Étiquette : Mohammed VI
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Les incessantes contre-vérités du roi marocain
Maroc, Algérie, Mohammed VI, Sahara Occidental, Espagne, Allemagne,Par Mohamed K.Que veut le Roi du Maroc ? Dans un dernier discours, Mohamed VI multiplie d’une manière hypocrite les insinuations, les accusations, les contradictions et les mensonges contre tous ceux qui lui assènent les vérités diplomatiques, politiques et économiques.Depuis quelques semaines, comme sortant de sa léthargie, il semble maintenant vouloir donner l’impression de gouverner, de diriger et surtout d’imposer ses options à son régime, acculé par tant de scandales, de belligérances et d’échecs notoires.Ainsi, le monarque complètement piégé par son influent entourage pro-sioniste, a accusé, sans les nommer, certains pays européens de «porter atteinte à la respectabilité des institutions nationales». Mohammed VI faisait essentiellement référence à deux pays l’Espagne et l’Allemagne, notamment ce dernier considéré par le Makhzen comme ayant une position «hostile» envers le Maroc.Dans un discours prononcé vendredi soir, adressé à ses sujets à l’occasion de 68e anniversaire de la Révolution, Mohammed VI est resté toutefois énigmatique, pour ne pas dire évasif, en se contentant de critiquer ces «pays européens» qui comptaient parmi les «partenaires» du Maroc.Il souligna que «quelques pays, notamment des pays européens comptant, paradoxalement, parmi les partenaires traditionnels du Maroc, craignent pour leurs intérêts économiques, leurs marchés et leurs sphères d’influence dans la région maghrébine.Certains de leurs dirigeants ne saisissent pas encore que le problème ne réside pas dans les régimes des pays du grand Maghreb, mais bien dans les leurs, toujours teintés d’un passéisme désespérément rétif aux évolutions du temps (…) Ainsi, ils nous voudraient façonnés à leur image et, pour porter atteinte à la respectabilité de nos institutions nationales, pour saper leur autorité, ils les accusent de bafouer les droits et les libertés et déploient, à cet effet, des arguments fallacieux contre elles».Sans désigner ces pays, les observateurs savent que le Makhzen est en pleine crise avec au moins deux pays européens, l’Espagne et l’Allemagne. Les rapports avec ces pays membres de l’Union européenne se sont dégradés depuis quelques mois, depuis que Berlin a clairement dénoncé la décision de l’ex président américain Donald Trump de reconnaitre “la marocanité” du Sahara Occidental.Berlin a même demandé la convocation d’une session du Conseil de sécurité de l’ONU, en rappelant surtout la responsabilité US dans la gestion du dossier sahraoui: «Être porte-plume vient avec de la responsabilité. Cela s’accompagne d’un engagement fort pour résoudre un problème, il faut être juste, il faut être impartial, il faut avoir à l’esprit l’intérêt légitime de toutes les parties et il faut agir dans le cadre du droit international.»C’est cette position de respect de droit international qui poussa Rabat à rappeler son ambassadeur de Berlin en mai dernier. Le département de Nacer Bourita est allé plus loin en dénonçant «l’acharnement continu de l’Allemagne à combattre le rôle régional du Maroc, notamment sur le dossier libyen».S’agissant de l’Espagne, c’est encore la crise migratoire provoquée par les autorités marocaines dans l’enclave de Ceuta, afin de faire pression sur l’Espagne qui avait accueilli le Président sahraoui Ibrahim Ghali, qui a été dénoncé par l’UE. Le chantage du Makhzen, en abusant des milliers de mineurs, a provoqué un choc dans toute l’Europe.Dans un entretien au journal El Pais, le ministre d’État allemand chargé de l’Europe, Michael Roth, avait déclaré : «L’UE aide des pays comme le Maroc à donner une perspective à leurs jeunes, à créer des emplois. Mais j’ai l’impression que les jeunes sans perspectives deviennent une monnaie d’échange politique pour les dirigeants».Pire que cela, l’affaire du scandale d’espionnage à grande échelle, dite du Pegasus, en référence au logiciel israélien, a complètement terni l’image de ce régime et dévoilé au grand jour ses pratiques et ses accointances avec des entités politiques sionistes.Un électrochoc médiatique qui poussa plusieurs personnalités politiques, des hommes d’affaires, des journalistes et des activistes et militants des droits de l’Homme à déposer des plaintes et à dénoncer ce système d’atteinte à la vie privée, et surtout ces pratiques d’espionnage et d’écoute de citoyens étrangers.Sur ce point, le monarque ne dit rien, n’en fait aucune allusion, se contentant de marmonner des phrases incompréhensibles, comme ce «déploiement d’impressionnants dispositifs d’influence». Il usa de formules hypocrites pour détourner toute la vraie réalité des agissements de son régime en déclarant candidement: «Bien plus, plutôt que d’appuyer les efforts du Maroc dans le cadre d’un équilibre souhaité entre les pays de la région, des rapports ont franchi toutes les limites de l’acceptable, allant jusqu’à recommander que soit freinée la dynamique de développement de notre pays, au motif captieux qu’elle crée une dissymétrie entre les États maghrébins.»Evitant cette fois de répondre directement aux derniers communiqués des autorités algériennes qui s’apprêtent à réviser ses relations et à faire prochainement des annonces dans ce sens, le monarque a pour la première fois voulu donner des justifications sur son alliance avec Israël, devenu un partenaire stratégique de premier plan.«D’aucuns prétendent que le Maroc est ainsi assailli parce qu’il aurait changé son orientation politique et stratégique, ainsi que son modus operandi dans le traitement de certaines questions diplomatiques.Il n’en est rien. Le Maroc a effectivement changé mais pas dans le sens souhaité par ses détracteurs. Il a changé parce qu’il n’accepte pas que ses intérêts supérieurs soient malmenés.» Des intérêts supérieurs qui permettent à un Etat sioniste belliqueux de critiquer à partir de son sol un voisin et de le menacer même.En attendant d’autres discours hypocrites, M6 demeure cloitré dans ses mirages, embourbé par les pratiques de son entourage, marmonnant des allocutions écrites par des mains invisibles, laissant ainsi le soin à son agressif Bourita, devenu agent spécial invétéré de faire le sale boulot de concessionnaire diplomatique de l’entité sioniste en Afrique, mais surtout en Afrique du nord et dans le Sahel.Le Jeune Indépendant, 22/08/2021 -
Analyse: La politique marocaine de cooptation des élites (II)
Maroc, élites, monarchie, rente, corruption, #Maroc, Mohammed VI,
Répression et « mépris de l’État
La stratégie de rotation des élites et de partage des rentes mise en place par le roi a eu des conséquences importantes sur la configuration sécuritaire du pays. Étant donné la réticence de la plupart des élites politiques locales à défier le roi et à obtenir des concessions politiques bénéficiant à la majorité, le palais peut se permettre d’ignorer les griefs sociétaux pressants, similaires à ceux qui ont conduit aux révolutions tunisienne et égyptienne au début de 2011, malgré des signes inquiétants de mécontentement populaire.
En raison de l’augmentation des niveaux de corruption, de la flambée des inégalités économiques (désormais les plus élevées d’Afrique du Nord) et du mépris administratif et politique croissant envers les victimes des politiques néolibérales du pays, parmi lesquelles les jeunes bien éduqués, le Maroc connaît des épisodes de protestation politique de plus en plus agressifs (jusqu’à 50 par jour en 2014 selon un observateur). En outre, le retrait de l’État dans ce qu’un journaliste appelle le « Maroc utile » – où la plupart des ressources de l’État ont été redéployées sous la forme de partenariats public-privé au profit du roi et de ses alliés – explique pourquoi certaines des protestations les plus persistantes du pays se sont produites dans des zones rurales ou semi-rurales largement négligées, comme la région du Rif (2017 et 2018), la ville minière de Jerada (2018), et de petites villes périphériques comme Sidi-Ifni, Zagora, Tinghir ou Larache.
La déconnexion entre les « gagnants » et les « perdants » de ce redéploiement économique et administratif et l’incapacité de ce dernier à générer des coûts réels pour les autorités permettent au monarque et à ses associés de continuer à écarter les demandes sociétales pressantes. Le régime peut ainsi se permettre de punir les journalistes critiques (dont la plupart sont aujourd’hui en exil), d’imposer davantage de restrictions à la liberté d’association, d’emprisonner les militants des droits de l’homme, de licencier les fonctionnaires jugés déloyaux envers la monarchie, de détourner le processus électoral en nommant des copains à la tête de partis politiques clients et de s’engager dans des poursuites politiques contre les fonctionnaires qui dénoncent des cas de corruption impliquant des associés du roi (entretiens avec K. Ryadi, Rabat, 19 mai 2017 et F. Abdelmoumni, Rabat, 22 mai 2017). Le roi, dont la fortune personnelle s’élèverait à plus de 2,5 milliards USD, peut même se permettre d’augmenter son budget personnel à 46 millions EUR (Elayoubi 2013), bien que le Maroc ait un produit intérieur brut (PIB) par habitant d’à peine 2 892 USD en 2016 (selon la Banque mondiale).
Implications politiques pour l’Europe
Les sections ci-dessus montrent que la privatisation des institutions, des terres et de la culture appartenant à l’État – qui a été camouflée en « modernisation » ou en « réforme économique » – constitue le mécanisme central facilitant la consolidation du pacte politico-économique entre la monarchie et l’élite aux dépens de larges pans de la population au Maroc. Cependant, ce mécanisme, qui a permis à la monarchie de traverser les premiers mois turbulents des soulèvements arabes de 2011, contient un certain nombre de contradictions qui pourraient non seulement affecter l’avenir du pays, mais aussi avoir des conséquences importantes pour l’Europe voisine.
Bien que le tournant néolibéral se soit produit plus tard au Maroc par rapport à d’autres pays arabes, la transformation a été beaucoup plus étendue et coûteuse au niveau social (Catusse 2009). Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a classé le Maroc au 123e rang (sur 188) en 2015, derrière l’Irak (121), la Palestine (114), l’Égypte (111) et la Tunisie (97).
Au cours de la dernière décennie, le Maroc a également été régionalement moins performant dans les domaines du taux d’alphabétisation des femmes, du développement rural et de la santé. Selon un ancien militant pro-démocratie, « Tout est difficile dans la capitale, mais les choses sont catastrophiques en dehors de Rabat » (entretien avec Y. Rguig, Rabat, 22 mai 2017). La dette extérieure est passée à 81 % du PIB du pays en 2014, contre une moyenne de 50,4 % pendant les cinq années (2007-2012) précédant les soulèvements arabes. Cela équivaut à ce que chaque Marocain paie environ 500 USD par an pour le service de la dette nationale (Aziki 2015), qui sert en partie à financer les mécanismes de distribution de la rente (ibid). Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que les deux premiers pays touchés par les soulèvements arabes de 2011 – à savoir la Tunisie et l’Égypte – aient également été les plus diligents dans la mise en œuvre des politiques néolibérales dans les années 1990 et la première décennie du XXIe siècle. Dans le cas du Maroc, l’alliance entre les élites locales et la monarchie signifie qu’une révolution sociale reste peu probable. Cependant, l’augmentation des inégalités et une culture établie de mépris envers les « perdants » des politiques de libéralisation et de privatisation introduites au cours des deux dernières décennies signifient que les personnes mécontentes du régime auront de plus en plus recours à un ou plusieurs des trois mécanismes d’adaptation suivants : l’économie informelle, le populisme ou la contestation horizontale violente.
L’économie informelle représente plus de 14 % du PIB du Maroc (CFCIM 2014) et permet à des millions de Marocains de se tailler un espace de production économique partiellement libéré de la prédation étatique. Cependant, de larges segments de la population sont de plus en plus impliqués dans des activités illégales, allant du travail sexuel au trafic de drogue en passant par le blanchiment d’argent. Le Maroc était traditionnellement un exportateur de cannabis, mais il est en train de devenir rapidement une importante plaque tournante pour le transit de cocaïne, d’héroïne et de drogues synthétiques en provenance d’Amérique latine et destinées au marché européen. Depuis 2013, par exemple, les saisies de drogues ont augmenté dans toutes les catégories (Médias24 2017), avec plus de 2,8 tonnes de cocaïne saisies en un an dans la seule ville de Casablanca. Les trafiquants de drogue utilisent les routes d’exportation établies provenant de régions longtemps négligées par l’État, comme le nord du Rif et la zone frontalière orientale de l’Oriental, pour diversifier leurs activités de contrebande, qu’il s’agisse de nouvelles drogues ou d’armes ou de migrants illégaux (Sidiguitebe 2014).
L’insatisfaction populaire croissante à l’égard des institutions représentatives du pays, combinée au mépris susmentionné envers les perdants de la réforme économique, accroît la polarisation entre les nantis et les démunis et conduit à un environnement politique qui menace les investissements étrangers. Un exemple concret est une campagne de boycott commercial lancée en ligne en mai 2018 par un certain nombre d’activistes numériques qui ont pointé du doigt trois entreprises accusées de fixer des prix hors de portée de la majorité de la population. Au lieu de considérer la campagne de boycott comme un signal d’alarme de la part de citoyens mécontents de l’inégalité économique croissante dans le pays, les représentants des entreprises privées visées par le boycott et les membres du gouvernement ont plutôt choisi de snober les boycotteurs, un représentant de Centrale Danone, l’une des entreprises visées par les boycotteurs, traitant ces derniers de « traîtres » et un ministre du gouvernement les qualifiant dédaigneusement de « pantins ». La distance entre le régime et une grande partie de la population se reflète également dans le ton irrationnel de certaines théories du complot locales, selon lesquelles la stratégie relativement accueillante des autorités vis-à-vis des migrants subsahariens serait un « stratagème destiné à recruter des non-Marocains pour mieux réprimer la mobilisation populaire à venir » (anonyme, entretien personnel, janvier 2018).
Au cours des dix dernières années, le régime a également fait un usage intensif des portails d’information en ligne populaires pour délégitimer et diffamer tous ceux qui prônent des réformes significatives et menacent la suprématie du palais. La popularité de figures locales complètement éloignées des institutions formelles, comme Nasser Zefzafi, un ancien videur de boîte de nuit sous-éduqué qui a été le leader des manifestations du Rif en 2017, illustre le succès des autorités à délégitimer les alternatives institutionnelles. Si le pays devait connaître des soulèvements similaires à ceux qui ont eu lieu dans les pays voisins, la Tunisie ou l’Égypte, une transition pacifique serait difficile étant donné l’absence de figures représentatives légitimes capables de canaliser et de répondre aux demandes populaires.
D’un point de vue européen, il est donc essentiel de reconnaître que l’échec du modèle de réforme marocain comporte des risques importants qui concernent directement la sécurité européenne. Au lieu de louer les réformes cosmétiques du régime marocain, l’UE devrait faire pression sur la monarchie pour qu’elle adopte des réformes qui renforcent véritablement l’État de droit et les droits de l’homme et facilitent une croissance économique inclusive.
Références
Aziki, Omar (2015), CADTM – La Dette Publique Marocaine Est Insoutenable, CADTM – Comité Pour l’abolition Des Dettes Illégitimes, www.cadtm.org/La-dette-publique-marocaine-est (15 mars 2018).
Benchenna, Abdelfettah, Driss Ksikes, et Dominique Marchetti (2017), Les médias au Maroc : Une économie hautement politique, le cas de la presse papier et en ligne depuis le début des années 1990, in : La Revue des études nord-africaines, 22, 3, 386-410.
Boukhars, Anouar (2011), La politique au Maroc : Monarchie exécutive et autoritarisme éclairé, Routledge Studies in Middle Eastern Politics, 23, Londres : Routledge.
Catusse, Myriam (2009), Maroc : Un État Social Fragile Dans La Réforme Néolibérale, in : Alternatives Sud, 16, 59-83.
CFCIM (2014), L’informel : Un poids inquiétant pour le Maroc, Le site d’information de la CFCIM, www.cfcim.org/magazine/21595 (23 mars 2018).
Elayoubi, Salah (2013), Maroc. Mohamed VI, Le » Roi Des Pauvres « , Dépense sans Compter, in : Courrier International, www.courrierinternational.com/article/2013/11/19/mohamed-vi-le-roi-des-pauvres-depense-sans-compter (10 mars 2018).
Guazzone, Laura, et Daniela Pioppi (eds.) (2009), The Arab State and Neo-Liberal Globalization : La restructuration du pouvoir étatique au Moyen-Orient, Reading : Ithaca Press.
Maggi, Eva-Maria (2016), La volonté de changement : Politique européenne de voisinage, acteurs nationaux et changement institutionnel au Maroc, in : Politik und Gesellschaft des Nahen Ostens, Wiesbaden : VS Verlag für Sozialwissenschaften.
Oubenal, Mohamed, et Abdellatif Zeroual (2017), Les Transformations de La Structure Financière Du Capitalisme Marocain, in : Revue Marocaine Des Sciences Politiques et Sociales, XIV, avril, 137-160.
Sidiguitiebe, Christophe (2014), Prolifération d’armes à La Frontière Entre Le Maroc et l’Algérie, in : Telquel.Ma, http://telquel.ma/2014/11/06/proliferation-armes-a-la-frontiere-entre-maroc-algerie_1421839 (15 mars 2018).
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Analyse: La politique marocaine de cooptation des élites (I)
Maroc, monarchie, élites, cooptation, économie, #Maroc, Mohammed VI,
Au-delà de l’image de la réforme modèle : La politique marocaine de cooptation des élites
Depuis son arrivée au pouvoir en 1999, le roi du Maroc Mohamed VI a consolidé son règne en renforçant la stratégie de cooptation et de rotation des élites de son père. Cependant, après deux décennies de prédation économique, l’affaiblissement progressif des canaux de distribution de la rente et l’absence de véritable démocratisation, la stratégie de consolidation du pouvoir du roi pourrait s’essouffler.
Le règne de Mohamed VI a coïncidé avec l’adoption de réformes néolibérales à grande échelle, qui ont créé de nouvelles opportunités de cooptation économique et renforcé l’alliance de la monarchie avec les élites économiques et politiques locales. Toutefois, ce virage néolibéral s’est accompagné de coûts importants pour les groupes à faibles revenus.
Les 20 dernières années ont été marquées par une augmentation de l’obéissance de l’élite locale et l’affaiblissement des canaux formels de participation politique. Le roi a également pu s’attribuer le mérite de politiques réussies tout en blâmant l’administration ou les élus pour les échecs et en contribuant à la désinstitutionnalisation de la politique du pays.
L’accroissement des inégalités et une culture établie de mépris envers les « perdants » des politiques de libéralisation et de privatisation signifient que les personnes mécontentes du régime se tourneront de plus en plus vers des mécanismes d’adaptation qui ont un impact direct sur la sécurité européenne (par exemple, le trafic de drogue et d’êtres humains, le terrorisme international et la contestation politique violente).
Implications politiques
Un Maroc stable et prospère est vital pour la sécurité de l’Europe. Toutefois, une croissance économique inclusive et durable n’est possible que si une véritable réforme démocratique permet la mise en œuvre effective de l’État de droit, le respect des droits de l’homme et le développement de solides canaux de participation démocratique par lesquels les griefs populaires peuvent être traités.
Co-Optation des élites par le néolibéralisme
Comme pour d’autres régimes autoritaires, le palais marocain sait depuis longtemps que l’opposition des élites, plutôt que l’opposition de masse, représente le danger politique le plus sérieux. Les trois rois marocains qui ont gouverné le pays depuis l’indépendance en 1956 ont donc utilisé deux instruments principaux pour prévenir la mobilisation : des concessions politiques soigneusement programmées d’une part, et la cooptation active des challengers potentiels d’autre part. Alors que les concessions politiques ont souvent été symboliques et n’ont jamais affaibli de manière significative les prérogatives du roi, le palais marocain a réussi à créer une relation de dépendance avec la plupart des élites économiques, politiques et culturelles du pays – qui ont échangé leur loyauté contre un accès privilégié aux canaux de distribution de la rente de l’État.
Alors que la logique de cooptation économique était une caractéristique constante de la politique marocaine sous Mohamed V (qui a récompensé les élites rurales loyalistes en leur donnant accès aux canaux de distribution de la rente de l’État en échange de leur soutien pendant sa lutte contre les nationalistes) et plus tard Hassan II (qui a utilisé la même stratégie pour récompenser les partis de gauche loyalistes qui ont soutenu sa marginalisation des mouvements islamiques), le roi Mohamed VI bénéficie actuellement d’un contexte économique international distinctif qui lui a permis d’étendre la stratégie de cooptation économique de la monarchie à des niveaux sans précédent.
Alors que Mohamed V et Hassan II distribuaient la rente par des canaux relativement limités (généralement sous la forme de licences de transport, de pêche ou d’exploitation minière), Mohamed VI a supervisé des réformes néolibérales à grande échelle depuis 1999 – qui ont créé de nouvelles opportunités de cooptation économique – et renforcé l’alliance de la monarchie avec les élites économiques et politiques locales. Comme le notent Guazzone et Pioppi (2009 : 6) et Boukhars (2011 : 53), l’adoption de politiques néolibérales sous forme de privatisation, de libéralisation et de déréglementation administrative et le retrait concomitant de l’État de la fourniture de biens publics ont eu une double fonction. D’une part, elle a libéré les autorités de la charge financière liée aux anciennes responsabilités de l’État. D’autre part, il a augmenté la résilience de l’État en contribuant à produire une nouvelle génération d’élites commerciales dépendantes de l’État pour la réglementation, l’arbitrage et l’accès aux opportunités économiques. Bien que le roi et ses proches collaborateurs aient été les principaux bénéficiaires du tournant néolibéral des années 1990 et de la première décennie du XXIe siècle, les partisans traditionnels du palais, les familles loyalistes et la plupart des membres de l’opposition historique du pays ont également vu leur statut économique s’améliorer considérablement.
Pour Amal, universitaire marocaine, » une grande partie de l’élite économique est dans une relation gagnant-gagnant avec le palais, qui est impliqué dans un certain nombre d’activités économiques lucratives » (Amal, entretien personnel, 18 mai 2017). Ces élites savent que leur simple proximité avec le roi se traduira par des profits économiques supplémentaires, même si une minorité est également mécontente de ce qui semble être une concurrence déloyale de la monarchie dans certaines activités commerciales telles que la banque ou les énergies renouvelables. Pour Amal, la proximité du palais est tellement valorisante économiquement qu’ » aujourd’hui, ce n’est pas le régime qui cherche à coopter les gens mais plutôt les gens qui cherchent à se faire coopter » (Amal, entretien personnel, 18 mai 2017). De même, pour Fouad Abdelmoumni, responsable de Transparency Maroc, l’élite économique du pays est » une création directe du palais » (entretien avec F. Abdelmoumni, Rabat, 22 mai 2017).
Selon Ghassan Wael, jeune journaliste marocain, le « principal mécanisme de cooptation et donc de résilience politique dans le pays est l’utilisation des politiques publiques pour promouvoir les grands projets publics, tels que les projets d’électrification du secteur rural, la promotion immobilière ou l’industrie automobile, qui bénéficient d’un lourd soutien de l’État » (entretien avec G. El Karmouni, Rabat, 18 mai 2017) et dont les bénéfices sont canalisés par le palais et ses associés. Sous Mohamed VI, l’immobilier et le réaménagement urbain – notamment dans les grandes villes de Casablanca, Rabat et Tanger – sont devenus des conduits majeurs pour les réseaux clientélistes cultivés par le roi et ses associés. En particulier, la privatisation des terres communales a déclenché un processus d’accumulation de capital sans précédent pour les clients du régime. Parmi les autres mécanismes de cooptation économique, citons la privatisation des entreprises publiques, rachetées par la suite par certains des associés du régime. Le virage néolibéral a pris une telle ampleur qu’en 2008, 90 des plus grandes entreprises publiques du pays étaient partiellement ou totalement privatisées, les plus rentables l’ayant été avant 2005 (Maggi 2016 : 103).
La duplicité bureaucratique entre l’administration et les acteurs privés est un mécanisme complémentaire gagnant-gagnant par lequel les ressources de l’État sont mobilisées pour protéger des entreprises commerciales spécifiques habituellement étiquetées » champions nationaux » par le biais d’exceptions et/ou de privilèges fiscaux et administratifs. Ces « champions nationaux » sont l’un des nombreux canaux par lesquels l’alliance entre le palais et une partie de l’élite économique du pays est cimentée. Un exemple concret est le projet Plan Vert du pays, un projet agricole ambitieux qui est officiellement conçu pour redynamiser le secteur agricole du pays. En réalité, certaines des meilleures terres rurales du pays ont été mises à disposition en dessous du prix du marché à des acteurs privés (la plupart proches du régime), qui bénéficient des politiques fiscales agricoles généreuses du gouvernement sans être soumis à aucune forme de contrôle public. Les partenariats public-privé dans les activités nouvellement privatisées telles que la collecte des déchets ou la fourniture d’électricité sont également utilisés pour soutenir les copains locaux qui ont obtenu les contrats les plus lucratifs dans des conditions obscures, voire carrément illégales. Les entreprises appartenant à ces associés ont souvent été autorisées à opérer sans aucune supervision, le tout aux dépens des usagers qui ont été contraints de payer plus cher sans que la qualité des services fournis ne s’améliore de manière significative.
La relation symbiotique entre les élites économiques et les autorités découle également de la profonde dépendance des premières vis-à-vis des secondes et de la vulnérabilité relative des grands groupes industriels marocains face à la mondialisation. Bien qu’elles aient bénéficié des politiques de libéralisation du pays et qu’elles aient souvent soutenu publiquement les politiques libérales, de nombreuses élites économiques marocaines ne sont pas en mesure de survivre sans les politiques protectionnistes et régulatrices de l’État (Benhaddou 2009 : 112-115). Dans le secteur du gaz, par exemple, les prix ont été libéralisés sans contrôle concomitant de l’État, ce qui fait que l’ensemble du secteur est géré par seulement 15 acteurs – dont l’un, Aziz Akhannouch, contrôle environ 30 % du marché et est également ministre de l’agriculture, chef du Rassemblement national des indépendants (RNI, un parti politique loyaliste) et ami personnel du roi (entretien avec G. Wael, Rabat, 18 mai 2017). Une étude des 344 plus grandes entreprises marocaines menée par Oubenal et Zeroual en 2017 montre qu’après le roi et sa famille, les deux plus grands bénéficiaires des politiques de privatisation et de libéralisation mises en œuvre dans le pays au cours des trois dernières décennies ont été 150 familles proches de la monarchie, dont les plus importantes sont également représentées au gouvernement, ainsi que des investisseurs étrangers (Oubenal et Zeroual 2017 : 137, 139, 154-155).
Tout en frappant le plus durement les groupes à faibles revenus, le tournant néolibéral a également permis l’accès aux circuits de rente à de nouveaux groupes de la classe moyenne émergente, dont le soutien s’est avéré crucial au cours des premiers mois tumultueux des soulèvements arabes. Malgré les conséquences négatives importantes des politiques de privatisation et de déréglementation sur la population générale, les revenus supplémentaires ont permis au régime d’acheter des consti-tuations clés (notamment les syndicats et les groupes clés de l’administration publique) au cours des premiers mois des soulèvements arabes en 2011. Selon un jeune ancien militant pro-démocratie, en conséquence, « la plupart des actions initiées par les acteurs locaux ont échoué parce qu’il n’y avait pas de soutien [des acteurs locaux] et … pas de courroie de transmission entre les demandes sociales et l’élite du pays, qui a refusé de légitimer les demandes populaires » (entretien avec Y. Rguig, Rabat, 20 mai 2017).
Même les médias du pays sont profondément ancrés dans cette logique clientéliste. Dans leur analyse des principaux actionnaires du secteur des médias du pays, Benchenna et al. (2017 : 10-11) constatent que, à quelques exceptions près, les figures médiatiques marocaines sont membres soit du régime, soit de la bourgeoisie locale, qui a bénéficié de la libéralisation économique et politique des 20 dernières années. Parmi ces acteurs, on peut citer Fahd Yata, le fils d’Ali Yata (ancien leader de l’opposition communiste et fondateur de l’un des principaux magazines économiques du pays), Moulay Hafid Elalamy, l’actuel ministre de l’industrie et du commerce, et Aziz Akhannouch, l’actuel ministre de l’agriculture – qui possèdent tous certaines des publications les plus renommées du pays (Benchenna et al. 2017 : 10-11). « (P)our ces hommes d’affaires, […] investir dans le secteur de la presse vise à protéger leurs propres intérêts commerciaux, à soutenir un monde politique stable en utilisant leurs nombreux titres à l’appui de la communication politique, et à ajouter la compétence commerciale comme l’une des qualités requises pour devenir un politicien établi » (Benchenna et al. 2017 : 10).
Une légitimité à double voix
Une autre caractéristique de la stratégie de consolidation du pouvoir de Mohamed VI est son intense discours de production de légitimité dans lequel il se positionne comme l’unique architecte de la plupart, sinon de toutes les réalisations économiques, sociales et politiques du pays. Le roi est omniprésent dans la couverture médiatique du pays et nourrit constamment l’impression qu’il est le seul acteur capable de mettre en œuvre des réformes politiques ou de réaliser des projets économiques réussis, tout en rejetant la responsabilité des échecs sur les élus et les administrateurs locaux.
Au cours des deux dernières décennies, par exemple, le roi s’est attribué tout le mérite (i) de la réforme du code de la famille et donc de l’amélioration des droits des femmes dans le pays, (ii) de la mise en place d’un ambitieux comité d’équité et de réconciliation, qui a officiellement tourné la page des violations des droits de l’homme commises par son père, et (iii) de la mise en œuvre d’un ambitieux projet de réforme constitutionnelle destiné à renforcer les institutions politiques du pays. Sur le plan économique, le roi a (a) mené de grands projets d’infrastructure qui ont permis de quadrupler la longueur du réseau autoroutier du pays, (b) éliminé la quasi-totalité des bidonvilles urbains du Maroc, et (c) revitalisé les centres des grandes villes du pays. Le monarque est également à l’origine de certains des projets socioculturels les plus populaires du pays, allant des festivals de musique aux célébrations religieuses.
Cependant, l’effort du roi pour produire de la légitimité est un exercice à double voix. Si certains efforts tentent véritablement de répondre à certains défis domestiques importants, tels que le logement insalubre ou l’électrification rurale, leur autre objectif est de renforcer l’alliance entre le roi et ses acolytes par une logique systématique de transfert économique. Dans cette perspective, les réformes politiques et administratives mises en œuvre au cours des 15 dernières années ont eu peu d’effets positifs au-delà de ceux associés au régime ; elles ont essentiellement visé l’élite économique et politique du pays. Bien qu’elles aient donné l’impression d’une réforme démocratique, les réformes constitutionnelles et administratives ont été utilisées dans la pratique pour dépolitiser et bureaucratiser les anciens opposants du roi en les récompensant par des salaires attractifs et un statut public (entretien avec G. Wael, Rabat, 18 mai 2017). Ce système de cooptation intensive est formalisé en partie par de nombreuses instances de médiation créées sous l’impulsion royale – notamment, le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), le Conseil des Marocains résidant à l’étranger (CCME), le Conseil royal consultatif des affaires sahariennes (CORCAS), l’Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC) et le Conseil supérieur de l’éducation. Ces conseils et comités sont tous présidés ou dirigés par des associés au régime ou d’anciens opposants qui ont accepté de s’intégrer au système et de cibler des groupes d’électeurs spécifiques, tels que les groupes de femmes, les Marocains résidant à l’étranger et les notables tribaux de la région du Sahara, qui ont tous un fort potentiel de mobilisation. Même si ces institutions sont rarement en mesure de mettre en œuvre des changements pratiques malgré le battage médiatique qui entoure généralement leur création, le processus de cooptation et d’intégration des élites qui se produit est bien réel et contribue à neutraliser les personnalités qui se font entendre, comme Driss Benzekri, un ancien prisonnier politique qui a été appelé à diriger l’Instance équité et réconciliation de 2004. Un autre exemple est celui de Salah El Ouadie, un ancien prisonnier politique et un homme d’extrême gauche qui a été le porte-parole du Parti authenticité et modernité (PAM), un parti pro-monarchie.
Une autre stratégie utilisée par la monarchie consiste à équilibrer les différents intérêts administratifs, économiques et militaires les uns contre les autres par l’arbitrage des élites. Cette pratique a une double fonction. D’une part, elle signale à la population que le monarque est réellement soucieux des réformes politiques et économiques et attentif aux préoccupations de ses sujets. Le roi a ainsi pris l’habitude de gronder régulièrement les administrateurs et les élus pour leur manque de professionnalisme. Mohamed VI a également habitué le pays à des accès réguliers de colère royale au cours desquels il punit les politiciens ou les administrateurs jugés incompétents en les démettant de leurs fonctions et en semblant prendre la responsabilité personnelle de l’exécution rapide de certains projets. Le palais permet également aux fondations royales, notamment la Fondation Mohamed V pour la solidarité et le Fonds Hassan II pour la solidarité économique et sociale, de bénéficier d’importantes ressources publiques. Ces deux institutions sont financées par des fonds publics, n’ont pratiquement aucun compte à rendre au Parlement et sont placées sous l’autorité de membres de l’entourage du roi ou d’hommes d’affaires du secteur privé (Catusse 2009 : 78). Si les fonds sont publics, tout le prestige de ces organisations se répercute sur le roi, qui ne permet pas à d’autres d’apparaître comme des concurrents potentiels.
D’autre part, et peut-être plus important encore, l’utilisation sélective du système judiciaire pour statuer sur la corruption administrative, le népotisme et les conflits d’intérêts est un mécanisme complémentaire par lequel le régime génère la loyauté de l’élite tout en donnant l’illusion d’une réforme démocratique et judiciaire. Les campagnes anti-corruption aléatoires ciblent stratégiquement les acteurs jugés déloyaux par le roi et lui permettent simultanément de renforcer son rôle d’arbitre ultime des intérêts politiques et économiques divergents. Transparency International classe le pays au 90e rang sur 176 (derrière le Liberia, la Zambie et le Lesotho par exemple) et des scandales réguliers illustrent la prévalence de la corruption à tous les niveaux de la société, mais plus particulièrement dans les hautes sphères administratives dépendant de la monarchie. Parmi les exemples de collusion, citons l’attribution de terres publiques en dessous du prix du marché à des associés du régime et l’acceptation de conflits d’intérêts flagrants à tous les niveaux des affaires et de l’administration. Pour Fouad Abdelmoumni, économiste marocain et secrétaire général de la section marocaine de Transparency International, « la corruption n’est pas un phénomène marginal […]. C’est un choix délibéré d’encourager les pratiques criminelles » (entretien avec F. Abdelmoumni, Rabat, 22 mai 2018).
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Maroc : « C’est l’armée qui va chasser un jour Mohamed VI »
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Entretien / Mustapha Adib, ancien officier des FAR : « C’est l’armée marocaine qui va chasser un jour Mohamed VI »
Mustapha Adib ; ancien officier des FAR (forces armées royales marocaines), et pilote hélicoptère, n’a franchement pas la langue dans sa poche. Pour lui, le roi Mohamed VI, qui coûte au peuple marocain la bagatelle de 500.000 euros par jour, ne doit sa survie, ainsi que celle de son régime, qu’à la protection de la France. Pour lui, en effet, le traité décrétant le placement du Maroc sous protectorat français n’a jamais été abrogé et demeure dès lors valide et en vigueur. Impossible, en revanche, d’en dire autant de la « proclamation » de Trump sur la prétendue « marocanité du Sahara Occidental ». Mustapha Adib, qui vit aux USA, et qui connait bien les us et usages politiques qui ont court dans ce pays, explique qu’une proclamation n’est qu’un avis exprimé. Ce n’est donc pas une décision. Biden ne peut abroger l’avis de son prédécesseur à la Maison Blanche au nom de la liberté d’expression, pleinement garantie. Si le discours du trône est un show destiné à divertir ses sujets, la provocation de Hilal, son ambassadeur à l’ONU est pour lui d’une vilenie et d’une bassesse telle que des réponses idoines et appropriées ne sauraient y être apportées. Cependant, le compte-à-rebours est déclenché. La fin de ce régime honni est proche. Tic-tac…
Entretien réalisé par Mohamed Abdoun
La Patrie News : Quelle lecture faites-vous de l’offensive diplomatique tous azimuts du Maroc, désormais brouillé avec Madrid, Berlin et même l’Algérie, après la provocation de Omar Hilal, ambassadeur du Maroc auprès des Nations-Unies ? Cette brusque agressivité, est-elle liée à la déclaration de Trump sur la prétendue « marocanité du Sahara Occidental » ?
Mustapha Adib : Pour répondre sereinement à cette question, il faut commencer par rappeler que le régime marocain n’est absolument pas légitime. Il s’agit d’un régime installé et protégé par la France depuis 1912. Cela dure jusqu’aujourd’hui. Sans ce rappel historique impératif, il serait impossible de comprendre la suite. Le traité de protectorat signé en 1912 n’a en effet jamais été aboli. Ceux qui rétorqueraient pour opposer les traités de Saint-Cloud, Ex-Les Bains… doivent savoir que ces traités en question n’ont été publiés nulle part. Légalement, en droit international, le seul traité qui fait foi, et qui reste en vigueur à ce jour, est celui de 1912, portant protectorat de la France sur le Maroc. Le régime marocain reste un espion et un collaborateur au service des dirigeants français. En revanche, Donald Trump n’a fait qu’exprimer un point de vue. Il n’a pris aucune décision. Les Etats-Unis ne sont pas une république bananière. Un président y a le droit d’exprimer librement un point de vue, ce qui n’engage en rien son pays et son gouvernement. C’est ce qui est arrivé par rapport à la « marocanité du Sahara Occidental. Cela s’appelle « proclamation » (en anglais dans le texte. NDLR). Cela n’a aucune incidence diplomatique ou juridique ici aux USA. A l’occasion, j’en profite our répondre à ceux qui se demandent pourquoi Biden tarde à annuler la déclaration de Trump. Pourquoi est-ce qu’il prendrait la peine d’annuler une décision qui n’existe pas, et qui n’a jamais existé ! il lui serait même interdit d’annuler cela, car il s’agit d’un simple point de vue. S’il le faisait, cela pourrait même constituer une sorte d’atteinte à la liberté d’expression.
Partant de ce point de vue tout à fait original, je me demande, et je vous demande si le Maroc ne s’est pas fait avoir dans ce fameux « deal du siècle ?
D’abord, les Marocains n’ont rien à voir avec ce régime illégitime. Les Marocains eux-mêmes cherchent à se libérer de ce régime. Mon avis est que l’écrasante majorité des 40 millions de Marocains ne sont pas d’accord avec ce deal. Ils sont muets tout simplement, comme avant les révolutions française, britannique et autres. Alors, pourquoi ce roitelet a accepté ce deal alors qu’il est président de la commission Al Qods ? Mon avis est que ce personnage se contre-fiche aussi bien des Palestiniens que des Juifs. Il ne pense qu’à lui-même et à son trône. Vous pove lui ramener le diable e personne, il le suivrait sans état d’âme et sans remords. Heureusement que l’Occident commence à se rendre compte que ce régime dictatorial n’a pas sa place en ce bas monde. D’ailleurs, je constate que depuis un peu plus d’un an, les Etats-Unis sont devenus très actifs en Algérie. Bien plus qu’au Maroc d’ailleurs. Beaucoup d’Américains, au sein de l’ambassade algérienne, parlent couramment l’algérien, expriment leur amour pour l’Algérie, et incitent vivement les Algériens à apprendre l’anglais. On assiste à un important retournement de situation sur les plans diplomatique et géostratégique. Les Américains se rendent enfin compte que l’Algérie vaut beaucoup mieux que le Maroc. Votre ministre des Affaires Etrangère Ramtan Lamamra est un grand homme. Je le salue au passage. Tout Etat qui se respecte ne fait que rechercher ses intérêts. Washington a donc vu en l’Algérie ses intérêts. S’il ya un changement dans la stratégie américaine au Maghreb et en Afrique du nord, c’est que les responsables marocains mentent. Ils présentent de fausses données. Il n’est donc pas possible de leur faire confiance. Contrairement aux responsables marocains autoproclamés, les dirigeants algériens gèrent très bien les affaires et les intérêts de leurs administrés. C’est un constat objectif et étayé par les faits du terrain que je fais. Un rapprochement entre Alger et Washington peut apporter beaucoup de choses à votre pays sur les plans scientifique et autre.
Que vous inspire le scandale Pegasus, dan lequel le Maroc semble englué jusqu’au cou ?
La réponse à cette question peut être abordée suivant plusieurs angles, selon les preuves, la technicité, l’éthique… bien évidemment, les réponses risquent d’être différentes suivant ces multiples angles d’attaque ou points de vue. Il ya d’abord la véracité des preuves présentées, et la suspicion légitime et fondée. Or, d’un point de vue purement technique ou scientifique, les éléments présentés jusque-là par Amnesty Internationale et Forbiden Story n’apportent pas de preuve convergeant ou accusant formellement le Maroc. J’interpelle instamment Amnesty Internationale en leur demandant de rendre publiques ces preuves afin d’étayer ces accusations. J’ouvre ici une parenthèse pour dire que le régime français ou un autre, dispose peut-être de preuves incriminant formellement le Maroc, mais ces preuves ne peuvent être présentées publiquement car obtenues illégalement. Pour revenir à mes suspicions légitimes et certainement fondées, je sais de quelle manière fonctionne le régime marocain. Je peux donc dire sans le moindre risque de me tromper que ce sont les dirigeants de l’armée et des et des services de renseignements marocains qui ont fait ça, et qui ont utilisé Pegasus pour espionner des journalistes, des opposants, et même des dirigeants étrangers. Cela ne fait absolument aucun doute pour moi.
C’est ce que pensent, notamment, Claude Mangin et Rosa Moussoui, toutes deux victimes de Pegasus et des dirigeants marocains, avec lesquelles je me suis entretenu sur ce sujet…
Claude Mangin est une dame de très grande qualité, et une militante hors pairs que je salue au passage. Je respecte son point de vue. Elle a certainement raison dans ses accusations et suspicions légitimes.
Le silence de l’Elysée est assez parlant sur ce sujet. L’avocat de Naâma Afari estime que le Maroc ferait chanter la France pour la neutraliser et la faire taire sur ce sujet. Ce n’est pas tout. Les services secrets marocains auraient même espionné Mohamed VI…
Comme je l’ai déjà dit, on ne sait vraiment pas qui espionne qui. Si l’Elysée se tait c’est qu’il doit aussi espionner d’autres pays à l’aide de logiciels aussi performants que Pegasus, voire plus, et dont nous n’avons sans doute jamais entendu parler. J’ai lu dans plusieurs articles que des responsables français ont désigné du doigt les dirigeants marocains. Cela me conforte dans mes suspicions, à savoir que Paris doit posséder ces preuves incriminant formellement le Maroc, mais qu’elle ne peut pas les présenter publiquement, car obtenues illégalement.
Vous qui devez être en contact étroit avec pas mal de sujets marocains, et sur la base du constat accablant que vous établissez, comment se fait-il que ce régime ait échappé aux printemps arabes ? Est-ce qu’il ne doit sa survie qu’à la protection française ? On sait d’ailleurs que celle-ci avait été inutile du temps de la Tunisie de Benali…
Vous répondez vous-même à cette question quand vous dites que ce régime est en effet protégé par la France. L’aide française destinée par la ministre de l’intérieur de l’époque Michèle Alliot Marie n’est heureusement pas arrivée à destination. La révolution tunisienne non plus n’est pas arrivée à son terme. Car les vraies révolutions durent souvent assez longtemps. La mafia qui gère la France, et je ne sais si elle est constituée de Français ou pas, protège bec et ongle le régime marocain. C’est pour ça que rien ne pourra marcher au Maroc sauf si, à mon avis, un coup d’Etat devait avoir lieu de la part des militaires marocains.
Oui, mais il y a eu des tentatives de putsch et d’assassinat qui ont échoué par le passé. Ce roi, ou sa lignée, seraient-ils protégés par la « grâce divine », comme ils osent le prétendre. Je pose ma question ironiquement s’entend…
Absolument pas. Pour les amateurs d’armes, il est connu qu’on n’atteint presque jamais sa cible du premier coup. Si cela n’a pas marché en 1971 ou 72, ou même février 2011 où on a assisté à un scénario programmé, cela finira par marcher un jour.
Pour vous donc, la solution finale, si je puis dire, réside entre les mains des FAR (forces armées royales), sachant que cette armée est elle aussi gangrénée par la corruption et l’arbitraire. Cette situation est censée arranger les affaires des hauts gradés de cette armée…
A mon avis, je pense oui. En dépit de ce constat, émergeront des officiers qui œuvreront et réussiront faire changer les choses. Le changement souhaité et attendu viendra de la part de l’armée marocaine. J’en suis convaincu.
Et quel avis gardez-vous sur la sortie de Omar Hilal concernant le MAK. J’ai eu à commenter cete sortie surréaliste en disant que le Makhzen, aveuglé, vient de se tirer une balle dans la jambe…
Le régime marocain, à travers initiative, s’est en effet tiré une balle dans la jambe. Ce qu’a fait cet individu est à mon avis enfantin. Il est ridicule que cet individu se soit permis de comparer les Kabyles d’Algérie, qui sont totalement algériens, aux Sahraouis d’un territoire qui relève de la responsabilité des Nations-Unies pour mener jusqu’à son terme le processus d’autodétermination de ce peuple. S’il veut parler des Kabyles, il faut qu’il ait le courage d’évoquer ceux du Rif. Il y a eu une tentative de création d’une république du Rif, mais celle-ci a échoué, selon mon propre point de vue. Abdelkrim Khettabi est musulman. Des tentatives similaires ont eu lieu dans plusieurs autres parties du Maroc. Les régimes tyranniques et dictatoriaux ne maitrisaient pas du tout les territoires qu’ils prétendaient posséder et régenter. Les cartes historiques ne sont que du pipeau. Les sultans marocains d’antan ne contrôlaient absolument pas les territoires que l’on voit sur ces cartes. Alors, de là à comparer les Kabyles algériens, qui sont patriotes et citoyens algériens à part entière, aux Sahraoui, il me semble que le régime marocain, avec ce roitelet et ses soutiens en France, ont fait montre de beaucoup de bassesse à travers cette initiative. Le niveau est si bas, que je ne peux le décrire, ni même lui réserver une réponse adéquate, c’st-à-dire d’un niveau aussi bas que celle-ci.
N’est-ce pas là une preuve de panique, après la proclamation de Trump, qui ne lui a rien apporté de concret ?
Le régime marocain panique depuis 1912. Ce n’est donc pas nouveau. Il me fait penser à une personne piégée par les jeux de hasard, en train de jeter désespérément ses ultimes cartes.
Son discours amical et conciliateur entrerait donc dans ces tromperies et ces mensonges ?
Tout d’abord, je signale n’avoir même pas pris connaissance de ce discours. Ce sont des journalistes qui m’ont appelé pour me demander de réagir par rapport à celui-ci. J’ai répondu que ce roitelet est un menteur, et que je n’allais don pas gâcher dix à quinze minutes de mon temps à écouter des mensonges. D’ailleurs, j’ai raté beaucoup d’entretiens avec d’autres journalistes parce que je sais que ce roi est un menteur. Il ne faut absolument pas le croire quand il prétend qu’il aime l’Algérie. C’est un grossier mensonge. Ce stipude discours, j’en ai pris connaissance après coup. Il en est ressorti qu’il faisait mine de tendre la main à l’Algérie. Il y prétend qu’il ne serait pas responsable, et convoque pour cela les dirigeants de l’époque or, si le président algérien ne l’était pas en effet, lui, si. Au Maroc, la responsabilité et la culpabilité son filiales. Elles se transmettent de père en fils. Il existe une énorme différence entre une démocratie pluraliste comme la vôtre et un régime royal et dictatorial pareil à celui qui règne sur le Maroc. Si ce roitelet est là aujourd’hui, il est tenu d’assumer les actes de ses ancêtres et de ses parents. En revanche, il nous coûte 500.000 euros par jour.
C’est hallucinant comme chiffre. En êtes-vous vraiment sûr ?
Absolument sûr, oui. C’est en effet le coût exorbitant de la monarchie marocaine. Du coup, j’ai envie de m’exclamer pour interpeller ce roitelet, et lui dire ceci : écoute c…. pourquoi est-ce que tu touches 500.000 euros par jour ?! » Tu es comptable et responsable de la malheureuse décision prise par ton père Hassan II. C’est lui, l’initiateur de la frontière fermée et des visas imposés au Algériens.
Oui, et il avait fait ça à un moment où nous avions le plus besoin de nos voisins…
Absolument. J’en suis parfaitement conscient. Nous avons des amis et de la famille des deux côtés de cette frontière. Nous sommes un même peuple. Cette décision a été cruelle et inacceptable. Elle reste impardonnable à ce jour. Ce régime criminel subit le retour de flamme de sa décision. Il va finir par isoler totalement les Marocains.
Est-ce que ce « roitelet menteur » comme vous dites, nous prépare un mauvais coup en endormant notre méfiance à travers ce discours par trop conciliant, ou est-ce qu’il a tout simplement peur ?
Pour moi, c’est ni l’un ni l’autre. Il est dans la continuité de son show qui est celui de distraire le peuple marocain. Il sait que le danger va venir du peuple marocain. Il essaie de distraire les Marocains, et de gagner du temps. Ce discours n’est qu’une diversion parmi tant d’autres. Il ne faut pas croire que c’est dirigé au Algériens. Loin de là. Même quand il prétend tendre la main aux dirigeants algériens. Juste avant, il provoquant l’Algérie en martelant que les Kabyles avaient le droit à l’autodétermination. Encore une fois, cette sortie est d’une telle bassesse, que je ne lui trouve franchement aucune réponse de même acabit.
N.B : Sachant que cet entretien a été fait quelques jours avant ce terrible drame qui a endeuillé l’Algérie, Mustaha Adib a tenu, dans un message, à nous assurer de sa sympathie et de sa compassion en ces douloureuses circonstances. Nous l’en remercions au nom de tout le peuple algérien.
La Patrie News, 16/08/2021
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Incendies : le Maroc seul pays maghrébin à ne pas avoir présenté ses condoléances à l’Algérie
Maroc, Algérie, Mohammed VI, #Maroc, #Algérie,Par Skander BoutaibaLe Maroc est le seul pays maghrébin, voire musulman, à ne pas avoir présenté ses condoléances à l’Algérie à la suite du décès de plus de 65 ans personnes dans des incendies survenus dans plusieurs wilayas.Si les dirigeants des pays voisins, à l’image des présidents tunisien et mauritanien, ont décroché leurs téléphones pour appeler le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, il n’en est rien pour le roi du Maroc, Mohammed VI. Le même qui appelait, il y a moins de quinze jours, le président Tebboune à œuvrer ensemble pour un meilleur avenir des relations entre les deux pays voisins.Dans un communiqué succinct de son ministère des Affaires étrangères, publié ce mercredi, il est indiqué que le monarque a demandé à ses ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères de prendre attache avec leurs homologues algériens pour leur exprimer « la disponibilité du Maroc à aider l’Algérie à combattre les incendies de forêts qui ravagent plusieurs régions du pays ».La même source précise que sur ordre de Mohammed VI, deux canadairs ont été mobilisés officiellement « afin de participer à opération, dès accord des autorités algériennes ».Officieusement, le Maroc continue à mener une campagne ignoble, par le biais de ses comptes de propagande et de ses médias proches, à l’égard de l’Algérie. Depuis hier mardi, l’on avance que les autorités algériennes ont refusé une « aide précieuse du Maroc ». Pis encore, l’on accuse le gouvernement et l’armée de tuer les Algériens. Le voisin de l’ouest aime visiblement jouer avec le feu.La Patrie News, 11/08/2021 -
La dernière complainte d’un roi belliqueux drapé du burnous de la candeur
Algérie, Maroc, frontières, Mohammed VI, #Algérie, #Maroc,Frontière algéro-marocaine : la dernière complainte d’un roi belliqueux drapé du burnous de la candeurLe roi du Maroc, saisissant la fête de son trône, a invité l’Algérie à faire table rase de ses « différends » antérieurs avec son pays et consentir à ses nombreuses sollicitudes à propos de l’ouverture des frontières fermées depuis 1994, sur décision unilatérale et injustifiée de Rabat.Après avoir renforcé sa politique belliqueuse et son option en faveur de l’animosité et de l’agression tous azimuts à l’égard de l’Algérie, ces derniers temps, sans aucun succès, le régime du Maroc change de fusil d’épaule et opte pour la main tendue hypocrite à son voisin de l’est. Trois récents faits majeurs visant la déstabilisation de l’Algérie ont été exécutés récemment, par Rabat.D’abord, sa normalisation avec Tel Aviv, en contrepartie de la reconnaissance de sa souveraineté chimérique sur le Sahara occidental, sous parrainage américain, permettant aux renseignements sionistes hostiles de s’installer aux frontières algériennes.Ensuite, sa dérive sans précédent relative à ce fumeux soutien déclaré officiellement à un mouvement séparatiste kabyle pensé, créé et financé par ses services dans une tentative chimérique de faire un contrepoids au soutien d’Alger au combat du peuple sahraoui pour son droit reconnu internationalement, à décider du destin de son pays occupé par le Maroc depuis plus de 40 ans.Enfin, son recours à un logiciel espion, Pegasus, acquis auprès de l’entité sioniste, pour cibler quelque 6.000 numéros de téléphone algériens dont ceux appartenant à de hauts dirigeants politiques et militaires, selon les révélations fondées et confortées par la justice en France, d’un consortium de médias internationaux crédibles.Ajouter à ces méfaits, sa poursuite acharnée d’inonder notre pays de tonnes de drogues via les frontières terrestres et maritimes et les zones grises des pays sahéliens avec l’Algérie. En dépit de tout cela, et comme si de rien n’était, le roi du Maroc, s’enveloppant dans une candeur mal placée, invite l’Algérie à tourner la page sur ce qu’il appelle les différends avec notre pays, dont il se dit non responsable de leur survenance !Et suprême infamie, ce roi rassure les Algériens qu’ils n’auront « jamais rien à craindre de la malveillance » de la part de son pays. Jouant aux Cassandres sous un burnous hypocrite, ce roi après avoir emplit à ras bord, ces dernières années, le vase de la haine envers ce qu’il qualifie à tort, de frère jumeau, notre pays.« Aucun mal, aucun problème, aucun danger et aucune menace ne viendront du Maroc, car tout ce qui touche à la sécurité de l’Algérie affecte naturellement celle du Maroc et le contraire est aussi valable », dit-il dans son ultime complainte adressée à l’Algérie et visant l’ouverture des frontières, une demande maintes fois formulées visant à désamorcer sa crise interne désormais intenable pour la survie de son trône plus que jamais menacé par les difficultés économiques et sociales de ses sujets.Abbes M.L’événement, 01/08/2021 -
Haaretz : Le roi du Maroc est riche, mais son pays est pauvre
Mohammed VI n’est pas un monarque dans le moule des pays du golfe Persique, et après 21 ans au pouvoir, le roi du Maroc est considéré comme l’un des dirigeants libéraux du monde arabe.En 2016, le roi Mohammed VI du Maroc a offert au président Barack Obama un bel ensemble de cadeaux, comprenant un bracelet en diamant, des boucles d’oreilles en argent et une montre, d’une valeur combinée de plus de 100000 dollars. Environ deux ans plus tard, il s’est avéré qu’ils étaient relativement modestes du point de vue du roi.En 2018, le monarque a été vu porter une montre beaucoup plus chère de l’horloger Patek Philippe d’une valeur de 1,2 million de dollars – et ce n’était pas la montre la plus chère de son tiroir. Et puis au début de l’année 2020, 25 personnes dont une femme qui travaillait comme femme de chambre au palais royal de Marrakech ont été jugées pour avoir volé 36 montres, dont la moins chère valait environ 20000 dollars. Au-delà des atteintes au prestige du service de sécurité en charge des palais royaux, la divulgation du vol a suscité un tollé public sur le mode de vie débauché du roi à un moment où environ un quart de ses 35 millions de sujets vivent au niveau ou en dessous du seuil de pauvreté.Dans un discours en 2015, le roi s’est demandé où la richesse du pays avait disparu et qui en jouissait. La réponse sarcastique est venue sur les réseaux sociaux: « Où est passée la richesse? Le roi l’a volé ».La vérité est que Mohammed VI peut s’autoriser son style de vie en raison de sa richesse personnelle estimée à plus de 8 milliards de dollars, qui s’ajoute au budget de la cour royale, estimé à plusieurs centaines de millions de dollars par an. Cela fait de lui le monarque le plus riche d’Afrique et le cinquième le plus riche du monde.Tout cela ne veut même pas dire que, avec la reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, une nouvelle voie pour les cadeaux s’est ouverte pour la cour royale israélienne à la résidence du Premier ministre à Jérusalem.Mais Mohammed VI n’est pas un monarque dans le moule des pays du golfe Persique. Après 21 ans au pouvoir, il est considéré comme l’un des dirigeants libéraux du monde arabe. Il a commencé son règne par une série de réformes économiques et civiles qui ont mis le Maroc sur la voie d’un progrès rapide et du développement de son économie. Cela a rendu le roi populaire parmi plusieurs secteurs de la société marocaine, mais a également fait de lui une cible de critiques dans les cercles religieux.Il a donné aux femmes de nouveaux droits de tutelle sur leurs enfants et le droit de divorcer, bien que les dispositions sur le divorce ne leur garantissent pas l’égalité économique dans le partage des biens communs. Le roi a également consenti à limiter ses pouvoirs politiques.Contrairement au passé, le Premier ministre marocain est choisi parmi le parti qui reçoit le plus de voix de l’électorat. Pour la première fois, le roi a également autorisé un parti religieux, le Parti de la justice et du développement, à rejoindre le gouvernement et même à le former, après avoir remporté la majorité des voix lors des dernières élections. L’Union européenne, qui est le plus grand partenaire commercial du Maroc, participe à la surveillance de la situation des droits de l’homme dans le pays et, contrairement à la situation avec la Turquie, l’UE a encouragé et parfois même dicté une législation fondée sur les fondements du droit européen coutumier.Mais le chemin du Maroc vers le statut de nation développée est encore long. Sa dépendance totale au pétrole étranger, le fait qu’environ la moitié de la population vit de l’agriculture et les aléas du tourisme, qui représente environ 11% du PIB du pays – avec un taux d’analphabétisme d’environ 45% – nécessitent une Réforme économique. Les réformes doivent inclure la structure de l’économie et le système éducatif si le Maroc veut mieux s’intégrer dans l’économie mondiale.Selon un sondage réalisé en 2019 par le réseau de recherche Arab Barometer, environ 70% des jeunes marocains âgés de 18 à 29 ans ont exprimé le désir d’émigrer. Ce chiffre n’est pas surprenant compte tenu du taux de chômage de 12% du pays. Chez les jeunes, le taux est à peu près le double. Cette tranche d’âge est également la plus préoccupante en tant que source de troubles et de révoltes, comme on l’a vu en 2015 et 2017, lorsque des milliers de personnes de la région du Rif sont descendues dans la rue pour protester contre la détresse économique et le manque d’aide gouvernementale.Haaretz, 15/12/2020 -
Algérie: Tebboune réagit à la fausse main tendue du roi du Maroc
Le président algérie a accordé un entretien à des représentants de la presse locale diffusé ce dimanche soir sur l’ensemble des chaînes nationales.Abdelmadjid Tebboune a été interrogé sur le dernier discours du roi du Maroc, Mohammed VI, qui a appelé, fin juillet, le président Tebboune à rouvrir les frontières et œuvrer ensemble dès que ce dernier « le juge opportun ».Visiblement, le bluff du souverain marocain n’a eu aucun écho dans le pays voisin de l’Est. Les autorités algériennes exigent encore une réponse à la dérive du représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU.« Ils n’ont pas accédé à notre exigence à la suite des propos dangereux de leur représentant à l’ONU », a-t-il pointé.Pour ce qui est du conflit au Sahara occidental occupé, le chef de l’Etat a souligné que l’Algérie est un observateur « honnête » dans cette affaire de décolonisation. « Nous sommes prêts à accueillir les deux parties dans des pourparlers en Algérie (entre le Maroc et le Front Polisario », a-t-il lancé.Pour rappel, Rabat n’a pas encore réagi à la décision de l’Algérie de rappeler son ambassadeur pour consultation. -
Avec les compliments de Sa Majesté le roi du Maroc
Maroc, Pegasus, logiciels espions, espionnage, NSO Group,
Affaire Pegasus : les renseignements marocains avaient l’accord du roi
Comme nous l’avions dit dans nos précédentes éditions, il est de l’ordre de l’invraisemblable que l’entreprise israélienne NSO Group vende un équipement stratégique de type Pegasus sans l’accord préalable du ministère israélien de la Défense, comme il est tout autant invraisemblable que le renseignement marocain opère une mission de l’ampleur des écoutes Pegasus sans l’aval du roi Mohamed VI.
Cette évidence, si elle avait besoin à être confirmée, corrobore les derniers indices. Aussi, et selon un article publié hier, par le média en ligne Middle East Eye, les services de renseignement marocain n’ont pas agi sans l’aval du palais royal dans la ténébreuse affaire Pegasus, et « la crise internationale » qui en a résulté ne fait que commencer.
Dans un article d’opinion intitulé: « Pegasus et le Maroc : Mohammed VI savait », l’auteur, le journaliste marocain, Ali Lmrabet, a souligné qu’ »il est impossible » que le patron de la direction générale de la sécurité du territoire marocaine (DST), Abdellatif Hammouchi, ait décidé tout seul de mettre sur écoute une légion de personnalités de tous bords et de toutes nationalités à l’aide du logiciel espion Pegasus de l’entreprise israélienne NSO Group.
Selon l’auteur, espionner des journalistes marocains ou étrangers, des militants des droits de l’Homme, des politiciens marocains « ne nécessite aucun acquiescement » du roi, mais tenter de cibler le portable du président français, Emmanuel Macron, et dans ceux de son Premier ministre et d’une quinzaine de membres de son gouvernement « ne peut être l’œuvre du seul Hammouchi ».
« Hammouchi qui détient ses abusifs pouvoirs directement de son seigneur et maître le roi du Maroc, lequel, à travers l’un de ses conseillers, Fouad Ali El Himma, garde le contrôle absolu sur les services secrets, n’a pas l’ambition politique qui en ferait un électron libre », a analysé Lmrabet.
Dans ce même article, Lmrabet, a noté qu’afin de dédouaner le palais royal et même le régime de ce vaste réseau d’espionnage, le Maroc a procédé à une contrattaque en déposant plainte pour diffamation en France contre Forbidden Stories et Amnesty International, les ONG à l’origine de ces révélations, ainsi que contre Le Monde, Mediapart et Radio France, qui ont donné une large couverture à cette affaire.
Certains ont sauté sur le fait que l’un des téléphones du roi Mohammed VI avait été sélectionné par les services secrets marocains pour une éventuelle mise sur écoute. Pourtant, il est fort probable, d’après l’auteur, que « Hammouchi, cherchait à contrôler les pas du roi pour mieux préserver son image gravement touchée par des rumeurs insistantes et sordides ».
Et il est possible aussi, a-t-il nuancé, que la « sélection » (ce qui ne veut pas dire forcément « infection ») du téléphone de Mohammed VI ait été faite volontairement pour éloigner du roi les soupçons sur sa présumée implication dans l’éventualité où on découvrirait que le Maroc utilise le logiciel espion Pegasus. Ce qui est actuellement le cas ».
Reste à savoir, si Hammouchi sera lâché par le roi si un magistrat français, espagnol ou autre venait à lancer un avis de recherche internationale contre lui, sachant qu’il a déjà des démêlées avec la justice française dans l’affaire Moumni. Difficile de le prédire, selon Lmrabet. Et de conclure: « Nous sommes aujourd’hui à l’aube d’une crise internationale qui ne fait que commencer ».
La semaine dernière, des analystes de l’Etat français ont corroboré pour la première fois, de manière indépendante, les récentes révélations liées à l’affaire du logiciel espion Pegasus dans laquelle est impliqué le Maroc, mettant à nu notamment « la faiblesse de la riposte européenne » à ces dérives.
Dans un dossier consacré à cette affaire, le journal Le Monde a rapporté, que les premiers éléments issus des analyses techniques conduites ces derniers jours dans le cadre de l’enquête judiciaire, confortent les informations avancées par le consortium de dix-sept (17) médias, dont Le Monde, ayant mené l’enquête et par les constatations techniques d’Amnesty International.
C’est la première fois, selon le média, que des autorités officielles viennent confirmer de manière indépendante les preuves techniques avancées par Amnesty International dans le cadre du « Projet Pegasus », au même titre que les informations du consortium de journalistes.
L’Express, 04/08/2021
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