Étiquette : No peace without justice

  • Qatargate : le système Panzeri au cœur de l’enquête

    Tags : Moroccogate, Qatargate, Maroc, DGED, Parlement Européen, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi, Marocleaks, Mohamed Belahrach, Fight Impunity, No peace without justice, corruption,

    Les langues se délient au sujet du scandale de corruption qui secoue violemment les couloirs du Parlement Européen. L’intérêt porte sur comment Panzeri a agi, le rôle de Giorgi et ce que savait Kaili, l’implication du Qatar, du Maroc et de la Mauritanie. Les révélations sur le Qatargate sont désormais quotidiennes avec des acteurs « clé » qui font des aveux décisifs.

    Selon les révélations de l’enquête menée par la justice belge, tout semble indiquer que l’ex-eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri est le cerveau de toute l’organisation mise en place à la faveur du Maroc et du Qatar. De nouveaux détails de l’affaire ont été dévoilés par le journal belge Le Soir dans un article intitule « Le système Panzeri au cœur de l’enquête ».

    Selon cette publication, « tout a commencé en 2018. M. Panzeri était alors président de la commission des droits de l’Homme du Parlement européen (…) L’ancien président du Comité national des droits de l’Homme (du Qatar, Ali ben Samikh Al Marri, actuel ministre du Travail, NDLR) a alors développé l’idée du lobbying. M. Panzeri a accepté de travailler pour les Qataris. » C’est ainsi, selon la version qu’a donnée Francesco Giorgi, l’ancien assistant de Pier Antonio Panzeri, aux enquêteurs, que tout aurait commencé dans l’affaire de corruption qui secoue le Parlement européen depuis près de trois semaines ».

    Citant Francesco Giorgi, l’époux d’Eva Kaili, l’article indique que « c’est lorsqu’il était encore parlementaire européen que Pier Antonio Panzeri aurait commencé à œuvrer en faveur des émissaires qataris : « Début 2019, la coopération a commencé. Nous avons défini les montants, sur lesquels j’ai un peu de mal à me souvenir, pour nos interventions respectives. C’était en cash. » Pier Antonio Panzeri, lui, assure devant le juge d’instruction que l’origine de l’accord avec le Qatar date d’octobre ou novembre 2019, soit après la fin de son mandat d’eurodéputé ». « L’accord avec le Maroc, qui a « commencé après 2019 », « prévoyait qu’on aurait travaillé à éviter des résolutions contre le pays, et en échange, on aurait reçu 50.000 euros », détaille celui qui est régulièrement surnommé « l’ami du Maroc » dans les couloirs du Parlement européen. Il confirme le rôle joué par l’actuel ambassadeur marocain en Pologne, Abderrahim Atmoun », ajoute-t-il.

    Selon la même source, toujours citant Giorgi, ce n’est que quelques mois plus tard que le système se serait professionnalisé, avec la création de l’ASBL bruxelloise Fight Impunity. Car « il fallait trouver un système clair qui ne donnerait pas l’alerte ». Des billets d’avions pour Doha auraient aussi, poursuit M. Giorgi, été distribués par l’intermédiaire d’Antonio Panzeri à des proches, notamment une comptable et des conseillers politiques. Mais aucun député n’est cité par Francesco Giorgi comme ayant profité d’un séjour tous frais payés dans la péninsule pendant la Coupe du monde.

    Giorgi informe que des actions de lobbying auraient également été menées en faveur du Maroc, mais également de la Mauritanie : « Pour la Mauritanie, ils ont un problème d’image. Ils ont engagé M. Panzeri sur comment faire (…) En ce qui concerne ma rétribution, j’ai loué mon appartement rue de la Tulipe à l’ambassadeur de Mauritanie. Le loyer était ma contrepartie. M. Panzeri a touché, lui, 25.000 euros en cash. » Un témoignage lapidaire, qui ne fait allusion à aucune illégalité et que Le Soir n’a pas été en mesure de recouper.

    Après avoir exprimé son soulagement à l’issue de cette audition, Francesco Giorgi a déclaré que son épouse, l’ancienne vice-présidente du Parlement Européen, Eva Kaili « était au courant, évidemment, des sommes d’argent et de l’origine, vu qu’on vit ensemble, mais elle ne fait pas partie du réseau. Elle m’avait demandé plusieurs fois d’arrêter, parce que ça la mettait en danger par rapport à ses fonctions ». Cette dernière estime avoir été grugée et abusée, écrit Le Soir. « Je n’aimais pas sa manière de faire confiance aveuglément à Antonio » (Panzeri), décrit-elle en parlant de son compagnon.

    L’eurodéputée grecque, démise de ses fonctions de vice-présidente du Parlement, explique avoir essayé de séparer son travail de celui de Francesco Giorgi, et voulait prendre ses distances avec Panzeri, d’autant plus depuis que ce dernier « avait laissé une valise à la maison. Je n’ai pas vu le contenu, mais je savais ce que c’était, ce qu’il y avait dedans… » Interpellée sur les liasses de billets, tout juste concède-t-elle qu’elle n’avait jamais « réfléchi à l’origine de cet argent », imaginant que, peut-être, ce cash avait été confié par des gouvernements à l’ASBL de M. Panzeri pour effectuer des sauvetages humanitaires. « Je suis au stade où je ne reconnais plus personne, même plus mon propre partenaire », conclut-elle. Visiblement dépitée.

    Autant de témoignages, de confessions, de démentis que vont s’atteler à vérifier les enquêteurs dans les semaines et les mois à venir, conclue l’article.

    #Qatargate #Maroc #Parlement_Européen #Eva_Kaili #Antonio_Panzeri #Francesco_Giorgi #Qatar #Marocleaks #Mohamed_Belahrach #Moroccogate #DGED #Yassine_Mansouri

  • Miguel Urban : Le Maroc est le véritable cerveau du Qatargate

    Tags : Moroccogate, Qatargate, Maroc, DGED, Parlement Européen, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi, Marocleaks, Mohamed Belahrach, Fight Impunity, No peace without justice, corruption,

    Un scandale qui secoue l’eurocratie et au-delà. Rabat est le véritable cerveau du plan de corruption dans les institutions européennes

    Le 9 décembre, ce qui est déjà l’une des plus grosses affaires de corruption jamais découvertes dans les institutions européennes a commencé publiquement. Et il l’a fait dans son centre névralgique : à proximité du Parlement européen. Plus précisément, au domicile d’Eva Kaili, eurodéputée socialiste grecque et vice-présidente du Parlement européen, et de son compagnon, Francesco Giorgi, conseiller parlementaire. Quinze autres perquisitions domiciliaires avaient lieu pratiquement simultanément dans différents quartiers de Bruxelles.

    Parmi les personnes arrêtées jusqu’à présent figurent les deux cités, mais aussi Pier Antonio Panzeri (ancien député européen socialiste italien et actuel lobbyiste de l’ONG Fight Impunity), Luca Visentini (récemment élu secrétaire général de la Confédération syndicale internationale, poste qu’il a occupé jusqu’à puis dans la Confédération européenne homologue) et Niccolò Figà-Talamanca (responsable de l’ONG No Peace Without Justice). Ces derniers jours, des perquisitions ont eu lieu dans les chambres des parlementaires, avec de nombreux bureaux sous scellés et un nombre encore inconnu de députés, d’eurodéputés et d’assistants parlementaires impliqués.

    Une opération menée par l’unité anti-corruption de la police belge, à la suite d’une enquête que les services secrets du pays, en coordination avec leurs homologues d’au moins cinq autres pays européens, avaient ouverte depuis le début de l’année 2021. Comme dans de nombreux autres pays, les services secrets belges est interdit (au moins formellement) d’enquêter sur les partis politiques ou les élus. Sauf si vous croyez qu’il y a un risque pour la sécurité nationale. Comme dans cette affaire, où les indices pointaient vers une prétendue « ingérence étrangère » dans les processus décisionnels législatifs.

    Selon le journal flamand De Staandard, des agents des services de renseignement belges sont entrés secrètement au domicile de l’ancien député européen italien Panzeri en juillet, où ils ont trouvé 700.000 €. Cette découverte a déclenché une enquête de la justice belge sur ce qui est déjà l’un des plus gros scandales de l’histoire des institutions européennes. Aujourd’hui à Bruxelles, quelqu’un se souvient de ce mois de mars 1999 au cours duquel toute la direction de la Commission européenne, dirigée par Jacques Santer, a démissionné en bloc, impliquée dans divers complots de corruption.

    La nouvelle de l’arrestation de la vice-présidente Eva Kaili et la scène hollywoodienne de son père surpris en train de s’enfuir avec des sacs de sport remplis de billets de banque ont surpris le Parlement européen, alors qu’il s’apprêtait à tenir sa dernière session plénière de l’année à Strasbourg. Avant les vacances de Noël. Mais au-delà de cet épisode précis, ce qui n’a pas tant surpris dans les cercles de l’eurocratie à Bruxelles, c’est le fait qu’un Etat étranger (ou plus) ait tenté d’influencer le travail des parlementaires européens.

    Bruxelles est la deuxième ville au monde avec le plus grand nombre de groupes de pression enregistrés. Il n’est pas rare de les voir faire la queue pour entrer au Parlement, arpenter ses couloirs ou prendre un café avec un député européen. La longue histoire de leur présence et de leur activité dans les institutions européennes a fini par les normaliser, à l’intérieur comme à l’extérieur des couloirs. Aujourd’hui, ils sont une partie supplémentaire de l’écosystème de l’Eurocratie de Bruxelles. Surtout ceux qui représentent des entreprises privées. Mais ce ne sont pas les seuls lobbys.

    Les missions diplomatiques et les ambassades ont tendance à passer, du moins jusqu’à présent, beaucoup moins inaperçues des médias et du public. Et cela malgré le fait que leur présence et leurs activités de lobbying se sont progressivement accrues. Et dans cette autre ligue des gouvernants lobbyistes, la délégation marocaine se distingue par son agenda diplomatique particulièrement actif et agressif au Parlement européen, notamment dans sa poursuite de la défense et du renouvellement de l’occupation illégale du Sahara Occidental. Et, comme nous l’avons déjà vu, le Qatargate commence à Doha mais désigne directement Rabat comme le véritable cerveau du plan de corruption dans les institutions européennes.

    Dans le contexte actuel de crise de légitimité et de gouvernance mondiale des organisations multilatérales, les déclarations, auditions et/ou résolutions du Parlement européen sur des questions internationales, aussi déclaratives soient-elles, acquièrent un impact significatif dans les pays tiers. Cela a suscité l’intérêt de nombreuses dictatures, avec beaucoup d’argent et peu de scrupules, à essayer d’utiliser le Parlement et les eurodéputés pour recycler leur image publique internationale ou, du moins, pour atténuer les critiques qui pourraient sortir de l’Eurochambre. Ainsi, de nombreux groupes ont fleuri ces dernières années l’amitié des eurodéputés avec les riches autocraties du Moyen-Orient ou avec des pays sous le feu des projecteurs pour les violations des droits de l’homme comme le Maroc ou Israël.

    Au-delà du fait que, en réalité, ces groupes n’ont aucune sorte de formalité parlementaire, ni de contrôle ou de contrôle public, la vraie question est de savoir quelle motivation politique un fonctionnaire trouve-t-il pour appartenir à un groupe d’amitié avec une autocratie médiévale qui emprisonne les homosexuels, interdit les partis et les syndicats, ne protège pas les femmes et viole systématiquement les droits de l’homme et les libertés démocratiques ? Etant donné qu’il existe des doutes sérieux sur le fait que les prétendues tentatives de corruption du Qatar ou du Maroc soient circonscrites à une seule formation politique, les socialistes, ou seulement à une poignée de députés européens, il ne pouvait être exclu que l’enquête en cours fasse apparaître de nouveaux noms de celle-ci et d’autres institutions européennes, en particulier la Commission européenne. En fait, les projecteurs sont actuellement braqués sur le commissaire européen et vice-président de la Commission.

    Un autre signe que ce scandale pourrait déborder sur bien d’autres domaines est le silence tonitruant que maintiennent d’autres grands groupes du Parlement européen. Le Parti populaire européen n’a que timidement menacé d’isoler le groupe socialiste dans son ensemble. C’est peut-être parce qu’ils ne savent pas s’ils sont impliqués dans ce scandale ou dans d’autres scandales faisant l’objet d’une enquête. Mais aussi parce qu’ils sont les premiers intéressés à ne pas alimenter un incendie qui pourrait incendier une colocation actuellement disputée. Mieux vaut pointer du doigt quelques pommes pourries que supposer que nous sommes face à un problème structurel : un cadre institutionnel opaque loin du contrôle citoyen qui favorise ce type de pratique.

    Et c’est là que s’ouvre un passage vers un champ de bataille beaucoup plus profond : ceux qui ont traditionnellement défendu un modèle fédéral européen, dirigé par une Commission et un Parlement de plus en plus compétents et puissants, ont fondé leur pari sur le fait que les institutions européennes sont une garantie non seulement contre les nationalismes, leur égoïsme et leur bellicisme, mais aussi contre les pratiques corrompues qui imprègnent les États-nations traditionnels. Des démocrates-chrétiens à une grande partie des néo-progressistes, en passant par les libéraux, les verts et les sociaux-démocrates, un scandale de ce type frappe la ligne de flottaison de la légitimité de leur conception de la construction du projet européen. Mais il existe d’autres modèles qui attisent les braises pour que la flamme grandisse. Orban lui-même ou Le Pen ont déjà souligné depuis le début du scandale l’hypocrisie d’une Bruxelles corrompue qui cherche à contrôler les Etats membres, faisant référence aux allégations de corruption et de violation de l’Etat de droit contre la Hongrie. Depuis les différentes extrêmes droites qui habitent le Parlement européen, jusqu’aux secteurs en voie de radicalisation de la famille populaire européenne, ces dernières années se prépare une mutation des positions eurosceptiques vers un euro-réformisme dans une clé conservatrice qui, étant donné la montée de ses positions dans les différents députés et dans le Parlement lui-même se demandent : pourquoi détruire une UE que nous pouvons co-gouverner ? Mais, bien sûr, pas dans ce format fédéral typique du néolibéralisme progressiste. L’UE des droits est l’Union de ses États, la fameuse Europe des patries de de Gaulle. C’est-à-dire un modèle intergouvernemental plus conforme aux États-Unis d’Europe qu’à l’Union européenne des États. Un modèle dans lequel les gouvernements nationaux conserveraient l’essentiel des pouvoirs et se coordonneraient entre eux par l’intermédiaire du Conseil européen, sans céder la souveraineté à une Commission ou à un Parlement qui est identifié comme le mondialisme pervers de l’Europe par l’Internationale réactionnaire du Vieux Continent.

    La nouvelle droite en vogue ne veut plus rompre ou quitter l’UE, mais elle veut rompre avec une manière jusqu’alors hégémonique de construire le projet européen. Leur problème n’est pas l’UE, mais Bruxelles cette version européenne du nouvel ordre mondialen proie à des politiciens corrompus et privilégiés qui, égocentriques comme ils le sont dans leur bulle eurocratique, ne connaissent pas la réalité des peuples d’Europe. Et un scandale comme le Qatargate ouvre une porte juteuse pour réduire les pouvoirs du Parlement européen et, par coïncidence, de ces dispositifs ennuyeux tels que les résolutions sur les urgences en matière de droits de l’homme dans le monde qui pourraient contrarier un allié lointain. Ainsi, avec l’excuse de l’ingérence étrangère résultant du Qatargate, le PPE [gruppo popolare europeo] lors de la dernière session plénière à Strasbourg, il a reproposé sa vieille intention de mettre fin aux déclarations urgentes sur les droits de l’homme faites par le Parlement.

    Et la gauche en attendant ? Eh bien, malheureusement, c’est sans plan. Nous critiquons la corruption et avons été à l’avant-garde de la lutte contre ce scandale et d’autres. Et nous continuons à tirer le fil pour que cela ne reste pas dans une affaire du Qatar, du Maroc et d’une poignée d’accusés, mais dénonce plutôt le fonctionnement opaque et anti-démocratique de l’ensemble des institutions européennes et d’une architecture institutionnelle au niveau service de l’élite et de ses intérêts. Cependant, de la gauche, nous n’avons toujours pas de discours clair sur l’Europe que nous voulons et sur ce qu’il faut faire de l’UE. Avec ceci ou avec tout autre possible. Autant de challenge que peu de stratégie.

    C’est pourquoi, lorsque ce genre de scandales de corruption ouvre des fenêtres d’opportunité pour ces autres batailles plus profondes, nous avons l’impression de jouer avec nos cartes marquées et le plafond très bas. Il nous manque une discussion stratégique pour que toute chance de marquer un point ne nous prenne pas hors-jeu. Sinon, nous risquons de devenir un simple acteur qui critique la corruption, les abus de pouvoir et son impunité, mais qui n’a pas d’idées fortes pour cette autre Europe possible, seulement quelques propositions pour apporter des changements concrets. Et pour ce faire, il existe déjà de bons groupes de pression pour la transparence ou des groupes comme les écologistes. Que le Qatargate serve à tirer la ficelle qui remet en cause le modèle antidémocratique de l’UE, mais aussi à tirer les oreilles de la gauche pour qu’une fois pour toutes, nous nous asseyions et réfléchissions à quelle autre Europe nous voulons et comment nous la construisons.

    par Miguel Urban
    Anticapitalistas MEP – Groupe de gauche au Parlement européen – ​​GUE/NGL
    Source : Spark Chronicles via Marocleaks


    #Qatargate #Maroc #Parlement_Européen #Eva_Kaili #Antonio_Panzeri #Francesco_Giorgi #Qatar #Marocleaks #Mohamed_Belahrach #Moroccogate #DGED #Yassine_Mansouri

  • Le Qatargate « me rappelle un dessin animé de Tintin »

    Tags : Moroccogate, Qatargate, Maroc, DGED, Parlement Européen, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi, Marocleaks, Mohamed Belahrach, Fight Impunity, No peace without justice, corruption,

    Un député européen qui a siégé à la même commission parlementaire qu’Eva Kaili a comparé le scandale de la corruption du Qatargate à une caricature de Tintin et a appelé à un changement profond de la « culture » des institutions européennes vis-à-vis du lobbying et des cas présumés de corruption.

    Dans une interview accordée au Brussels Times, l’eurodéputé danois Niels Fuglsang – qui est également membre du même parti parlementaire de centre gauche (les socialistes et démocrates) que l’eurodéputé grec Kaili – s’est dit « surpris, déconcerté et en colère » par le scandale qui implique que les gouvernements qatari et marocain auraient effectué des paiements à divers législateurs européens, dont Kaili, en échange de leur soutien aux politiques pro-qatari et pro-marocaines.

    Fuglsang a exprimé sa consternation face à la nature « surréaliste » du scandale, qui impliquait, entre autres, que des enquêteurs fédéraux aient surpris le père de Kaili tenant une valise remplie de 600 000 € en espèces alors qu’il quittait un hôtel de luxe du centre-ville de Bruxelles.

    « L’histoire me rappelle un dessin animé de Tintin avec des gens avec des valises remplies d’argent », a déclaré Fuglsang. « C’était difficile d’imaginer ce genre de scénario. Ça dépasse mon imagination, je dirais. »

    Étrange, mais pas suspect

    En tant que membre de la commission parlementaire de l’industrie, de la recherche et de l’énergie (ITRE), Fuglsang a eu de fréquentes interactions avec Kaili, bien qu’il ne la connaisse pas à titre personnel.

    « C’est une personne avec qui j’ai parlé à plusieurs reprises », a déclaré Fuglsang. « Je ne la connaissais pas très bien. [Mais] je n’avais pas une impression négative d’elle. Je pensais que c’était une personne amicale. Je ne me doutais de rien. »

    Fuglsang a cependant trouvé qu’un discours infâme prononcé par Kaili peu avant son arrestation défendant le bilan du Qatar en matière de droits de l’homme était « un peu étrange », mais a souligné que les opinions non conventionnelles sont courantes dans la politique européenne.

    « Vous entendez toutes sortes d’opinions étranges au Parlement européen », a déclaré Fuglsang. « Cela fait partie de la démocratie : les gens auront des opinions avec lesquelles je ne suis pas d’accord et que je trouve parfois bizarres. »

    Règles et culture

    En plus d’appeler à une « enquête complète » sur le scandale, Fuglsang a exprimé son soutien à la création d’une autorité parlementaire spéciale chargée d’examiner les cas présumés de corruption, comme récemment proposé par les Verts/ALE.

    « Une autorité d’enquête officielle qui a le droit d’enquêter sur des choses suspectes serait, je pense, une bonne chose à avoir », a déclaré Fuglsang. « Je pense que nous devrions faire tout notre possible pour avoir des règles et des institutions qui empêchent que cela ne se reproduise. »

    Fuglsang a également soutenu d’autres mesures visant à limiter les cas de corruption « non officielle », notamment la réduction de la porte tournante entre les politiciens européens et les entreprises privées et la réforme des réglementations actuelles du Parlement européen relatives au lobbying.

    Fuglsang a toutefois pris soin de souligner que c’est un changement culturel – plutôt que purement législatif – qui s’impose en définitive au sein des institutions européennes.

    « Nous devrions évidemment avoir de nouvelles règles », a déclaré Fuglsang. « Mais, bien sûr, si ces accusations contre Eva Kaili et d’autres sont vraies, alors ils ont déjà enfreint les règles. Évidemment, c’est illégal d’être soudoyé. Si les gens sont prêts à prendre de l’argent dans des valises, nous pouvons faire beaucoup de règles mais cela n’empêchera pas nécessairement ce genre de choses de se produire. »

    « Donc, nous devons établir des règles, et de meilleures règles, mais nous devons aussi essayer de promouvoir un autre type de culture. Mais ce n’est pas si facile. Cela prend beaucoup de temps. »

    The Brussels Times, 27/12/2022

    #Qatargate #Maroc #Parlement_Européen #Eva_Kaili #Antonio_Panzeri #Francesco_Giorgi #Qatar #Marocleaks #Mohamed_Belahrach #Moroccogate #DGED #Yassine_Mansouri

  • Qatargate : Figa-Talamanca reste en détention provisoire

    Tags : Moroccogate, Qatargate, Maroc, DGED, Parlement Européen, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi, Marocleaks, Mohamed Belahrach, Fight Impunity, No peace without justice, corruption,

    Le lobbyiste Nicolo Figa-Talamanca restera en prison pendant au moins un mois. La Chambre d’accusation de Bruxelles (KI) en a décidé mardi, a indiqué le parquet fédéral. Le 14 décembre, la chambre du conseil avait décidé de placer l’homme sous surveillance électronique, mais le parquet fédéral avait fait appel.

    Un deuxième suspect dans l’enquête sur la corruption au Parlement européen a également comparu mardi devant l’AI, l’ancien eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri. A la demande de ses avocats, son traitement a été reporté au 17 janvier.

    Il a déjà été signalé que Francesco Giorgi, le partenaire d’Eva Kaili, l’ancienne vice-présidente du Parlement européen, devait également comparaître devant l’IA mardi, mais ce n’est pas correct. L’homme n’avait pas fait appel de la décision de la chambre du conseil de Bruxelles du 14 décembre de prolonger d’un mois sa détention provisoire.

    Le trio a été arrêté le 9 décembre, tout comme Eva Kaili, son père et le syndicaliste Luca Visentini. Les arrestations s’inscrivaient dans le cadre d’une enquête menée par le procureur fédéral sur les tentatives de l’État du Golfe du Qatar d’influencer la prise de décision économique et politique du Parlement européen en versant d’importantes sommes d’argent ou en offrant des cadeaux substantiels à des personnes ayant une opinion politique et/ou position stratégique au sein du Parlement européen. Le Maroc est également mentionné dans l’étude.

    1,5 million d’euros

    Les enquêteurs de la police judiciaire fédérale ont saisi 1,5 million d’euros lors de ces perquisitions et arrestations. Au domicile de Panzeri, 700 000 euros en espèces ont été saisis, tandis que le père d’Eva Kaili a été arrêté avec une valise pleine de billets d’une valeur d’environ 600 000 euros. Plus tard dans la journée, Eva Kaili pourrait également être arrêtée, avec environ 150 000 euros en sa possession.

    Panzeri, Giorgi, Kaili et Figa-Talamanca ont été placés en état d’arrestation, tandis que Visentini et le père de Kaili ont été libérés.

    Scandale du Qatargate : des photos émergent de suspects portant des valises

    Des photos de valises s’échangeant des mains liées au scandale Qatargare qui a secoué l’Europe ont été publiées mardi dans le journal italien La Repubblica.

    Selon le journal, les photographies montrent les deux principaux protagonistes du scandale de corruption du Qatargate, l’ancien eurodéputé italien Antonio Panzeri et Francesco Giorgi, mari de l’eurodéputée grecque Eva Kaili, portant des valises vraisemblablement pleines d’argent.

    Les photos granuleuses d’une caméra de sécurité ont été prises à l’ hôtel Steigenberger à Bruxelles le 10 octobre et montrent le ministre du Travail du Qatar, Ali Ben Samih al-Mari, Panzeri et Giorgi, que l’on voit amener sa fille à la réunion de une poussette pour bébé.

    Des suspects du Qatargate vus portant des valises
    Les deux hommes sont vus portant des valises, contenant vraisemblablement de l’argent, dit La Repubblica .

    Le rendez-vous a eu lieu cinq semaines avant le début de la Coupe du monde 2022 dans l’un des hôtels les plus luxueux de la capitale belge, situé dans l’un des quartiers les plus huppé de Bruxelles, l’avenue Louise.

    La Repubblica affirme que l’hôtel était l’un des préférés des responsables qatariens. Selon le journal, en décembre 2021, le jour de la fête nationale du Qatar, une immense fête a eu lieu avec près de trois cents invités, dont de nombreux députés européens.

    Kaili et Giorgi faisaient partie de plusieurs personnes arrêtées le 9 décembre dans le cadre d’une opération organisée par les autorités belges enquêtant sur la corruption, le blanchiment d’argent et le trafic d’influence étranger lié au Parlement européen.

    Dans ses aveux rapportés, Giorgi aurait nommé l’ancien député européen italien Pier Antonio Panzeri à la tête de l’organisation.

    Kaili affirme qu’elle est innocente dans le scandale du Qatargate
    Comme Kaili et Giorgi, Panzeri a également été arrêté le 9 décembre et se trouve actuellement dans une cellule de la prison de Bruxelles.

    Kaili, qui clame son innocence, restera en détention pour le scandale de corruption au Qatar pendant au moins un mois, a déclaré un tribunal de Bruxelles la semaine dernière.

    « Mme. Kaili est innocente, [et] elle nie toutes les accusations de pots-de-vin ou de corruption », a déclaré l’un de ses avocats, Michalis Dimitrakopoulos. Il a ajouté que sa cliente n’a ni connu ni participé aux actes pour lesquels son partenaire est accusé.

    Voir toutes les dernières nouvelles de la Grèce et du monde sur Greekreporter.com . Contactez notre salle de presse pour signaler une mise à jour ou envoyer votre histoire, photos et vidéos. Suivez GR sur Google News et abonnez-vous ici à notre e-mail quotidien !

    #Qatargate #Maroc #Parlement_Européen #Eva_Kaili #Antonio_Panzeri #Francesco_Giorgi #Qatar #Marocleaks #Mohamed_Belahrach #Moroccogate #DGED #Yassine_Mansouri #Figa_Talamanca

  • Justice belge: Les 4 accusés du Qatargate restent en prison

    Tags : Moroccogate, Qatargate, Maroc, DGED, Parlement Européen, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi, Marocleaks, Mohamed Belahrach, Fight Impunity, No peace without justice, corruption,

    Le tribunal de Bruxelles annule la possibilité qu’un des détenus, Niccolo Figa-Talamanca, responsable de l’ONG No Peace Without Justice, reste en liberté provisoire.

    La justice belge maintiendra en prison les quatre principaux accusés du complot du ‘Qatargate’. C’est ce qu’a décidé mardi la chambre d’accusation de la Cour de justice de Bruxelles, qui a retiré la possibilité que l’un d’eux, Niccolo Figa-Talamanca, patron de l’ONG No Peace Without Justice, reste en liberté provisoire sous bracelet électronique.

    Talamanca doit maintenant retourner en prison, où se trouvent l’ancien eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri, l’ancienne vice-présidente du Parlement européen, Eva Kaili, et son compagnon, l’assistant politique Francesco Giorgi. Panzeri a comparu ce mardi devant la salle d’audience, qui a décidé de maintenir son confinement jusqu’à ce que son dossier soit réexaminé le 17 janvier. Tous ont été accusés d’ »appartenance à une organisation criminelle », de « blanchiment d’argent » et de « corruption », des crimes liés à un système de pots-de-vin du Qatar et du Maroc pour influencer les décisions politiques européennes.

    La semaine dernière, le tribunal de première instance de Bruxelles a prolongé la détention provisoire d’Eva Kaili, l’ancienne vice-présidente du Parlement européen, déboutée après son inculpation dans l’affaire de corruption instruite par le parquet belge.

    Le scandale, en plus de porter gravement atteinte à la réputation des institutions de l’UE, a tendu les relations avec le Qatar, qui a « fermement » rejeté les allégations de corruption à son encontre et menace d’un éventuel « impact négatif » sur ses convoitées livraisons de gaz naturel.

    #Qatargate #Maroc #Parlement_Européen #Eva_Kaili #Antonio_Panzeri #Francesco_Giorgi #Qatar #Marocleaks #Mohamed_Belahrach #Moroccogate #DGED #Yassine_Mansouri

  • Marocgate: le lobbying, une « ancienne tradition du Makhzen »

    Tags : Moroccogate, Qatargate, Maroc, DGED, Parlement Européen, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi, Marocleaks, Mohamed Belahrach, Fight Impunity, No peace without justice, corruption,

    Le lobbying auprès des organisations internationales, l’Union européenne (UE) en particulier, est une « ancienne
    tradition » chez le régime marocain, qui s’appuie sur « un groupe d’amis bien articulé » gravitant autour du Parlement européen (PE) pour son compte en contrepartie de sommes d’argent et autres, selon l’ancien émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental, Francesco Bastagli

    Dans le cadre d’une émission consacrée au scandale de corruption qui secoue le Parlement européen depuis son éclatement le 9 décembre dernier, le programme d’actualités américain Democracy Now, a invité l’ancien représentant spécial pour le Sahara occidental (2005-2007) à s’exprimer sur un certain nombre de points liés à la question sahraouie qui est, depuis longtemps, au centre d’ »un grand travail de lobbying marocain ».

    D’après M. Bastagli, il existe en Europe « une sorte de groupe d’amis qui gravite autour du Parlement européen (au profit notamment du Maroc), et ce sont des parlementaires eux-mêmes qui canalisent depuis longtemps les intérêts illicites de leurs sponsors, pour soutenir leurs agendas au sein de l’institution européenne ».

    Ce groupe d’amis fait en sorte, selon lui, « de faciliter également l’identification des parlementaires qui pourraient être – en raison de la nature de leurs fonctions et responsabilités au sein du Parlement – d’une plus grande utilité pour leurs clients et crée des occasions où ces parlementaires peuvent être approchés par le biais de rencontres sociales, de missions de visite ou autres ».

    C’est donc, pour lui, « un système bien articulé », qui comprend également « la surveillance du comportement des parlementaires qui ont été soudoyés, pour s’assurer qu’ils votent ou se comportent ou font pression conformément à ce que l’on attend d’eux ».

    En effet, lorsqu’il s’agit de son agenda, le Maroc a « une longue tradition de présence très offensive, tant dans ses relations bilatérales avec les pays clés que dans les enceintes internationales, telles que l’ONU et l’UE », fait remarquer le diplomate italien.

    Dans les domaines économique et commercial, l’effort de lobbying des amis du Maroc est « extrêmement important », poursuit l’ancien envoyé personnel de Kofi Annan, rappelant que Rabat a tenté à plusieurs reprises d’inclure le territoire occupé du Sahara occidental – (territoire distinct et séparé du Maroc, avait conclu la justice européenne) – dans ses accords a agricoles et de pêche avec l’UE.

    #Qatargate #Maroc #Parlement_Européen #Eva_Kaili #Antonio_Panzeri #Francesco_Giorgi #Qatar #Marocleaks #Mohamed_Belahrach #Moroccogate #DGED #Yassine_Mansouri

  • Qatargate: Kaili voulait dissimuler des preuves

    Tags : Moroccogate, Qatargate, Maroc, DGED, Parlement Européen, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi, Marocleaks, Mohamed Belahrach, Fight Impunity, No peace without justice, corruption,

    Qatargate, Kaili a essayé de faire disparaître des preuves : « Papa, prends la valise et les biberons ».
    par Luca De Vito, Giuliano Foschini

    Le récit des appels téléphoniques de l’eurodéputée immédiatement après l’arrestation de son compagnon Francesco Giorgi :  » Je savais qu’il gardait des sacs pour Panzeri. Il ne pouvait jamais dire « non ». Dans les minutes qui suivent, il s’inquiète que quelqu’un s’occupe de sa fille.

    « Je sais que mon mari gardait quelque chose pour son ancien patron, Antonio Panzeri, et peut-être aussi pour son patron actuel, Andrea Cozzolino. Mais je ne savais pas quoi ni pourquoi : « Je ne pense pas avoir confiance en quelqu’un après ce qui s’est passé ». La ligne de défense d’Eva Kaili s’articule ici autour de la justification que ce qui s’est passé est le résultat de machinations dans l’ombre organisées par Panzeri et son associé Francesco Giorgi. Un trafic dont, selon elle, elle ne voulait pas connaître l’existence.

    Dans le premier rapport remis aux enquêteurs, l’eurodéputée grecque du Pasok et ancienne vice-présidente du Parlement européen, qui s’est retrouvée en prison pour corruption et blanchiment d’argent dans le cadre de l’enquête sur le Qatargate, a dû expliquer beaucoup de choses aux deux officiers de la police judiciaire de Bruxelles qui l’ont interrogée : à qui appartenait cet argent, pourquoi il a été trouvé chez elle, pourquoi elle a demandé à son père de le cacher lorsqu’elle a appris l’arrestation de Giorgi. Après l’arrestation de mon partenaire, je suis allé dans son bureau. J’ai fouillé dans ses affaires pour savoir pourquoi il avait été arrêté ». Kaili a trouvé la valise, ainsi qu’un ordinateur et un téléphone. « J’ai donc appelé mon père, qui était avec l’enfant. Je lui ai demandé de venir chercher la valise. (…) C’était une valise pour Panzeri que mon mari gardait à la maison. (…) Je savais que mon père allait rejoindre ma fille car j’avais mis des biberons dans la valise qu’il avait prise ».

    Immédiatement après, elle a également essayé d’appeler l’ancien syndicaliste et ses amis : « J’ai d’abord essayé d’appeler Panzeri (qui ne parle qu’italien) mais je ne l’ai pas trouvé, alors j’ai essayé de contacter Marc Tarabella et Maria Arena. Ils ne savaient pas pourquoi Panzeri n’avait pas répondu ». Les aveux partiels de Kaili, qui rejette les allégations de corruption, concernent l’argent. « J’ai ouvert la valise. J’ai aussi ouvert le coffre. Je sais qu’il (Francesco Giorgi, éd.) gardait quelque chose pour son ancien patron, Pier Antonio Panzeri, et peut-être aussi pour son patron actuel, Andrea Cozzolino ».

    La valise était donc celle de Panzeri, assure Kaili, ajoutant toutefois plus tard qu’ »il y avait un autre sac qui contenait de l’argent ». C’est ce qu’il (Giorgi, éd.) avait emprunté pour l’immobilier ». Le couple venait en fait d’acheter un appartement. Le prêt est au nom de l’eurodéputé, qui paie le loyer et les travaux, l’argent étant plutôt « la contribution de mon partenaire ». Dans le sac, il y avait « 50 ou 60 000 euros, je ne sais pas exactement parce que je n’ai pas l’intention d’enquêter sur ses affaires ». Une histoire troublée celle de l’investissement immobilier. Francis n’a pas beaucoup d’argent car il ne peut pas contribuer à toutes les dépenses, ajoute Kaili, il est aussi plus jeune que moi. Je sais qu’il emprunte parfois à ses parents, peut-être même à Antonio, mais je ne le sais pas. (…) Il y a des choses qu’il voulait mais qu’il ne pouvait pas se permettre ».

    L’ancienne vice-présidente du Parlement européen a également parlé de son travail à Bruxelles et à Strasbourg et de la manière dont cela a touché les intérêts de l’Émirat. « Chaque vice-président a un portefeuille. Le mien était sur le Moyen-Orient, 15 pays. » Vient la demande d’une confrontation parlementaire avec les pays du Golfe, dont le Qatar. « Parce qu’ils fournissent du gaz à l’UE », mais aussi parce qu’ils « remplissent les conditions réglementaires » sur la question des visas. Un dossier qui semble prioritaire :  » Même le comité des affaires étrangères de l’UE (SEAE) a fait pression pour que cela se fasse le plus rapidement possible « . Une voie sur laquelle tout le monde lui dit de continuer : « L’UE faisait pression pour obtenir plus de gaz du Qatar ». Le thème des droits de l’homme recoupe celui de l’énergie, mais pour Kaili, il s’agit d’une coïncidence : « Le travail de Panzeri sur les droits de l’homme est confus, alors que le mien était orienté sur les visas et l’énergie ».

    Les regrets ne manquent pas. Des ‘relations (de Giorgi, ed.) avec Panzeri et Cozzolino je n’ai pas toujours eu confiance. Francesco avait une obligation morale envers Antonio et Andrea, mais c’était trop. Chaque fois que les autres lui demandaient quelque chose, il se sentait obligé de répondre et de se rendre disponible. Il ne savait pas comment dire non. Peut-être que j’aurais dû dire quelque chose parce que je suis plus âgé que Francesco. Il est trop conciliant, trop gentil avec ses amis en général ». Kaili a assuré qu’il n’avait « jamais réfléchi à l’origine de cet argent ». Sauf quand l’histoire a émergé et qu’elle a dû évaluer rétrospectivement la présence de cet argent. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle a réalisé que non, ce n’était « pas une chose normale ».

    La Repubblica, 28/12/2022

    #Qatargate #Maroc #Parlement_Européen #Eva_Kaili #Antonio_Panzeri #Francesco_Giorgi #Qatar #Marocleaks #Mohamed_Belahrach #Moroccogate #DGED #Yassine_Mansouri

  • Pourquoi le Qatargate ne tuera pas l’amour de l’UE pour le Qatar

    Tags : Moroccogate, Qatargate, Maroc, DGED, Parlement Européen, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi, Marocleaks, Mohamed Belahrach, Fight Impunity, No peace without justice, corruption,

    Le scandale du QatarGate ne suffit pas à gâcher les relations de l’Europe avec le Qatar, car l’énergie est une autre histoire, comme le rapporte le Belge Le Soir.

    Un haut responsable européen a déclaré que le Qatar « jouait un rôle très important » après l’invasion de l’Ukraine par la Russie et fournissait du gaz naturel à un moment où l’Europe faisait de son mieux pour se sevrer du carburant russe.

    « Je ne suis pas naïf : cette affaire va rendre la relation beaucoup plus difficile », a déclaré le même responsable, évoquant le scandale du Qatargate .

    Le journal rappelle que le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell , s’est entretenu de l’affaire avec le ministre des affaires étrangères du Qatar le 20 décembre en marge d’un sommet sur le Proche-Orient en Jordanie.

     » J’ai discuté non seulement des questions régionales et de nos relations bilatérales, qui ont connu des développements positifs récemment, mais aussi des enquêtes en cours pour corruption contre des membres et du personnel du Parlement européen « , a déclaré le chef de la diplomatie de l’UE dans une publication à la veille de Noël .

     » J’ai exprimé mes inquiétudes sur ce problème grave et souligné la politique de tolérance zéro de l’UE sur cette question « , a poursuivi Borrell.

    À Doha , ils ont nié que le Qatar soit impliqué dans cette affaire, ont regretté de ne pas avoir été officiellement informés des allégations par les autorités compétentes et n’ont pas apprécié d’être jugés sur la base de spéculations médiatiques. Nous avons convenu de soutenir pleinement une enquête approfondie par les autorités judiciaires belges et le Parlement européen lui-même, afin d’aller au fond de cette affaire « , a-t-il ajouté.

    En effet, un représentant de la Commission a déclaré la semaine dernière : « Je n’ai connaissance d’aucune relation « irrégulière » avec le Qatar. L’UE entretient des relations diplomatiques avec le Qatar. Nous coopérons avec le Qatar sur des questions mondiales, régionales et bilatérales et cette coopération se poursuit .

    De son côté, le Qatar veut aussi entretenir ses bonnes relations avec l’Europe, qui est un bon « client ».

    Le pays possède les deuxièmes plus grandes réserves de gaz naturel au monde, après la Russie. C’est également le quatrième producteur et le plus grand exportateur au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, principalement vers l’Asie. Aussi, l’émirat fait un effort pour augmenter sa production, principalement grâce aux investissements du français Total Energie, au point de revendiquer la première place parmi les exportateurs d’ici 2026, selon certains experts.

    « L’UE serait un bon point de départ, là où les prix sont élevés : une bonne affaire pour les vendeurs ! , commente Le Soir.

    L’Allemagne et sa puissante industrie comptent sur le Qatar pour compenser la perte de gaz russe, avec un contrat de 15 ans en jeu. L’Italie aussi. Après tout, le Qatar était déjà le deuxième fournisseur de gaz naturel liquéfié de l’UE en 2021, après les États-Unis.

     » Malgré les mesures que nous avons prises, nous pourrions faire face à un manque allant jusqu’à 30 milliards de mètres cubes de gaz naturel l’année prochaine « , a déclaré von der Leyen le 12 décembre. « La première priorité est évidemment l’approvisionnement en gaz naturel liquéfié. À cette fin, nous devons bien sûr encore intensifier nos efforts avec nos partenaires internationaux. »

    Selon Le Soir, si les autorités belges inculpent formellement le Qatar dans le cadre de l’enquête pour corruption , les dossiers du gaz naturel et du Qatargate « resteront complètement séparés. Le Qatar ne mettra pas le gaz naturel sur la balance et les États membres ne diffuseront pas très fort le scandale du Parlement européen . « Les questions d’approvisionnement en gaz ne sont jamais éclipsées par des questions morales », a déclaré Sami Ramdani, chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégiques de Paris.

  • Espagne: plus de 4 tonnes de haschisch saisies sur un bateau

    Tags : Moroccogate, Qatargate, Maroc, DGED, Parlement Européen, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi, Marocleaks, Mohamed Belahrach, Fight Impunity, No peace without justice, corruption,

    MADRID- La police espagnole a annoncé mardi avoir saisi 4,4 tonnes de haschisch en provenance du Maroc, apparemment destinées à l’Amérique latine, à bord d’un bateau qui naviguait au large des côtes sud du pays, arrêtant les deux Britanniques à son bord.

    Des agents des douanes espagnoles ont mis à profit une tempête ayant contraint les malfaiteurs à modifier leur itinéraire initial, pour arraisonner dans la baie de Cadix (sud-ouest) ce bateau.

    Selon un communiqué de la police espagnole, les douaniers surveillaient le bateau à la suite d’une information des services de police britanniques.

    « L’enquête avait établi que le bateau allait être utilisé pour récupérer au Maroc une grande quantité de haschisch qui devait ensuite être acheminée vers l’Amérique latine », a poursuivi la police.

    Le bateau a bien récupéré sa cargaison sur la côte ouest du Maroc, mais a ensuite dû rebrousser chemin vers l’Espagne en raison du mauvais temps dans le détroit de Gibraltar.

    Une patrouille des douanes espagnoles en a profité pour s’approcher du navire et, après être montée à bord, a découvert « de nombreux paquets en toile de jute et raphia, souvent utilisés pour transporter ce type de drogue », précise le communiqué.

    Les douaniers ont saisi un total de 130 colis contenant quelque 4.400 kilos de haschisch.

    Le bateau a été emmené à Cadix et ses deux membres d’équipage, de nationalité britannique, ont été arrêtés, a ajouté la police, qui n’exclut pas d’autres arrestations.

    Le trafic de drogue en provenance du Maroc ne cesse de défrayer la chronique en Espagne et des saisies de quantités importantes de haschisch sont souvent signalées.

    La dernière en date remonte au début du mois de décembre lorsqu’une organisation criminelle de trafic international de drogue opérant entre le Maroc et l’Espagne avec d’autres pays européens, a été démantelée en Espagne, permettant la saisie de plus de 9.600 kg de haschisch et 1.450 kg de marijuana.

    Durant la même période, les autorités espagnoles ont annoncé avoir démantelé un important réseau de trafic de drogue et interpellé trente personnes dont des Marocains, accusées de dissimuler du cannabis dans un faux convoi humanitaire pour l’Ukraine afin de l’envoyer vers plusieurs pays européens lors d’une opération ayant permis la saisie de près de 800.000 euros, ainsi que six armes à feu et 2.500 plants de cannabis.

    En mars dernier, l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) avait indiqué que le Maroc, premier producteur mondial de haschisch, restait le principal pays de provenance de la résine de cannabis qui entre dans l’Union européenne (UE).

    Et en juin, le rapport mondial sur les drogues 2022 publié par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) avait indiqué que le Maroc était toujours à la tête des principaux pays d’origine et de départ de la résine de cannabis, ce qui fait de ce pays le premier producteur et exportateur mondial de cette drogue.

    #Maroc #Espagne #Haschich #Cannabis #Trafic

  • Le Maroc, véritable cerveau du Qatargate

    Tags : Moroccogate, Qatargate, Maroc, DGED, Parlement Européen, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi, Marocleaks, Mohamed Belahrach, Fight Impunity, No peace without justice, corruption,

    Un scandale qui secoue l’eurocratie et au-delà. Rabat est le véritable cerveau du plan de corruption dans les institutions européennes

    [27 décembre 2022]

    Le 9 décembre, ce qui est déjà l’une des plus grosses affaires de corruption jamais découvertes dans les institutions européennes a commencé publiquement. Et il l’a fait dans son centre névralgique : à proximité du Parlement européen. Plus précisément, au domicile d’Eva Kaili, eurodéputée socialiste grecque et vice-présidente du Parlement européen, et de son compagnon, Francesco Giorgi, conseiller parlementaire. Quinze autres perquisitions domiciliaires avaient lieu pratiquement simultanément dans différents quartiers de Bruxelles.

    Parmi les personnes arrêtées jusqu’à présent figurent les deux cités, mais aussi Pier Antonio Panzeri (ancien député européen socialiste italien et actuel lobbyiste de l’ONG Fight Impunity), Luca Visentini (récemment élu secrétaire général de la Confédération syndicale internationale, poste qu’il a occupé jusqu’à puis dans la Confédération européenne homologue) et Niccolò Figà-Talamanca (responsable de l’ONG No Peace Without Justice). Ces derniers jours, des perquisitions ont eu lieu dans les chambres des parlementaires, avec de nombreux bureaux sous scellés et un nombre encore inconnu de députés, d’eurodéputés et d’assistants parlementaires impliqués.

    Une opération menée par l’unité anti-corruption de la police belge, à la suite d’une enquête que les services secrets du pays, en coordination avec leurs homologues d’au moins cinq autres pays européens, avaient ouverte depuis le début de l’année 2021. Comme dans de nombreux autres pays, les services secrets belges est interdit (au moins formellement) d’enquêter sur les partis politiques ou les élus. Sauf si vous croyez qu’il y a un risque pour la sécurité nationale. Comme dans cette affaire, où les indices pointaient vers une prétendue « ingérence étrangère » dans les processus décisionnels législatifs.

    Selon le journal flamand De Staandard, des agents des services de renseignement belges sont entrés secrètement au domicile de l’ancien député européen italien Panzeri en juillet, où ils ont trouvé 700.000 €. Cette découverte a déclenché une enquête de la justice belge sur ce qui est déjà l’un des plus gros scandales de l’histoire des institutions européennes. Aujourd’hui à Bruxelles, quelqu’un se souvient de ce mois de mars 1999 au cours duquel toute la direction de la Commission européenne, dirigée par Jacques Santer, a démissionné en bloc, impliquée dans divers complots de corruption.

    La nouvelle de l’arrestation de la vice-présidente Eva Kaili et la scène hollywoodienne de son père surpris en train de s’enfuir avec des sacs de sport remplis de billets de banque ont surpris le Parlement européen, alors qu’il s’apprêtait à tenir sa dernière session plénière de l’année à Strasbourg. Avant les vacances de Noël. Mais au-delà de cet épisode précis, ce qui n’a pas tant surpris dans les cercles de l’eurocratie à Bruxelles, c’est le fait qu’un Etat étranger (ou plus) ait tenté d’influencer le travail des parlementaires européens.

    Bruxelles est la deuxième ville au monde avec le plus grand nombre de groupes de pression enregistrés. Il n’est pas rare de les voir faire la queue pour entrer au Parlement, arpenter ses couloirs ou prendre un café avec un député européen. La longue histoire de leur présence et de leur activité dans les institutions européennes a fini par les normaliser, à l’intérieur comme à l’extérieur des couloirs. Aujourd’hui, ils sont une partie supplémentaire de l’écosystème de l’Eurocratie de Bruxelles. Surtout ceux qui représentent des entreprises privées. Mais ce ne sont pas les seuls lobbys.

    Les missions diplomatiques et les ambassades ont tendance à passer, du moins jusqu’à présent, beaucoup moins inaperçues des médias et du public. Et cela malgré le fait que leur présence et leurs activités de lobbying se sont progressivement accrues. Et dans cette autre ligue des gouvernants lobbyistes, la délégation marocaine se distingue par son agenda diplomatique particulièrement actif et agressif au Parlement européen, notamment dans sa poursuite de la défense et du renouvellement de l’occupation illégale du Sahara Occidental. Et, comme nous l’avons déjà vu, le Qatargate commence à Doha mais désigne directement Rabat comme le véritable cerveau du plan de corruption dans les institutions européennes.

    Dans le contexte actuel de crise de légitimité et de gouvernance mondiale des organisations multilatérales, les déclarations, auditions et/ou résolutions du Parlement européen sur des questions internationales, aussi déclaratives soient-elles, acquièrent un impact significatif dans les pays tiers. Cela a suscité l’intérêt de nombreuses dictatures, avec beaucoup d’argent et peu de scrupules, à essayer d’utiliser le Parlement et les eurodéputés pour recycler leur image publique internationale ou, du moins, pour atténuer les critiques qui pourraient sortir de l’Eurochambre. Ainsi, de nombreux groupes ont fleuri ces dernières années l’amitié des eurodéputés avec les riches autocraties du Moyen-Orient ou avec des pays sous le feu des projecteurs pour les violations des droits de l’homme comme le Maroc ou Israël.

    Au-delà du fait que, en réalité, ces groupes n’ont aucune sorte de formalité parlementaire, ni de contrôle ou de contrôle public, la vraie question est de savoir quelle motivation politique un fonctionnaire trouve-t-il pour appartenir à un groupe d’amitié avec une autocratie médiévale qui emprisonne les homosexuels, interdit les partis et les syndicats, ne protège pas les femmes et viole systématiquement les droits de l’homme et les libertés démocratiques ? Etant donné qu’il existe des doutes sérieux sur le fait que les prétendues tentatives de corruption du Qatar ou du Maroc soient circonscrites à une seule formation politique, les socialistes, ou seulement à une poignée de députés européens, il ne pouvait être exclu que l’enquête en cours fasse apparaître de nouveaux noms de celle-ci et d’autres institutions européennes, en particulier la Commission européenne. En fait, les projecteurs sont actuellement braqués sur le commissaire européen et vice-président de la Commission.

    Un autre signe que ce scandale pourrait déborder sur bien d’autres domaines est le silence tonitruant que maintiennent d’autres grands groupes du Parlement européen. Le Parti populaire européen n’a que timidement menacé d’isoler le groupe socialiste dans son ensemble. C’est peut-être parce qu’ils ne savent pas s’ils sont impliqués dans ce scandale ou dans d’autres scandales faisant l’objet d’une enquête. Mais aussi parce qu’ils sont les premiers intéressés à ne pas alimenter un incendie qui pourrait incendier une colocation actuellement disputée. Mieux vaut pointer du doigt quelques pommes pourries que supposer que nous sommes face à un problème structurel : un cadre institutionnel opaque loin du contrôle citoyen qui favorise ce type de pratique.

    Et c’est là que s’ouvre un passage vers un champ de bataille beaucoup plus profond : ceux qui ont traditionnellement défendu un modèle fédéral européen, dirigé par une Commission et un Parlement de plus en plus compétents et puissants, ont fondé leur pari sur le fait que les institutions européennes sont une garantie non seulement contre les nationalismes, leur égoïsme et leur bellicisme, mais aussi contre les pratiques corrompues qui imprègnent les États-nations traditionnels. Des démocrates-chrétiens à une grande partie des néo-progressistes, en passant par les libéraux, les verts et les sociaux-démocrates, un scandale de ce type frappe la ligne de flottaison de la légitimité de leur conception de la construction du projet européen. Mais il existe d’autres modèles qui attisent les braises pour que la flamme grandisse. Mais il existe d’autres modèles qui attisent les braises pour que la flamme grandisse. Orban lui-même ou Le Pen ont déjà souligné depuis le début du scandale l’hypocrisie d’une Bruxelles corrompue qui cherche à contrôler les Etats membres, faisant référence aux allégations de corruption et de violation de l’Etat de droit contre la Hongrie. Depuis les différentes extrêmes droites qui habitent le Parlement européen, jusqu’aux secteurs en voie de radicalisation de la famille populaire européenne, ces dernières années se prépare une mutation des positions eurosceptiques vers un euro-réformisme dans une clé conservatrice qui, étant donné la montée de ses positions dans les différents députés et dans le Parlement lui-même se demandent : pourquoi détruire une UE que nous pouvons co-gouverner ? Mais, bien sûr, pas dans ce format fédéral typique du néolibéralisme progressiste. L’UE des droits est l’Union de ses États, la fameuse Europe des patries de de Gaulle. C’est-à-dire un modèle intergouvernemental plus conforme aux États-Unis d’Europe qu’à l’Union européenne des États. Un modèle dans lequel les gouvernements nationaux conserveraient l’essentiel des pouvoirs et se coordonneraient entre eux par l’intermédiaire du Conseil européen, sans céder la souveraineté à une Commission ou à un Parlement qui est identifié comme le mondialisme pervers de l’Europe par l’Internationale réactionnaire du Vieux Continent.

    La nouvelle droite en vogue ne veut plus rompre ou quitter l’UE, mais elle veut rompre avec une manière jusqu’alors hégémonique de construire le projet européen. Leur problème n’est pas l’UE, mais Bruxelles cette version européenne du nouvel ordre mondialen proie à des politiciens corrompus et privilégiés qui, égocentriques comme ils le sont dans leur bulle eurocratique, ne connaissent pas la réalité des peuples d’Europe. Et un scandale comme le Qatargate ouvre une porte juteuse pour réduire les pouvoirs du Parlement européen et, par coïncidence, de ces dispositifs ennuyeux tels que les résolutions sur les urgences en matière de droits de l’homme dans le monde qui pourraient contrarier un allié lointain. Ainsi, avec l’excuse de l’ingérence étrangère résultant du Qatargate, le PPE [gruppo popolare europeo] lors de la dernière session plénière à Strasbourg, il a reproposé sa vieille intention de mettre fin aux déclarations urgentes sur les droits de l’homme faites par le Parlement.

    Et la gauche en attendant ? Eh bien, malheureusement, c’est sans plan. Nous critiquons la corruption et avons été à l’avant-garde de la lutte contre ce scandale et d’autres. Et nous continuons à tirer le fil pour que cela ne reste pas dans une affaire du Qatar, du Maroc et d’une poignée d’accusés, mais dénonce plutôt le fonctionnement opaque et anti-démocratique de l’ensemble des institutions européennes et d’une architecture institutionnelle au niveau service de l’élite et de ses intérêts. Cependant, de la gauche, nous n’avons toujours pas de discours clair sur l’Europe que nous voulons et sur ce qu’il faut faire de l’UE. Avec ceci ou avec tout autre possible. Autant de challenge que peu de stratégie.

    C’est pourquoi, lorsque ce genre de scandales de corruption ouvre des fenêtres d’opportunité pour ces autres batailles plus profondes, nous avons l’impression de jouer avec nos cartes marquées et le plafond très bas. Il nous manque une discussion stratégique pour que toute chance de marquer un point ne nous prenne pas hors-jeu. Sinon, nous risquons de devenir un simple acteur qui critique la corruption, les abus de pouvoir et son impunité, mais qui n’a pas d’idées fortes pour cette autre Europe possible, seulement quelques propositions pour apporter des changements concrets. Et pour ce faire, il existe déjà de bons groupes de pression pour la transparence ou des groupes comme les écologistes. Que le Qatargate serve à tirer la ficelle qui remet en cause le modèle antidémocratique de l’UE, mais aussi à tirer les oreilles de la gauche pour qu’une fois pour toutes, nous nous asseyions et réfléchissions à quelle autre Europe nous voulons et comment nous la construisons.

    par Miguel Urban

    Anticapitalistas MEP – Groupe de gauche au Parlement européen – ​​GUE/NGL

    Spark Chronicles, 27/12/2022

    #Qatargate #Maroc #Parlement_Européen #Eva_Kaili #Antonio_Panzeri #Francesco_Giorgi #Qatar #Marocleaks #Mohamed_Belahrach #Moroccogate #DGED #Yassine_Mansouri