Étiquette : NSO Group

  • Le Mexique a utilisé Pegasus pour surveiller la famille du président et un journaliste assassiné

    Le Mexique a utilisé Pegasus pour surveiller la famille du président et un journaliste assassiné

    Le Mexique semble avoir soumis plus de numéros de téléphone à la société israélienne de cybersurveillance NSO Group que tout autre pays client, selon une enquête menée par une collaboration internationale de médias appelée The Pegasus Project. Le Guardian a découvert que le numéro de téléphone portable du journaliste mexicain Cecilio Pineda Birto avait été sélectionné comme une cible possible de surveillance par un client mexicain de NSO Group quelques semaines avant l’assassinat de Pineda à Guerrero en 2017. Nina Lakhani, journaliste senior au Guardian, affirme que le Mexique a été le premier client de NSO Group et que les autorités de ce pays ont un long passé de « terribles violations des droits de l’homme. » Elle note que l’utilisation de Pegasus par le Mexique prouve que la technologie n’est pas seulement utilisée pour traquer la criminalité. « La frontière entre le bien et le mal au Mexique est floue », déclare Mme Lakhani.

    Ceci est une transcription urgente. La copie peut ne pas être dans sa forme finale.

    AMY GOODMAN : C’est Democracy Now !, democracynow.org, The War and Peace Report. Je suis Amy Goodman, avec Juan González, alors que nous continuons à examiner les conclusions du Projet Pegasus, une collaboration de plus de 80 journalistes et 17 organisations de médias qui enquêtent sur la société israélienne de cybersurveillance NSO Group.

    Le Mexique semble avoir soumis à NSO Group plus de numéros de téléphone susceptibles d’être surveillés que tout autre pays client – plus de 15 000 – dont des numéros d’enseignants, de journalistes, de juges, de militants et de politiciens. Le Mexique est l’un des pays les plus meurtriers pour les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme. Dans le cadre du projet Pegasus, The Guardian rapporte qu’au moins 50 personnes proches du président mexicain Andrés Manuel López Obrador, dont sa femme, ses enfants, ses assistants et son médecin, figuraient sur la liste des personnes susceptibles d’être surveillées avant l’élection d’AMLO.

    Dans son analyse de la fuite de données Pegasus, The Guardian a également trouvé le numéro de téléphone portable du journaliste mexicain Cecilio Pineda Birto, qui avait été sélectionné comme une cible possible de surveillance par un client mexicain de NSO Group dans les semaines précédant son assassinat à Guerrero en 2017. Il publiait fréquemment des vidéos sur Facebook dénonçant la corruption entre les cartels de la drogue et les responsables gouvernementaux locaux. Le 2 mars 2017, il a posté cette vidéo, a été tué deux heures plus tard.

    CECILIO PINEDA BIRTO : [Il semble y avoir des liens très forts entre le gouvernement et ce chef de gang. S’ils ne réagissent pas, d’autres personnes vont mourir. … Il y a des vidéos montrant le député avec El Tequilero. C’est pathétique. Il y a vraiment beaucoup de choses qui sont impossibles à comprendre.

    AMY GOODMAN : Pour en savoir plus sur ce qui est arrivé au journaliste mexicain Cecilio Pineda Birta et sur le rôle que le Projet Pegasus [sic] a pu jouer dans son assassinat, nous sommes rejoints par Nina Lakhani, reporter senior au Guardian.

    Bienvenue sur Democracy Now !, Nina. Dites-nous ce qui lui est arrivé, et son lien avec le Groupe NSO.

    NINA LAKHANI : Bonjour.

    Eh bien, ce que nous savons, c’est que dans les semaines qui ont précédé le meurtre de Cecilio, un des clients mexicains de NSO a identifié le – a sélectionné son numéro de téléphone portable comme candidat à la surveillance. Et cette vidéo que vous venez de visionner, quelques heures après, Cecilio Pineda était parti laver sa voiture, et il se reposait dans un hamac, passant quelques appels. Il a appelé sa mère. Vous savez, il parlait à des collègues, pour planifier ce qu’il allait faire ce soir-là. Et un homme armé est arrivé sur une moto, s’est rendu à pied jusqu’au hamac où il était allongé, qui était caché de la route, et lui a tiré dessus au moins six fois, et il est mort de ses blessures.

    Nous n’avons pas pu confirmer si son téléphone avait été infecté avec succès par Pegasus, car la dernière fois que le téléphone a été vu, c’était sur la scène du crime. Il a disparu après cela, donc nous n’avons pas pu le faire. Mais ce que nous savons, c’est que le tireur savait où le trouver. Et nous savons que Cecilio avait reçu des menaces. Il était inquiet. Il avait demandé l’aide du gouvernement fédéral. Il existe un mécanisme de protection qui est censé protéger les journalistes et les défenseurs qui font face à des menaces liées à leur travail. Ils n’ont pas réussi à le faire.

    Mais nous savons aussi – j’ai réussi à obtenir le dernier entretien qu’il a eu avec le mécanisme de protection, dans lequel ils lui disent en substance : « Écoutez, à moins que vous ne soyez prêt à quitter l’État et à faire – vous savez, à accepter cette offre que nous vous faisons de vous relocaliser, nous ne pouvons pas vous aider. Nous allons clore votre dossier », et c’est ce qu’ils ont fait. Et ce qu’il leur dit, c’est : « Ecoutez, je ne pense pas que j’ai besoin de déménager. J’ai changé l’endroit où je dors. Je ne laisse pas ma voiture dans la rue. Je ne pense pas – ils ne savent pas où je suis. Les gens qui me veulent du mal et qui pourraient envoyer des hommes armés pour me tuer, ils ne pourraient pas me trouver parce que je bouge tout le temps. » Il était loin de se douter qu’il y avait certainement – que ses numéros, ses numéros de téléphone, étaient sélectionnés – était sélectionné pour une surveillance potentielle, quelques semaines après cela.

    JUAN GONZÁLEZ : Et, Nina Lakhani, pourquoi tant de cibles potentielles au Mexique, d’après ce que vous avez pu dire ? Et, bien sûr, le groupe israélien continue de dire que leur logiciel est utilisé uniquement pour identifier des terroristes potentiels. Y avait-il une indication que l’un des 15 000 numéros de téléphone potentiellement ciblés au Mexique était lié à des terroristes ?

    NINA LAKHANI : Eh bien, on parle de terroristes et de crime organisé – de crime organisé grave, n’est-ce pas ? Je veux dire, je pense que le Mexique est un cas très particulier. Vous savez, nous avons trouvé, dans les données qui ont fuité, il y a plus de 15 000 individus en seulement deux ans, 2016 et 2017, seulement deux ans. Nous savons que le Mexique a été le premier client de NSO et que lorsque le groupe NSO a commencé à faire des affaires avec le Mexique il y a environ une décennie, nous étions déjà cinq ans dans le, vous savez, échec complet de la guerre contre la drogue. Et à cette époque, nous savions déjà que les forces de sécurité mexicaines et certaines parties du système de justice pénale étaient impliquées dans de graves violations des droits de l’homme, des exécutions extrajudiciaires, des actes de torture, des disparitions forcées. Ainsi, lorsque le groupe NSO a commencé à faire des affaires avec le Mexique, son premier client, nous savions déjà que les soi-disant bons gars n’étaient pas des bons gars. Et je pense que le cas du Mexique, ce qui est si choquant pour moi, ainsi que la profondeur et l’étendue de la surveillance potentielle qui a eu lieu, est juste que, vous savez, cette affirmation que nous sommes – l’affirmation du Groupe NSO que « Nous sommes ici pour combattre le bon combat. Vous savez, nous sommes ici pour cibler les criminels. » Eh bien, la ligne entre le bien et le mal au Mexique est floue, n’est-ce pas ? Nous le savons au niveau local, grâce aux reportages de Cecilio Pineda et de nombreux autres journalistes, et nous le savons au niveau national.

    Vous savez, nous savons que – une affaire dont vous avez parlé, l’affaire Ayotzinapa des 43 enseignants stagiaires disparus. Vous savez, nous savons, dans cette affaire, que des personnes au plus haut niveau, y compris Tomás Zerón, qui est actuellement – il se cache actuellement en Israël et était une personne clé dans l’introduction de Pegasus au Mexique. Il a signé – il faisait la promotion du logiciel et signait des contrats. Et nous savons qu’il est recherché pour détournement de fonds et aussi pour la torture et la disparition de ces étudiants, n’est-ce pas ? Nous savons maintenant, grâce à cette enquête, qu’au moins trois parents des 43 étudiants ont été sélectionnés comme candidats potentiels à la surveillance. Tout comme un avocat et un dirigeant d’un centre de défense des droits de l’homme qui représentent les familles. Tout comme au moins deux des experts indépendants, qui avaient un statut diplomatique à l’époque, et qui ont été envoyés pour enquêter sur cette affaire. Vous savez, ce que nous voyons au Mexique, c’est une mêlée générale. N’importe qui et tout le monde était potentiellement – était identifié comme cible potentielle de surveillance.

    JUAN GONZÁLEZ : Et en ce qui concerne la surveillance de la famille et des agents de campagne d’Andrés Manuel Lopez Obrador, il semblerait qu’elle ait été demandée par une personne occupant une position de pouvoir très élevée au Mexique même, non ?

    NINA LAKHANI : Je veux dire, c’est vraiment stupéfiant. Je veux dire, vous savez, en repensant à l’époque, 2016, 2017, le gouvernement d’Enrique Peña Nieto est absolument en train de sombrer dans les sondages. Vous savez, il a la pire cote de l’histoire d’un président mexicain, scandale après scandale après scandale. Pendant ce temps, celui d’AMLO est en pleine ascension, n’est-ce pas ? Son parti politique, Morena, commence à gagner des élections au niveau local. Sa popularité est croissante, n’est-ce pas ? Et donc, nous sommes en 2016, et 2017 est l’année précédant les élections générales, les élections présidentielles. Et nous voyons – nous voyons tous ses proches – vous savez, ses trois fils, trois de ses fils, trois de ses frères, sa femme, ses conseillers politiques, des candidats clés, Claudia Sheinbaum, qui a été élue maire de Mexico, beaucoup de gens, beaucoup d’autres politiciens locaux et nationaux dans le parti Morena. Mais l’autre chose est que ce n’est pas seulement Morena. Nous avons trouvé, vous savez, dans les données, le nombre de politiciens de chaque parti politique, y compris le PRI, y compris le propre parti d’Enrique Peña Nieto, qui ont été sélectionnés comme candidats pour une surveillance potentielle. Vous savez, c’était très vaste. Comme me l’a dit un expert du renseignement, c’est le jeu des espions. Vous devez savoir ce que vos – vous devez savoir qui sont vos ennemis politiques, et vous devez savoir ce qu’ils font, parce que l’information est un pouvoir. Et c’est ce qui semble s’être passé au Mexique.

    Democracy Now, 20/07/2021

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  • Le propriétaire d’Amazon et du Washington Post, espionné par Pegasus

    Un logiciel espion israélien cible le téléphone portable du président du parlement catalan

    Madrid (QNN) – Le président du parlement régional catalan a exigé mardi que le gouvernement espagnol ouvre une enquête officielle sur les informations selon lesquelles son téléphone portable aurait été la cible d’espionnage par les services de sécurité espagnols utilisant des logiciels espions israéliens.

    Roger Torrent et au moins deux autres partisans de l’indépendance ont été avertis qu’ils avaient été ciblés l’année dernière dans ce que les experts ont qualifié de « cas possible d’espionnage politique national » en Europe, selon une enquête menée par le Guardian et El País.

    L’enquête a révélé que le logiciel espion israélien, Pegasus, avait exploité une vulnérabilité précédente du logiciel WhatsApp qui aurait donné à l’opérateur un accès potentiel à tout sur le téléphone mobile de la cible, y compris les e-mails, les SMS et les photographies. Il aurait également pu allumer l’enregistreur et l’appareil photo du téléphone, le transformant en un appareil d’écoute.

    EL PAÍS et The Guardian ont eu accès à un certificat émis par Citizen Lab, un groupe de cybersécurité de la Munk School of Global Affairs and Public Policy de l’Université de Toronto, qui a enquêté en exclusivité sur la faille de l’application de messagerie en 2019, qui valide la fait que le téléphone de l’orateur a été attaqué avec le logiciel espion NSO. « L’enquête a identifié que le numéro appartient à M. Roger Torrent », indique l’analyse.

    Les attaquants ont eu recours à un appel WhatsApp manqué « qui n’a pas nécessité de réponse » pour cibler le téléphone du politicien, et il contient « de nombreuses preuves qui pourraient établir que Torrent était surveillé ».

    Le téléphone de Torrent figure sur une liste d’une centaine de cas à travers le monde qui ont été compilés par Citizen Lab de « représentants de la société civile » qui ont été attaqués sans discernement via la vulnérabilité WhatsApp, selon l’institution canadienne. Citizen Lab affirme que 130 militants ont été victimes injustifiées du programme NSO depuis 2016.

    Amnesty International avait déposé une plainte contre la société de logiciels espions NSO, exigeant de révoquer la licence d’exportation de sécurité de la société israélienne, mais un tribunal israélien l’a rejetée .

    La société israélienne est accusée d’avoir vendu le logiciel espion à des gouvernements qui l’utilisent pour espionner des militants des droits humains, des journalistes et des personnalités publiques. Des rapports ont révélé que Pegasus avait été utilisé par les autorités saoudiennes pour espionner le journaliste Jamal Khashoggi avant de l’assassiner. Des rapports ont également révélé qu’il avait été utilisé pour pirater le téléphone portable du PDG d’Amazon et propriétaire du Washington Post, Jeff Bezos.

    Quds News Network, 14/07/2020

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  • Le PDG de l’ONS accuse le Qatar ou le BDS d’être derrière le scandale Pegasus

    Le PDG de l’ONS accuse le Qatar ou le BDS d’être derrière le scandale Pegasus

    Il y a des gens qui ne veulent pas que de la crème glacée soit importée en Israël ou que de la technologie soit exportée « , dit Shalev Hulio.

    Palestine occupée (QNN)- Shalev Hulio, cofondateur et PDG de NSO Group, a déclaré à un journal israélien que « le Qatar ou le mouvement BDS – peut-être les deux » sont derrière le scandale entourant le logiciel espion Pegasus de sa société.

    Dans une interview spéciale accordée à Israel Hayom, Hulio a affirmé que le scandale a été révélé par le Qatar ou le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions), ou peut-être les deux.

    « Je crois qu’au final, il s’agira du Qatar ou du mouvement BDS, ou des deux. Il s’agit toujours de la même entité », a-t-il affirmé.

    Amnesty International, Forbidden Stories et un consortium d’organisations internationales de médias ont déclaré que le logiciel espion a été utilisé dans des piratages de smartphones appartenant à des journalistes, des fonctionnaires, des militants des droits de l’homme et des dirigeants mondiaux.

    Le groupe d’enquête dit avoir acquis une liste de 50 000 numéros de téléphone qui semblent être des cibles, identifiées par les clients de la société israélienne, à espionner à l’aide de Pegasus.

    Les numéros du président français Emmanuel Macron, du roi du Maroc Mohammed VI, du président irakien Barham Salih et du premier ministre pakistanais Imran Khan figurent parmi les cibles apparentes.

    Hulio s’est en outre félicité d’une enquête sur l’utilisation abusive du logiciel d’espionnage de NSO « car nous pourrons laver notre nom », comme l’a déclaré Hulio à Israel Hayom.

    « Nous n’avons et n’avons jamais eu aucun lien avec la liste qui a été publiée, et s’il s’avère qu’un client a exploité notre système pour traquer des journalistes ou des défenseurs des droits de l’homme, il sera coupé immédiatement », a déclaré Hulio. « Nous avons prouvé cela dans le passé, y compris avec certains de nos plus gros clients, et nous avons cessé de travailler avec eux. »

    Hulio, 39 ans, a déclaré qu’il avait appris l’existence de l’enquête il y a environ un mois.

    « Un tiers m’a contacté, quelqu’un avec qui nous travaillons, qui n’est pas impliqué [dans l’affaire] et m’a dit : « Écoutez, ils se sont introduits dans vos serveurs à Chypre et toute la liste des cibles de NSO a été divulguée », a-t-il déclaré.

    « J’ai commencé à stresser, mais après un moment, je me suis calmé, à la fois parce que nous n’avons pas de serveurs à Chypre et aussi parce que nous n’avons pas de liste de ‘cibles’. Ça ne fonctionne pas comme ça : chaque client est un client unique. Nous n’avons pas de lieu central où sont rassemblées toutes les cibles des clients. »

    Cependant, quelques jours plus tard, Hulio a été contacté par un autre homme d’affaires avec une histoire identique qui circulait sur le marché à propos d’une « liste de cibles » de l’ONS.

    Quds News network, 24.07.2021

    Etiquettes : Israël, NSO Group, Pegasus, Espionnage, Qatar, BDS, Maroc, Mohammed VI, Emmanuel Macon,

  • Espionnage: Le Maroc dans de sales draps

    Affaire de l’espionnage par le logiciel Pegasus: Le Maroc dans de sales draps

    Les noms qui apparaissent dans le fichier sont essentiellement des membres de la société civile : journalistes, activistes, hommes d’affaires et avocats dans une cinquantaine de pays. Mais, il y a aussi des chefs d’Etat, ministres, diplomates ou des hauts responsables du renseignement.
    Au fil des révélations et des réactions des victimes du scandale d’espionnage, le royaume marocain, qui a déjà maille à faire sur le front interne, se voit la cible d’un processus judiciaire international qui ne manquera pas de l’isoler complètement. Les enquêtes très sérieuses lancées à Alger et Paris sur le programme d’espionnage israélien «Pegasus», seulement deux jours après des révélations sur l’infection de téléphones de hauts responsables des deux pays par Pegasus annoncent des répercussions certaines sur les rapports du Maroc avec ses principaux partenaires, mais également avec les organisations internationales, dont les pays membres dénoncent avec une grande fermeté l’attitude criminelle d’un Etat qui se prétend membre de l’ONU, de l’UA, de l’OCI et de la Ligue arabe. Rabat aura à répondre de son comportement de voyou devant toutes ces institutions internationales, mais également devant l’UE qui a vu l’un de ses principaux membres scandaleusement espionné par le Makhzen et Israël. L’UE n’en est certainement pas à une simple réprimande. Et pour cause, l’Espagne et l’Allemagne qui sont entrés en conflit politique ouvert avec le régime de Mohamed VI s’attendent à figurer sur la liste des pays espionnés. A ce propos, justement, l’enquête journalistique lancée avec le soutien assumé d’Amnesty international, soulèvera à n’en pas douter d’autres lièvres et il circule déjà dans de nombreuses rédactions européennes des noms de personnalité espagnoles et allemandes. De plus, assurent des sources bien au fait de l’affaire, les investigations révèleront prochainement de nombreux faits liés au scandale et qui remontent directement au Palais royale marocain. On évoque même une probabilité de procédure européenne à l’encontre de Rabat.
    Il n’y a eu aucune déclaration sur le sujet dans l’actualité d’hier, mais les mêmes sources affirment que c’est le calme qui précède une énorme tempête politico-diplomatique qui frappera le Makhzen marocain et mettre Israël devant une situation inédite vis-à-vis de ses alliés occidentaux. Les 17 médias internationaux qui ont fait éclater le scandale seront aussi aux premières loges pour suivre l’évolution du dossier et il n’est pas interdit de penser que la réaction des Etats puisse aboutir sur du concret. D’autant plus que le programme d’espionnage israélien « Pegasus » se trouve être largement répandu dans le monde et sert des intérêts étroits de certains chefs d’Etat peu scrupuleux.
    Il faut savoir, à propos de ce scandale, que l’enquête a révélé l’implication de 10 gouvernements au moins. Ces derniers ont acheté le programme Pegasus conçu et développé par une entreprise israélienne. Il s’agit un logiciel malveillant qui permet d’accéder à tout le contenu d’un smartphone à l’insu de son propriétaire : photos, vidéos, SMS, mails, carnets d’adresse, conversations via des messageries chiffrées, navigation Web, ou encore géolocalisation. Il est même capable de déclencher le micro et la caméra de l’appareil à distance. Son éditeur NSO ne le commercialise qu’auprès de clients gouvernementaux. C’est un outil d’espionnage dont plusieurs cas d’abus avaient déjà été documentés ces dernières années. Il a été mis en cause dès 2016 par le CitizenLab.
    Les victimes de ce logiciel sont généralement triées sur le volet. Les noms qui apparaissent dans le fichier sont essentiellement des membres de la société civile : journalistes, activistes, hommes d’affaires et avocats dans une cinquantaine de pays. Mais, il y a aussi des chefs d’Etat, ministres, diplomates ou des hauts responsables du renseignement. La France et l’Algérie sont particulièrement touchées. Plusieurs milliers de personnes, dont des responsables politiques, de ces deux pays, sont ciblées. Jusqu’à maintenant, l’enquête a permis de certifier avec certitude l’infection 37 des appareils. Claude Mangin, épouse d’un opposant emprisonné au Maroc, ou encore Hatice Cengiz, fiancée du Saoudien Jamal Khashoggi, assassiné, font partie des victimes. On aura compris que le logiciel Pegasus ne collecte pas que des données sur des personnes soupçonnées de crime ou de terrorisme. En réalité, il a bien été utilisé à des fins d’espionnage politique et de répression intérieure.
    Yahia Bourit
    Ouest Tribune, 26/07/2021
    Etiquettes : Maroc, Pegasus, Espionnage, CitizenLab, NSO group, Jamal Khashoggi, France, Emmanuel Macron, Claude Mangin, 
  • Logiciel espion Merkel demande une limitation des ventes de « Pegasus ».

    La chancelière allemande Angela Merkel a demandé une limitation des ventes du logiciel d’espionnage « Pegasus ». En Israël, son utilisation est actuellement étudiée. En France, le président Macron a rencontré son cabinet de défense. Dans l’affaire Pegasus, la chancelière allemande Angela Merkel demande une restriction de la vente du logiciel d’espionnage. « Je crois qu’il est important que les logiciels conçus pour certaines situations ne se retrouvent pas entre de mauvaises mains », a déclaré Mme Merkel.

    En Israël, où le producteur de Pegasus, NSO, est basé, les restrictions à l’exportation sont maintenant discutées. Les médias de plusieurs pays avaient récemment rapporté que le logiciel avait été utilisé pour espionner des journalistes et des représentants du gouvernement, entre autres.Un numéro de téléphone portable du président français Emmanuel Macron figure également sur une liste de cibles potentielles d’interception. Selon le bureau présidentiel à Paris, Macron a reçu un nouveau téléphone portable et un nouveau numéro.Israël ouvre une enquêteMerkel a expliqué que la vente du logiciel doit être soumise à des conditions restrictives. Par exemple, elle ne doit pas être livrée à des pays « où le contrôle judiciaire de ces attaques peut ne pas être assuré ». Mme Merkel avait elle-même été espionnée il y a des années par le service de renseignement américain NSA par d’autres moyens, ce qu’elle a à nouveau critiqué.

    Le fabricant de logiciels NSO avait déclaré que le programme Pegasus était destiné uniquement aux services de renseignement et à la police dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la criminalité. Selon des initiés, un groupe de travail composé de représentants de divers ministères israéliens enquête sur ces événements. Au départ, il était considéré comme peu probable que le programme fasse l’objet de restrictions à l’exportation, mais le président de la commission parlementaire pour la politique étrangère et la défense, Ram Ben-Barak, a exigé une révision des licences d’exportation. Les conclusions du gouvernement sur Pegasus seront examinées de près par le Parlement. Il sera ensuite décidé s’il y a lieu d’agir. Ben-Barak, ancien employé de l’agence de renseignement Mossad, a ajouté que la bonne utilisation de Pegasus avait aidé de nombreuses personnes.Réunion spéciale en FranceLe bureau présidentiel de Paris a déclaré que le remplacement du téléphone portable de Macron était une mesure de sécurité supplémentaire. Cela ne signifiait pas qu’il avait été espionné. Macron a plusieurs numéros de téléphone. Le président avait auparavant consulté son cabinet de défense lors d’une réunion spéciale.

    Le journal « Le Monde » avait notamment rapporté que le numéro de téléphone portable du chef de l’État figurait également sur une liste de cibles potentielles d’interception. Par ailleurs, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe et 14 ministres avaient été listés comme des cibles possibles pour le compte du Maroc en 2019. Le pays d’Afrique du Nord nie les allégations. Le Maroc va poursuivre les journalistesJeudi, le Maroc a annoncé des poursuites pour diffamation contre l’association à but non lucratif Forbidden Stories, qui a mené les recherches sur Pegasus, selon les médias. Amnesty International sera également poursuivie, selon l’agence de presse AFP.

    Entre-temps, une enquête sur Pegasus a été lancée en Hongrie. Le ministère public a annoncé qu’il enquêtait pour savoir si le logiciel avait été utilisé illégalement. Le site d’investigation Direkt36 avait fait état d’une liste de plus de 300 numéros de téléphone qui auraient pu être ciblés par Pegasus. Ces numéros appartenaient à des journalistes, des entrepreneurs et des avocats ainsi qu’à des détracteurs du gouvernement du Premier ministre Viktor Orban. Le chef de cabinet d’Orban, Gergely Gulyas, a déclaré que tous les renseignements recueillis étaient légaux.

    Tagesschau, 23/07/2021

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  • Confidentiel: Le ministre de la justice française “au service ” du Maroc dans l’affaire Pegasus

    DIA-25 juillet 2021: Comme à son habitude, le média électronique Mediapart a mis le doigt là ou sa fait mal, en révélant les relations étroites entre le garde des sceaux français et le Roi Mohamed VI. 

    En effet, le média électronique français a révélé que le Maroc possède dans le gouvernement français, un ministre acquis à sa mauvaise cause, mettant l’accent sur un risque de conflit d’intérêts. Comment les plaintes françaises et même algériennes vont être reçu en France, si le garde des sceaux est acquis à la cause du Makhzen? 

    Au moment où le Maroc est accusé ouvertement d’avoir cherché à espionner les téléphones d’Emmanuel Macron, d’une quinzaine de ministres, d’autres personnalités politiques et de journalistes, l’actuel ministre de la justice français, Éric Dupond-Moretti est jusque là considéré comme l’avocat privilégié du roi Mohammed VI.  

    Avocat depuis 1984, Éric Dupond-Moretti s’est fait connaître en écumant les cours d’assises pendant trois décennies, obtenant nombre d’acquittements.  Éric Dupond-Moretti connu pour choix pour une clientèle haut de gamme, a  défendu la République du Gabon, le roi du Maroc Mohammed VI, le président de Djibouti Ismail Omar Guelleh, des dignitaires monégasques, mais aussi Bernard Tapie, Jérôme Cahuzac, Georges Tron, Patrick Balkany ou Alexandre Djouhri. Des clients qui ne s’attendaient certainement pas à ce que leur zélé défenseur devienne un jour le ministre de la justice de la France.

    Initié notamment par Robert Bourgi, il a offert ses services à plusieurs chefs d’État africains, dont Mohammed VI. Il rejoint le petit cercle des avocats français du royaume, aux côtés de deux « historiques», Ralph Boussier et Yves Repiquet.

    En 2015, par exemple, celui que l’on surnomme encore « Acquittator » court les plateaux télé et les studios radio pour dénoncer une tentative de chantage exercée par deux journalistes contre le monarque chérifien.

    Il écorne, au passage, la présomption d’innocence d’Éric Laurent et Catherine Graciet, alors gardés à vue. Depuis, les deux journalistes ont été renvoyés en correctionnelle pour « chantage ». Dans ce dossier, le royaume est désormais représenté par Antoine Vey, l’ancien associé d’Éric Dupond-Moretti.

    En 2016, Éric Dupond-Moretti devient le défenseur de Saad Lamjarred, célèbre chanteur marocain accusé de viol. C’est le roi Mohammed VI en personne qui a recommandé l’avocat et qui va même jusqu’à payer ses honoraires. Interviewé par le magazine marocain Telquel en 2017, au Sofitel de Rabat, l’avocat confirmait avoir été « contacté par le Palais » pour cette affaire, sans avoir eu toutefois de « contact direct avec Sa Majesté ». Me Dupond-Moretti abandonne ce dossier en 2018, comme il l’annonce au site marocain Le 360, proche du pouvoir et du Makhzen.

    Cette même année, « Acquittator » est appelé à la rescousse par des confrères pour défendre Taoufik Bouachrine, directeur du prestigieux quotidien arabophone Akhbar Al Youm. C’est un des journalistes trop indépendants aux yeux du pouvoir marocain à être visé par une plainte pour viol. L’avocat français invoque un «agenda chargé» pour décliner. Le 10 novembre 2018, au terme d’un procès jugé « inéquitable» par le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire, Taoufik Bouachrine est condamné à 12 ans de prison ferme pour « traite d’êtres humains », « abus de pouvoir à des fins sexuelles », « viol et tentative de viol ». Un an plus tard, sa peine est alourdie, en appel, à 15 ans de prison ferme.

    D’autres affaires l’occupent. En 2019, Me Dupond-Moretti s’indigne publiquement, au nom de Mohammed VI, de rumeurs « malveillantes» et de « fausses informations » qui courent sur le roi et son ex-épouse, Lalla Salma. Celle ci demeure invisible depuis un certain temps. Des rumeurs font état d’un départ de Lalla Salma, qui serait empêchée de voyager avec l’une de ses filles, retenue au Maroc. Le roi et son ex-épouse sont « scandalisés » par « des assertions extrêmement graves »,fait aussitôt savoir le ténor, qui rappelle qu’il s’agit d’un «acte passible de poursuites pour diffamation» et confirme, au passage, leur divorce. Un an plus tard, en décembre 2020, c’est en tant que ministre de la justice, cette fois, qu’il se rend au Maroc, pour parapher un accord sur les mineurs isolés. Avant de signer le document, Éric Dupond Moretti tient à souligner la « relation très forte » qu’il entretient avec le Maroc et la « signification particulière » de son déplacement.

    Comme si de rien n’était, la coopération judiciaire avec le Maroc, un État autoritaire, désormais accusé d’avoir espionné les plus hautes autorités françaises, est donc incarnée à ce jourLe garde des Sceaux est-il destinataire de remontées d’informations pour d’éventuelles procédures judiciaires en France concernant Mohammed VI et d’autres personnalités marocaines ? Le ministre de la justice sera-t-il tenu informé de l’évolution de l’enquête préliminaire ouverte le 20 juillet à Paris dans cette affaire d’espionnage massif de téléphones portables imputée notamment à l’État marocain? Toutes ses questions posés par Mediapart pour connaitre le véritable sens de la justice en France.  

    DIA-Algérie, 25/07/2021

    Etiquettes : Maroc, France, Espionnage, Erid Dupond-Moretti, Pegasus, NSO Group, 

  • Le Maroc impliqué dans l’un des plus grands scandales d’espionnage de la décennie

    Une quinzaine de médias internationaux ont révélé l’un des plus grands scandales d’espionnage de la décennie dans lequel est impliqué le Maroc qui a mis sous surveillance des journalistes marocains et une trentaine de professionnels de médias étrangers.

    Les révélations sur l’utilisation du logiciel espion israélien baptisé Pegasus, que publient cette semaine Le Monde et seize rédactions coordonnées par l’organisation Forbidden Stories, avec l’appui technique d’Amnesty International, se basent sur une liste de plus de 50 000 numéros de téléphone, présélectionnés par certains clients de NSO Group pour une éventuelle mise sous surveillance.
    Pegasus qui permet de prendre le contrôle d’un téléphone, donne accès à l’intégralité du contenu de l’appareil ainsi qu’à son microphone et sa caméra. Parmi les pays utilisateurs : le Maroc.
    Les numéros de nombreux journalistes marocains ont été sélectionnés comme cibles potentielles par le logiciel en question. « Depuis la révélation par Amnesty International, en 2020, de l’infection du téléphone du journaliste marocain d’investigation Omar Radi par le logiciel espion Pegasus, les journalistes marocains indépendants se doutaient bien qu’ils pouvaient être ciblés, eux aussi, par le programme de surveillance commercialisé par l’entreprise israélienne NSO Group.
    Les listes de numéros de téléphone sélectionnés comme des cibles potentielles dans l’outil de NSO par plusieurs de ses clients, que l’organisation Forbidden Stories et Amnesty International ont partagées avec dix-sept rédactions, dont Le Monde, confirment qu’un service de sécurité marocain a utilisé Pegasus pour viser, de manière systématique, des journalistes critiques du pouvoir, et des dirigeants des grandes rédactions du pays.
    Le numéro de Taoufik Bouachrine, directeur du journal Akhbar Al-Yaoum, qui purge actuellement une peine de quinze ans de prison pour viol, au terme d’ »un procès politique » selon sa défense, a ainsi été entré comme cible potentielle dans le logiciel espion de NSO, ainsi que sa femme.
    Au-delà des cas précis d’Omar Radi et de Taoufik Bouachrine, ce sont tous les patrons de médias indépendants, ou presque, qui semblent avoir intéressé les services de renseignement marocains. Parmi leurs cibles potentielles, on trouve ainsi les fondateurs du Desk, Ali Amar, ou celui du site électronique Badil, Hamid El-Mahdaoui, condamné à trois ans de prison en 2018 pour sa « participation » au soulèvement populaire du Rif, (octobre 2016) sévèrement réprimé par le pouvoir en place.
    Les services marocains ont également sélectionné pour surveillance potentielle un téléphone utilisé par Omar Brouksy, ancien correspondant de l’Agence France-Presse et auteur de deux livres critiques sur Mohammed VI et les relations entre la France et le Maroc.
    Les journalistes marocains ne sont pas les seuls à intéresser les services de renseignement du royaume. Une trentaine de journalistes et de patrons de médias français figurent sur la liste des cibles de Pegasus. A plusieurs reprises, le consortium Forbidden Stories et le Security Lab d’Amnesty International ont pu techniquement déterminer que l’infection avec Pegasus avait été couronnée de succès.
    C’est le cas notamment d’Edwy Plenel, le fondateur de Mediapart, de Dominique Simonnot, ancienne enquêtrice du Canard enchaîné et désormais contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, mais aussi d’une journaliste du Monde.
    Un téléphone d’une autre journaliste de Mediapart, Lenaïg Bredoux, a également été infecté. Spécialiste des violences sexuelles, thématique parfois instrumentalisée au Maroc contre des voix critiques du pouvoir. Un autre patron de média, Bruno Delport, directeur de la radio TSF Jazz, a également été visé par l’utilisateur marocain de Pegasus – son téléphone, après analyse, présentait des traces d’infection.
    Si les services marocains semblent avoir majoritairement visé des journalistes travaillant pour des rédactions dites de gauche ou au centre, les médias de droite n’ont pas été épargnés pour autant. Les données analysées par les rédactions du « Projet Pegasus » ne sont pas exhaustives. Elles semblent ne couvrir qu’une dizaine de pays clients de ladite société NSO, alors que l’entreprise affirme en compter une quarantaine.

    Fil d’Algérie, 19/07/2021

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  • Jacob Cohen: Le Maroc est obsédé par la surveillance des journalistes et militants

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    Jacob Cohen sur le logiciel espion: Le Maroc est obsédé par la surveillance des journalistes et militants qui s’intéressent au royaume chérifien

    Dans un entretien accordé à Algérie54, l’auteur et journaliste français, natif du Maroc, Jacob Cohen évoque les liens étroits entre l’entité sioniste et le Maroc, le logiciel espion Pegasus,l’assassinat du journaliste Khashoggy,le harcèlement des journalistes marocains par le Makhzen, les brouilles de Rabat avec Madrid, et enfin cette déclaration de guerre à l’égard de l’Algérie, liée à la déclaration d’Omar Hilale sur le Kabylie.

    Algérie54: Les révélations sur l’usage d’un logiciel israélien appelé Pegasus, pour espionner des personnalités en France et en Algérie et des opposants par le Maroc, suscitent l’indignation et confirment la large normalisation de Rabat avec l’entité sioniste. Qu’en pensez-vous ?

    Jacob Cohen:Le Maroc n’a certainement pas attendu la normalisation avec l’entité sioniste pour être l’un des bénéficiaires du logiciel Pegasus qui permet la surveillance de toute personne souhaitée. C’est d’ailleurs ce logiciel qui avait permis la surveillance et l’assassinat du journaliste d’origine saoudienne Khashoggy. La société israélienne qui a développé le logiciel doit être intimement liée aux divers services de sécurité et toute vente à un État étranger doit recevoir leur approbation. C’est dire si le Maroc et l’Arabie saoudite entretenaient des relations profondes et secrètes dans les domaines sécuritaires tout en gardant des distances hypocrites vis-à-vis de l’opinion publique. Cette révélation cependant trouve un écho particulier après la normalisation et l’approfondissement des relations dans tous les domaines entre Rabat et Tel Aviv, surtout après les lourdes condamnations de journalistes marocains sur des accusations bidonnées. On connaît également l’activisme des services marocains en France, leur obsession de contrôler aussi bien les militants marocains que les journalistes français qui s’intéressent de très près au régime chérifien. Maintenant que l’on connaît les instruments de cette surveillance et leur origine, l’impact est démultiplié.

    Algérie54: Dans le sillage de ce scandale, le Maroc est épinglé sur le dossier de la liberté d’expression et la condamnation des journalistes. Quelle est votre opinion sur ce volet ?

    Jacob Cohen:La plupart des journalistes marocains qui ont été poursuivis récemment et lourdement condamnés ne l’ont pas été pour leurs écrits, officiellement du moins, mais sur des accusations de harcèlements sexuels, ou tentatives de viols, ou des écarts moraux, ou tentatives d’avortements illégaux. Bref, on leur a monté des dossiers basés sur des échanges de mails, de SMS, de correspondances ou d’échanges privés, qui nécessitent des méthodes de surveillance ultra sophistiqués, que seul le logiciel Pegasus permettait de mettre en place. Le fait de les condamner lourdement (6 ans de prison ferme pour le journaliste Omar Radi par exemple) sur des bases « morales » permet de rencontrer une certaine compréhension d’une large partie de la population attachée aux valeurs traditionnelles, et de donner aux médias français complaisants le prétexte de ne pas condamner des atteintes à la liberté de la presse et de conforter l’ouverture démocratique et la modernité de Mohammed VI.

    Algérie54: Le Maroc est de plus en plus accablé, par la communauté internationale dans le sillage de ses brouilles avec Madrid et Berlin, que diriez-vous ?

    Jacob Cohen: Ayant reçu l’appui diplomatique du couple américano-sioniste, le Maroc avait cru pouvoir forcer la décision de pays européens importants pour qu’ils avalisent les positions américaines. Mais l’Espagne et l’Allemagne ne l’entendent pas de cette oreille. Ces pays ont leur agenda diplomatique et des engagements internationaux qu’ils entendent respecter. Le Maroc avait déjà tenté un coup de force en envoyant quelques militaires sur un piton rocheux inhabité près de ses côtes mais a dû vite reculer devant la réaction vigoureuse espagnole. Mohammed VI n’est pas Erdogan pour utiliser à son profit l’arme des migrants pour inonder l’Europe. Là encore sa dernière tentative a fait un flop. Le Maroc n’est tout simplement pas en position d’imposer quoi que ce soit à l’Europe, même si bien sûr celle-ci le ménage et rien ne se fera pour le déstabiliser.

    Algérie54: Le chef de la diplomatie de l’entité sioniste se rendra d’ici la fin du mois en cours à Rabat, ne pensez pas que le Maroc bascule de plus en plus sous les pieds du sionisme ?

    Jacob Cohen: À partir de l’officialisation des relations diplomatiques entre Israël et le Maroc, ce dernier ne peut plus rien refuser au régime sioniste. Visites officielles, lignes aériennes directes, ouverture au tourisme de masse mais d’un seul côté, liberté d’implantations et d’exploitations commerciales et autres mais seulement au profit des Israéliens, célébrations de la Shoah, réécriture de l’histoire des juifs au Maroc et enseignement du judaïsme, et pourquoi pas un jour verser des indemnités pour les biens « abandonnés » par les juifs ayant quitté le Maroc. Sans compter les clauses secrètes sur la collaboration du Maroc aux entreprises d’infiltration et de surveillance entreprises par les services sionistes dans toute la région. Le régime marocain a mis le doigt dans un engrenage irréversible sauf à connaître une crise existentielle en cas de rupture.

    Algérie54: Les déclarations du représentant du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, au sujet de « l’indépendance » de la Kabylie, revendiquée par le mouvement séparatiste du MAK, ont suscité l’indignation des algériens. Jacob Cohen en avait déjà évoqué le danger de la répartition des États, via les ethnies, en se référant aux plans de l’entité sioniste. Qu’en pensez-vous ?

    Jacob Cohen:Cette déclaration est quasiment un casus belli. C’est un appel au démembrement d’un État souverain dont les frontières sont reconnues par toutes les instances internationales. Bien des guerres ont été déclenchées suite à ce genre d’ingérences ou de revendications territoriales. Le pire dans cette histoire et qui relève du tragi-comique c’est que le Maroc connaît le même problème de revendications identitaires amazighes. Et les autorités marocaines ne peuvent ignorer que c’est le Mossad qui entretient ces revendications dans le Sud-Est du pays. Les services sionistes font planer une épée de Damoclès sur l’intégrité territoriale marocaine. Et si un jour ce problème venait à prendre des proportions dramatiques, ce ne sera pas en Algérie qui règle la question sans ingérence étrangère, mais plutôt au Maroc et son ouverture à un « allié » sioniste dont le mépris envers tous les Arabes n’est plus à démontrer.

    Entretien réalisé par M.Mehdi

    Algérie54, 22/07/2021

  • Projet Pegasus : la boîte de Pandore est ouverte !

    Décidément, l’enquête effectuée par le consortium de 17 médias a ouvert une véritable boite de Pandore en dévoilant l’espionnage de plus de 50000 téléphones portables à travers plusieurs pays dans le monde par le logiciel Pegasus, mis au point par la compagnie israélienne NSO. De nombreux pays ont utilisé ce logiciel pour espionner aussi bien leurs citoyens (journalistes, militants des droits de l’homme, …) que des hauts responsables d’autres pays, dont l’Algérie et la France. Même le président de ce pays, Emmanuel Macron, n’aurait pas échappé à cette surveillance, effectuée par un pays considéré comme ami de la France, le Maroc. D’anciens et actuels responsables algériens ont aussi été espionnés par le biais de ce logiciel, toujours par le Maroc. Ce dernier a nié complètement avoir utilisé le logiciel mais plusieurs médias, dont Le Monde, ont persisté dans leur affirmation et déclarent détenir des preuves irréfutables.

    D’autres pays ont été cité comme clients de NSO et utilisateurs de Pegasus et la compagnie israélienne se défend et déclare qu’elle a fourni ce logiciel à près de 40 pays dans le seul but de lutter contre le terrorisme, ce qui a été facilement réfuté par les journalistes et militants auteurs de l’enquête.

    En France, le président Macron a convoqué une réunion d’urgence du conseil de sécurité pour étudier cette véritable atteinte à la sécurité de l’Etat (un téléphone du président Macron et de plusieurs ministres ayant été espionnés) et aux moyens d’y faire face, démontrant par là que les dénégations du Maroc quant à son implication n’étaient perçues que comme des gesticulations inutiles.

    L’Algérie a ouvert une enquête pour déterminer l’ampleur exacte de cet espionnage de la part de nos voisins de l’ouest afin de mettre au point les ripostes adéquates. Dans la foulée et en prenant le train en marche, l’organisation RSF (Reporters Sans Frontières) avait accusé l’Algérie d’avoir utilisé le logiciel d’espionnage, se récusant quelques heures plus tard pour annoncer que le nom de l’Algérie a été cité ‘par erreur’ et a été retiré par la suite. L’Algérie a déposé plainte par le biais de son ambassadeur à Paris et l’affaire suit son cours car il est inconcevable qu’une erreur de la sorte puisse être faite, surtout pour de si graves accusations. C’était plutôt la haine maladive contre l’Algérie et une volonté délibérée d’installer un amalgame pour tenter de sauver le royaume chérifien qui ont guidé l’action de RSF. L’association devra payer les pots qu’elle a cassés.

    Et ce n’est pas tout !

    Will Cathcart, PDG de WhatsApp confirme et rappelle :

    « Les révélations du Projet Pegasus correspondent à ce que nous avons vu lors de l’attaque il y a deux ans »

    En effet, l’entreprise WhatsApp a découvert en 2019 que NSO Group avait infecté des téléphones avec Pegasus en utilisant une faille de sécurité dans son logiciel. Après avoir réagi énergiquement face à cet espionnage via WhatsApp, l’entreprise a colmaté la faille avant d’avertir les quelques 1400 victimes de cette attaque et a déposé plainte auprès des autorités compétentes.

    Après les révélations publiées au courant de cette semaine et mettant à nu l’espionnage dont ont été victimes plus de 50 000 téléphones à travers le monde, le PDG de WhatsApp a accordé un entretien au ‘The Gardian’ dans lequel il revient sur leurs observations en 2019 lors de la découverte de l’attaque et ce qu’a révélé l’enquête menée par les 17 médias ainsi que des ONG.

    Il révèle en effet que les ‘révélations correspondent à ce que nous avons vu lors de l’attaque que nous avons combattue il y a deux ans. Ces révélations sont parfaitement cohérentes avec ce que nous avons appris’. Continuant sur sa lancée, il déclare que parmi les 1400 victimes de l’attaque, ‘il y avait aussi des responsables gouvernementaux, y compris à des postes de haute responsabilité’. Il y avait aussi des alliés des USA, des journalistes, des militants des droits humains et d’autres personnes encore, affirme-t-il.

    Des gouvernements demandent à WhatsApp d’affaiblir le niveau de sécurité

    Will Cathcart révèle aussi que certains gouvernement demandent à l’entreprise qu’il dirige d’affaiblir à dessein le niveau de sécurité des messages et : « je pense que c’est le bon moment pour que les gouvernements cessent de nous demander d’affaiblir le niveau de sécurité des messages et pour que nous ayons à la place une discussion à l’échelle de toute l’industrie sur la meilleure manière de rendre Internet et nos communications plus sures. Voilà ce dont nous avons besoin ».

    Questionné sur les identités des responsables gouvernementaux qui ont été victimes de ces attaques en 2019, le même responsable évoque la vie privée des personnes pour ne pas donner plus de détails mais rappelle que l’attaque n’a été active que pendant quelques semaines avant d’être déjouée par les services de WhatsApp : « durant cette brève période, il y a eu 1400 victimes, imaginez que cette période ait été plus longue, le nombre aurait été beaucoup plus important ».

    Pegasus peut attaquer même les toutes dernières versions d’IOS, le logiciel central des iPhone

    Le PDG de WhatsApp estime aussi qu’il n’est possible de protéger la vie privée des utilisateurs qu’en faisant tout pour la sécurité mais, surtout, ‘faire beaucoup de bruit’ : « il faut parler, porter plainte, vous assurer que les agresseurs soient tenus pour responsables, partager les informations avec les victimes, les chercheurs en sécurité informatique.. », prévient-il, en ajoutant que ce logiciel de la NSO ou d’autres encore peuvent pirater tous les systèmes installés sur les téléphones car ils sont très puissants.

    Il annonce aussi être très contents que Microsoft, Google et l’Internet Associate ont déposé des motions écrites pour soutenir WhatsApp dans son procès contre NSO. Il préconise aussi une union à grande échelle de toutes les industries informatiques pour mettre fin aux logiciels espions et ‘changer la manière dont les gouvernements réfléchissent à ce sujet’.

    Concernant le procès intenté contre NSO, WhatsApp a eu gain de cause en première instance mais NSO a fait appel et le procès est toujours en cours.

    Afin de rendre les téléphones plus surs, Will Cathcart préconise de tout mettre en œuvre pour y arriver, chacun y mettant du sien, ceci d’un côté, et, de l’autre, que les coupables soient poursuivis et tenus pour responsables, sinon : « vous donnez l’impression que ce qu’ils ont fait n’était pas un problème », termine-t-il.

    En attendant d’autres révélations, la boite de Pandore demeure toujours ouverte.

    Tahar Mansour

    La Patrie News, 25/07/2021

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  • Scandale d’espionnage: Macron réagit auprès de Tel Aviv

    Macron veut une explication israélienne sur le scandale du logiciel espion Pegasus

    Le président français Emmanuel Macron a demandé une excuse officielle au Premier ministre israélien Naftali Bennett à propos du logiciel espion Pegasus, développé par le groupe NSO basé en Israël, lors d’une conversation téléphonique samedi.

    Selon la chaîne israélienne Channel 12, M. Macron a exprimé son malaise à propos des informations selon lesquelles son téléphone portable et d’autres de fonctionnaires du gouvernement français ont été compromis. Bennett a promis qu’une enquête au plus haut niveau serait lancée, mais a noté que l’incident s’est produit avant qu’il ne prenne ses fonctions.

    Il a été allégué qu’au moins 10 gouvernements – dont le Bahreïn, le Kazakhstan, le Mexique, le Maroc, l’Azerbaïdjan, la Hongrie, l’Inde et les Émirats arabes unis – étaient des clients du groupe NSO et que des logiciels espions étaient utilisés pour cibler des activistes, des journalistes, des avocats et des politiciens.

    Le logiciel espion peut apparemment transformer un téléphone en un dispositif de surveillance dans lequel il est possible d’accéder aux messages, aux caméras, aux enregistrements audio et aux applications.

    Al Bawaba, 25/07/2021

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