Étiquette : MINUSMA

  • L’Allemagne étend les opérations de la Bundeswehr au Sahel

    L’Allemagne étend les opérations de la Bundeswehr au Sahel

    L’Allemagne étend les opérations de la Bundeswehr au Sahel – Mali, Barkhane, France, Takuba, MINUSMA,

    Ces dernières semaines, Berlin a joué un rôle de plus en plus agressif dans la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie. Presque quotidiennement, la coalition des feux tricolores annonce de nouvelles sanctions contre Moscou et la livraison de plus d’armes lourdes à Kiev. Maintenant, elle dirige également l’offensive de l’impérialisme allemand en Afrique. Mercredi, le cabinet a décidé d’étendre massivement les opérations militaires allemandes au Mali et dans toute la région du Sahel.

    La motion du gouvernement fédéral, qui sera votée au Bundestag la semaine prochaine, prévoit une augmentation de 300 soldats de la participation allemande à la mission onusienne MINUSMA. Surtout, le personnel supplémentaire est destiné à prendre le relais des troupes combattantes françaises, qui devraient quitter le Mali dans les prochains mois et être relocalisées dans les pays voisins.

    Le WSWS a décrit le retrait annoncé par le président français Emmanuel Macron le 17 février comme « une réponse à la formidable opposition populaire à l’impérialisme français, en particulier après le retrait humiliant de l’OTAN d’Afghanistan l’année dernière et les massacres répétés des troupes françaises et locales. avec le soutien tacite de la France ».

    L’Allemagne réagit maintenant à la fin des fameuses missions « anti-terroristes » dirigées par la France « Barkhane » et « Tabuka » au Mali en renforçant sa propre présence dans ce pays géostratégiquement important et riche en ressources.

    « La limite supérieure des effectifs passera de 1 100 à 1 400 soldats afin de rendre justice à la contribution allemande prévue pour compenser les compétences précédemment reprises de la France », indique la demande du gouvernement fédéral. Il s’agit de services médicaux, de forces de soutien pour la poursuite de l’exploitation de l’aérodrome de Gao, ainsi que « d’une compagnie de sécurité supplémentaire pour la protection des biens » et « d’appui aux opérations de nos forces de reconnaissance au sol ».

    Il devient de plus en plus clair que le gouvernement prépare une opération de combat massive au Mali – et de plus en plus dans tout le Sahel – dans le dos du peuple, pour laquelle de plus en plus de soldats sont mobilisés. « Pour les phases du transfert ainsi que dans le cadre des changements de quotas et dans les situations d’urgence », « la limite supérieure des effectifs peut être temporairement dépassée », précise le texte du mandat.

    La MINUSMA est « autorisée à prendre toutes les mesures nécessaires, y compris le recours à la force militaire, pour exécuter la commande… ». La « participation allemande » a été un succès au Mali, mais pour le transport aérien, le ravitaillement en vol et le « soutien logistique et autre », la base militaire de Niamey au Niger faisait également « partie de la zone d’opérations ».

    Les missions de police européenne seront également étendues à l’ensemble de la région. « Un autre pilier de l’engagement allemand » est le « soutien au développement ultérieur » des « missions civiles du GSDP EUCAP Sahel Mali et EUCAP Sahel Niger ». L’Allemagne y participerait avec un total de 30 soldats et « compléterait ainsi l’implication de la police dans la MINUSMA ».

    En outre, la mission de l’UE EUTM se concentrera sur le Niger et d’autres pays du Sahel. Selon la demande gouvernementale correspondante, jusqu’à 300 soldats de la Bundeswehr doivent contribuer à améliorer les « capacités opérationnelles des forces de sécurité du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie et du Niger et de la force opérationnelle conjointe des pays du G5 Sahel ». Il s’agit de « conseils et de formation militaires, y compris la formation préalable au déploiement » et « d’accompagnement ».

    Officiellement, la délocalisation d’EUTM est basée sur les massacres perpétrés par le gouvernement putschiste malien en alliance avec les forces russes. « Les informations sur les violations des droits de l’homme par les troupes maliennes et russes, que nous lisons dans les journaux ici et bien sûr entendues localement, sont terribles », a déploré la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock au Bundestag. Il s’agit désormais de « travailler avec les populations locales pour s’opposer à ces forces qui ne donnent rien aux droits de l’homme, rien à la démocratie et rien à un ordre fondé sur des règles ».

    Ce n’est rien d’autre qu’une propagande absurde. En réalité, Berlin est de connivence avec le putsch malien contre le « peuple local » qui s’oppose à l’occupation par les puissances impérialistes. Ils veulent « d’une part faire pression sur le gouvernement de transition malien, mais en même temps garder ouvertes les voies de dialogue et offrir un soutien dans un esprit de partenariat », indique le texte de mandat du gouvernement fédéral.

    Les massacres sur place sont commis par les forces mêmes que la Bundeswehr a formées pendant de nombreuses années. Les auteurs étaient « des troupes maliennes – il faut le dire ici – qui ont été entraînées par des officiers allemands bien intentionnés et qui assassinent maintenant avec les troupes russes », même la députée Katja Leikert, qui représente le groupe parlementaire CDU/CSU au Bundestag, a dû admettre que la commission des affaires étrangères du Bundestag siège.

    Et ce n’est pas toute la vérité non plus. En fait, les puissances impérialistes et leurs troupes sur le terrain n’ont pas de « bonnes intentions » mais sont les premiers responsables de la terreur et des massacres de civils.

    Le Mali en est un tragique exemple. Le pays a été plongé dans l’abîme par les bombardements de l’OTAN sur la Libye en 2011. Après un afflux d’armes et de milices au Mali à la suite de la destruction de la Libye, les combattants touaregs et les forces islamistes ont entamé un soulèvement dans le nord du pays contre le gouvernement central à Bamako au début de 2012.

    Alors que l’armée malienne officielle était sur le point de s’effondrer après de violents combats et un coup d’État militaire en mars 2012, l’ancienne puissance coloniale française est intervenue début 2013 pour sécuriser le nord du pays, particulièrement riche en ressources naturelles. La mission a été annoncée comme une « lutte contre le terrorisme ». En réalité, cela faisait partie d’une nouvelle ruée vers l’Afrique par les puissances impérialistes .

    L’ Allemagne a été impliquée dès le début et a soutenu l’intervention française – d’abord avec la logistique et le personnel. Fin avril 2013, la Bundeswehr a commencé à former les premiers soldats sur place. Depuis lors, les mandats ont été prolongés et élargis encore et encore – et avec eux la brutalité de la guerre.

    La colère populaire s’est intensifiée après les crimes impérialistes – comme la frappe aérienne française sur une fête de mariage à Bounty début 2021, qui a fait 22 morts – et les nombreux massacres qui ont eu lieu sous les yeux des forces d’occupation. En mai 2021, l’armée a organisé un autre coup d’État, bien après que les syndicats maliens ont annulé une grève générale prévue dans la capitale, Bamako.

    Un objectif de guerre déclaré des puissances impérialistes est l’oppression des masses appauvries de la région et les empêche de fuir vers l’Europe. Le gouvernement prévient dans son texte de mandat que le Sahel est caractérisé par « un degré élevé d’instabilité… combiné à une augmentation massive des fuites et des migrations, qui peuvent également affecter l’Europe ».

    En même temps, il s’agit de poursuivre des intérêts économiques et géopolitiques et de repousser l’influence d’autres puissances – avant tout la Russie. « Si la MINUSMA devait se retirer du Mali, le vide serait encore plus rempli par d’autres forces », a averti Baerbock au Bundestag. Cela vaut « pour les combattants islamistes », mais « aussi pour les forces russes ».

    Comme dans la guerre de l’OTAN contre la Russie, la présence de la Bundeswehr en Afrique fait partie du retour de l’impérialisme allemand sur la scène mondiale. On ne se concentre pas seulement « sur ce qui se passe à notre porte », mais « on continue à prendre au sérieux notre responsabilité dans le monde », a annoncé Baerbock au nom de toute la classe dirigeante. C’est aussi « le message que nous envoyons avec le soutien de ce mandat de la MINUSMA ». L’Allemagne est « le plus grand fournisseur occidental de troupes au Mali » et « ne se retire pas du monde ».

    Jean Stern

    WSWS, 14 mai 2022

    #Allemagne #Armée #Bundeswehr #Mali #Sahel #MINUSMA #Barkhane #Takuba

  • France, Macron, Barkhane : quand l’opinion publique s’impose

    France, Macron, Barkhane : quand l’opinion publique s’impose

    France, Macron, Barkhane : quand l’opinion publique s’impose – Serval, Takuba, Mali, Mauritanie, Tchad, Niger, Burkina Faso, Russie, Wagner, Sahel, G5 Sahel, MINUSMA,

    L’impossible mission de la France au Sahel. Le retrait de février dernier est le fruit d’un mécontentement entre les populations françaises et sahéliennes, devenu décisif en vue des élections présidentielles

    Par Naomi Moreno-Cosgrove/ Institut Royal Elcano

    Le 17 février 2022 , le président français Emmanuel Macron a annoncé le retrait des troupes françaises et européennes du Mali . Une telle déclaration, qui faisait suite à une rupture rapide des relations avec la junte au pouvoir au Mali – qui a pris le pouvoir après un coup d’État en mai 2021 – a mis un terme brutal aux neuf années d’engagement militaire de la France dans le pays.
    Le communiqué de l’Elysée est intervenu à un moment où les réactions sociales avaient alimenté le scepticisme entourant l’opération Barkhane . Dans le contexte des élections françaises alors imminentes, cette manœuvre semblait suggérer que l’engagement français au Sahel avait pris soin d’éviter d’être surnommé «l’Afghanistan français».

    Le Mali était le point focal de la contre-insurrection française au Sahel , une ceinture de 4 millions de kilomètres carrés qui s’étend sur la frontière savane-désert de l’Afrique. L’opération a vu le jour en 2013 avec l’ Opération Serval . Il a donné suite à la demande du Mali d’évincer les djihadistes qui avaient profité des griefs des minorités existantes, utilisant la rébellion touareg comme cheval de Troie pour conquérir les territoires du nord du Mali.
    Comme ce fut le cas au début de la guerre en Afghanistan, Serval s’est avéré être un succès tactique. En 2014 , l’ Opération Serval a été étendu à toute la région , y compris la Mauritanie , le Niger , le Burkina Faso et le Tchad , dans ce qui est devenu connu sous le nom d’ opération Barkhane . Ce dernier ne devait durer que quelques semaines mais ne s’est pas déroulé comme prévu. Plutôt que d’apaiser la situation, le déroulement de Barkhane s’est heurté à une augmentation des pertes , à une escalade de l’insurrection et à une baisse des soutiens sur le terrain et à l’intérieur .

    Ces dernières années , l’implication du contre-terrorisme français au Sahel a vu une escalade de l’opposition locale , avec des protestations incitées par les médias sociaux et une colère généralisée contre l’insécurité. D’une part, le désenchantement local s’est produit car, contrairement à ce qui était attendu, les Sahéliens ont longtemps été témoins de l’échec de la France à éviter les pertes de l’armée locale . De plus, bien que Barkhane ait été promu comme « agissant pour le bénéfice maximum des populations locales », l’armée française n’a pas réussi à empêcher l’augmentation des pertes civiles et le déplacement généralisé de la population .

    Les succès tactiques de Barkhane – impliquant la neutralisation de djihadistes de haut niveau tels qu’Adnan Abu Walid al-Sahraoui, chef de l’État islamique au Grand Sahara (ISGS), et Abdelmalek Droukel, chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique ( AQMI ) – ils ne se sont pas traduits par un succès pour la stratégie globale de la mission et ont été dépassés par l’incapacité de la France à réduire les événements violents dans la région. L’élargissement de leur champ d’action aux contentieux locaux a permis aux groupes djihadistes – notamment l’ISGS et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), la branche d’al-Qaïda dans la région – de se consolider son influence, se mobiliser et obtenir des ressources pour renforcer son action. En outre, la crise des déplacements et la crise humanitaire – avec 1,4 million de personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI) en 2019 – ont montré que la situation est loin de s’améliorer. Depuis 2015, plus de 23 500 civils ont été tués au Mali , au Niger et au Burkina Faso , dont la moitié au cours des trois dernières années.

    Ajouté aux perceptions mutuelles dissonantes qui ont caractérisé les relations franco-maliennes , en partie aggravées par le virage pro-russe du Mali, le sentiment populaire anti-français croissant a contribué à alimenter le soutien aux coups d’État d’août 2020 et de mai 2021 .

    e point de basculement est survenu en mars 2021 , lorsque les enquêteurs de l’ONU ont révélé qu’une frappe aérienne française avait frappé un mariage dans le centre du Mali au début de l’année et avait tué 19 civils.

    Dans la région au sens large, l’irritation à propos de Barkhane a culminé en novembre 2021lorsque des manifestants dans le nord du Burkina Faso et l’ouest du Niger ont bloqué un important convoi de fournitures militaires françaises. Dans la ville nigériane de Tera, des soldats français ont tiré sur des manifestants pour libérer le convoi, tuant trois personnes et faisant 18 blessés. De plus, à la suite du coup d’État militaire de janvier 2022 , à Ouagadougou, les images des milliers de Burkinabés descendant dans la rue , avec beaucoup dans la foule agitant des drapeaux russes et tenant des banderoles anti-françaises , ne sont plus une surprise.

    Cette désillusion s’est conjuguée à la perception partagée qu’un « embouteillage sécuritaire » a transformé le Sahel en une arène pour les acteurs internationaux de la sécurité aux mandats d’intervention contradictoires . Ainsi, au lieu de s’améliorer, la situation s’est aggravée.

    La myriade d’interventions – du G5 Sahel et de la MINUSMA aux missions de formation de l’UE et la dernière initiative, la Task Force Takuba – ont encore contribué à la rhétorique jihadiste anti-néocoloniale en exploitant les plaintes des populations. Bien que les acteurs de la sécurité continuent de ne pas parvenir à stabiliser la région, l’intervention internationale et, en particulier, française continue d’être vue à travers les yeux méfiants d’une population fatiguée.

    L’annonce de février est également intervenue au moment où Emmanuel Macron se préparait pour le premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril. Comme lors de la campagne de 2017 , lorsqu’elle a émis l’idée que les opérations extérieures françaises devaient être réduites en ampleur et se traduire par des efforts internationaux accrus, l’opinion publique française semble jouer un rôle dans la transformation de Barkhane .

    Les opérations militaires françaises à l’étranger continuent d’être perçues aux yeux du public comme un prétexte pour couvrir des intérêts indéfinis – comme la sécurité de l’uranium d’Areva au Niger – en collaborant avec des régimes autoritaires .

    De plus, dans un contexte où des questions plus urgentes semblent occuper l’arène géopolitique, la congruence entre les moyens et les capacités de Barkhane n’a pas réussi à répondre aux paramètres de la mission. L’opération a déployé jusqu’à 5 100 soldats, 780 véhicules militaires et environ 40 avions de combat, pour un coût d’environ 1,2 milliard de dollars par an. Ainsi, en janvier 2021 , pour la première fois depuis le début de la mission en 2013, un sondage Ifop montrait que la majorité – 51 % – de la population française n’était pas favorable à l’intervention française au Mali., avec environ 19 % se déclarant « fortement opposés ». Cela contraste avec les 73% en 2013 et 58% en 2019 qui soutenaient la présence militaire française au Mali.

    Moins d’un mois avant de se présenter aux élections, Macron a rejeté la responsabilité sur la junte malienne : « nous ne pouvons pas rester engagés militairement avec des autorités de facto dont nous ne partageons pas la stratégie et les objectifs cachés ». Dans l’ ensemble, l’électorat français et les contributions négatives des populations locales semblent avoir joué un rôle central dans le façonnement du déroulement de l’opération Barkhane et de l’avenir des missions antiterroristes françaises dans la région .

    Bien qu’ayant capté l’essentiel de l’attention, les coups d’État au Mali et la montée au pouvoir conséquente des russophiles prêts à négocier avec les djihadistes, responsables de la mort de 54 soldats français depuis 2013 et dont le but est la raison d’être de Barkhane, ce n’était pas la cause, mais il a souligné que la journée de la France au Mali est sur le point de se terminer. Alors que Wagner – une société paramilitaire publique-privée gérée au sein du cercle oligarchique de Vladimir Poutine – s’apprête à exploiter le vide laissé par les Français et la Task Force Takuba au Sahel, l’annonce de Macron en février indique une dynamique que les décisions gouvernementales en France concernant une région traditionnellement sous son emprise, ils ont été conditionnés par des schémas de mécontentement parmi les populations françaises et sahéliennes .

    L’Indro, 22/04/2022

    #Mali #Sahel #Tchad #BurkinaFaso #Barkhane #Niger #France #Takuba #Terrorisme #Russie #Wagner

  • Les casques bleus sont confrontés à des menaces plus graves

    Les casques bleus sont confrontés à des menaces plus graves

    ONU, casques bleus, missions de paix – Les casques bleus sont confrontés à des menaces plus graves

    NATIONS UNIES (AP) – Les plus de 87 000 membres du personnel des missions de maintien de la paix des Nations Unies sont aujourd’hui confrontés à de plus grandes menaces car les conflits sont devenus plus complexes et sont motivés par un nombre croissant de facteurs allant des tensions ethniques et de l’impact du crime organisé à l’exploitation illégale des ressources et le terrorisme, a déclaré vendredi le chef du maintien de la paix de l’ONU.

    Jean-Pierre Lacroix a déclaré dans une interview à l’Associated Press que même par rapport à il y a deux ou trois ans, « la plupart de nos missions de maintien de la paix ont un environnement politique et sécuritaire qui s’est détérioré ».

    En outre et « tout aussi important », a-t-il dit, les conflits sont « à plusieurs niveaux » et très souvent locaux et nationaux, mais aussi régionaux et mondiaux. Il a cité en exemple la région appauvrie du Sahel en Afrique, qui connaît une augmentation des activités terroristes.

    Ce qui est à l’origine de ce changement dans la façon dont les soldats de la paix de l’ONU doivent opérer sont un certain nombre de facteurs, à commencer par des divisions politiques accrues entre les 193 pays membres de l’ONU, a-t-il déclaré.

    Les facteurs de conflit sont en augmentation, a déclaré Lacroix, et il y a aussi ce qu’il a appelé « les amplificateurs de conflit », y compris les technologies numériques, l’impact des fausses nouvelles et de la désinformation sur les conflits, et « des groupes armés utilisant des moyens de plus en plus sophistiqués pour saper nos actions ».

    L’ONU a actuellement 12 opérations de maintien de la paix de grande envergure – six en Afrique, quatre au Moyen-Orient, une en Europe et une en Asie – avec plus de 66 000 militaires de 121 pays rejoints par plus de 7 000 policiers internationaux et 14 000 civils.

    Lacroix a déclaré que les soldats de la paix continuent de faire « une énorme différence » dans les pays où ils supervisent les cessez-le-feu comme Chypre et le sud du Liban en termes de prévention des conflits, et « ils font également une énorme différence en termes de protection des civils, même si nous aimerions pour pouvoir faire plus.

    Mais le sous-secrétaire général aux opérations de paix a déclaré que les moteurs du conflit « ont un impact considérable sur les conflits dans lesquels nous sommes impliqués ».

    « Ils constituent des menaces de plus en plus importantes pour les pays dans lesquels nos missions sont déployées, et franchement pour la région où nous opérons », a-t-il déclaré.

    « Sommes-nous suffisamment équipés en tant que système multilatéral pour faire face à ces menaces ? » Lacroix a demandé rhétoriquement. « Je ne suis pas sûr. Je pense qu’il y a probablement plus à faire dans ces domaines.

    Il a qualifié la prochaine réunion ministérielle sur le maintien de la paix de l’ONU à Séoul, en Corée du Sud, les 7 et 8 décembre, d’occasion importante d’améliorer les performances et l’impact des soldats de la paix et « l’efficacité de nos outils » et de mobiliser le soutien international pour ces efforts.

    Lacroix a déclaré qu’« un nombre important » de ministres et de hauts fonctionnaires de tous les États membres de l’ONU sont attendus à Séoul, soulignant qu’une participation de haut niveau est « d’une importance cruciale » en tant qu’expression du soutien au maintien de la paix de l’ONU, qui est financé par un budget distinct de l’ONU. s’élevant à 6,38 milliards de dollars pour l’année se terminant le 30 juin 2022, ainsi que des contributions volontaires.

    Il a déclaré que le département du maintien de la paix avait distribué aux pays membres de l’ONU une liste de ce dont ils avaient besoin pour améliorer la protection des soldats de la paix contre les embuscades, les engins explosifs improvisés et les attaques, et pour protéger leurs camps. La liste comprend également un soutien médical et des équipements améliorés pour rendre les soldats de la paix plus agiles, mobiles et réactifs, en particulier plus d’hélicoptères, a-t-il déclaré.

    Lacroix a déclaré qu’il y a deux autres domaines très importants : l’amélioration de la capacité des missions à collecter et à traiter les informations pour mieux prévenir les menaces au lieu d’avoir à y réagir, et l’augmentation du nombre de femmes dans les opérations de maintien de la paix « parce que nous savons pertinemment que plus les femmes dans le maintien de la paix signifie un maintien de la paix plus efficace.

    Il a déclaré qu’il serait « extrêmement important » que les gouvernements soutiennent la « stratégie du ministère pour la transformation numérique du maintien de la paix, car nous croyons fermement que si nous utilisons au mieux ces nouvelles technologies, cela peut changer la donne pour le maintien de la paix. « 

    Pour ce faire, a-t-il déclaré, l’ONU doit améliorer ce qu’il a appelé « l’alphabétisation numérique du maintien de la paix et de nos soldats de la paix », ce qui signifie plus de formation.

    Si le département du maintien de la paix et les soldats de la paix maîtrisent mieux la technologie numérique, les hommes et les femmes sur le terrain peuvent être mieux protégés, a déclaré Lacroix.

    « Nous pouvons probablement mieux communiquer et également contrer la désinformation », et l’ONU peut mieux collecter et traiter les informations « d’une manière qui peut permettre une action efficace », a-t-il déclaré.

    Mais Lacroix a déclaré que si le maintien de la paix doit réussir – « qui consiste à créer les conditions où les missions de maintien de la paix peuvent partir » – il est « extrêmement important » que les gouvernements soutiennent les efforts politiques pour atteindre cet objectif.

    Il a ajouté qu’il faut également reconnaître que de plus en plus d’opérations de maintien de la paix font partie d’efforts et de partenariats plus larges qui peuvent renforcer différentes capacités, y compris la sécurité, ou aider à fournir une aide humanitaire dans des endroits comme le Congo, le Soudan du Sud ou le Mali.

    « Nous devons nous assurer que nous jouons un rôle où vous pouvez faire la meilleure différence possible, et les autres partenaires doivent avoir la même approche, et nous devons être complémentaires les uns des autres », a déclaré Lacroix.

  • Conseil de Sécurité: Prévisions pour le mois de novembre 2021

    Conseil de Sécurité: Prévisions pour le mois de novembre 2021 – En novembre, le Mexique assurera la présidence du Conseil de sécurité.

    Le Mexique organisera trois événements de signature pendant sa présidence. Il organisera un débat ouvert de haut niveau sur le thème « Exclusion, inégalité et conflits » dans le cadre du point de l’ordre du jour « Maintien de la paix et de la sécurité internationales ». Le secrétaire général António Guterres et un représentant de la société civile devraient y faire un exposé. Le président mexicain Andrés Manuel López Obrador devrait présider la réunion. Une déclaration présidentielle est envisageable.

    Le Mexique organisera également un autre débat ouvert de haut niveau sur le thème « La paix et la sécurité par la diplomatie préventive : Un programme commun à tous les organes principaux de l’ONU » sous le point de l’ordre du jour « Maintien de la paix et de la sécurité internationales ». Des exposés sont attendus de la part d’Abdulla Shahid, président de l’Assemblée générale, de Collen Vixen Kelapile, président du Conseil économique et social (ECOSOC), de Joan E. Donoghue, président de la Cour internationale de justice (CIJ), et du secrétaire général António Guterres. Une déclaration présidentielle est envisageable.

    Le troisième événement de signature que le Mexique prévoit d’organiser est un débat ouvert sur les armes légères. Le directeur de l’Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), Robin Geiss, et un représentant de la société civile sont les intervenants prévus.

    Le briefing annuel des commissaires de police des Nations unies aura également lieu en novembre. Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, le commissaire de police de la Force intérimaire des Nations unies pour la sécurité d’Abyei (UNISFA), Violet Lusala, et le commissaire de police de la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies au Mali (MINUSMA), Patricia Boughani, sont attendus.

    Le débat semestriel sur la Bosnie-Herzégovine et la réautorisation de la force multinationale de stabilisation dirigée par l’UE (EUFOR ALTHEA) sont prévus ce mois-ci.

    Les questions africaines inscrites au programme de travail de novembre sont les suivantes :

    Libye, briefing et consultations sur la mission de soutien des Nations unies en Libye (UNSMIL) et le briefing semestriel du procureur de la CPI concernant les affaires en Libye ;
    Somalie, briefing et consultations sur les développements récents dans le pays et sur la Mission de l’UA en Somalie (AMISOM) et la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (UNSOM) ; et
    la force conjointe du groupe des cinq pour le Sahel (FC-G5S), briefing et consultations sur les activités de la force.
    En outre, le Conseil devrait renouveler les mandats de la :

    Force de sécurité intérimaire des Nations unies pour Abyei (UNISFA) ;
    Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) ; et
    751 régime de sanctions à l’égard de la Somalie et du groupe d’experts.
    Le Conseil tiendra ses réunions mensuelles sur la situation politique et humanitaire et sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie. Les autres questions relatives au Moyen-Orient inscrites au programme de travail ce mois-ci sont les suivantes :

    Le Yémen, la réunion mensuelle sur les développements ;
    « La situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne », la réunion mensuelle ;
    Irak, un briefing et des consultations sur la Mission d’assistance des Nations unies en Irak (MANUI) ; et
    Liban, consultations sur la mise en œuvre de la résolution 1701.
    Deux questions asiatiques seront discutées en novembre :

    l’Afghanistan, un briefing et des consultations sur la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA) ; et
    RPDC, consultations sur le rapport du comité 1718.
    Le briefing annuel du président de la Cour internationale de justice (CIJ), reporté d’octobre, devrait se tenir sous forme de réunion privée.

    L’atelier annuel finlandais « Hitting the Ground Running » devrait avoir lieu les 18 et 19 novembre.

    Security Council Report, 30/10/2021

  • CS-ONU: Au Mali, la sécurité se détériore et la crise s’approfondit

    CS-ONU: Au Mali, la sécurité se détériore et la crise s’approfondit, prévient le Représentant spécial du Secrétaire général

    « La réalité, c’est que la situation sécuritaire s’est détériorée et la crise s’approfondit » au Mali, a déclaré aujourd’hui devant le Conseil de sécurité le Représentant spécial du Secrétaire général dans ce pays, M. Al-Ghassim Wane, qui a invité le Conseil à réfléchir sur les modalités d’un travail commun et à mieux détailler les rôles et responsabilités respectifs des différents acteurs dans le pays, y compris en termes d’exigence et d’établissement des responsabilités.

    Le Conseil examinait la situation au Mali à la lumière du rapport trimestriel du Secrétaire général, mais aussi à la suite de la mission qu’il venait d’effectuer dans ce pays ainsi qu’au Niger, et qui venait de faire l’objet, quelques minutes plus tôt, d’une séance de compte-rendu.

    Daté du 1er octobre, le rapport du Secrétaire général prend notamment note de l’annonce de la décision du Gouvernement français tendant à restructurer la présence de la force de l’opération Barkhane au Sahel, avec en particulier la fermeture de trois avant-postes dans le nord du Mali, d’ici à janvier 2022; et du retrait partiel des troupes tchadiennes déployées dans le cadre de la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel dans la zone du Liptako Gourma. Le Secrétaire général ajoute que, « face à la nouvelle vague de violences provoquée par les éléments extrémistes qui s’abat depuis plusieurs mois sur la population civile au Burkina Faso, au Mali et au Niger, il est nécessaire de maintenir une présence internationale forte ». Il demande donc « à toutes les parties prenantes de continuer à coordonner étroitement ces processus de restructuration et de réduction des effectifs en vue d’éviter que se forme un vide sécuritaire dont les groupes armés et les terroristes risqueraient de tirer parti ».

    M. Wane, qui a accompagné le Conseil de sécurité lors de sa visite au Mali, a jugé très sérieux les défis que pose la situation sur le terrain. Il a présenté un contexte marqué par une insécurité croissante dans le nord, le centre et le sud du pays, ainsi que par une situation humanitaire inquiétante, avec 4,7 millions de personnes nécessitant une assistance humanitaire et environ 400 000 autres déplacées, dont la moitié dans la région centrale.

    Sur le plan politique, le Représentant spécial constate que l’incertitude perdure au moment même où le Mali est aux prises avec l’achèvement de la transition. M. Wane a relevé que le Gouvernement malien issu du coup d’état du 24 mai avait saisi l’occasion de la visite du Conseil pour exprimer « haut et clair » ses préoccupations et priorités, la principale menace étant, selon ses interlocuteurs, la détérioration de la situation sécuritaire pour le Malien moyen, et la nécessité d’assurer les services de base.

    M. Wane, qui est également le Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), a précisé que la Mission s’était adaptée à un climat très complexe pour protéger les civils. Il a toutefois fait observer que la Mission, dont le mandat a été reconduit pour un an, le 29 juin, avec un effectif maximal inchangé de 13 289 militaires et 1 920 policiers, devait faire avec les ressources dont elle dispose. C’est pourquoi le Secrétaire général a, de nouveau, demandé aux pays fournisseurs de contingents d’allouer à la Mission des hélicoptères de combat, tout en demandant, « par-dessus tout », aux autorités maliennes de continuer à coopérer avec la MINUSMA.

    La MINUSMA ne peut résoudre, à elle seule, les problèmes du Mali, en l’absence d’un environnement politique approprié, a estimé le Royaume-Uni lors du débat. C’est pourquoi le Royaume-Uni salue les efforts de médiation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et approuve son exigence de maintenir l’élection présidentielle prévue pour le 27 février 2022, et la publication, sans délai, d’un calendrier électoral. La solution au problème sécuritaire n’est pas le renforcement du mandat de la MINUSMA, mais le soutien aux forces nationales et régionales pour qu’elles puissent faire face au défi, a ajouté l’Inde.

    À cet égard, les membres du « A3+1 », par la voix du Niger, ont déclaré qu’on ne pouvait pas reprocher à la Force conjointe du G5 Sahel de ne pas avoir la capacité de relever ces défis sans lui en donner les moyens. Ils ont donc demandé au Conseil de sécurité de montrer plus de souplesse et d’appuyer leur proposition de création d’un bureau de conseil auprès du Bureau exécutif de la Force conjointe, ce qu’a aussi demandé le Mali. Dans une perspective plus large, le « A3+1 » a mis l’accent sur le rendez-vous que constitue la prochaine réunion ministérielle sur le maintien de la paix de l’ONU, prévue à Séoul les 7 et 8 décembre, pour réfléchir sur la manière de donner aux opérations de paix les moyens de s’acquitter de leur mandat.

    Le représentant du Mali, qui s’est fait l’écho de l’exaspération des citoyens maliens face à la détérioration « désastreuse » de la situation sécuritaire, a décrit une myriade d’activités entreprises par le Gouvernement avant d’assurer le Conseil de la détermination des autorités de transition de jeter les bases de « quelques réformes, pas toutes, notamment celles qui puissent garantir des élections inclusives, transparentes et crédibles ».

    Mais les efforts internationaux n’aboutiront que si les autorités maliennes s’engagent pleinement à instaurer la paix et la stabilité dans le pays, a mis en garde l’Estonie, pour qui « cela comprend l’adoption et la mise en œuvre d’une approche stratégique globale sur le rétablissement et le maintien d’une présence effective de l’État sur l’ensemble du territoire ».

    Enfin, la Fédération de Russie a appelé à tenir compte de la réalité sur le terrain et à mettre l’accent sur la stabilité intérieure du Mali, qui, sans cela, « irait vers l’impasse ». Dès lors, il serait irresponsable d’abandonner le pays à son sort et de réduire l’appui militaire, estime la Fédération de Russie. Il convient au contraire de prendre des mesures d’adaptation de la MINUSMA, s’agissant en particulier de ses effectifs, en prenant l’avis de Bamako, car ce sont les autorités nationales à qui revient le rôle décisionnel.

    LA SITUATION AU MALI – S/2021/844

    M. AL-GASSIM WANE, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, a exprimé sa gratitude pour la visite du Conseil alors que le pays se trouve à la croisée des chemins, saluant en outre l’hommage de la délégation du Conseil aux 243 Casques bleus tombés dans l’exercice de leur fonction depuis huit ans au Mali. Sur le terrain, la situation pose des défis très sérieux, avec un contexte marqué par une insécurité croissante dans le nord, le centre et le sud du pays, ainsi qu’une situation humanitaire inquiétante, avec 4,7 millions de personnes nécessitant une assistance humanitaire et environ 400 mille autres déplacées, dont la moitié dans la région centrale. Les attaques, qui prennent pour cibles à la fois les forces internationales et maliennes, y compris la Mission multidimensionnelle des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA), ne sont pas estompées. Hier encore, le camp d’Aguelhok a été soumis à une attaque indirecte au mortier et à la roquette. Six projectiles ont été tirés sur le camp par des assaillants non identifiés. M. Wane a signalé toutefois qu’il n’y a eu ni victimes ni dégâts. Du côté politique, l’incertitude perdure au moment même où le Mali est aux prises avec l’achèvement de la transition.

    Le Représentant spécial a ensuite indiqué que le Gouvernement malien a saisi l’occasion de la visite du Conseil de sécurité pour exprimer « clairement et à haute voix » ses préoccupations et priorités. Plusieurs de ses interlocuteurs ont en effet pointé la détérioration de la situation sécuritaire comme la principale menace pour le Malien moyen, et la nécessité de fournir des services de base. M. Wane a souligné que ces doléances lui ont été faites lors de ses interactions locales à Gao, Ménaka, Mopti, Douentza, Bandiagara, Aguelhok et Tessalit, et plus récemment, Tombouctou où il se trouvait lundi. Ses interlocuteurs locaux ont également insisté sur la nécessité de mener de profondes réformes politiques et de gouvernance aux fins de la tenue réussie d’élections crédibles et d’une stabilité durable.

    Soulignant que la présence de la MINUSMA demeure cruciale, le haut fonctionnaire a indiqué que celle-ci se sert de tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de son mandat, en coordination avec les autorités maliennes et les partenaires internationaux. La Mission s’est également adaptée à un climat très complexe pour protéger les civils, y compris dans le centre du pays. M. Wane a expliqué que ses opérations sont menées en fonction des ressources disponibles et qu’en conséquence, le Secrétaire général a recommandé une hausse de l’allocation budgétaire afin, notamment, d’obtenir des hélicoptères et autres véhicules utilitaires, et qu’il revient au Conseil de se prononcer sur la voie à suivre, en prenant en considération les préoccupations des autorités maliennes. Le Représentant spécial a également évoqué d’autres lacunes en matière d’équipements, avant de lancer un appel aux pays en mesure de le faire de mobiliser les ressources requises.

    Le Représentant spécial a cependant souligné que la solution ne saurait être entièrement militaire et que l’insécurité exige aussi une réponse politique. À cet égard, la stratégie de la MINUSMA est axée sur la lutte contre les groupes extrémistes et accordera la priorité à la réconciliation, comme ce fut le cas à Ogassagou ainsi qu’au retour des autorités étatiques, à la prestation de services de base au renforcement de la résilience et à la participation des femmes et des jeunes. S’agissant de l’Accord de paix de 2015, il a exprimé sa frustration devant la lenteur de la mise en œuvre des dispositions sur le programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), les réformes institutionnelles et le développement dans le Nord, bien qu’au cours des dernières semaines, une évolution encourageante ait été constatée. Il a plus particulièrement salué l’annonce par le Gouvernement de l’intégration prochaine de 13 000 combattants des mouvements signataires d’ici à la fin de l’année, ce qu’il a estimé être des jalons les plus importants en six ans.

    Le Représentant spécial a ensuite indiqué que la transition avait atteint une étape déterminante mais qu’à quatre mois de l’échéance électorale, les espoirs sont faibles, compte tenu du fait que les autorités nationales estiment qu’il faut d’abord garantir la sécurité, lancer des réformes fondamentales, notamment en rendant opérationnel l’organe chargé de la gestion électorale pour garantir des élections crédibles. Il a évoqué, entre autres, la Révision annuelle des listes électorales, lancée le 1er octobre, au sujet des termes de référence et de la nomination des membres qui seront chargés de la surveillance et de la formation des comités d’organisation. M. Wane a mis l’accent sur la nécessité d’axer les efforts sur un consensus minimum à cet égard, la MINUSMA appuyant aussi la gestion des organes électoraux. Il a également évoqué sa mission de bons offices, en collaboration avec la CEDEAO et l’Union africaine, en vue d’un « dialogue franc » entre les parties prenantes nationales, afin d’aboutir à un consensus politique sur la voie à suivre, tout en assurant une synergie accrue entre le Mali et ses partenaires vers l’objectif commun du retour à l’ordre constitutionnel et la promesse d’une stabilité à long terme.

    En conclusion, le Représentant spécial a déploré que « la réalité, c’est que la situation sécuritaire s’est détériorée et la crise s’approfondit ». Mais tout n’est pas perdu, a-t-il assuré, en invitant à une réflexion pour réexaminer la façon dont on travaille ensemble, mieux détailler les rôles et responsabilités respectifs, y compris en termes d’exigence et d’établissement

    M. MOUSSA MAMAN SANI (Niger), qui s’exprimait au nom des « A3+1 » (Niger, Kenya, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), a déclaré que la récente visite des membres du Conseil de sécurité au Mali avait été l’occasion de découvrir l’environnement dans lequel les Casques bleus opèrent avec les contraintes qui leur sont imposées par les États Membres de l’ONU. Il a insisté sur le rendez-vous de la prochaine réunion ministérielle sur le maintien de la paix de l’ONU, qui se tiendra à Séoul pour réfléchir sur la manière de donner les moyens nécessaires aux missions pour s’acquitter de leurs mandats. Il a salué les mesures prises par les autorités de transition pour faire face à la détérioration de la situation dans le pays et les a encouragées à poursuivre sur cette voie. Toutefois, la stabilisation tant attendue au Mali passe par des élections libres, crédibles, transparentes dans les délais impartis, a fait valoir le représentant, en appelant les dirigeants maliens à s’engager à respecter la feuille de route de la CEDEAO notamment.

    Le Mali, comme le Sahel, est en prise avec des défis sécuritaires, aux changements climatiques et à la pandémie de COVID-19, a également fait observer le représentant, qui a estimé que l’on ne pouvait pas reprocher à la Force conjointe G5 Sahel de ne pas avoir la capacité de relever ces défis sans lui en donner les moyens. Dès lors, les A3+1 appellent le Conseil de sécurité à faire montre de plus de flexibilité et appuient la proposition de création d’un bureau de conseil auprès du Bureau exécutif de la Force conjointe G5-Sahel.

    Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a appuyé le rôle de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Mali, avant de juger préoccupante l’expulsion par les autorités maliennes de M. Hamidou Boly, représentant de cette organisation. Jugeant impératif l’achèvement de la transition politique au Mali, ainsi qu’un retour à l’ordre constitutionnel, Mme Byrne Nason a jugé décevant que les mesures préparatoires aux élections n’aient pas été prises, avant d’appeler à travailler étroitement avec l’Union africaine et la CEDEAO pour favoriser le retour à l’ordre constitutionnel. « L’engagement renouvelé à l’Accord de Paix est essentiel », a-t-elle insisté, avant d’exhorter tous les acteurs à respecter leurs responsabilités et leurs obligations.

    Par ailleurs, la représentante a dit espérer la désignation de 15 femmes aux mécanismes de suivi de l’Accord, en rappelant que la participation des femmes crée, renforce, et rend durable la paix. Elle a estimé que l’Observatoire Indépendant des Femmes serait un outil important pour s’assurer qu’elles soient complètement engagées dans les processus politiques et de paix. Face à la détérioration de la situation humanitaire, elle a exhorté les autorités maliennes à développer leur coopération avec la MINUSMA pour permettre à la mission de mettre en œuvre pleinement ses missions d’assistance à la population.

    En outre, Mme Byrne Nason a exhorté les autorités maliennes à mettre fin à l’impunité, y voyant une condition de la rupture du cycle des conflits et du renforcement du contrat social entre le peuple malien et l’État. Nous nous félicitons du travail accompli par la MINUSMA pour établir un mécanisme de suivi de la mise en œuvre des principales recommandations de la commission d’enquête, a ajouté la représentante, qui a renouvelé le soutien de l’Irlande au régime de sanctions créé par la résolution 2374 (2017), tout en regrettant les retards dans la nomination d’experts, qui freinent un processus essentiel. Enfin, elle s’est inquiétée que le processus de transition politique, dont beaucoup dépend, soit en péril, avant d’avertir que tout retard dans cette transition ne ferait qu’alimenter l’instabilité politique et sociale, permettrait aux groupes extrémistes d’étendre leur contrôle et exacerberait les souffrances du peuple malien.

    M. RICHARD MILLS (États-Unis) a jugé « impératif » que la protection des civils reste une « priorité absolue » de la MINUSMA et du Gouvernement de transition. Ce dernier doit continuer de prendre des mesures crédibles pour lutter contre l’impunité et s’assurer que ses citoyens disposent d’un canal politique pour exprimer leurs préoccupations. Il a demandé au Gouvernement de transition malien de respecter strictement le calendrier de transition vers un gouvernement démocratiquement élu et la tenue de l’élection présidentielle le 27 février 2022. Par ailleurs, bien que nous convenions que les problèmes de gouvernance et de corruption sont au cœur de l’insécurité au Mali, les réformes initiées par le Gouvernement de transition devraient, soit être achevées dans les délais convenus, soit confiées à un gouvernement élu pour qu’elles se poursuivent, a-t-il ajouté.

    M. Mills a également affirmé soutenir les paramètres définis par la CEDEAO et reflétés dans la Charte de transition du Mali qui interdisent au Président de transition et au Premier Ministre d’être candidats à la prochaine élection présidentielle. Il est en outre essentiel que les élections soient libres, équitables et administrées de manière transparente. À ce titre, les États-Unis exhortent le Gouvernement de transition à garantir la participation pleine, égale et significative des femmes en tant qu’électrices ou candidates. La délégation américaine a également souligné l’importance des groupes d’observateurs électoraux nationaux en tant qu’outil essentiel pour faciliter des élections libres et équitables.

    Les États-Unis ont en outre estimé que le Gouvernement de transition doit créer les conditions de stabilité et répondre aux doléances sociales. Cela nécessite la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix. Pour cette raison, la délégation se félicite de la nomination par l’Algérie de M. Boudjemaa Delmi à la présidence du Comité de suivi dudit accord. Si elle a salué les efforts déployés pour soutenir le G5 Sahel, elle a toutefois exprimé ses doutes quant au fait que l’ONU puisse être un « véhicule » approprié ou efficace pour un soutien logistique à la Force conjointe du G5 Sahel. Elle reste cependant « impatiente » d’identifier d’autres options bilatérales et multilatérales non onusiennes.

    M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a demandé que les préparatifs d’élections crédibles, inclusives et transparentes se poursuivent, en rappelant que la période de transition ne doit servir qu’à un retour vers un régime civil et un ordre constitutionnel conformément à la feuille de route convenue. Il a regretté que la représentation des femmes dans le Gouvernement de transition reste à 21,4%, ce qui est inférieur aux 30% requis par la loi. S’inquiétant de la lenteur des progrès du processus de paix au Mali issu de l’Accord de paix d’Alger, le représentant de l’Estonie a exhorté toutes les parties maliennes à recentrer leur attention et à poursuivre leurs efforts pour prendre des mesures concrètes dans le processus de mise en œuvre.

    Après avoir salué l’appui de la MINUSMA aux processus DDR et SSR au Mali, le représentant a prévenu que les efforts internationaux ne pourront aboutir que si les autorités maliennes s’engagent pleinement à instaurer la paix et la stabilité dans le pays. « Cela comprend l’adoption et la mise en œuvre d’une approche stratégique globale sur le rétablissement et le maintien d’une présence effective de l’État sur l’ensemble du territoire », a-t-il insisté, avant de rappeler que tous ceux qui entravent le processus de paix au Mali doivent être tenus pour responsables. Le représentant a espéré que le Groupe d’experts sur le Mali sera bientôt pleinement opérationnel pour poursuivre son précieux travail d’assistance au Conseil de sécurité dans la mise en œuvre des mesures de sanctions adoptées à la demande du Gouvernement malien. En outre, il a aussi souligné que la lutte contre les abus de droits de l’homme passait par la lutte contre l’impunité et le rétablissement de l’autorité de l’État sur tout le territoire.

    Le représentant de l’Estonie a salué l’engagement de l’Union africaine et de la CEDEAO à soutenir la transition politique au Mali. Il a assuré que l’Estonie continuera de soutenir les efforts de paix au Mali et dans l’ensemble de la région du Sahel, notamment par le biais de missions de formation multilatérales et d’efforts antiterroristes, ainsi que par le biais d’initiatives de consolidation de la paix et de prévention des conflits.

    M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a dit partager les mêmes inquiétudes quant au manque de progrès accomplis par les autorités de transition maliennes dans la préparation des élections. Le Royaume-Uni soutient les efforts de médiation de la CEDEAO et approuve son appel visant à la publication, sans délai, d’un calendrier électoral. Si sa délégation reconnaît la nécessité de réformes axées sur les questions de gouvernance, de sécurité et de justice, elle estime aussi que les autorités devraient se concentrer sur celles qui sont nécessaires pour une transition politique. Les réformes plus larges sont l’affaire d’un gouvernement démocratiquement élu, a déclaré le représentant.

    Le représentant a également déclaré que son pays reste déterminé à faire tout son possible pour aider à relever ces défis que rencontre le Mali. Dans le cadre de la MINUSMA, les troupes britanniques démontrent comment une coordination militaire civile renforcée et un maintien de la paix plus proactif peuvent offrir une meilleure protection aux communautés dans les zones difficiles d’accès. Cependant, la MINUSMA ne peut résoudre à elle seule les problèmes du Mali, en l’absence d’un environnement politique approprié.

    Pour cette raison, la délégation est d’avis qu’il faut continuer de suivre de près l’évolution de la situation au Mali, dans l’espoir que les autorités de transition continueront à s’engager étroitement avec la CEDEAO et assureront un retour rapide à l’état constitutionnel. Si les autorités ne le font pas, il doit y avoir des conséquences, a prévenu le représentant, ajoutant que dans le contexte actuel, le Comité des sanctions du Mali et le Groupe d’experts doivent continuer d’opérer sans entrave, rendre compte des développements sur le terrain et éclairer le Conseil de sécurité dans la prise de décisions.

    M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a dit que les événements des derniers mois au Mali indiquent que la transition pourrait aller au-delà de février 2022. Mais les autorités de transition doivent s’organiser conformément à l’engagement convenu avec la CEDEAO, a exhorté le représentant, pour qui la mise en œuvre de l’Accord de paix est cruciale. Le délégué a réitéré que la situation sécuritaire s’était dégradée dans ces régions du pays où les groupes armés ont multiplié les attaques, et tirent parti du vide administratif et sécuritaire. Pour lui, la solution à ce problème n’est pas le renforcement du mandat de la MINUSMA, mais le soutien aux forces nationales et régionales pour qu’elles puissent faire face au défi. M. Raguttahalli a toutefois appelé à continuer d’appuyer la Mission pour stabiliser la sécurité au Mali, la hausse des attaques contre les Casques bleus informant de la nécessité de renforcer les camps de la Mission. La population malienne a besoin de solutions aux défis du pays, a indiqué le représentant, avant de prier le Conseil de sécurité d’appuyer les solutions régionales et politiques au Mali.

    Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a déclaré que tout dépend de la stabilité intérieure de la situation politique au Mali, faute de quoi, le pays « irait vers l’impasse ». Elle a salué la visite du Conseil au Niger et au Mali, et mis l’accent sur la nécessité de continuer de favoriser un large dialogue avec un large spectre de participation, notamment pour la mise en œuvre de l’Accord et les réformes qui s’imposent. Il faut faire cela en tenant compte de la réalité sur le terrain et des conditions locales qui exigent des mesures sélectives. Sans rétablissement du contrôle de l’État sur l’ensemble du pays, a-t-elle affirmé, les résultats des élections ne pourront être considérés fiables.

    La situation sécuritaire reste très compliquée, les extrémistes continuant leurs attaques contre les civils et les forces de la MINUSMA. Il serait irresponsable d’abandonner le pays à son sort et de réduire l’appui militaire, car il en va de la stabilité de la région, a insisté la représentante. Il est impératif que la coopération étroite entre les autorités maliennes et la MINUSMA se poursuive. Elle a recommandé de prendre des mesures d’adaptation de la Mission, s’agissant en particulier de ses effectifs, en prenant l’avis de Bamako, car ce sont les autorités nationales à qui revient le rôle décisionnel. Enfin, Mme Evstigneeva a mis l’accent sur le principe de non-ingérence dans les affaires maliennes. Mais le pays étant clef dans la région, elle a estimé que l’idée de la Commission africaine d’un déploiement de forces africaines mérite d’être approfondie.

    M. ZHANG JUN (Chine) a estimé que la visite des membres du Conseil de sécurité au Mali et au Niger leur avait permis de comprendre la situation sur le terrain ainsi que les difficultés rencontrées. Concrètement, cette visite devrait permettre de fournir une aide plus ciblée, a estimé le représentant. La priorité au Mali est de préserver la stabilité politique, et la Chine soutient les autorités de transition maliennes qui cherchent à renforcer l’unité par le dialogue et à améliorer l’inclusivité. Elle soutient, en outre, les efforts de médiation de la CEDEAO et de l’Union africaine, a assuré le représentant, tout en appelant à tenir compte de la réalité dans le pays.

    Préoccupée par la détérioration des conditions sécuritaires au Mali, la Chine appelle à l’application stricte de l’Accord de paix. Les efforts doivent débuter par les aspects politiques, économiques et judiciaires, a estimé le représentant, pour qui cela permettrait de s’attaquer aux causes profondes du conflit, alors que la communauté internationale devrait continuer de soutenir le Mali dans sa lutte contre le terrorisme. Pour la Chine, il faut éviter un vide sécuritaire qui pourrait avoir des conséquences néfastes. Le représentant a salué les efforts du Chef de la MINUSMA et a appelé à prendre des mesures ciblées pour améliorer la compréhension de la situation sur le terrain, en particulier la protection des camps. Pour sa part, la Chine est disposée à travailler avec le Secrétariat sur cette question de la sécurité des Casques bleus.

    Pour Mme MONA JUUL (Norvège), la visite du Conseil au Mali a mis en exergue le besoin de réformes politiques et institutionnelles, au-delà desquelles il sera nécessaire de maintenir le processus de transition sur la bonne voie pour garantir la paix. Après deux coups d’état, les autorités de transition ont désormais une énorme responsabilité envers le peuple malien, a-t-elle souligné. Leurs décisions politiques auront également des conséquences sur la situation sécuritaire de l’ensemble de la région. Pour ce qui est de la transition démocratique, la Norvège a estimé que le seul moyen d’assurer la légitimité des réformes politiques clefs est de céder le pouvoir à un gouvernement dirigé par des civils. Elle a conseillé vivement aux autorités de transition du Mali de ne jamais perdre de vue ce fait. Cela signifie proposer un plan crédible pour savoir comment et quand les élections auront lieu. La CEDEAO, l’UA, ce Conseil –et la propre Charte de transition du Mali– ont tous été clairs sur cette question, leur a-t-elle rappelé. En outre, l’Accord d’Alger, signé par toutes les parties, doit être respecté et mis en œuvre dans l’ensemble du pays. La Norvège a également insisté sur l’inclusivité, notamment des femmes.

    La délégation s’est dite alarmée par l’augmentation des attaques contre les civils et par les violations et abus des droits de l’homme. Le nombre de déplacés internes au Mali a également quadruplé en deux ans. Grâce notamment au leadership du Niger, le Conseil de sécurité a adopté ce matin une résolution sur la protection de l’éducation en période de conflit, ce qui a amené la Norvège à rappeler que, rien qu’au Mali, près d’un demi-million d’enfants sont touchés par près de 1 600 écoles qui restent fermées. Or, sans écoles, les enfants sont plus vulnérables aux abus, au recrutement et à l’utilisation par des groupes armés. La Norvège s’est enfin félicitée que toutes les parties signataires aient désormais rejoint le « Plan d’action contre le recrutement et l’utilisation d’enfants dans les conflits armés », et de la signature par le Mali de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles – une déclaration qui a fait l’objet d’une conférence internationale à Abuja cette semaine.

    Notant que « la répétition a valeur de pédagogie », M. ISSA KONFOUROU (Mali) a réitéré les observations du Gouvernement malien, en s’inquiétant d’abord de la dégradation quotidienne de la situation sécuritaire au Mali malgré les efforts sur le plan national et en dépit d’une forte présence militaire internationale depuis 2013. Il a cité que l’exaspération des citoyens maliens face à la dégradation de la situation sécuritaire s’adresse aussi aux partenaires du Mali, y compris la MINUSMA, l’opération Barkhane et autres. « Il ne s’agit pas de sentiments antiforces internationales », a insisté le représentant, avant de préciser que les Maliens sont très reconnaissants des sacrifices humains, matériels et financiers importants consentis par la communauté internationale pour la paix dans leur pays. « Cependant, ils exigent que nous travaillions davantage ensemble pour permettre à l’État de rétablir son autorité sur l’ensemble du territoire national, condition essentielle pour qu’ils vivent en sécurité et en dignité dans les villes et les campagnes », a précisé M. Konfourou.

    Illustrant les conséquences désastreuses de la dégradation de la situation sécuritaire au Mali, M. Konfourou a cité des centaines de milliers de Maliens obligés de fuir; la destruction ou l’occupation des infrastructures scolaires, qui a conduit à la fermeture de 1 300 écoles dans le nord et le centre du Mali et à la déscolarisation de plusieurs milliers d’enfants; le chômage de plus de 9 000 enseignants; des services sociaux de base qui ne fonctionnent plus là où l’administration publique a dû se replier pour des raisons sécuritaires. Soulignant les conséquences humanitaires de cette situation, le représentant a noté que les populations sont empêchées de mener leurs activités agricoles, d’élevage, de pêche et de commerce par divers groupes criminels. Il a rappelé que les dirigeants de la CEDEAO ont, dès octobre 2018, recommandé, à l’issue de leur mission d’information relative à la crise postélectorale de mener les réformes politiques et institutionnelles qui puissent garantir une stabilité institutionnelle durable du pays. Il a dit la détermination des autorités de transition à jeter les bases de « quelques réformes, pas toutes, notamment celles qui puissent garantir des élections inclusives, transparentes et crédibles ».

    À cet égard, il a précisé qu’un calendrier électoral sera présenté à la CEDEAO à l’issue des assises nationales de la refondation, qui se tiendront de novembre à décembre 2021. Illustrant la détermination du Gouvernement, le représentant a cité la mise en place, dès novembre, d’un organe unique de gestion des élections; la révision des listes électorales entre le 1er octobre et le 31 décembre 2021; les opérations d’inscription électorale; et l’adoption de la loi électorale par le Conseil national de Transition en novembre.

    Pour ce qui est de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, M. Konfourou a précisé que la quarante-cinquième session du Comité de suivi de l’Accord (CSA), organisée à Bamako le 5 octobre dernier, a offert aux parties l’occasion de renouveler leurs engagements en faveur du parachèvement du DDR accéléré. Il a précisé que sur 3 000 ex-combattants à réintégrer au titre des mouvements signataires, 1 840 l’ont déjà été à l’armée nationale reconstituée et que les 1 160 restants le seront dès réception de la liste correspondante de la Coordination des mouvements de l’Azawad. Il a ajouté que le Gouvernement reste disposé à intégrer prochainement d’autres anciens combattants des mouvements signataires au sein des Forces armées et de sécurité, de la fonction publique de l’État et d’autres corps paramilitaires du pays, « dès lors que les quotas seront compatibles avec les capacités du budget national ».

    Notant que le Mali est devenu un pays surmilitarisé et paradoxalement très vulnérable face au terrorisme et aux autres formes de crime organisé, il a jugé pertinent de mener des consultations approfondies pour mieux apprécier la pertinence de la hausse des effectifs militaires de la MINUSMA, sa valeur ajoutée, son efficacité, son articulation avec les forces maliennes sur le terrain. « Nous voulons plus d’actions ou d’opérations communes sur le terrain », a insisté le représentant avant de juger nécessaire d’adapter le mandat de la MINUSMA aux besoins sécuritaires réels du Mali. À cet égard, il a notamment demandé le déploiement de brigades d’intervention rapide, capables de mener des opérations de protection des populations contre les menaces extrémistes.

    Par ailleurs, le représentant a assuré de la détermination du Gouvernement, malgré les nombreux défis, à ne ménager aucun effort pour lutter contre l’impunité et pour la protection des droits humains, tout en reconnaissant que les conditions sécuritaires sur le terrain, l’absence des services publics compétents dans certaines localités et le déficit d’expertise dans certains domaines ne favorisent pas l’aboutissement rapide des procédures ouvertes. C’est pourquoi le représentant malien a plaidé pour un renforcement de la coopération internationale en faveur du Mali en vue de l’aider à relever les défis sur ce plan, en termes de formation, d’équipements, d’expertise et de financements adéquats.

    Après avoir remercié les pays voisins qui accueillent des centaines de milliers de Maliens déplacés, il a prévenu d’une possible détérioration de la situation humanitaire en raison d’une mauvaise saison de pluie et de l’insécurité grandissante dans les régions du centre du pays, zones de production par excellence. Il a précisé que le Gouvernement travaille, avec l’appui des partenaires bilatéraux et multilatéraux, à créer les conditions idoines d’un retour dans la sécurité et la dignité des populations, y compris en vue de leur participation aux prochaines élections générales au Mali. Enfin, il a précisé que le G5 Sahel, avec ses deux piliers sécurité et développement, constitue une réponse globale, adéquate et durable aux multiples défis de l’espace commun régional. C’est pourquoi, pour la pleine opérationnalisation de la Force conjointe, le représentant du Mali a réitéré son appel au Conseil de sécurité en faveur d’un mandat robuste, c’est à dire placé sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, et d’un financement prévisible et pérenne de la Force conjointe, y compris à travers les Nations Unies. Enfin, il a appuyé la proposition de création d’un Bureau d’appui des Nations Unies à la Force conjointe du G5 Sahel.

    UN Press, 29/10/2021

  • La semaine prochaine au Conseil de Sécurité

    La semaine prochaine au Conseil de Sécurité. Au programme la MINURSO, L’UNISFA, l’ONU et l’Union Africaine, la MINUSMA.

    La semaine du 25 au 29 octobre 2021 la plupart des réunions du Conseil de sécurité et des organes subsidiaires devraient se dérouler en personne.

    Les membres du Conseil ont commencé une mission de visite au Sahel samedi (23 octobre). La mission s’achèvera lundi (25 octobre).

    Mercredi 27 octobre, les membres du Conseil doivent voter sur deux projets de résolution : l’un renouvelant le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) et l’autre renouvelant le mandat de la Mission de vérification des Nations unies en Colombie.

    Mercredi également, le Conseil recevra un exposé sur le rapport du Secrétaire général concernant la Force intérimaire des Nations unies pour la sécurité d’Abyei (UNISFA). Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, et l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique, Parfait Onanga-Anyanga, devraient faire un exposé. Des consultations à huis clos sont prévues à la suite du briefing ouvert.

    Le Conseil tiendra mercredi ses réunions mensuelles sur les volets politique et humanitaire en Syrie. L’envoyé spécial Geir O. Pedersen fera un exposé sur les développements politiques, tandis que le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires Martin Griffiths devrait faire un exposé sur la situation humanitaire. Un représentant de la société civile pourrait également faire un exposé.

    Jeudi (28 octobre), le Kenya organisera un débat ouvert de haut niveau par vidéoconférence (VTC) sur la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, en mettant l’accent sur le partenariat avec l’Union africaine (UA). Le président kenyan Uhuru Kenyatta devrait présider la réunion. Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, et le haut représentant de l’UA pour le Fonds pour la paix, Donald Kaberuka, pourraient faire un exposé. Une déclaration présidentielle est attendue à l’issue de la réunion.

    Vendredi (29 octobre), il y aura un briefing ouvert, suivi de consultations privées, sur le Mali. Le Représentant spécial et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), El-Ghassim Wane, devrait faire un exposé. Un représentant de la société civile pourrait également faire un exposé.

    Cette semaine, les membres du Conseil pourraient voter sur un projet de résolution sur la protection de l’éducation dans les conflits, qui a été initié par le Niger et la Norvège.

    Au niveau des organes subsidiaires, le Comité d’état-major tiendra une réunion formelle vendredi (29 octobre).

    Jeudi (28 octobre), il y aura une réunion fermée du VTC Arria-formula sur le thème « Aborder et contrer les discours de haine et prévenir l’incitation à la discrimination, à l’hostilité et à la violence sur les médias sociaux », dont le Kenya est le fer de lance.

    Security Counci Report

  • Mission de visite du Conseil de sécurité au Mali et au Niger

    Mission de visite du Conseil de sécurité au Mali et au Niger. La France et le Niger co-dirigent la mission, qui se déroulera du 23 au 25 octobre.

    Hier soir (22 octobre), les membres du Conseil de sécurité sont partis pour une mission de visite au Mali et au Niger. La France et le Niger co-dirigent la mission, qui se déroulera d’aujourd’hui (23 octobre) à lundi (25 octobre). Il s’agira de la première mission de visite du Conseil depuis le déclenchement de la pandémie de COVID-19 l’année dernière.

    La mission de visite a plusieurs objectifs principaux. Au Mali, les membres du Conseil visent à évaluer les progrès de la transition politique au Mali, y compris les préparatifs des élections législatives et présidentielles de l’année prochaine ; examiner la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation du Mali de 2015 ; et évaluer la crise sécuritaire dans le centre du Mali. L’un des principaux objectifs de l’étape nigérienne du voyage sera le Groupe des Cinq pour la Force conjointe du Sahel (FC-G5S), en particulier à la lumière de la lettre du 5 octobre du Secrétaire général au Conseil sur les options pour accroître le soutien au FC- G5S.

    Visite au Mali

    Au cours de la visite au Mali, les membres du Conseil devraient rester à Bamako, où ils devraient rencontrer des représentants du gouvernement de transition, des parties signataires de l’accord de paix de 2015, de l’équipe internationale de médiation de l’accord et de la Communauté économique. des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ils rencontreront également des organisations de la société civile, y compris des organisations de femmes et de jeunes, et des représentants de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et d’autres entités des Nations Unies au Mali.

    Un objectif majeur de la visite au Mali sera la transition politique, qui a été établie pour une période de 18 mois après le coup d’État d’août 2020 qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta. Le premier tour des élections législatives et présidentielles pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel est prévu le 27 février 2022. Mais depuis le deuxième coup d’État du 24 mai qui a renversé les hauts dirigeants civils de la transition et fait du colonel Assimi Goïta le président de la transition, le Mali semble de moins en moins tenir ces élections à temps. Le dernier rapport du Secrétaire général sur le Mali, daté du 1er octobre, exprime une « grande préoccupation » concernant les retards dans « la préparation de la tenue des élections générales et de l’achèvement de la transition politique ».

    La CEDEAO, qui a négocié la transition avec les autorités militaires en septembre 2020 et début octobre 2020, a réitéréses exigences lors d’un sommet spécial le mois dernier que les élections se tiennent « dans le délai non négociable de février 2022 », et a décidé qu’il imposerait des sanctions à ceux qui ont un impact négatif sur l’achèvement de la transition. Les membres du Conseil ont soutenu les efforts de la CEDEAO depuis l’année dernière pour rétablir l’ordre constitutionnel, et ils sont susceptibles de réitérer leur attente lors de la mission de visite que les élections se déroulent comme prévu. Dans le même temps, la mission est l’occasion pour les membres du Conseil de se concerter avec leurs interlocuteurs, dont la CEDEAO, pour mieux comprendre la faisabilité de ces élections organisées d’ici février et comment le Conseil peut accompagner et renforcer la transition afin qu’elle puisse être complété.

    Le Conseil entend également évaluer la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali de 2015 et en savoir plus sur les mesures envisagées par les parties pour mettre en œuvre l’accord. La situation sécuritaire, en particulier la crise dans le centre du Mali, est un autre point important. Comme indiqué dans le rapport du Secrétaire général, les groupes extrémistes renforcent leur contrôle territorial, notamment en instituant des blocus de villages dans la région centrale, et l’insécurité continue de s’étendre dans les régions du sud. Les membres du Conseil rechercheront probablement plus d’informations sur les mesures prises par les autorités pour mettre en œuvre une stratégie globale menée par des dirigeants politiques pour protéger les civils, réduire la violence intercommunautaire et rétablir la présence, l’autorité et les services de base de l’État dans le centre du Mali.

    Le mandat de la note de mission de visite que le Conseil discutera du Secrétaire générale 16 Juillet rapport sur les progrès de la Force Plan d’ adaptation de MINUSMA et des recommandations sur les niveaux de force de la mission et la troupe et au plafond d’ un rapport de police que le Conseil a demandé, parce que de l’insécurité croissante dans le centre du Mali, à travers la résolution 2584 du 29 juin qui a renouvelé le mandat de la MINUSMA. Le rapport du Secrétaire général du 15 juillet propose d’augmenter le plafond des forces autorisées de la MINUSMA de 2 069 personnes en uniforme.

    Le Conseil a entamé le mois dernier des négociations sur un projet de résolution visant à relever le plafond des forces sur la base de la recommandation. Cependant, ces discussions ont été suspendues car le Mali a soulevé des objections – apparemment de ne pas avoir été consulté sur la proposition – et a affirmé que les troupes supplémentaires ne feraient aucune différence à moins qu’elles ne reçoivent également un mandat plus robuste. Pour sa part, le Secrétaire général a indiqué dans son rapport de juillet que l’augmentation des effectifs ne fera pas une différence durable tant que les autorités maliennes ne développeront pas une stratégie politique pour renforcer la présence de l’Etat et protéger les civils. La réunion des membres du Conseil avec les autorités de transition au Mali peut être l’occasion d’approfondir la question.

    Les termes de référence indiquent que le Conseil a l’intention d’évaluer « les défis en matière de droits de l’homme et les mécanismes en place pour les surveiller et les résoudre ». Les membres du Conseil visent également à examiner la réponse plus large de l’ONU pour s’attaquer aux facteurs de conflit et aux défis de gouvernance plus larges.

    Il s’agira de la cinquième mission de visite du Conseil au Mali depuis la création de la MINUSMA en 2013. Le Conseil s’était déjà rendu dans le pays en février 2014, mars 2016, octobre 2017 (lorsqu’il s’était également rendu au Burkina Faso et en Mauritanie) et en mars 2019 (lorsqu’il allé au Burkina Faso). Cette mission intervient au milieu des récentes tensions publiques entre les autorités maliennes et la France, depuis l’annonce de Paris en juin, peu après le coup d’État du 24 mai, qu’elle réduirait sa force antiterroriste régionale de 5 100 membres, l’opération Barkhane, à environ 2 500-3 000. troupes. Par la suite, il a été rapporté que le Mali envisage un accord pour permettre au groupe Wagner, un entrepreneur militaire privé russe, de se déployer dans le pays.

    Visite du Niger

    Du Mali, les membres du Conseil se rendront à Niamey pour tenir des réunions avec le gouvernement nigérien et l’équipe de pays des Nations Unies. Ils devraient également rencontrer le général de division Oumar Bikimo, commandant de la force du FC-G5S, et Eric Tiare, secrétaire exécutif du Groupe des Cinq pour le Sahel, qui comprend le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie et le Niger.

    Au cours de la visite, les membres du Conseil devraient procéder à un échange de vues avec les autorités nigériennes sur la situation sécuritaire, humanitaire et de développement au Sahel. Ils discuteront des efforts visant à protéger les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur du pays, et les effets du changement climatique sur la région.

    Un sujet important sera probablement le soutien au FC-G5S, que les pays du G5 Sahel ont créé en 2017 pour lutter contre les groupes terroristes et criminels transnationaux dans la région. Dans une lettre datée du 4 octobre, le Secrétaire général propose deux options pour accroître le soutien au FC-G5S. Une option est un bureau de l’ONU dédié pour fournir un soutien logistique aux opérations de forces conjointes. Le Secrétaire général a déclaré dans sa lettre qu’il préférait cette option – qu’il a recommandée depuis 2017 – car il la considère comme l’approche la plus efficace pour fournir un soutien prévisible, y compris un financement, au FC-G5S.

    Selon la lettre du Secrétaire général, cette option impliquerait d’étendre le soutien actuellement fourni par la MINUSMA (consommables de vie et évacuation sanitaire à l’intérieur des frontières du Mali) pour couvrir les services d’ingénierie, de maintenance, de communication et de technologie de l’information ; transport de marchandises; fournitures médicales; et l’évacuation médicale et des blessés dans toutes les zones d’opérations du FC-G5S. Le bureau pourrait être financé par les contributions statutaires de l’ONU ou le financement des donateurs. Il pourrait soit être conçu en s’appuyant davantage sur la prestation de services fournis par l’ONU qui implique une plus grande empreinte du personnel de l’ONU, soit maximiser l’utilisation de l’externalisation, avec une empreinte de l’ONU plus légère.

    La deuxième option est de mettre en place un « Bureau de conseil auprès du Secrétariat exécutif du G5 Sahel ». Ce bureau fournirait une assistance technique et spécialisée pour renforcer l’autosuffisance du FC-G5S en fournissant des conseils dans les domaines des affaires politiques, des droits de l’homme, de la planification opérationnelle et de la planification administrative, y compris sur les modalités d’une mise en commun et d’un partage adéquats des ressources.

    Les membres du Conseil restent divisés sur la question de savoir comment soutenir le FC-G5S. La France et le Niger sont de fervents défenseurs de l’établissement d’un bureau des Nations Unies qui fournit un soutien logistique. Le Royaume-Uni et les États-Unis, d’autre part, se sont fortement opposés à l’idée. Ils s’opposent à l’utilisation des contributions fixées par l’ONU pour des missions non onusiennes et ne sont pas convaincus qu’un tel bureau de soutien puisse être plus efficace qu’un soutien militaire bilatéral. Ils ont également exprimé des inquiétudes, que certains autres membres semblent partager, concernant l’établissement d’une opération de l’ONU pour soutenir une opération antiterroriste qui pourrait compromettre les principes de maintien de la paix de l’ONU et mettre l’ONU en position de fournir un soutien au FC-G5S malgré son violations des droits humains.

    En discutant du FC-G5S, les membres du Conseil ont l’intention d’évaluer la mise en œuvre de la politique de diligence raisonnable des Nations Unies en matière de droits de l’homme qui établit des normes pour recevoir le soutien de l’ONU. Selon les termes de référence, le Conseil réaffirmera également son point de vue selon lequel la stabilisation du Sahel nécessite une réponse intégrée menée par les gouvernements de la région, avec le soutien du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), les organisations régionales et le communauté internationale plus large.

    Le Conseil s’est rendu pour la dernière fois au Niger dans le cadre de sa mission de visite de mars 2017 dans le bassin du lac Tchad qui s’est également rendu au Cameroun, au Tchad et au Nigéria.

    À son retour à New York, le Conseil doit tenir une séance d’information sur le Mali le 29 octobre, date à laquelle les co-chefs de la mission de visite devraient présenter leur rapport sur la mission.

    Security Council report, 23/10/2021

  • Sahel: Contestation populaire accrue contre la présence étrangère

    Sahel, Mali, Barkhane, Tchad, groupes armés, MINUSMA, #Mali, #Sahel, #Barkhane,

    L’ancien Commissaire à la paix et à la sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA), Smail Chergui a relevé la contestation populaire de plus en plus accrue au Sahel contre la présence étrangère parallèlement à un manque d’engagement de la part de la communauté internationale dans l’appui et le soutien des armées des pays de la région pour la lutte contre le terrorisme.

    « L’aide internationale et la mise en place d’une mission onusienne au Mali n’ont donné, à ce jour, aucun résultat probant quant à un recul de la présence des organisations terroristes, la libération des populations et la redynamisation des activités économiques, bien au contraire nous assistons à un ras-le-bol et à une contestation populaire de plus en plus accrue contre la présence étrangère au Sahel », a fait observer M. Chergui dans un entretien accordé au quotidien « El-Khabar », paru dimanche. Et de déplorer qu’au lieu d’admettre la nécessité de revoir les stratégies tracées pour cet effort sécuritaire en donnant aux armées locales les premiers rôles et en les dotant du matériel indispensable, les concernés persistent et signent en misant, de nouveau sur des forces européennes, avec l’appui des Américains.

    Soulignant que « les Maliens ne peuvent même pas songer à d’autres partenariats », M. Chergui s’est dit convaincu que « la solution à la crise malienne ne saurait être dans l’effort sécuritaire et militaire ». Force est de constater, que le +dumping+ du Sahel sous plus de 16 stratégies n’a fait que retarder le décollage socioéconomique, a-t-il encore ajouté.

    Pour M. Chergui, les pays du Sahel gagneraient à revenir aux mécanismes internes, tel que le processus de Nouakchott qui a contribué à la coopération sécuritaire et à l’échange d’informations, mais également au perfectionnement et formation des forces armées, tout en mettant en exergue la responsabilité morale de la communauté internationale dans leur approvisionnement en armes et moyens de lutte antiterroriste. A ce propos, il a rappelé que « l’Algérie a donné l’exemple dans ce sens ».

    L’ancien Commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA s’est félicité, par ailleurs, de la réitération, par les autorités maliennes en place, de la priorité à l’application de l’Accord de Paix issu du processus d’Alger et du maintien du dialogue serein et constructif avec toutes les parties prenantes », citant comme indicateur de confiance mutuelle, le redéploiement des éléments de l’armée dans la ville de Kidal. Actuellement, a-t-il poursuivi, « les regards restent braqués sur la conférence du dialogue national prévue en novembre prochain pour arrêter les prochaines phases de la transition, qui verra un report du rendez-vous électoral, d’après les déclarations du Premier ministre à New York ».

    Evoquant en outre « la décision du remplacement des forces françaises Barkhane par une force européenne », M. Chergui a indiqué que « les alternatives qui s’offrent au Mali auront la part du lion dans les discussions et les consultations les semaines à venir ». Sur le même registre, M. Chergui a estimé que « la récente visite du chef du Commandement Africom en Algérie, de retour de Bamako, est une reconnaissance et une confirmation du rôle pivot de l’Algérie au Mali et au Sahel ».

    S’agissant du dossier libyen, l’ancien Commissaire à la paix de l’UA a relevé que « l’Algérie, qui aurait pu depuis la décision du CPS au niveau des ministres des Affaires étrangères à New York en septembre 2018, conduire les efforts internationaux en Libye comme elle l’a fait au Mali, a préféré être sous l’égide des Nations unies avec les conclusions qui en découlent ». Il a salué, dans ce sens, « la disposition et la mobilisation de l’Algérie, réaffirmées par le président de la République, pour apporter toute l’aide au service de la stabilité et du retour de la quiétude en Libye, ainsi que son rôle dans la région ».

    Outre le soutien à la réunification des rangs et la coopération sécuritaire, « l’Algérie peut contribuer à la reconstruction des institutions et au lancement de partenariats dans les domaines stratégique et économique mais aussi l’échange pour faciliter le pansement des blessures et un nouveau départ des frères Libyens ».

    Concernant les moyens de faire face à l’intrusion israélienne dans le continent africain, M. Chergui a préconisé « le rétablissement des fondements de la solidarité arabo-africaine ». « Le fait qu’Israël bénéficie de la qualité d’observateur au sein de l’UA alors que le peuple palestinien sans défense subit les violences les plus atroces (…) requiert un +redressement+ de la part du conseil ministériel le mois prochain », a ajouté M. Chergui.

    APS

  • Algérie-Mali :Le poids d’un message de paix

    Algérie, Mali, MINUSMA, Sahel, #Algérie, #Mali, #MINUSMA,

    La récurrence de l’appel au dialogue politique pour la résolution des conflits malien et libyen, est une victoire éclatante de la diplomatie algérienne. On se rappelle que l’Organisation des nations unies était très loin d’une pareille approche au lendemain du premier putsch militaire au Mali, comme dans l’offensive de l’Otan contre la Libye, deux guerres liées l’une à l’autre et qui avaient précipité les événements dans ce pays et permis à des groupes terroristes de se déployer dans la région.

    En ces temps-là, l’ensemble des nations, la France, les Etats Unis et les pays membres de la CEDEAO avaient soutenu une intervention militaire massive dans la région. Appuyés même par les Nations unies, les va-t-en guerre maliens et libyens, soutenus par leurs alliés, avaient voulu faire croire au monde entier que les équations malienne et libyenne n’étaient pas si compliquées que cela.

    Ils avaient même tenté d’induire les militaires en erreur en affirmant qu’une intervention au Sahel allait être facile à mener au sens où la région était totalement désertée par toute présence humaine, à l’exception des hommes armés. Partant de ce raisonnement, ils avaient estimé qu’une action militaire ne durerait que quelques semaines. Les partisans de l’usage de la force sans distinction entendaient se débarrasser définitivement de la rébellion Touaregs et partant, en finir militairement avec un problème d’ordre éminemment politique.

    Ils avaient mis le paquet pour amener les dirigeants du monde à épouser leurs thèses. Ils avaient même réussi à convaincre les médias lourds internationaux de chanter les vertus de la guerre au nom de populations déshéritées, dont les grandes souffrances pouvaient passer en pertes et profits. Face à cette armada médiatico- militaire, un seul pays s’était dressé pour dire non à cette approche guerrière qui ne pouvait mener qu’à la catastrophe.

    Patiemment, mais efficacement l’Algérie s’était employée à convaincre le monde entier de la nécessité d’une solution à plusieurs niveaux. Les diplomates algériens ont réussi la gageure de démontrer aux Français et aux Américains qu’il était prioritaire d’isoler les groupes armés politiquement et socialement avant de mener une quelconque action sur le terrain.

    Aujourd’hui, avec un retour en force de la diplomatie algérienne, les accords d’Alger reprennent vie et l’opportunité d’agir de concert avec les puissances mondiales, en faveur d’une paix véritable. Que ce soit au Mali ou en Libye, le travail a porté ses fruits et aujourd’hui, le monde entier est d’accord avec l’Algérie qui a évité au Sahel la catastrophe d’une afghanisation.

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 11/08/2021

  • Algérie : Lamamra relance l’Accord de paix et de réconciliation au Mali

    Algérie, Mali, Sahel, Barkhane, MINUSMA, #Algérie, #Mali, #MINUSMA,

    IL REÇOIT LE CHEF DE LA MINUSMA ET SON HOMOLOGUE MALIEN : Lamamra relance l’Accord de paix et de réconciliation au Mali

    Très actif depuis son rappel à la tête de la diplomatie nationale, Ramtane Lamamra, qui avait entamé sa mission par une tournée africaine, reprend en main le dossier malien à travers la relance de l’Accord de paix et de réconciliation conclu à Alger en 2015.

    Pour ce faire, Lamamra a reçu hier, successivement, le chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali El-Ghassim Wane (Minusma), et le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop. Lors de sa récente entrevue médiatique, le président Tebboune a affirmé que la diplomatie algérienne est sollicitée de toutes parts concernant les crises et conflits dans la région. L’assertion se vérifie sur le terrain. Ainsi, après avoir contribué à la mise en branle du processus de sortie de crise en cours en Libye, l’Algérie tourne le regard vers son voisin du sud.

    Aux dernières nouvelles, le Nord-Mali subit à nouveau l’insécurité. Dimanche dernier, des attaques terroristes simultanées ont coûté la vie à plus de 50 civils. Conséquence de l’ingérence armée qui favorise l’instabilité politique, la situation au Mali commande un retour à la solution pacifique originelle issue des pourparlers de 2015 à Alger.

    En effet, et comme il fallait s’y attendre, Lamamra a abordé, avec El-Ghassim Wane, la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali comme solution, non seulement parrainée par les Nations unis mais aussi soutenue et remise au gout du jour par des acteurs étrangers, pour ne citer que les États-Unis. Pas que, le chef de la Minusma, dans sa visite de travail en Algérie, est attendu demain pour participer à une conférence sur « le rôle de la Minusma dans la stabilité du Mali et la sécurité de l’espace sahélo-saharien ».

    Aujourd’hui, il y a au moins deux facteurs de conjoncture qui plaident en faveur de la nécessité d’exhumer l’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation au Mali. Le premier a trait au coup de force opéré, mai dernier, par l’armée malienne contre le président Bah N’Daw, son P.M. et son ministre de la Défense. Ce qui a fait plonger davantage le pays dans l’instabilité politico-institutionnelle. Le deuxième élément est lié à la fin de l’opération Barkhane (5 100 soldats déployés sur le terrain) annoncée trois semaines plus tard par le président Français, Macron. Une décision qui en dit long sur la limite de l’action militaire dans la lutte contre le terrorisme.

    Si maintenant Alger continue à plaidé en faveur de l’application de l’accord de paix et de réconciliation, la Minusma en tant qu’organe onusien tentera de pallier au départ de la force française Barkhane pour mieux préparer les conditions de mise en œuvre de cet accord. « Toute modification de l’opération Barkhane a un certain nombre d’implications que nous sommes en train d’étudier et nous allons nous ajuster en conséquence », a déclaré à l’APS, le chef de la Minusma, au sortir de son entretien avec Ramtane Lamamra. Plus précis à propos des conséquences immédiates du retrait de Barkhane, El-Ghassim Wane évoque « des zones où elle était présente, auront un certain nombre d’impacts qui doivent être étudiés et nous devons prendre des mesures correctives nécessaires ». À ce titre, il rappelle la demande du SG de l’ONU de renforcer, par quelque 2 000 casques bleus, les effectifs de la Minusma et laquelle requête attend toujours l’aval du Conseil de sécurité.

    Abdoulaye Diop porteur d’un message de Goïta à Tebboune

    Pour sa part, le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, dans sa visite en Algérie, va plancher sur l’aspect sécuritaire, comme l’a fait savoir ce ministre du gouvernement de transition sous la présidence d’Assimi Goïta.

    Autrement, a-t-il indiqué à son arrivée à Alger, sa visite visait à « conforter le partenariat stratégique algéro-malien », précisant que celle-ci constitue « l’occasion d’échanger sur une stratégie pour faire face aux défis sécuritaires dans la région du Sahel ». A la même occasion, Abdoulaye Diop a indiqué qu’il était porteur d’un message du président de la transition au Mali, Assimi Goïta, adressé au président de la République, Abdelmadjid Tebboune, ajoutant que le développement du partenariat entre Alger et Bamako sera évoqué au cours de la réunion du Comité bilatéral stratégique prévue aujourd’hui.

    Farid Guellil

    Le Courrier d’Algérie, 11/08/2021