Étiquette : NSO Group

  • Affaire Pegasus : Echec au complot

    L’Etat voyou de la région ne recule désormais plus devant aucune forfaiture pour exporter la tension et véhiculer la déstabilisation dans l’espace méditerranéen. Les barbouzeries en tous genres, encouragées par l’allié sioniste, sont dans la nature même de l’Etat narcotrafiquant, foncièrement répressif et liberticide.

    Le scandale d’espionnage Pegasus, commis par le Maroc au profit d’Israël et révélé par 17médias internationaux, traduit la vassalité d’un régime aux abois et accroché, pour seule alternative, à une collaboration avec le parrain sioniste. L’acte de piratage cybernétique, développé par la société israélienne NSO et exécuté par le Maroc, représente une menace permanente contre les libertés fondamentales de la région et de l’Europe.

    Après l’épisode tumultueux de l’Espagne et de l’Allemagne, coupables d’un acte d’humanisme et de l’attachement à la légalité internationale, l’allié le plus sûr a subi le choc de cette affaire d’espionnage qui a ciblé, selon les médias français, le président Emmanuel Macron, 14 ministres et l’ancien Premier ministre Edouard Philipe.

    Il s’agit d’une attaque massive lancée contre l’élite dirigeante mondiale, la société civile, les journalistes, les hommes d’affaires et les chefs d’entreprises. La guerre cybernétique, dénoncée en février 2021 par le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, lors de la journée parlementaire sur «la cybercriminalité et ses retombées sur la sécurité du pays et des citoyens», n’est pas une vue de l’esprit. L’Algérie est particulièrement visée pour son soutien indéfectible à la lutte des peuples pour leur indépendance et son rôle pionnier dans l’exportation de la paix, de la réconciliation et du développement régional.

    L’Algérie forte de la mobilisation de la classe politique et de la société civile, elle saura face faire efficacement à la dérive marocaine irresponsable attentatoire aux fondements unitaires de l’Etat national. Le rappel immédiat et illimité de l’ambassadeur de l’Algérie au Maroc est une riposte aux frasques de la représentation diplomatique marocaine à New York, affichant des velléités d’ingérence et un soutien flagrant au terrorisme identitaire et religieux portant la marque insidieuse de la manipulation des groupes terroristes de la décennie sanglante.

    Le silence coupable du Palais royal impose des mesures à la hauteur de la gravité de la situation générée par la violation du droit international et des dispositions de l’acte constitutif de l’Union africaine portant sur l’intangibilité des frontières héritées du colonialisme.

    Horizons, 21/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Emmanuel Macron, France, Pegasus, Espionnage, NSO Group, logiciels espions, Sahara Occidental,

  • Dérive marocaine : Le roi est nu

    Politologues: «Rabat fait la guerre à l’Algérie»

    La diplomatie marocaine a franchi la ligne rouge en s’immisçant dans les affaires internes de l’Algérie et en soutenant la prétendue autodétermination «du peuple kabyle», ont estimé des politologues. Selon eux, la situation revêt un caractère dangereux.
    Pour le politologue Badis Khenissa, l’Algérie a toujours exprimé des inquiétudes à l’égard du voisin de l’Ouest, compte tenu du passif historique et de la question du Sahara occidental. «Des inquiétudes légitimes à la lumière des évolutions diplomatiques récentes. Le Maroc nourrit une rancune tenace, obsessionnelle et aveugle illustrée par une série d’erreurs monumentales de sa diplomatie devenue précaire et court-termiste», constate-t-il. Selon lui, Rabat exerce un «Algérie-bashing» dopé par le «deal de Trump» et son pari risqué de normalisation avec l’Etat hébreu», évoquant «une quête de leadership et d’hégémonie dans la région».
    «Le retour de l’Algérie sur la scène internationale après deux décennies d’immobilisme a sapé les plans du Maroc qui, jusque-là, se contentait d’une diplomatie monétisée pour alimenter son lobbying et défendre ses orientations», analyse Khenissa. Et de renchérir : «Une trêve déjà fragile entre nos deux pays est mise à mal par une volonté du royaume à projeter ses frustrations et ses échecs sur l’Algérie.» Isolé par son arrogance diplomatique et ses postures récentes contre l’Espagne et l’Union européenne, le poste frontalier de Guerguerat et l’Algérie en sont une parfaite démonstration. Affaibli sur le front interne par ses choix politiques et troc perdant de la cause palestinienne, ce dernier cherche à gagner des trophées diplomatiques face à un rival inflexible sur les causes justes.
    De son point de vue, le Maroc s’entête à porter à bout de bras le Sahara occidental, mais se met à dos la communauté internationale. «L’Algérie est devenue la cible d’un plan global aux acteurs multiples et cela risque d’aboutir à un dérapage aux bouleversements cataclysmiques et irréversibles», affirme-t-il. Autrement dit, une escalade contrôlée qui peut vite dégénérer. «L’ombre d’un conflit ouvert plane sur la région et qu’il n’est plus à exclure après la délocalisation du centre de décision du Maroc. La médiation qui se tiendra probablement sous peu et sous l’égide de pays occidentaux, de la Russie, la Chine, l’UA, la Ligue arabe révélera, sans doute, les véritables intentions et motivations du Maroc», souligne Khenissa. «Tous ces éléments prouvent que l’embrasement de la situation dans un contexte géopolitique et géo-sécuritaire sensible et explosif ne fera qu’exacerber une tension latente et une diplomatie sur une ligne de crête», fait-il remarquer.
    «Le Sahara occidental n’est pas marocain»

    Hassan Kacimi, expert international des flux migratoires et des menaces dans le Sahel, est catégorique. «Le Maroc fait tout simplement la guerre à l’Algérie dans le cadre d’une coalition internationale», assène-t-il. «Un triumvirat subversif, composé du Maroc, de la France et de l’entité sioniste, tente d’allumer le feu en Algérie», estime-t-il. «Ces acteurs, en mal d’expansion territoriale, rêvent d’un nouvel empire dans le monde arabe et en Afrique. Pour cela, ils doivent absolument déboulonner l’Algérie et provoquer sa chute pour lui faire subir une thérapie à la soudanaise et réaliser le Grand Israël», explique-t-il. Kacimi affirme que «Rachad, le MAK et des figures politiques connues, largement inféodées à des desseins coloniaux, agissent sur le terrain du hirak pour enflammer la rue, la retourner contre l’Etat et provoquer son effondrement». Il ne manque pas de relever le scénario de déstabilisation de l’Algérie sur fond d’ébullition sociale, provoquée par un dysfonctionnement de certains services publics, notamment celui de l’eau exploité pour exacerber le mécontentement populaire. L’expert pense qu’on doit toujours clamer très haut que le Sahara occidental est le seul dossier en Afrique qui est inscrit au chapitre de la décolonisation. «L’Algérie doit prendre des mesures fermes contre ce voisin qui continue de faire la guerre subversive», conclut-il.
    Karima Alloun
    Horizons, 22/07/2021
    Etiquettes : Maroc, Algérie, Pegasus, Espionnage, NSO Group, logiciels espions, Sahara Occidental, 
  • Affaire Pegasus : Le Maroc sous-traitant à la solde d’Israël

    Utilisation massive du logiciel espion Pegasus par le Maroc – Le Makhzen sous-traitant à la solde d’Israël

    Les turpitudes de la monarchie marocaine n’en finissent pas de surprendre autant les régimes compromis avec le Makhzen que les pays considérés comme des « ennemis » potentiels. Le dernier scandale en date révélé par Amnesty International et Forbidden stories, une plateforme créée par des journalistes et relayé par le média en ligne, Mediapart et le journal Le Monde, ainsi que d’autres médias, est illustré par une opération d’espionnage de grande ampleur menée par le royaume chérifien, dont l’une des premières cibles est l’Algérie. 
    Dans cette « affaire » qui s’apparente beaucoup plus à une histoire de science fiction, le Maroc a joué le rôle de sous-traitant au profit de Tel-Aviv, qui lui a permis d’utiliser le logiciel d’espionnage connu sous le label de « Pegasus », développé et commercialisé par une entreprise israélienne, contrôlée par le ministère de la Défense de ce pays. 
    Le logiciel en question crée en 2013 et évoqué pour la première fois par le quotidien britannique, le Financial Times, est capable d’accéder au système des Smartphones et de collecter les informations qui s’y trouvent, grâce à la détection de leurs failles. Pegasus permet en effet de prendre le contrôle du téléphone ciblé et « accède à l’intégralité de son contenu ainsi qu’à son microphone et sa caméra ». Les Emirats arabes unis ont été parmi les premiers pays à acheter une licence de ce logiciel espion. 
    C’est donc à l’aide de ce programme informatique très avancé que les services marocains ont pu espionner massivement les téléphones portables d’un nombre incalculable de responsables algériens à tous les niveaux, hauts gradés militaires et fonctionnaires civils. Le quotidien français cite les noms de l’ambassadeur d’Algérie à Paris ainsi que l’attaché militaire algérien dans la même ambassade. Et ce n’est pas tout. 
    La liste des personnalités algériennes ciblées par Rabat est très longue. Parmi les noms qui y figurent, on retrouve ceux de Ramtane Lamamra, Abdelkader Messahel et Sabri Boukadoum, Saïd, Nacer et Z’hor Bouteflika, les généraux Ali Bendaoud, Wassini Bouazza et Bachir Tartag, et un numéro attribué à Saïd Chengriha aurait été visé par cette opération, selon le quotidien parisien, qui ajoute que l’adjudant-chef Guermit Bounouira, ex-aide de camp d’Ahmed Gaïd Salah, et actuellement incarcéré après avoir été extradé de Turquie, a également été surveillé. 
    Les téléphones d’un nombre indéterminé de diplomates algériens en poste à travers le monde ont été également ciblés, en plus d’un des fils de Khaled Nezzar. Dans le même listing, on retrouve aussi les noms d’Ali Haddad, Zoubida Assoul et Abdelaziz Rahabi en plus des noms de journalistes, d’intellectuels et d’activistes du mouvement populaire du 22 février 2019. 
    Cette révélation intervient presque une semaine après que le Makhzen ait annoncé avoir « signé un accord de coopération avec Israël dans le domaine de la sécurité informatique. Selon le quotidien The Times of Israël, « l’accord a été signé à Rabat, en présence de Yigal Unna, directeur-général de l’administration israélienne de la cybersécurité, son homologue marocain, le général El Mostafa Rabii, et le ministre de la Défense du Maroc Abdellatif Loudiyi ». 
    Ce qu’a relaté The Times of Israël n’est que la partie « soft » d’une forfaiture d’Etat, dont l’objectif était de mettre sous surveillance toute personnalité marocaine ou étrangère, notamment les femmes et les hommes politiques européens, connus pour le soutien à la cause sahraouie. Aussi, des journalistes, des avocats et des élus français n’ont pas échappé à ce harcèlement informatique. Le cas de Claude Mangin une militante associative catholique française engagée, mariée à un Sahraoui détenu au Maroc, est éloquent. 
    Selon Radio France et Le Monde, outre Macron et Edouard Philippe et son épouse, des ministres de premier plan, figurent sur cette liste, Jean-Yves Le Drian, Christophe Castaner, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire ou François de Rugy, entre autres, dont les téléphones ont été ciblé par le logiciel espion, Pegasus.
    Mohamed Mebarki
    Etiquettes : Emmanuel Macron, France, Pegasus, Espionnage, NSO Group, logiciels espions, Israël, Algérie,
  • Algérie: La sécurité nationale en mode 2.0

    Les révélations d’espionnage entrepris par l’encombrant voisin marocain via le programme NSO-Pegasus que lui a généreusement refilé l’entité sioniste, contre l’Algérie posent un grave problème de sécurité nationale. N’ayons pas peur des mots mais il s’agit bien d’une cyberguerre qui vient de nous être déclarée par le royaume de l’intrigue qui n’a visiblement aucun scrupule à s’allier avec Satan pour déstabiliser notre pays.

    Loin de tout effet de manche patriotard, nous sommes bien face à un ennemi prétendument « frère » qui multiplie les coups au-dessous de la ceinture pour nous faire plier sur le dossier du Sahara occidental. Le fait que ce programme aussi insidieux que dangereux cible d’autres pays dont la France ne nous dédouane pas de notre responsabilité à y faire face de la manière la plus ferme qui soit.

    Nos responsables nous avaient longtemps chloroformés avec leur discours faussement rassurant que l’Algérie était imperméable à ce genre « d’attaques » et qu’elle avait les capacités de les mettre hors d’état de nuire. Mais ce scandale de NSO Pegasus vient de nous rappeler notre triste réalité d’un pays ouvert aux quatre vents de tous les coups bas venant de nos ennemis éternels. Cette vaste opération d’espionnage à grande échelle menée par les services marocains contre des responsables, des journalistes et autres activistes algériens en filtrant toutes leurs communications téléphoniques est une gravissime atteinte à la sécurité nationale.

    Si le téléphone du président français, Emmanuel Macron, pourtant ami du monarque M6 à été mis sur écoute ainsi que d’autres hauts responsables de l’Hexagone, que dire alors des téléphones de ceux qui nous gouvernent ? Il y a tout lieu de penser que les manœuvres diplomatiques et les couacs internes en Algérie soient le résultat de cette opération d’espionnage téléguidée depuis Rabat et mise à exécution chez nous en Algérie grâce aux petites mains assassines qui mangent dans la main du roi et sa cour. A ce stade, toutes les hypothèses doivent être mises sur la table.

    La tension maximale qui règne en Algérie est peut être provoquée et attisée. Nous avons désormais une preuve grandeur nature que le Maroc et ses retrouvailles officielles avec l’entité sioniste, tendait une oreille attentive aux échanges téléphoniques de nos responsables. Il en sait peut-être plus que nous autres algériens. Et au delà des implications politiques et géopolitiques de ce casus Belli, il y a une réalité que nos gouvernants ne peuvent nous cacher : l’Algérie est largement en retard en termes de transition numérique et du développement des technologies de l’information et de la communication. Et s’il fallait une preuve, ce programme d’espionnage made in Israël dont le royaume de M6 à usé et abusé contre nous, est venu nous le rappeler.

    Faut-il par ailleurs souligner que le rapport mondial annuel de 2020 sur l’économie numérique (Network Readiness Index(NRI2020) a classé notre pays à la peu glorieuse 120éme sur 134 pays concernés par l’enquête sur la gouvernance numérique ! Il ne suffit de pas gloser sur « l’économie de la connaissance », « la transition numérique »,  » l’Algérie 3.0… » ou encore manipuler des concepts aussi racoleurs que « startup », « clusters », etc.. pour faire croire que nous sommes à la page et que nous avons réussi notre mise à niveau technologique.

    Aussi rageant et aussi menaçant que puisse être ce sulfureux programme Pegasus, il doit servir à réveiller nos responsables et leur rappeler leur devoir de protéger le pays de ses nombreuses vulnérabilités contre ces attaques technologiques de haut vol. Le gouvernement devrait se concentrer sur ces scabreuses opérations qui ciblent le pays de l’étranger.

    Par Imane B.

    L’Est Républicain, 22/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Emmanuel Macron, France, Pegasus, Espionnage, NSO Group, logiciels espions,

  • Pegasus a coûté 55 millions de dollars aux saoudiens

    Les révélations concernant des personnalités politiques mettent Israël sous une pression croissante quant à l’étendue de la surveillance.

    En 2017, peu de gens auraient contesté le fait qu’Israël et l’Arabie saoudite étaient des ennemis régionaux. Officiellement, les pays n’avaient pas de liens diplomatiques. Pourtant, pour un petit groupe d’hommes d’affaires israéliens participant à des réunions secrètes avec des responsables saoudiens à Vienne, à Chypre et à Riyad cet été-là, il y avait des signes de réchauffement des relations.

    Les hommes d’affaires représentaient le groupe NSO. Leur mission consistait à vendre aux Saoudiens le système d’espionnage de qualité militaire de NSO, Pegasus.

    Selon une personne qui a assisté à la réunion en juin 2017 à Chypre, un haut responsable du renseignement saoudien a été « stupéfait » par ce qu’il a vu. Après une longue discussion technique, l’espion saoudien, qui avait apporté un nouvel iPhone, s’est vu montrer comment Pegasus pouvait infecter le téléphone et être ensuite utilisé pour actionner à distance sa caméra.

    « Vous n’avez pas besoin de comprendre la langue pour voir qu’ils étaient stupéfaits et excités et qu’ils ont vu ce dont ils avaient besoin », a déclaré la personne.

    NSO Group affirme qu’il ne vend des logiciels espions qu’à des organismes gouvernementaux agréés.

    Le gouvernement israélien avait donné à NSO Group l’autorisation explicite d’essayer de vendre des outils de piratage de fabrication locale aux Saoudiens. Il s’agissait d’un arrangement confidentiel qui a abouti à la conclusion d’un accord à Riyad d’une valeur d’au moins 55 millions de dollars.

    « En Israël, il existe un fort mouvement politique visant à faire de la diplomatie par le biais des affaires », a déclaré cette personne, sous couvert d’anonymat. « Les affaires d’abord, la diplomatie ensuite. Lorsque vous concluez un accord ensemble, cela ouvre beaucoup de portes à la diplomatie. »

    Il est courant que les gouvernements aident les entreprises à exporter leurs produits. NSO, après tout, emploie d’anciens responsables du cyberespionnage israélien et conserve des liens avec le ministère de la défense.

    Mais les révélations sur la façon dont des États répressifs tels que l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Azerbaïdjan et d’autres ont utilisé la technologie de NSO pour cibler des avocats, des militants et des journalistes spécialisés dans les droits de l’homme soulèvent des questions pour Israël et ont placé le problème sous un nouvel éclairage.

    Ces révélations menacent d’exercer une pression diplomatique sur Israël, qui se demande s’il n’utilise pas la licence du logiciel espion de NSO pour exercer une influence politique et s’il ne permet pas que le logiciel soit vendu à des pays non démocratiques susceptibles d’en faire un mauvais usage.

    Un récent rapport de transparence publié par NSO Group reconnaît que la société est « étroitement réglementée » par les autorités de contrôle des exportations en Israël. La Defense Export Controls Agency (DECA) du ministère israélien de la défense « restreint strictement » l’octroi de licences pour certains produits de surveillance en se basant sur sa propre analyse des clients potentiels du point de vue des droits de l’homme, a déclaré la société, et a rejeté les demandes de licences d’exportation de NSO « dans un certain nombre de cas ».

    En outre, NSO a également été soumis à un examen réglementaire « approfondi » par Israël, en plus de son propre « cadre interne robuste ».

    Au sein du NSO, le processus utilisé par Israël pour déterminer si les pays peuvent se voir vendre la technologie est considéré comme un « secret d’État ». Une personne au fait du processus a déclaré que des responsables du conseil de sécurité nationale et du bureau du premier ministre israéliens étaient connus pour donner leur avis.

    Dans le cas de l’Arabie saoudite, des sources familières avec la question ont déclaré que le royaume a été temporairement coupé de l’utilisation de Pegasus en 2018, pendant plusieurs mois, suite au meurtre de Jamal Khashoggi, mais a été autorisé à recommencer à utiliser le logiciel espion en 2019 suite à l’intervention du gouvernement israélien.

    On ignore pourquoi le gouvernement israélien a exhorté l’ONS à reconnecter l’outil de surveillance pour Riyad.

    Cependant, les 10 pays dont l’analyse médico-légale pour le projet Pegasus suggère qu’ils ont effectivement abusé de la technologie jouissent tous de relations commerciales avec Israël ou ont des liens diplomatiques avec le pays qui se sont nettement améliorés ces dernières années.

    Dans deux pays clients de NSO, l’Inde et la Hongrie, il semble que les gouvernements aient commencé à utiliser la technologie de la société dès ou après la rencontre de leurs premiers ministres respectifs avec le premier ministre israélien de l’époque, Benjamin Netanyahu, lors de rencontres très médiatisées destinées à stimuler la coopération en matière de commerce et de sécurité. Il est entendu qu’aucun pays considéré comme ennemi d’Israël – comme la Turquie – n’a été autorisé à acheter les produits de NSO.

    « Les marchés dictent ce qui fonctionne, je ne dicte pas … le seul endroit où je suis réellement intervenu … est la cybersécurité », a déclaré Netanyahu lors d’une conférence de presse en Hongrie en 2017 alors qu’il se tenait à côté du premier ministre du pays, Viktor Orbán.

    Ce qui n’est pas clair, c’est si les agences de renseignement israéliennes pourraient avoir des privilèges spéciaux avec NSO, tels que l’accès aux données de surveillance recueillies à l’aide de ses logiciels espions. Une personne proche de la société, qui a demandé à rester anonyme, a déclaré que c’était un sujet de spéculation fréquent. A la question de savoir si Israël pouvait accéder aux renseignements recueillis par les clients de NSO, ils ont répondu : « Les Américains le pensent. »

    Ce point de vue a été soutenu par des responsables actuels et anciens des services de renseignement américains, qui ont déclaré au Washington Post, partenaire du projet Pegasus, qu’il y avait une présomption qu’Israël avait un certain accès – via une « porte dérobée » – aux renseignements découverts grâce à ces outils de surveillance.

    John Scott-Railton, chercheur principal au Citizen Lab de l’Université de Toronto, a déclaré qu’il serait « irresponsable » pour un État d’autoriser la distribution à grande échelle d’un puissant outil de surveillance tel que Pegasus sans pouvoir surveiller ce qui en est fait.

    Il a déclaré que les dossiers judiciaires avaient révélé que NSO utilisait des serveurs qui n’étaient pas toujours situés dans les locaux du client. « Ce que cela signifie, c’est qu’il y a un potentiel de visibilité. Et il serait fou pour eux [les Israéliens] de ne pas avoir de visibilité », a-t-il déclaré.

    NSO a fermement démenti qu’Israël ait eu un quelconque accès aux systèmes de ses clients.

    « NSO Group est une entreprise privée. Ce n’est pas un « outil de la diplomatie israélienne », ce n’est pas une porte dérobée pour les services de renseignement israéliens et elle ne reçoit de directives d’aucun chef de gouvernement », a déclaré l’avocat de NSO.

    Dans un communiqué, le ministère israélien de la Défense a déclaré qu’Israël commercialisait et exportait des produits cybernétiques conformément à sa loi de 2007 sur le contrôle des exportations de défense et que les décisions politiques tiennent compte de « considérations stratégiques et de sécurité nationale », qui incluent l’adhésion aux accords internationaux.

    « Par principe, l’État d’Israël approuve l’exportation de cyberproduits exclusivement à des entités gouvernementales, pour un usage légal, et uniquement dans le but de prévenir et d’enquêter sur la criminalité et le contre-terrorisme, en vertu de certificats d’utilisation finale/utilisateur final fournis par le gouvernement acquéreur », a déclaré le ministère.

    Il a ajouté que des « mesures appropriées » étaient prises dans les cas où les articles exportés étaient utilisés en violation des licences d’exportation.

    Le ministère a ajouté : « Israël n’a pas accès aux informations recueillies par les clients de NSO ».

    Pour Israël, peu de clients qu’il a approuvés pour utiliser Pegasus ont été aussi problématiques que les Saoudiens. Il y a quelques semaines, NSO a coupé les vivres au royaume une fois de plus, suite à des allégations selon lesquelles l’Arabie saoudite avait utilisé Pegasus pour pirater des dizaines de journalistes d’Al Jazeera.

    L’Arabie saoudite s’est refusée à tout commentaire.

    The Guardian, 20/07/2021

    Etiquettes : NSO Group, Israël, Mossad, Espionnage, logiciels espions, Pegasus,

  • La France révise la sécurité autour du président Macron

    La France va ajuster la sécurité autour de Macron à la lumière de l’affaire du logiciel espion Pegasus.

    Par REUTERS

    Le président français Emmanuel Macron a changé son téléphone portable et son numéro de téléphone à la lumière de l’affaire du logiciel espion Pegasus, a déclaré jeudi un responsable de la présidence, dans l’une des premières actions concrètes annoncées en lien avec le scandale.

    « Il a plusieurs numéros de téléphone. Cela ne signifie pas qu’il a été espionné. C’est juste une sécurité supplémentaire », a déclaré le fonctionnaire à Reuters. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a déclaré que les protocoles de sécurité du président étaient adaptés à la lumière de l’incident.

    Un tollé mondial a été déclenché lorsque plusieurs organisations internationales de médias ont rapporté que le logiciel espion Pegasus avait été utilisé pour pirater des smartphones appartenant à des journalistes, des militants des droits de l’homme et des responsables gouvernementaux dans plusieurs pays.

    En Israël, où le groupe NSO, qui vend le logiciel Pegasus, est basé, un législateur de haut rang a déclaré qu’un groupe parlementaire pourrait examiner les restrictions à l’exportation de logiciels espions. NSO affirme que son logiciel est utilisé pour lutter contre la criminalité et le terrorisme et a nié tout acte répréhensible.

    « Il est évident que nous prenons (cette affaire) très au sérieux », a déclaré M. Attal aux journalistes quelques heures après une réunion d’urgence du cabinet consacrée aux allégations relatives à Pegasus.

    Le journal Le Monde et la chaîne de télévision Radio France ont rapporté mardi que le téléphone de M. Macron figurait sur une liste de cibles potentielles de surveillance par le Maroc. Les deux médias ont déclaré qu’ils n’avaient pas accès au téléphone de M. Macron et qu’ils ne pouvaient pas vérifier si son téléphone avait effectivement été espionné.

    Le Maroc a rejeté ces allégations.

    Dans un contexte d’inquiétude croissante de l’UE, la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré aux journalistes à Berlin que les logiciels d’espionnage devraient être refusés dans les pays où il n’y a pas de contrôle judiciaire.

    Les procureurs hongrois ont ouvert jeudi une enquête sur les multiples plaintes reçues à la suite de ces rapports.
    Israël a nommé une équipe interministérielle chargée d’évaluer les rapports basés sur une enquête menée par 17 organisations médiatiques, selon lesquels Pegasus a été utilisé dans des tentatives de piratage ou des piratages réussis de smartphones à l’aide de logiciels malveillants qui permettent d’extraire des messages, d’enregistrer des appels et d’activer secrètement des microphones.

    VÉRIFICATIONS

    L’ONS a rejeté les rapports des partenaires médiatiques comme étant « pleins d’hypothèses erronées et de théories non corroborées ». Reuters n’a pas vérifié de manière indépendante le reportage.

    « Nous devons certainement examiner à nouveau tout ce sujet des licences accordées par la DECA », a déclaré Ram Ben-Barak, chef de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset, à la radio de l’armée israélienne, en faisant référence à l’Agence de contrôle des exportations de la défense, gérée par le gouvernement.

    L’équipe du gouvernement israélien « effectuera ses vérifications, et nous ne manquerons pas d’examiner les résultats et de voir si nous devons corriger les choses ici », a déclaré Ben-Barak. Ancien chef adjoint du Mossad, il a déclaré que l’utilisation correcte de Pegasus avait « aidé un grand nombre de personnes ».

    Le DECA fait partie du ministère de la Défense israélien et supervise les exportations de NSO. Le ministère et l’entreprise ont déclaré que Pegasus est destiné à être utilisé pour traquer uniquement les terroristes ou les criminels, et que tous les clients étrangers sont des gouvernements contrôlés.

    NSO affirme ne pas connaître l’identité spécifique des personnes contre lesquelles ses clients utilisent Pegasus. Si elle reçoit une plainte selon laquelle Pegasus a été utilisé à mauvais escient par un client, NSO peut acquérir rétroactivement les listes de cibles et, si la plainte s’avère fondée, fermer unilatéralement le logiciel de ce client, affirme la société.

    Parmi les autres dirigeants mondiaux dont les numéros de téléphone figuraient sur une liste de cibles possibles, selon les médias, figurent le Premier ministre pakistanais Imram Khan et le roi du Maroc Mohammed VI.

    The Jerusalem Post, 22/07/2021

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  • Pourquoi la plainte du Maroc est vouée à l’échec

    En France, la plainte portée par l’Etat marocain n’est pas la première dans son genre. Le 27 février 2015, le Maroc a assigné en justice le franco-marocain Zakaria Moumni qui avait dénoncé sur deux chaïnes de télévision françaises des actes de torture à son encontre dans les prisons du roi Mohammed VI.

    Le 10 mai 2019, la Cour de Cassation de Paris s’est prononcé sur l’affaire et son verdict était d’un raisonnement d’une simplicité biblique. Elle a repoussé tous les recours de l’Etat marocain pour défendre sa plainte contre l’ex-champion de boxe marocain. Un État n’est pas un « particulier ». Il ne peut donc engager une procédure en diffamation « envers les particuliers », comme le prévoit la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881.

    Le verdict précise que « l’article 32, alinéa 1er, de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse ne permet pas à un Etat, qui ne peut pas être assimilé à un particulier au sens de ce texte, d’engager une poursuite en diffamation ».
    « En droit interne, la liberté d’expression est une liberté fondamentale qui garantit le respect des autres droits et libertés. Les atteintes portées à son exercice doivent être nécessaires, adaptées et proportionnées à l’objectif poursuivi. Il en est de même au sens de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales (pourvoi n° 18-82.737) ».

    « A la supposer invocable, il ne résulte pas de l’article 8 de ladite Convention qu’un Etat peut se prévaloir de la protection de sa réputation pour limiter l’exercice de cette liberté (pourvoi n° 18-82.737). De même, il ne résulte pas de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme que les organes de la Convention peuvent créer, par voie d’interprétation de son article 6, § 1, un droit matériel de caractère civil qui n’a aucune base légale dans l’Etat concerné (pourvois n°s 17-84.509 et 17-84.511) ».

    « Ainsi, il n’existe aucun droit substantiel, dont le droit processuel devrait permettre l’exercice en organisant un accès au juge de nature à en assurer l’effectivité ».

    « En conséquence, aucun Etat, qui soutient être victime d’une diffamation, ne peut agir en réparation du préjudice qui en résulterait ».

    Par conséquent, pour l’action en diffamation intentée par le Maroc devant le Tribunal correctionnel de Paris contre Forbidden Stories et Amnesty International, un État ne peut être victime de diffamation en droit français. De ce fait, il y a lieu de conclure que la plainte de l’Etat marocain n’a d’autre but que celui d’amuser la foule marocaine remontée par les déclarations incendiaires de ses responsables.

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  • Macron organise aujourd'hui une réunion exceptionnelle sur l'espionnage de Pegasus

    Paris, 22 juil. (EFE) – Le président français Emmanuel Macron organise jeudi une réunion « exceptionnelle » sur le système d’espionnage Pégase avec des membres de son gouvernement pour discuter de l’avancement des enquêtes lancées pour vérifier les révélations de la presse selon lesquelles il figurait lui-même sur la liste des cibles.

    Le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a déclaré à France Inter que M. Macron « suit cette affaire de très près et la prend très au sérieux ».
    D’où ce « conseil de défense exceptionnel » dédié à la cybersécurité et plus particulièrement au système d’espionnage Pegasus, développé par la société israélienne NSO afin que les pays auxquels il a été vendu puissent accéder aux téléphones portables des personnes qu’ils choisissent afin d’accéder à leur contenu et d’avoir accès, par exemple, à leurs caméras et microphones.
    Un consortium de médias internationaux soutenu par Amnesty International a publié ces derniers jours des informations selon lesquelles une douzaine de pays ont utilisé ce système pour tenter d’espionner des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et des hommes politiques.
    Le président français figure sur la liste d’environ 1 000 personnalités en France dont les téléphones ont été ciblés par les services secrets marocains pour être mis sur écoute, selon le consortium Forbidden Stories.
    M. Attal a rappelé que la France a lancé des enquêtes pour vérifier si les numéros de toutes ces personnalités étaient infectés – ce que l’enquête journalistique n’a pas pu prouver – et si, dans ce cas, Pegasus a effectivement absorbé des données ou capturé des conversations et des images des téléphones.
    Il a déclaré que ces enquêtes « progressent » et que si les soupçons sont confirmés, ce serait « très grave ».
    Il ne s’est toutefois pas étendu sur les conséquences que cela pourrait avoir sur les relations privilégiées de la France avec le Maroc, sujet sur lequel tous les responsables français se sont montrés jusqu’à présent très prudents.
    Le porte-parole de l’exécutif s’est défendu contre certains reproches de naïveté qui ont été lancés en direction de Macron ces derniers jours, notamment pour la façon dont il utilise ses téléphones portables, prétendument sans tenir compte des règles de sécurité.
    « Nous ne découvrons pas la question de la cyberdéfense et de la cybersécurité », a-t-il déclaré, avant d’insister sur le fait qu’ »il y a beaucoup de protection » dans l’utilisation des téléphones portables par le président de la République.
    Sans donner de détails « pour des raisons de sécurité », il a précisé que Macron change régulièrement de téléphone portable, que les paramètres sont modifiés et que lorsque l’exécutif organise des vidéoconférences, cela se fait avec des réseaux sécurisés et dans des lieux spécifiquement dédiés. EFE
    Swissinfo, 22/07/2021
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  • Enquête ouverte à Paris sur l’espionnage par le Maroc

    Le parquet de Paris a ouvert mardi une enquête sur l’espionnage de journalistes français dont l’infiltration de téléphones par le logiciel Pegasus pour le compte de l’Etat marocain, a été révélé dimanche par un consortium de médias, a-t-il annoncé dans un communiqué. Cette enquête a été ouverte pour une longue liste de dix infractions dont « atteinte à la vie privée », « interception de correspondance », « accès frauduleux » à un système informatique et « association de malfaiteurs ».

    Elle fait suite à la plainte déposée par le site Mediapart, dont deux journalistes ont été espionnés, à laquelle doit s’ajouter une plainte similaire du Canard enchaîné. L’enquête vise également d’autres infractions d’atteintes à un système informatique, telles que l’introduction, l’extraction et la transmission frauduleuses de données, qui peuvent être potentiellement reprochées aux utilisateurs de Pegasus. Elle concerne aussi la « mise à disposition et détention d’un équipement » permettant des atteintes à un système de données et « l’offre et la vente sans autorisation d’un dispositif de captation de données », qui visent cette fois potentiellement la commercialisation du logiciel et les intermédiaires impliqués.

    Plusieurs médias dont Le Monde, le Guardian et le Washington Post ont révélé dimanche que le fondateur de Mediapart Ewdy Plenel et la journaliste de son média Lénaïg Bredoux avaient été espionnés par les services secrets marocains. Le Canard Enchaîné, lui, aurait été visé notamment à travers son ancienne collaboratrice Dominique Simmonnot, aujourd’hui contrôleure générale des lieux de privation de liberté, qui a également annoncé qu’elle allait saisir personnellement la justice. Les investigations ont été confiées à l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC), a précisé le parquet.


    Selon l’enquête publiée dimanche par un consortium de 17 médias internationaux, le logiciel Pegasus, élaboré par l’entreprise sioniste NSO Group, aurait permis d’espionner les numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise de différents pays. Le logiciel espion Pegasus, introduit dans un smartphone, permet d’en récupérer les messages, photos, contacts et même d’écouter les appels de son propriétaire.

    Ces révélations ont suscité l’indignation dans le monde entier d’organisations de défense des droits humains, de médias et de dirigeants politiques. NSO, régulièrement accusé de faire le jeu de régimes autoritaires, assure que son logiciel sert uniquement à obtenir des renseignements contre des réseaux criminels ou terroristes.

    Le travail mené par les 17 médias, dont les quotidiens français Le Monde, britannique The Guardian et américain The Washington Post, se fonde sur une liste obtenue par le réseau basé en France Forbidden Stories et l’ONG Amnesty International. Elle compte, selon eux, 50.000 numéros de téléphone sélectionnés par les clients de NSO depuis 2016 pour une surveillance potentielle.

    Le Maghreb, 22/07/2021

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  • "Pegasus": Le logiciel "massivement" utilisé pour espionner les société civiles à travers le monde

    Le quotidien Le Monde a consacré dans son édition du mardi un dossier sur l’affaire lié au logiciel espion « Pagasus » dans lequel a démontré comment un programme censé lutter contre le terrorisme était massivement utilisé pour surveiller les sociétés civiles par plusieurs pays, dont le Maroc. Une enquête internationale de 6 mois réunissant 17 médias, dont « Le Monde », montrent que cet outil, baptisé « Pegasus » officiellement destiné à lutter contre le terrorisme, est massivement utilisé pour surveiller les sociétés civiles. 

    Depuis 2016, 50 000 téléphones ont été sélectionnés comme cibles, un millier en France, notamment pour le compte du Maroc. Hommes politiques, avocats, militants et journalistes sont les premières victimes. C’est un annuaire « ahurissant », dans lequel se trouve un chef d’Etat et deux chefs de gouvernement européens, des dizaines de députés de l’opposition d’un pays africain, des princes et des princesses, des chefs d’entreprise, quelques milliardaires, des ambassadeurs, des généraux. Et puis, aussi et surtout, des centaines de journalistes, d’avocats, de militants des droits de l’Homme. 
    Depuis sa création, en 2011, l’entreprise israélienne NSO vend son logiciel comme un outil destiné uniquement à la lutte contre le terrorisme. Or, l’analyse des données consultées par Le Monde et ses partenaires montre que, pour une grande partie des clients de NSO, terrorisme et grand banditisme ne constituent qu’une infime partie des utilisations. En France comme dans les pays qui ont acheté l’accès à ce logiciel espion, c’est aussi et surtout la société civile qui est visée : des athlètes, des prêtres et des imams, des journalistes, des youtubeurs, des avocats. 
    A la suite des révélations sur Pegasus, beaucoup de journalistes, d’hommes politiques, d’hommes d’affaires et de militants se demandent si leur smartphone a pu être surveillé par les Etats qui en sont clients : le Maroc, la Hongrie, Bahreïn, les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite, la Hongrie, et plusieurs autres pays. Au Maroc, les numéros de nombreux journalistes marocains ont été sélectionnés comme cibles potentielles par le logiciel en question. Les listes de numéros de téléphone sélectionnés comme des cibles potentielles dans l’outil de NSO par plusieurs de ses clients, que l’organisation Forbidden Stories et Amnesty International ont partagées avec dix-sept rédactions, dont Le Monde, confirment qu’un service de sécurité marocain a utilisé Pegasus pour viser, de manière systématique, des journalistes critiques du pouvoir, et des dirigeants des grandes rédactions du pays.
    Les journalistes marocains ne sont pas les seuls à intéresser les services de renseignement du royaume. Une trentaine de journalistes et de patrons de médias français figurent sur la liste des cibles de Pegasus. En Inde, depuis 2016, une trentaine de journalistes indiens ont été espionnés à travers leurs smartphones grâce au même logiciel. Au moins vingt­ cinq reporters mexicains sont aussi sur les listes. Parmi les numéros ciblés figurent les grandes rédactions du pays, ainsi qu’un correspondant du New York Times. En Hongrie, la société civile est également sous contrôle. Hommes d’affaires et patrons de presse figurent parmi les 300 numéros ciblés pour le compte de Budapest, bien qu’elle nie les faits.
    Le Maghreb, 22/07/2021
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