Étiquette : Mohammed VI

  • Marocleaks : 20 000 dollars pour un article sur Mohamed VI

    Maroc, Sahara Occidental, Etats-Unis, Richard Miniter, Lobbying, Al Qaïda, Mohammed VI, Printemps Arabe,

    « Seuls deux hommes peuvent sauver le Maroc maintenant et sauver la promesse du printemps arabe. L’un est le roi du Maroc, l’autre le président des États-Unis. Pendant des années, la principale force libérale a été le roi lui-même. Mohammed VI est un jeune dirigeant raffiné qui est aussi à l’aise en français qu’en arabe, dans les sphères européennes et arabes. Cela lui a donné la capacité unique de défendre les cultures traditionnelles et tribales tout en voyant la sagesse de développer une économie diversifiée et moderne basée sur l’accomplissement individuel ».

    Cette affirmation texte appartient au journaliste américain Richard Miniter, un auteur qui se décrit comme « journaliste d’investigation et auteur à succès ». Il a été publié le 25 avril 2012 sur le magazine Forbes sous le titre de « Le printemps arabe est-il mauvais pour les investisseurs ? ». Miniter n’a ménagé aucun effort en vue de redorer l’image du roi du Maroc à un moment où le vent du « Printemps Arabe » menaçait les régimes dictatoriaux dans le monde arabe. Pour mériter le cadeau qu’Ahmed Charaï lui avait promis : 20.000 dollars.

    Selon un email envoyé le 3 novembre 2010, Richard Miniter avait déjà effectué une visite dans les camps des réfugiés sahraouis de Tindouf à l’invitation du Front Polisario. Après son recrutement par la DGED, il sera chargé de la mission d’écrire sur les prétendus liens du mouvement sahraoui avec Al Qaïda.

    Son manque de professionnalisme et son allégeance aveugle à la DGED lui a valu une punition de la part du Groupe de l’Institut Hudson. La raison? Son analyse sur les élections marocaines de 2011 qui ont permis aux islamistes d’accéder au pouvoir. « Malgré les nombreux rappels adressés à l’éditeur qui sont restés sans réponse à ce jour de votre part, concernant l’analyse que vous avez traitée dans la publication des statistiques relatives aux élections législatives au Maroc, engageant les autorités américaines sans preuve convaincante, nous vous notifions par la présente qu’une décision a été prise par le conseil d’administration de suspendre notre collaboration, à titre disciplinaire, pour une durée de trois mois, à compter du 1er janvier 2012 jusqu’au 30 mars 2012 », lui avait écrit Weinstein Kenneth, président du groupe.

    Miniter demande, alors, une indémnisation à son contact marocain dans un email daté du 21 janvier 2012 dont voici le texte:

    De : Richard Miniter rminiter@gmail.com
    À : Ahmed charai ahcharai2005@yahoo.fr
    Envoyé le : Samedi 21 Janvier 2012 20h32
    Objet :

    Ahmed,

    Vous savez combien je vous respecte et combien je vous fais confiance… MAIS l’article que j’ai publié le 26 octobre dans le Hudson Institute m’a créé un sérieux problème (voir ci-dessous le courriel du président du Hudson Institute).

    Une décision disciplinaire du conseil d’administration de l’Institut a été prise pour arrêter ma collaboration en tant que membre et rédacteur en chef de l’Institut Hudson pendant 3 mois. La raison était le fait que j’ai utilisé l’expression suivante dans mon article (et comme vous le savez je n’avais AUCUN document pour justifier cette expression). « Selon une ANALYSE CONFIDENTIELLE D’UNE SOURCE AMÉRICAINE FIABLE…. Le RNI, devrait commander au moins 12% du vote…. Le PJD islamiste, ne devrait pas élargir sa part de la chambre basse du parlement »……
    Le résultat : Le PJD est arrivé en tête, remportant 107 des 395 sièges… C’est une véritable claque pour ma crédibilité Ahmed.

    Nina essaie de rétablir la confiance du conseil d’administration à mon égard. MAIS, je vais définitivement perdre plus de 60 000 dollars sur 3 mois.

    Ahmed, je serai à Paris les 30 et 31 janvier pour une conférence. J’ai besoin de votre aide pour me sortir de cette situation.

    A l’instar des autres journalistes invités au Maroc, la DGED payait ses réservations des chambres dans les hôtels les plus luxueux au Maroc en plus des billets aller-retour dans la classe business:

    #Maroc #Marocleaks #EtatsUnis #RichardMiniter #Lobbying #MohammedVI #Forbes

  • Lettre d’AJC demandant de rencontrer le roi du Maroc

    Lettre d’AJC demandant de rencontrer le roi du Maroc

    Maroc, Etats-Unis, American Jewish Committee, AJC, Comité des juifs américains, lobbying, visite au Maroc, Mohammed VI,

    Son Excellence Monsieur Aziz Mekouar
    Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire
    Ambassade du Royaume du Maroc
    1601 21st Street, N.W.
    Washington, D.C. 20009

    Cher Aziz :
    Je vous écris pour faire suite à nos récentes discussions sur les plans de l’AJC – avec votre aimable encouragement de visiter le Maroc en décembre. Permettez-moi d’exposer nos espoirs et nos demandes actuelles.

    Tout d’abord, et le plus important : Notre délégation d’environ 10 membres du conseil d’administration de l’AJC – dirigée par le président de l’AJC, Robert Elman – doit arriver à Casablanca le mardi 14 décembre à 15 h 50 (en provenance de Tunis).

    Nous avons l’intention de nous rendre immédiatement à Rabat pour deux nuits, puis, le jeudi 16 décembre, de nous rendre à Fès pour une nuit, et enfin, le vendredi, de retourner à Casablanca pour le week-end. Certains membres de notre groupe rentreront chez eux le samedi ou le dimanche ; d’autres (dont je fais partie) prévoient de passer au moins un jour ou deux à Marrakech.

    Je pense que vous savez précisément ce que nous devons voir et qui nous devons voir. Mais je voudrais demander officiellement, au nom de notre délégation, la possibilité d’une audience avec Sa Majesté le Roi Mohammed VI – pour lui faire part directement de notre appréciation de l’engagement du Maroc en faveur de la paix. directement notre appréciation de la longue amitié du Maroc avec les États-Unis et le peuple juif, et juive, et pour obtenir son point de vue sur la voie à suivre pour la paix au Moyen-Orient. (Naturellement, je voudrais aussi remercier Sa Majesté pour l’honneur qu’Il m’a si gracieusement accordé l’année dernière).

    J’espère qu’il sera possible d’organiser un certain nombre de réunions/réceptions à Rabat – en utilisant pleinement toute la durée de notre séjour en ville. J’espère qu’il sera possible d’organiser un certain nombre de réunions/réceptions à Rabat – en utilisant pleinement toute la durée de notre séjour, du mardi 14 décembre en fin d’après-midi au jeudi 14 décembre au matin.

    Naturellement, j’espère vivement rencontrer Taieb et Yassine (que je regrette profondément d’avoir manqué à New York à la fin du mois dernier), ainsi que d’autres personnalités gouvernementales et politiques, et d’autres personnes que vous jugerez appropriées.

    Comme toujours, nous espérons explorer les questions de paix et de sécurité régionales, en abordant les efforts en cours pour renforcer l’infrastructure économique et sociale du Maroc dans sa lutte contre l’extrémisme, les perspectives de commerce et d’investissement du Royaume, ses réalisations en matière de développement social, d’énergie renouvelable et d’éducation (avec un accent particulier sur le statut des femmes), ainsi que sa tradition de tolérance et de diversité.

    Bien entendu, nous voudrons accorder toute l’attention nécessaire à la question du Sahara occidental.

    À Fès, j’espère que nous pourrons rencontrer le gouverneur local et/ou des chefs d’entreprise et d’autres personnalités de la société civile (et, bien sûr, faire du tourisme).

    À Casablanca, je chercherai à nouveau à collaborer avec Ahmed Charai pour organiser le type de table ronde que nous avons eu dans le passé, avec des personnalités du monde politique, des affaires et des médias – et peut-être aussi organiser une ou deux discussions séparées avec les médias, en plus d’une visite de la mosquée Hassan II.

    Et, certainement, nous passerons du temps avec Serge et d’autres membres de la communauté juive. J’attends avec impatience de pouvoir discuter de ce qui précède avec vous, à votre convenance – et d’une autre visite constructive et enrichissante dans votre ville. constructive et enrichissante dans votre magnifique pays. Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments les plus chaleureux.

    Sincèrement,
    Jason F. Isaacson

  • Mohammed VI serait rentré « précipitamment au Maroc le 16 juin »

    Mohammed VI serait rentré « précipitamment au Maroc le 16 juin »

    Maroc, Mohammed VI, Zakaria Moumni, Mounir El Majidi, justice française,

    L’ancien champion du monde de boxe thaï et ancien détenu politique au Maroc, Zakaria Moumni, affirme dans sa dernière vidéo que la soudaine infection du roi Mohamed VI par le Covid-19 serait en fait une « maladie diplomatique », un pretexte avancé par le souverain alaouite pour ne pas avoir à répondre à une « convocation de la justice française ».

    Il y a quelques jours, le journal français Le Monde avait annoncé que les avocatsfrançais de M. Moumni ont sollicité à la justice l’audition du roi afin qu’il « puisse confirmer qu’il a assisté aux interactions décrites par M. Moumni et/ou eu connaissance d’interactions entre MM. Moumni et Majidi », son secrétaire particulier, « préalables à son incarcération ».

    En 2010, Moumni avait été séquestré, torturé et incarcéré sur ordre du secrétaire particulier du roi.

    D’après Moumni, le roi serait rentré « précipitamment au Maroc le 16 juin » pour ne pas avoir à subir l’humiliation d’un interrogatoire.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=PtWfdG0oxdk&w=560&h=315]

    Source : Ali Lmrabet, 22 juin 2022

    #Maroc #MohammedVI # #ZakariaMoumni

  • Malgré les attaques, le roi du Maroc défend ses amis Azaitar

    Malgré les attaques, le roi du Maroc défend ses amis Azaitar

    Maroc, Mohammed VI, Azaitar, Makhzen,

    Les services de renseignement du Maroc attaquent un ami du roi: une guerre féroce au palais royal

    Une guerre fait rage au palais royal du Maroc, par presse interposée, opposant les services de renseignement à un ami du roi. La presse du Maroc fait état de ce qu’elle qualifié de déballage contre un ami du roi.

    Les échos de la chasse à l’homme arrivent aux médias occidentaux. Certains, par complicité avec sa majesté, ou avec ses adversaires, n’en parlent pas.

    D’autres, en parlent, dont le Middleeasteye. De mémoire de journaliste marocain, on n’avait jamais vu une chose pareille. Une furieuse campagne de presse, orchestrée par le régime, soutenue dans le temps et assurée d’une totale impunité judiciaire, avec comme seul but de se défaire d’un groupe de personnes, et particulièrement d’un jeune homme qu’on juge proche du roi, ecrit ce journal.

    « Durant le long règne de Hassan II, jamais une chasse à courre de cette envergure n’aurait pu être menée sans le feu vert du défunt souverain ou de son bras droit, le puissant ministre de l’intérieur Driss Basri », ecrit encore Middleeasteve.

    « L’histoire est la suivante. Depuis quelques années, des segments entiers du makhzen, surtout ses deux principaux services de renseignement, la DST (Direction générale de la Sûreté du territoire) et la DGED (Direction générale des études et de la documentation), mènent une course à bride abattue pour tenter de chasser de l’entourage direct du roi, Mohammed VI, celui qui est devenu depuis 2018 son principal ami », note le journal.

    En 2019, le mis en cause par la presse marocaine est allé en visite quasi officielle dans le territoire disputé du Sahara occidental, où la population l’a découvert en train de parader dans les rues de la ville de Laâyoune dans une voiture conduite par le wali de la région. Officiellement, il n’a aucune fonction au sein de l’administration marocaine, ecrit Middleasteve.

    Ce journal ecrit qu’ « il fut un temps où la presse marocaine, à commencer par sa principale agence de presse, la MAP (Maghreb Arab Press), tressait des lauriers à lapersonne aujourd’ hui incriminée. La présentant comme le symbole de la réussite marocaine à l’étranger.

    Aujourd’ hui et, d’après le journal Middleasteve, sur injonctions des services marocains, l’ami du roi est attaqué avec férocité par la presse marocaine.

    Ce qui prouve qu’une guerre a lieu au palais royal du Maroc, opposant les services à un ami du roi, explique Middleasteye.

    Mounir Abi

    AL24News, 21 juin 2022

    #Maroc #MohammedVI #Azaitar

  • Maroc : les châteaux et l’hôtel de 3 000 m2 du roi à Paris

    Maroc : les châteaux et l’hôtel de 3 000 m2 du roi à Paris

    Maroc, château, Betz, France, Paris, palais, Mohammed VI,

    Le roi du Maroc dont le pays est en effervescence, secoué par les nombreuses contestations dues à la détérioration des conditions économiques dont souffre le peuple de ce pays, est en vacances de luxe dans son château dans le département de l’Oise.

    Le roi du Maroc s’est envolé en juin pour la France dans le cadre d’un déplacement privé.

    Pour son premier déplacement en Europe depuis la fin de la crise du Covid-19, le roi du Maroc Mohammed VI a choisi de se rendre quelques jours en France, selon une information révélée par le site marocain Barlamane.


    Comme souvent lorsqu’il effectue un déplacement privé dans l’Hexagone, le souverain devrait poser ses valises dans son château de Betz, une petite commune située dans le département de l’Oise, au nord-est de Paris, note le magasine « Le Jeune Afrique ».

    Le château de Betz dans l’Oise, acheté par Hassan II, est un lieu de villégiature prisé par Mohammed VI.

    Le château de Betz dans l’Oise est l’une des résidences secondaires du roi du Maroc.

    Les médias notent que le roi du Maroc possède environ 34 palais au Maroc.

    La presse française a fait état en 2020 de l’achat par le roi du Maroc d’un hôtel particulier dans l’un des quartiers les plus chics de Paris : 1 600 m2 habitables et acheté via la société SCI Deschanel,dont Mohammed VI est actionnaire majoritaire, selon les informations du site Africa Intelligence.

    On évoque un prix de vente d’au moins 80 millions d’euros, mais la facture pourrait être plus importante, selon le réseau Belles Demeures de France, qui a eu le bien en mandat et a évoqué la vente au Figaro Immobilier.

    Il s’agit d’un hôtel particulier construit sous la Belle Époque, juste avant la Première Guerre mondiale, sur trois niveaux, avec un penthouse et une immense terrasse avec vue magistrale sur la tour Eiffel. Le bien comprend un total de 3 000 m2, dont 1 400 non habitables (parkings, locaux techniques…), avec une dizaine de chambres, une piscine, un spa, une salle de jeux et un jardin privatif de 300 m2 en plein Paris, note la presse française.

    Mohammed VI est l’un des monarques les plus riches du monde avec une fortune personnelle très opaque estimée à près de 6 milliards de dollars par le magazine Forbes en 2015.

    Ceci tandis que le peuple du Maroc est réprimé lorsqu’il opte pour les contestations pour exiger l’amélioration des conditions économiques et lutter contre la pauvreté.

    Le Maroc reste un pays où 6 millions de personnes vivent avec moins d’un euro par jour.

    Mounir Abi

    AL24News, 08 juin 2022

    #Maroc #MohammedVI #France #Betz #Chateau #Palais

  • Les 4 copains du roi Mohammed VI qui dirigent le Maroc

    Les 4 copains du roi Mohammed VI qui dirigent le Maroc

    Maroc, Makhzen, Mohammed VI, Fouad Ali El imma, Mounir Majidi, Yassine Mansouri, Abdellatif El Hammouchi,

    Les documents confidentiels révélés par le mystérieux hacker Chris Coleman ont mis en évidence une réalité déjà connue de tous : ce sont les copains de collège de Mohammed VI qui tirent les ficelles au Maroc. Une génération qui constitue un pur produit du Makhzen et dont il a hérité les méthodes de répression.

    Fouad Ali El Himma, né le 6 décembre 1962 à Marrakech, ami intime du roi Mohammed VI et son conseiller depuis décembre 2011. C’est lui le Ministre de l’Intérieur dans l’ombre. Grand connaisseur des ruages de la politique interne du Maroc grâce aux nombreuses fonctions qu’il a assumées au sein de ce ministère.

    Mohamed Mounir El Majidi, né le 19 janvier 1965 à Rabat, homme d’affaires marocain, secrétaire particulier du roi Mohammed VI depuis 2000 et président de la SIGER, la holding royale, depuis 2002. Il est le gardien de la fortune de Mohammed VI et ministre de l’économie dans l’ombre.

    Abdellatif Hammouchi, né à Fès en 1966, actuel directeur général de la Direction général de la sûreté nationale ( DGSN) ainsi que directeur de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) 

    Yassine Mansouri, né le 2 avril 1962 à Boujad, directeur du service de contre-espionnage (DGED) et véritable patron de la diplomatie marocaine.

    En 2010, Majidi et El Himma ont été cités par Wikileaks dans des scandales de corruption, un phénomène qui « s’est institutionnalisé sous le règne de Mohammed VI». Un télégramme du consulat américain à Casablanca évoque  » l’avidité consternante de ceux qui sont proches du roi Mohammed VI ». En 2014, le nom de Majidi est cité dans l’affaire de la Banque HSBC appelée Swissleaks et en 2016, dans le Panama Papers.

    El Himma et Majidi ont été aussi visés par le Mouvement 20 Février en 2011. 

    Ils sont intouchables. Ceux qui ont osé s’en prendre aux amis du Roi ont été malmenés par le Makhzen. En 2011, le quotidien arabophone « Al Massae », révèle que Fouad Ali El Himma, serait impliqué dans une affaire de corruption et de violation des règles d’octroi des marchés publics. Son directeur, Rachid Niny a été condamné le 9 juin 2011, par le tribunal de première instance à Casablanca à un an de prison ferme avec une amende de 1000 dirhams (environ 90 euros) pour « atteinte à la sécurité du pays et des citoyens ».

    Le 27 avril 2011, Rachid Niny a été arrêté par la police marocaine après que le procureur général du Roi à Casablanca l’ait accusé « d’atteinte à la sécurité du pays et des citoyens » suite notamment à des publications mettant directement en cause le directeur des services de renseignements marocains, Abdellatif al-Hammouchi, au sujet de l’existence d’un camp de détention et de torture secret basé dans la région de la ville de Témara3. L’existence de cette prison est un tabou pour le régime de Mohammed VI à cause du scandale des tortures perpétrées par la CIA contre des musulmans soupçonnés d’appartenir à Al-Qaida. La CIA a d’ailleurs confirmé l’existence de ce centre de torture dans un rapport de 6 600 pages rendu public en mai 2014.

    En janvier 2014, El Hammouchi, lors d’un séjours à Paris avec le ministre de l’intérieur marocain, est convoqué par la justice française suite à une plainte déposée par le citoyen franco-marocain Zakaria Moumni pour séquestration et torture à la prison secrète de Témara. Parmi ses bourreaux, il a déclaré avoir reconnu El Hammouchi. Pour manifester son mécontentement, le Maroc a convoqué l’ambassadeur de France à Rabat, Charles Fries et suspendu quelques jours plus tard la coopération judiciaire avec la France. 

    Les membres de l’équipe du Roi Mohammed VI sont tous de la génération des années 1960, à l’instar de la nouvelle star de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, un pur produit des services de Sdi Yassine, comme ils appellent Yassine Mansouri dans les documents confidentiels dévoilés par le dénommé Chris Coleman.

    Nasser Bourita est né le 27 mai 1969 à Taounate. Après avoir exercé depuis 2011 la fonction de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, il a été nommé en février 2016 ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération.

    L’équipe de Mohammed VI a fait du Sahara Occidental une cause sacrée, au détriment de la légalité et de la raison, faisant du Maroc un Etat presque hors-la-loi. 

    Dans le but de s’accaparer des alléchantes ressources naturelles de l’ancienne colonie espagnole, ils vont mener ce qu’un journal marocain se disant indépendant a appelé, non sans fierté, une nouvelle doctrine diplomatique. Pour lui donner un caractère offensif, la nouvelle diplomatie se base sur une stratégie de tension comme arme principale de lutte pour imposer la pseudo-solution d’autonomie pour le conflit du Sahara Occidental. Sa première cible est l’Algérie que Rabat accuse d’être l’obstacle à ses desseins expansionnistes. 

    Dans ce contexte, il y a lieu de citer:

    – Les attaques verbales du roi du Maroc en personne contre l’Algérie dans chacun de ses discours officiels 

    – La profanation du drapeau algérien au Consulat algérien de Casablanca, le 1er novembre 2013, par un nervi aux ordres du palais 

    – La multiplication d’incidents frontaliers 

    – L’agitation de la menace d’une confrontation armée avec l’Algérie pour impressionner la communauté internationale 

    – L’inondation du territoire algérien avec des milliers de tonnes de cannabis produit dans la région marocaine du Rif 

    – La création de sites hostiles tels qu’Algeria Times 

    – La création et financement du mouvement amazigh de Ferhat Mhenni 

    – La manipulation d’un mouvement terroriste (MUJAO) pour attaquer des objectifs algériens et enlever, en 2011, les 3 coopérants étrangers qui travaillaient à Tindouf. 

    – La manipulation des incidents de la communauté Mzab à Ghardaia. 

    – La multiplication des attaques cybernétiques 

    – La dystillation de messages accusant l’Algérie de manipuler Al Qaida en vue de s’attaquer au Maroc (emails envoyés à Hillary Clinton et dévoilés par Wikileaks) 

    – Des publications hostiles apparues aux Etats-Unis via des lobbies financés par le Maroc: le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), Think Tank Républicain Center for the National Interest, Foreign Policy Research Institute 

    – Financement de lobbies en France : les journalistes Vincent Hervouet, Mireille Duteil, José Garçon, Dominique Lagarde, etc 

    Au niveau régionale:

    – Transmettre à l’opinion publique américaine que le Front Polisario avait des connexions avec le «terrorisme djihadiste. Le journaliste américain Richard Miniter a reçu la faramineuse somme de 60.000 dollars pour un article paru au New York Times. 

    – Les faux reportages de Vincent Hervouet sur TF-1 et iTélé. 

    – Le recrutement de collaborateurs dans les médias mauritaniens pour dénigrer le Front Polisario et l’Algérie. Parmi eux, le nom le plus important est celui de Abdallahy Ould Mohamedi, directeur du groupe mauritanien Sahara Media 

    – Le recrutement de Serge Daniel, correspondant de l’AFP et RFI à Bamako pour accuser le mouvement sahraoui d’accointances avec les terroristes de l’Azawad. 

    – Accuser le Front Polisario de fournir des combattants pour défendre Gadhafi et l’Algérie de leur founir le moyen de transport. 

    – Recrutement d’un ancien policier sahraoui, Moustpha Selma, pour semer la confusion 

    – Accuser le mouvement sahraoui de dévier les aides humanitaires 

    – L’envoi de centaines de resortissants marocains en Lybie pour rejoindre Daech et dont le transit se faisait par l’Algérie 

    – Le financement du terrorisme avec l’argent de la drogue qui provient du Maroc (haschich) et qui transite par le Maroc (cocaine provenant de l’Amérique Latine). 

    – La formation de 5000 jeunes marocains pour mener le cyber-terrorisme contre le Polisario et l’Algérie 

    Au niveau internationale :

    – Recrutement de journalistes et personnalités qui agissent pour donner une fausse image du Maroc 

    – Confrontation directe avec ses anciens alliés : France, Etats-Unis, Union Européenne 

    – Confrontation avec l’ONU : attaques contre le Secrétaire Général de l’ONU et son Envoyè Personnel pour le Sahara Occidental, Christopher Ross. 

    – Manipulation de la communauté marocaine en Europe en vue de s’imposer comme allié indispensable dans la lutte contre le terrorisme. 

    – Presser ses salafistes pour les pousser à rejoindre les rangs de Daech 

    – Corrompre des fonctionnaires de l’ONU dans le but d’empêcher l’ONU de rapporter sur la situation des droits de l’homme au Sahara Occidental et dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf. 

    – Attaquer les journalistes français Eric Laurent et Catherine Graciet pour empêcher leur nouvelle publication sur le roi du Maroc et venger le régime de leur anciens ouvrages sur le royaume alaouite. 

    Au niveau interne :

    – Maintenir dans le pays une tension basse mais permanente afin de justifier son maintien au pouvoir

    – Sévir contre quelques-uns pour que les autres rentrent dans le rang (Rachid Nini, l’historien et journaliste marocain Maâti Monjib, etc) 

    – Le harcèlement et la punition de ses opposants : De nombreux militants du Mouvement 20 février ont été assassinés. Khalid Gueddar a échappé de justesse à une agression au couteau près de son domicile à Rabat, cambriolage du local de l’AMDH, le lynchage de l’actrice Loubna Abidar, les attaques contre les étudiants sahraouis dans les universités. 

    – La barbouzerie : menaces et insultes téléphoniques en pleine nuit, intimidations, etc 

    – Eliminer tous les supports de la presse réellement indépendante. 

    – Travestir la vérité avec l’adoption de la mythomanie comme stratégie permanente au niveau intérieur et extérieur. 

  • Maroc: Le Makhzen veut virer la « nouvelle famille » du roi

    Maroc: Le Makhzen veut virer la « nouvelle famille » du roi

    Maroc, Mohammed VI, Makhzen, Azaitar, frères Azaitar,

    LES FRÈRES AZAITAR SOUS LES PROJECTEURS
    L’appareil d’État marocain lance une campagne de défenestration de la « nouvelle famille » de Mohammed VI
    Son objectif déclaré, via la presse, est de sauver une monarchie en voie de décomposition suite au quasi-enlèvement de Mohammed VI par les frères Azaitar, qui vivent dans le palais et le contrôlent.

    Les frères Azaitar organisent les audiences de Mohammed VI au palais royal avec ses conseillers, les responsables de la sécurité et même sa propre famille. Ce sont eux qui décident du début et de la fin des réunions de Sa Majesté. Le père de cette confrérie, des Marocains immigrés en Allemagne et revenus au pays, monte parfois sur le muezzin de la mosquée du palais, Dar al Makhzen, et de là appelle à la prière à la place de l’imam, selon des sources familières de la vie de la famille royale marocaine. C’est la face cachée de la vie de palais aux yeux des Marocains. Mais il y a une autre facette qui se révèle depuis plus d’un an, portée par l’hyperactivité des Azaitars sur les réseaux sociaux et les incidents qu’ils ont provoqués en public avec de simples Marocains ou même avec des officiels ; mais surtout diffusée par la presse favorable aux autorités, consacrée à la dénonciation de leurs abus et de leurs crimes présumés. Et qui sont les Azaitars ? Abubakr, Omar et Ottman sont trois jeunes Allemands d’origine marocaine qui ont grandi à Cologne, où leurs parents ont émigré du Rif. Deux d’entre eux ont un casier judiciaire. Le 20 avril 2018, le monarque les a reçus en audience pour féliciter deux d’entre eux pour leur succès dans les arts martiaux mixtes (MMA). Il y a tout juste un mois, le magazine espagnol « ¡Hola ! » avait annoncé son divorce avec Lalla Salma.

    C’est une histoire d’amour instantanée, surtout avec Abubakr, au point que le roi et les frères sont devenus inséparables. Ils vivent tous au palais, ont représenté le monarque lors de fonctions officielles – comme lors d’un événement à Laayoune en novembre 2019 – et sont partis en vacances avec lui, des Seychelles à l’estuaire de la Pointe Denis (Gabon), où le roi a une résidence ; sans oublier une croisière en Méditerranée occidentale à bord du yacht Al Lusali, qui leur a été prêté par l’émir du Qatar. Au trio initial se sont ajoutés, depuis le début de l’année, une douzaine de membres de la famille Azaitar d’Allemagne, qui vivent désormais aussi aux frais du monarque. Parmi eux, les parents – celui qui est déterminé à remplacer l’imam du palais – et le frère aîné Khaled, ainsi que quelques neveux et même Douzy, un vieil ami de la famille. « C’est une réalité qui dépasse l’imagination des scénaristes les plus fantaisistes d’Hollywood », affirme, en français et en arabe, le journal numérique « Hespress », le plus lu au Maroc.

    Pendant trois ans, la « nouvelle famille » inhabituelle du monarque a été tacitement tolérée par les autorités. Mais depuis le dernier week-end de mai, une campagne sans précédent contre les Azaitars a été déclenchée au Maroc. Elle implique des médias ayant un poids politique dans le pays, de « Hespress » à « Barlamane », le journal de l’appareil sécuritaire, en passant par le sensationnel « Goud », l’hebdomadaire « Al Ousboue » – le journal le plus vendu – et même Chouf TV, une chaîne de télévision en ligne considérée comme liée aux services secrets. En plus des médias conventionnels, une série de vidéos circulent sur les réseaux et les groupes de messagerie. Il s’agit d’une opération médiatique bien coordonnée, truffée d’attaques contre l’entourage du roi et l’inaction de certaines autorités, et inspirée par certains conseillers royaux, des chefs de police en vue et les services secrets, à en juger par l’impunité avec laquelle ses auteurs formulent leurs critiques et l’écho qu’elles ont dans les médias audiovisuels proches des bas-fonds du pouvoir d’État comme Chouf TV. Les instigateurs étaient Fouad Ali el Himma, le principal conseiller royal, et Abdellatif Hammouchi, le chef de la police conventionnelle et secrète (Direction générale de la surveillance du territoire), qui, selon des sources au fait de la situation, ont été rejoints par d’autres hauts fonctionnaires préoccupés par l’orientation de la vie au palais.

    Au printemps de l’année dernière, il y a déjà eu un premier signe du malaise généré par les frères dans certains cercles de la haute administration, lorsqu’une autre campagne bilingue a été développée dans laquelle plusieurs journaux ont critiqué la passion des Azaitars pour le luxe et leur étalage sur les réseaux sociaux de montres et de voitures coûtant des centaines de milliers d’euros alors que le pays était appauvri par la pandémie. Les médias ont ensuite laissé entendre que ces cadeaux étaient le fruit de la « générosité » du souverain, mais sans entrer dans les détails. Cependant, l’opération actuelle est beaucoup plus virulente que la précédente.

    « Pire que Franco ».

    Depuis 10 jours, les journaux ont fait un saut qualitatif, pointant directement du doigt les entreprises des Azaitars. Dans la marina de Salé, à côté de Rabat, où ils ont ouvert quelques restaurants, « les frères ont battu un record d’infractions urbanistiques », affirme « Barlamane », considéré comme la voix médiatique de la sécurité d’État. Pendant ce temps, à Marina Smir, à Ricón, une ville côtière proche de Ceuta, ils sont accusés d’appropriation du domaine public maritime pour avoir voulu s’approprier une grande partie de la plage pour y installer un restaurant. « L’occupation de la plage de Marina Smir est pire que les actions du général Franco » à l’époque de la colonisation espagnole du Maroc, écrit « PressTetouan », un journal numérique de Tétouan, l’ancienne capitale du protectorat, en précisant l’hostilité de la population locale à « l’expropriation » de la plage.

    Là encore, c’est la « générosité » du souverain alaouite qui permet aux Azaitars de monter ces affaires dont les autorisations sont parfois accélérées par des appels du cabinet royal aux gouverneurs de province, aux responsables de l’urbanisme ou au fonctionnaire de service, selon les médias marocains. Scandale : le gouverneur de Castillejos fait pression oralement sur Amendis pour qu’elle fournisse de l’eau et de l’électricité au projet d’Abu Azaitar », titrait « Goud » le 31 mai, rappelant que l’entreprise résistait parce qu’elle ne disposait pas des documents nécessaires. Deux jours plus tôt, « Hesspress » avait fustigé « les conseillers proches » du monarque, « les services de sécurité » et le ministère de l’intérieur, « dont l’immobilisme met en cause la fermeté affichée sur certains autres dossiers alors qu’il y a un « laisser-faire » face aux excès de la confrérie ». Ils ont « un double standard pour lequel ils devront un jour rendre des comptes », prédit le journal.

    Des médias aux tribunaux

    Signe de la campagne frontale menée contre les frères, on assiste pour la première fois à une réaction qui va au-delà de la simple dénonciation journalistique. Lhabi Mohamed Haji, un avocat de Tétouan qui dirige une petite association de défense des droits de l’homme ayant de bonnes relations avec les autorités, s’est rendu à Rabat la semaine dernière pour déposer une plainte contre le gouverneur de Castillejos devant le tribunal administratif pour avoir autorisé ces dérives urbanistiques sur la côte. Haji, qui demande l’annulation des permis accordés aux Azaitars, a été interviewé par Chouf TV, signe que son initiative est soutenue par les services secrets. La presse annonce également un flot de poursuites judiciaires contre la fraternité et ceux qui détournent le regard lorsqu’ils commettent les crimes allégués.

    Aux yeux des courtisans, il y a quelque chose de plus grave que les prétendues constructions illégales et l’invasion du domaine public. Dans la salle où s’entraînent les Azitars à Rabat – bien qu’ils ne soient plus en compétition – ils ont accroché « le portrait de Mohammed VI avec, à sa droite, celui d’Abubakr Azaitar, à la place de feu le roi Hassan II » et, à gauche, « celui d’Ottman Azaitar, à la place de celui du prince héritier Moulay Hassan », rapporte « Hespress ». « Les frères Azaitar sont-ils devenus des membres de la famille royale ? », s’interroge le quotidien. « Les frères Azaitar ont aujourd’hui plus de visibilité que le roi », déplore-t-il. À l’emplacement des portraits s’ajoute l’utilisation des armoiries royales du Maroc, adoptées en 1957, que les frères utilisent sur les T-shirts, les baskets, les gants de boxe et, surtout, dans leurs entreprises, à commencer par leurs restaurants. « L’image du trône est exploitée par les Azaitars », accuse « Hespress ». « Avec les frères Azaitar, le blason est devenu une marque, comme celle des grands créateurs de mode ou des grosses voitures qu’ils aiment tant », ajoute-t-il.

    Nous devons agir maintenant

    « Nous sommes à la fois intrigués et impatients de savoir où ce jeu de rôle des Azaitars va nous mener », poursuit le principal quotidien marocain. « Ils contribuent à la banalisation des symboles de la monarchie et rendent ainsi le mythe moins fort, moins présent et moins ancré dans la réalité », ajoute le document. « De là à conclure que l’autorité royale est affaiblie, il n’y a qu’un pas que les détracteurs du régime n’auront aucun mal à franchir pour désacraliser la figure du monarque », prévient-il. « C’est une décomposition dont tout le monde parle en privé », conclut-il.

    Pour éviter que le trône ne soit menacé, il faut agir dès maintenant, estime « Hespress ». « Leurs privilèges, abus et violations de la loi devraient être repris par les autres médias [les radiodiffuseurs publics les ont ignorés] et donner lieu à des enquêtes judiciaires et des mesures administratives », conclut-il. Si la campagne de presse de 2021 visait probablement à convaincre – sans succès – Mohammed VI de se passer volontairement de ses nouveaux amis pour éviter de porter atteinte à l’institution monarchique, celle qui vient de débuter donne l’impression de chercher à créer une atmosphère propice à une action contre les Azaitars par les forces de sécurité et les services secrets, selon des diplomates accrédités à Rabat et d’autres observateurs de l’actualité marocaine.

    Expulsion ou emprisonnement ?

    Comment s’en débarrasser ? Le 25 janvier 1983, le général Ahmed Dlimi, l’un des hommes les plus puissants du Maroc et un acteur très gênant pour Hassan II, est tué dans un mystérieux accident de la route avec un camion. Mais ces méthodes ne sont plus applicables aujourd’hui. Parmi les élites marocaines – les Azaitars font parler d’eux depuis des mois – on spécule sur deux options. La première est qu’ils devraient être expulsés du pays vers l’Allemagne, où la plupart d’entre eux sont nés. Cependant, un tel départ pose un problème juridique car ils possèdent tous la nationalité marocaine, qui ne se perd pas même s’ils acquièrent une autre nationalité. Depuis septembre 1991, le Maroc n’a expulsé aucun de ses ressortissants.

    L’autre option serait d’arrêter, d’emprisonner et de juger ces frères qui seraient impliqués dans des affaires louches, qui auraient bafoué la loi et qui auraient commis des agressions physiques en se promenant dans la ville. L’inconvénient de cette option est que le souverain lui-même pourrait apparaître en prison et ordonner leur libération. Si le palais a pris des mesures pour faciliter leurs transactions commerciales, que ne ferait-on pas pour les libérer, demandent les observateurs de ce drame de palais. Malgré l’absence d’un roi absorbé par sa vie privée, le Maroc reste un pays solidement gouverné et sa diplomatie fonctionne. Preuve en est l’habileté avec laquelle elle a mené les négociations avec le gouvernement espagnol pour mettre fin à la crise qui a débuté en décembre 2020 avec l’annulation par Rabat d’un sommet bilatéral avec l’Espagne. Les autorités marocaines ont réussi à obtenir du président Pedro Sánchez qu’il renonce à 47 ans de neutralité espagnole dans le conflit et s’aligne sur le Maroc au sujet du Sahara occidental. En contrepartie, il n’a obtenu jusqu’à présent guère plus qu’une reprise du trafic de passagers à travers le détroit de Gibraltar, auquel Rabat était plus intéressé que le gouvernement espagnol, et de nombreuses déclarations de bonnes intentions.

    El Confidencial, 07 juin 2022

    #Maroc #MohammedVI #Azaitar #Makhzen

  • Les frères Azaitar : une vie de luxe au côté du roi du Maroc

    Les frères Azaitar : une vie de luxe au côté du roi du Maroc

    Maroc, Mohammed VI, Azaitar

    La couronne et les gangsters

    Ferraris, montres de millionnaire et combats d’UFC. C’est ainsi que les frères boxeurs, amis du monarque Mohamed VI, vivent leur vie.
    Les amitiés sont un trésor, et encore plus si elles sont couronnées. Les frères Azaitar appliquent ce dicton à la lettre depuis qu’ils ont rencontré le monarque lors d’une audience à Rabat le 20 avril 2018. Depuis lors, les lutteurs et le chef de la dynastie alaouite sont devenus inséparables. Ils vivent dans le palais, voyagent ensemble et organisent la vie politique et familiale de Mohamed VI.

    Conséquence : l’émoi provoqué par ce trio d’amis, qui affiche sa vie luxueuse sur les réseaux sociaux. L’appareil d’État marocain, à travers la presse nationale, a lancé une campagne pour mettre fin à cette relation qui défenestre la couronne.

    Abu Bakr Azaitar, surnommé le gladiateur, a la relation la plus étroite avec Mohammed VI. Le combattant d’arts martiaux mixtes est le premier Marocain à signer un contrat pour combattre dans l’UFC (Ultimate Fighting Championship), une organisation d’arts martiaux qui accueille la plupart des combattants les mieux classés de ce sport et produit des événements dans le monde entier, amassant des fortunes considérables pour l’organisation et ses membres.

    L’autre frère, Ottman, de quatre ans son cadet, a suivi les traces de son aîné et est devenu un combattant de l’UFC. Il détient treize victoires pour zéro défaite dans le championnat. Enfin, le jumeau d’Ottman, Omar, est celui qui forme ses deux frères et partage avec eux gloire, fortune et relations privilégiées.

    Ce sont les exploits des Azaitars sur la scène des arts martiaux qui les ont conduits – tous les trois – à rencontrer, lors d’une audience en 2018, Mohammed VI et, depuis, ils partagent une vie commune. On les voit souvent ensemble en train de profiter de voyages, de promenades en voitures de sport de luxe et d’une vie débridée sur les médias sociaux, comme en témoignent les journaux du pays d’Afrique du Nord. Cela a déclenché des signaux d’alarme au sein du pouvoir marocain, car les actions indisciplinées des frères Azaitar ces dernières années les ont amenés à se croire intouchables. Ces frères ont provoqué de nombreuses altercations, controverses et scandales dans lesquels le monarque a été impliqué. Et maintenant, ils cherchent à tout prix à démanteler la famille de substitution pour laquelle le roi a remplacé son ex-femme, Lalla Salma. Le journal El Confidencial a été le premier à faire état des problèmes entre la couronne et les Azaitars le 7 juin.

    LES CONTROVERSES DES AZAITAR

    Depuis 2020, les journaux les plus importants du Maroc ont enregistré les nombreux méfaits et abus de pouvoir des frères. Le premier à être signalé est le vol du chien d’Abu Azaitar, qui a mobilisé des dizaines de policiers pour le rechercher, ce qui montre un traitement favorable de la part des forces de sécurité.

    Mais après ça, personne ne les a arrêtés. Un scandale à l’hôpital, alors que sa portière était garée à l’entrée, criant sur les médecins. Un test positif aux anabolisants et un autre combat, cette fois en dehors de l’octogone, avec un serveur pour avoir sauté la file d’attente, sont quelques exemples de l’impudeur des frères, en dehors des nombreuses incidences liées au non-respect du règlement sur les covides.

    L’apparition continue dans les médias de ses excès a conduit à une tentative de campagne de nettoyage de son image, par des gestes charitables et des actions sociales. Mais cela n’a convaincu personne.

    L’HISTOIRE DES FRÈRES

    Les frères Azaitar sont trois jeunes hommes nés à Cologne (Allemagne), d’une famille de Rifis qui a émigré dans ce pays européen. Deux des frères ont un casier judiciaire en Allemagne, lié à des vols, des extorsions, des violences et d’autres crimes.

    On ne sait pas grand-chose d’autre sur l’histoire des frères, si ce n’est les publications constantes sur leurs réseaux sociaux dans lesquelles ils partagent leurs combats et la vie de luxe dont ils jouissent sans retenue.

    El Periódico de España, 09 juin 2022

    #Maroc #MohammedVI #Azaitar

  • El Confidencial: Le roi du Maroc n’a pas été reçu par Macron

    El Confidencial: Le roi du Maroc n’a pas été reçu par Macron

    Maroc, Mohammed VI, Emmanuel Macron, espionnage, Pegasus,

    IL N’A PAS ÉTÉ REÇU PAR MACRON
    L’amer voyage de Mohamed VI à Paris : Macron ne le reçoit pas et contracte le covide
    Le monarque alaouite est en vacances dans la capitale française depuis 15 jours. Il profite du palais qu’il a acheté il y a deux ans pour 80 millions d’euros.

    Mohammed VI du Maroc « a contracté une forme asymptomatique du coronavirus », a annoncé jeudi dans un communiqué le professeur Lahcen Belyamani, médecin personnel du monarque. Le médecin lui a prescrit une période de repos de quelques jours, selon le professeur Belyamani. « Que Dieu préserve Sa Majesté le Roi, lui accorde un prompt rétablissement et le comble des bienfaits de la santé », conclut le texte, sans préciser où se trouve le souverain marocain. Il est en vacances à Paris depuis le 1er juin, selon les médias marocains. C’est la première fois que la presse marocaine fait état d’un voyage privé du monarque en France.

    Mohamed VI est à Paris depuis plus de deux semaines et n’a pas encore été reçu par le président Emmanuel Macron. Jusqu’à présent, les chefs d’État français avaient l’habitude d’accorder une audience au palais de l’Élysée au roi du Maroc, peu après son arrivée à Paris pour une visite privée. Macron semble traîner les pieds parce qu’il reste fâché depuis un an avec le Maroc et ses services secrets, qui ont implanté le logiciel malveillant Pegasus sur quelque 1 000 téléphones portables français, à commencer par le sien et ceux de 14 de ses ministres, comme l’a révélé en juillet dernier Forbidden Stories, un consortium de 17 médias.

    Le roi s’est rendu à Paris, accompagné de ses amis experts en arts martiaux, les frères Azaitar, pour quelques jours de vacances et aussi pour voir sa mère, Lalla Latifa, 77 ans, qui est hospitalisée. Depuis 2018, le monarque n’était pas revenu à Paris, même si en juillet 2020, au plus fort de la pandémie, il avait acheté un palais près de la Tour Eiffel pour 80 millions d’euros. Il y séjourne désormais ainsi qu’au château de Betz, propriété de la famille royale marocaine, dans l’Oise, à 75 kilomètres au nord-ouest de Paris.

    C’est le deuxième congé que Mohammed VI prend cette année. De fin février à fin mars, juste avant le début du Ramadan (mois de jeûne musulman), le monarque était dans sa résidence de Pointe Denis, sur l’estuaire du Komo (Gabon). C’est là qu’il a donné son approbation au communiqué royal, publié le 18 mars, qui reprend des extraits de la lettre du président Pedro Sánchez, dans laquelle il apporte son soutien à la solution préconisée par le Maroc pour résoudre le conflit du Sahara occidental.

    Depuis le début de la pandémie en mars 2020, le monarque alaouite a pris de nombreuses précautions pour tenter de ne pas être infecté. Sa santé est délicate. À deux reprises, en février 2018 et en juin 2020, il a été opéré avec succès pour des arythmies cardiaques. La première opération a été réalisée à Paris, mais la seconde a eu lieu dans le bloc opératoire du palais royal de Rabat, au plus fort de la pandémie. Elle a été réalisée par une équipe de médecins français et marocains.

    El Confidencial, 17 juin 2022

    #Maroc #MohammedVI #Malade

  • Maroc : Momo 6 passé au vitriol

    Maroc : Momo 6 passé au vitriol

    Maroc, Mohammed VI, Le Grand malentendu,

    Un livre au vitriol sur les dix ans de règne de Mohammed VI, signé par le cofondateur du plus grand hebdo marocain. Savoureux menu… Encore un peu relevé par le refus du Journal Hebdomadaire d’en publier les bonnes feuilles.

    Les plumitifs du royaume enchanté qui se vouent aveuglément à la défense de Mohammed VI et du makhzen marocain ne pourront pas crier à l’ingérence étrangère. Cette fois, c’est un journaliste marocain qui s’attaque à la citadelle royale.

    Co-fondateur avec Aboubakr Jamaï du grand hebdo indépendant Le Journal Hebdomadaire, Ali Amar, 42 ans, publie ce mercredi chez Calmann-Lévy, Mohammed VI, le grand malentendu.

    Peu amène, cet ouvrage tire le médiocre bilan des dix premières années de règne du fils de Hassan II et passe en revue différentes affaires qui ont égayé les débuts du jeune souverain : les petits week-ends en amoureux de Nicolas et Carla Sarkozy chez un Mohammed VI qui a mis à leur disposition son « petit palais de Jnane Lakbir, niché dans la Palmeraie » de Marrakech, le renvoi de l’ancien ministre de l’Intérieur Driss Basri, l’assassinat du maître-chanteur Hicham Mandari, la pittoresque affaire de Talsint où le roi a cru que l’on avait trouvé du pétrole au royaume enchanté… Mais aussi des descriptions précises des dérives de l’entourage du monarque, sans oublier Lalla Selma, la rousse épouse de Mohammed VI. Bonnes feuilles.

    Psychodrame au Journal Hebdomadaire

    Grosse surprise dans les kiosques marocains le vendredi 24 avril. Les bonnes feuilles du livre d’Ali Amar qui devaient figurer dans le Journal Hebdomadaire n’y sont pas. Alors que le tout Rabat-Casa jase sur le pourquoi du comment de cette absence, Bakchich a joint les différents protagonistes de cette affaire qui livrent leur version des faits.

    Omar Brouksy, rédacteur en chef du Journal Hebdomadaire : « Il était prévu de passer des bonnes feuilles du livre d’Ali Amar ainsi qu’une interview de l’auteur que nous avons réalisée. Puis Fadel Iraki (principal actionnaire du Journal Hebdomadaire) et Aboubakr Jamaï (co-fondateur du Journal et ancien directeur de la publication) m’ont téléphoné et m’ont dit que si c’était un livre sur le régime, l’un des principaux acteurs de l’ouvrage était le Journal Hebdomadaire. Ils m’ont dit que des gens leur (aux responsables du Journal) avait fait confiance en leur racontant des choses en “off” et que ces choses se retrouvaient maintenant dans le livre d’Ali Amar. Mais aussi que si le Journal publiait les bonnes feuilles, cela revenait à cautionner cette méthode de faire. J’étais libre de publier ou non les bonnes feuilles et j’ai pris la décision de consulter la rédaction. Après débat, nous avons alors décidé de ne rien sortir ».

    Aboubakr Jamaï, co-fondateur du Journal Hebdomadaire et ancien directeur de la publication qui réside aujourd’hui aux Etats-Unis : « J’ai fortement recommandé la non-publication des bonnes feuilles du livre d’Ali Amar dans le Journal Hebdomadaire. Je ne voulais pas prendre position maintenant car il y avait des problèmes d’angle éditorial. On a reçu le livre trop tard pour réagir proprement. »

    Ali Amar, co-fondateur du Journal Hebdomadaire, ancien directeur général et auteur de l’ouvrage Mohammed VI, le grand malentendu : « Jamais je n’ai pensé que l’on me ferait ce que l’on me fait en me jetant dans la fosse aux lions. Jamais ! Je n’ai pas lâché les sources qui nous avaient révélé des informations. Je témoigne de choses que j’ai vécues personnellement. C’est différent. C’est par exemple le cas de l’épisode où Aboubakr et moi rencontrons Edwy Plenel alors directeur de la rédaction du Monde, à Paris. Plenel ne s’était pas exprimé sous le sceau du secret et, pendant l’écriture du livre, j’ai téléphoné à Aboubakr pour vérifier avec lui que Plenel nous avait bien dit à tous les deux qu’André Azoulay (conseiller de Hassan II puis de Mohammed VI) avait bien dit du jeune roi que le Monde voulait interviewer : « n’y pensez pas, Edwy, ce jeune homme est ingénu. ».

    Voilà qui promet de beaux débats dans les jours qui suivent…. La question est maintenant de savoir comment le Journal traitera du livre (ou ne traitera pas) de son co-fondateur et ancien directeur général. La réponse sans doute le vendredi 1er mai.

    Très riche roi des pauvres

    D’emblée, Ali Amar dresse un portrait carabiné du roi Mohammed VI et de son penchant pour la fête avec les people.

    « Samedi 2 novembre 2002 à Marrakech. C’est le pic de saison pour La Mecque du tourisme marocain après les longs mois d’accalmie qui ont suivi le 11-septembre, mais les hôteliers et les restaurateurs font grise mine. Sur ordre des autorités, comme à l’accoutumée, tous les débits de boisson baissent leur rideau aux musulmans : dans quelques jours c’est ramadan. Un tunnel d’un mois qui grève leur chiffre d’affaires, surtout lorsque le calendrier de l’Hégire le fixe en automne.

    Vers 21 h 30, pourtant, à un jet de pierre du célèbre palace La Mamounia, dans la rue qui abrite Le Comptoir, un lounge-bar à la mode, l’ambiance n’est pas à la piété. De rutilantes limousines escortées de motards, tous gyrophares tournoyants, déversent dans un ballet incessant près de 300 convives aux portes de ce haut lieu de la vie nocturne marrakchie.

    Ce soir, la jet-set internationale est invitée par P. Diddy, la star du rap américain, qui a choisi le Maroc pour souffler ses 33 bougies. Sont arrivés à bord de deux avions spécialement affrétés de New York et de Paris par la Royal Air Maroc : Naomi Campbell, Ivana Trump, Tommy Lee Jones, Joey Starr ou encore Gérard Depardieu. De nombreux artistes de la scène musicale new-yorkaise dont les chanteurs Usher ou Billy Crawford ont également fait le déplacement pour trois jours et trois nuits de libations à l’orientale. Coût de l’anniversaire : un million de dollars, selon la très people « Page Six » du New York Post et le tabloïd anglais The Sun, qui affirmeront que la somme pour régler la note salée provenait de la cassette personnelle de Mohammed VI.

    L’information est relayée par toutes les gazettes mondaines de la planète et devient vite incommodante pour le jeune roi que l’on voit à la veille du mois sacré distribuer lui-même, à grand renfort de propagande, la soupe populaire aux nécessiteux du royaume. L’humoriste franco-marocain Jamel Debbouze, ordonnateur de ces soirées dignes des Mille et une nuits, est appelé à la rescousse.

    Il dira benoîtement qu’il a organisé lui-même ces festivités à travers Kissman Events, la société d’événementiel qu’il a créée au Maroc à cette occasion. Plus cocasse encore, son agent Jean-Pierre Domboy affirmera qu’en réalité l’opération n’a été possible que « grâce à une conjonction de partenaires comme l’office marocain du tourisme, la compagnie Royal Air Maroc, de grands palaces de Marrakech, ainsi que la chaîne de supermarchés Marjane ». Une bien fortuite conjonction de grandes entreprises publiques et de l’enseigne de grande distribution qui appartient à un holding royal.

    Toujours est-il qu’officiellement, le roi Mohammed VI n’a en aucun cas offert quoi que ce soit sinon, toujours selon l’agent de Jamel Debbouze, « l’utilisation d’une quinzaine de voitures avec chauffeurs, attachés au Palais ». L’intention de Jamel, « qui s’implique de plus en plus dans la promotion de l’image de son pays d’origine, était de faire découvrir à P. Diddy et à ses amis américains la beauté du Maroc, le sens de l’hospitalité et de la fête de ses habitants et surtout de leur montrer qu’un pays musulman pouvait être tout à fait fréquentable ».

    En réalité, le rétropédalage de Debbouze cache mal la gêne du Palais qui s’efforce depuis l’accession de Mohammed VI au trône en 1999, de façonner au souverain une image de « roi des pauvres » en rupture avec la magnificence médiévale de Hassan II. Des photos de paparazzi parues dans la presse, qui le montraient, alors prince héritier en jean et baskets, un paquet de Marlboro à la main, faisant ses emplettes dans les beaux quartiers de Paris, avaient déjà valu à sa garde rapprochée de sévères remontrances. Les débuts de son règne semblaient pourtant confirmer cette volonté du jeune roi de vivre au diapason de son peuple : plus modestement. »

    (…)

    « le train de vie de sultan des temps modernes mené par Mohammed VI ne peut plus être tenu secret. Chaque année, le budget de l’État alloué à la monarchie s’élève à près de 300 millions d’euros. On y décompte les « listes civiles » qui comprennent notamment le salaire du chef de l’État (environ 36 000 euros par mois) ainsi que les indemnités que perçoit sa famille proche dont le détail reste confidentiel, atteignant 2,5 millions d’euros par an.

    Cependant, l’essentiel des dépenses du monarque provient d’à-côtés budgétaires pharaoniques destinés à entretenir sa cour et ses proches collaborateurs (un millier de salariés qui n’engloutit pas moins de 160 millions d’euros chaque année). Des rallonges qui sont prestement votées par consentement tacite des élus de la Nation au pouvoir bien limité.

    Le budget de fonctionnement de la maison royale – réparti en frais de personnel, frais de bouche, frais de déplacement, de téléphone, d’entretien des palais et de subventions diverses – représente plus de 2 % des dépenses totales de l’État. Il a augmenté de plus de 40 % depuis 2000. Il dépasse l’enveloppe allouée à la Justice, par exemple, et représente plus de vingt-cinq fois celle du Premier ministre et de son cabinet, réduit à la portion congrue et de facto à la figuration.

    Les dépenses somptuaires du Palais, décuplées par le grand apparat de son protocole, atteignent des sommets pour chacune des coquetteries voulues par le roi. Mohammed VI dilapide par exemple 40 millions d’euros par an en frais de voyages, 1 million pour la nourriture des animaux du Palais, 6 millions pour le renouvellement de son parc automobile, près de 2 millions en dépenses vestimentaires chez les grands couturiers comme Gianfranco Ferre ou des stylistes en vogue comme Holland and Sherry, qui a annoncé en 2008 sur le site stv.tv que le roi faisait partie des 18 personnalités à lui avoir commandé l’habit le plus cher au monde : un costume en laine de lama des Andes pour la coquette somme de 35 000 livres sterling. La marque qui habille les grandes stars comme George Clooney et Tom Cruise précisait que le vêtement de Mohammed VI nécessitait un travail de dix-huit mois pour sa confection.

    Des chiffres qui donnent évidemment le vertige dans un pays où le salaire minimum ne dépasse pas les 200 euros. »

    Les deux têtes de Janus

    Au menu de ce chapitre, la description des relations entre deux personnalités proches de Mohammed VI : les sieurs Fouad Ali el Himma et Mounir Majidi. Les deux hommes se livrent un combat de titans pour le pouvoir et l’oreille du souverain.

    « Depuis que Mohammed VI est roi, les parcours fulgurants des deux hommes résument à eux seuls la « nouvelle ère ». Deux personnalités, devenues en dix ans les plus influentes du Maroc, qui n’ont presque aucun point en commun, sinon celui de vouloir être au plus près de Sa Majesté. Ils personnalisent deux archétypes de cette « Génération M6 », mais surtout deux versants d’un même pouvoir, dont le roi a lui-même tracé les contours : El Himma à la politique et à la sécurité en tant que ministre délégué de l’Intérieur, Majidi au business et à la gestion de la fortune royale en tant que chef du secrétariat particulier du roi.

    Depuis qu’ils se sont hissés au pinacle du pouvoir, ces deux confidents de Mohammed VI font mine de respecter ce jeu de rôle, mais, à chaque faiblesse de l’un ou de l’autre, leur guerre d’usure laisse jaillir des étincelles. En coulisses, leur combat n’a pas repris : il ne s’est jamais interrompu. « Arrêter de surveiller l’autre serait déjà une erreur, cesser de s’en méfier, une faute », commente un habitué du sérail.

    Les quelques patrons invités à la cène d’Elalamy qui abordent ce sujet en discrets conciliabules ont des raisons de s’inquiéter : ils font partie du clan Majidi, formaté autour des holdings royaux et du patronat. Et Majidi est de nouveau au centre de plusieurs polémiques qui pourraient favoriser ceux d’en face, affidés à l’aile sécuritaire du Palais.

    Déjà en 2004, lorsque se préparait la relève au sein du patronat, El Himma avait saisi l’occasion d’avancer ses pions dans le pré carré des hommes d’affaires, soutenu en cela par le tour de vis sécuritaire donné au pays au lendemain des attentats sanglants du 16 mai 2003 à Casablanca, la capitale économique du royaume.

    El Himma avait profité de l’événement pour accuser publiquement les grands patrons de la ville de ne pas suffisamment investir afin de stimuler l’économie marocaine, de réduire le chômage et ce faisant d’éradiquer la misère des banlieues, terreau fertile de l’islamisme radical. Il empiète alors sur le domaine réservé de Majidi, qui lui aussi veut contrôler à sa manière le patronat en y plaçant ses fidèles alliés. Parce qu’il s’agit de menace terroriste, parce que la sécurité nationale est en jeu, l’incursion d’El Himma sera tolérée par Mohammed VI.

    Un geste qui sera très médiatisé et qui rappelle une vérité toute simple : dans la hiérarchie du pouvoir marocain, il n’y a pas de place pour deux vice-rois en période de crise. « Comment, dans ces conditions, parler d’attelage efficace destiné à secouer l’immobilisme du gouvernement ? », s’interroge la presse, qui critique cette polarisation du pouvoir autour du roi et qui ne crée que tensions et scandales à répétition.

    Cette fois, le fer est croisé au cœur du business de Mohammed VI. Une violente controverse vient d’éclater autour du débarquement précipité de Khalid Oudghiri, un ancien cadre de la BNP promu au poste de P-DG d’Attijariwafa Bank, la banque contrôlée par les holdings du roi. Yassine Mansouri, le patron de la DGED (Direction générale des études et de la documentation), le service de contre-espionnage marocain, est destinataire en décembre 2006 d’une missive confidentielle de ses homologues français. La France, première partenaire économique du royaume, s’inquiète de voir malmenés ses intérêts au Maroc.

    Mohammed VI est immédiatement informé. On ne saurait obscurcir le ciel dégagé des relations privilégiées avec Paris, alors que le soutien de l’Élysée et du Quai d’Orsay est si crucial sur le dossier du Sahara occidental. El Himma y voit une opportunité de porter l’estocade à son rival.

    Une réunion extraordinaire est organisée au ministère de l’Intérieur en janvier 2007, à laquelle sont convoqués Majidi et ses lieutenants : Hassan Bouhemou, le patron de Siger (anagramme de Regis, « roi » en latin), holding du souverain qui contrôle l’Omnium Nord-Africain (ONA) et Attijariwafa Bank, Saâd Bendidi, à l’époque P-DG de l’ONA, et Khalid Oudghiri, le P-DG d’Attijariwafa Bank.

    En face d’eux, El Himma aligne Chakib Benmoussa, le ministre de l’Intérieur, par ailleurs un ancien de l’ONA, et Yassine Mansouri, le chef des services secrets. La réunion est houleuse, mais au sein du clan Majidi, Oudghiri laisse entrevoir des positions opposées sur la stratégie de la banque vis-à-vis de l’ONA et de ses partenaires français, notamment AXA et Auchan avec qui la guerre est ouverte.

    Oudghiri sera invité à s’exprimer plus librement à huis clos lors d’une deuxième rencontre avec les « sécuritaires ». À cette occasion, il s’opposera à l’idée de mettre la banque qu’il dirige au seul service des intérêts du roi. L’hostilité à l’égard des intérêts économiques de la France est pour lui une hérésie.

    El Himma boit du petit-lait et s’empresse de s’en ouvrir à Mohammed VI qui attend des explications. Mais l’omerta qui règne au Palais veut que rien ne filtre, l’affaire devra rester secrète. Elle sera tranchée par le limogeage d’Oudghiri sans autre forme d’explication, Majidi préférant sacrifier un pion sur l’échiquier pour que les querelles sur les affaires royales ne soient pas rendues publiques, surtout lorsqu’elles se télescopent avec des enjeux diplomatiques.

    Pire, alors que Oudghiri quitte le Maroc des mois plus tard pour prendre la direction d’une banque saoudienne, il sera accusé de malversations et de mauvaise gestion d’Attijariwafa Bank, au point qu’il fera appel pour sa défense à Me Vergès, le ténor du barreau parisien, pour se prémunir de la vengeance du clan Majidi qui ne lui a pas pardonné sa traîtrise. »

    Génération M6

    Tout au long de son livre, Ali Amar égrène plusieurs révélations sur l’histoire du Journal Hebdomadaire comme cet épisode concernant l’ancien Premier ministre Driss Jettou.

    « Dans sa villa du Val d’Anfa à Casablanca, Driss Jettou me reçoit avec le sourire, ce 25 juillet 2008. Je n’avais pas vu l’ancien Premier ministre depuis des années. Le sujet pour lequel je souhaitais le rencontrer devient presque secondaire lorsqu’il se met à égrener des souvenirs communs. « Tu ne sais pas à quel point je vous ai défendu lorsque j’étais aux affaires. Tout le monde voulait votre peau, des gens au Palais bien sûr, mais plus encore chez les socialistes. Parfois, le Conseil du gouvernement faisait de votre cas une obsession. Ça n’a pas été de tout repos, crois-moi. » Je veux bien le croire en effet.

    2 décembre 2000, Abderrahmane Youssoufi, Premier ministre socialiste à l’époque, entérine la mort du Journal. Je suis attablé avec Aboubakr Jamaï, Fadel Iraki et l’un des enfants de Mehdi Ben Barka à la terrasse d’un café du XVIe arrondissement à Paris lorsque nous apprenons la nouvelle. Nous décidons de rester en France encore quelques jours pour organiser notre contre-attaque, car cette fois-ci la bataille sera encore plus rude et nous savons que notre meilleure défense est notre exposition à l’opinion internationale.

    L’interdiction de l’hebdomadaire coïncide avec la tenue au Maroc du premier congrès de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) dans un pays non démocratique. Dans son communiqué de protestation, la FIDH fait remarquer à Youssoufi les contradictions de sa décision. Il prétend la prendre dans « sa conviction de renforcer les espaces de liberté », alors même qu’il a utilisé le fameux article 77 du code de la presse qui a servi pendant des décennies à censurer son propre parti lorsque celui-ci était dans l’opposition. Le satisfecit que voulait donner cette puissante organisation au royaume en organisant son congrès à Casablanca pour la transition vers un État de droit dans laquelle il semblait s’être engagé va tourner à la catastrophe médiatique.

    Driss El Yazami, l’ancien opposant du régime et cheville ouvrière de la FIDH, se sent floué par cette décision liberticide. À notre retour de Paris, il invite Aboubakr Jamaï à la tribune du Congrès. Face aux caméras du monde entier, après un discours percutant, le jeune patron du Journal annonce sa décision d’entamer sur-le-champ une grève de la faim illimitée afin d’obtenir l’autorisation de ressusciter sa publication.

    Les débats prévus sur les avancées en matière de droits de l’homme sous Mohammed VI paraissent dès lors désuets. Youssoufi, qui avait quitté la salle avant l’intervention de Jamaï, est décrédibilisé. Ce scénario inattendu au Palais va le contraindre à reconsidérer sa position, surtout qu’une campagne de presse à l’internationale se fait de plus en plus l’écho de la fin du « printemps marocain ».

    Fouad Ali El Himma, en retrait depuis le début de la crise, reprend langue avec Fadel Iraki, l’actionnaire principal du Journal. Le rendez-vous aura lieu à Marrakech, alors que Jamaï, cloîtré depuis presque une semaine dans son bureau où il a installé un lit de camp, reçoit sans interruption les médias et enchaîne les conférences de presse jusqu’à épuisement.

    La mobilisation est à son comble, alors que l’État et sa justice se confondent dans des explications juridiques surréalistes pour justifier leur refus d’autoriser Jamaï à lancer un nouveau titre. Le parquet de Casablanca, censé donner ce sésame sur simple présentation d’un dossier, conformément au code de la presse, joue la montre en arguant que des pièces administratives n’ont pas été produites, sans pour autant préciser lesquelles.

    Alors en route pour Marrakech, Fadel Iraki reçoit un coup de téléphone de son ami Abderrahim Lahjouji, le patron de la CGEM, l’équivalent marocain du MEDEF, avec qui il s’était entretenu durant la journée. Il lui demande de faire demi-tour d’urgence et de le retrouver à son bureau privé de la rue d’Alger.

    Là, la surprise est de taille : Driss Jettou, alors conseiller du roi, l’y attend. Iraki m’appelle pour assister à la rencontre. L’échange est cordial, mais quelque peu tendu. Lahjouji y met beaucoup du sien, explique au conseiller les retombées néfastes de l’affaire et étale sous ses yeux les articles du Monde, du Figaro et de Libération qui parlent d’un retour aux années sombres. Jettou se tourne vers moi et me dit : « Écoute, je sais que tu es un garçon raisonnable. Le pays est lynché, demande à ton ami d’arrêter au moins sa grève de la faim et je te promets de solutionner le problème dans l’heure qui suit. Si vous faites ça, je vous invite tous les trois à dîner ce soir autour d’un tajine de poulet au citron. »

    Ce à quoi je réponds que, si Jamaï reçoit son autorisation avant la fin de la journée, nous serions honorés d’être invités à sa table. Au même moment, nous apprenons qu’ordre a été donné au procureur du tribunal de première instance de Casablanca de remettre en mains propres à un Jamaï triomphal son sésame.

    Jettou appelle alors El Himma de son portable et lui annonce avec satisfaction : « On a gagné ! » Nous dînerons alors le soir même autour du tajine promis au domicile de Lahjouji. Au dessert, Jettou aura cette phrase terrible : « Vous devez savoir qu’au Palais, on ne lit pas tous vos articles dans le détail. On s’arrête souvent sur un titre qui dérange, une formule, mais le sens général n’est pas souvent compris. Vous n’avez pas affaire à des intellectuels. »

    Pour garder la face, le procureur du roi sera dépêché sur le plateau de télévision de la chaîne 2M pour annoncer que Le Journal a finalement produit les pièces manquantes imaginaires. Le publicitaire Nourredine Ayouch, un proche du Palais, était passé opportunément à l’administration du Journal pour demander une copie du dossier initial, remis un mois plus tôt au procureur. Il ira le déposer au greffe du Tribunal, offrant ainsi à l’État le prétexte officiel pour céder à la pression médiatique. »

    Mohammed VI, Le grand malentendu. Dix ans de règne dans l’ombre de Hassan II. Par Ali Amar. Ed. Calmann-Lévy.

    #Maroc #MohammedVI