Étiquette : Nicolas Sarkozy

  • Nicolas Sarkozy en quelques chiffres

    Voici un aperçu de la vie de Nicolas Sarkozy, ancien président de la République française.

    Personnelle

    Date de naissance : 28 janvier 1955

    Lieu de naissance : Paris, France

    Nom de naissance : Nicolas Paul Stéphane Sarkozy de Nagy-Bocsa

    Père : Pal Sarkozy de Nagy Bocsa

    Mère : Andrée (Mallah) Sarkozy de Nagy Bocsa

    Mariages : Carla Bruni (depuis 2008) ; Cécilia Ciganer-Albeniz (1996-2007, divorcée) ; Marie-Dominique Culioli (1982-1996, divorcée)

    Enfants : avec Carla Bruni : Giulia ; avec Cécilia Ciganer-Albeniz : Louis ; avec Marie-Dominique Culioli : Jean et Pierre

    Formation : A fréquenté l’Institut d’études politiques de Paris, 1979-1981 ; Université de Paris, droit, 1978

    Religion : Catholique romain

    Autres faits

    Fils d’une mère française et d’un père immigré hongrois.

    A grandi à Neuilly-sur-Seine ou Neuilly, une banlieue de Paris.

    Membre du parti Les Républicains, anciennement connu sous le nom de parti de l’Union pour un mouvement populaire (UMP).

    Chronologie

    1977 – Élu conseiller municipal de Neuilly.

    1983-2002 – Maire de Neuilly.

    1993-1995 – Ministre du budget de la France.

    2002-2004 – Ministre de l’Intérieur.

    Mars 2004-novembre 2004 – Ministre des Finances.

    2005-2007 – De nouveau ministre de l’Intérieur, démissionne pour se présenter à l’élection présidentielle.

    6 mai 2007 – Défaite de Ségolène Royal au second tour de la présidentielle (53% contre 47%).

    16 mai 2007 – Prête serment en tant que président de la France.

    Août 2008 – Participe à la négociation d’un accord de cessez-le-feu entre la Géorgie et la Russie.

    22 avril 2012 – Termine deuxième, derrière François Hollande, au premier tour de l’élection présidentielle française.

    6 mai 2012 – Est battu par Hollande au second tour de l’élection présidentielle.

    3 juillet 2012 – La police fait une descente au domicile et au bureau de M. Sarkozy dans le cadre d’une enquête sur des accusations de financement illégal de sa campagne. L’enquête vise à déterminer si l’héritière de L’Oréal, Liliane Bettencourt, a aidé illégalement Sarkozy pendant sa campagne présidentielle de 2007.

    21 mars 2013 – Est placé sous enquête formelle pour abus de confiance. Il est accusé d’avoir profité de Bettencourt pour l’aider à financer sa campagne de 2007.

    7 octobre 2013 – Les charges contre Sarkozy pour financement illégal présumé de sa campagne sont abandonnées.

    2 juillet 2014 – Est placé sous enquête formelle en lien avec des soupçons de corruption et de trafic d’influence. L’affaire est ensuite suspendue.

    29 novembre 2014 – Il est élu à la tête du parti UMP.

    Mai 2015 – Le parti UMP change de nom et devient Les Républicains.

    22 août 2016 – Sarkozy annonce qu’il va se représenter à la présidentielle.

    20 novembre 2016 – Sarkozy arrive en troisième position lors de la première primaire présidentielle des Républicains en France.

    7 février 2017 – Un juge français ordonne à Sarkozy d’être jugé pour fraude au financement de sa campagne. Sarkozy est accusé d’avoir dépassé les dépenses électorales lors de sa campagne de réélection de 2012.

    20 mars 2018 – Sarkozy est interrogé par la police sur des allégations selon lesquelles il aurait accepté de l’argent de la Libye pour financer sa campagne électorale de 2007. Selon un fonctionnaire, qui n’a pas voulu être nommé, Sarkozy fait l’objet d’une enquête des autorités anti-corruption.

    8 janvier 2020 – Un tribunal parisien annonce que Sarkozy sera jugé pour corruption. Il est accusé d’avoir tenté d’obtenir des informations classifiées d’un juge.

    24 novembre 2020 – Début du procès pour corruption de Nicolas Sarkozy. S’il est reconnu coupable, il risque jusqu’à quatre ans de prison.

    1er mars 2021 – Sarkozy est reconnu coupable d’avoir tenté d’obtenir illégalement des informations d’un haut magistrat et condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis.

    Local News 8, 24 mars 2021

    Tags : France, Nicolas Sarkozy,

  • La France reconnaît ses fautes en Afrique

    Le président français Emmanuel Macron a reconnu les erreurs de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui a soutenu l’intervention occidentale en Libye, contre le régime de Kadhafi, lors de la rencontre avec les nouveaux dirigeants libyens mardi 23 mars à l’Elysée.

    « Nous avons une dette envers la Libye, très claire : une décennie de désordre. »

    Ainsi le Président de la République française pour la première fois a reconnu officiellement l’implication de son pays dans le chaos que la Libye et une partie de l’Afrique ont connu en dix ans. Les conséquences de cette intervention font toujours des ravages en Libye, au Sahel et dans d’autres pays africains.

    La République centrafricaine ne fait pas l’exception. La mission militaire de l’ONU majoritairement composée l’armée française, conduite en République centrafricaine du 5 décembre 2013 au 31 octobre 2016 n’a pas réussi à restaurer la paix sur le territoire centrafricain. Depuis la fin de cette mission les attaques contre des civils et le terreur de la part des groupes armés toujours présents sur le territoire national se sont poursuivies.

    Néanmoins, le peuple centrafricain attend le moment où le président français dira à la République centrafricaine Mea culpa et admettra les erreurs commises depuis l’indépendance du pays.

    NouvellesPlus, 26 mars 2021

    Tags : France, Afrique, Libye, Nicolas Sarkozy, Kadhafi, Sahel, terrorisme, armes, trafic,

  • La Libye a un nouveau gouvernement. Parviendra-t-elle à maintenir la paix ?

    Le gouvernement d’unité nationale (GUN) nouvellement confirmé devrait s’engager à améliorer sensiblement la situation des droits de l’homme en Libye et à faire en sorte que les élections prévues en décembre 2021 soient libres et équitables.

    Le processus de paix en Libye a franchi une nouvelle étape. Au début du mois, un gouvernement intérimaire d’unité nationale (GNU) a été formé pour réunir les parties belligérantes du pays sous une même bannière et garantir des élections démocratiques.

    Les négociations sur la formation du nouveau gouvernement sont en cours depuis octobre dernier, lorsque les deux parties à la guerre civile ont conclu une paix temporaire. Avec le soutien des Nations unies, le gouvernement d’entente nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale, et le gouvernement parallèle dit de l’Est, qui soutient l’armée nationale libyenne (LNA) de Haftar, y ont pris part.

    Cette semaine, le gouvernement de l’Est a également reconnu les pouvoirs du GNA et lui a confié la responsabilité de la partie orientale de la Libye. Le GNU est donc effectivement devenu le seul gouvernement national et la principale autorité exécutive dans tout le pays. Il s’agit d’une étape importante qui peut ramener la paix dans un État en proie à un conflit constant depuis dix ans. L’un des nouveaux vice-premiers ministres, Hussein Al-Gotrani, a également exprimé ses espoirs, en déclarant aux médias locaux : « La période de division est terminée. Le GNU est au service de tous les citoyens, quelle que soit leur région. »

    L’émergence et la légitimation du GNU ont également eu des conséquences sur l’orientation de la politique étrangère de la Libye. La France a déjà annoncé son intention de rouvrir son ambassade à Tripoli, qui a dû être fermée en 2014 en raison de l’intensification des combats. Le président Emmanuel Macron souhaite ainsi encourager la consolidation de la paix et aider à consolider la stabilité du nouveau gouvernement. Il n’a pas oublié d’ajouter que la France a une dette considérable envers la Libye, qu’elle cherchera à rembourser. En effet, c’est le président français de l’époque, Nicolas Sarkozy, qui a le plus soutenu l’intervention des troupes de l’OTAN contre le dirigeant libyen de l’époque, Mouammar Kadhafi.

    M. Macron a également indiqué que la principale priorité du GNU et des pays étrangers devait être le retrait des troupes étrangères du territoire libyen. En effet, il y a encore plus de 20 000 mercenaires qui ont soutenu à la fois le GNA et la LNA. La plus grande présence ici est celle de la Turquie, qui a déployé des milices syriennes en plus de ses propres forces armées. La Russie est également présente ici par le biais de sa société militaire privée, le groupe Wagner.

    Compte tenu de la position stratégique et des richesses naturelles de la Libye, il est difficile de prévoir à quelle vitesse les acteurs étrangers retireront leurs troupes du pays – ou même s’ils seront disposés à le faire. En outre, le retrait des troupes étrangères n’est qu’une des nombreuses complications qui rendent difficile l’aboutissement du processus de paix. Toutefois, si le gouvernement de transition parvient à conserver le pouvoir dans toute la Libye et à établir des relations diplomatiques avec d’autres États, la Libye pourrait enfin connaître des élections équitables et démocratiques au cours desquelles le peuple libyen choisirait lui-même son avenir. Les élections sont symboliquement prévues pour le 24 décembre, date à laquelle la Libye fête son indépendance.

    Auteur : Marián Maraffko

    SME Blog, 26 mars 2021

    Tags : Libye, France, OTAN, Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy, Kadhafi, GNU,

  • La politique française oppose les chats aux chiens

    Certains animaux sont-ils plus présidentiels que d’autres ?

    Les chats et les chiens sont devenus les nouvelles armes de la guerre de l’image en France. Les choses ont commencé à se réchauffer à la fin de l’année dernière lorsque Marine Le Pen, leader du Rassemblement national (anciennement Front national), a révélé qu’elle avait passé un examen pour devenir éleveuse de chats agréée. Sa ferveur féline était déjà bien connue. Mme Le Pen considère que les chats font « partie de la famille » et a déjà accusé un doberman appartenant à son père, Jean-Marie Le Pen, d’avoir tué l’un de ses précieux molosses. Mais ce dernier rebondissement ressemble étrangement à une tentative d’adoucir l’image d’une dirigeante qui a cherché à prendre ses distances avec la politique d’extrême droite incendiaire de son père.

    Tout comme Mme Le Pen a essayé d’atténuer son style strident avant l’élection présidentielle française de l’année prochaine, des photos câlines de ses six chats sont apparues avec une régularité persistante sur son compte Instagram. Elle a même créé un compte anonyme distinct, dédié à ses races bengal et somali. « Je ne suis pas intéressée par l’argent », ronronne Mme Le Pen ; « Je veux juste que les chats soient mieux traités ». Si je prends soin de mes chats, semble-t-elle dire, je prendrais soin du pays aussi.

    Les efforts de Mme Le Pen ne sont pas passés inaperçus. Après son élection, Emmanuel Macron a adopté un bâtard, Nemo, dans un refuge. Des photos du président, plus connu pour son style de gouvernement « jupitérien », caressant son cabot noir figurent périodiquement sur le compte Instagram de la photographe officielle de la présidence, Soazig de la Moissonnière. En décembre, M. Macron a publié sur les médias sociaux une vidéo de Nemo, accompagnée d’un message exhortant les Français à adopter un animal de compagnie de secours, et à le faire de manière responsable. Elle a obtenu plus d’un demi-million de vues sur Instagram seulement.

    Sous la Cinquième République, une ménagerie d’animaux de compagnie s’est succédé au palais de l’Élysée. En plus de son chien de sauvetage, M. Macron garde deux poules (un cadeau). Nicolas Sarkozy a fait venir une poignée de canidés. Charles de Gaulle avait un Welsh Corgi, qui lui aurait été offert par la reine, ainsi qu’un chat, mais aucun ne vivait à la résidence officielle. Avant M. Macron, pas moins de six présidents français consécutifs ont eu des labradors, faisant de cette race une sorte de tradition. Celui de Georges Pompidou s’appelait d’ailleurs Jupiter. En bref, tous les présidents français modernes ont possédé un chien. Mme Le Pen a-t-elle choisi le bon animal pour le pouvoir ?

    The Economist, 20 mars 2021

    Tags : France, Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Némo, Charles de Gaulle, Georges Pompidou, animaux de compagnie, chiens, chats, politique,

  • La justice française: la réputation d’être de gauche

    Les procès Sarkozy et leurs conséquences: Le pouvoir judiciaire en France est confronté à des réformes majeures.

    Corona fait de l’ombre à tout. Pour le gouvernement d’Emmanuel Macron, cependant, ce n’est pas aussi dramatique qu’il n’y paraît pour le moment. Il est vrai qu’en France aussi, la campagne de vaccination, qui a pris de l’ampleur, est quelque peu ralentie par l’affaire Astra-Zeneca, mais cela détourne aussi l’attention du scandale politique qui couve depuis début mars à la suite d’un verdict étonnant contre l’ancien président Nicolas Sarkozy, et qui continuera vraisemblablement à jouer un rôle dans les mois à venir. Il s’agit du système judiciaire idéologiquement biaisé en général et des poursuites de la Cour fiscale nationale en particulier.

    Y a-t-il une méthode pour de telles poursuites ?

    Cette cour spéciale, fondée par le prédécesseur de Macron, François Hollande, et opportunément de gauche, s’est apparemment donné pour mission de passer au crible les candidats potentiels dans les camps de la droite et de la bourgeoisie jusqu’à ce qu’elle trouve quelque chose, puis de lancer des enquêtes avec effet de publicité, de préférence avant des élections importantes. C’est ce qui s’est passé avec l’ancien candidat prometteur à la présidence François Fillon il y a quatre ans, qui a été mis hors course par cette intrigue, et c’est ce qui se passe maintenant avec l’ancien président Nicolas Sarkozy.

    Trois ans de prison, dont deux avec sursis – telle est la sentence prononcée dans la salle d’audience bondée du 1er mars. C’est vrai, il pourrait purger l’année de prison en résidence surveillée. Mais les espoirs ou les craintes d’un come-back sont terminés. Même si Sarkozy a annoncé le soir même qu’il allait faire appel. Et le lendemain, lors d’une interview télévisée dans le cadre de la première émission, il a déclaré à plusieurs reprises qu’il n’avait pas l’intention, et n’a toujours pas l’intention, de se présenter aux élections. Cependant, il n’a jamais voulu renoncer à donner des conseils ou à s’engager dans le camp bourgeois parce qu’il était un homo politicus. Maintenant, cependant, il se battrait bec et ongles pour son honneur et pour le droit et la justice.

    Plusieurs procès pour corruption, pots-de-vin et financement illégal de campagne sont en cours depuis plus de huit ans contre M. Sarkozy, aujourd’hui âgé de 66 ans. Dans le verdict actuel – un autre est attendu prochainement – il a été reconnu coupable d’avoir soudoyé un procureur en promettant d’user de son influence en tant qu’ancien président de la cour princière de Monaco pour obtenir de cet avocat un poste de consul honoraire de Monaco. En contrepartie, le procureur devait l’informer, ainsi que son avocat, de l’état de l’enquête sur les procès de Sarkozy. Les conversations à ce sujet entre Sarkozy et son avocat Thierry Herzog, qui a également été condamné, ont été secrètement interceptées et ont servi de seule preuve. Cela viole le secret professionnel et la protection de la confiance entre l’avocat et son client, mais, ont déclaré les juges, « en raison de la gravité de l’infraction », ils ont autorisé les enregistrements à servir de preuve. Il est difficile d’imaginer que la Cour aurait agi de la même manière avec un homme politique de gauche.

    La course dans le camp bourgeois est ouverte

    Il est également difficile d’imaginer que le président sortant, Emmanuel Macron, n’avait aucune idée de cette évolution. En tout cas, cela élimine un concurrent potentiellement indésirable. Car chez les Républicains conservateurs (LR), de nombreux barons du parti avaient placé leurs espoirs dans le fait que Sarkozy monte une nouvelle fois sur le ring et brigue la présidence. Maintenant, la course est ouverte dans le camp bourgeois. Plusieurs noms circulent.

    Il y a le chef de file des Républicains au Sénat, Bruno Retaillau, il y a les personnalités Pierre de Villiers, l’ancien chef d’état-major, que les sondages donnent à 20 %, ou le publiciste Eric Zemmour, qui est à 13 %. Il y a l’ancien chef de parti Laurent Wauquiez ou l’ancien ministre de Sarkozy Xavier Bertrand et quelques autres. En l’état actuel des sondages, ils ne parviendraient pas à se qualifier pour le second tour. La chef du parti de l’Assemblée nationale, Marine Le Pen, les devancerait et serait même dangereuse pour le président sortant, selon les sondages d’aujourd’hui. Emmanuel Macron n’est pas menacé par la gauche. Les socialistes, les Verts et les communistes atteignent ensemble un maximum de 30 %.

    Si le camp bourgeois se mettait d’accord sur un candidat, il aurait certainement une chance, même contre Macron. Sarkozy aurait pu être ce candidat. Aujourd’hui, près de 13 mois avant le premier tour de scrutin de l’élection présidentielle et trois mois avant les élections régionales nationales, les conservateurs doivent rapidement se mettre d’accord sur un candidat. Les élections régionales constituent le test final et servent de critère de sélection.

    Il est fort possible que le sénateur vendéen de 60 ans, Bruno Retaillau, s’allie au général Pierre de Villiers, voire à Xavier Bertrand. Ils étaient tous unis par leur opposition cordiale à Sarkozy. Le verdict pourrait donc même marquer un tournant pour la France : la fin des éternelles batailles de chefferies en politique. À moins, bien sûr, que la justice de gauche ne retrouve ce qu’elle cherche dans ses opérations d’écoutes et ne fasse ainsi éclater les alliances. Elle préfèrerait certainement un Macron semi-gauchiste à un Retaillau droitier, qui d’ailleurs, comme Marine Le Pen, dissoudrait rapidement le tribunal de gauche d’un trait de plume.

    Le ministre de la justice annonce une réforme

    Cependant, les reconstitutions juridiques et les enquêtes contre Sarkozy ont une fois de plus gravement ébranlé la confiance du peuple dans le troisième pouvoir et son indépendance. Ce n’était pas très fort de toute façon. Des jugements comme celui contre Sarkozy « approfondissent la méfiance », comme l’admet même le ministre de la justice dans une interview au Point, et annonce également une grande réforme de la justice. Il souhaite présenter le projet de loi à la mi-avril. Il doit y avoir des règles également pour les pouvoirs indépendants des États. Oui, dit le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, « plus une institution insiste sur son indépendance, plus elle doit respecter strictement les règles. »

    La réforme prévoit des changements complets, mais pas la suppression du Tribunal financier. C’est précisément ce qu’il faudrait faire et cela donnera encore lieu à de vives controverses.

    Die Tagespost, 20 mars 2021

    Tags : France, Justice, Nicolas Sarkozy,

  • Tous les politiciens mentent-ils et trichent-ils ?

    Par Daniel Warner*

    Les journaux en France ont scrupuleusement couvert le procès de l’ancien président français Nicolas Sarkozy qui a été reconnu coupable de corruption et de trafic d’influence par un tribunal de Paris et condamné à la prison. La presse américaine ne cesse d’évoquer les difficultés juridiques de l’ancien président Donald Trump, notamment les appels lancés pour tenter d’annuler les résultats de l’élection présidentielle de 2020 en Géorgie, ainsi que les enquêtes sur ses déclarations de revenus et ses fraudes bancaires menées par le procureur du district de Manhattan, Cyrus Vance Jr. Les journaux locaux genevois ne se lassent pas du procès du conseiller d’État Pierre Maudet pour avoir menti sur l’identité des personnes ayant payé son voyage personnel/public à Abu Dhabi avec sa famille. Et nous pourrions facilement ajouter la frénésie médiatique aux États-Unis dans le cadre des révélations de méfaits du gouverneur de New York, Andrew Cuomo.

    En discutant des diverses implications éthiques de ces scandales avec un politicien genevois de gauche, j’ai été surpris lorsqu’il a déclaré : « Tous les politiciens mentent et trichent. » Vraiment ? Il semblait accepter que le mensonge et la tricherie soient des éléments normaux de la vie politique. C’était son point de vue, après avoir été pendant de nombreuses années un parlementaire socialiste de premier plan.

    A-t-il raison ? Que devrions-nous attendre de ceux que nous élisons démocratiquement ? Ne devrions-nous pas leur demander de respecter les normes éthiques les plus élevées ? Après tout, ce sont nos représentants, dûment choisis par nous pour promouvoir le bien commun. Ou devrions-nous ignorer les problèmes juridiques de Sarkozy, Trump et Maudet et dire : « Ce sont des politiciens normaux » ?

    L’éminent philosophe politique Michael Walzer a écrit un article fondamental sur ce sujet – « L’action politique : The Problem of Dirty Hands ». Walzer part de la question de « la facilité ou la difficulté relative – ou l’impossibilité – de vivre une vie morale » dans ce monde. Walzer s’intéresse au dilemme spécifique de l’homme politique qui doit « vivre une vie morale ».

    En présentant le dilemme de l’homme politique, Walzer cite un personnage dans une pièce de Jean Paul Sartre : « J’ai les mains sales jusqu’au coude. Je les ai plongées dans la crasse et le sang. Pensez-vous pouvoir gouverner innocemment ? » La réponse de Walzer à la question du personnage est un « non » catégorique. « Je ne pense pas pouvoir gouverner innocemment », répond Walzer, « pas plus que la plupart d’entre nous ne croient que ceux qui nous gouvernent sont innocents ».

    La position de Walzer pour défendre les mains sales des politiciens comporte plusieurs volets. Tout d’abord, le politicien doit faire certaines promesses pour être élu. « L’arnaque et le mensonge sont nécessaires parce que le pouvoir et la gloire sont si désirables – c’est-à-dire largement désirés », argumente-t-il. « Ainsi, les hommes qui agissent pour nous et en notre nom sont nécessairement des escrocs et des menteurs ». Pour Walzer, ceux qui se présentent aux élections peuvent dire qu’ils veulent servir le bien général, mais cet objectif ne peut exclure l’élément de gloire personnelle.

    Deuxièmement, le politicien est différent de vous et de moi. Il ou elle doit avoir plus confiance en ses jugements que nous. Après tout, c’est pour cela qu’ils ont été élus. Walzer estime que « le politicien a, ou prétend avoir, une sorte de confiance dans son propre jugement que le reste d’entre nous sait être présomptueux chez n’importe quel homme ». Ainsi, nous ne devrions pas être surpris par l’arrogance du politicien. Nous ne devrions pas non plus élire quelqu’un qui ne fait pas preuve d’un niveau particulier de confiance en soi.

    Dans le monde de Walzer, il faut choisir entre le sens du bien et du mal d’un individu et travailler pour le bien général. Les politiciens sont confrontés à un monde de choix situationnels. Pour Walzer, les élus « n’ont pas gagné, après tout, parce qu’ils étaient bons, ou pas seulement pour cela », présume-t-il, « mais aussi parce qu’ils n’étaient pas bons ». Personne ne réussit en politique sans se salir les mains. « 

    Le politicien est un héros tragique, celui qui est condamné à faire de  » mauvaises choses « , mais à les faire bien dans l’intérêt général. Walzer cite Hamlet : « Je dois être cruel seulement pour être gentil. » Et cette gentillesse a ses récompenses. Lorsque le politicien réussit dans le monde des mains sales, il est loué pour son succès. Mais le succès est venu au prix de se salir les mains. Il n’y a pas d’autre moyen de réussir en politique, d’où la nature tragique du politicien moral une fois entré dans le monde politique immoral.

    Mais Sarkozy, Trump et Maudet ont plus que des dilemmes moraux. Ils ne sont pas des héros tragiques. Au contraire. Ils ont des affaires criminelles contre eux qui vont bien au-delà des tensions inhérentes à la vie politique. Sarkozy et Maudet ont été condamnés, Trump sera certainement tenu pénalement responsable de diffamation à l’avenir. Au-delà du héros tragique de Walzer qui entre dans le monde de la politique pour faire du bien au grand public, Sarkozy, Trump et Maudet ont trahi la confiance de l’électorat. Ils ont plus qu’un dilemme moral.

    Tous les politiciens mentent-ils et trichent-ils ? Probablement oui au sens moral du terme. Mais les trois exemples cités vont au-delà des tensions morales inhérentes à la politique quotidienne. Il se peut que tous les politiciens mentent et trichent, mais ils ne sont pas forcément des criminels. Sarkozy, Trump et Maudet ont plus que les mains sales.

    *Daniel Warner est l’auteur de An Ethic of Responsibility in International Relations. (Lynne Rienner). Il vit à Genève.

    Counterpunch, 19 mars 2021

    Tags : Politique, politiciens, Nicolas Sarkozy, Pierre Maudet,

  • Justice: Quelques leçons de la condamnation de Nicolas Sarkozy

    Le 24 juillet 2020 paraissait le premier tome de “Le temps des tempêtes”. Nicolas Sarkozy ignorait, ce jour-là, s’il ferait face, début mars 2021, à une tempête judiciaire qui le condamnerait à 3 ans d’emprisonnement dont un an ferme pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite des écoutes.

    Certains, comme le président du parti ‘Les Républicains’, ont jugé la peine “sévère et disproportionnée”. Pour comprendre pourquoi la droite, contre tout bon sens, soutient Sarkozy, il suffit de lire la réaction de ‘Süddeutsche Zeitung’. Pour le quotidien allemand basé à Munich, “l’affaire Sarkozy-Azibert est la preuve que les élites françaises ont pris l’habitude de vivre hors la loi, coupées du monde.”

    D’autres, les plus nombreux, se sont réjouis du verdict car, pour eux, la loi est une pour tous et il est bien loin l’époque où les Parlements de l’Ancien Régime rendaient la justice au nom du roi.

    Que le jugement prononcé le 1er mars 2021 déplaise ou non, une chose est certaine : l’ex président français, qui affirmait, le 26 juillet 2007 à Dakar, que l’homme africain n’était pas assez entré dans l’Histoire (une mauvaise compréhension par Henri Guaino de la phrase d’Aimé Césaire :“Laissez entrer les peuples noirs sur la grande scène de l’Histoire”) dans un discours ne reposant que sur des clichés erronés et éculés, vient d’y entrer de la pire manière qui soit car il est le premier président de la Ve République à qui une telle peine est infligée.

    Un pays sérieux et vraiment démocratique aurait depuis longtemps enfermé Sarkozy, n’aurait jamais accepté qu’il se rende à Abidjan pour assister à l’investiture de quelqu’un qui a violé la Constitution ivoirienne en briguant un 3e mandat.

    Mais, comme le révélait l’historien Emmanuel Todd le 20 janvier 2017, “la France n’est plus une démocratie, on fait tous semblant, on est dans un monde d’illusions, on est dans une comédie, on fait du théâtre, on met en cause la démocratie américaine qui renaît et on fait comme si, nous, on était des démocrates, on est vraiment de gros rigolos quand on met Trump en question.”

    Je doute fort que Sarkozy puisse être mis sous les verrous. Pourquoi ? D’abord, parce que la France a profité et continue de profiter de ce qu’il fit en Côte d’Ivoire, le 11 avril 2011 : faire tuer des milliers d’Ivoiriens par la force française Licorne pour remplacer l’insoumis Laurent Gbagbo par une personne qui offrirait facilement les richesses du pays à l’ancienne puissance colonisatrice.

    Ensuite, parce que le tribunal a plaidé pour une détention à domicile sous surveillance électronique. Ce tribunal devrait pourtant se souvenir qu’en novembre 2015 le même Sarkozy s’était insurgé contre les mesures d’aménagement de peine, qu’en mars 2012 il avait assimilé la non-exécution des peines à une impunité et qu’en novembre 2014 il avait soutenu qu’une personne “qui revient pour la 17e fois devant le tribunal devait être punie pour l’ensemble de son œuvre”.

    Bref, le successeur de Jacques Chirac sera traité moins sévèrement que les Gilets jaunes coupables d’avoir manifesté pacifiquement pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, ce qui prouve une fois de plus que, “selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir” (Jean de La Fontaine).

    Un individu honnête et conséquent avec lui-même aurait exigé que sa peine ne soit pas réduite. Hélas, la cohérence et l’honnêteté n’ont jamais été le fort de Sarkozy. À défaut de le voir derrière les barreaux, on devrait savoir gré aux juges d’avoir humilié ce “délinquant chevronné”, tout comme le destin humilia, il y a quelques années, les Goodluck Jonathan, Blaise Compaoré, Toumani Touré, Abdoulaye Wade, Raïla Odinga, François Fillon, Alain Juppé, François Hollande, Manuel Valls et d’autres aventuriers en mettant subitement fin à leur carrière politique.

    Mais la plus grande humiliation, pour Sarkozy, restera son assignation à résidence avec un bracelet électronique au moment où Laurent Gbagbo se prépare à retrouver la terre de ses ancêtres. Une humiliation que n’a pas réussi à effacer son passage sur TF1, le mercredi 3 mars 2021.

    Sur la chaîne de télévision majoritairement détenue par le groupe industriel Bouygues, Sarkozy se victimisa, accusa la justice de harcèlement avant d’assurer qu’il ne baisserait pas la tête, qu’il se battrait jusqu’au bout pour le triomphe de la vérité et qu’il était blanc comme neige.

    Il avait fait de même le 22 mars 2018 avec la même hargne mais son plaidoyer n’avait convaincu personne. Jérôme Cahuzac s’était défendu, lui aussi, d’avoir trahi la confiance des Français jusqu’à ce que le site ‘Mediapart’ le confonde avec des preuves et que l’ancien ministre du Budget de F. Hollande reconnaisse qu’il avait un compte caché en Suisse.

    Que Sarkozy mente avec le même aplomb que l’imposteur qu’il installa à la tête de notre pays, qu’il ait de puissants amis comme Bouygues qui complaisamment le laisse fanfaronner sur un plateau de télévision, qu’il milite ouvertement pour une réduction de la population africaine. Qu’il gesticule ou qu’il profère des menaces contre les juges qui l’ont condamné à un an ferme d’emprisonnement, le 1er mars 2021, tout cela n’a aucun intérêt pour les Africains qu’il insulta et méprisa proprement dans la capitale sénégalaise dans un discours où l’ignorance le disputait à l’arrogance.

    La seule chose qui devrait nous intéresser, c’est la signification de la décision prise par la 32e chambre du Tribunal correctionnel de Paris. À mon avis, cette décision signifie, premièrement, que Sarkozy n’a pas dit la vérité aux Français en accusant les juges d’acharnement contre sa personne.

    Elle veut dire, en second lieu, qu’il pourrait ne pas participer à la présidentielle de 2022 s’il en avait l’intention. Elle prouve enfin qu’un ancien président peut être jugé et condamné. Ici, je voudrais faire deux remarques.

    La première, c’est de dire aux Ivoiriens qu’ils devraient emboîter le pas à la justice française en portant plainte, là où cela est possible, contre Sarkozy pour destruction de biens et de vies humaines en avril 2011. La seconde remarque concerne les peuples africains.

    La condamnation de Sarkozy est une perche que leur tend l’Histoire. Saisir cette perche, c’est demander des comptes aux anciens chefs d’État coupables d’enrichissement illicite et de crimes contre l’humanité. Qu’ils vivent dans leur pays ou qu’ils se cachent en Occident, les dictateurs et criminels doivent faire face à la justice.

    Sarkozy, qui traîne de nombreuses casseroles, semble n’en avoir pas fini avec celle de son pays puisqu’il doit comparaître, le 17 mars 2021, dans le procès de l’affaire “Bygmalion” portant sur les frais de sa campagne présidentielle de 2012.

    Celui qui se prenait pour un demi-dieu, qui affichait morgue et mépris, qui faisait montre de condescendance et de suffisance, qui était fier d’avoir fait assassiner le colonel Kadhafi et enlevé Laurent Gbagbo du pouvoir pour y installer son ami Ouattara, n’avait pas compris cette vérité simple mais éternelle : on ne peut être fort éternellement car, pour tout mortel, arrive tôt ou tard le temps des tempêtes.

    Une contribution de Jean-Claude DJEREKE

    Ivoirebusiness.net, 17 mars 2021

    Tags : Nicolas Sarkozy, corruption, Bygmalion,

  • Poursuivre les ex-présidents pour corruption est une tendance mondiale, mais ce n’est pas toujours bon pour la démocratie.

    (The Conversation est une source indépendante et à but non lucratif de nouvelles, d’analyses et de commentaires d’experts universitaires).

    Victor Menaldo, Université de Washington ; James D. Long, Université de Washington, et Morgan Wack, Université de Washington.

    (TheCONVERSATION) Dans le monde entier, d’anciens présidents font l’objet d’enquêtes, de poursuites et même d’emprisonnement.

    En Bolivie, l’ex-présidente Jeanine Áñez a été arrêtée pour terrorisme, conspiration et sédition le 13 mars. Une semaine auparavant, l’ancien président français Nicolas Sarkozy a été condamné à une peine de prison pour corruption et trafic d’influence.

    Le Premier ministre israélien en exercice, Benjamin Netanyahu, est actuellement en procès. Jacob Zuma, l’ancien président de l’Afrique du Sud, sera jugé en mai. Et aux États-Unis, les procureurs de New York enquêtent sur les relations d’affaires de l’ancien président Donald Trump.

    À première vue, poursuivre les hauts responsables actuels ou passés accusés de conduite illégale semble être une décision évidente pour une démocratie : Tout le monde devrait être tenu responsable et soumis à l’état de droit.

    Des poursuites déstabilisantes

    Mais les présidents et les premiers ministres ne sont pas n’importe qui.

    Ils sont choisis par les citoyens d’une nation ou leurs partis pour diriger. Ils sont souvent populaires, parfois vénérés. Les poursuites judiciaires à leur encontre sont donc inévitablement perçues comme politiques et divisent.

    Si les poursuites à l’encontre d’anciens dirigeants sont engagées par un rival politique, cela peut conduire à un cycle de représailles.

    C’est en partie pour cette raison que le président américain Gerald Ford a gracié Richard Nixon, son prédécesseur, en 1974. Malgré les preuves évidentes d’actes criminels dans le cadre du scandale du Watergate, Ford craignait que le pays « ne soit inutilement détourné des défis à relever si notre peuple devait rester fortement divisé » sur la question de la sanction de l’ex-président.

    À l’époque, la réaction du public était divisée selon les partis. Mais beaucoup de gens considèrent aujourd’hui que l’absolution de Nixon est nécessaire pour guérir les États-Unis.

    Nos recherches sur les poursuites judiciaires à l’encontre des dirigeants mondiaux montrent que l’immunité générale et les poursuites trop zélées peuvent miner la démocratie. Mais ces poursuites présentent des risques différents pour les démocraties matures comme la France et pour les démocraties naissantes comme la Bolivie.

    Les démocraties matures

    Les démocraties fortes sont généralement suffisamment compétentes – et le système judiciaire suffisamment indépendant – pour poursuivre les politiciens qui se comportent mal, y compris les hauts dirigeants. Sarkozy est le deuxième président moderne de la France à être reconnu coupable de corruption, après Jacques Chirac en 2011. Le pays ne s’est pas effondré après la condamnation de Chirac.

    Dans les démocraties matures, les poursuites peuvent responsabiliser les dirigeants et solidifier l’État de droit. La Corée du Sud a enquêté et condamné cinq anciens présidents à partir des années 1990, une vague de poursuites politiques qui a culminé avec la destitution en 2018 de la présidente Park Geun-hye.

    Mais même dans les démocraties matures, les procureurs ou les juges peuvent armer les poursuites.

    Certains observateurs estiment que la peine de trois ans de prison prononcée à l’encontre du Français Sarkozy – dont la condamnation pour corruption implique des pots-de-vin et une tentative de corruption d’un magistrat – était trop sévère.

    L’excès de zèle des poursuites contre l’État de droit

    Les poursuites politiques excessives sont plus probables, et potentiellement plus dommageables, dans les démocraties émergentes où les tribunaux et autres institutions publiques ne sont pas suffisamment indépendants de la politique. Plus le pouvoir judiciaire est faible et redevable, plus il est facile pour les dirigeants d’exploiter le système, soit pour étendre leur propre pouvoir, soit pour faire tomber un adversaire.

    Le Brésil incarne ce dilemme.

    L’ex-président Luiz Inácio « Lula » da Silva, un ancien cireur de chaussures devenu un gauchiste populaire, a été emprisonné en 2018 pour avoir accepté des pots-de-vin dans ce que de nombreux Brésiliens ont ressenti comme un effort politisé pour mettre fin à sa carrière.

    Un an plus tard, la même équipe de procureurs a accusé l’ancien président conservateur Michel Temer d’avoir accepté des millions de pots-de-vin. Après la fin de son mandat en 2019, il a été arrêté ; son procès a ensuite été suspendu.

    Les poursuites engagées à l’encontre des deux présidents brésiliens s’inscrivent dans le cadre d’une vaste enquête anticorruption menée depuis des années par les tribunaux, qui a conduit à l’emprisonnement de dizaines d’hommes politiques. Même le procureur principal de l’enquête est accusé de corruption.

    La crise brésilienne montre que personne n’est au-dessus des lois, ou bien elle montre au public que son gouvernement est incorrigiblement corrompu. Lorsque cela se produit, il devient plus facile pour les politiciens et les électeurs de considérer les transgressions des dirigeants comme un coût normal des affaires.

    Pour Lula, une condamnation n’a pas nécessairement mis fin à sa carrière. Il est sorti de prison en 2019 et, en mars dernier, la Cour suprême a annulé sa condamnation. De nouveaux sondages montrent que Lula conserve 50 % du soutien du public. Il est désormais probable qu’il se représente à la présidence en 2022.

    [L’expertise dans votre boîte de réception. Inscrivez-vous à la newsletter de The Conversation et recevez chaque jour les points de vue d’experts sur l’actualité du jour].

    Stabilité contre responsabilité

    Le Mexique a une approche différente pour poursuivre les anciens présidents : Il ne le fait pas.

    Au cours du 20e siècle, le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), au pouvoir au Mexique, a mis en place un système de favoritisme et de corruption qui a maintenu ses membres au pouvoir et les autres partis en minorité. Tout en faisant mine de s’en prendre aux petits poissons pour corruption et autres indiscrétions, le système juridique géré par le PRI ne s’attaquait pas aux hauts responsables du parti, même les plus ouvertement corrompus.

    L’impunité a permis au Mexique de rester stable pendant sa transition vers la démocratie dans les années 1990 en apaisant les craintes des membres du PRI d’être poursuivis après avoir quitté leur poste. Mais la corruption du gouvernement a prospéré, et avec elle, le crime organisé.

    Le Mexique est loin d’être le seul pays à fermer les yeux sur les mauvaises actions de ses anciens dirigeants, y compris ceux qui ont supervisé des violations des droits de l’homme. Nos recherches montrent que seuls 23 % des pays qui sont passés à la démocratie entre 1885 et 2004 ont inculpé leurs anciens dirigeants pour des crimes après la démocratisation.

    Protéger les autoritaires peut sembler contraire aux valeurs démocratiques, mais de nombreux gouvernements de transition ont décidé que cela était nécessaire pour que la démocratie prenne racine.

    C’est le marché que l’Afrique du Sud a conclu lorsque l’apartheid a pris fin après des décennies de ségrégation et de violations des droits de l’homme. Le gouvernement sud-africain, dominé par les Blancs, a négocié avec le Congrès national africain de Nelson Mandela, dirigé par les Noirs, pour s’assurer qu’ils ne seraient pas poursuivis et conserveraient leurs richesses.

    Cette stratégie a permis au pays de passer à un régime majoritairement noir en 1994 et d’éviter une guerre civile. Mais elle a nui aux efforts visant à créer une Afrique du Sud plus égalitaire : le pays présente toujours l’un des écarts de richesse raciale les plus élevés au monde.

    La corruption est également un problème, comme le montrent les poursuites engagées à l’encontre de l’ancien président Zuma pour l’utilisation abondante de fonds publics à des fins personnelles. Mais l’Afrique du Sud est réputée pour l’indépendance de son système judiciaire, et les poursuites engagées contre Zuma sont soutenues par le président actuel. Cela peut encore dissuader de futurs méfaits.

    Israël n’a pas attendu que le Premier ministre Netanyahou quitte ses fonctions pour enquêter sur des actes répréhensibles. Il a été mis en examen en 2019 pour abus de confiance, corruption et fraude ; son procès est en cours.

    Mais il est émaillé de retards, en partie parce qu’en tant que Premier ministre, Netanyahou peut utiliser le pouvoir de l’État pour résister à ce qu’il appelle une « chasse aux sorcières ». Le procès a déclenché des protestations de son parti, le Likoud, et une tentative infructueuse d’obtenir l’immunité, entre autres tactiques de blocage. Netanyahou a même été réélu alors qu’il était sous le coup d’une inculpation.

    Israël est en partie un témoignage de l’État de droit et en partie une mise en garde contre la poursuite des dirigeants dans les démocraties.

    Huron Daily Tribune, 16 mars 2021

    Tags : Nicolas Sarkozy, Benjamin Netanyahu, Jacob Zuma, Richard Nixon, Watergate scandale, Bolivie, Luiz Inácio “Lula” da Silva, Bygmalion,

  • Sarkozy de retour au tribunal quelques jours après une condamnation historique pour corruption

    Par Gaspard Sebag
    L’ancien président est accusé d’avoir dépassé le plafond des dépenses électorales

    L’ancien président français Nicolas Sarkozy doit retourner devant le tribunal mercredi, deux semaines seulement après sa condamnation historique pour corruption, cette fois-ci face à des allégations distinctes selon lesquelles il aurait dépassé les limites de dépenses électorales lors de sa campagne électorale ratée de 2012.

    M. Sarkozy est accusé d’avoir ignoré les avertissements des comptables qui l’avertissaient que le financement de sa campagne était hors de contrôle, alors qu’il enchaînait les meetings pour tenter de se faire réélire. Il aurait ainsi dépensé au moins 42,8 millions d’euros (51 millions de dollars), soit environ deux fois plus que le plafond total fixé pour les deux tours.

    Depuis qu’il a quitté ses fonctions, la vie de M. Sarkozy est devenue une sorte de marathon juridique. L’année dernière, il a passé trois semaines au tribunal pour tenter de se défendre contre les allégations de corruption. Quelques semaines auparavant, l’ancien président avait été interrogé par un enquêteur principal qui a porté de nouvelles accusations dans une autre enquête sur les allégations de financement illégal de sa campagne victorieuse de 2007 par le régime de l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.

    Un autre accusé dans l’affaire de mercredi, Jérôme Lavrilleux, directeur adjoint de la campagne de Sarkozy en 2012, devrait demander le report du procès après qu’un de ses avocats a été testé positif au Covid-19. Dans la partie de l’affaire qui ne concerne pas l’ex-président, Lavrilleux est accusé d’avoir participé à un système de fausses factures et risque jusqu’à cinq ans de prison.

    Après la condamnation du mois dernier, les enjeux sont moins importants pour M. Sarkozy dans ce qui est devenu l’affaire Bygmalion, du nom d’une société de communication engagée pour organiser ses meetings pendant la lutte électorale de 2012. Il risque tout au plus une peine d’un an et une amende de 3 750 euros.

    Pourtant, les intérêts divergents de la douzaine d’autres accusés laissent penser que les accusations pourraient être plus nombreuses que lors des récentes comparutions devant le tribunal.

    Lors du procès pour corruption de l’ancien président, les trois coaccusés ont fait front commun pour nier l’existence d’un quelconque pacte illégal, Sarkozy rejetant les conversations téléphoniques mises sur écoute et présentées par l’accusation comme des « bavardages » sortis de leur contexte. Il a fait appel de la condamnation, suspendant ainsi son exécution.

    L’affaire de la limitation des dépenses, si elle n’est pas reportée, doit durer jusqu’à la mi-avril. Thierry Herzog, qui a été condamné au début du mois aux côtés de Sarkozy dans le procès pour corruption, a été l’avocat de l’ex-président tout au long de cette affaire.

    Herzog n’était pas immédiatement disponible pour faire des commentaires avant le procès. L’avocat – qui, comme son ami, l’ex-président, fait également appel de sa condamnation pour corruption – a précédemment déclaré qu’il considérait que la question de la campagne électorale était réglée car son client avait déjà payé une pénalité.

    Sarkothon

    En raison de ses dépenses excessives, le parti de M. Sarkozy a été contraint de recourir à des dons privés dans le cadre de ce que l’on a appelé le « Sarkothon », après que la Cour constitutionnelle française a décidé en 2013 de ne pas rembourser 11 millions d’euros de dépenses électorales.

    Malgré les déboires juridiques de Sarkozy, il n’est pas le seul. Aucun des grands partis politiques français n’a été épargné par des embarras juridiques au cours de la dernière décennie. Plusieurs ministres d’Emmanuel Macron font actuellement l’objet d’une enquête, la présidence de François Hollande a été ternie lorsqu’on a découvert que son ministre du budget fraudait le fisc et Marine Le Pen a été accusée d’avoir détourné des fonds de l’Union européenne.

    Mais le parti de centre-droit de Sarkozy, Les Républicains, est peut-être le plus durement touché, avec les condamnations consécutives en moins de neuf mois de ses deux hommes politiques les plus célèbres. Quelques mois avant Sarkozy, l’ancien Premier ministre français François Fillon et son épouse Penelope ont été reconnus coupables d’avoir détourné plus d’un million d’euros dans un scandale lié à un faux emploi de conseiller.

    Fillon, grand favori de la course à la présidence française de 2017 jusqu’à ce que les allégations apparaissent quelques mois avant le vote, n’a pas atteint le second tour et Sarkozy a déclaré peu après sa condamnation qu’il n’avait pas l’intention de faire un retour pour l’élection de 2022.

    Bloomberg, 16 mars 2021

    Tags : Nicolas Sarkozy, Les Républicains, Bygmalion, financement illicte, campagne électorale,

  • Les Américains pourraient trouver cela choquant, mais en Europe, les anciens présidents sont condamnés à la prison.

    Source : The Washington Post, 4 mars 2021

    L’ancien président français Nicolas Sarkozy apparaît au journal du soir de la chaîne de télévision française TF1 le 3 mars (Ludovic Marin / AFP via Getty Images)

    Par Sheri Berman*

    Lundi, l’ancien président français Nicolas Sarkozy a été reconnu coupable de corruption – il a tenté d’obtenir des informations confidentielles d’un juge en échange d’avoir usé de son influence pour obtenir un emploi pépère pour le juge – et condamné à la prison. Les juges ont jugé ses actes «particulièrement graves, ayant été commis par un ancien président de la République qui était autrefois le garant d’un pouvoir judiciaire indépendant». Dans le passé, Sarkozy a également été accusé d’accepter des fonds du gouvernement de Mouammar Kadhafi, une affaire qui est toujours en cours, ainsi que de manipuler une héritière vieillissante pour obtenir des contributions illégales à la campagne et plus encore.

    Au moins un journaliste américain a trouvé que l’idée que l’ancien président de la France pouvait être condamné et emprisonné était «absolument choquante». Il est certain que de nombreux Américains seraient choqués si l’ancien président américain Donald Trump, maintenant confronté à une myriade de problèmes juridiques, finissait en prison. Pourtant, le cas de Sarkozy n’est pas si choquant pour les étudiants en politique européenne. Il n’est pas le premier dirigeant européen à être inculpé et reconnu coupable de crimes pendant ou après son départ, et ne sera sûrement pas le dernier.

    D’autres présidents ont été condamnés

    Sarkozy n’est même pas le premier président français à subir ce sort. En 2011, Jacques Chirac, qui a exercé deux mandats à la présidence de 1995 à 2007, a été reconnu coupable de «détournement d’argent, d’abus de confiance du public et de conflit d’intérêts en créant de faux emplois à la mairie de Paris». Sa peine de deux ans de prison a cependant été suspendue parce qu’il était trop vieux et affaibli pour la purger. La France a un exécutif mixte dans lequel non seulement les présidents mais aussi les premiers ministres jouent tous deux des rôles importants. L’ancien Premier ministre de Sarkozy, François Fillon, a été condamné à cinq ans de prison et à une amende de 375 000 euros (421 000 dollars) pour utilisation abusive des fonds publics et des actifs de l’entreprise à des fins privées.

    Prenons l’exemple de l’ancien chancelier allemand Helmut Kohl, qui a supervisé la réunification allemande et a été le plus ancien chancelier depuis Otto von Bismarck à la fin des années 1800. Après avoir quitté ses fonctions, Kohl a été inculpé dans un scandale de corruption de longue date et de grande envergure qui comprenait des dons de campagne illégaux, le trafic d’influence, les caisses noires du parti et l’évasion fiscale; d’autres politiciens allemands ont également été inculpés. Fidèle à l’amour des Allemands pour l’invention de mots composés, ce scandale a été appelé Schwarzgeldaffäre, ou «affaire de l’argent noir».

    À côté de l’Autriche, de tels scandales et accusations font désormais partie de la politique quotidienne. En décembre, l’ancien ministre des Finances Karl-Heinz Grasser a été reconnu coupable de corruption et condamné à huit ans de prison; sa condamnation est intervenue dans le cadre d’une enquête sur des «crimes aux proportions incroyables» qui ont pris au piège d’autres politiciens de haut rang, y compris l’ancien chancelier Wolfgang Schüssel à deux reprises. Il y a quelques semaines à peine, le domicile de l’actuel ministre des Finances a été perquisitionné par des responsables de la lutte contre la corruption. La liste des anciens premiers ministres accusés de corruption et d’autres crimes pourrait également inclure des scandales en Belgique, en Espagne, en Estonie et ailleurs.

    Les populistes ont raison d’une grande chose: les démocraties sont de moins en moins ouvertes.

    Cela a des leçons pour la droite et la gauche américaines

    L’expérience de l’Europe en matière d’inculpation et même de condamnation d’anciens dirigeants a des implications importantes pour les débats sur la question de savoir si Donald Trump devrait être inculpé de divers crimes commis avant et pendant son mandat.

    Certains, pour la plupart à droite, soutiennent qu’inculper Trump de crimes empêcherait la «guérison» et déstabiliserait la démocratie. D’autres, pour la plupart à gauche, soutiennent que Trump doit être puni pour protéger l’état de droit et rétablir la démocratie. Bien qu’ils ne s’entendent sur rien d’autre, les deux parties conviennent que la manière dont les États-Unis traitent Trump «aura des implications durables» pour la démocratie.

    L’expérience européenne suggère que ce consensus est erroné. Les accusations et même les condamnations d’anciens dirigeants n’ont pas eu d’implications particulièrement profondes ou durables pour les démocraties européennes.

    Bien entendu, les politiciens inculpés et condamnés ont subi des atteintes à leur réputation. Sarkozy, par exemple, verra probablement son influence politique décliner; Helmut Kohl a dû renoncer à la présidence d’honneur de son parti; Wolfgang Schüssel a été contraint de quitter définitivement la politique, etc. Mais même après des condamnations, peu de ces politiciens ont été traités comme des parias. Chirac et Kohl ont tous deux été félicités par les camarades du parti et d’autres lors de leurs funérailles.

    Les électeurs pourraient-ils cesser de soutenir le parti d’un politicien inculpé? Les preuves suggèrent que lorsque les accusations ont été limitées à un président, un premier ministre ou un groupe circonscrit de hauts fonctionnaires, les partis n’ont subi que des revers électoraux temporaires, même lorsque le politicien a été condamné. Mais il y a une exception clé: lorsque les accusations discréditent le chef d’un nouveau parti qui n’a pas de base électorale ou d’infrastructure organisationnelle stable, ce parti peut facilement s’effondrer.

    Les affaires européennes offrent également peu de preuves que les cas individuels d’anciens présidents ou premiers ministres accusés de crimes affectent la démocratie de manière significative ou à long terme. Les électeurs et les autres politiciens semblent avancer assez rapidement lorsque certains dirigeants sont inculpés, condamnés et même emprisonnés pour des crimes. Cependant, les cas européens montrent clairement qu’il peut y avoir de grandes conséquences pour la démocratie lorsque non seulement certains politiciens mais la classe politique au sens large se révèlent corrompus ou enfreignant la loi. L’exemple le plus extrême en est l’Italie, où tout le système de partis s’est effondré à la fin du XXe siècle après des révélations de corruption systémique.

    La question cruciale pour la santé de la démocratie est de savoir s’il est possible d’empêcher la corruption et les activités criminelles de se propager au-delà des politiciens individuels à la politique dans son ensemble. En France, de nombreux hommes politiques – certains assez puissants – ont été inculpés et condamnés, ce qui montre que de telles actions n’arrêtent pas la corruption dans son élan. Pour cela, pas seulement des affaires judiciaires, mais des réformes systémiques sont probablement nécessaires.

    Ne manquez aucune des analyses intelligentes de TMC! Inscrivez-vous à notre newsletter.

    *Sheri Berman est professeur de sciences politiques au Barnard College.

    Tags : Nicolas Sarkozy, justice,