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  • La Russie et le monde

    La Russie et le monde

    Algérie, Russie, Ukraine, OTAN, Etats-Unis, Occident, Maroc,

    Il paraît révolu le temps où un simple froncement de sourcils des USA suffisait pour ramener dans le rang la moindre velléité de résistance ou de contestation de pays qui, dans un moment d’égarement sans doute, s’imaginaient dans un monde libre.

    La fronde contre l’oncle Sam semble avoir gagné tous les continents. Le sommet des Amériques a vu un front de protestations contre l’exclusion du Venezuela, de Cuba et du Nicaragua, dont la retentissante déclaration de boycott du président mexicain.

    Dans notre continent, on assiste à de nouvelles alliances avec la Russie, et au renforcement d’anciennes, nonobstant les menaces de sanctions étasuniennes. La pax americana a vécu. Le nouvel ordre mondial est en marche.

    Et celui-ci a été rendu possible grâce au retour en force de la Grande Russie dans la scène internationale. Le conflit ukrainien aura révélé une réalité longtemps occultée, voire niée d’un occident fielleux et méprisant : la Russie est sans conteste une puissance mondiale incontournable. Le monde entier, les populations européennes en particulier, découvraient (pour certains avec stupeur) que la Russie est non seulement un acteur majeur dans l’approvisionnement en énergie (mais pas seulement) de tout un continent et contribue donc à sa sécurité énergétique, mais elle participe également à la sécurité alimentaire d’une partie de la planète. Quant à la fin prochaine de son opération spéciale en Ukraine, celle-ci ne sera que la confirmation d’un fait établi de longue date et qui n’est secret pour aucun analyste intellectuellement honnête : l’indéniable supériorité militaire de l’ours russe.

    En réalité, le monde a basculé depuis le conflit syrien et la victoire russe contre l’OTAN. Or bien loin d’en prendre acte, l’organisation atlantiste a retenté l’aventure dans un terrain qu’elle jugeait plus favorable, l’ayant auparavant préparé ; sans plus de succès semble-t-il au vu de l’inexorable avancée du rouleau compresseur russe.

    Les armes et mercenaires qu’elle s’entête à envoyer n’y changeront rien et n’auront d’autres effets que d’ajouter aux souffrances de la population ukrainienne, auxquelles nous compatissons, comme nous compatissons à celles du peuple syrien, palestinien, sahraoui, etc. Mais contrairement à la faction extrémiste au pouvoir en Ukraine, ces derniers n’ont provoqué aucune puissance et n’ont eu d’autre tort que celui d’exister ou de vouloir exister.

    Durant cette épreuve et après son dénouement qui ne fait aucun doute, la Grande Russie n’oubliera pas ses alliés comme elle n’oubliera pas ses ennemis ou ceux qui lui ont tourné le dos. Et dans la première catégorie, on trouve bien évidemment et tout naturellement l’Algérie, son principal allié dans le continent, sur lequel elle pourra s’appuyer pour se déployer et gagner les uns après les autres les états africains à sa cause.

    D’ailleurs ceux-ci doivent être conscients que la chute (bien qu’improbable) ou même un déclin de la puissance russe entraînerait (n’en déplaise à la propagande fallacieuse et mensongère occidentale) une période de prédation féroce et de recul sans précédent des libertés et de la démocratie.

    L’Algérie en sait quelque chose, l’ayant vécu dans sa chair. Car il n’aura échappé à aucun observateur attentif que l’effondrement de l’URSS a été suivi par celui de son allié, l’Algérie. Les «jihadistes» ayant opéré en Afghanistan y seront transférés pour faire tomber l’allié traditionnel et un des bastions de la résistance anti-impérialiste.

    Tous deux connurent donc une période de marasme économique et une longue lutte contre le terrorisme que l’on pourrait qualifier de descente aux enfers. Et comme une certaine communauté de destin semble lier les deux pays, le parallèle ne s’arrête pas là. Ainsi l’on projette pour notre pays une réédition de l’épisode ukrainien avec le pion Maroc faisant office d’homme-lige de l’impérialisme dans la région.

    Or on ne s’allie pas avec le diable sans conséquences. Les potentiels candidats à ce type de partenariat sulfureux ne pourront ignorer les exemples de leurs prédécesseurs, car tous ont été témoin du peu de cas que les occidentaux accordaient à leurs accords ou traités, ainsi qu’aux dirigeants qui ont eu l’imprudence ou peut-être la naïveté de croire en une chimérique amitié avec ces derniers et leur prêtaient sans doute un tant soit peu d’honneur.

    Qu’ils se le tiennent pour dit une bonne fois pour toute : les impérialistes ne laisserons aucune occasion à nos pays de se développer en toute autonomie car ce n’est tout simplement pas leur intérêt. Foncièrement racistes et profondément élitistes, ils ne sont pas amis des peuples, qu’ils méprisent et n’hésitent pas à sacrifier pour préserver leurs privilèges et faire perdurer leur domination.

    Le retour de la Russie aura ainsi le mérite d’exposer, avec on ne peut plus de clarté, cette vérité axiomatique et de sonner l’heure de la révolte pour les peuples jusqu’ici écrasés sous le joug d’un occident de rapine et de destruction, car il porte en lui l’espoir d’un monde plus équilibré, plus démocratique, plus libre… en parfaite convergence avec l’action et la vision de l’Algérie du nouvel ordre mondial.

    Miloud Boumaza
    Né à Chlef
    Comptable
    Résidant en France, en région parisienne

    La patrie news, 16 juin 2022

    #Russie #Ukraine #OTAN #EtatsUnis #Occident #Algérie

  • La Chine dans le collimateur?

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    Avec la guerre en Ukraine, plusieurs puissances voudraient «impliquer» la Chine dans le conflit et la «rallier» au clan de l’Occident contre la Russie. C’est ainsi que la Chine se retrouve de nouveau dans le collimateur en l’accusant d’avoir «provoqué» la fuite du virus Covid 19 sans avancer la moindre preuve. Après plus de deux ans de pandémie, l’enquête autour de l’origine du Covid-19 n’a toujours pas été résolue. L’Organisation mondiale de la Santé a toutefois demandé à un groupe de vingt-sept experts, d’approfondir la thèse d’une fuite de laboratoire.

    La Chine dit que la théorie des fuites de laboratoire est un mensonge. D’abord attribué au pangolin, le scénario de l’animal intermédiaire et d’un départ sur un marché de Wuhan en Chine semblait être privilégié. Pourtant, pour l’heure, aucune preuve définitive ne justifierait l’origine de la pandémie, selon les vingt-sept experts du Groupe consultatif scientifique sur l’origine des nouveaux pathogènes (SAGO).

    Alors que des progrès ont été réalisés notamment sur l’identification des animaux intermédiaires, le SAGO a dénoncé un manque de « données clés pour comprendre comment la pandémie de Covid-19 a commencé », relayées par «cnews». Par ailleurs, le groupe a reconnu qu’il n’a eu accès à aucune donnée brute, mais seulement «à des informations mises à sa disposition dans des documents publiés ou des présentations» de scientifiques invités, pour la plupart chinois. Les experts ont ainsi dressé une liste de vœux détaillant les études essentielles pour tenter d’avancer dans l’enquête. Pour un bon nombre de ces requêtes, la collaboration des autorités chinoises sera nécessaire, y compris sur le volet laboratoire, un sujet ultra-sensible.

    L’année dernière encore, l’OMS a déclaré qu’il était “extrêmement improbable” que le COVID provienne d’un laboratoire, et plus probablement qu’il soit passé aux humains par un animal comme une chauve-souris. En mars 2021, l’OMS a publié un rapport sur les origines du COVID-19 à la suite d’une visite hautement chorégraphiée de scientifiques internationaux en Chine. Jean-Claude Manuguerra, coprésident du groupe consultatif international des 27 membres, a reconnu que certains scientifiques pourraient être «allergiques» à l’idée d’enquêter sur la théorie des fuites de laboratoire, mais a déclaré qu’ils devaient être suffisamment «ouverts d’esprit» pour l’examiner.

    Les enquêtes de l’Associated Press ont révélé que certains hauts responsables de l’OMS étaient frustrés par la Chine lors de l’épidémie initiale, alors même que l’OMS faisait l’éloge du président chinois Xi Jinping. Ils étaient également contrariés par la façon dont la Chine a cherché à réprimer la recherche sur les origines du COVID-I9.

    La Chine a répondu vendredi en qualifiant la théorie des fuites de laboratoire de mensonge à motivation politique, a rapporté l’AP. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Zhao Lijian, a également rejeté les accusations selon lesquelles la Chine n’avait pas pleinement coopéré avec les enquêteurs, affirmant qu’elle se félicitait d’une enquête scientifique mais rejetait toute manipulation politique.

    Zhao a également appelé à une enquête sur «des laboratoires hautement suspects tels que Fort Detrick et l’Université de Caroline du Nord» aux États-Unis où la Chine a suggéré, sans preuves, que les États-Unis développaient le coronavirus comme arme biologique.

    B. Nadir

    Le Carrefour d’Algérie, 11/06/2022

    #Pandémie #Coronavirus #Chine #OMS #Occidental #Ukraine #Russie



  • Le conflit russo-ukrainien et les think tanks (II)

    Le conflit russo-ukrainien et les think tanks (II)

    Russie, Ukraine, OTAN, Occident, Donbass, nationalisme, Transnistrie, Crimée, Union Européenne, UE,

    Donbass et au-delà : l’autodétermination invoquée par la Russie n’a pas apporté de droits

    Parmi les diverses raisons invoquées par le Kremlin pour justifier la soi-disant « opération militaire spéciale » en Ukraine, le prétendu soutien à l’autodétermination des peuples est particulièrement évocateur et donc favorable à la propagande russe.

    D’autre part, il n’est pas difficile de tomber dans le piège de la communication où la Russie se bat pour une fin noble et altruiste, en subissant des pertes très élevées dans ses rangs pour que d’autres puissent se libérer de la domination de Kiev et choisir librement leur propre système de gouvernement.

    Admettons ou non que l’on puisse parler d’un peuple à part entière dans le contexte du Donbass oriental ou de la Crimée, qu’est-ce que cela veut dire et, surtout, comment se traduit concrètement l’autodétermination des peuples souvent invoquée par Moscou ?

    Dans le Donbass, les droits civiques n’ont connu aucune amélioration

    Pour comprendre la signification juridique et politique complexe de ce principe, il faut remonter à la seconde période d’après-guerre et au début du processus de décolonisation, c’est-à-dire le processus qui a permis à presque toutes les possessions coloniales d’accéder à l’indépendance nationale.

    Dans ce contexte historique, les dirigeants des mouvements de libération nationale ont réadapté le principe d’autodétermination des peuples, en en faisant un incontournable de leur communication politique. Ils ont alors commencé à présenter ce principe comme un droit humain fondamental et collectif , c’est-à-dire comme une condition nécessaire et préalable à la jouissance des libertés individuelles consacrées par les conventions internationales relatives aux droits de l’homme.

    L’argument est immédiatement convaincant : à quoi bon parler des droits de l’homme au niveau individuel quand la communauté ne peut pas décider de son destin ?

    De 1945, année de la fondation des Nations Unies, à 1975, année du démantèlement définitif de l’empire portugais, le nombre d’États reconnus comme indépendants et donc admis dans ladite organisation est passé de 51 à l’origine à 144 ; à la fin du siècle, le total était encore passé à 189.

    Ce qui se passe aujourd’hui dans l’est du Donbass et en Crimée n’entre certainement pas dans le cadre historique ou géographique du processus de décolonisation , mais la prétendue relation causale entre l’indépendance de l’État et la pleine jouissance des droits de l’homme au niveau individuel reste d’une actualité brûlante et inchangée. intérêt académique. . En termes simples, un Donbass indépendant serait-il le signe avant-coureur de plus de libertés et de droits pour ceux qui y vivent ? En ce qui concerne la Crimée, y a-t-il eu des améliorations socio-juridiques depuis son rattachement à la Fédération de Russie, rien du point de vue du droit international mais néanmoins présenté comme l’expression de la volonté populaire ?

    Pour tenter de répondre à ces questions, cette contribution s’appuie sur les données publiées par Freedom House et relatives à la période quinquennale 2017-2021.

    Avant de procéder à l’analyse des données, il convient de mentionner que, bien qu’autorisée et forte de 80 ans d’expérience, Freedom House est largement financée par le gouvernement fédéral américain. Bien qu’il existe des alternatives valables au score Freedom House Global Freedom (pensez, par exemple, à l’Economist Democracy Index), seul celui-ci considère les territoires de facto indépendants et ceux sous occupation étrangère de manière autonome par rapport au pays auquel ils appartiennent formellement. Une telle analyse permet d’appréhender d’éventuels changements, pour le meilleur ou pour le pire, à moyen terme. La note attribuée annuellement par Freedom House concerne exclusivement les droits civils et politiques et est exprimée en centièmes ; plus le score est élevé, meilleure est la situation dans ce pays ou territoire.

    Compte tenu de ce qui précède, le mauvais score de 4/100 révèle à quel point la situation dans l’est du Donbass est non seulement dramatique, mais également stable au cours de la période sous revue.

    L’absence quasi totale de droits s’explique en grande partie par la persistance de l’état de guerre civile qui touche depuis 2014 les provinces sécessionnistes de Donetsk et de Lougansk, auquel se réfère le score. À titre de comparaison, Freedom House a attribué des scores similaires à d’autres pays ou territoires où sévissent un conflit armé ou une violence politique généralisée, de la Syrie au Soudan du Sud, de la République centrafricaine au Sahara occidental.

    Limitation des droits de vote et absence de garanties légales

    Admettons donc les circonstances atténuantes, voyons maintenant ce qui se passe dans les territoires sous le contrôle des forces séparatistes de Donetsk et Lougansk. Selon Freedom House, il n’y a pas d’élections libres dans l’est du Donbass, ni d’autorités électorales indépendantes pouvant certifier leur régularité . Pour ceux qui décident tout de même d’aller aux urnes, le choix est réduit au minimum, avec seulement deux partis autorisés par province. Même choisir pour qui voter n’est pas facile, étant donné que le programme électoral des partis est presque identique et résolument pro-russe.

    Les restrictions au droit de vote ne sont pas un cas isolé dans l’est du Donbass. Les constitutions des républiques sécessionnistes garantissent formellement l’égalité des droits indépendamment de l’ethnicité, de la race ou des croyances religieuses, mais dans la pratique, les groupes ethniques et religieux non affiliés à la Russie sont exclus de la vie politique .

    Aucune frange de la société n’est donnée pour s’organiser de manière indépendante pour défendre ses intérêts dans la sphère politique. La liberté d’expression est également sévèrement limitée ; exprimer des sympathies pro-ukrainiennes est même considéré comme dangereux pour ceux qui lui donnent une voix. La télévision et la radio sont sous le contrôle strict des autorités provinciales ; Les journalistes et les blogueurs qui critiquent les dirigeants séparatistes essaient d’opérer le plus possible dans l’anonymat, sachant que leur identification serait suivie d’une arrestation et d’une détention.

    En ce qui concerne le fonctionnement du gouvernement provincial, la situation n’est pas meilleure. Il n’y a aucune transparence dans le processus décisionnel , ni aucune garantie légale contre les abus fréquents perpétrés par des policiers ou des membres de l’appareil de sécurité.

    Depuis 2014, de nombreux résidents identifiés comme Ukrainiens sont partis, souvent sous la menace ou la contrainte. Pour ceux qui ont choisi de rester, la vie devient chaque jour plus difficile : les deux provinces ont imposé le russe comme seule langue officielle . L’inexorable processus de russification a également affecté le secteur de l’éducation, où les programmes scolaires et universitaires ont été progressivement alignés sur ceux en vigueur dans la Fédération de Russie.

    Qui contrôle vraiment les territoires, c’est la Russie

    Si le présent est sombre, l’avenir n’augure rien de bon. Au cours des huit dernières années, la Russie a d’abord établi et accru son contrôle sur tous les aspects de la vie quotidienne dans l’est du Donbass , y compris les affaires politiques. Les citoyens russes occupent des postes clés au sein de l’administration publique, des grandes activités commerciales, des télécommunications et du système éducatif.

    Cependant , le principal instrument du pouvoir russe dans le Donbass reste le ministère de la Sécurité d’État , qui, selon Freedom House, est directement contrôlé par le Service fédéral de sécurité russe (également connu sous le nom de FSB).

    On pense également que des officiers réguliers de l’armée russe commandent les soi-disant « milices populaires » de l’est du Donbass , fortes de dizaines de milliers d’hommes.

    Cela dit, pourquoi la pénétration russe dans les structures politiques et militaires et le tissu économique des provinces séparatistes représente-t-elle un grave problème tant pour les perspectives de paix en Ukraine que pour les espoirs de plus grands droits pour ceux qui y vivent dans le Donbass ? La réponse est facile à comprendre : la présence russe massive et enracinée limitera davantage l’espace de manœuvre militaire, politique et économique des provinces séparatistes, les condamnant à une dépendance toujours plus grande vis-à-vis de Moscou .

    Pas de nouvelle liberté pas même en Transnistrie et en Crimée

    À ce stade, il est légitime de se demander si le Donbass oriental est un cas à part ou s’il reflète la tendance générale de tous les territoires contrôlés par les forces séparatistes pro-russes ( comme l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud et la Transnistrie) ou occupés en permanence par les Russes. (par exemple la Crimée ). Les scores de Freedom House pour ces territoires nous permettent de tirer quelques conclusions préliminaires.

    En premier lieu, l’autonomie obtenue par les militaires de ces territoires n’est pas une condition suffisante pour l’amélioration progressive des libertés fondamentales et des droits civils de ceux qui y résident. C’est certainement le cas de la Transnistrie, région de Moldavie mais de fait autonome depuis 1992, dont le score, déjà bas dès le départ, a chuté de six points ces cinq dernières années, atteignant les 18/100 actuels.

    Même l’Abkhazie, qui malgré le score le plus élevé parmi tous les territoires susmentionnés (40/100), n’a enregistré aucune amélioration au cours des cinq dernières années, perdant en fait un point de pourcentage.

    Deuxièmement, les territoires autonomes de facto obtiennent des scores nettement inférieurs à ceux des États souverains auxquels ils appartiennent formellement (Géorgie 58/100 ; Moldavie 62/100 ; Ukraine 61/100).

    Troisièmement et enfin, l’annexion à la Fédération de Russie, même là où elle représente la volonté populaire, ne s’est pas traduite par de plus grandes libertés pour les « nouveaux Russes ».

    Comme preuve de ce qui a été écrit, pensez à la situation tragique des Tartares, reconnus comme une population indigène de la Crimée soviétique il y a exactement un siècle et depuis 2014 à nouveau l’objet de persécutions systématiques. Sur les quelque 100 000 personnes qui ont quitté la Crimée depuis l’annexion de 2014, environ la moitié appartiennent à la minorité tatare. [1] Cela est vrai tant pour les territoires déjà formellement annexés (Crimée 7/100) que pour ceux qui y aspirent (Ossétie du Sud 11/100), dont les citoyens doivent endurer des limitations de liberté encore plus importantes que les vrais Russes. (19/100).

    Tout en reconnaissant que l’indépendance convoitée (avec la reconnaissance internationale qui en découle) est une condition différente et plus précieuse que l’autonomie dont jouissent actuellement ces territoires, il n’existe cependant aucune preuve empirique pour étayer l’argument selon lequel l’autodétermination des peuples précède et crée la conditions d’une transition démocratique et de droits accrus.

    Marco Bocchese

    Institut Italien d’Etudes Politiques Internationales, 16 mai 2022

    Au-delà de la « fin de l’histoire » : Nationalisme, libéralisme et la guerre en Ukraine
    par Hadas Aron et Emily Holland

    Hadas Aron est professeur assistant invité au Centre d’études européennes et méditerranéennes de l’Université de New York. Elle est spécialisée dans le populisme, le nationalisme, la démocratie et la politique européenne. Emily Holland est professeur assistant à l’Institut d’études maritimes russes de l’US Naval War College, spécialisée dans la politique étrangère russe, la géopolitique de l’énergie et la politique européenne.

    Lors d’un récent discours nocturne au peuple ukrainien, le président Volodymyr Zelensky a proclamé que Kiev était désormais « la capitale de la démocratie mondiale, la capitale de la lutte pour la liberté de tous sur le continent européen ».1 Zelensky a été un puissant communicateur tout au long de la guerre de la Russie contre l’Ukraine. Zelensky a été un puissant communicateur tout au long de la guerre de la Russie contre l’Ukraine. Ses discours dressent un tableau saisissant : les ténèbres de la dictature russe marchant sur l’Ukraine pour éteindre le phare de la démocratie libérale.

    Le monde observe l’alliance du libéralisme et du nationalisme dans la lutte de l’Ukraine pour sa survie. Ces deux idées étaient l’idéologie déterminante des luttes fondatrices 1 Présidence ukrainienne, Kyiv est maintenant la capitale de la démocratie mondiale, la capitale de la lutte pour la liberté pour tous en Europe – Discours du président Volodymyr Zelenskyy, 6 avril 2022, . pour la libération de la tyrannie comme la Révolution française et les révolutions de 1989. Pourtant, le nationalisme et le libéralisme comportent des éléments contradictoires qui apparaissent une fois les moments de crise passés. Après les révolutions de 1989, l’Occident, ivre du triomphe du libéralisme, a mal compris la centralité du nationalisme et a mis en œuvre des politiques qui ont finalement renforcé le nationalisme d’exclusion et affaibli le libéralisme.

    Le nationalisme, la lutte pour la souveraineté et l’autodétermination, n’est pas souvent associé au libéralisme, la philosophie politique qui met l’accent sur la protection des droits individuels. Ces dernières années en particulier, le nationalisme en est venu à signifier un nativisme d’exclusion. Des mouvements comme les Proud Boys et les Oath Keepers sont tout sauf libéraux : ce sont des suprémacistes blancs qui tentent de saper la démocratie libérale mondiale. Historiquement, cependant, le libéralisme et le nationalisme étaient du même côté à certains moments cruciaux de l’histoire.

    Comme l’histoire le démontre, ces forces s’alignent lorsqu’elles ont un ennemi commun, la tyrannie, mais deviennent souvent contradictoires une fois la lutte de libération achevée. En Europe, jusqu’aux révolutions de 1848, les nationalistes comme Lafayette, Garibaldi et Mazzini étaient des libéraux. Ils cherchaient à unir leurs nations sous des constitutions qui garantiraient les droits individuels. Mais la révolution libérale a échoué et après la restauration des monarchies en 1849, les objectifs des libéraux et des nationalistes ont divergé.

    Les libéraux cherchent à préserver leurs nouveaux droits constitutionnels, tandis que les nationalistes continuent à lutter pour l’unité nationale, mais sous une forme exclusive et conservatrice. En Allemagne, au lieu d’aligner les germanophones sur un ensemble d’idéaux civiques libéraux, l’État prussien militant a uni les Allemands par la guerre et l’expansion. En France, les républicains recherchent les droits démocratiques et l’égalité socio-économique, tandis que les nationalistes veulent redonner à la France sa gloire monarchique. Ces deux forces sont devenues le clivage déterminant du système politique français au moins jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

    En 1989, les peuples d’Europe centrale et orientale sont descendus dans la rue pour réclamer leur libération de l’oppression soviétique, abattant physiquement les murs qui séparaient l’Est de l’Ouest. Parmi eux se trouvait un jeune homme de 26 ans aux cheveux longs, Viktor Orbán, le controversé premier ministre hongrois, qui était l’incarnation de la combinaison du libéralisme et du nationalisme. Dans un discours célèbre, il a proclamé que les jeunes se battaient « pour l’établissement d’une démocratie libérale en Hongrie ».2

    Pourtant, dès le début des années 1990, Orbán, alors député et chef du parti Fidesz, a pris un virage à droite et mis l’accent sur le nationalisme. Ces dernières décennies, il est devenu un ennemi du libéralisme, réécrivant la constitution hongroise, démantelant les tribunaux et limitant les médias indépendants et la société civile.3 Aujourd’hui, la Hongrie n’est plus considérée comme une démocratie.4

    En Pologne, le mouvement libéral nationaliste Solidarité, mouvement emblématique de 1989, s’est scindé en factions libérales et nationalistes directement après la transition, et celles-ci restent enfermées dans une lutte existentielle pour l’avenir de la Pologne5 .

    En Pologne comme en Hongrie, une profonde animosité entre libéraux et nationalistes a conduit à une attaque nationaliste contre la démocratie libérale et à un inquiétant déclin démocratique dans les deux cas les plus prometteurs de démocratisation post-soviétique.

    La dernière décennie a en effet vu une montée du nationalisme dans le monde entier, un revers surprenant pour le libéralisme. Le nombre de personnes vivant dans des démocraties libérales n’a jamais été aussi bas depuis 19897, effaçant pour l’essentiel les avancées réalisées depuis la fin de la guerre froide. Mais le nationalisme n’est pas réapparu comme par enchantement : un examen historique attentif révèle l’existence de thèmes nationalistes forts dans la lutte pour se libérer du régime communiste. Dans ce moment libéral triomphant, l’Occident a considéré le nationalisme comme une idéologie révolue qui n’influencerait plus les résultats politiques.

    La fin de l’histoire ?

    L’ouvrage de Francis Fukuyama intitulé « La fin de l’histoire » traduit bien le sentiment de victoire de l’après-1989. Selon Fukuyama, le libéralisme avait finalement triomphé de toutes les idéologies politiques alternatives – le communisme, le fascisme et le nationalisme devaient tous être relégués dans les poubelles de l’histoire.8 Bien que Fukuyama ait mis en garde contre les dangers du populisme et la montée de la violence ethnique et nationaliste, son argument central est devenu le credo de l’après-guerre froide, et les décideurs politiques s’y sont appuyés pour concevoir l’architecture d’un « nouvel ordre mondial ».

    L’implication politique la plus importante du triomphe du libéralisme a été la conviction que l’Occident peut et doit exporter la démocratie au profit de l’humanité. La promotion de la démocratie est devenue un parapluie pour toute une série de politiques, y compris les réformes économiques dans les pays étrangers, la conception d’institutions politiques, l’investissement dans la société civile et même l’expansion de l’OTAN9 .

    Mais la promesse de la fin de l’histoire ne s’est pas concrétisée. En moins d’une décennie, la Yougoslavie a éclaté en une série de guerres nationalistes sanglantes, et la promesse naissante de la démocratie russe s’est effondrée dans le chaos et l’instabilité. Le programme de promotion de la démocratie n’était pas adapté à l’histoire et aux contextes sociaux particuliers des pays qu’il visait. En conséquence, même dans les pays qui évoluaient déjà vers la démocratie, comme la Hongrie et la Pologne, cette intervention descendante dans la politique intérieure a déclenché une réaction brutale contre le libéralisme, qui a éclaté après la crise financière de 2008. Les électeurs ont rendu les libéraux, qu’ils associaient aux réformes néolibérales mondiales, responsables de leurs difficultés.

    L’administration Clinton s’est faite la championne des réformes économiques à taille unique qui, dans certains endroits, ont échoué presque immédiatement. Dans de nombreux États postcommunistes, la première série de réformes, la privatisation, a été mise en œuvre rapidement, mais les réformes réglementaires nécessaires ont tardé. Cela a incité les acteurs corrompus à s’emparer des services et à bénéficier d’une réforme partielle.10 L’effondrement de la monnaie russe à deux reprises dans les années 1990 a suivi cette tendance, favorisant finalement l’ascension de Vladimir Poutine en tant que sauveur de la nation des douleurs et de l’instabilité du libéralisme.11 Cela s’est également produit en Ukraine dans les années 1990, créant une classe puissante d’oligarques qui ont pillé l’État et bloqué les réformes ultérieures.12

    Les efforts de lutte contre la corruption ont eu des résultats mitigés et se poursuivent. Les acteurs occidentaux ont également profité de la corruption ukrainienne de diverses manières.13 Paul Manafort est l’exemple honteux d’un acteur politique qui a défendu les intérêts des oligarques ukrainiens pro-russes pour son profit personnel.14 Plus généralement, la corruption généralisée et l’exploitation mercenaire ont soutenu l’affirmation nationaliste selon laquelle le libéralisme occidental était une façade hypocrite pour des intérêts économiques. Bien plus prometteuse que les efforts de réforme extérieurs est la pression croissante des citoyens ukrainiens qui en ont assez d’un système corrompu, ce qui s’est traduit par un changement politique15 .

    Pour les personnes qui ont connu le communisme, la confiance dans les institutions de l’État était presque inexistante. Après la transition, il n’y a pas eu de tentative majeure de convaincre les citoyens que le libéralisme était un système de valeurs important. Au lieu de cela, l’imposition rapide d’institutions fortement libérales, telles que de puissantes cours constitutionnelles, n’a pas laissé de place au développement des normes de l’État de droit et a finalement déclenché une réaction brutale. En Ukraine, la cour constitutionnelle est déjà considérée comme un acteur politique16, mais pas nécessairement comme un acteur libéral. L’Ukraine devrait faire preuve de retenue judiciaire et comprendre les limites des tribunaux dans les sociétés en voie de libéralisation.

    L’adhésion à l’UE est le Saint Graal pour les pays en voie de démocratisation. Les appels fréquents de l’Ukraine pour une adhésion accélérée pendant une guerre meurtrière montrent que les avantages culturels et économiques de l’adhésion restent une priorité absolue pour les pays candidats. Les Européens centraux et orientaux ont observé avec envie leurs voisins occidentaux s’enrichir et prospérer après la Seconde Guerre mondiale.

    Pour les élites politiques d’Europe centrale et orientale, la perspective d’adhérer à l’UE était si attrayante qu’il n’y avait pas de débat politique sur l’orientation des réformes requises. Cela signifie souvent une transformation fondamentale de la structure de l’État. Lorsque l’adhésion à l’UE n’a pas tenu ses promesses irréalistes, les libéraux nationaux ont été accusés de sacrifier l’intérêt national à leur propre intérêt. Ils sont devenus les agents nationaux d’un processus étranger avilissant.

    Nationalisme et libéralisme en Ukraine

    Depuis 1991, la politique ukrainienne est profondément polarisée, chaotique, marquée par une corruption endémique et son développement est entravé par la pénétration d’intérêts pro-russes. En conséquence, le système politique ukrainien a été paralysé, ce qui a conduit à l’indignation et à deux révolutions populaires en 2005 et 2014.

    Pourtant, comme l’a théorisé le sociologue Charles Tilly, les États sont consolidés par la guerre.17 Depuis la révolution de Maidan et l’annexion de la Crimée en 2014, l’Ukraine connaît un processus de changement.18 Pour les Ukrainiens, le sentiment d’une identité nationale unifiée s’est renforcé. La guerre actuelle ne peut que solidifier davantage l’identité nationale ukrainienne qui est composée d’éléments nationalistes et libéraux, car le nationalisme ukrainien s’oppose par nature à l’impérialisme russe illibéral.

    L’alignement des forces nationalistes et libérales s’est également produit en Europe centrale et orientale à la fin des années 1980, car l’identité nationale de la région s’opposait à l’oppression soviétique illibérale. Cependant, une fois que la menace d’une invasion russe a diminué, les deux forces se sont déchirées. Tant qu’il existe une menace russe importante contre l’Ukraine, le nationalisme peut continuer à être une force libérale. Il faut espérer que le conflit actuel sera bientôt résolu, mais cela n’effacera guère la réalité géographique et stratégique que constitue le fait d’avoir la Russie comme voisin immédiat. Quoi qu’il en soit, l’histoire démontre que rien ne garantit que le nationalisme restera libéral.

    After the conflict, Ukraine will need significant reconstruction, but it is crucial that this process give space and autonomy for Ukraine to internally resolve the tension between nationalism and liberalism. For the West it is important to support the demand for liberalism in Ukraine – liberalism is a tenet of the Western way of life and its most important discursive tool in its competition with China. At the same time, it is important to avoid outcomes like contemporary Hungary and Poland, where liberalism has lost ground to illiberal exclusionary nationalism. Ukraine has been mired in trouble since independence, but prior to WWII many Western European countries were non-democratic, and in some cases fascist. Ukraine’s history and future development should not be treated as deterministic.

    25 May 2022

    Notes :

    1 Ukrainian Presidency, Kyiv Is Now the Capital of Global Democracy, the Capital of the Struggle for Freedom for All in Europe – Address by President Volodymyr Zelenskyy, 6 April 2022, https://www.president.gov.ua/en/news/zarazkiyiv-ce-stolicya-globalnoyi-demokratiyistolicya-boro-74129.

    2 For a translation of the speech see: “Fill in the Blanks”, in The Orange Files, 20 June 2013, https://wp.me/p3vCr9-5i.

    3 Human Rights Watch, Wrong Direction on Rights. Assessing the Impact of Hungary’s New Constitution and Laws, 16 May 2013, https:// www.hrw.org/report/2013/05/16/wrongdirection-rights/assessing-impact-hungarysnew-constitution-and-laws; Patrick Kingsley, “After Viktor Orban’s Victory, Hungary’s Judges Start to Tumble”, in The New York Times, 1 May 2018, https://www.nytimes.com/2018/05/01/ world/europe/hungary-viktor-orban-judges. html; Krisztián Simon and Tibor Rácz, “Hostile Takeover: How Orbán Is Subjugating the Media in Hungary”, in Heinrich-Böll-Stiftung Articles, 22 August 2017, https://www.boell.de/en/ node/62129.

    4 Freedom House, “Hungary”, in Nations in Transit 2020, https://freedomhouse.org/ node/3458.

    5 Krzysztof Jasiewicz, “From Solidarity to Fragmentation”, in Journal of Democracy, Vol. 3, No. 2 (April 1992), p. 55-69.

    6 “EU Fines Poland €1 Million per Day over Judicial Reforms”, in Deutsche Welle, 27 October 2021, https://p.dw.com/p/42DrB. 7 Vanessa A. Boese et al., Autocratization Changing Nature? Democracy Report 2022, Gothenburg, V-Dem Institute, March 2022, https://v-dem.net/media/publications/dr_2022. pdf.

    8 Francis Fukuyama, “The End of History?”, in The National Interest, No. 16 (Summer 1989), p. 3-18. 9 Michael Mandelbaum, “Preserving the New Peace. The Case against NATO Expansion”, in Foreign Affairs, Vol. 74, No. 3 (May-June 1995), p. 9-13.

    10 Joel S. Hellman, “Winners Take All: The Politics of Partial Reform in Postcommunist Transitions”, in World Politics, Vol. 50, No. 2 (January 1998), p. 203-234.

    11 Kristy Ironside, “The Ruble Has Plummeted. It’s Not the First Time”, in The Washington Post, 28 February 2022, https://www. washingtonpost.com/outlook/2022/02/28/ ruble-has-plummeted-its-not-first-time.

    12 Serhiy Verlanov, “Taming Ukraine’s Oligarchs”, in UkraineAlert, 19 November 2020, https://www.atlanticcouncil.org/?p=322616.

    13 OECD Anti-corruption Network for Eastern Europe and Central Asia, Anti-Corruption Reforms in Ukraine: Prevention and Prosecution of Corruption in State-Owned Enterprises. 4th Round of Monitoring of the Istanbul AntiCorruption Action Plan, Paris, OECD, 4 July 2018, https://www.oecd.org/corruption/anticorruption-reforms-in-ukraine.htm.

    14 Ilya Marritz, “Let’s Recall What Paul Manafort and Rudy Giuliani Were Doing in Ukraine”, in ProPublica, 1 March 2022, https://www. propublica.org/article/lets-recall-what-exactlypaul-manafort-and-rudy-giuliani-were-doingin-ukraine.

    15 Steven Pifer, “Ukraine: Six Years after the Maidan”, in Order from Chaos, 21 February 2020, https://brook.gs/3bXkGmx.

    16 Alina Cherviastova, “False Dilemma”, in Verfassungsblog, 21 February 2021, https:// verfassungsblog.de/false-dilemma.

    17 Charles Tilly, Coercion, Capital, and European States, AD 990–1992, Cambridge, Basil Blackwell, 1990.

    18 Sofiya Kominko, “Ukraine’s Nation-Building Journey and the Legacy of the Euromaidan Revolution”, in UkraineAlert, 20 April 2021, https://www.atlanticcouncil.org/?p=380204.

    Source : Istituto Affari Internazionali



  • Crises mondiales et nouveaux ordres et désordres sociaux

    Crises mondiales et nouveaux ordres et désordres sociaux

    L’économie de marché, capitalisme, Ukraine, Chine, Russie, crise climatique, globalisation, Occident,

    par Derguini Arezki*

    Ce que je voudrai essayer de traduire dans ce texte qui restera cependant quelque peu sous-jacent, c’est le point auquel, il me semble, sont parvenus des économistes tels Daru Acemoglu et Dani Rodrik : premièrement, derrière le développement de l’économie de marché se trouvent des arrangements sociaux et deuxièmement, ceux-ci ne sont pas exportables.

    Il y a ainsi des arrangements sociaux favorables au développement du marché et d’autres qui le contrarient. Il fut un temps où des socialistes européens à la suite de Karl Polanyi opposaient société et société de marché, se refusant de confondre économie de marché et société de marché. Ils entendaient par société de marché, une société qui pousse toujours plus loin la production, le champ d’action du marché, la marchandisation de ses transactions, sans souci des conditions de reproduction des facteurs (du milieu vivant, humain et non humain) que la production humaine ne produit pas, sans souci du caractère foncièrement destructeur de la production, d’une « destruction créatrice » (J. Schumpeter) toujours plus destructrice.

    La société devait se défendre du marché, défendre les conditions non marchandes de l’économie, la production capitaliste étant devenue dangereusement destruction de son milieu naturel et social. L’économie devait être « réencastrée » dans la nature et la société, mise à sa place et non pas les dominer.

    Soit une économie de marché, une production contenue dans les limites de la reproduction de la société et de la planète et non une société n’obéissant qu’à la compétition et à la croissance de la production marchande. Cette notion déclassée aujourd’hui du fait de l’incapacité du marché à absorber la société, n’en a pas moins laissé derrière elle l’inquiétude qui la justifiait. On est désormais simplement inquiet de la trop grande pénétration sélective du marché dans l’ensemble des domaines de la vie. La production fabrique de plus en plus nombreux hybrides (humains augmentés de non humains), mais aussi de plus en plus de destructions et de déchets humains.

    La morale et le marché

    Un ouvrage célèbre du philosophe américain MICHAEL J. SANDEL en porte le souci : « Ce que l’argent ne saurait acheter. Les limites morales du marché.» Dans cette problématique, c’est la morale qui prendrait la défense de la société, qui mettrait l’économie à sa place. Cela nous rappelle un vieux débat apparu avec la naissance de l’économie politique : la fable des abeilles de Mandeville « les vices privés font la vertu publique » et la main invisible d’Adam Smith. Mais la morale de SANDEL, à la différence de celle de Smith et de Mandeville, reste à l’extérieur de l’économie. Ses limites sont externes, le problème se déplace alors : il faut s’interroger sur la place et le champ d’action de la morale dans la société et non plus sur la place et le champ d’action du marché. Mais il n’est pas traité.

    J’opposerai pour ma part, à titre d’hypothèse, à cette morale extérieure/transcendante, une morale dans l’économie et une économie dans la morale. Il ne faut pas s’étonner, à mes yeux, qu’une morale extérieure ait pour résultat de laisser l’économie sans morale.

    L’auteur s’appuie sur un certain nombre d’exemples concrets. Il ne s’interroge pas sur la morale comme il le fait à propos du marché. Voici son exemple emblématique : la crèche israélienne. Celle-ci « a décidé d’appliquer des amendes financières aux parents qui viennent récupérer leur enfant trop tardivement. La conséquence ne s’est pas fait attendre : les retards se sont multipliés. En effet, les parents ont instrumentalisé la mesure prise par la crèche pour l’ériger en tant que nouveau « service » : en échange d’une compensation financière, l’on pouvait arriver en retard tout en ayant bonne conscience. Le fait de payer l’amende les dédouanait de leur obligation d’arriver à l’heure.» L’auteur enferme la question économique dans des limites morales qu’elle n’a pas : avec l’amende, les parents ne sont plus « obligés » d’arriver à l’heure. Les parents n’ont pas confié leurs enfants à la crèche sur la base d’un contrat moral, la crèche n’est pas la famille dont on a abusé des services et vis-à-vis de laquelle on aurait des problèmes de conscience.

    La crèche n’abuse pas de ses employés à la suite de l’abus des parents. Les rapports contractuels entre la crèche, les clients et les employés sont clairs et respectés. Par contre, si la crèche voulait minimiser les heures supplémentaires de ses employés parce qu’elle veut faire respecter des horaires, elle aurait mieux fait de faire « payer » moralement ses clients plutôt que financièrement. Le contrat aurait été autant moral que financier. Mais sinon que diable est allée faire la morale dans cette galère ? Il est vrai que confier ses enfants à d’autres que soi n’est pas toujours une simple affaire économique, mais là n’était pas la question.

    Une morale qui a prise sur l’économie et sur laquelle l’économie a prise est interne à la pratique économique. Il n’y a pas morale d’un côté et économie de l’autre, il y a économie moralement acceptable et une morale économiquement acceptable. Car, comment une morale extérieure peut-elle prétendre régenter l’économie sans être totalitaire ? Prétention totalitaire que de vouloir que des principes, le rationnel, puissent subsumer le réel. La morale devrait être une morale de la pratique économique, autrement dit des mœurs économiques et une morale autant ex ante qu’ex post, des valeurs de la pratique économique, même quand elle est inspirée par des principes et des dogmes qui doivent alors être intériorisés. Ce que l’on peut reprocher à une telle approche morale, sans dénier à l’économie politique une dimension morale, c’est son extériorité, son détachement du souci de la reproduction des conditions d’existence de la vie en général. Le social et le naturel, la morale et l’économie sont ici dissociés, par conséquent les « limites planétaires »[1] de la production et la production de déchets (humains et non humains) sont alors ignorées.

    Ce qui est donc recherché, c’est non pas une société dans le marché, dominée par l’économie de marché où, à la suite de Karl Polanyi, on montre que l’extension de la production marchande détruit société et nature, détruit en consommant des facteurs qu’elle ne reproduit pas (capital naturel), sépare les individus en début de parcours en les spécialisant, mais ne les réunit pas en fin de course pour faire société[2]. Avec le développement de la production marchande, de la division du travail et de la spécialisation, nous dépendons d’un plus en plus grand nombre de personnes qui n’ont nul besoin d’entretenir des rapports de familiarité. Pour beaucoup d’entre eux, les rencontres avec les produits qu’ils vendent sur les marchés qu’ils fréquentent suffisent. Bref, nous dépendons de plus en plus d’étrangers, d’un monde d’une familiarité limitée, sur lesquels nos prises sont incertaines.

    Avec la guerre en Ukraine et la « rivalité systémique » déclarée de la Chine par l’Occident, cette indifférence à l’égard des gens avec qui nous échangeons est mise en cause.

    On s’abstient, ou on veut s’abstenir, d’échanger avec des gens qui désormais entretiennent avec nous des rapports « inamicaux ». La compétition pour l’hégémonie entre la Chine et les USA, la guerre entre la Russie et l’Ukraine, la crise climatique, ont posé la question de savoir à qui profitent les interdépendances créées par la globalisation et pour quelles conséquences. De voir qu’elles ont profité davantage à la Chine et aux pays émergents fait réagir l’Occident de manière guerrière.

    La rivalité systémique et la guerre ont introduit dans les échanges avec les étrangers la différence entre les amis, les ennemis et les autres. Il faut affaiblir celui qui nous combat, porter atteinte à ses ressources. Avec les sanctions économiques, l’économie apparaît pour ce qu’elle est, la servante, la logistique, du militaire.

    Les interdépendances étant ce qu’elles sont, il faut ne pas échanger avec le rival pour l’affaiblir et non s’affaiblir. Les sanctions économiques sont des armes à double tranchant. Il ne faut pas acheter à la Russie son gaz et son pétrole, mais il ne faut pas en souffrir plus qu’elle. Les USA qui crie haut et fort que leur ennemi principal est la Chine, envisage de réduire les taxes sur les produits chinois pour éviter que l’inflation ne réduise singulièrement le pouvoir d’achat des Américains au moment précis où la Chine adopte une stratégie sanitaire qui freine les échanges : la santé d’abord, l’économie ensuite dit-elle dans sa compétition idéologique.

    En effet, en décidant que la santé doit primer sur l’économie avec une politique zéro Covid, elle réduit ses échanges avec le monde extérieur et contrarie la politique de défense du pouvoir d’achat US. Les USA ne manquent pas d’accuser la Chine de ce comportement inamical. En faveur de qui la balance des rapports de forces va-t-elle pencher ? On pourrait dire qu’une telle politique américaine de lutte contre l’inflation va attiser les oppositions au sein des producteurs chinois qui se soucieraient davantage de leur situation matérielle que de la santé d’une société chinoise vieillissante, à la différence du Parti communiste chinois. Certaines réactions chinoises laissent penser une certaine rigidité, une certaine difficulté à se tourner vers le marché intérieur, des producteurs chinois.

    Certains pourront dire que l’opinion occidentale ne doit pas être déçue, elle veut et doit être dupée. Il n’est donc pas sûr que les sanctions économiques contre la Russie, dans le cours desquelles semble s’inscrire la politique zéro-Covid et l’accentuer, ne se retournent pas contre l’Occident lui-même. À moins que l’Europe réussisse à transformer cette crise en opportunité : elle pourrait obtenir de la société une austérité/sobriété qu’elle ne pourrait pas obtenir autrement pour réaliser la nécessaire, mais douloureuse transition énergétique. En effet, face à la crise climatique, les autorités politiques démocratiques doivent faire face aux « rigidités » des puissants producteurs et consommateurs.

    Les sanctions économiques qui ont visé à séparer les sociétés de leurs dirigeants, en leur rendant la vie plus difficile, ont échoué. Les sanctions économiques ont durci le régime iranien, elles ne menacent pas son existence quoiqu’elles puissent affecter ses performances. Elles ont tendance à renforcer le lien entre ses dirigeants et la société engagée.

    Car de vouloir punir les dirigeants, le régime, les sanctions punit d’abord la société qui en retour ne se défait pas comme attendu de ses dirigeants. Les sociétés peuvent refuser de répondre aux « incitations » extérieures. Les sanctions peuvent accroitre la souffrance des uns et la détermination des autres.

    Par ailleurs, les sociétés sous sanctions économiques ne sont plus dupes : les sanctions sont moins conçues pour défaire des autorités despotiques, instaurer la démocratie, que pour soumettre ces mêmes autorités à une volonté extérieure. Il est fort souhaitable que l’Afrique qui s’est abstenue de prendre parti pour les sanctions économiques contre la Russie puisse approfondir sa démarche, profiter du cours des choses pour sortir de la gravitation autour des centres de gravité étrangers. Mais les opportunités arrivent probablement trop tôt.

    Les arrangements sociaux précèdent les transactions marchandes

    Dans son livre « ce que l’argent ne saurait acheter », le philosophe américain déplore l’absence dans la vie politique de débat qui puisse examiner sérieusement le rôle et le champ d’action du marché. Le rôle du marché est d’effectuer des transactions monétaires. Tant que les transactions peuvent régler les différences de potentiel à la base des échanges (ex. j’ai du temps et pas d’argent, il a de l’argent et pas de temps), le marché est dans sa fonction. Une structure des échanges permet d’établir des rapports sociaux pacifiés, une structure sociale. Tolérer certains échanges, c’est tolérer certains rapports sociaux, une certaine division du travail. Le marché est le visiteur du soir, il arrive quand la société est prête à concéder un rapport social, une transaction. Quand un ennemi est défait et doit accepter un traité, par exemple. Ainsi le gouvernement indépendant d’Haïti qui a dû indemniser les anciens propriétaires d’esclaves des pertes qu’ils ont subies après que les esclaves se soient libérés. Les esclaves devaient racheter leur liberté et ne pouvaient pas réclamer des dédommagements pour leur mise en esclavage. Celui qui ne pouvait nourrir sa famille, autre exemple, pouvait confier un de ses enfants à autrui pour sauver sa vie et celle de son enfant ; ou autre exemple, partir en guerre contre le riche pour lui arracher une partie ou le tout de ses réserves. Une société, comme la société « segmentaire », qui ne pouvait tolérer qu’un individu soit exproprié de sa terre, son moyen de subsistance, et transformé en prolétaire, n’acceptera pas que la terre soit une marchandise. On ne peut pas, à proprement parler, parler de valeurs marchandes, mais de valeurs non marchandes qui rendent possible un échange marchand. Une société qui accepte qu’un individu soit séparé de ses conditions de subsistance (ne puisse pas subsister de par lui-même), mais refuse qu’il puisse disposer d’un autre individu, autrement que d’une partie de son temps, tolèrera le salariat, mais pas l’esclavage.

    Qu’une société qui accepte que certains soient propriétaires de moyens de production et d’autres non, qui décide que la règle qui organise leurs rapports soit le contrat entre parties juridiquement égales, ne tolèrera pas qu’un individu dispose d’un autre individu autre chose que ce que ce dernier et la société lui accordent. Une société qui institue l’école obligatoire ne permet pas que des parents puissent disposer librement de leurs enfants. Elle interdira le travail des enfants et s’indignera de ce qu’un parent fasse travailler son fils ou sa fille. Des arrangements sociaux précèdent les transactions marchandes. Le marché libre n’est libre d’exécuter que les transactions que les arrangements sociaux permettent. Les sociétés africaines sont instables parce que leurs arrangements sociaux le sont et ne permettent pas aux échanges de former des centres de gravité endogènes.

    En vérité ce dont s’indigne SANDEL, c’est le caractère foncièrement esclavagiste de la société américaine, dont l’histoire consiste en un réaménagement permanent de cette société originairement esclavagiste.

    Elle s’est érigée contre le féodalisme, sans toucher à son fondement esclavagiste. Dans une telle société qui tolère une division sociale fondamentale entre possédants et non-possédants, où l’individu jouit d’une propriété privée exclusive et de la liberté de disposer de soi, tout finit par se vendre. Tant que la société butera sur cette division fondamentale, son sens de la justice ne pourra que s’indigner moralement, en essayant de se protéger de la destruction par des limites juridiques.

    Quant au champ d’action du marché, il doit pouvoir être le plus large possible afin de donner une vie matérielle la plus riche possible. Plus nous travaillons pour un nombre important de personnes et plus un nombre important travaille pour nous, plus nous sommes riches et puissants. Dans le passé préindustriel, plus un individu disposait de serviteurs, plus il était « riche ». Les hommes riches étaient des guerriers qui soumettaient les autres à leur propriété. Aujourd’hui, plus on dispose de machines à son service plus on est riche et puissant. Les guerriers doivent se soumettre des machines qui sont et seront fabriquées. Les professionnels de la guerre qui ont voulu se réserver les machines n’ont pas triomphé. Les vainqueurs ont partagé les usages de ces machines avec la société qui supporte leur production en retour. Pour parler comme Pierre Jancovici, on était riche du nombre d’esclaves (de choses humaines) que l’on possédait, on est riche du nombre d’esclaves mécaniques (de choses non humaines) qui sont à notre service. Ici la morale a une place claire : on est riche du nombre d’objets que l’on extrait du monde. Aujourd’hui la nouveauté, c’est que ces objets sont encombrants, c’est que ces « esclaves mécaniques », en se multipliant, consomment plus de vie, de matière et d’énergie fossiles qu’il ne peut en être produit, produisent plus de déchets qu’il ne peut être éliminé, détraquent ainsi les équilibres sociaux et naturels. Ils se substituent au travail humain et fabriquent des populations inutiles. Leur développement ne peut être donc illimité. Le marché rencontre donc des limites externes, les limites planétaires, et des limites internes, l’offre ne produit plus sa demande, crée des congestions dans la circulation et ne distribue plus les revenus qui permettent de l’acheter. Vers quels réaménagements de la société de nature esclavagiste se dirige-t-on ?

    Nous restons dans la même problématique : dans les nouvelles limites de la production, le plus riche et le plus puissant est celui qui peut mettre en œuvre le plus d’esclaves mécaniques. Un continent comme la Russie qui possède la matière et l’énergie non humaine ne doit pas posséder les machines les plus puissantes, si on veut l’empêcher d’être une puissance rivale. Elle doit rester soumise à une division internationale primaire du travail : à elle les matières premières, aux USA, et leurs suivants, les machines. L’Allemagne ne doit pas disposer d’une énergie bon marché pour développer sa puissance industrielle, cela déséquilibre les comptes extérieurs US. La guerre de la Russie contre l’Ukraine est envisagée par les USA comme une politique de réduction de la compétition qui menace l’hégémonie US. On chante l’unité occidentale avec la guerre contre l’Ukraine, en vérité on fait semblant de ne pas voir que les USA travaillent pour une hégémonie anglo-saxonne, jouent des divisions de l’Europe et mettent en demeure cette dernière d’accepter une certaine division du travail avec eux. Certains sont attachés à une telle hégémonie américaine, ainsi de la Pologne et des pays de l’Est qui veulent se protéger de l’Allemagne, alors que cette dernière doit se rappeler qu’elle a été la vaincue de la Seconde Guerre mondiale.

    Le champ d’action du marché doit donc être le plus large possible étant donné des arrangements sociaux acceptables. La compétition internationale dominée par l’Occident doit accepter les arrangements sociaux de celui-ci afin qu’il puisse demeurer le centre de gravité du monde. Il devient de plus en plus net que les arrangements sociaux ne sont pas exportables, les pays qui ont réussi à étendre le champ d’action de leurs échanges, et en voie de développer leur économie de marché, sont ceux qui ont pu définir les arrangements qui ont permis une telle extension.

    Il faut bien constater cependant qu’étendre le champ d’action du marché ne préfigure pas de la distribution de ses centres de gravité. Tous les pays du monde ont connu une extension considérable du champ d’action du marché, mais peu ont réussi à en apprivoiser les forces. On peut dire aujourd’hui que les USA visent à priver la Chine d’une telle intériorité économique en s’efforçant de la faire avorter. Ils poussent la Chine à se priver de la contribution technologique internationale par leur attitude et leurs sanctions afin que ne puissent pas se former et se stabiliser ses centres de gravité intérieurs.

    Extension du marché et configuration de ses centres de gravité

    Un marché étendu ne peut donc se préserver face à des sanctions économiques extérieures que s’il est en mesure de s’auto-entretenir. Ce qu’il ne peut faire que si l’extension de son champ d’action s’est accompagnée de la formation de centres de gravité qui prennent de la consistance avec ces sanctions. Il doit pouvoir comprendre les retournements de situations, tels ceux qui se sont produits entre les puissances émergentes et les anciennes puissances : situations de marché favorables aux dernières au départ puis défavorables, d’amicales au départ puis inamicales. L’économie doit pouvoir être à double circulation, s’étendre au monde pour constituer des centres de gravité, être en mesure de se restreindre autour de centres de gravité endogènes avec la réduction du champ d’action du marché.

    Ces deux capacités, s’étendre le plus largement possible en situation de paix et se restreindre à soi-même en situation d’adversité, supposent une certaine capacité d’adaptation, une certaine « flexibilité » des offres et des demandes, soit fondamentalement, une certaine résilience de la société.

    La guerre actuelle en Ukraine, la « rivalité systémique » entre la Chine et les USA et la crise climatique, vont mettre à l’épreuve la résilience de toutes les sociétés du monde, qu’elles soient ukrainiennes et russes, ou européennes, nord-américaines, africaines et autres. Résilience de ces centres de gravité qui exprime la capacité de la société, des sociétés à s’organiser et vivre autour de certains échanges. Le marché ne peut plus se penser autrement qu’à des échelles régionales. Ce qui est en question, c’est la distribution internationale de ses centres de gravité. Les échanges d’une nation ne peuvent dépendre exclusivement de centres de gravité extérieurs, comme ils ne peuvent compter exclusivement sur des centres internes de gravité. Le capital politique d’une nation s’épuise s’il ne s’arme pas des autres formes de capital. Les centres nationaux de gravité se défont s’ils ne sont pas associés à des centres de gravité extérieurs pour constituer une société/économie qui se suffise. C’est dans le cadre d’une configuration des centres de gravité qui peut réaliser une telle suffisance que réside l’autonomie de décision. Nous sommes globalement devant la situation suivante : à l’Occident la technologie, au reste du monde les matières premières, dont les céréales et l’énergie. Si les pays réémergents dont la Chine, l’Inde, la Turquie, l’Iran et émergents tel le Brésil, les Émirats arabes unis pour ne citer que ceux-là, tournent le dos au chantage technologique occidental, s’ils réussissent à produire la technologie dont le reste du monde a besoin, le bloc occidental ne pourra rien faire face au retournement du marché qui leur est défavorable. Il suffit que le monde non occidental refuse l’affrontement qui est proposé par la Russie et les USA, se détache des problèmes de l’Occident pour s’attacher à ses propres problèmes, pour que se dégagent les nouveaux centres de gravité mondiaux dont il a besoin.

    En guise de conclusion. S’attacher à la résolution de ses propres problèmes, c’est définir correctement les arrangements sociaux qui permettront à la société de se mettre en ordre. Sans cette mise en ordre, on ne peut envisager une compétition à la mesure de la compétition internationale. On ne peut pas aussi, sans cela, envisager ni un « encastrement » de l’économie dans la société ni une extension des échanges qui puisse permettre la formation de centres de gravité , soit une transformation de flux externes en flux internes, puis en flux internes s’auto-entretenant.

    Les crises mondiales actuelles offrent des opportunités différentes à chaque région, à chaque pays. Qui sera en mesure de les saisir ? D’établir les bons arrangements sociaux, la bonne extension du marché et la bonne configuration des centres de gravité économiques à même de soutenir l’autonomie de la décision politique ? Certainement pas ceux qui voudront imposer un cours au monde, mais plutôt ceux qui au plus près de ce cours pourront emprunter les bifurcations qui peuvent conduire à la formation d’un nouveau cours. Je parie sur la Chine, l’Inde et l’Europe, si ces régions arrivent à converger quant à la transition énergétique, autrement dit à rester compétitives, c’est-à-dire les moins affectées par les congestions et les inégalités internes, tout en réduisant leur consommation énergétique, le nombre de leurs esclaves mécaniques. L’Afrique peut-être, non par dessein, mais plutôt par nécessité et humilité.

    [1] 9 grands équilibres conditionnent notre vie sur terre.
    [2] La fabrication de l’homme inutile (la pire des inégalités selon Pierre Noël Giraud) et la destruction du capital social de Robert Putnam.
    *Enseignant chercheur en retraite, Faculté des Sciences économiques, Université Ferhat Abbas Sétif ancien député du Front des Forces Socialistes (2012-2017), Béjaia.

    Le Quotidien d’Oran, 02 juin 2022

    #Ukraine #Russie #Economiedemarché #Globalisation #Occident #Chine #PaysEmergents

  • La Russie est en train de gagner la guerre économique

    La Russie est en train de gagner la guerre économique

    Russie, Vladimir Poutine, Europe, Occident, Ukraine, embargo, guerre économique, Pétrole, gaz,

    Les effets pervers des sanctions se traduisent par une augmentation des coûts du carburant et des denrées alimentaires pour le reste du monde – et les craintes grandissent d’une catastrophe humanitaire. Tôt ou tard, un accord doit être conclu

    Cela fait maintenant trois mois que l’Occident a lancé sa guerre économique contre la Russie , et cela ne se déroule pas comme prévu. Au contraire, les choses vont vraiment très mal.

    Des sanctions ont été imposées à Vladimir Poutine non pas parce qu’elles étaient considérées comme la meilleure option, mais parce qu’elles étaient meilleures que les deux autres plans d’action disponibles : ne rien faire ou s’impliquer militairement.

    La première série de mesures économiques a été introduite immédiatement après l’invasion, alors qu’il était supposé que l’Ukraine capitulerait en quelques jours. Cela ne s’est pas produit, si bien que les sanctions – bien qu’encore incomplètes – se sont progressivement intensifiées.

    Il n’y a cependant aucun signe immédiat de retrait de la Russie de l’Ukraine et ce n’est guère surprenant, car les sanctions ont eu l’effet pervers de faire grimper le coût des exportations russes de pétrole et de gaz, d’augmenter massivement sa balance commerciale et de financer son effort de guerre. Au cours des quatre premiers mois de 2022, Poutine pourrait se vanter d’un excédent du compte courant de 96 milliards de dollars (76 milliards de livres sterling) – plus du triple du chiffre pour la même période de 2021.

    Lorsque l’UE a annoncé son interdiction partielle des exportations de pétrole russe plus tôt cette semaine, le coût du pétrole brut sur les marchés mondiaux a augmenté, offrant au Kremlin une autre manne financière. La Russie n’éprouve aucune difficulté à trouver des marchés alternatifs pour son énergie, avec des exportations de pétrole et de gaz vers la Chine en avril en hausse de plus de 50 % sur un an.

    Cela ne veut pas dire que les sanctions sont sans douleur pour la Russie. Le Fonds monétaire international estime que l’économie se contractera de 8,5 % cette année à mesure que les importations en provenance de l’ouest s’effondreront. La Russie dispose de stocks de biens essentiels au maintien de son économie, mais avec le temps, ils seront épuisés.

    Mais l’Europe ne se libère que progressivement de sa dépendance à l’égard de l’énergie russe, et ainsi une crise financière immédiate pour Poutine a été évitée. Le rouble – grâce au contrôle des capitaux et à un excédent commercial sain – est fort . Le Kremlin a le temps de trouver des sources alternatives de pièces de rechange et de composants auprès de pays désireux de contourner les sanctions occidentales.

    Lorsque les acteurs mondiaux se sont réunis à Davos la semaine dernière, le message public était la condamnation de l’agression russe et un engagement renouvelé à soutenir fermement l’Ukraine. Mais en privé, on s’inquiétait des coûts économiques d’une guerre prolongée.

    Ces inquiétudes sont tout à fait justifiées. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a donné un nouvel élan à des pressions déjà fortes sur les prix. Le taux d’inflation annuel du Royaume-Uni s’élève à 9 % – son plus haut niveau en 40 ans – les prix de l’essence ont atteint un niveau record et le plafond des prix de l’énergie devrait augmenter de 700 à 800 £ par an en octobre. Le dernier programme de soutien de Rishi Sunak pour faire face à la crise du coût de la vie était le troisième du chancelier en quatre mois – et il y en aura d’autres à venir plus tard dans l’année.

    À la suite de la guerre, les économies occidentales sont confrontées à une période de croissance lente ou négative et d’inflation croissante – un retour à la stagflation des années 1970. Les banques centrales – y compris la Banque d’Angleterre – estiment qu’elles doivent répondre à une inflation proche des taux à deux chiffres en augmentant les taux d’intérêt. Le chômage est appelé à augmenter. D’autres pays européens sont confrontés aux mêmes problèmes, sinon plus, car la plupart d’entre eux sont plus dépendants du gaz russe que le Royaume-Uni.

    Les problèmes auxquels sont confrontés les pays les plus pauvres du monde sont d’un ordre de grandeur différent. Pour certains d’entre eux, le problème n’est pas la stagflation, mais la famine, en raison du blocage de l’approvisionnement en blé des ports ukrainiens de la mer Noire.

    Comme l’a dit David Beasley, le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial : « En ce moment, les silos à grains de l’Ukraine sont pleins. Dans le même temps, 44 millions de personnes dans le monde marchent vers la famine.

    Dans toutes les organisations multilatérales – le FMI, la Banque mondiale, l’Organisation mondiale du commerce et les Nations unies – les craintes grandissent d’une catastrophe humanitaire. La position est simple : à moins que les pays en développement ne soient eux-mêmes des exportateurs d’énergie, ils font face à un triple coup dur dans lequel les crises énergétiques et alimentaires déclenchent des crises financières. Confrontés au choix de nourrir leurs populations ou de payer leurs créanciers internationaux, les gouvernements opteront pour le premier. Le Sri Lanka a été le premier pays depuis l’invasion russe à faire défaut sur ses dettes , mais il est peu probable que ce soit le dernier. Le monde semble plus proche d’une véritable crise de la dette qu’à n’importe quel moment depuis les années 1990.

    Poutine a été condamné à juste titre pour avoir « militarisé » la nourriture, mais sa volonté de le faire ne devrait pas surprendre. Depuis le début, le président russe joue un long jeu, attendant que la coalition internationale contre lui se fragmente. Le Kremlin pense que le seuil de souffrance économique de la Russie est plus élevé que celui de l’Occident, et il a probablement raison à ce sujet.

    S’il fallait une preuve que les sanctions ne fonctionnent pas, alors la décision du président Joe Biden de fournir à l’Ukraine des systèmes de roquettes avancés le fournit . L’espoir est que la technologie militaire moderne des États-Unis réalisera ce que les interdictions énergétiques et la saisie des actifs russes n’ont pas réussi à faire jusqu’à présent : forcer Poutine à retirer ses troupes.

    La défaite complète de Poutine sur le champ de bataille est une façon dont la guerre pourrait se terminer, bien que dans l’état actuel des choses, cela ne semble pas si probable. Il y a d’autres résultats possibles. La première est que le blocus économique finit par fonctionner, avec des sanctions de plus en plus sévères forçant la Russie à reculer. Un autre est un règlement négocié.

    Poutine ne va pas se rendre sans condition, et le potentiel de graves dommages collatéraux de la guerre économique est évident : baisse du niveau de vie dans les pays développés ; la famine, les émeutes de la faim et une crise de la dette dans le monde en développement.

    Les atrocités commises par les troupes russes signifient qu’un compromis avec le Kremlin est actuellement difficile à avaler, mais la réalité économique ne suggère qu’une chose : tôt ou tard, un accord sera conclu.

    Larry Elliot

    Larry Elliott est le rédacteur économique du Guardian

    The Guardian, 02 juin 2022

    Lire aussi : Poutine compte se débarrasser du dollar et de l’euro

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    Lire aussi : Poutine : Biden est un âpre négociateur

    #Russie #Ukraine #Poutine #Guerre_économique #Gaz #Pétrole #Embargo #Occident #Europe #UE

  • Au nom de la liberté des suprématistes

    Au nom de la liberté des suprématistes

    Occident, OTAN, Etats-Unis, Russie, Chine, URSS, Ukraine, danger nucléaire,

    par Saadeddine Kouidri

    Pour les USA, la Chine va à l’encontre des règles qui rendent le monde tel « que nous voulons qu’il soit », dixit Joe Biden. Un monde qu’illustre la tuerie de 19 écoliers par un adolescent de 18 ans, ce mardi 24.05.22 au Texas. Suite à ce crime, le Président de la première puissance mondiale trouve qu’Il est temps de transformer la douleur en action et se pose la question : «Quand, pour l’amour de Dieu, allons-nous affronter le lobby des armes» ? Ce lobby est aux mains des suprématistes blancs, dont l’étendard est déployé par les soldats d’Azov en Ukraine et des évangélistes qui dominent le Congrès étasunien et qui, les premiers, aident l’Etat juif d’Israël. C’est au nom de leurs croyances que les guerres broient les peuples depuis des siècles et leur système politique n’est rien d’autre que le processus de l’intérêt économique dont celui de vendre des armes, qu’importe les conséquences. C’est cette immoralité qui condamne ce système politique qui mène à l’exploitation par l’homme, dont l’accaparement de la plus-value des travailleurs est manifeste depuis la Critique de Karl Marx. Quant à l’accaparement des ressources naturelles par les davoshiens and Co, elle a comme conséquence 282 millions de personnes sous-alimentées que compte la FAO dans le seul continent africain. Ces pauvres n’habitent pas dans des États-Nations mais dans des Etats livrés aux davoshiens ou leurs acolytes.

    Le danger du surarmement nucléaire au temps de la bipolarisation a fait fléchir l’URSS qui a cru que la crainte était assez mûre pour être partagée ! Mal lui en prit. On connaît la suite. Il s’avère aujourd’hui que le monde est sévèrement nucléaire. Ce qui le condamne à être multipolaire. C’était l’URSS, prétendument communiste, qui était l’ennemie des USA. Aujourd’hui, c’est la Chine qui est déclarée le nouveau premier ennemi du maître du monde à cause de sa puissance économique dans le monde et non plus à cause du Parti communiste chinois au pouvoir !

    Depuis 1989, la poussière provoquée par la chute du mur de Berlin a mis des décennies pour se dissiper, laissant entrevoir la muraille de Chine et c’est seulement l’entrée de l’armée russe le 24.02.22 en Ukraine qui révèle, aux utopistes, aux économistes, et à tous les idéalistes que le conflit mondial n’est pas économique mais politique. Sans le sacrifice des peuples de l’URSS dirigée par Staline, Hitler aurait colonisé et asservi l’Europe. Sans la Résistance populaire, dirigée par l’Émir, le sort des Algériens aurait été scellé à l’instar des Amérindiens. Sans l’opération en Ukraine, la république de Russie aurait été vassalisée à l’instar de la France et ses alliés par les suprématistes blancs étasuniens dont Azov, ce régiment néonazi, en est le représentant en Ukraine à défaut de l’OTAN.

    Gorbatchev avait cru que le capitalisme est pourvu d’éthique dont celle de croire à la parole donnée. Son marxisme contraire à celui de Staline qui doute de l’autre, sont tous deux dépourvus de naturalisme au point ou le premier ignore que la morale des idéalistes est du ressort de l’intérêt avant tout. On apprend qu’au Forum économique de Davos 2022 que la Covid a été la période la plus rentable de tous les temps et qu’à toutes les 30 heures, un nouveau milliardaire a été créé pendant la pandémie. Ce forum, qui regroupe 1.000 davoshiens, les plus fortunés du monde, a comme cible principale les Etats-Nations, « ces empêcheurs de tourner en rond », dixit Georges Soros, l’un de ces membres, appelle « à vaincre Poutine pour sauver notre civilisation ». YouTube servile aux fortunés a supprimé des dizaines de milliers de vidéos et des dizaines de chaînes pour avoir qualifié la guerre en Ukraine de mission de libération ! Quant au directeur de la Banque de France, cet autre davoshien, déclare que «l’inflation causée par la guerre en Ukraine est le prix à payer pour défendre nos civilisations». Leur civilisation est d’essence immorale puisqu’elle trouve de l’intérêt dans les guerres, les pandémies et dans la colonisation de peuplement de la Palestine et la colonisation du Sahara Occidental.

    On vient d’apprendre que dans le sud de la Cisjordanie, Israël expulse un millier de Palestiniens. Dans un de ces hameaux, des forces israéliennes arrivent ce mercredi et, sans dire un mot, ordonnent à la famille de s’éloigner, détruisent en moins d’une heure la cuisine, trois pièces, un pigeonnier, un enclos et les deux tentes d’Abou Sabha.

    Nous savons aujourd’hui plus que jamais que la morale n’existe que dans le matérialisme moderne qui a comme socle le naturalisme. Le capitalisme, adossé aux religions, fait croire aux utopistes et autres idéalistes que les potentialités nouvelles de progrès mènent intrinsèquement vers un monde plus humain pour faire croire que son processus n’est jamais immoral puisque basé sur les libertés. Nous savons aujourd’hui de quelles libertés il s’agit, celle du sioniste, la liberté de tuer le Palestinien, celle du fils du riche étasunien de tuer le pauvre et particulièrement le noir. La tendance foncière du capitalisme est dans l’intérêt qui l’entraîne à se développer aux dépens non seulement des besoins de l’humanité mais de la vie. Quant à l’impérialisme, il ne «désarme pas du seul fait de trouver plus de réalisme en face de lui».

    Suite à l’annonce de Washington et Tokyo qu’ils vont surveiller les récentes activités de la marine chinoise ainsi que les mouvements liés aux exercices conjoints de la Chine et de la Russie, des bombardiers stratégiques (armés de bombes nucléaires) chinois et russes volent au-dessus de la mer du Japon pendant la visite de Biden. La réponse du berger à la bergère est une solution persuasive, certes, mais temporaire car l’impérialisme ne désarme que quand il trouvera l’intérêt économique shunté par une morale adossée à une puissance plus forte que la sienne, celle de l’union des peuples qui a comme morale naturelle, la préservation de la vie, de la sympathie de l’autre, la solidarité.

    Le Quotidien d’Oran, 31 mai 2022

    #EtatsUnis #Chine #Russie #Occident #Ukraine #OTAN

  • L’Occident peut-il survivre sans pétrole russe ?

    L’Occident peut-il survivre sans pétrole russe ?

    Russie, Occident, Etats-Unis, Europe, UE, pétrole, Ukraine, OPEP,

    Les pays qui demandent un embargo pourraient ne pas trouver d’autres fournisseurs de brut

    L’UE et le Royaume-Uni ont récemment annoncé leur intention d’interdire tous les achats de pétrole russe d’ici la fin de l’année en réponse à l’opération militaire russe en Ukraine. Washington a déjà déclaré une interdiction complète du pétrole russe. Moscou, quant à lui, a prévenu que couper son brut entraînerait « des conséquences catastrophiques pour le marché mondial », une notion approuvée par le chef de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), Mohammed Barkindo, qui a récemment averti les responsables de l’UE que il serait impossible de remplacer les volumes perdus si le pétrole russe était interdit. La Russie est le troisième producteur mondial de pétrole et le deuxième exportateur mondial. Au milieu des inquiétudes mondiales d’une crise énergétique imminente, les pays occidentaux recherchent des fournisseurs alternatifs.

    La Norvège
    Norvège est le deuxième fournisseur de pétrole de l’Europe après la Russie, fournissant 8 % des importations de pétrole de l’UE, contre 27 % pour la Russie en 2021. Elle pompe environ 4 millions de barils d’équivalent pétrole par jour et devrait augmenter sa production de 9 % d’ici 2024. Le pays a annoncé en mars qu’il offrirait de nouvelles licences pour forer du pétrole et du gaz, y compris dans des zones jusqu’alors inexplorées de l’Arctique. Cependant, à plus grande échelle, la production norvégienne ne représente que 2 % de la demande mondiale totale de pétrole brut, ce qui signifie qu’il s’agit d’un petit acteur. Pendant ce temps, les nouveaux sites de forage prennent du temps à explorer et à développer – un temps que l’Europe n’a pas.

    Kazakhstan

    L’ancienne république soviétique possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole de la région de la mer Caspienne. La plupart de ses exportations de pétrole brut sont destinées à l’Europe, représentant environ 6 % de ses importations de pétrole. Cependant, le Kazakhstan compte sur la Russie pour exporter la majeure partie de son pétrole brut via un oléoduc depuis ses champs pétrolifères occidentaux via le sud de la Russie jusqu’au terminal pétrolier russe de la mer Noire à Novorossiysk. Cela soulève la question de savoir si le pétrole kazakh serait autorisé à venir en Europe s’il était expédié via la Russie.

    Nigeria
    Le pays fait également partie des fournisseurs de pétrole de l’Europe, couvrant environ 6% des besoins pétroliers du continent. Il fournissait autrefois du pétrole aux États-Unis, mais a été remplacé par le Canada lorsque ce dernier a augmenté sa production de sables bitumineux. Le Nigéria a des réserves prouvées égales à 237,3 fois sa consommation annuelle. Cependant, le pays se débat en raison du manque de raffineries fonctionnelles, alors que le pétrole raffiné représente la plus grande partie de la facture d’importation du Nigeria (environ 17%). Cela peut signifier que le pays serait difficilement en mesure de se concentrer sur l’augmentation de ses exportations de brut alors que les réservoirs à la maison sont vides.

    Moyen-Orient
    Les nations du Moyen-Orient détiennent près de la moitié des réserves pétrolières prouvées du monde et une grande partie de sa capacité de production inutilisée. Cependant, le sous-investissement dans les infrastructures, les conflits politiques et, dans le cas de l’Iran, les sanctions, peuvent entraver la capacité de la région à venir à la rescousse lorsque l’Occident perd le pétrole russe. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, par exemple, constituent la majeure partie de la capacité de production de réserve de l’OPEP. Mais l’Arabie saoudite a rejeté à plusieurs reprises les appels des États-Unis à augmenter la production au-delà de l’augmentation convenue par l’OPEP après la conférence de Copenhague. Selon les analystes, il est également peu probable que les deux pays détournent des expéditions de pétrole de l’Asie vers l’Europe, de peur de perdre le principal acheteur de la région, la Chine. L’Irak et la Libye pourraient augmenter leur production, mais les troubles politiques intérieurs rendent cette éventualité peu probable. Reste l’Iran, qui, bien que parfaitement équipé pour augmenter sa production de brut, est toujours sous le coup de sanctions américaines et les efforts pour relancer l’accord nucléaire de 2015 avec les puissances mondiales continuent de ne porter aucun fruit.

    Brésil
    Onzième exportateur mondial de pétrole, le Brésil a récemment été invité par les États-Unis à augmenter sa production de pétrole. Cela a été provoqué par la flambée des prix de l’essence aux États-Unis suite à son interdiction du pétrole russe. Même si le pétrole en provenance de Russie ne représentait que 8 % des importations américaines de brut, l’incertitude sur les approvisionnements avait fait grimper les prix intérieurs. Cependant, le Brésil a refusé la demande de Washington. La compagnie pétrolière publique du pays, Petrobras, a déclaré que les niveaux de production étaient déterminés par la stratégie commerciale plutôt que par des considérations diplomatiques et qu’une augmentation significative de la production à court terme ne serait pas possible sur le plan logistique.

    Venezuela
    Washington a également approché le Venezuela, qui possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde, s’engageant à assouplir certaines des sanctions imposées au pays en échange d’une augmentation des exportations de pétrole vers les États-Unis. Cependant, Washington aurait plus tard fait marche arrière sur l’offre, bien que Caracas ait déclaré qu’elle pourrait augmenter la production d’au moins 400 000 barils par jour.

    États-Unis
    Les États-Unis sont le premier producteur mondial de pétrole brut, avec une production d’environ 11,6 millions de barils par jour en décembre 2021. Cependant, le pays est également le plus grand consommateur de pétrole au monde, utilisant environ 20 % du total mondial, ce qui en fait un importateur net. Les États-Unis pourraient potentiellement augmenter leur production et vendre davantage de brut à l’Europe, mais le pétrole américain est très léger et inapte à produire le diesel et l’essence nécessaires aux marchés, tant américains qu’européens.

    Canada
    Le Canada est le cinquième producteur de pétrole au monde et possède les troisièmes réserves prouvées de pétrole les plus importantes au monde. Toutefois, la capacité des oléoducs et des infrastructures d’exportation du pays est limitée et la quasi-totalité de son pétrole est acheminée vers le marché nord-américain à bas prix. En mars, le ministre canadien des ressources naturelles s’est engagé à augmenter la production pour aider à résoudre la crise énergétique en Europe, mais on s’inquiète de la quantité de pétrole supplémentaire que le pays peut pomper, étant donné que la production dans l’Ouest canadien était déjà proche des niveaux records l’hiver dernier. Selon les estimations, le Canada ne peut augmenter sa production de pétrole que de 200 000 barils par jour. Cela n’aiderait les États-Unis qu’à compenser une partie du manque à gagner résultant de la perte des 500 000 barils de pétrole russe – et il n’y a pas de calendrier précis quant au moment où le Canada pourrait livrer ces barils.

    Big News Network, 15 mai 2022

    #Russie #Ukraine #Occident #UE #Europe #Pétrole #Gaz


  • Pour être crédible il faut être juste

    Pour être crédible il faut être juste

    Pour être crédible il faut être juste – Ukraine, Russie, Vladimir Poutine, OTAN, Occident, Syrie, Libye, Irak,

    Les grands spécialistes des relations internationales, les grands stratèges de la guerre, les grands professeurs des grandes universités, les grands journalistes spécialisés, les docteurs des grandes think- thanks et tout ce que compte le grata intellectuel du monde occidental, nous ont chauffé les oreilles pendant des jours et des jours et pratiquement 24 heures sur 24 heures par leur science infuse, martelant avec grande conviction que Vladimir Poutine va profiter de son discours du 9 mai pour déclarer la guerre officiellement à l’Ukraine et surtout menacer l’Occident d’une guerre totale.

    Il n’en fut absolument rien. Le discours du président russe a été tout autre. Poutine a au contraire appelé à tout faire pour qu’une «nouvelle guerre globale ne se répète pas». Encore une preuve, s’il en faut, qui tord le coup à ces scénarios catastrophiques de cette campagne médiatique ultra- violente et mensongère des médias occidentaux qui ne sont que le miroir de la stratégie des grandes capitales occidentales, à leur tête Washington, qui veut faire de cette guerre en Ukraine, l’opportunité d’affaiblir militairement Moscou, au même moment qu’une autre guerre plus soft est dirigée contre Pékin pour l’affaiblir économiquement.

    Le monde occidental a sorti tout son arsenal médiatique pour «raconter» cette guerre à sa manière et au seul profit de ses intérêts actuels mais surtout futurs. Jamais guerre, depuis la deuxième guerre mondiale, n’a été aussi médiatisée. Et surtout on a découvert un Occident qui a subitement tourné le dos à ses supposés grands idéaux démocratiques de justice et de liberté d’expression. Tout autre point de vue que celui de la logique occidentale est tué dans l’œuf. La fermeture de la télévision internationale russe RT un peu partout dans le monde en est une preuve parmi tant d’autres.

    Pourtant des guerres et des exactions il y en a ailleurs et depuis longtemps d’ailleurs, à commencer par la barbarie sans nom exercée par l’entité sioniste sur le peuple palestinien. Mais ceci n’intéresse pas ce monde occidental qui se prétend juste, alors qu’il laisse faire et soutient même cette barbarie. Et que ce cri de détresse du Premier ministre palestinien Muhammad Shtayyeh qui a déclaré, ce dimanche, que «les crimes horribles commis par les soldats de l’occupation israélienne contre notre peuple nécessitent une intervention d’urgence de la communauté internationale, pour mettre fin au terrorisme organisé de l’occupation et fournir une protection internationale à notre peuple», reste un cri inaudible dans ce monde qui désigne les bourreaux et les victimes à sa guise et selon ses intérêts.

    Pour la Palestine comme pour l’Irak, la Libye ou la Syrie, les Occidentaux n’ont pas été justes et donc ils ne peuvent être en aucun cas crédibles.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 11 mai 2022

    #Occident #OTAN #Russie #Ukraine #Irak #Syrie#Libye #Palestine

  • Ukraine: la Russie a lancé une attaque « préventive »

    Ukraine: la Russie a lancé une attaque « préventive »

    Ukraine: la Russie a lancé une attaque « préventive » – Vladimir Poutine, OTAN, Occident, Donetsk, Lougansk, Europe, G7, Philippines, Cuba, Maroc, Costa Rica,

    Poutine: la Russie a lancé une attaque « préventive » face à la menace de l’OTAN et de l’Occident

    Moscou (EFE).- Le président russe Vladimir Poutine a assuré aujourd’hui que la Russie avait mené une attaque « préventive » en Ukraine face à la menace de l’OTAN et de l’Occident, et a assuré qu’il s’agissait « d’une mesure nécessaire » et de la « seule possible » dans cette situation. Poutine a présidé le défilé marquant le 77e anniversaire de la victoire soviétique sur l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale sur la Place Rouge de Moscou, au milieu de la campagne militaire russe en Ukraine. Poutine a également déclaré que les troupes russes et les milices de Donetsk et Lougansk se battent pour leur patrie, pour leur avenir afin que personne n’oublie les leçons de la Seconde Guerre mondiale, afin qu’ »il n’y ait pas de place pour les nazis ». Le défilé n’a la présence d’aucun président étranger, depuis « l’opération militaire spéciale »

    RUSSIE

    Plusieurs chaînes de télévision piratées en Russie coïncidant avec le 9 mai

    Moscou (EFE).- La programmation de plusieurs chaînes de télévision a été piratée en Russie ce lundi, coïncidant avec le défilé militaire dans 28 villes dédié au 77e anniversaire du jour de la victoire soviétique sur l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, a rapporté l’agence Interfax. Selon cette source, des personnes non identifiées ont piraté la programmation des réseaux de télévision par câble de Rostelecom, MTS et NTV-Plus.Au lieu d’apparaître le titre des programmes, des textes liés à la campagne militaire en Ukraine sont apparus.

    UKRAINE

    Zelensky assure qu’il y aura très bientôt deux Jours de la Victoire en Ukraine

    kyiv (EFE).- Le président de l’Ukraine, Volodimir Zelenski, a assuré aujourd’hui que « très bientôt, il y aura deux Jours de la Victoire en Ukraine », faisant allusion à la victoire sur l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, qui est commémorée aujourd’hui en Ukraine et en Russie , et un autre pour rappeler le triomphe qu’il espère obtenir dans le conflit actuel avec Moscou. Seul « un fou » peut vouloir répéter ce qui s’est passé pendant la Seconde Guerre mondiale et quiconque répète des crimes comme ceux qui se sont produits alors imite la philosophie nazie, a dénoncé Zelensky dans le discours publié sur son site Internet à l’occasion du 77e anniversaire de la Journée de la Victoire sur l’Allemagne, dans une claire allusion au président russe, Vladimir Poutine.

    JOURNÉE DE L’EUROPE

    Borrell souligne la valeur de l’UE en tant que projet de paix lors de la Journée de l’Europe

    Bruxelles (EFE).- Le Haut Représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère, Josep Borrell, a souligné que la guerre en Ukraine nous rappelle de manière « dramatique et frappante » la valeur durable de l’UE en tant que projet de paix et en tant que « acteur fort » pour défendre et promouvoir la sécurité sur le continent et dans le monde. « A travers cette guerre, le processus d’apprentissage de l’Europe à utiliser le langage des puissances s’accélère », a déclaré Borrell dans un communiqué à l’occasion de la célébration de la Journée de l’Europe. , qui commémore ce lundi le 72e anniversaire de son acte fondateur, la déclaration de Robert Schumann qui proposait la création d’une Communauté européenne du charbon et de l’acier le 9 mai 1950.

    SITUATION

    La Russie poursuit son offensive pour contrôler les régions de Donetsk et Lougansk

    kyiv (EFE).- Les forces militaires russes continuent d’avancer dans l’est de l’Ukraine pour tenter d’atteindre leur objectif d’établir un contrôle total sur les régions de Donetsk et de Lougansk et de maintenir le corridor terrestre entre ces territoires et la Crimée occupée. C’est la conclusion la plus remarquable de la dernière partie du haut commandement militaire ukrainien, publiée ce lundi, jour où Moscou célèbre le 77e anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie, bien qu’en même temps elle maintienne ses opérations offensives dans diverses parties du territoire ukrainien Dans le territoire occupé de la région de Zaporijia, des documents d’identité ont été retirés aux résidents locaux sans motif valable, selon le rapport.

    Les États-Unis imposent de nouvelles sanctions à la Russie lors de la réunion du G7

    Washington/Berlin (EFE).- Les États-Unis ont annoncé ce dimanche une nouvelle batterie de sanctions contre la Russie lors d’une réunion des dirigeants du G7, au cours de laquelle les grandes puissances industrielles ont promis d’isoler davantage Moscou sur la guerre en Ukraine. Les pays européens du G7 n’ont pas été en mesure d’annoncer leurs propres sanctions car l’Union européenne (UE) n’a pas pu parvenir à un accord pour interdire les importations de pétrole en provenance de Russie en raison de la dépendance de certains partenaires au brut de Moscou. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a également participé à la réunion virtuelle, réitérant que l’Ukraine dépend de ses partenaires internationaux, en particulier du G7, pour les ressources militaires et pour que l’économie se redresse après les destructions de la guerre.

    ATTAQUE DE L’ÉCOLE

    L’ONU craint que l’attaque contre une école en Ukraine n’ait fait « des dizaines de morts »

    Nations Unies (EFE).- Le coordinateur de crise de l’ONU pour l’Ukraine, Amin Awad, a exprimé aujourd’hui sa « profonde consternation » face à l’attaque russe contre une école utilisée comme refuge dans la région de Lougansk, à l’est du pays, et a exprimé sa craignent qu’il y ait « des dizaines de morts ». Dans un communiqué, Awad, qui est également secrétaire général adjoint de l’organisation, a déclaré que l’attaque contre l’école Belogorovka, qui abritait au moins 90 citoyens, est un autre « rappel brutal de la cruauté de cette guerre », et a exprimé sa solidarité avec le victimes et leurs familles. Le centre scolaire s’est effondré après l’attaque et 30 personnes ont pu être secourues, après quoi le gouverneur régional de Lougansk, Serhiy Gaidai, a soutenu dans un message Telegram que les 60 personnes qui sont enterrées sont probablement décédées.

    ÉLECTIONS AUX PHILIPPINES

    Trois morts dans une attaque contre un bureau de vote dans le sud des Philippines

    Manille (EFE).- Trois agents de sécurité ont perdu la vie ce lundi lors d’une attaque à l’arme à feu contre un centre électoral du sud des Philippines, qui vote ce jour pour élire le prochain président, ont confirmé les autorités à Efe. Un groupe non identifié a ouvert le feu sur l’enceinte électorale peu après le début du scrutin dans la municipalité de Buluan sur l’île de Mindanao, où de nombreux groupes armés opèrent dans un assaut dont la paternité n’a pas encore été revendiquée. Quelque 67 des 108 millions de Philippins sont appelés à voter aujourd’hui pour élire les occupants de la présidence et de la vice-présidence pour les six prochaines années, ainsi que 12 sièges au Sénat, au Congrès et de nombreux postes provinciaux et municipaux.

    EXPLOSION DE CUBA

    Recherche contre la montre de survivants dans le Saratoga, qui ajoute 31 décès

    La Havane (EFE).- L’explosion à l’hôtel Saratoga de La Havane a fait 31 morts jusqu’à ce dimanche, tandis que la recherche des disparus se poursuit contre la montre parmi les décombres. Tout au long de dimanche, les équipes de secours, qui ont travaillé sans relâche, ont réussi à extraire au moins un corps des ruines de ce qui était autrefois l’un des hôtels les plus luxueux et emblématiques de La Havane. Le Comité provincial de La Havane du Parti communiste de Cuba (PCC, seul légal), cité par le média officiel Cubadebate, a indiqué que 14 personnes sont recherchées. Le cheminement de ces tâches est extrêmement complexe, expliquent les techniciens, qui veulent accéder au double sous-sol du Saratoga, où seraient concentrés les ouvriers piégés.

    GOUVERNEMENT DE CORÉE DU SUD

    Moon Jae-in appelle à reprendre le dialogue avec Pyongyang dans son discours d’adieu

    Séoul (EFE).- Le président sud-coréen, Moon Jae-in, a demandé de réactiver le dialogue avec la Corée du Nord dans son discours d’adieu prononcé aujourd’hui à la veille du changement de chef d’État du pays asiatique, qui tombera de Mardi au conservateur Yoon Suk-yeol, qui s’est juré d’être moins tolérant envers Pyongyang. « La paix est une exigence pour notre survie, une exigence pour la prospérité », a déclaré Moon lors d’un discours à la Maison bleue, la résidence présidentielle sud-coréenne à Séoul. « J’espère sincèrement que les efforts de dénucléarisation et d’institutionnalisation de la paix se poursuivront avec la reprise du dialogue entre le Sud et le Nord », a-t-il ajouté.

    ÉLECTIONS FRANÇAISES

    Hollande critique la coalition de gauche : la crédibilité et l’équilibre manquent

    Paris (EFE) .- L’ancien président socialiste français François Hollande a critiqué lundi la coalition de gauche dirigée par Jean-Luc Mélenchon, dans laquelle son parti a accepté de se joindre, comme les écologistes et les communistes, car il n’est pas crédible dans son programme et c’est déséquilibré en faveur des plus radicaux. « Je ne suis pas contre le syndicat, je suis contre un accord qui, tel qu’il est fait, (…) ne permet même pas la victoire et va aussi déséquilibrer durablement la gauche, », a-t-il déclaré dans une interview à la radio France Inter.

    INVESTISSEMENT AU COSTA RICA

    Chaves entame son mandat au Costa Rica avec des avertissements et une promesse de changement

    San José (EFE).- L’économiste Rodrigo Chaves a entamé ce dimanche son mandat présidentiel de quatre ans au Costa Rica en insistant sur sa promesse de « changement » pour résoudre des problèmes tels que le chômage et la pauvreté, et a également lancé des avertissements à divers secteurs et signé son premier décrets. Un groupe de femmes a protesté contre le nouveau gouvernement. Chaves a été au milieu d’une controverse après que la presse locale et les médias américains ont rapporté des plaintes de harcèlement sexuel déposées contre lui par des responsables de la Banque mondiale alors qu’il travaillait comme économiste pour cette entité. Pour ces plaintes, des sanctions internes ont été appliquées en 2019, bien que Chaves ait déclaré que tout était un « malentendu culturel » par ses collègues.

    NAUFRAGE AU MAROC

    44 émigrés meurent dans le naufrage de leur bateau au sud d’El Ayoun

    Rabat (EFE) . La porte-parole du groupe de défense des migrants Caminando Fronteras, Helena Maleno, a rapporté sur son compte Twitter que sept corps de ces migrants ont été secourus et transférés à la morgue, tandis que les autres sont toujours en mer.

    TÉLÉVISION ROYAUME-UNI

    Le drame carcéral « Time » triomphe aux BAFTA télévisés

    Londres (EFE).- Le drame carcéral « Time » et son protagoniste, Sean Bean, ont été les grands gagnants des prix télévisés BAFTA décernés ce dimanche à Londres. La Britannique Jodie Comer a été distinguée comme meilleure actrice dans la mini-série dramatique « Help » sur une résidence en temps de covid, au-dessus de grandes interprètes telles que Kate Winslet ou Emily Watson. Pendant ce temps, dans la catégorie des meilleures séries internationales, il y avait aussi une surprise avec la victoire de « Le chemin de fer clandestin » sur l’esclavage aux États-Unis au 19ème siècle. EFE

    Swissinfo, 09 mai 2022

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  • L’autre enjeu de la guerre: le Sud

    L’autre enjeu de la guerre: le Sud – Russie, Ukraine, OTAN, Occident, Syrie, Libye, Afghanistan, Palestine, Sahel, crimes de guerre, massacres,

    Des “intellectuels” du sud (arabes et africains de diverses et multiples nationalités, obédiences tribales ou confessionnelles…) ont été invités à manifester leur soutien au camp occidental qui arme les soldats ukrainiens et autres mercenaires venus d’un peu partout des casernes occidentales.

    On les fait larmoyer sur le sort assurément terrible des populations qui subissent ce conflit qui aurait pu être évité mais que les atlantistes ont tout fait pour qu’il soit déclenché.

    Les massacres, les carnages très récents en Afghanistan, en Irak, en Palestine, en Syrie, en Somalie, au Soudan, au Sahel… des œuvres américaines et européennes (sans remonter aux siècles passés), les victimes des désordres écologiques et de l’échange inégal, dont le nombre s’accroît tous les jours sont oubliés ou subrepticement glissés dans de vagues généralités tragiques.

    Pas un mot sur ce monde désordonné, outragé, dévasté, sinon pour consolider les aiguillons émotionnels entièrement formatés par une campagne totalitaire qui dégouline de sentiments (technique manipulatoire facile) et qui prive les citoyens de l’information exacte, de l’analyse distanciée et de l’articulation rigoureuse des causalités, sans parti pris.

    Pourquoi les fait-on pétitionner à la queue leu leu ? Parce que, dans ce conflit, le « reste du monde » est un enjeu. Parce que loin d’être isolée la Russie n’est pas condamnée par la majorité de l’humanité.

    Il faut donc battre militairement la Russie en Ukraine et aussi l’endiguer via la guerre médiatique que l’Occident a entreprise dans les pays belligérants et dans tout le reste de la planète.

    Nos pays sont pauvres, mais ils comptent politiquement et demain économiquement. Et l’Occident et ses supplétifs se rétrécissent.

    Pourtant, les commanditaires de cette pétition se trompent. Les signataires de ce mot sont aphones, inaudibles et inexistants dans leurs pays d’origine. Et d’abord parce qu’ils en méconnaissent la réalité de leur condition.

    Pourquoi ces « intellectuels-là » ont-ils acceptés la charité de leurs noms ?

    Parce que beaucoup d’entre eux sont en équilibre instable, hébergés dans les pays occidentaux où beaucoup d’entre eux occupent des strapontins et vivent de chutes de table.

    Cependant, tous ne portent pas le même uniforme. De plus, il y a la signature et il y a l’intention…

    J’avoue ne pas comprendre ce que fait Leila Shahid dans cette galère. Aucune reconnaissance, pétition, aucune émouvante compassion -et il y en a eu depuis 1948- n’apportera le moindre soulagement au terrible sort de son peuple. Ceux qui aujourd’hui arment l’Ukraine (qui sera en fin de compte la principale victime de cette guerre) sont les mêmes qui étranglent la Palestine.

    Concéder vaguement ne pas l’ignorer ne change rien à l’affaire.

    A tous ceux-là il conviendrait d’envoyer cet entretien qu’un ami a eu l’amitié de me transmettre.

    Jacques Baud : Jacques Baud, sur le conflit Ukrainien : “En quoi ce conflit est plus sanctionnable qu’un autre ?”

    Malheureusement, la plupart d’entre eux sont des cyniques qui connaissent parfaitement les termes de ce débat, les causes de cette guerre et les rouages qui l’ont conçue et menée et qui, pour l’essentiel portent la responsabilité des abominations qu’ils dénoncent.

    Aussi légitime que pourraient le penser les Russes qui ont pris l’initiative de ce mode barbare de résolution de conflits, ne pourront pas -en les imputant aux autorités ukrainiennes- se sortir indemnes des conséquences humaines et morales de leur guerre.

    Djeha, D.

    Bel Abbès Info, 24 avril 2022

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