, ledit document stipulerait que ces technologies ne serviront que pour lutter « contre le trafic d’êtres humains. » Rien d’autre ? « L’UE fait confiance à Rabat pour respecter son engagement, c’est de sa responsabilité », élude le porte-parole.

    « PROBLÈMES DÉMOCRATIQUES »
    En réalité, ce transfert de technologies devrait faire l’objet d’une attention particulièrement accrue. Pour cause : les systèmes fournis par l’UE sont classés dans la catégorie des biens à double usage (BDU), c’est-à-dire des biens qui peuvent être utilisés dans un contexte militaire et civil. Ce type d’exportation est même encadré par une position commune de l’UE, datée de 2008. Celle-ci stipule que le transfert des biens à double usage est interdit dès lors qu’il « existe un risque manifeste » que le matériel livré puisse être utilisé à des fins de « répression interne ». Un risque largement établi dans le cas marocain, comme l’a démontré l’affaire Pegasus.

    Contactés, MSAB et Oxygen Forensics ont refusé de nous répondre. Même chose du côté des régulateurs suédois et américains sur les exportations de biens à double usage. Aucune réponse non plus des autorités marocaines. Alexandre Taleb, le PDG d’Intertech, la société responsable du déploiement des technologies, a été plus loquace. « Mes clients savent ce qu’ils achètent, je n’ai pas à les juger. Ils ont plus de 400 millions d’habitants qui peuvent s’en charger, déclare-t-il. Si le Maroc a des problèmes démocratiques, c’est une chose, mais nos outils ne sont pas la cause de ces problèmes ». Pour ce marché, Intertech a empoché près de 400 000 euros.

    Au parlement européen, ces exportations sont loin de faire l’unanimité. « Sous prétexte de sécuriser nos frontières, nous ne pouvons pas nous contenter des promesses d’un régime autoritaire, déplore ainsi l’eurodéputée Markéta Gregorová (groupe des Verts). C’est une négligence délibérée et moralement inacceptable de la part de l’Europe ». Une négligence qui passe d’autant plus mal que la société MSAB a été accusée d’avoir équipé la police birmane en 2019, à un moment où des exactions contre des civils étaient connues et documentées.

    Zach Campbell et Lorenzo D’Agostino

    Source : Disclose, 24/07/2022

    #Maroc #Union_Européenne #UE #Migration #Logiciels_espions #Hacking

  • Maroc : La police a tué 27 migrants africains à Melilla

    Maroc, Melilla, migrants africains, migration, AMDH,

    27 migrants africains tués lors des violences policières à Melilla
    Le crime abject du Makhzen
    «La tragédie du 24 juin a coûté la vie à 27 migrants à cause d’une répression sans précédent des autorités marocaines», souligne un rapport de l’Association marocaine des droits humains présenté le 20 juillet à Rabat.

    Le coup de grâce! Le pouvoir marocain a beau essayer de trouver des échappatoires pour tenter de justifier le crime abject de Melilla qui a coûté la vie à 27 migrants africains, les preuves pleuvent et finissent par démontrer qu’ils a bien leur sang sur les mains. Le rapport de l’association marocaine des droits humains publié le 20 juillet à Rabat l’accable. «La tragédie du 24 juin a coûté la vie à 27 migrants à cause d’une répression sans précédent des autorités marocaines», souligne le document présenté par Omar Naji, vice- président de la section de l’Amdh de Nador.

    Présenté lors d’une conférence de presse, un document de cette ONG sur le drame de Melilla. Il dément de surcroît le bilan officiel des autorités marocaines. Selon ces dernières, 23 migrants en situation irrégulière ont péri à la suite de bousculades et de chutes pendant la tentative d’entrée massive dans Melilla. «Le bilan de l’association repose sur des sources dignes de confiance. Il s’agit d’un crime ignoble, résultat de politiques migratoires mortifères», a souligné le militant des droits de l’homme. Mettant fin à un rêve qui s’est éteint aux portes de l’Europe. Au pied de la clôture de fer qui sépare l’enclave espagnole Melilla du territoire marocain où 27 d’entre eux, au moins, qui ont tenté de franchir cet ultime obstacle pour atteindre le «Graal», trouveront la mort après une intervention d’une violence inouïe des forces de répression marocaines qui s’est soldée par un massacre.

    Le rapport de l’Amdh est impitoyable. Il pointe directement les forces de répression marocaine mettant en exergue leur caractère barbare, sauvage, inhumain. «Pour la première fois lors d’une tentative de passage frontalier à Melilla, les forces marocaines ont cerné les migrants, sans leur laisser d’issue pour leur donner la possibilité de revenir en arrière et regagner leurs campements, comme cela s’est toujours fait», indique la principale association indépendante de défense des droits humains au Maroc faisant état de 64 migrants africains toujours portés disparus soulignant l’acte délibéré de la police marocaine.

    «La décision d’attaquer violemment les demandeurs d’asile une fois arrivés à la barrière (séparant les territoires marocain et espagnol) est sans doute la cause principale derrière le bilan très lourd», affirme l’Organisation non gouvernementale du royaume. Les images répercutées par les télévisions du monde entier et les réseaux sociaux, étaient extrêmement choquantes, humiliantes, inhumaines. Elles ont témoigné du caractère barbare du Makhzen.

    Des images diffusées par l’Association marocaine des droits de l’homme ont montré des migrants arrêtés par les forces de répression marocaine entassés les uns sur les autres à même le sol bafouant le moindre respect à la dignité humaine. Bon nombre d’entre eux avaient le visage en sang. Des voix se sont élevées pour réclamer une enquête indépendante sur les circonstances de cette tragédie. «Nous appelons à l’ouverture d’une enquête rapide et transparente», avait déclaré aux médias, Mohamed Amine Abidar, le président de la section de l’Amdh à Nador, dans le nord du Maroc.

    L’ouverture immédiate d’une enquête judiciaire indépendante du côté marocain comme espagnol, ainsi qu’au niveau international pour faire toute la lumière sur ce drame humain, a, par ailleurs, été exigée par l’ONG espagnole Caminando Fronteras, spécialiste des migrations entre l’Afrique et l’Espagne. Les choses semblent vouloir avancer. Le caractère inhumain du pouvoir marocain qui a tenté d’effacer les traces de son abject crime est mis en évidence. La tentative d’enterrement au cimetière de Sidi-Salem, à la suite du drame du 24 juin, a été mise en échec par la section locale de l’Amdh qui avait alerté contre une initiative «des autorités sans identification et sans autopsie» des corps.

    L’ONG a indiqué avoir « une présence inhabituelle d’agents d’autorités en train de superviser le creusement de 21 tombes dans le carré réservé aux migrants», a été constaté par l’ONG. «La publication de photos et la mobilisation qui a suivi ont sans doute poussé les autorités à abandonner cette action…», souligne le document de l’Association marocaine des droits humains.

    L’Expression, 23/07/2022

    #Maroc #Melilla #Migrants_africains #AMDH

  • Maroc : Près de 1000 migrants sont morts en 6 mois

    Maroc, Ceuta, Melilla, Espagne, migration, AMDH,

    Près de 1 000 migrants sont morts en tentant de rejoindre l’Espagne au cours du premier semestre 2022 : ONG

    Au moins 978 migrants sont morts ou ont disparu en tentant de rejoindre l’Espagne par la mer au cours des six premiers mois de 2022, soit une moyenne d’environ cinq par jour, a indiqué mercredi une association de défense des droits des migrants.

    C’est moins de la moitié du chiffre de 2 087 enregistré au cours des six premiers mois de 2021, selon l’organisation non gouvernementale espagnole Caminando Fronteras qui suit les données des bateaux en détresse.

    Le groupe suggère que moins de personnes tentent d’atteindre l’Espagne parce que le Maroc a intensifié sa répression des traversées de migrants depuis que Rabat et Madrid ont renoué des liens diplomatiques en mars.

    L’association souligne également que 2021 a été une année particulièrement meurtrière pour les tentatives de traversée de migrants vers l’Espagne, avec plus de 4 000 décès ou disparitions.

    Plus de 80 % des décès ou disparitions survenus au cours des six premiers mois de l’année ont eu lieu lors de tentatives pour atteindre les îles Canaries, situées dans l’Atlantique.

    La route vers les Canaries est particulièrement dangereuse en raison des forts courants, et les voyages dans des bateaux souvent surchargés et sans eau potable suffisante prennent plus d’une semaine pour atteindre l’archipel.

    De nombreux départs se font depuis des ports éloignés du Sahara occidental, de la Mauritanie ou même du Sénégal, à quelque 1 500 kilomètres (900 miles) au sud.

    L’Espagne a longtemps été un point d’entrée clé pour les migrants en quête d’une vie meilleure en Europe.

    Mais le nombre de migrants entrés en Espagne par la mer a diminué de 35,7 % au deuxième trimestre 2022 par rapport au premier trimestre, selon un décompte de l’AFP basé sur les chiffres du ministère de l’Intérieur.

    #Maroc #Ceuta #Melilla #Migration

  • Le Maroc a-t-il encore sa place au sein de l’Union africaine?

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    Une place au sein de l’Afrique

    Le Maroc a-t-il encore sa place au sein de l’Union africaine ? La question mérite sérieusement d’être posée au regard de la posture du régime du Makhzen au sein de l’organisation panafricaine et de son attitude envers les États et les peuples africains.

    Les appels pour l’exclusion du Maroc de l’UA se multiplient. L’irrespect le plus total que les feudataires du Makhzen, en mission commandée, affichent pour l’organisation panafricaine, ses structures, mais aussi son acte constitutif, sont de bonnes raisons pour s’interroger sur les raisons qui ont poussé le Makhzen à acter l’accession du Maroc à l’UA en 2017. Une adhésion qui devait imposer au Maroc de se conformer à l’Acte constitutif et donc de reconnaître l’indépendance du Sahara occidental de fait. Or, depuis, le régime marocain a non seulement multiplié les manœuvres pour se soustraire à ses responsabilités, mais a intensifié le lobbying pour alimenter les divisions au sein de l’UA, en sus d’essayer d’y introduire le cancer sioniste.

    Le récent drame migratoire de Melilla a confirmé les velléités makhzéniennes de s’inscrire dans un agenda qui contredit tous les principes africains et va à l’encontre des intérêts du continent. Le fait que le Makhzen se serve de cette ignominie, de ce massacre innommable, de justificatif pour s’imposer en tant que partenaire privilégié de l’Otan et de l’Union européenne en particulier, ne fait que susciter des interrogations sur l’appartenance du régime marocain à l’Afrique et à ses structures. Des structures au sein desquelles il sévit en toute impunité.

    C’est justement cette question qui est posée aujourd’hui par la société civile et les intellectuels africains. Hier, l’analyste namibien Vitalio Angula a estimé dans une tribune que « le Maroc devrait être sanctionné par l’UA pour son traitement des migrants du Tchad, du Niger, du Soudan et du Sud Soudan.

    Il devrait aussi être exclu de l’Union africaine pour avoir constamment montré son mépris pour le reste de l’Afrique ». C’est une position qui reflète bien la situation dans laquelle le Makhzen a mis le Maroc, lequel devait pourtant naturellement évoluer au sein d’une Afrique unie.

    La Sentinelle, 13/07/2022

    #Maroc #Melilla #Migration #Migrants_africains #Union_Africaine

  • Drame de Melilla : Le Maroc pris à la gorge

    Drame de Melilla : Le Maroc pris à la gorge

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    C’est le vrai visage d’un État barbare et sanguinaire que le monde a découvert, le 24 juin dernier, à Melilla.

    Mohamed AMROUNI

    L’usage excessif de la force à Melilla qui a conduit à la mort de 37 migrants d’origine africaine continue de susciter des réactions à l’échelle internationale. Rankhumise Sello Patrick, le chargé d’affaires auprès de l’ambassade d’Afrique du Sud à Alger a déclaré, hier, que «le gouvernement sud-africain insiste sur la nécessité d’ouvrir une enquête sur les actes de brutalités commises au Maroc». Cela avant de rappeler «l’obligation de tous les pays de respecter le droit international, de traiter tous les migrants avec dignité». Il intervenait en marge du forum du quotidien El Moudjahid. La demande du diplomate n’est pas la seule. Elle s’ajoute aux appels des membres du Parlement européen, de l’Union africaine et d’un comité spécial des Nations unies à exiger une enquête rapide afin de faire la lumière sur cette tragédie. Les médias montent au créneau pour dénoncer ce «crime contre l’humanité».

    La politique migratoire du Maroc et la violence avec laquelle il traite les citoyens africains, sur son sol, est digne des «régimes les plus violents que l’humanité ait connus auparavant», a indiqué un article publié sur le média en ligne Le Panafrikanist. L’article en question est intitulé: «Les mauvais traitements infligés aux migrants par le Maroc sont une politique délibérée de crimes systématiques contre l’humanité».

    Son auteur revient sur «les vidéos atroces relayées par les citoyens et les médias présents sur le terrain», lors du «terrible massacre» du 24 juin dernier. Des pertes en vies humaines par dizaines et des blessés sauvagement traités pour avoir tenté d’entrer dans l’enclave espagnole de Melilla depuis la ville de Nador. «Plein d’images d’une violence extrême, de traitements inhumains et de terribles scènes de détention, les vidéos ont choqué tout le monde, sauf peut-être les autorités marocaines et leurs alliés», a relevé le média.

    L’Espagne ne manque pas, en effet, une occasion de souligner que «le Maroc est son partenaire stratégique dans la politique migratoire et pousse l’Union européenne (UE) à soutenir le Maroc dans le renforcement et l’équipement de ses forces de police pour ‘’contrôler » et arrêter la migration africaine vers l’Europe», ajoute la même source, soulignant que «le Maroc a reçu quelque 343 millions d’euros depuis 2014 de l’UE, Le Panafrikanist a rappelé «une analyse de Reporters sans frontières, datant de 2021 et dans laquelle cette ONG a fait savoir que la poursuite de la coopération, en matière de migration, pourrait faire grimper ce chiffre jusqu’à «3,5 milliards d’euros pour la période entre 2020 et 2027».

    «Et pour cela», poursuit le média, «le Maroc déploie des mesures atroces contre les migrants pour montrer à ses alliés européens à quel point il prend la question au sérieux».

    L’Expression, 14/07/2022

    #Maroc #Espagne #Melilla #Migration #Migrants_africains

  • Politique migratoire du Maroc : Crimes contre l’humanité

    Maroc, Migration, migrants africains, Espagne, Melilla, Union Européenne,

    La politique migratoire du Maroc et la violence avec laquelle il traite les citoyens africains sur son sol est digne des «régimes les plus violents que l’humanité ait connus auparavant», a indiqué un article publié sur le média en ligne Le Panafrikanist. Intitulé «Les mauvais traitements infligés aux migrants par le Maroc sont une politique délibérée de crimes systématiques contre l’humanité», l’article revient sur «les vidéos atroces relayées par les citoyens et les médias présents sur le terrain» lors du «terrible massacre» du 24 juin dernier.

    «Plein d’images d’une violence extrême, de traitements inhumains et de terribles scènes de détention, (les vidéos) ont choqué tout le monde, sauf peut-être les autorités marocaines et leurs alliés», a relevé le média. L’Espagne ne manque pas en effet «une occasion de souligner que le Maroc est son partenaire stratégique dans la politique migratoire, et pousse l’Union européenne (UE) à soutenir le Maroc dans le renforcement et l’équipement de ses forces de police pour ‘‘contrôler’’ et arrêter la migration africaine vers l’Europe», ajoute la même source.

    Soulignant que le Maroc a reçu quelque 343 millions d’euros depuis 2014 de l’UE, Le Panafrikanist a rappelé une analyse de Reporters sans frontières datant de 2021 et dans laquelle cette ONG a fait savoir que la poursuite de la coopération en matière de migration pourrait faire grimper ce chiffre jusqu’à «3,5 milliards d’euros pour la période entre 2020 et 2027». Et pour cela, poursuit le média, «le Maroc déploie des mesures atroces contre les migrants pour montrer à ses alliés européens à quel point il prend la question au sérieux».

    Rappelant également que l’UE finance un projet de 18 millions d’euros pour fortifier les clôtures autour des deux enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla afin de mieux bloquer les migrants, l’auteur de l’article déplore le fait que les membres de l’UE «ne disent jamais ce que cela signifie en termes de pertes en vies humaines, de tragédies et de désespoir».

    C’est «vraiment troublant, à cause des terribles vidéos et histoires de mauvais traitements, d’abus sexuels, de meurtres et de tortures de pauvres victimes», a-t-il fait remarquer. Evoquant le chantage qu’exerce le Maroc sur l’Espagne à travers la carte migratoire, le journal a fait observer qu’ «à chaque fois que les relations politiques du royaume chérifien ne sont pas si bonnes avec ses voisins, on entend soudain parler de tentatives massives de migration».

    Dans ce contexte, l’auteur de l’article a indiqué que «l’Union africaine (UA) doit assumer sa responsabilité et rappeler le Maroc à l’ordre, non seulement sur cette question migratoire mais aussi sur toutes ses violations de l’Acte constitutif de l’UA», «l’occupation illégale» des territoires de la République sahraouie, «les tentatives honteuses de forcer l’admission (de l’entité sioniste) en tant que membre observateur de l’UA et pour toutes ses politiques antérieures qui visent à détruire l’Union africaine de l’intérieur».

    Le Maroc devrait être exclu de l’UA

    «L’Espagne a rompu avec les résolutions de l’UE, de l’UA et de l’ONU qui appellent à un référendum pour décider de l’avenir du peuple du Sahara occidental.»

    L’Union africaine (UA) devrait agir pour «isoler» le Maroc et l’»exclure» de l’organisation continentale à la suite de la tragédie migratoire de Melilla, lors de laquelle au moins 23 migrants africains ont été brutalement tués par la police marocaine alors qu’ils tentaient d’entrer dans l’enclave espagnole depuis le Maroc, estime l’analyste namibien Vitalio Angula, dans un article publié lundi par le média en ligne, Le Panafrikanist.

    Dans cet article intitulé : «L’UA devrait agir pour expulser le Maroc», le journaliste et commentateur sociopolitique revient sur le drame survenu le 24 juin dernier à Melilla lorsque des migrants «ont été battus à mort avec des matraques», par la police marocaine qui les a empêchés de franchir l’enclave espagnole.

    «Des scènes horribles» ont été publiées par les médias internationaux et sur les réseaux sociaux, écrit Vitalio Angula qui a critiqué le Maroc pour «avoir fait preuve de peu de retenue dans la gestion de la «crise noire» qui a englouti les enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta au fil des ans». A cet effet, l’analyste namibien estime que «l’Union africaine devrait adopter une position de principe contre le Maroc. En isolant le Royaume et en l’excluant de l’organisation, l’UA enverrait un message clair que ses membres doivent respecter ses règles». Et de poursuivre dans ce contexte : «Le Maroc devrait être sanctionné par l’UA pour son traitement des migrants du Tchad, du Niger, du Soudan et du Sud Soudan. Il devrait aussi être exclu de l’Union africaine pour avoir constamment montré son mépris pour le reste de l’Afrique». «En utilisant l’arme migratoire pour prendre le dessus sur le plan diplomatique, le Maroc viole la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples de l’UA qui appelle à la protection des réfugiés, des demandeurs d’asile et des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays», écrit-il.

    Le Maroc a réintégré l’UA en janvier 2017 après avoir quitté en 1984, l’Organisation de l’unité africaine (OUA, prédécesseur de l’UA) pour protester contre l’admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en tant que membre à part entière, rappelle le journaliste dans son article. Cependant, estime encore l’analyste, «le racisme marocain contre le peuple du Sahara occidental a montré son visage hideux dans la crise de Melilla», faisant référence au chantage qu’a fait le régime marocain à l’Espagne en jouant la carte de l’entrée de dizaines de milliers de migrants à Ceuta et Melilla, pour amener Madrid à changer sa position à l’égard de la question sahraouie.

    Evoquant dans ce sens le changement de position de Madrid vis-à-vis du dossier sahraoui en soutenant le soi-disant «plan d’autonomie» du Maroc, Vitalio Angula souligne que «l’Espagne a rompu avec les résolutions de l’Union européenne (UE), de l’UA et de l’ONU qui appellent à un référendum pour décider de l’avenir du peuple du Sahara occidental». Et comme l’Espagne est le plus grand partenaire commercial du Maroc, «cela peut être considéré comme la principale raison pour laquelle le Maroc ignore les lois internationales (qui imposent aux Etats) de traiter tous les migrants avec dignité et de donner la priorité à leur sécurité et à leurs droits humains, tout en s’abstenant de recourir à une force excessive», conclut l’analyste.

    #Maroc #Migrations #Migrants_africains #Melilla

  • Maroc-Melilla : La normalisation de l’horreur

    Maroc-Melilla : La normalisation de l’horreur

    Maroc, Espagne, Melilla, migration, migrants africains,

    En 1985, l’Espagne a adopté la loi organique sur les droits et libertés des étrangers en Espagne, communément appelée « loi des étrangers ». Notre pays a établi un régime juridique qui a cherché à s’adapter, avec une vocation globale, à une réalité d’immigration différente de celle que nous avions connue, puisque la trajectoire historique de l’Espagne est celle d’un pays d’émigration (comme l’atteste bien, dans le cas de notre Communauté, la profonde empreinte de la diaspora asturienne). Ce régime, avec toutes ses modifications, notamment la loi organique 4/2000, qui a remplacé la précédente, et les 24 lois ultérieures qui l’ont à leur tour modifiée, continue de tourner autour du même axe. En général, le projet migratoire de toute personne qui veut tenter sa chance et travailler en Espagne, si elle veut l’entamer de manière régulière, passe, grosso modo, par l’obtention du visa correspondant dans le pays d’origine et de l’autorisation administrative qui le permet.

    Pour que l’administration puisse décider s’il existe une possibilité de travailler en tant que salarié, la situation nationale de l’emploi est déterminante. Il existe d’autres alternatives pertinentes pour l’accès au séjour (qui n’est pas particulièrement facile, même lorsqu’on souhaite regrouper les membres de la famille) et, conscients que la formation de poches d’irrégularité est pratiquement inévitable, des procédures ont été établies par voie réglementaire pour le permettre, au moyen de la preuve des racines (sociales, familiales ou professionnelles). Il y a également un débat sur un nouveau processus de régularisation extraordinaire, qui est absolument nécessaire pour que ceux qui n’ont pas pu jusqu’à présent se prévaloir de la voie de l’enracinement puissent accéder à la réalité statistique et administrative, à la possibilité de payer des cotisations et des impôts et à l’exercice effectif des droits fondamentaux.

    Quiconque a eu un contact, même indirect, avec la réalité du système des étrangers reconnaîtra l’anomalie structurelle et l’échec profond de ce qui ne fonctionne pas et ne peut pas fonctionner. Il requiert d’énormes ressources, un très haut niveau de coordination avec les pays de retour ou d’expulsion, un contrôle exhaustif des frontières et des mouvements de personnes et, surtout, il provoque une situation structurelle de sans-défense et de sujétion des personnes soumises à ce système qui génère inévitablement des situations d’exclusion, d’arbitraire dans l’application de la loi, de sans-défense et de vulnérabilité, au-delà de la situation de clandestinité dans les cas où cela se produit. Tout cela s’ajoute à la vision purement économique (qui ne doit pas être la seule ou la principale) de ce phénomène, qui détermine qu’une partie importante des autorisations de séjour et de travail, dans une large mesure, dépend de la main-d’œuvre dont l’absence est détectée dans les registres disponibles, qui sont clairement faillibles.

    Ce qui est certain, en revanche, c’est que malgré la nécessité de rajeunir notre société, malgré l’effet dynamisant (également sur l’économie) que les flux migratoires ont en soi, malgré l’existence d’importants secteurs de notre activité où il y a une pénurie de main-d’œuvre, malgré les autres voies théoriquement disponibles, l’obtention d’un visa à l’origine est, dans la grande majorité des cas, mission impossible.

    Dans d’autres situations, comme celles des personnes pouvant bénéficier de l’asile ou de la protection subsidiaire, seule une minorité de personnes est en mesure de la demander à l’origine ou à la première légation diplomatique espagnole qu’elles trouvent, car la situation même de persécution ou de risque d’atteinte grave établit ses propres impératifs, dont le premier est d’atteindre un territoire sûr.

    Le 1er novembre 1988, un Marocain de 23 ans a été la première personne à se noyer en tentant de traverser le détroit de Gibraltar. Depuis lors, la priorité, voire l’obsession, des différents gouvernements a été d’empêcher le départ des bateaux du Maroc (et du Sahara occidental qu’il occupe), de l’Algérie, de la Mauritanie et du Sénégal, principalement en raison des tensions dans les systèmes d’accueil temporaire (ou de retour) qu’il provoque, de l’anxiété qu’il suscite sur le lieu d’arrivée et de toutes les conséquences politiques liées à un phénomène fréquemment utilisé comme arme de guerre. Moins important est le simple fait que, selon les estimations de diverses organisations sociales, environ 10 000 personnes ont perdu la vie dans cette tentative depuis lors. On s’est moins interrogé sur la raison et les attentes de toutes les personnes qui se trouvent dans la situation d’entreprendre des voyages de plusieurs mois ou années, à partir de pays en déliquescence institutionnelle où l’État a perdu le contrôle de parties importantes du territoire (comme dans une grande partie du Sahel), ou encore où l’opportunité du projet migratoire revient à améliorer la situation de toute la famille qu’ils pourront aider, s’ils finissent par réussir. La question simple et élémentaire de savoir ce qui se passerait s’il y avait, en revanche, une réelle attente d’une immigration régulière est à peine posée.

    En d’autres termes, si au lieu que le canal prévu par la loi s’avère difficile à mettre en œuvre, comme c’est le cas actuellement, la politique migratoire se concentrait davantage sur des raisons démographiques puissantes que sur des considérations (erronées ou, à tout le moins, partielles) liées au marché du travail, au profit du pays de destination lui-même. Il semble raisonnable de penser que, dans ce cas, cette voie ordinaire serait l’alternative préférée à des voyages risqués, à des déplacements sous le contrôle de mafias et à l’assujettissement aux autorités publiques des pays de transit désireuses de les utiliser comme arme de pression entre États ou comme source irrégulière de revenus.

    Loin de repenser la continuité de cette politique et ses effets meurtriers, nous sommes cependant dans une nouvelle phase où des tensions se produisent également à la frontière terrestre des enclaves espagnoles au Maroc, avec des conséquences de plus en plus tragiques. Rappelons qu’en février 2014, 15 autres personnes se sont noyées sur la plage de Tarajal (Ceuta) alors que des policiers espagnols utilisaient contre elles des équipements anti-émeutes. Ou encore l’épisode du 17 mai 2021 à Ceuta, un exemple de l’utilisation par le Maroc de la population migrante comme moyen de pression. Lors de l’incident du 24 juin dernier, une réponse quasi-militaire a été admise (voire encouragée), dans laquelle une force excessive a été utilisée, au mépris évident de la vie des migrants et avec un résultat endeuillé totalement insupportable : 23 personnes ont été tuées selon les autorités marocaines, tandis que d’autres sources avancent le chiffre de 37 morts.

    Les images courageusement capturées à Nador par l’Association marocaine des droits de l’homme (une organisation fortement harcelée par les autorités du pays voisin, soit dit en passant) du traitement des migrants sont la réalité la plus amère, car elles montrent clairement le déni total de la condition humaine des migrants et de tout droit quel qu’il soit. Bien entendu, il vaut mieux ne pas prêter attention aux éventuels demandeurs de protection internationale, qui peuvent avoir des raisons de sécurité bien fondées pour fuir leur lieu d’origine.

    La réponse de l’Espagne, d’abord en soutenant ouvertement les actions des forces de sécurité marocaines (avec des déclarations qui jettent à jamais une ombre sur ceux qui les font) et ensuite en poursuivant ce soutien, mais de manière honteuse, montre la stature morale dans laquelle se trouve notre politique migratoire, assumant comme un dommage collatéral inévitable ce qui est un crime dans tous les sens du terme.

    La Voz de Asturias, 12 jui 2022

    #Maroc #Espagne #Melilla #Migration #Migrants_africains

  • Melilla: Des écrivains panafricains appellent à une enquête « crédible »

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    L’étau se resserre sur le régime du Makhzen pointé du doigt dans le drame de Melilla marqué par la mort de 23 migrants subsahariens, selon le bilan officiel.

    Une pluie de condamnations s’est abattue et s’abat toujours sur le régime répressif marocain. Ainsi, l’Association des écrivains panafricains (PAWA) a déploré hierla mort d’au moins 23 migrants africains, brutalement tués par la police marocaine le 24 juin à Melilla, alors qu’ils tentaient de franchir l’enclave espagnole, et appelé les autorités marocaines et espagnoles à une « enquête crédible » sur ce drame. « En tant qu’association à l’avant-garde de la défense des droits de l’Homme, PAWA appelle les autorités marocaines et espagnoles à enquêter d’une manière crédible sur l’incident (de Melilla) et traduire en justice les coupables afin de prévenir de futurs actes ignobles », indique l’Association dans un communiqué signé conjointement par son président, Hon. John Rusimbi et le secrétaire général, Wale Okediran. Dans le même contexte, PAWA s’est jointe à l’Union africaine (UA), aux Nations unies et à d’autres organisations internationales qui ont appelé à « une enquête immédiate, indépendante et transparente » sur la catastrophe de Melilla qui a également fait de nombreux blessés parmi les migrants subsahariens.

    L’Association des écrivains panafricains a, en outre, qualifié d’ »horrible » et d’ »inacceptable » la mort de ces migrants africains et exprimé « son profond regret » à la suite de ce drame migratoire, selon le communiqué. Par ailleurs, PAWA, dont le siège est à Accra (Ghana), a exhorté les pays à « utiliser des méthodes de contrôle moins violentes dans la gestion de la question des migrations illégales qui sont malheureusement devenues endémiques en raison des distorsions actuelles de l’économie mondiale et dans la société », conclut le communiqué. De nombreux pays et organisations internationales ont exigé l’ouverture d’une enquête internationale indépendante, afin de faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé à Melilla, et sanctionner les auteurs.

    Dans ce sens, l’ONU a réclamé, mardi 28 juin, une « enquête efficace et indépendante » et dénoncé « un usage excessif de la force » contre des migrants « des deux côtés de la frontière ». De son côté, le président de la commission de l’Union africaine (UA), le Tchadien Moussa Faki Mahamat, exprimant sa « profonde émotion face au traitement violent et dégradant de migrants africains cherchant à traverser une frontière internationale entre le Maroc et l’Espagne », a plaidé pour « une enquête immédiate ».

    Or, le bilan de ce drame pourrait être beaucoup plus élevé. Un ancien ministre marocain a évoqué plus de 100 morts.

    #Maroc #Melilla #Migrans_africains