Étiquette : Mohamed Hajib
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Allemagne: La justice classe sans suite la plainte déposée par le Makhzen contre Mohamed Hajib
ConfidentielSa contre-attaque dans l’affaire Pegasus vire à la débâcle : Le Maroc humilié par la justice allemandeDécidemment, les échecs et les déconvenues se suivent et s’enchainent pour le Maroc depuis son tristement célèbre « du siècle ». Dernière claque en date, et non des moindre, il s’agit du classement sans suite par la justice allemande des la plaintes déposées par par la DST (direction de la surveillance du territoire), dirigée par Abdellatif Hamomuchi, déposée contre l’opposant Mohamed Hajib.Le document, long de pas moins de 150 pages, n’a même pas été feuilleté par le magistrat du parquet de Duisbourg en Allemagne avant de classer ces affaires. Cette humiliante claque judiciaire confirme, si besoin en était, que l’Europe a percé à jour le mode opératoire des services de renseignements et de sécurité de Hammouchi.Celui-ci, déjà objet d’une plainte en France pour les mêmes raisons récurrentes, torture à mort d’anonymes sujets marocains pour leur faire signer les aveux les plus farfelus qui soient, afin de faire du chiffre et de se faire passer pour le « sauveur du Vieux Continent » en matière de lutte contre le terrorisme et l’émigration clandestine.Abdellatif Hammouchi a donc fait illusion et trompé son monde pendant longtemps en faisant accroire à ses l’Occident que ses services, au demeurant complices des terroristes islamistes, étaient de supposés « champions » dans la lutte contre ce fléau.C’est dire aussi que les plaintes initiées tous azimuts par Rabat dans l’affaire Pegasus pour faire taire toutes les voix dissonantes n’impressionnent franchement personne.Mohamed AbdounLa Patrie News, 05/08/2021 -
Maroc-Allemagne: Le silence à la hauteur des yeux
Officiellement, il y a un silence radio diplomatique entre le Maroc et l’Allemagne depuis trois mois. Rabat énumère trois points de friction dans les relations bilatérales – mais il y a aussi des questions fondamentales en jeu.
Le silence s’étend jusqu’à la rédaction de Zénith : la plupart des demandes d’interview pour ce texte sont restées sans réponse. Les cercles gouvernementaux, les groupes de réflexion, les journalistes marocains, les membres des fondations et les fournisseurs de voyages ne peuvent pas ou ne sont pas autorisés à commenter la situation actuelle. Les acteurs impliqués semblent visiblement tendus et ne veulent pas faire d’erreur. Dans l’opinion publique, du moins en Allemagne, le fossé diplomatique entre Rabat et Berlin ne fait guère de vagues.
En mai, le Maroc a retiré son ambassadeur Zohour Alaoui d’Allemagne. Depuis mars, une interdiction de contact est en vigueur concernant l’ambassade d’Allemagne à Rabat et les institutions allemandes au Maroc. La mission diplomatique de la République fédérale d’Allemagne continue de délivrer des passeports, mais elle ne peut actuellement garantir la prolongation du séjour ou l’assistance en matière juridique, selon une page d’information de l’ambassade.
Le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, avait ordonné la suspension des contacts, comme en témoigne une lettre qui a fuité début mars. Fait remarquable, le communiqué contenant les instructions aux services marocains est adressé à son supérieur, le Premier ministre Saadeddine el-Othmani. Cela correspond à l’image : depuis sa prise de fonction en 2017, le ministre des affaires étrangères a été beaucoup plus actif dans la poursuite de la doctrine marocaine sur le Sahara occidental que ses prédécesseurs.
L’administration Biden montre peu d’intérêt à revenir sur la décision de Trump concernant le Sahara occidental
Officiellement, Rabat a donné trois raisons pour le silence radio du 6 mai. Premièrement, elle est déçue de la position de l’Allemagne sur le Sahara occidental. Deuxièmement, l’Allemagne est accusée d’aider un terroriste présumé, et troisièmement, la déclaration se plaint que Berlin laisse le Maroc à l’écart lorsqu’il s’agit de définir la politique libyenne.
Lire la suite depuis la source : Zenith, 16/07/2021
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Les difficiles relations entre le Maroc et les pays de l’Union européenne
Mohammed VI a progressivement interrompu la collaboration avec l’Espagne voisine et, depuis mai dernier, avec l’Allemagne. La raison de ces frictions est le Sahara occidental, et la reconnaissance par les États-Unis de l’autorité marocaine sur cette région le 10 décembre dernier.
Les relations du Maroc avec les pays de l’Union européenne se détériorent peu à peu. Pas avec tous : le pays maghrébin entretient une relation privilégiée avec la France, relation qui existe depuis 1956, date à laquelle les transalpins ont accordé l’indépendance aux maghrébins (contrairement à l’Algérie, qui a dû passer par une guerre très sanglante qui a causé, entre 1954 et 1962, plus d’un million de victimes, pour arriver à la décolonisation, le 5 juillet il y a 60 ans), mais ces derniers mois, le roi Mohammed VI a progressivement interrompu la collaboration avec l’Espagne voisine et, depuis mai dernier, avec l’Allemagne.
La crise des migrants de Ceuta a ouvert une brèche difficile à colmater avec Madrid, à laquelle s’ajoute le retrait des soldats espagnols de l’exercice African Lion 21, mais, si possible, les escarmouches avec Berlin sont encore plus inquiétantes.
Le sujet de discorde reste le Sahara occidental, l’ancienne colonie espagnole contrôlée par le Maroc depuis 1975. Après la reconnaissance par les États-Unis de l’autorité marocaine sur la région le 10 décembre dernier, l’Allemagne a exprimé son désaccord, appelant Washington à « agir conformément au droit international » et soumettant une demande au Conseil de sécurité des Nations unies pour une étude plus approfondie.
L’opinion allemande s’est également manifestée sur les médias sociaux, où l’image du drapeau du Front Polisario (le parti qui réclame l’autodétermination du Sahara occidental, ndlr) affiché devant le palais régional de Brême a fait sensation. Un geste qui a particulièrement irrité Rabat.
La situation s’est encore aggravée en mai, lorsque le Maroc a rappelé son ambassadeur en Allemagne, Zohour Alaoui, et a attaqué les politiques allemandes via Twitter, affirmant que « l’Allemagne s’est éloignée de l’esprit constructif concernant le Sahara occidental » et que « les autorités allemandes agissent en complicité avec un individu précédemment impliqué dans des actes de terrorisme, en déclassifiant des informations sensibles communiquées par les services de sécurité marocains à leurs homologues en Allemagne ».
La friction diplomatique a pris les contours d’une histoire d’espionnage, immédiatement atténuée par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel : l’individu mentionné sur le profil Twitter officiel des bureaux diplomatiques marocains est en fait Mohamed Hajib, 40 ans.
Mi-allemand, mi-marocain, Hajib est un dissident vivant à Düsseldorf, après avoir été emprisonné au Maroc de 2010 à 2017 en raison de son appartenance à la Jamaat Tabligh, une organisation islamique fondée en 1926 dans le sud de l’Inde et répandue principalement dans le sous-continent indien et au Moyen-Orient, mais qui compte des adeptes reconnus dans environ 150 pays dans le monde. Les Tablighi, connus pour être des musulmans très observants et extrêmement rigides, ont toujours été combattus par la dynastie régnante du Maroc, qui voit en eux une menace tant religieuse que politique.
Pendant sa détention, Hajib a été soumis à des coups et des tortures de la part de ses geôliers, mais aussi à des déplacements constants, comme l’atteste le rapport de l’ambassadeur d’Allemagne au Maroc, qui parlait en 2011 de « blessures non négligeables » et « d’abus et de violences physiques infligés dans les prisons de Salé et de Meknès ».
Les tortures ont ensuite été constatées par l’expertise d’un médecin légiste de Düsseldorf qui, en 2017, avec un psychiatre, un dermatologue et une équipe d’autres spécialistes, a confirmé les violences et donné le feu vert à l’octroi d’une allocation d’invalidité de 50 % pour l’homme, qui a depuis demandé au gouvernement de Berlin 1,5 million d’euros en compensation de l’expulsion de son pays d’un citoyen qui avait un passeport allemand (le procès est toujours en cours, ndlr).
Le dissident revient aujourd’hui sur le devant de la scène en raison des contenus qu’il publie sur les réseaux sociaux. Hajib dispose en effet d’une chaîne YouTube et d’un profil Facebook par le biais desquels il attaque presque quotidiennement le Maroc et les politiques de Mohammed VI, incitant le peuple maghrébin à la rébellion et à la protestation.
Ce qui irrite le gouvernement de Rabat, ce n’est pas tant le fait que sur son territoire, de plus en plus de personnes prennent les vidéos du youtuber comme une invitation à manifester, que l’incapacité à endiguer l’énorme impact que Hajib a dans la communauté marocaine vivant en Allemagne et qui regarde désormais avec suspicion l’établissement de leur pays d’origine.
Si, en effet, il est plus facile de faire taire les témoignages des dissidents sur le sol marocain (et les moyens sont multiples : perquisitions, arrestations, interrogatoires très longs, menaces, saisies de biens), il est beaucoup plus difficile d’éviter un changement à l’étranger de l’idée que la communauté internationale et l’opinion publique se font du Maroc, qui passe du statut de partenaire fiable à celui de pays à regarder avec suspicion.
En outre, la méfiance de la chancelière Merkel à l’égard du pays d’Afrique du Nord, qui, début 2020, n’a pas été invité à Berlin à la conférence internationale sur la situation en Libye, a presque irrémédiablement endommagé une relation bilatérale qui, il y a seulement un an et demi, semblait très solide.
L’affrontement se joue maintenant sur le plan économique : l’Allemagne a en effet gelé le financement d’un milliard de dollars destiné à la coopération et au développement du Maroc. Un porte-parole du ministre allemand des affaires étrangères, Heiko Maas, a noté que les projets sont « totalement suspendus » et que le ministre a été surpris par la politique unilatérale de Mohammed VI.
Renforçant le non au déblocage du milliard de dollars, un document du ministère allemand de la Coopération économique et du Développement, selon lequel le Maroc était en 2019 le troisième pays pour les fonds reçus de l’Allemagne, après l’Égypte et la Tunisie (avec laquelle les relations diplomatiques sont plutôt détendues, ndlr).
La partie la plus importante du financement a été la réalisation de « Power to X », une étude sur la production d’hydrogène vert, un gaz que l’Union européenne considère comme une alternative très valable aux combustibles fossiles.
L’arrêt brutal des projets de transition écologique affecte l’ambitieux projet du gouvernement de Rabat, qui vise à atteindre 52% d’énergies renouvelables d’ici 2030 et, à plus long terme, à exporter des énergies propres. Le plan marocain concerne de près l’Europe avant tout : la perspective, du moins avant l’effondrement des soldes, était de créer un marché intégré de l’électricité, comme l’explique la feuille de route sur le commerce de l’énergie issue de sources renouvelables signée en 2016 par l’Espagne, le Portugal, la France et l’Allemagne.
La perte de deux pays ayant des alliés aussi importants complique la situation et met en lumière l’autoritarisme excessif de la politique marocaine : les dissidents se multiplient à vue d’œil, tandis que les arrestations pour des raisons plus ou moins spécieuses ne montrent aucun signe de diminution et concernent également des citoyens italiens.
Fin juin, en effet, une jeune femme de 23 ans possédant un double passeport a été arrêtée dès son atterrissage à Marrakech, jugée et condamnée à deux ans de prison pour avoir offensé la religion islamique avec une caricature publiée sur Facebook en 2019.
Le consulat italien a immédiatement demandé un entretien avec la jeune fille afin d’élaborer une stratégie juridique, tandis que le ministère des affaires étrangères suit la situation, mais il est clair que Mohammed VI érige un mur idéal et idéologique avec l’Europe.
Peut-être s’est-il inspiré du mur de 2500 km de long qui entoure les territoires occupés du Sahara occidental et qui est le deuxième plus grand au monde après la Grande Muraille de Chine. A la différence que le mur du désert nord-africain est jonché de mines anti-personnel (environ 10 millions, ndlr), pour ne rien rater.
Linkiesta, 09/07/2021
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Torture au Maroc : Mohamed Hajib gagne son procès
Succès juridique pour le YouTuber Hajib
Le YouTubeur Hajib provoque des imbroglios diplomatiques avec des vidéos critiques contre le Maroc. Une décision de la Cour constitutionnelle de Berlin en sa faveur pourrait alimenter davantage le conflit.
Par Marcel Kolvenbach et Ahmet Ssenyurt, SWRMohammed Hajib ne ménage pas ses mots. Plusieurs fois par semaine, cet homme de 40 ans dénonce sur sa chaîne YouTube les conditions de vie au Royaume du Maroc, au grand dam du gouvernement de ce pays, qui est déjà diplomatiquement à couteaux tirés avec l’Allemagne, notamment en raison d’opinions divergentes sur la question du Sahara occidental.Dans l’une des vidéos, Mohamed Hajib est assis dans une voiture, parle directement à la caméra et attaque frontalement la presse marocaine. Il s’agit d’une « presse policière » qui veut en finir avec lui. Depuis plusieurs jours, les médias marocains rapportent que Hajib a reçu 1,5 million d’euros des services secrets allemands pour attaquer le Maroc.
Détention et torture au MarocEn fait, Hajib demande 1,5 million d’euros de compensation à l’État allemand. Cependant, il demande une compensation pour ce qu’il considère comme une injustice, dont l’Allemagne est en partie responsable. Son accusation : en 2010, des policiers allemands – après son retour d’un pèlerinage au Pakistan – l’avaient incité à l’aéroport de Francfort à poursuivre son voyage vers le Maroc. L’Office de la police criminelle de l’État de Hesse, qui était responsable à l’époque, le dément. Mais des fonctionnaires auraient accompagné Hajib jusqu’à l’avion ; et l’Office fédéral de police criminelle aurait également prévenu les services secrets marocains de l’atterrissage imminent à Casablanca. À son entrée dans le pays, Hajib a été arrêté. Selon ses propres déclarations, il a été torturé au Maroc. En tant que terroriste présumé, il a été condamné à sept ans de prison. Le magazine politique ARD Report Mainz et le « Spiegel » en avaient parlé.
Depuis son retour en Allemagne, l’homme de 40 ans vit de l’aide sociale. On lui a diagnostiqué un trouble de stress post-traumatique. Un expert de l’Institut de médecine légale de Düsseldorf a également diagnostiqué des « cicatrices relativement tranchantes, en partie semblables à du fer, en partie plutôt semblables à des bâtons » sur son dos – des traces évidentes de torture.Aujourd’hui, Hajib demande réparation à l’État allemand, car celui-ci l’a pratiquement livré aux autorités marocaines. En fait, les autorités allemandes chargées de la sécurité l’avaient inscrit sur la liste des personnes dangereuses à l’époque parce qu’il faisait du prosélytisme auprès de jeunes musulmans et qu’il avait fini par partir au Pakistan. Mais Hajib s’est séparé de l’un de ses compagnons de voyage, qui a ensuite rejoint les djihadistes. Afin de poursuivre l’État allemand, Hajib a d’abord demandé une aide juridique, mais a échoué devant la cour d’appel de Berlin. Cependant, selon les informations de SWR, l’instance suivante, la Cour constitutionnelle de Berlin, lui a donné raison il y a quelques jours. L’arrêt de 21 pages indique que les droits fondamentaux de Hajib ont été violés par une « évaluation inadmissiblement anticipée des preuves » par la Cour d’appel de Berlin. Il traite également du rôle de l’Office fédéral de police criminelle dans cette affaire : le fait que ses agents aient transmis un « statut de personne dangereuse » aux autorités marocaines en 2010 était « difficilement justifiable » au vu de la situation des droits de l’homme au Maroc. Hajib a déclaré à la radio SWR qu’il était très heureux de la décision. Il montre clairement que « les tribunaux en Allemagne sont indépendants ». L’avocat de Hajib, Eberhard Schultz, a déclaré qu’il n’était pas fréquent qu’une plainte constitutionnelle soit jugée positivement, comme dans ce cas. Le ministère fédéral de l’Intérieur, qui est le défendeur dans cette affaire, a déclaré à SWR qu’il ne voulait pas « commenter les décisions individuelles des tribunaux ».Impact sur les relations diplomatiquesAlors que la Cour d’appel de Berlin doit maintenant traiter à nouveau la demande d’aide juridique. L’arrêt de la Cour constitutionnelle risque toutefois d’arriver à un moment inopportun pour le gouvernement allemand, car l’affaire Hajib est diplomatiquement l’une des principales critiques du Maroc à l’égard de l’Allemagne. Selon les médias, la maison royale a récemment accusé le gouvernement allemand de laisser trop de liberté à Hajib, qui est classé comme « terroriste » au Maroc, en Allemagne. En outre, des informations sensibles des services de sécurité marocains lui avaient été transmises. Quoi qu’il en soit, le gouvernement marocain ne s’est pas distingué ces dernières semaines par son silence diplomatique. Elle a cessé de coopérer avec l’ambassade d’Allemagne dans le pays. Début mai, Rabat accentue la pression diplomatique et retire son ambassadeur de Berlin.
Tagesshau, 26 mai 2021
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Presse Allemande : « L’Allemagne et le Maroc surpris par une crise diplomatique »
Berlin/Rabat (Agence de presse dts) – Une crise diplomatique entre le Maroc et le gouvernement allemand a conduit à un arrêt de la coopération entre les agences de sécurité des deux pays. L’absence d’échange d’informations est sensible, car les Marocains ont, par le passé, fourni des informations sur d’éventuels terroristes en Allemagne – comme le kamikaze du marché de Noël de Berlin.
Il existe également des points d’achoppement entre Berlin et Rabat dans d’autres domaines, écrit Der Spiegel. Les futures expulsions vers le Maroc, qui sont actuellement suspendues en raison de la pandémie de Corona, ne peuvent être préparées. Il n’est pas possible d’obtenir les papiers de passeport nécessaires ou d’obtenir de l’aide pour clarifier l’identité des citoyens marocains, selon les documents internes des autorités. Le Maroc en ressent également les effets économiques, par exemple dans la coopération au développement.
La banque publique KfW est actuellement dans l’incapacité de débourser les prêts d’aide à Corona d’un montant de 225 millions d’euros. Le prêt était destiné à assurer la « survie dans la crise » des petites et moyennes entreprises, qui représentent environ 90 % de l’économie marocaine. D’autres contrats de prêt d’un volume d’environ 12 millions d’euros ont également été affectés par ce report, a indiqué le ministère fédéral de la Coopération économique. L’une des raisons de cette crise est le différend concernant un activiste germano-marocain qui dénonce le royaume via YouTube depuis Duisbourg.
Il accuse l’État de l’avoir emprisonné et torturé pendant des années sous de fausses accusations de terrorisme. Le Maroc a déposé des accusations criminelles contre lui en Allemagne et a remis plusieurs de ses postes à la police. Les autorités allemandes n’ont pu découvrir aucun contenu illégal. Le Maroc a considérablement réduit ses contacts avec l’Allemagne depuis le mois de mars.
On ne voit pas comment mettre fin à la brouille diplomatique. Jeudi, le gouvernement de Rabat a rappelé son ambassadeur, selon les informations du « Spiegel », à la grande surprise du ministère allemand des affaires étrangères.
Oldenburger onlinezeitung, 07 mai 2021
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Presse Allemande : « Crise entre le Maroc et Berlin »
Le Royaume a rappelé son ambassadeur pour des consultations. Rabat est en colère contre la position de l’Allemagne sur le conflit du Sahara Occidental, et le gouvernement allemand est étonné.
Par Paul-Anton Krüger, Munich
La crise diplomatique qui couve entre le Maroc et l’Allemagne a atteint un nouveau point culminant : jeudi, le royaume a rappelé son ambassadeur de Berlin pour des consultations. Dans une déclaration, le ministère des affaires étrangères a critiqué la position de l’Allemagne sur le conflit du Sahara occidental. En décembre, le président américain de l’époque, Donald Trump, avait reconnu unilatéralement la revendication du Maroc sur ce territoire en contrepartie de la décision du roi Mohammed VI de normaliser les relations du pays arabe avec Israël.
L’Allemagne a alors saisi le Conseil de sécurité des Nations unies et a adopté la position, partagée par une majorité de l’ONU et de l’UE, selon laquelle le statut, au regard du droit international, du territoire largement annexé par le Maroc devait être clarifié par des négociations sous l’égide des Nations unies. L’organisation du Front Polisario, soutenue par l’Algérie, lutte pour un État indépendant et contrôle des pans entiers de terres dans le sud et l’est du territoire depuis le retrait de la puissance coloniale espagnole en 1975. Fin 2020, des combats ont éclaté près de la frontière sud avec la Mauritanie.
Rabat a qualifié les actions de l’Allemagne d’ »acte hostile » qui porte atteinte aux intérêts supérieurs du Maroc. En mars, elle avait déjà interdit aux agences d’État de coopérer avec les missions allemandes au Maroc. Le Maroc a également critiqué le fait de ne pas avoir été invité à la conférence de Berlin sur la Libye et a accusé l’Allemagne de tenter de repousser l’influence du pays. Il a également déclaré que les autorités allemandes avaient transmis des informations des services de renseignement marocains à un résident allemand condamné pour terrorisme – une référence au militant Mohamed Hajib, qui vit à Duisburg. Il critique le roi et la situation politique au Maroc sur les médias sociaux.
La porte-parole du ministère des affaires étrangères, Maria Adebahr, a déclaré vendredi à Berlin que le gouvernement allemand n’avait pas été informé du rappel de l’ambassadeur et avait demandé des explications au Maroc. Elle a déclaré que cette procédure était « plutôt inhabituelle et aussi pas une manière très appropriée de résoudre une crise diplomatique ». Les accusations et le choix des mots dans la déclaration de Rabat « ne reposent sur aucune base » et sont incompréhensibles. Il a ajouté que ce développement était regrettable, notamment parce que le gouvernement allemand avait fait des efforts ces dernières semaines pour engager le dialogue et résoudre la crise.
Suddeutsche, 07 mai 2021
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Die Welt : « Pourquoi il est risqué pour l’Allemagne de se frotter au Maroc »
Par Alfred Hackensberger
Le Maroc a encore aggravé son différend avec l’Allemagne. En apparence, il s’agit d’espionnage, mais les véritables raisons sont plus profondes. Ce conflit pourrait avoir de lourdes conséquences. Après tout, le Maroc est le gardien de la frontière extérieure de l’Europe en Afrique.
Les organisations étrangères allemandes sont en état d’urgence dans le royaume d’Afrique du Nord – et personne ne sait combien de temps cela va durer. L’élément déclencheur a été un ordre du ministère marocain des affaires étrangères, début mars, suspendant « tous les contacts et interactions avec l’ambassade d’Allemagne et les institutions qui lui sont associées ».
La semaine dernière, le royaume a ordonné à son ambassadeur de quitter Berlin et a porté de graves accusations contre le gouvernement allemand. Dans un communiqué, Rabat a pour la première fois donné les raisons de la rupture : » La multiplication des actions hostiles » de l’Allemagne » diamétralement opposées aux intérêts du Royaume. » Sont énumérés l’espionnage, le dénigrement du Maroc et le torpillage délibéré de la politique du pays.
Les relations germano-marocaines sont à un niveau historiquement bas
Ce qui, à première vue, ressemble à un conflit bilatéral, pourrait toutefois avoir de lourdes conséquences. Après tout, le Maroc est le gardien de la frontière extérieure de l’Europe en Afrique et empêche des centaines de milliers de migrants de passer en Espagne. Le royaume est un allié fiable de l’Occident dans la lutte contre le terrorisme international. Rabat a, à plusieurs reprises, fourni des renseignements qui ont permis de déjouer des attentats en Europe.
« Brusque et excessive », c’est ainsi que les milieux diplomatiques qualifient l’approche du Maroc envers l’Allemagne. Le ministère allemand des affaires étrangères s’est dit « surpris » et ne peut « comprendre les accusations du Maroc ». Alors, qu’est-ce qui pousse le royaume à se lancer dans une confrontation avec l’Allemagne, l’une des principales nations industrielles et un membre important de l’UE ? Un pays dont il vient de recevoir 1,4 milliard d’euros d’aide pendant la pandémie ?
L’accusation d’espionnage n’est qu’un détail. Il s’agit du transfert présumé de données sensibles du Maroc à Mohamed Hajib. Ce germano-marocain s’agite depuis Duisburg sur Internet contre le Maroc, où il a été emprisonné pendant sept ans en tant qu’islamiste radical. La plainte selon laquelle l’Allemagne ignore le rôle important du Maroc dans le processus de paix libyen n’est pas différente. La chancellerie n’a pas invité le royaume à la conférence sur la Libye il y a un an, bien qu’elle ait été à l’origine de quelques cycles de discussions des représentants libyens au Maroc.
La principale raison du comportement offensif de Rabat est la région désertique du Sahara occidental, riche en phosphate et en lieux de pêche le long de la côte atlantique. Le Maroc avait annexé la région après la fin de la période coloniale espagnole en 1975. Jusqu’à ce jour, le droit international n’a pas clarifié qui devrait gouverner le Sahara Occidental. Selon les résolutions de l’ONU, un référendum devrait décider : L’affiliation au Maroc ou un état indépendant du mouvement de libération sahraoui POLISARIO. Cependant, le vote n’a jamais eu lieu. Rabat a donc élaboré un plan d’autonomie pour la région – en tant que partie du territoire marocain.
Le royaume obtient pour cela l’approbation de nombreux États, dont la France. Mais le jackpot est arrivé en décembre, lorsque les États-Unis ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Ceci en échange de l’établissement de relations diplomatiques avec Israël. Le royaume a été le quatrième pays arabe à bénéficier de l’ »accord d’Abraham », initié par le président de l’époque, Donald Trump. Le Maroc est un partenaire stratégique important en Afrique du Nord, avec lequel il est lié par une amitié vieille de 200 ans – le Maroc a été le premier pays à reconnaître l’indépendance des États-Unis. C’est également ce qu’a souligné le nouveau secrétaire d’État américain Antony Blinken lors d’une conversation téléphonique confidentielle avec son homologue marocain Nasser Bourita en avril. Washington ne songe pas à revenir sur la décision de l’administration Trump concernant le Sahara occidental.
Les rapports selon lesquels la milice chiite du Hezbollah formait le POLISARIO aux armes iraniennes peuvent également avoir joué un rôle dans les délibérations américaines. Le Maroc est nécessaire en tant qu’allié contre une éventuelle nouvelle milice mandataire iranienne en Afrique. L’État maghrébin se sent en pleine ascension avec les États-Unis à ses côtés et veut enfin clore le dossier du Sahara occidental en sa faveur. Quiconque s’immisce, le Maroc l’affronte avec force.Le Maroc se voit en position de force car sans l’intervention marocaine en Méditerranée, des dizaines de milliers de migrants débarqueraient sur les côtes espagnoles mois après mois. Aux yeux du Maroc, le gouvernement allemand torpille délibérément sa politique du Sahara occidental. Car à peine les États-Unis ont-ils reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental que l’ambassadeur allemand à l’ONU, Christoph Heusgen, a demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité. Lors de cette réunion, Heusgen a pris ses distances avec l’initiative américaine et a appelé à une solution dans le cadre de l’ONU.
Le représentant du gouvernement allemand a explicitement reproché à Rabat l’échec de toutes les négociations précédentes depuis les années 1990. Heusgen a fait référence aux colons marocains envoyés au Sahara Occidental pour décider d’un éventuel référendum pour Rabat. C’était une performance malheureuse du diplomate allemand de l’ONU et un affront au Maroc. L’argument avec les colons est vieux de 30 ans. Ils vivent maintenant au Sahara Occidental en deuxième et troisième génération. Doivent-ils maintenant être déportés ? En outre, vous ne résolvez pas les conflits en attribuant des blâmes – surtout si vous vous concentrez seulement sur une partie du conflit.
Heusgen n’a pas dit un mot sur l’Algérie, qui continue à soutenir et à instrumentaliser le POLISARIO à ce jour. Les Sahraouis font partie intégrante de la politique de confrontation de l’Algérie avec le Maroc depuis des décennies. L’Algérie ne veut pas d’une détente des relations avec l’Etat voisin et refuse même de rouvrir la frontière commune. Du point de vue de Rabat, une république indépendante au Sahara occidental serait un État satellite algérien et un risque pour la sécurité nationale du Maroc.Die Welt, 12 mai 2021
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Maroc : pourquoi le royaume dénonce des « actes hostiles » de l’Allemagne
Le Maroc a annoncé le rappel de son ambassadeur à Berlin pour consultation, en dénonçant dans un communiqué officiel les « actes hostiles » de l’Allemagne, notamment sur le dossier du Sahara occidental.
« La République Fédérale d’Allemagne a multiplié les actes hostiles et les actions attentatoires à l’égard des intérêts supérieurs du royaume », affirme le communiqué publié par le ministère marocain des Affaires étrangères.
Le texte dénonce notamment l’ »activisme antagonique » de Berlin après la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur ce territoire disputé par les indépendantistes du Front Polisario.
Rabat avait décidé début mars de « suspendre tout contact » avec l’ambassade d’Allemagne au Maroc, en raison de « malentendus profonds » avec Berlin sur différents dossiers, dont la question du Sahara occidental. A l’époque, Berlin avait tenté de clarifier les choses mais toutes les activités bilatérales sont restées au point mort depuis.
Le communiqué publié évoque aussi « l’acharnement continu (de l’Allemagne) à combattre le rôle régional du Maroc, notamment sur le dossier libyen ». Rabat n’avait pas été invité à participer aux négociations sur l’avenir de la Libye menées à Berlin en janvier 2020.
Le Maroc accuse enfin les autorités allemandes de « complicité à l’égard d’un ex-condamné pour des actes terroristes, notamment en lui divulguant des renseignements sensibles communiqués par les services de sécurité marocains ».
Le communiqué officiel ne cite pas de nom mais il s’agit vraisemblablement de Mohamed Hajib, un Germano-Marocain condamné en 2010 au Maroc à 10 ans de réclusion pour « terrorisme », une sentence ramenée à cinq ans début 2012. De retour en Allemagne, ce quadragénaire publie régulièrement des attaques critiques sur son pays natal sur les réseaux sociaux.
Fin 2020, Berlin a débloqué une enveloppe de 1,387 milliard d’euros d’appui financier, dont 202,6 millions d’euros sous forme de dons, le reste sous forme de prêts bonifiés, en soutien aux réformes du système financier marocain et en aide d’urgence pour la lutte contre le Covid-19.
L’Allemagne est un des premiers partenaires commerciaux du Maroc, avec 1,9 milliard d’euros d’exportations et 1,3 milliard d’euros d’importation en 2020, en baisse comparé à 2019 en raison de la pandémie de covid-19, selon les chiffres officiels.
TV5 Monde, 06 mai 2021
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L’Allemagne au Maroc : Vos accusations sont sans fondement
Après une escalade marocaine contre Berlin sur fond de dossiers controversés, le ministère allemand des Affaires étrangères a déclaré que la décision marocaine était « malheureuse » et non « appropriée ». Berlin a clarifié à plusieurs reprises sa position sur le conflit du Sahara.
Le ministère allemand des Affaires étrangères a qualifié de «regrettable» et «anormale» la décision du Royaume du Maroc de convoquer son ambassadeur à Berlin pour des consultations, ce qui, du point de vue du ministère allemand des Affaires étrangères, reste une «mesure inappropriée pour régler une crise diplomatique», selon une porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Berlin.
La porte-parole a poursuivi dans une déclaration aux médias aujourd’hui, vendredi 7 mai 2021, que le gouvernement fédéral allemand avait demandé à la partie marocaine des éclaircissements sur les raisons de cette mesure. Il a également déclaré que « les accusations et la nature des mots » dans la déclaration du ministère marocain des Affaires étrangères « ne reposent sur aucun fondement ».
La porte-parole a ajouté que les développements récents sont « regrettables car le gouvernement fédéral a tant essayé de créer un dialogue constructif ».
Dans sa déclaration, le ministère marocain des Affaires étrangères a identifié trois raisons à la dernière étape, la première étant la position de l’Allemagne sur le conflit du Sahara occidental, la seconde concerne le dossier d’un ancien détenu maroco-allemand et la troisième concerne le rôle régional de Maroc.
Sur la question du Sahara occidental, la porte-parole a déclaré que la position du gouvernement allemand restera la même, et la porte-parole n’a pas évoqué les points de discorde restants.
Berlin estime que le statut du Sahara occidental n’a pas été clarifié, ce qui doit être fait par voie de négociation, comme l’a déjà indiqué le ministère allemand des Affaires étrangères, alors que le Maroc fait pression pour la reconnaissance internationale de sa souveraineté sur la région.
Et le Maroc avait décidé il y a quelques semaines de suspendre toute forme de communication avec l’ambassade d’Allemagne et les organisations allemandes sans mention officielle des raisons, et Berlin a alors répondu par une invitation.
L’ambassadeur du Maroc à Berlin par une convocation urgente de l’ambassadrice de Rabat en Allemagne.
Deutshce Welle, 07 mai 2021
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Après trois mois de brouille diplomatique, le Maroc rappelle son ambassadeur à Berlin
Après trois mois de gel des relations diplomatiques, le Maroc a annoncé le 6 mai le rappel de son ambassadeur à Berlin. La frilosité de l’Allemagne sur le dossier du Sahara occidental, un Germano-Marocain accusé de déstabiliser le royaume chérifien et un souvenir amer des négociations sur la Libye… Les points de discorde sont nombreux.
Il “est devenu l’ennemi public numéro un des services secrets marocains”. Mohamed Hajib est l’un des éléments qui explique le gel diplomatique entre le Maroc et l’Allemagne, rapporte Middle East Eye. Le 6 mai, les autorités marocaines ont annoncé “le rappel de l’ambassadeur en poste à Berlin pour consultations”, alors qu’elles avaient pris l’initiative de couper les ponts avec Berlin trois mois plus tôt, précise le quotidien marocain TelQuel.
Cet islamiste radical germano-marocain, passé par le Pakistan et l’Iran, est accusé de vouloir déstabiliser le régime marocain. Dans deux vidéos devenues virales sur les réseaux sociaux, il appelle les Marocains à gagner la rue et à se soulever contre les autorités. Une provocation que Rabat ne peut pas supporter, et qui a été décuplée par la protection offerte à l’homme par la justice allemande. De simples critiques mais pas un crime. Elles estiment que Mohamed Hajib n’a fait usage que de son bon droit à la liberté d’expression, mais Rabat n’en démord pas : à ses yeux, c’est un “agitateur islamiste”, raconte Middle East Eye.
Mais les “actes hostiles à l’égard des intérêts du royaume” sont nombreux, prévient le ministre des Affaires étrangères marocain. À ce sujet de crispation sont venus s’ajouter deux dossiers internationaux sensibles. Le Maroc se souvient avec amertume avoir été exclu des négociations organisées un an plus tôt à Berlin sur l’avenir de la Libye.
Par ailleurs, alors que la reconnaissance des États-Unis de la souveraineté du Maroc sur le territoire disputé du Sahara occidental est une victoire politique, la position de l’Allemagne, bien plus frileuse, agace au plus haut point Rabat.
Pauline Le TroquierCourrier international, 07 mai 2021
Etiquettes : Maroc, Allemagne, Mohamed Hajib, Sahara Occidental,