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  • La souveraineté, le bien le plus précieux des peuples

    La pandémie, qui secoue le monde et hypothèque tellement de situations acquises, n’empêche pas la diplomatie algérienne à de se redéployer très sérieusement en Afrique. La récente tournée du ministre des Affaires étrangère, Ramtane Lamamra dans quelques capitales africaines témoigne de la volonté de l’Algérie de peser sérieusement sur la destinée du continent noir et de son poids dans l’actuel équilibre des forces. 

    Le ton des dirigeants africains qui ont reçu M.Lamamra est révélateur de l’attente qu’exprime l’Afrique à l’endroit d’une Algérie forte qui met sa puissance au service de l’émancipation véritable des peuples de ce grand continent. Le soft power algérien s’exerce déjà auprès des pays limitrophes. La Tunisie, la Libye, la Mauritanie, le Niger et le Mali ont eu l’occasion de mesurer la disponibilité positive de l’Algérie pour les soutenir sans exiger aucune concession en matière de souveraineté. Bien au contraire, à travers sa diplomatie l’Algérie se bat pour que tous les pays africains puissent préserver sans exclusif l’entièreté de leurs souverainetés. Que celles-ci soient économiques, diplomatiques, politiques ou culturelles, le ministre des Affaires étrangères n’a de cesse d’en défendre le principe. 
    Une nation, ce sont toutes ces souverainetés rassemblées. Et le continent se fortifie lorsque les nations qui le composent défendent jalousement et sans concession leurs souverainetés. Si la zone de libre échange et de commerce africaine passe pour être l’un des instruments de l’union des Etats du continent, elle peut aussi constituer l’une de ses plus grandes faiblesses, si les dirigeants africains cèdent sur la question de la souveraineté.
    Le message d’Alger est donc on ne peut plus clair et son attitude vis-à-vis du développement de la situation en Tunisie, illustre si besoin, sa détermination à laisser les Tunisiens eux-mêmes trouver une solution à leurs problèmes institutionnelles. 
    La visite du chef de la diplomatie à Tunis apporte la preuve du respect que voue l’Algérie à son voisin de l’est, comme il envoie un message clair à tous les Africains sur l’impératif de ne laisser aucune force étrangères, aussi ouvertement bienveillante soit-elle, s’ingérer dans les affaires internes des Etats. 
    C’est aussi une leçon que devra apprendre par cœur le roi Mohamed VI qui apprendra à ses dépends qu’on ne s’ingère pas dans les affaires du voisin pour venir, ensuite, demander l’ouverture des frontières sans conditions.
    Par Nabil G.
    Ouest Tribune, 03/08/2021
    Etiquettes : Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Mauritanie, Niger, Mali, #Algérie #Maroc #Tunisie #Libye #Mauritanie #Mali
  • Retrait français du Mali : Punir les putschistes et tenter d’enliser l’Algérie (Analyse)

    – La France s’emploie à remplacer « Barkhane » par la Force européenne « Takuba », tout en encourageant les Américains à intervenir afin d’éviter que la région du Sahel ne tombe dans l’escarcelle de l’influence russe

    AA / Istanbul
    La France a, enfin, tracé sa feuille de route portant sur le retrait de la Région du Sahel africain, mais il s’agit d’un retrait limité, aussi bien au plan spatial que temporel, ou encore en termes d’effectifs.
    Ce retrait vise, selon nombre d’observateurs, à alléger le fardeau des charges financières françaises et à réduire le bilan des pertes en vies humaines, sans pour autant renoncer à l’influence de Paris dans la région.
    La feuille de route est axée sur la fermeture des bases militaires françaises à Kidal, à Tombouctou et à Tessalit, dans le nord du Mali, ainsi que sur la réduction des effectifs des forces françaises, pour les faire passer de 5100 actuellement à environ 2500 à 3000 éléments. L’application de ce plan s’étalera selon les prévisions françaises du début du second semestre de 2021 jusqu’à l’orée de l’année prochaine.
    Cette annonce a été faite par le Président français, Emmanuel Macron, au cours du Sommet virtuel tenu, le 9 juillet courant, avec les dirigeants des Etats du Sahel. Le seul chef d’Etat de la région qui a fait le déplacement à Paris à cette occasion est le Président du Niger, Mohamed Bazoum.
    De son côté, Mahamat Déby, chef du Conseil militaire tchadien, qui dirige le pays de facto après l’assassinat de son père, Idriss Déby, avait anticipé le Sommet des Etats du Sahel, en se rendant en France, jeudi dernier, soit la veille du Sommet, pour se réunir en tête à tête avec le locataire de l’Elysée, avec qui il a discuté pendant une heure d’une série de questions.
    Les deux présidents ont passé en revue au cours de leur entrevue la nouvelle stratégie de la France dans la région et Déby a fait part de son dépit des provocations russes lancées contre son pays après l’entrée de soldats de la République centrafricaine dans le territoire tchadien, selon des médias français.
    Macron craint une deuxième défaite décisive
    La défaite du parti de Macron (La République en Marche, LERM), aux élections locales, dix mois avant la tenue de la prochaine Présidentielle, a amené le président français à revoir certaines de ses politiques pour tenter de rattraper la situation, afin d’éviter le scénario de son départ de l’Elysée.
    C’est dans ce cadre que s’inscrit la décision de Macron de mettre un terme à l’Opération militaire « Barkhane » au Sahel, et d’amorcer la réduction des effectifs des forces françaises dans la région et ce, avant même de convenir d’une opération militaire alternative, qui éviterait un déséquilibre sécuritaire dans la région, lequel déséquilibre profiterait aux groupes armés et aux organisations terroristes.
    Toutefois, Macron parie sur la force européenne « Takuba » pour combler le vide au Sahel. Cette opération compte en son sein des unités spéciales européennes ainsi que 2000 soldats des forces d’élite françaises, auxquelles pourraient s’ajouter environ 1100 soldats américains déployés dans la région.
    Il convient, toutefois, de souligner que la force « Takuba » ne sera pas déployée sur le terrain et que son rôle principal se limitera à entraîner les forces locales des Etats du Sahel, de même que pour les forces américaines qui se contenteront de former et d’offrir du conseil et un appui logistique en termes de transport et de renseignements.
    Il semble que les pays européens, et à leur tête le Royaume-Uni, ne soient pas particulièrement emballés pour peser de tout leur poids militaire dans la région du Sahel, qu’ils considèrent comme étant un pré carré français.
    De même, les Américains veulent mettre un terme, très prochainement, à leur guerre lancée contre le terrorisme, et qui se poursuit depuis près de deux décennies, et éviter ainsi de s’enliser dans un nouveau marécage sécuritaire.
    Au plan interne, l’Opinion publique française exerce une pression sur la Direction de son pays pour le retrait les forces armées française du Sahel après la mort de plus de 50 soldats, depuis 2013, et des dépenses avoisinant un milliard d’euros annuellement, pour couvrir les besoins de l’Opération « Barkhane », selon le magazine « Le Monde diplomatique ».
    En se basant sur ces chiffres, la France aurait dépensé, jusqu’à présent, quelque 8 milliards d’euros au moins dans son combat au Sahel.
    Néanmoins, les résultats des sondages d’opinion publiés, au mois de janvier dernier, ont montré que 51% des Français sont contre l’intervention militaire au Sahel, alors que le taux de ceux qui appuyaient cette approche s’élevait à 73%, lors du lancement de l’opération « Serval » en 2013, avant que ce seuil ne tombe à 58%, en 2019, pour atteindre les 49% en 2021.
    Ces résultats ont poussé Macron, qui caresse le rêve de remporter un deuxième mandat présidentiel, à accélérer le retrait des forces françaises des principales lignes de front dans le nord du Mali, en optant pour l’internationalisation de la guerre, tout en maintenant les bases françaises dans la région, en particulier, au Niger et au Tchad, afin de faire barrage à l’expansion de l’influence de la Russie et de la Chine comme cela fût le cas en République centrafricaine après que Paris eut mis fin à l’opération « Sangaris ».
    Punir le Mali et tenter d’impliquer l’Algérie
    L’attention focalisée par la France sur le retrait du Nord du Mali uniquement vise essentiellement à punir le chef des putschistes, le colonel Assimi Goïta, qui avait renversé le Président intérimaire proche de Paris, Bah N’daw, malgré l’échec de l’armée malienne à faire face aux groupes terroristes disséminés dans le pays.
    De plus, la fermeture des bases militaires françaises dans les foyers de tension les plus chauds place, d’un point de vue sécuritaire, l’armée malienne face à une épreuve délicate et lui fait assumer des charges supplémentaires, ce qui pousserait la Direction de ce pays à retourner, contrainte, dans le giron français, espérant ainsi obtenir l’appui militaire et financier de l’Hexagone.
    Les régions de Kidal et de Tessalit, proches des frontières algériennes, ainsi que la cité ancestrale des Touareg, Tombouctou, souffrent d’une marginalisation par rapport aux villes du sud du pays, desquelles elles sont séparées par le fleuve du Niger, qui constitue une barrière naturelle.
    Le Nord du Mali a connu, au cours des décennies écoulées, une série de rébellions, durant lesquelles l’Algérie a joué un rôle central pour calmer la situation, via les négociations, dont les dernières en date avaient été couronnées par les Accords d’Alger signés en 2015 sous parrainage du pays maghrébin, entre les groupes armés touaregs et le gouvernement de Bamako. Cependant, ces Accords n’ont pas été respectés jusqu’à présent par la partie gouvernementale, ce qui menace de voir ces Accords s’effondrer.
    Le retrait français du nord du Mali pourrait aboutir à nouveau à un soulèvement des Touaregs et des Azawad et à la mise en échec des Accords de paix d’Alger.
    Rappelons que l’armée malienne a, de tout temps, fait face à des difficultés pour contrer les rébellions des Touaregs, compte tenu de ses capacités limitées ainsi que de la vaste région dans laquelle se déroulent les combats, parallèlement à une densité de population peu élevée et à une fine connaissance par les rebelles des sentiers ardus de la zone.
    Toutefois, les groupes armés terroristes pourraient se liguer sous la bannière du groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) sous le commandement de Iyad Ag Ghali, pour exploiter le retrait français et la faiblesse de l’armée malienne, ainsi que la reprise de la rébellion des Touaregs pour dominer à nouveau le nord du Mali, comme cela fut le cas en 2012.
    Cette situation pourrait amener l’Algérie, qui dispose de la plus forte armée dans la région du Sahel, à intervenir militairement pour empêcher l’établissement d’un émirat terroriste à ses frontières sud, selon le scénario préféré par Paris, qui ne veut pas aller de l’avant sur la voie d’une guerre ouverte contre le terrorisme en combattant au nom des pays de la région, comme cela avait été le cas pour les Etats-Unis d’Amérique qui mènent le combat en Afghanistan, à la place de Russie, de l’Iran et de la Chine.
    Le magazine « Jeune Afrique » a lancé un ballon d’essai à travers lequel il a prétendu que le chef d’Etat-major de l’armée algérienne, Saïd Chengriha, s’était rendu secrètement à Paris pour discuter de la crise du Sahel africain, ce qui a été formellement démenti par le ministère algérien de la Défense qui a qualifié cette information de « pures allégations ».
    L’armée algérienne avait mené une guerre féroce et acharnée contre les groupes armés durant la décennie des années 1990 du siècle dernier, une guerre qui n’a pu être remportée que par le truchement de la réconciliation nationale. Ainsi, l’Algérie saisit pertinemment que la guerre contre le terrorisme dans la région du Sahel ne peut être gagnée par la force militaire.
    Même après le kidnapping de ses diplomates dans la ville de Gao, dans le nord du Mali, en 2012, et l’attaque contre les installations pétrochimiques dans le sud-est de Tigentourine, à partir du nord du Mali en 2013, l’Algérie n’a pas dépêché ses unités dans la région, prétextant à l’époque que sa Constitution interdit à l’armée de combattre en dehors des frontières du pays.
    Toutefois, ce prétexte n’a plus lieu d’être depuis l’amendement par voie référendaire de la Constitution algérienne en 2020.
    En dépit de cette nouvelle configuration, l’armée algérienne demeure prudente pour éviter tout enlisement dans une guerre qui pourrait épuiser ses capacités, d’autant plus qu’une tension palpable est présente aussi au niveau de ses frontières est et ouest.
    De leur côté, les Français s’emploient à impliquer l’Algérie dans ce combat, dans la mesure où le retrait de ce combat créerait une vacance qui doit être comblée par l’une des parties.
    Le site de la chaîne d’information « France 24 » a rapporté, en citant une source militaire française : « Nous devons discuter de nos mouvements dans le nord du Mali avec la Mission des Nations unies dans ce pays (MINUSMA) et avec les Algériens qui sont concernés directement en tant que pays voisin ».
    La ministre française des Armées, Florence Parly, et son homologue américain, Lloyd Austin, ont signé, vendredi dernier, à Washington, une nouvelle feuille de route de coopération entre les forces spéciales des deux pays, ce qui pourrait présager de la possibilité de davantage d’implication de l’armée américaine dans les combats opérationnels contre les groupes armés au Sahel aux côtés de la force européenne « TaKuba ».
    La région du Sahel sera confrontée à de profonds tiraillements politiques et sécuritaires au cours de la prochaine étape, et pourra voir l’intervention de plusieurs acteurs régionaux et internationaux, ce qui aboutirait à contenir les opérations ou l’extension des groupes armés vers la région du Golfe de la Guinée, riche en pétrole et en gaz.
    Agence Anadolou, 14/07/2021
    Etiquettes : France, Mali, Sahel, Barkhane, Niger, Tchad, Mauritanie, Burkina Fasi, Algérie, Takuba, 
  • Algérie: Le sens d’un partenariat régional

    La traditionnelle relation entre l’Algérie et son voisinage immédiat reprend son cours normal pour consolider les bases d’un partenariat politique, économique et sécuritaire efficient. Au cœur de la visite en Algérie effectuée par le président du Niger, Mohamed Bazoum, à la tête d’une importante délégation, cette perception commune exprime l’urgence d’un front uni pour faire face à la menace terroriste grandissante et aux retombées désastreuses de l’ingérence étrangère, dont le drame libyen et l’enlisement de l’opération Barkhane portent encore la marque indélébile.

    A la faveur d’une expérience antiterroriste concluante, l’Algérie qui a souffert d’un déficit de solidarité internationale en la matière croit, fermement et en conséquence, au principe d’une gestion africaine des problèmes africains du reste validé par l’Union africaine. La mise en place des instruments d’une coopération sahélienne, à travers la création du Comité d’état-major opérationnel commun basé à Tamanrasset et de l’Union de fusion et de liaison, caractérise un engagement total concrètement traduit par le soutien inconditionnel et désintéressé à la nouvelle Libye en reconstruction et la signature de l’Accord d’Alger considéré comme une base de stabilité incontournable.

    «L’Algérie ne pourrait ignorer les pays frères et voisins, encore moins le continent africain dont elle est une partie intégrante et la profondeur naturelle», a déclaré le président de la République, AbdelmadjidTebboune, lors du dernier sommet africain, soulignant le «total accord» avec le Niger dans le domaine sécuritaire.

    En puissance d’équilibre, l’Algérie est prête à apporter sa contribution dans la bataille de la paix, de la stabilité et de la sécurité régionale et continentale. Pour preuve elle a été l’architecte de l’Accord d’Alger sur le Mali et un partisan convaincu de la paix. Le retour à la tête des Affaires étrangères de Ramtane Lamamra, chaleureusement félicité par le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, consacre une volonté de donner une impulsion à la coopération dans tous les domaines.

    En pionnier du Nepad, devenu Auda, l’Algérie a développé des infrastructures de base à la hauteur des exigences d’un partenariat crédible et prometteur. La réalisation de la route transsaharienne et de la dorsale transsaharienne de la fibre optique, le lancement du gazoduc reliant l’Algérie au Nigeria, la mise en place d’un hub aéroportuaire à Tamanrasset et du mégaprojet d’El Hamdania et l’apport de la Sonatrach et de la Sonelgaz au développement de l’industrie pétrolière en Libye et au Niger participent à la consolidation des bases d’une intégration régionale. Le temps d’un partenariat africain au service du développement africain a sonné.

    Horizons, 15/07/2021

    Etiquettes : Algérie, Mali, Sahel, Mohamed Bazoum, Niger,

  • L’Algérie, une pièce maîtresse dans la région

    par Abdelkrim Zerzouri

    Une profonde reconfiguration des rôles s’opère sur le plan sécuritaire au niveau de la région du Sahel. Et ce dossier sensible devrait être, immanquablement, au cœur des discussions entre le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et le président du Niger, Mohamed Bazoum, qui est arrivé à Alger le lundi dernier, dans le sillage de ses rencontres à Berlin avec la chancelière allemande Angela Merkel, le vendredi 9 juillet, et à Paris, le jour même, avec le président français Emmanuel Macron, au côté duquel il participera au sommet virtuel des chefs d’Etat des pays membres du G5 Sahel (Burkina, Mauritanie, Mali et Tchad), organisé par l’Elysée.

    La nouvelle stratégie de la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel se cherche des voies et des moyens pour atteindre ses objectifs, qui s’avère de plus en plus difficile à gagner dans ce contexte d’une double crise économique et sanitaire. Il faut bien comprendre que les pays occidentaux engagés dans cette lutte, la France en particulier en tant que premier soutien de la force conjointe du G5, avec l’opération militaire Barkhane, engageant quelque 5.000 soldats, qu’on veut réduire à 3.000 à partir du début l’année prochaine, ne sont plus en mesure de dépenser sans compter dans leurs opérations à l’étranger. D’autant que le résultat n’est plus garanti, comme l’a montré l’expérience en Afghanistan, où les Etats-Unis ont fini par engager un retrait de leurs troupes militaires malgré tous les risques d’un retour à la case départ dans ce pays.

    Aujourd’hui, les pays occidentaux en arrivent à la conclusion que sans la participation militaire des pays locaux, ainsi que l’implication des populations locales, ils ne pourraient jamais réussir à combattre tous les trafics en cours dans cette vaste et hostile région désertique (près de trois millions de kilomètres carrés), ou lutter avec efficacité contre les groupes djihadistes qui, après leur débâcle au Moyen-Orient, veulent s’installer durablement sur ces terres où il est très difficile de les localiser sans l’assistance de drones et de satellites.

    Il y a ce souci qui ressemble à un aveu d’échec qui pousse les pays occidentaux à chercher à mettre en pratique une nouvelle stratégie plus efficace et moins coûteuse, et il y a encore le fait d’une situation sécuritaire qui s’est compliquée au niveau des frontières entre le Burkina, le Mali et le Niger, au sein du Bassin du Lac Tchad et du côté de la frontière avec la Libye, comme le relèvent les responsables des affaires sécuritaires au niveau des pays occidentaux engagés dans les opérations militaires au sol, qu’on cherche à maîtriser avant qu’elle n’échappe à tout contrôle.

    Qu’est-ce qu’on pourrait attendre de l’Algérie dans cette reconfiguration en cours des engagements militaires au niveau du Sahel ? Le soutien de l’Algérie est sollicité depuis des années dans ce contexte, mais Alger a toujours privilégié d’autres voies et moyens, différents de ceux employés par les occidentaux, à savoir une aide à la reconstruction des Etats du G5, afin qu’ils puissent prendre sur eux-mêmes le combat contre le terrorisme, les trafics de drogue et d’être humains.

    Le président du Niger, Mohamed Bazoum, qui vient à peine de boucler les 100 premiers jours à la tête du Niger (11 juillet), arrive à Alger en compagnie d’une forte délégation, avec pleins d’espoirs de se faire entendre par le président algérien, avec lequel il s’est longuement entretenu au lendemain de son élection le 2 avril dernier.

    Le Quotidien d’Oran, 14/07/2021

    Etiquettes : Algérie, Mali, Niger, Sahel,

  • Ouverture des frontières entre l’Algérie et le Niger

    Le président de la république Abdelmadjid Tebboune annonce ce mardi l’ouverture des frontières terrestres entre l’Algérie et le Niger, lors d’une conférence de presse conjointe tenue avec son homologue nigérien Mohamed Bazoum, qui effectue en visite en Algérie

    ” Les entretiens préliminaires ont permis aux deux pays de convenir, à ce qu’a été exposé par nos frères du Niger, et nous sommes tombés d’accord sur le renforcement de la coopération dans tous les domaines, en particulier dans les secteurs, de l’hydraulique, le pétrole, et les échanges au niveau des frontières” souligne le président Tebboune.

    le président Tebboune ajoutera que ” nous sommes tombés d’accord sur la réouverture des frontières pour exporter des produits algériens vers le Niger, et importer des produits de ce pays”

    ” Les deux parties sont tombées d’accord sur une politique claire, pour l’arrivée des travailleurs nigériens, autorisés à travailler en Algérie, dans tous les domaines” souligne le Président Tebboune, qui mettre en exergue un accord total entre les deux pays concernant la question sécuritaire et le volet de formation.

    Etiquettes : Algérie, Niger, frontières,

  • Le Président Tebboune reçoit un appel téléphonique de son homologue français Emanuel Macron

    ALGER – Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu mardi un appel téléphonique de son homologue français, Emmanuel Macron, avec lequel il a passé en revue les relations bilatérales et convenu de mettre à jour la réunion de la Commission ministérielle conjointe de haut niveau, indique un communiqué de la Présidence de la République.

    « Le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu mardi un appel téléphonique de son homologue français, M. Emmanuel Macron. L’entretien a été l’occasion d’examiner les relations bilatérales et de convenir de mettre à jour la réunion de la Commission ministérielle conjointe de haut niveau », précise le communiqué.

    Les deux présidents, ajoute la même source, ont procédé à un échange de « vues sur les questions régionales d’intérêt commun dans la région du Sahel, notamment au Tchad, au Niger et au Mali, et ce qui doit être fait pour aider les pays du Sahel à instaurer la stabilité ».

    S’agissant de la situation en Libye, les deux présidents ont convenu « de soutenir le processus de règlement dans ce pays frère, notamment en apportant aide et assistance au nouveau Gouvernement afin d’organiser des élections dans les meilleures circonstances ».

    APS, 11 mai 2021

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  • Le Sahel a besoin d’un sursaut civil et politique

    25/04/2021 – HR/VP Blog – Je me suis rendu cette semaine en Mauritanie, au Tchad et au Mali pour rencontrer les autorités, les assurer de l’engagement sans faille de l’Europe mais aussi souligner le besoin de davantage de résultats concrets en matière de sécurité comme de retour de l’état de droit et des services publics.

    La situation sécuritaire reste très préoccupante au Sahel. Un chiffre suffit à illustrer ce propos : dans le Centre du Mali, on relève chaque jour deux incidents sécuritaires graves impliquant morts et/ou blessés. Comment améliorer cette situation qu’aucun Etat européen ne tolérerait ? Comment consolider durablement les gains militaires ? Via un « sursaut civil et politique » comme il a été décidé au Sommet du G5 et de la Coalition Sahel qui s’est tenu à N’Djamena en février dernier.

    « Dans la lutte contre l’instabilité au Sahel, il ne suffit pas de reconquérir des territoires par la force. L’enjeu est avant tout de regagner la confiance des populations. Elles veulent voir des maitres d’école, des médecins, des juges. Autant, si ce n’est plus, que des militaires. « 

    Dans la lutte contre l’instabilité au Sahel, il ne suffit pas en effet de reconquérir des territoires par la force. L’enjeu est avant tout de regagner la confiance des populations : elles attendent un Etat exemplaire et un accès aux services de base et respectueux des droits de l’homme. Elles espèrent le retour de l’Etat, partout et pour tous. Elles veulent voir des maitres d’école, des médecins, des juges. Autant, si ce n’est plus, que des militaires. C’était un sujet central de la mission qui m’a conduit ces derniers jours en Mauritanie, puis au Tchad et au Mali.

    « Le Sahel est une des régions du monde où l’Union et ses Etats membres sont les plus engagés en faveur de la paix, de la stabilité et du développement. « 

    Comme exprimé déjà sur ce blog à plusieurs reprises (voir ici et là), le Sahel est une des régions du monde où l’Union et ses Etats membres sont les plus engagés en faveur de la paix, de la stabilité et du développement. Entre 2014 et 2020, l’UE et ses Etats membres y ont consacré 8,5 milliards d’euros en matière d’aide au développement, d’aide humanitaire, de sécurité et de défense. L’Union a aussi déployé dans la région trois missions de la politique de sécurité et de défense commune. Je n’avais cependant pas encore eu l’occasion de me rendre sur place, mes visites précédentes ayant été annulées en raison de la situation sanitaire.

    Un moment charnière pour le Sahel

    Mon déplacement cette semaine intervient à un moment charnière. Après le renforcement de l’action militaire décidé au Sommet de Pau début 2020, le Sommet du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) et de la Coalition Sahel qui s’est tenu à Ndjamena au Tchad il y a quelques semaines, a mis cette fois l’accent sur le retour de l’Etat de droit et des services publics dans les zones fragiles. C’est aussi l’axe central de la nouvelle stratégie pour le Sahel que le Conseil de l’UE vient d’adopter. C’est de cette réorientation que je souhaitais m’entretenir avec mes interlocuteurs sur place.

    « Les énormes défis auxquels la région est confrontée alimentent l’activité de groupes terroristes et contribuent au développement des trafics de drogue et d’êtres humains. Menaçant ainsi de déstabiliser les régions voisines et in fine l’Europe.  »

    Le Sahel est une région vaste et peu peuplée et des problèmes de gouvernance rendent difficile l’accès des populations aux services publics de base comme la justice, la santé, l’éducation et l’eau. La pauvreté et les inégalités se sont aussi creusées en raison d’une forte croissance démographique. Les énormes défis politiques, sociaux et économiques auxquels la région est confrontée alimentent l’activité de groupes terroristes et contribuent au développement des trafics de drogue et d’êtres humains. Menaçant ainsi de déstabiliser les régions voisines et in fine l’Europe.

    Le soutien de l’UE à l’intégrité territoriale et à la stabilité du Tchad

    Le programme initial de mon déplacement a cependant été bousculé par la mort du Président Idriss Déby du Tchad. J’ai tenu en effet à assister à ses obsèques à N’Djamena vendredi dernier pour manifester le soutien de l’UE au peuple tchadien dans ce moment difficile. Et exprimer notre attachement à l’intégrité territoriale et à la stabilité d’un pays qui joue depuis longtemps un rôle majeur dans la région, notamment sur le plan sécuritaire.

    Ma présence sur place m’a aussi donné l’occasion d’appeler à une conclusion rapide de la période de transition engagée après la mort du Président Deby et au renforcement de la cohésion du pays. Une nouvelle page s’ouvre pour le Tchad. Elle doit permettre de créer les bases d’un nouveau contrat social prenant en compte les aspirations des Tchadiennes et des Tchadiens sur le fondement des principes démocratiques.

    Le rôle important et croissant de la Mauritanie

    Ma mission avait commencé jeudi dernier en Mauritanie. Ce pays, qui a assuré la présidence du G5 jusqu’en février 2021, joue un rôle important et croissant dans la région. A Nouakchott, j’ai rencontré le Président Ghazouani, qui depuis son élection en 2019, a entrepris d’ouvrir l’espace politique. Je lui ai fait part de la reconnaissance de l’UE pour les efforts significatifs dans la lutte contre le terrorisme, les réseaux criminels et la migration irrégulière et de notre soutien à son ambitieux programme de réformes économiques et sociales.

    Enfin au Mali, j’ai rappelé à mes interlocuteurs des autorités de transition mises en place en août dernier – le Président Bah N’Daw, le Premier ministre Moctar Ouane et plusieurs de ses ministres, ainsi que le Président du Conseil National de Transition le Colonel Malck Diaw – notre soutien à la transition civile en cours qui doit mener le pays aux élections.

    « Il faut engager dès aujourd’hui les reformes clé nécessaires pour poser les bases d’un Mali véritablement nouveau. Plus de 8 des 18 mois prévus pour la transition sont déjà passés et il faut accélérer le rythme. « 

    Mais il faut aussi engager dès aujourd’hui les reformes clé nécessaires pour poser les bases d’un Mali véritablement nouveau. Plus de 8 des 18 mois prévus pour cette transition sont déjà passés et il faut accélérer le rythme. Dans un pays où l’on compte près de 350.000 personnes déplacés, un glissement dans le temps de la transition n’est pas une option. L’UE est prête à mobiliser 100M€ pour soutenir la préparation des élections et la mise en œuvre des réformes, sous réserve d’engagements et de progrès concrets.

    Le premier transfert démocratique du pouvoir au Niger

    Malheureusement, je n’ai pu me rendre au Niger comme initialement prévu, mais j’ai pu m’entretenir avec le Président Bazoum en marge des obsèques du Président Deby. J’ai salué le premier transfert démocratique de pouvoir de l’histoire du pays, intervenu il y a quelques semaines, et réitéré notre volonté le consolider le travail entrepris sous le mandat du Président Issouffou.

    Cette visite au Sahel se déroulait aussi bien entendu dans le contexte particulier de la pandémie de COVID-19 qui affecte gravement la région, notamment du fait de la fermeture prolongée des écoles. Elle a été l’occasion de souligner l’importance du soutien apporté par Team Europe aux pays de la région face à la pandémie.

    J’ai enfin profité de mon déplacement pour rendre hommage aux soldats français de l’opération Barkhane morts dans la région, ainsi que pour rendre visite aux missions européennes de formation présentes au Mali. J’ai pu également visiter le QG de l’opération française Barkhane à N’Djamena et échanger avec le Président Macron et les responsables militaires. Notre analyse commune est claire : des progrès ont été accomplis, grâce à une plus grande coordination des forces et une meilleure prise en charge de la sécurité par les troupes du G5 Sahel. Pour autant, la situation sécuritaire reste tendue et le niveau de violence élevé.

    « Des progrès ont été accomplis, grâce à une plus grande coordination des forces et une meilleure prise en charge de la sécurité par les troupes du G5 Sahel. Pour autant, la situation sécuritaire reste tendue et le niveau de violence élevé. « 

    Au-delà de notre responsabilité commune face à la menace du terrorisme, j’ai insisté pendant toute ma mission sur l’obligation de résultats qui nous lie, partenaires sahéliens et communauté internationale. Parce que l’absence de résultats aliène tôt ou tard nos populations et nos opinions. Nous devons montrer à nos citoyens que notre engagement massif porte des fruits. Le Sommet des Chefs d’Etat de la Coalition Sahel, prévu cet été, permettra de faire un premier bilan des avancées réalisées.

    EEAS, 25 avr 2021

    Etiquettes : Union Européenne, UE, Sahel, Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso, Mauritanie,

  • La France sous pression pour reconnaître sa responsabilité dans l’attaque aérienne au Mali

    Paris a rejeté à plusieurs reprises le rapport de l’ONU sur l’attaque qui a tué 19 invités à un mariage, le jugeant non crédible.

    La France fait face à des appels de plus en plus nombreux à reconnaître sa responsabilité dans l’attaque aérienne qui a tué 19 civils lors d’un mariage dans un village du Mali en janvier, suite à la publication d’un rapport des Nations unies sur cette attaque.

    L’enquête accablante de l’ONU publiée le mois dernier, sa première sur l’action militaire française, indique que la frappe aérienne a touché le village de Bounti le 3 janvier, tuant 19 invités au mariage et trois militants.

    Des groupes représentant les familles des victimes, qui étaient toutes des hommes, des survivants de la frappe aérienne et des groupes de défense des droits ont demandé que le personnel militaire impliqué dans la frappe soit inculpé et ont condamné l’attaque, qui fait partie d’une série d’incidents survenus ces dernières années au cours desquels des civils innocents ont été tués lors d’opérations anti-jihadistes.

    Une insurrection djihadiste a fait des ravages au Mali depuis 2012, débordant sur la région du Sahel en Afrique de l’Ouest, suscitant un important soutien militaire français dans ses anciennes colonies.

    Immédiatement après l’attaque à Bounti, à 370 miles de la capitale Bamako, des groupes locaux ont commencé à faire craindre que des civils, et non des djihadistes, aient été tués, a déclaré Hamadoune Dicko, le président du plus grand groupe peul, Tabital Pulaaku. Un de ses amis est mort dans la frappe aérienne, a-t-il dit.

    « Nous connaissions personnellement la majorité d’entre eux. C’est notre région et il est facile de savoir qui était là et s’il s’agissait de civils ou de djihadistes », a déclaré Dicko, ajoutant que le rapport de l’ONU avait « prouvé que nous avions raison ».

    « Il est important qu’une enquête indépendante soit menée, peut-être par la justice. Qu’elle soit malienne, française ou internationale », a déclaré Dicko, « afin que les responsabilités soient établies, que les familles des victimes puissent être indemnisées et que les responsables de cette frappe soient traduits en justice. »

    Un invité du mariage, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, a survécu à l’attaque avec des blessures mineures. Selon lui, la région du centre du Mali est sous le contrôle des djihadistes. « Ils n’acceptent pas les mariages et les baptêmes. S’ils l’avaient su, ils l’auraient interdit », a-t-il dit. « Il n’y avait pas de djihadistes, nous faisions simplement la fête entre nous ».

    Le rapport de l’ONU, basé sur plus de 400 entretiens et témoignages, accuse la France de nombreux manquements, notamment l’obligation de faire tout ce qui est pratiquement possible pour vérifier que les cibles étaient bien des objectifs militaires.

    Depuis la publication du rapport, la France l’a rejeté à plusieurs reprises comme n’étant pas crédible, affirmant que 30 personnes sont mortes dans la frappe aérienne au Mali et que les cibles étaient toutes des djihadistes. Selon elle, le rapport de l’ONU s’est peut-être appuyé sur des témoignages de sympathisants de terroristes et n’offre aucune preuve tangible.

    La ministre française de la défense, Florence Parly, a déclaré la semaine dernière que ses opérations suivaient « un processus de ciblage rigoureux » et qu’au milieu des critiques, elle « ne peut pas laisser salir l’honneur de nos soldats ».

    « Il n’y avait pas de femmes ou d’enfants parmi les victimes, et ces frappes avaient pour but de neutraliser les éléments terroristes », a-t-elle ajouté. L’attaque avait visé une coalition de groupes extrémistes affiliés à Al-Qaïda.

    Jeudi, Mme Parly a répondu aux critiques croissantes, suite au rapport de l’ONU, des groupes de défense des droits maliens et français, dont Amnesty International et Oxfam France.

    « L’action de la France au Sahel fait l’objet d’une guerre d’information permanente visant à affaiblir notre crédibilité et notre légitimité, alors même que nous sommes présents à l’appel des autorités nationales sahéliennes », après un nouveau briefing sur les détails de la frappe aérienne par le chef d’état-major des armées.

    Le gouvernement a rejeté les appels à l’ouverture d’une enquête sur les meurtres, ou à la publication des images de drone qui ont permis d’identifier le village comme cible, ce qui ajoute à la consternation des groupes au Mali.

    Pour tenter d’amener la France à accepter de rendre des comptes, les familles des victimes envisagent d’intenter une action en justice devant les tribunaux français.

    L’absence de critiques de la part du gouvernement de transition dirigé par l’armée, qui a pris le pouvoir après un coup d’État l’année dernière, alimente le ressentiment. Depuis une déclaration critiquant la frappe dans son sillage immédiat, les responsables ont largement soutenu la France, dont ils dépendent pour soutenir leurs propres forces. Les autorités maliennes ont déclaré que des djihadistes étaient la cible de l’attaque.

    Les deux pays n’ont pas réussi à lancer une enquête coordonnée, selon Clémence Bectarte, de la Fédération internationale des droits de l’homme, qui estime que « les juridictions françaises et maliennes auraient dû ouvrir une enquête, c’était logique ».

    Les informations faisant état d’atrocités présumées commises par ses militaires ont fait monter la pression sur la France et sur son opération prolongée au Sahel. Le 26 mars, six personnes ont été tuées dans le nord-est du Mali lors d’une frappe de drone française qui, selon l’armée, visait des djihadistes. Pourtant, des habitants ont déclaré que les personnes décédées, dont quatre enfants de moins de 16 ans, étaient de jeunes chasseurs.

    Les 5 100 soldats français présents au Sahel ont du mal à contenir les groupes extrémistes très mobiles et coordonnés dans cette région désertique. Selon les experts, les atrocités présumées ont probablement renforcé le ressentiment anti-français dans le pays.

    The Guardian, 9 avr 2021

    Etiquettes : France, Sahel, Mali, Tchad, Niger, Barkhane,

  • Les attaques contre les civils au Niger reflètent une crise de sécurité plus large

    Robin Kennedy

    Les civils au Niger ont été victimes de multiples attaques depuis le début de l’année 2021. Le 21 mars, 137 civils ont été tués lors de raids coordonnés sur des villages du sud-ouest du Niger. La semaine précédente, le 15 mars, 58 autres personnes ont été tuées alors qu’elles rentraient du marché local et une attaque antérieure, en janvier, a fait 100 victimes civiles. Ces 2021 attaques comptent parmi les pires pertes civiles que le pays ait connues récemment, en particulier dans la région de Tillabéri, dans le sud-ouest du pays, où les civils sont de plus en plus souvent victimes d’attaques au cours des deux dernières années. Nombreux sont ceux qui ont attribué la violence à des groupes islamistes, car les attaques surviennent au milieu d’une crise sécuritaire plus large due à l’activité des militants islamistes au Niger et dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest.

    Selon CNN, des militants de la société civile locale ont fait part de leurs inquiétudes quant au nombre croissant de victimes des milices islamistes. Harouna Abarachi, qui dirige des initiatives de paix dans le sud-ouest du Niger, qualifie cette région de « zone fragile ». Il a assisté à des conflits dans le passé, mais il estime que les attaques récentes contre des civils sont inquiétantes pour la stabilité de la région. Nombre de ces attaques sont des raids coordonnés qui ciblent systématiquement les civils ; un nouveau niveau de violence constituant de graves violations des droits de l’homme.

    À la suite de ces attaques meurtrières, le secrétaire général des Nations unies (ONU), António Guterres, a déclaré son soutien au Niger. Il a appelé les autorités nigériennes à « ne ménager aucun effort » pour traduire les auteurs en justice, tout en demandant aux autres pays du Sahel ouest-africain de continuer à collaborer entre eux et avec les organisations internationales pour faire face à ces menaces pour la sécurité. M. Guterres a également appelé à une meilleure protection des civils dans la région, ce dont s’est fait l’écho Marie-Pierre Poirier, directrice régionale de l’UNICEF pour l’Afrique occidentale et centrale. Dans une déclaration réagissant à l’attaque du 21 mars, dans laquelle 22 des victimes étaient des enfants, Mme Poirier a déclaré : « L’UNICEF est profondément choqué et indigné par les terribles attaques dirigées contre des familles et des enfants. » Elle a souligné qu’il s’agit d’une grave violation des droits de l’homme et s’est fait l’écho de l’appel de l’UNICEF à toutes les parties impliquées pour protéger les enfants. À la suite de cette attaque, l’UNICEF a réitéré son engagement à soutenir le gouvernement du Niger dans ses efforts pour assurer la sécurité des enfants.

    Le Niger est profondément touché par la violence islamiste depuis plusieurs années. Depuis que des rebelles et des milices islamistes ont pris le contrôle de villes dans le pays voisin du Mali en 2012, des menaces similaires se sont répandues dans tout le Sahel. L’État islamique dans le Grand Sahara, vaguement lié à l’État islamique, a mené des attaques aux frontières du Mali, du Niger et du Burkina Faso, ce qui a entraîné la crise sécuritaire dans le Sahel ouest-africain. Les efforts déployés par le Niger pour contenir l’État islamique au Grand Sahara n’ont pas abouti jusqu’à présent, comme en témoigne l’escalade des attaques contre les civils. En plus de faire des victimes, les militants islamiques ont incendié des salles de classe, volé du bétail et pillé des centres de santé, entraînant une destruction supplémentaire des communautés qu’ils ciblent.

    Ces attaques violentes ont également des répercussions plus larges. Selon l’ONU, 3,8 millions de personnes au Niger ont besoin d’aide, dont 2 millions d’enfants. L’UNICEF a identifié l’insécurité, les restrictions d’accès et les violences répétées comme des facteurs rendant plus difficile l’accès aux populations vulnérables de la région. La violence récente et en cours n’est pas seulement dévastatrice pour les communautés dans lesquelles elle se produit, mais elle a aussi un impact sévère sur la population plus large du Niger, car elle entrave la distribution de l’aide humanitaire.

    La réponse à cette crise sécuritaire sera un défi majeur pour le nouveau président du Niger, Mohamed Bazoum. Pour faire face à ces attaques et à la menace plus importante qu’elles représentent pour la sécurité et la stabilité du Sahel, il faudra une coopération régionale efficace et une collaboration avec les organisations internationales.

    The Organization For World Peace, 5 avr 2021

    Etiquettes : Niger, Sahel, Tillabéri, Mohamed Bazoum,

  • Point de presse quotidien de l’ONU: 31 mars 2021

    Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 31 mars 2021

    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Secrétaire général/Yémen

    Dans une déclaration publiée aujourd’hui, le Secrétaire général déclare qu’au fil des ans, le Sultanat d’Oman a joué un rôle important, en jetant des ponts pour la paix dans la région, y compris au Yémen.

    Le Secrétaire général exprime en particulier ma gratitude à Sa Majesté, le Sultan Haitham Bin Tariq Al Said, pour son appui constructif et essentiel à mon Envoyé spécial pour le Yémen, M. Martin Griffiths.

    COVID-19/Mécanisme COVAX

    Le Yémen a reçu aujourd’hui 360 000 doses de vaccins envoyées par le Mécanisme COVAX. Ces vaccins sous licence indienne et fabriqués par le Serum Institute of India sont destinés aux professionnels de la santé et aux autres personnes vulnérables.

    Les autorités sanitaires et les représentants de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ont réceptionné ce premier lot de 13 000 boîtes sécurisés et 1 300 000 seringues, essentielles pour une campagne de vaccination sûre et efficace. Près de deux millions de doses sont attendues au Yémen cette année.

    Trinité-et-Tobago a aussi reçu aujourd’hui ses 33 000 premières doses de vaccins pour le coup d’envoi de sa campagne de vaccination, la semaine prochaine.

    Ces doses font partie du premier lot destiné aux pays des Caraïbes. Mme Erica Wheeler, Représentante de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) à Trinité-et-Tobago, a déclaré que l’équipe de pays continuera de travailler avec les autorités à la vaccination de la population, avec le savoir et l’ensemble des mesures de santé publique et sociales connues pour arrêter la propagation du virus.

    Vice-Secrétaire générale/Climat

    Ce matin, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, a participé à une réunion ministérielle virtuelle sur le climat et le développement organisée conjointement avec le Royaume-Uni.

    Mme Mohammed a appelé à l’action pour renforcer la résilience climatique sur cinq fronts et d’abord l’octroi de la moitié de tous les financements climatiques à l’adaptation, ce qui implique que le G7 atteigne son objectif de consacrer 0,7% de son PIB à l’aide publique au développement (APD). Deuxièmement, la Vice-Secrétaire générale a parlé d’un soutien climatique plus rationnel et plus transparent, et troisièmement, du développement des outils financiers nécessaires à la réponse aux catastrophes et de la création de nouveaux outils pour renforcer la résilience.

    En quatrième lieu, elle a cité l’aide aux pays en développement pour qu’ils puissent intégrer les risques climatiques dans tous les processus de planification, de budgétisation et d’investissement. Enfin en cinquième lieu, Mme Mohammed a parlé du soutien aux efforts de renforcement de la résilience menés localement et de l’autonomisation des femmes, des autochtones et des jeunes.

    Prix des quatre libertés

    Aujourd’hui, le Secrétaire général a reçu le Prix international des quatre libertés de la Fondation Roosevelt.

    Il a déclaré que le Prix a une signification particulière compte tenu de son lien profond avec le Président Franklin Delano Roosevelt et Eleanor Roosevelt.

    Depuis plus de 75 ans, a-t-il ajouté, partout dans le monde et 24 heures sur 24, le personnel de l’ONU s’efforce de concrétiser les droits fondamentaux dans la vie des gens.

    Pourtant aujourd’hui, a reconnu M. António Guterres, aujourd’hui, nous sommes confrontés aux plus grandes épreuves, dans le monde, puisque l’idée des Nations Unies était plus qu’un rêve aux yeux du Président Roosevelt et d’autres.

    Mais dans la tempête, ce Prix nous incitera tous à continuer à aller de l’avant, à lutter et à travailler pour un monde meilleur.

    Afghanistan

    En Afghanistan, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a annoncé aujourd’hui que trois femmes membres du personnel de santé en charge de la vaccination contre la poliomyélite ont été tuées hier à Jalalabad, dans la province de Nangarhar. Le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, a condamné cette attaque brutale contre des agents humanitaires et de santé qui travaillent en première ligne pour offrir une vaccination vitale aux enfants.

    M. Lowcock a présenté ses condoléances aux familles des victimes et a insisté sur le fait que les agents humanitaires ne devraient jamais être pris pour cible. Ils doivent être protégés à tout moment, a-t-il dit.

    La Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a dit partager le même dégoût profond face à ce crime, alors que chacun œuvre en faveur d’un Afghanistan plus sûr, d’un avenir meilleur pour tous ses enfants et d’un monde sans polio. Le Coordonnateur résident et Coordonnateur humanitaire des Nations Unies en Afghanistan, M. Ramiz Alakbarov, a également précisé que les agents de la lutte contre la poliomyélite, qui sauvent la vie d’enfants, ne sauraient être en aucun cas des cibles.

    Mozambique

    Au Mozambique, l’OCHA a indiqué aujourd’hui que l’escalade de la violence dans la province de Cabo Delgado continue d’entraîner des déplacements massifs, en particulier après les dernières attaques de groupes armés non étatiques et des affrontements qui ont cours à Palma depuis le 24 mars. La situation en matière de sécurité reste instable et préoccupante.

    L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déjà enregistré quelque 8 000 personnes aux points d’arrivée de Nangade, Mueda, Montepuez et Pemba. Plusieurs milliers d’autres personnes sont arrivées aujourd’hui à Pemba et dans d’autres secteurs de Cabo Delgado.

    Les informations indiquent que des centaines de personnes essaient encore de quitter Palma en ce moment et que des milliers d’entre elles fuient à pied, par bateau et par route. Certaines personnes sont secourues par le Service aérien d’aide humanitaire des Nations Unies et d’autres groupes de la société civile.

    Pour sa part, le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) prépositionne des kits d’accouchement et des médicaments essentiels pour aider les femmes enceintes et les mères déplacées.

    Le Programme alimentaire mondial (PAM) a fait savoir qu’il a intensifié son assistance et qu’il s’efforce d’aider 50 000 personnes touchées par les attaques. Le Service aérien d’aide humanitaire des Nations Unies, qui est géré par le PAM, organise un pont aérien pour transporter le personnel médical essentiel et les agents humanitaires au plus près des sites d’opérations mais aussi pour les évacuations médicales.

    Toujours aujourd’hui, dans une déclaration commune, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Mme Virginia Gamba; celle pour la violence sexuelle dans les conflits, Mme Pramila Patten; et celle pour la violence contre les enfants, Mme Najat Maalla M’jid, ont fermement condamné les actes de violence « brutaux et horribles » commis dans la province de Cabo Delgado. Elles ont souligné que la protection et les besoins humanitaires de la population civile, en particulier les femmes et les enfants, doivent être assurés et satisfaits de toute urgence.

    Éthiopie 

    L’OCHA a indiqué aujourd’hui que la situation au Tigré reste extrêmement difficile. L’accès à cert aines parties du sud et du sud-est de la région a été restreint pendant un mois et la route d’Alamatato Mekelle est toujours fermée, ce qui bloque l’intervention humanitaire.

    On estime à 2,5 millions le nombre de personnes qui, dans les zones rurales, n’ont pas eu accès aux services de base, au cours de ces quatre derniers mois.

    L’ONU continue de recevoir des informations faisant état d’attaques contre les personnes et infrastructures civiles, dont le pillage et le vandalisme de centres de santé, d’écoles, sans compter les cas de violence sexuelle et sexiste.

    Le conflit continue d’entraîner des déplacements massifs dans toute la région. Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont ainsi arrivées dans les villes de Shire, Axum et Adwa, au cours de ces dernières semaines.

    L’ONU et ses partenaires humanitaires sur le terrain intensifient leur réponse, entre autres, sous la forme de colis de nourriture à plus d’un million de personnes. Par ailleurs, plus de 146 000 personnes déplacées ont reçu des abris de secours et des articles de première nécessité; la distribution se poursuivant auprès d’environ 60 000 autres. Plus de 630 000 personnes ont également reçu de l’eau potable.

    À ce jour, 67% des districts ciblés ont été couverts, grâce à 50 équipes de santé mobiles, contre 25% le mois dernier.

    La réponse reste cependant insuffisante, étant donné qu’environ 4,5 millions de personnes ont besoin d’une assistance vitale. L’ONU demande des financements supplémentaires de toute urgence pour qu’une aide vitale puisse être apportée aux personnes touchées.

    Soudan du Sud 

    Selon un nouveau rapport publié aujourd’hui par la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), les milices des communautés sont responsables de 78% des meurtres, des dégâts infligés aux civils, des enlèvements et des violences sexuelles.

    Le rapport a documenté les meurtres de 2 421 civils en 2020, soit plus du double du total de l’année précédente. Un peu plus de 1 500 personnes ont été blessées, contre 866 en 2019. La forte augmentation du nombre des enlèvements, qui a plus que triplé, est particulièrement préoccupante.

    Bien que les chiffres montrent une aggravation significative de la violence par rapport à 2019, la Mission note que les affrontements se sont concentrés dans seulement 13% des 540 zones administratives du pays et qu’ils impliquent en grande partie les milices des communautés plutôt que les parties classiques au conflit.

    Niger

    Le Secrétaire général suit avec une grande inquiétude l’évolution de la situation au Niger. Il exhorte tous ceux qui sont impliqués de s’abstenir de toute forme de provocation qui menacerait la consolidation démocratique et la stabilité du pays. Le Secrétaire général appelle en particulier les forces armées à respecter strictement leurs obligations constitutionnelles. Il exhorte toutes les parties prenantes au Niger à adhérer aux normes démocratiques, en respectant les résultats de l’élection présidentielle du 21 février, et à permettre un transfert de pouvoir ordonné et pacifique.

    Le Secrétaire général réaffirme la solidarité et l’appui de l’ONU au Gouvernement et au peuple nigériens dans leurs efforts de promotion de la paix, de l’état de droit et du développement durable.

    Mali

    Hier, le Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), M. Mahamet Saleh Annadif, a rencontré des représentants de la Cour pénale internationale (CPI) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), pour parler réparations, après les dégâts subis par le patrimoine culturel de Tombouctou en 2012. Les discussions avec la CPI ont également réaffirmé l’engagement de la Mission à mettre fin à l’impunité au Mali, et ce, à tous les niveaux.

    La Mission vient de tenir une réunion avec des organisations de la jeunesse à Tombouctou pour sensibiliser les jeunes dirigeants à son rôle dans le rétablissement de la paix au Mali.

    Conférence de Bruxelles sur la Syrie

    Les participants à la Conférence de Bruxelles « Aide à apporter pour l’avenir de la Syrie et des pays de la région » ont fait des promesses de contribution d’un montant total de 4,4 milliards de dollars pour 2021 et de 2 milliards pour 2022. Les institutions financières internationales et les donateurs ont annoncé environ 7 milliards de dollars de prêts à des conditions concessionnelles.

    Selon l’ONU, même si le montant total est inférieur aux 5,5 milliards de dollars promis en 2020, un certain nombre de donateurs ont augmenté leurs contributions cette année. L’ONU s’est également jointe à l’Union européenne (UE) pour saluer les pays qui ont dépassé les sommes promises, l’année dernière. Les deux organisations continueront de travailler avec les donateurs pour rechercher des financements tout au long de l’année.

    Les besoins restent énormes en Syrie et l’ONU et les partenaires humanitaires recherchent environ 10 milliards de dollars pour la réponse humanitaire en Syrie et pour le soutien aux pays de la région qui accueillent des réfugiés syriens.

    L’année dernière, l’ONU et ses partenaires ont augmenté de près de 30%, le nombre de personnes aidées, à savoir 7,7 millions de personnes par mois en Syrie, malgré un financement qui ne répondait pas aux besoins globaux. L’ONU continuera de faire sa part pour répondre aux besoins des personnes dans le besoin.

    Le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, a déclaré à la fin de la Conférence que si nous voulons continuer à aider les Syriens, l’accès et le financement sont nécessaires. Concernant l’accès, il a rappelé que l’opération transfrontalière est essentielle pour atteindre tous ceux qui sont dans le besoin. L’aide humanitaire, a-t-il ajouté, dépend d’un financement généreux et continu des donateurs.

    Invités du point de presse

    Les invités du point de presse aujourd’hui étaient les experts du Service de la lutte antimines de l’ONU (UNMAS). Ils ont parlé de la prochaine Journée internationale pour la sensibilisation aux mines et l’assistance à la lutte antimines. Étaient présents Mme Ilene Cohn, Directrice adjointe et Cheffe par intérim de l’UNMAS; Mme Abigail Hartley, Cheffe de la politique, du plaidoyer, de la communication et de la mobilisation des ressources; et M. Stephen Pritchard, Chef des programmes, de la planification et de la gestion.

    UN Press, 31 mars 2021

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