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  • Maroc: Soulaimane Raissouni est en prison depuis 2 ans

    Maroc: Soulaimane Raissouni est en prison depuis 2 ans

    Maroc, Soulaïmane Raïssouni, presse, journalistes, répression, Omar Radi, Tawfiq Bouachrine,

    C’est un bien triste anniversaire que l’on a fêté hier. Cela fait maintenant deux années que Soulaimane Raissouni est en prison. Une opportunité pour revenir sur les circonstances qui m’ont amené à le connaitre, le respecter et l’admirer.

    “Je souhaiterais réaliser un entretien sur l’histoire du Journal Hebdomadaire” C’est par cette requête que j’ai connu Soulaimane Raissouni. Il était encore à Al Massae. J’ai commencé par refuser. Je ne le connaissais pas vraiment, mais son journal, oui. J’avais du mal avec cette presse qui usait de pugnacité avec tout le monde sauf avec ceux qui la méritaient le plus -le complexe de rentiers et de sécuritaires qui tient le pays. Je doutais de sa promesse de publier mes réponses fidèlement. Pour me convaincre de son intérêt, il offrait de se déplacer en Tunisie où je me trouvais pour une conférence.

    Comme souvent dans ces circonstances, je recourt à mon père. Son nez pour le makhzénisé ou, plus utile encore, le makzanizable, lui faisait rarement défaut. Je n’ai pas pu finir ma question qu’il me disait d’y aller les yeux fermés. Selon Si Khalid, Soulaimane était un “vrai”.

    Mon admiration pour sa probité et son courage n’ont cessé de grandir depuis. J’en suis venu à le considérer comme le meilleur éditorialiste marocain de ces dernières années. Son travail de militant des droits de l’homme et son expérience de journaliste lui ont forgé la capacité d’analyse et l’intelligence nécessaire pour écrire comme les marocains ont besoin qu’on leur écrive. Avec une plume courageuse et respectueuse de leur intelligence. C’est, je crois, la raison de ces malheurs.

    Contre vents et marées, il a cru qu’une presse indépendante était possible au Maroc. Quand on lance un nouveau média, comme il l’a fait à un moment, et qu’on a les engagements éditoriaux sans compromis comme les siens, c’est qu’on a la foi. Il a été jusqu’au bout de ses convictions. Certains diraient son engagement déraisonnable. Critiquer les puissants lorsque ceux-ci ne rechignent devant rien ou presque pour vous faire taire, n’est ce pas là le signe de l’inconscience ? Peut être. Mais rien n’a jamais changé sans cette inconscience là.

    Soulaimane est-il innocent des crimes dont l’accuse l’Etat? J’en suis persuadé. Mais ma conviction n’a aucune importance. Ce qui en a, c’est le comportement du complexe Judiciaro-Policier à son égard. En l’occurrence, La vindicte de l’Etat n’est pas seulement évidente, elle est ostentatoire.

    Les tenants de notre ordre policier et judiciaire veulent que vous le sachiez : Les principes élémentaires du droit ne vous protégent pas lorsque vous les fâchez. l’injustice décomplexée de l’Etat n’est pas seulement un moyen pour condamner les critiques du régime. Elle en est aussi une fin.

    Le traitement inique des affaires Soulaimane Raissouni, Omar Radi, Nacer Zefzafi est un message en soi.

    S’élever contre le sort fait à ces éclaireurs de la liberté signifie notre rejet de ce message. Notre refus que la Loi soit un outil de répression aux bénéfices des puissants plutôt qu’un instrument de Justice équitable.

    Aboubakr Jamaï

    Source : Facebook, 23 mai 2022

    #Maroc #Presse #Journalistes #Soulaimane_Raissouni

  • Escalade de la répression au Maroc

    Escalade de la répression au Maroc

    Escalade de la répression au Maroc – Omar Radi, Taoufik Bouachrine, Souleiman Raïssouni, presse, journalistes,

    ABDELLATIF EL HAMAMOUCHI
    Suite à la répression de la presse indépendante au Maroc, les militants des droits humains sont confrontés à une répression accrue et à des peines de prison prolongées.

    Le 23 mars 2022, les autorités marocaines ont arrêté la blogueuse et défenseuse des droits humains Saida al-Alami pour avoir critiqué sur les réseaux sociaux le gouvernement marocain et les services de sécurité. Al-Alami, une militante bien connue et vocale, a constamment exprimé sa critique des autorités, ainsi que sa solidarité avec les journalistes connus pour leurs opinions critiques, sur Facebook. Le procureur général a accusé Al-Alami d’un certain nombre de violations graves, notamment « d’insulte à un organe réglementé par la loi », « d’insultes à des agents publics dans l’exercice de leurs fonctions », « d’outrage aux décisions judiciaires » et « diffusion et distribution de fausses allégations sans consentement ». .” Finalement, le tribunal de première instance de Casablanca a condamné Al-Alami àdeux ans de prison .

    Quelques jours après l’arrestation d’Al-Alami, le tribunal de première instance d’Al Hoceima (nord) a prononcé une peine de quatre ans de prison contre le blogueur et ancien militant du mouvement Hirak Rif, Rabih al-Ablaq , à la suite de vidéos qu’il a publiées . à Facebook et Youtube qui ont critiqué le roi Mohammed VI et le Premier ministre Aziz Akhenoush et remis en question la source de leur richesse. Le procès d’Al-Ablaq devant le tribunal d’Al Hoceima a débuté le 11 avril et le procureur du roi (le procureur général) l’a accusé d’avoir « violé publiquement le devoir de révérence et de respect de la personne du roi ».

    Cette répression des militants et des blogueurs a mis en lumière l’intolérance croissante des autorités marocaines à l’égard de la presse indépendante, qui devient un « lointain souvenir » selon Eric Goldstein , directeur adjoint pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Human Rights Watch. Pour mener à bien cette répression, les autorités ont utilisé le modèle qui prévalait sous l’ancien dictateur tunisien Zine El Abidine Ben Ali. Cette stratégie éprouvée vise à faire taire les voix dissidentes en utilisant des allégations d’agression sexuelle et de comportement immoral garantissant la destruction de la réputation de l’accusé.

    Tawfiq Bouachrine , directeur et fondateur du journal le plus indépendant du Maroc, mais aujourd’hui abandonné, Akhbar al-Youm , a été arrêté et condamné à 15 ans de prison pour « traite des êtres humains ». Par la suite, l’ avocat de Bouachrine , Mohamed Zayan, ancien ministre marocain des droits de l’homme, a également été condamné à trois ans de prison à la suite d’une plainte déposée contre lui par le ministère de l’Intérieur . Soulaiman Raissouni , le remplaçant de Bouachrine comme rédacteur en chef d’Akhbar al-Youm, a ensuite été arrêté et inculpé pour agression sexuelle sur un autre homme. Hajar Raissouni , la nièce de Soulaiman, a ensuite été arrêtée pour « relations sexuelles extraconjugales et avortement ». De même, l’année dernière, Omar Radi, un journaliste bien connu, a été accusé « d’espionnage et de viol ». Il a été reconnu coupable et condamné à six ans de prison en mars dernier.

    En fin de compte, en harcelant, intimidant et arrêtant des journalistes indépendants, des militants et des blogueurs influents sur les réseaux sociaux, les autorités marocaines visent à créer une atmosphère de terreur parmi les personnalités éminentes des réseaux sociaux et au sein de la communauté des militants des droits humains. Simultanément, les faiblesses et la fragmentation croissante de l’opposition démocratique – qui semble incapable de surmonter ses conflits idéologiques et sa polarisation intellectuelle – aggravent encore la situation. Leur division sert en fin de compte l’aile autoritaire au sein du régime et lui permet de contrôler davantage la situation.

    L’autoritarisme marocain utilise non seulement le système judiciaire et pénal pour intimider l’opposition et freiner le journalisme indépendant, mais il « arme » également avec succès la diffamation publique par le biais de journaux et de médias ouvertement fidèles au régime. Cette diffamation est principalement utilisée pour discréditer les voix critiques par la publication d’ allégations criminelles infondées et de fausses accusations à leur encontre. Il est également utilisé pour menacer et briser le moral des journalistes en attente d’arrestation ou de procès. Maati Monjib, historien et journaliste, en est un bon exemple. Il a fait l’objet d’une campagne de diffamation menée par les médias diffamatoires des semaines avant son arrestation le 29 décembre 2020 et a ensuite été condamné à un an de prison pour « atteinte à la sécurité de l’État ».

    Les médias diffamatoires, qui restent sous le contrôle de l’aile autoritaire du régime, cherchent principalement à influencer la rhétorique, les positions, les initiatives et les réactions de la cible envers le gouvernement. Il s’appuie sur des campagnes de diffamation pour menacer ses cibles et contrôler indirectement leurs décisions publiques. Dans le cas des journalistes, ces tactiques visent à influencer la ligne éditoriale de la cible en la poussant à s’autocensurer sur tous les articles, études ou idées qu’elle produit.

    Malgré les nombreuses critiques sur la détérioration de la situation des droits humains au Maroc, le régime marocain, indifférent à sa réputation internationale, poursuit sans relâche sa répression contre les journalistes et les défenseurs des droits humains. En effet, le 12 avril 2022, le Département d’État américain a publié ses rapports nationaux 2021 sur les pratiques en matière de droits de l’homme . En ce qui concerne le Maroc, le rapport note « la multiplication des arrestations arbitraires de journalistes et de militants de la société civile » et la propagation de campagnes de diffamation dans les médias qui « harcèlent et intimident les journalistes ».

    Il semble peu probable que le régime arrête ces pratiques, d’autant plus qu’il est contraint de faire face aux répercussions de l’inflation et aux séquelles de la pandémie de Covid-19 qui a affecté négativement les classes moyennes et populaires. En fait, comme l’ explique Maati Monjib , les difficultés économiques pourraient en fait inciter le régime à continuer de cibler les militants et les manifestants par le biais de poursuites judiciaires et d’une surveillance communautaire accrue.

    Abdellatif El Hamamouchi est un journaliste d’investigation et chercheur en sciences politiques marocain. Il est membre du Bureau central de l’Association marocaine des droits de l’homme. Il écrit pour The Intercept, Open Democracy et The New Arab. Il est également l’auteur de Moncef Marzouki : His Life and Thought, co-écrit avec Maati Monjib et publié par l’Arab Center for Research and Policy Studies à Doha. Suivez-le sur Twitter : @AHamamouchi .

    Carnegie Endowment for International Peace, 12 mai 2022

  • Maroc : Omar Radi tel que je l’ai connu* (1)

    Maroc : Omar Radi tel que je l’ai connu* (1)

    Omar Radi tel que je l’ai connu. Témoignage d’un enseignant (1) – Maroc, presse, journalistes, Soulaïman Raïssouni, Taoufik Bouachrine,

    Je ne sais comment Omar s’est lié dans mon entendement aux héros de la mythologie grecque. J’en ai cherché en vain des raisons. Mais cette quête ne serait-t-elle pas tant infructueuse qu’illégitime ?
    Hélas, l’Ecole – cette grande fabrique de jetons pour le système – nous a inculqué la hantise de chasser de notre esprit tt ce qu’elle juge « irrationnel ». En fait la rationalité à son aune se résout en l’aptitude à se faire pignon et trouver sa place dans le géant engrenage de « la vie ». Que faire alors, de la poésie ? De la musique ? De la littérature? De la « politique »??? Pourvu qu’elles servent ce dessein? Cette école, Omar n’en voulait pas. Élève modèle, réceptif, interactif, d’intelligence particulière, gavé de bonnes notes…il n’en voulait pourtant pas, tt en tenant à la ménager. Il était à la fois le poète, le musicien, le rêveur, le politicien, le critique, le chercheur…de sa promotion. Studieux par nature, il n’était cependant guère « alléché » par ce dont tremblent d’envie d’autres: finir dans un bureau de gestionnaire lui assurant un ‘avenir’ enviable.
    Avait-il raison?
    C’est une question minée.
    Selon quelle rationalité aurait-il raison?
    Ne faut-il pas poser la question autrement en se situant du point de vue non individuel mais social?

    Le grand économiste Jean Fourastié ( célèbre notamment pour avoir été à l’origine de la division de l’économie en 3 secteurs, et pour avoir initié l’expression les « Trente Glorieuses ») disait que « ceux qui font bien marcher le monde ne sont pas ceux qui le font avancer ».

    Un ancien directeur de l’ISCAE, l’école marocaine de renommée, avait affirmé qu’ils ne forment pas des entrepreneurs, mais des lauréats qui travailleront ds des entreprises. Car, toute création, même un petit projet, est mue par un rêve, une hallucination poétique, un certain refus ou au moins une insatisfaction de ce qui existe, une foi dans la réussite…bref tt ce qui est irrationnel, est donc étranger aux têtes débitrices-creditrices.

    En fait, le rêve, la somnolence, le contre-intuitif, la pure intuition…tellement pourchassés par notre école, se situent néanmoins au sommet de ce qui est la rationalité ar excellence: la science. Ainsi, Norbert Wiener, l’éminent mathématicien, fondateur de la cybernétique choque par sa déclaration que « les clichés ou les lieux communs, par exemple, éclairent moins que les poèmes. »

    C’est alors que nous pouvons concéder que les personnes comme Omar sont de ceux qui font avancer le monde. Ils sont aussi, sinon plus utiles à la société que ceux qui la font bien marcher. Sauf que les premiers n’ont jamais été légion; d’autant plus qu’ils sont souvent persécutés par les seconds. Le système sépare nos enfants en 2 camps.

    C’est la maladie de Crohn au niveau social. Ceux qui sont censés protéger la société, parce que mal initiés, s’attaquent à leurs congénères les plus avancés. Parce que différents d’eux, ils les prennent pour des ennemis étrangers. Et c’est ainsi que le pays perd la semence indispensable à son progrès. C’est le secret de notre stérilité. L’importation est notre mode d’existence: du simple carburant, aux idées, stratégies et lois qui président à notre destinée. Une sélection contre-naturelle favorise l’affairisme et la myopie sociale, et bannit le créatif.

    Ma rencontre avec Omar a été celle de deux générations.
    L’une, trainant derrière elle le fardeau de décennies d’oppression et de défaites, s’efforce de croire observer enfin le bout du tunnel.

    *Témoignage d’un enseignant

    (Suivra)

    #Maroc #OmarRadi #Presse #Journalistes #Pegasus

  • Droits de l’Homme au Maroc : De pire en pire

    Droits de l’Homme au Maroc : De pire en pire – Driss Radi, Omar Radi, Hirak, Rif, Rabia Al Ablaq,

    La situation des droits de l’Homme « ne cesse de se détériorer au Maroc » et « les services sécuritaires et judiciaires fonctionnent à plein régime », selon Idriss Radi, père du journaliste marocain Omar Radi, arbitrairement détenu en raison de ses opinions.

    Dans une lettre adressée à son fils Omar Radi, qu’il a publiée sur sa page Facebook, Radi le père a affirmé que « les tribunaux du Maroc, en particulier ceux de Casablanca, distribuent désormais des années d’emprisonnement ferme à tous ceux qui y entreront ».

    Dans ce sillage, il a évoqué la condamnation, vendredi, de la blogueuse et militante des droits humains Saida Al-Alami à deux ans de prison, assortis d’une amende, et la condamnation du militant Rabie Al-Ablaq à quatre ans de prison en lien avec le Hirak du Rif.

    Cette dégradation de la situation des droits de l’Homme, a dit Idriss Radi, « a incité nombre d’associations marocaines et internationales de défense des droits de l’Homme et de nombreuses personnalités politiques et universitaires à exprimer leur solidarité avec les prisonniers d’opinion et leur condamnation des arrestations arbitraires et des peines injustes prononcées contre des journalistes, blogueurs et militants indépendants », réclamant la fin de l’emprisonnement de ces innocents, condamnés pour des motifs « montés de toutes pièces ».

    Il a également mis en garde contre le recours à l’accusation de chaque personne osant exprimer sa solidarité avec les détenus, de « trahison, de servir des agendas étrangers, de viol, de blanchiment d’argent, d’injures aux institutions et de menace à la sécurité intérieure et extérieure du pays (…) », notant que ces agissements « ont atteint leur paroxysme ».

    Dans sa lettre, Idriss Radi a écrit : « Arrêtez et donnez du répit aux officiers de police judiciaire, aux juges et au personnel pénitentiaire », avant de poursuivre : « Mais à qui dois-je m’adresser puisqu’un ministre nous apprend que le gouvernement a programmé la construction de 11 nouvelles prisons au moment où un autre ministre (du gouvernement marocain) annonçait la fermeture d’universités? ».

    Par Mehdi Messaoudi -1 mai 2022

    Algérie54, 01/05/2022

    #Maroc #OmarRadi #RabiaAlablaq #Hirak #Rif

  • Maroc: Omar Radi prétend avoir été menacé par Réda Zaireg

    Maroc: Omar Radi prétend avoir été menacé par Réda Zaireg – Presse, journalistes, services secrets marocains, Médias24,

    Selon des twits publiés par le le satiriste marocain Abdelali Achahbi, alias « Crabman », résident au Danemark, le journalistes Omar Radi, qui se trouve actuellement en prison, a été menacé par son confrère Réda Zaireg qu’il accuse d’accointance avec les services secrets marocains. Voici le texte intégral de ces twits:

    Message de Omar Radi, 7 novembre 2014, 16:21

    Chers amis,

    Hier soir (encore), j’ai reçu des appels téléphoniques tardifs dans la nuit, me proférant des menaces orales.

    L’appel que j’ai reçu à la nuit du mardi au mercredi, vers minuit heure marocaine, évoque ce petit commentaire que j’ai fait sur le site d’information pour lequel je travaille, où j’ai pointé du doigt les déficits de gouvernance de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), le bras financier de l’Etat qui draine l’épargne et les cotisations de sécurité sociale des citoyens marocains.

    La personne qui m’a appelé, m’a demandé ce que j’avais contre l’Etat; qu’il fallait que je regarde comment comment mes autres confrères écrivaient respectueusement et que je fasse pareil, et que j’arrête ma gaminerie. A la fin, mon interlocuteur m’a promis de me faire visiter la forêt de la Maamora (forêt à côté de Rabat, où se trouve l’un des centres de détention secrets de la DST marocaine), pêché par une voiture 4×4 noire avec en plaque M rouge (véhicule banalisé des agents des services de renseignement).

    J’ai raccroché. La personne a continué à appeler dans la nuit sans que je en décroche.

    Tout cela peut être un canular, mais ce n’est pas la première fois que ça m’arrive, ni à moi ni à d’autres journalistes et activistes.

    Il y a quelques mois, en juin, je reçois des coups de fils beaucoup plus violents verbalement, après avoir publié cet article accusant la police d’interdire l’accès au tribunal de Casablanca aux citoyens. Cette fois-là, mes interlocuteurs menaçaient de me violer moi et toute ma famille, ce dont j’avais informé quelques-uns parmi vous.

    Bien cordialement.

    ————————————————————————–

    C’est de notoriété publique qu’il y a beaucoup de journalistes marocains qui secondent les desiderata de certains “services”, mais ce qu’on en savait pas encore c’est que certains d’entre eux vont jusqu’à faire le sale boulot. C’est-à-dire menacer par téléphone leurs propres confrères.

    Demain a publié aujourd’hui une information relatant les menaces téléphoniques reçues par le journaliste et activiste Omar Radi.

    Mais il n’a pas fallu longtemps, moins d’une heure!, pour que le coupable se dévoile. Il s’agit de Réda Zaireg, un confrère d’Omar Radi dans le site Médias24.

    Radi lui-même a confirmé que c’est bien son confrère, et très peu frère, qui serait à l’origine de ce “canular”. Ce que l’intéressé en dément pas.

    Dans un post publié sur sa page Facebook, effacé depuis, Zaireg assurait que:

    Il n’y a pas eu de menaces de mort contre Omar Radi: Et il était au courant de ça, mais a voulu jouer au héros. Je vous raconter l’histoire de cet après-midi. Et qu’il cesse de salir les institutions de ce pays.

    Copie du post écrit par Réda Zaireg, effacé depuis…

    Copie du post écrit par Réda Zaireg, effacé depuis…

    Que Réda Zaireg veuille apporter quelques éclaircissements à cette “ténébreuse” affaire est le bienvenu, mais qu’il cherche à défendre les “institutions de ce pays”, voilà un discours qui conforte ceux qui jurent qu’une grande partie des journalistes marocains sont de vulgaires auxiliaires de police.

    Le rôle du journalistes n’est pas de défendre les “institutions du pays”, un rôle qui échoit aux forces de l’ordre, mais plutôt d’informer.

    D’ailleurs, dans la liste d’amis facebookiens de Réda Zaireg on remarque la présence de personnes peu recommandables pour la santé des “institutions de ce pays”, à savoir Mustapha Adib, Omar Brouksy, Ignacio Cembrero, Josep Tual, et d’autres mal-aimés du régime.

    Selon des sources de Médias24, Réda Zaireg a été licencié il y a deux jours du site.

    #Maroc #OmarRadi #RédaZaireg #Presse #Journalistes #Services_secrets_marocains

  • Maroc: Censure numérique et entrave à l’accès à l’information

    Maroc: Censure numérique et entrave à l’accès à l’information

    Maroc: Censure numérique et entrave à l’accès à l’information – Omar Radi, espionnage, vol, Transparency International, pressions, harcèlement,

    Le téléphone du journaliste d’investigation marocain Omar Radi a été piraté à l’aide du logiciel espion Pegasus en juin 2020, après qu’il eut révélé le scandale des « serviteurs de l’État ». Radi avait révélé que près de 100 fonctionnaires marocains avaient acquis des propriétés résidentielles sur des terrains de l’État à une fraction de leur coût réel. En mars de cette année, Radi a été condamné à six ans de prison pour « espionnage » et « viol ».

    Avant la condamnation, et quelques jours seulement après que Radi a publié ses conclusions sur le scandale, le site Web du cadastre du gouvernement, où Radi a obtenu ses informations, a été fermé. Le site a été relancé par la suite, mais avec de nouvelles restrictions au droit d’accès aux dossiers du cadastre, directement ou par l’intermédiaire du site, puisque seuls les propriétaires ou les personnes légalement autorisées peuvent désormais obtenir des informations et des données.

    Restrictions au droit d’accès à l’information

    Les autorités marocaines contrôlent les informations publiées et diffusées sur les différents ministères et administrations publiques. Selon Ahmed Bernoussi, secrétaire général de Transparency International Maroc, les autorités « refusent délibérément de publier ces informations sur les sites officiels du gouvernement afin de dissimuler toute piste liée aux détournements de fonds et à la corruption dans certains secteurs gouvernementaux. »

    La loi marocaine sur le droit d’accès à l’information a été publiée en février 2018 et est entrée en vigueur en mars 2020. Cependant, Bernoussi a déclaré au SMEX que cette loi présente des « défauts fondamentaux » pour plusieurs raisons, principalement « les restrictions injustifiées de l’article 7, qui excluent « toute information liée à la défense nationale ou à la sécurité intérieure et extérieure de l’État. »

    Il a expliqué que « ce dernier point peut être interprété par le gouvernement en fonction de ses intérêts et de ses caprices ». De plus, l’article 29 permet de poursuivre pénalement toute personne qui utilise ou réutilise des informations officielles pour ‘porter atteinte à l’intérêt public’ ».

    Malgré les nombreuses restrictions, la loi sur le droit d’accès à l’information « n’est pas appliquée, même avec ses inconvénients », selon Bernoussi. Par exemple, l’article 10 exige que toutes les institutions gouvernementales publient les informations en leur possession – à l’exception de celles mentionnées dans la section « exceptions » – via toutes les plateformes de diffusion électronique.

    Cependant, plusieurs institutions ne respectent pas cette exigence, comme le ministère de la Santé, qui n’a publié aucune information sur son site web concernant les contrats publics qu’il avait signés avec des entreprises privées pendant les mesures d’urgence COVID-19. Cela a incité Transparency International et l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) à porter plainte contre le ministère de la Santé.

    D’autres institutions gouvernementales ne disposent pas de sites web, comme le ministère de l’Intérieur, qui n’exploite un site web que pour l’une de ses filiales, la Direction générale des collectivités territoriales.

    Le dilemme de l’accès à l’information et de la liberté d’expression
    Les exceptions et les restrictions imposées par la loi sur l’accès à l’information ne sont pas les seules obstructions auxquelles sont confrontés les journalistes et les chercheurs, car nombre d’entre eux « ne disposent pas de l’expertise technique nécessaire pour accéder aux informations et aux données disponibles en ligne, car cela nécessite des recherches intensives », selon le journaliste et expert en datajournalisme Salaheddine Lemaizi. Dans une interview accordée à SMEX, Lemaizi a déclaré que « l’autocensure joue un rôle crucial en empêchant de nombreux journalistes d’approfondir des sujets liés aux secteurs sécuritaire et militaire et de remettre en question le régime royal. »

    Mohamed El-Aouni, ancien coordinateur du Réseau marocain pour le droit d’accès à l’information et actuel président de l’Organisation pour la liberté des médias et de l’expression, estime que l’exercice du « droit d’accès à l’information dépend essentiellement de la liberté d’opinion et d’expression. »

    Afin d’éviter une confrontation avec les autorités, El-Aouni explique que « les journalistes ou les auteurs peuvent s’abstenir de publier certaines des informations sensibles dont ils disposent, liées à des questions politiques. » Malheureusement, de nombreux journalistes au Maroc craignent de faire l’objet de pressions et de harcèlement, qui pourraient aboutir à des poursuites judiciaires ou à l’emprisonnement.

    Selon Bernoussi, le véritable respect de la liberté d’opinion, d’expression et de la presse est ce qui garantit véritablement le droit d’accès à l’information, « ce qui n’est pas le cas au Maroc. » Alors que les autorités marocaines prétendent respecter la loi sur l’accès à l’information, « elles détiennent également des journalistes qui révèlent la corruption politique et économique et poursuivent certains d’entre eux en justice pour créer un environnement d’intimidation. »

    Des journalistes accusés de publier des « informations exactes »

    En décembre 2019, la Cour d’appel de Rabat a prononcé une peine de six mois de prison avec sursis et infligé une amende de 10 000 dirhams (environ 1 000 USD) pour publication d’ »informations exactes » à l’encontre de quatre journalistes qui avaient publié des extraits d’un rapport ayant fait l’objet d’une fuite de la Commission d’enquête de la Chambre des conseillers sur la faillite de la Caisse marocaine de retraite.

    Un incident similaire s’est produit lorsque le journal Akhbar Alyoum, qui n’est plus en circulation, a publié un rapport le 13 juin 2012, révélant des primes financières illégales accordées par l’ancien ministre des Finances Salaheddine Mezouar à Noureddine Bensouda, trésorier général du Royaume. Plutôt que d’ouvrir une enquête administrative ou judiciaire sur les bonus illégaux découverts par le journal, la justice a accusé deux employés du ministère des Finances de « fuite de documents ». Le tribunal a acquitté l’un d’entre eux et prononcé une peine de deux mois de prison avec sursis à l’encontre de l’autre.

    Les organisations de la société civile demandent toujours la levée des restrictions imposées au droit d’accès à l’information, en appelant à la promulgation d’une nouvelle loi. Pendant ce temps, les journalistes, les blogueurs et les lanceurs d’alerte continuent de contester les restrictions qui limitent leur droit d’accéder à l’information et de dénoncer la corruption, malgré les difficultés et les risques auxquels ils sont confrontés, notamment les poursuites judiciaires et l’emprisonnement.

    Selon El-Aouni, cependant, la corruption politique, économique et administrative rampante au Maroc finira par succomber à « la persistance des citoyens et des journalistes à revendiquer et à exercer leur droit d’accès à l’information, malgré le harcèlement et les intimidations auxquels ils peuvent être confrontés. »

    Des journalistes accusés de publier des « informations exactes »

    En décembre 2019, la Cour d’appel de Rabat a prononcé une peine de six mois de prison avec sursis et infligé une amende de 10 000 dirhams (environ 1 000 USD) pour publication d’ »informations exactes » à l’encontre de quatre journalistes qui avaient publié des extraits d’un rapport ayant fait l’objet d’une fuite de la Commission d’enquête de la Chambre des conseillers sur la faillite de la Caisse marocaine de retraite.

    Un incident similaire s’est produit lorsque le journal Akhbar Alyoum, qui n’est plus en circulation, a publié un rapport le 13 juin 2012, révélant des primes financières illégales accordées par l’ancien ministre des Finances Salaheddine Mezouar à Noureddine Bensouda, trésorier général du Royaume. Plutôt que d’ouvrir une enquête administrative ou judiciaire sur les bonus illégaux découverts par le journal, la justice a accusé deux employés du ministère des Finances de « fuite de documents ». Le tribunal a acquitté l’un d’entre eux et prononcé une peine de deux mois de prison avec sursis à l’encontre de l’autre.

    Les organisations de la société civile demandent toujours la levée des restrictions imposées au droit d’accès à l’information, en appelant à la promulgation d’une nouvelle loi. Pendant ce temps, les journalistes, les blogueurs et les lanceurs d’alerte continuent de contester les restrictions qui limitent leur droit d’accéder à l’information et de dénoncer la corruption, malgré les difficultés et les risques auxquels ils sont confrontés, notamment les poursuites judiciaires et l’emprisonnement.

    Selon El-Aouni, cependant, la corruption politique, économique et administrative rampante au Maroc finira par succomber à « la persistance des citoyens et des journalistes à revendiquer et à exercer leur droit d’accès à l’information, malgré le harcèlement et les intimidations auxquels ils peuvent être confrontés. »

    SMEX, 05/04/2022

    #Maroc #Presse #Journalistes #OmarRadi

  • Maroc: Omar Radi doit être libéré

    Maroc: Omar Radi doit être libéré

    Maroc: Omar Radi doit être libéré – Idriss Radi, presse, journaliste,

    Le journaliste marocain Omar Radi, condamné à six ans de prison, doit retrouver la liberté « pour poursuivre ses enquêtes sur la corruption » qui gangrène le Maroc, a affirmé son père, Idriss Radi, alors que le journaliste a rejeté mardi, lors de son procès en appel, les accusations d’ »espionnage » qui pèsent sur lui.

    Lors d’un sit-in de solidarité avec Omar Radi, Idriss Radi a affirmé que son fils ainsi que le journaliste Souleiman Raissouni et d’autres détenus d’opinion, « devraient retrouver la liberté pour poursuivre leurs enquêtes sur la corruption qui gangrène le Royaume, notamment leurs investigations concernant l’accaparement de terres publiques par des spéculateurs », un sujet qui fâche et pour lequel Omar Radi a été arrêté une première fois en 2019 avant d’être libéré pour poursuivre ses écrits dans ce domaine.

    Omar Radi, dont l’arrestation a suscité un grand élan de solidarité au Maroc et parmi la communauté marocaine établie à l’étranger, « est innocent et doit être libéré », a insisté son père.

    Idriss Radi a, en outre, dénoncé la politique du régime du Makhzen qui, selon lui, « a déployé tous ses dispositifs sécuritaires et ses services de renseignement ainsi que ses bras judiciaire et médiatique afin de faire taire les voix » qui s’opposent à sa politique destructrice et mettent à nu ses plans désespérés visant à dissimuler la corruption qui gangrène ses structures et ses institutions.

    Il a, par ailleurs, appelé le régime marocain à « laisser les citoyens vivre dans la paix et la stabilité et exercer leurs activités en toute liberté », rappelant que « le peuple marocain aspire depuis 1959 à une transition démocratique ».

    #Maroc #OmarRadi

  • L’affaire Omar Radi : histoire belge, sexe et tragédie

    L’affaire Omar Radi : histoire belge, sexe et tragédie – Maroc, répression, presse, journalistes,

    Vendredi 28 mai 2021, 9h30, Aïn Sebaa, quartier périphérique de Casablanca, face à la prison Oukacha. Le léger voile de brume maritime qui recouvrait ce quartier de la côte atlantique, se déchire lentement, par pans, laissant le soleil reprendre droit de cité. La journée s’annonce torride. La température frise déjà les dix-neuf degrés. Sweat noir, pantalon beige clair et baskets blanches, une dame installe un petit campement, pour quelques heures au pied d’un muret de clôture en pierres ocres, sur lequel court un grillage. A ses côtés, son compagnon, Driss Radi. Le blouson de Fatiha Cherribi, c’est son nom, est entrebâillé sur un T-shirt frappé de l’effigie d’Omar Radi, leur fils, journaliste d’investigation, victime de la vindicte du régime, en raison de la pertinence de ses enquêtes, de ses interviews ou de ses déclarations sur les crimes de la mafia au pouvoir.

    Une irrépressible appétence pour le traquenard sexuel

    Le journaliste de 35 ans dort en prison, à l’isolement, depuis le 29 juillet 2020. Il y a rejoint ses collègues Taoufik Bouachrine et Soulaïmane Raïssouni, respectivement incarcérés depuis le 24 février 2018 et le 22 mai 2020. Les journalistes font tous les trois face à des charges similaires. Mais dans le souci de donner du crédit à ses accusations, le parquet les a agrémentées de variations sur le même thème pour lequel il semble avoir désormais, une irrépressible appétence, le sexe : « traite d’êtres humains, abus de pouvoir à des fins sexuelles, viol et tentative de viol », pour le cas de Taoufik Bouachrine, « agression sexuelle » sur un militant LGBT pour Soulaimane Raïssouni et enfin « attentat à la pudeur avec violences et viol » pour Omar Radi. Pour ce dernier, le parquet a rajouté une cerise sur le gâteau, avec les charges d’ « atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat ». Rien que ça ! Il faut croire que le logiciel des sécuritaires et du parquet est infecté et pollué par le sexe. Pour s’en convaincre, il faut compulser l’actualité des journalistes, des militants ou des défenseurs des droits de l’homme : Hicham Mansouri, journaliste, arrêté à son domicile, déshabillé et filmé par les policiers est condamné à dix mois de prison pour adultère , le 30 mars 2015; Hajar Raissouni, journaliste, arrêtée en même temps que son fiancé, Rifaat Al Amine, à la sortie du cabinet de son gynécologue et condamnée, le 30 septembre 2019, pour relations sexuelles hors mariage et avortement illégal; Fouad Abdelmoumni, économiste, militant des droits de l’homme et secrétaire général de Transparency Maroc, filmé en février 2020, par une caméra espion avec sa compagne en pleines ébats, dans leur chambre à coucher et la vidéo envoyée à sa belle-famille et ses amis. Maître Mohamed Ziane, ex-bâtonnier de l’ordre des avocats, ex-ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Droits de l’Homme et défenseur de Taoufik Bouachrine, objet, en novembre 2020, d’un montage vidéo montrant un homme nu, lui ressemblant aux côtés d’une de ses clientes, Wahiba Kherchich.

    Devant la prison d’Oukacha, une dizaine de personnes se joignent, en ordre dispersé, aux parents d’Omar Radi. Ils sont venus soutenir la cause des détenus. Embrassades, étreintes et effusions cèdent rapidement le pas à de véhémentes protestations et à d’innombrables quolibets. La veille, après le départ du groupe, les autorités, courroucées par le sit-in continuel des familles et des amis des prisonniers, devant la prison, ont décapité un ibiscus, un yucca et un eucalyptus qui avaient pour tort d’abriter du soleil les protagonistes de ces rassemblements. La nouvelle de l’ignominie et les photos du saccage se répandent immédiatement sur la toile où ils suscitent l’indignation générale.

    1 dîner 2 cons, l’œil du cyclone

    On a tout écrit sur l’affaire Omar Radi. Le journaliste avait pris part au Mouvement du 20 février 2011. Il avait sans doute, l’espace de quelques semaines, été victime de la supercherie grandeur nature, orchestrée par le Palais et ses complices, après l’éclosion du Printemps marocain. Une escroquerie intellectuelle qui a débuté avec le discours du 9 mars 2011 qui promettait, en effet, un peu plus que les revendications de la rue. Si bien que l’on pensait que le Mouvement avait fait plier le roi et l’avait décidé, sinon forcé à s’affranchir des travers caractérisant son régime. Comme bien de ses confrères, Omar pensait donc avoir gagné le droit à la liberté d’enquêter et de communiquer à ses compatriotes, le résultat de ses investigations, en un mot faire son métier de journaliste.

    Le référendum pour une « nouvelle » constitution approuvé à la manière soviétique, à plus de 90% et les élections remportées par les islamistes du Parti de la Justice et du Développement, les affaires pouvaient reprendre pour le palais, au sens propre comme au figuré. Le PJD avait promis de lutter contre la corruption et pour plus de justice sociale. Il se fit défenseur des corrompus et de l’injustice et leur bras séculier pour rattraper tous ceux qui avaient, de près ou de loin, pris part au Printemps marocain, artistes, poètes, chanteurs, journalistes, activistes ou simples citoyens épris de liberté. Omar Radi était de ceux-là, même s’il passa entre les gouttes de la répression immédiate. Bien plus tard, le 25 août 2018, l’homme dira son mot sur la méthode Mohammed VI, lors du sixième épisode de l’émission « 1 dîner 2 cons », diffusé le 25 août 2018. Il dit :

    -«……Carte blanche a été donnée par le roi, dans son discours du trône, aux sécuritaires de transformer le pays qui l’était déjà, en état policier, à l’exemple de la Tunisie de Ben Ali……………….La police et les services de renseignements ont accentué leur emprise sur le pays….. Ils ont accéléré la dépossession des terres collectives. »

    A la minute 17.30, le journaliste explique les raisons profondes de la révolte du Rif, ignorées par les marocains et qui sont la dépossession de trente mille (30.000) hectares de terres entre Ketama et Al Hoceima, pour alimenter l’assiette foncière du projet « Phare de la Méditerranée» (Manarat Al Moutaouassit).

    Dans la même séquence, Omar Radi se livre à un réquisitoire en règle contre le bilan de Mohammed VI dont il dit qu’il a poursuivi le sabotage des partis politiques entamé par Hassan II…………..

    Il n’y aura jamais de septième épisode de l’émission. Quelques jours plus tard, l’Association Racines, ayant hébergé le tournage du talkshow, est dissoute par les autorités. Le nœud coulant se resserrait un peu plus autour du cou d’Omar.

    On a également tout éventé du traquenard sexuel tendu au journaliste. Qui oserait, en effet, croire qu’une jeune femme violée n’appelle pas les secours alors qu’à quelques pas de l’agression, se trouve réuni un groupe de personnes ?

    La mauvaise histoire belge

    On a également tout démonté de cette prétendue affaire d’espionnage qui rappelle les histoires belges, l’humour en moins. Il faut, en effet le dire, la pitoyable mise en scène imaginée par le Makhzen est une insulte à tout ce que l’humour gaulois pourrait colporter sur les habitants du plat pays. Un employé de nationalité belge qu’on prend pour un diplomate hollandais et qui serait l’agent traitant d’Omar. C’est le citoyen belge lui-même, Arnaud Simons, qui remettra les pendules à l’heure et apportera un démenti cinglant aux déclarations du parquet dans une lettre où il détaille les relations qui l’ont lié au détenu.

    Il écrit :

    « Le poste que j’ai occupé a fait l’objet d’une offre d’emploi publique avant mon entrée en fonction et après mon départ et aurait pu être occupé par tout autre candidat, indépendamment de sa nationalité. Je ne suis ainsi moi-même pas néerlandais mais belge, ce qui ne fait que mettre en lumière le manque de sérieux des accusations d’atteintes à la sûreté de l’État portées contre Omar. »

    On aurait pu en rire et même se taper sur les cuisses, n’était-ce la tragédie qui emporte la famille Radi !

    Avec beaucoup d’élégance, l’ex-fonctionnaire de l’ambassade des Pays-Bas évoque un manque de sérieux des accusations. Il aurait pu tout aussi légitimement parler d’incompétence ou d’amateurisme, les policiers n’ayant même pas été capables d’orthographier convenablement son nom, transcrivant Simon en lieu et place de Simons. Au cours des auditions à la BNPJ, Omar Radi aura eu beau demander aux officiers de police judiciaire de corriger l’orthographe, s’ils voulaient retrouver l’homme pour le faire témoigner. Rien n’y fit.

    Dans sa lettre, Arnaud Simons bat également en brèche la thèse officielle d’un Omar Radi tentant de nuire à la situation diplomatique du Maroc, au travers de la crise du Rif. Il écrit :

    « J’ai quitté le Maroc à l’été 2015…………….. Les évènements du Rif n’ont débuté que bien après mon départ ……………………… Omar et moi n’avons depuis mon départ plus eu aucun contact téléphonique et lui et moi n’avons jamais discuté des évènements du Rif.

    Il semblerait pourtant que ce soit notamment sur base de cet élément que se fonde l’accusation contre lui d’avoir violé l’article 191 du code pénal, qui punit de cinq ans de prison l’« atteinte à la sûreté extérieure de l’État [en entretenant] avec des agents étrangers des intelligences ayant pour objet de nuire à la situation diplomatique du Maroc ».

    S’il devait s’avérer qu’Omar a effectivement reconnu avoir eu des contacts directs et téléphoniques avec moi coïncidant avec les événements en question, ses aveux poseraient alors plus de questions concernant la nature des séances d’interrogatoire qu’il a subies que sur l’authenticité des faits.»

    L’ibiscus qui refusait de mourir

    Des lignes accablantes en forme de démenti. Elles disent qu’en termes de nuisance à sa diplomatie, le régime marocain n’a nul besoin d’aide. Mohammed VI et ses thuriféraires s’en chargent à merveille, avec leur comportement d’un autre âge ! Car si Mohammed VI avait été ce souverain démocrate modèle, « roi des pauvres », qu’on avait vendu aux marocains à la disparition de son père, et si son régime avait été la monarchie parlementaire exemplaire dont la courtisanerie se gargarise, Omar Radi n’aurait peut-être jamais été journaliste ou à tout le moins pas celui que l’on connaît, auteur de ces enquêtes qui lui valent aujourd’hui la prison. Car vous l’aurez compris, c’est plutôt ailleurs qu’il faut chercher les raisons de l’arrestation du journaliste et sa condamnation. Dans la pertinence des articles et dans la qualité des enquêtes qui ont démasqué Mohammed VI.

    Pas une semaine ne s’écoule depuis son arrestation sans que, tour à tour, Fatiha et Driss Radi, ne se fendent d’une lettre psychanalysant leur peine, leur douleur et leur chagrin de parents. Aucun traducteur, aucun interprète ne saura jamais rendre la charge d’émotion de ces courriers-là.

    Devant la prison d’Oukacha, l’ibiscus étêté par les autorités a repris goût à la vie. Il feuillit de plus belle et bien plus vert qu’auparavant, comme un pied de nez à ses tortionnaires et un clin d’œil d’espoir aux familles d’Omar, de Soulaïmane, de Taoufik et des autres. Au fond de leur cellule, tous ces garçons me font penser à cet arbre magnifique qu’on a voulu tuer et qui revient hanter ses assassins et leur rappeler la tirade de l’apôtre de la non-violence, Mohandas Karamchand Gandhi, à la face de ses tourmenteurs :

    -« Vous pouvez m’enchaîner, vous pouvez me torturer, vous pouvez même détruire ce corps, mais vous n’emprisonnerez jamais mon esprit ! »

    Blog de Salah El Ayoubi, 05/01/2022

    #Maroc #OmarRadi #Presse #Journalistes

  • Maroc: Sit-in de solidarité avec le journaliste Omar Radi

    Maroc: Sit-in de solidarité avec le journaliste Omar Radi

    Maroc: Sit-in de solidarité avec le journaliste Omar Radi – presse, répression, Soulaiman Raïssouni, Taoufik Bouachrine

    Le procès en appel du journaliste marocain Omar Radi, condamné à six ans de prison ferme par les autorités marocaines, s’ouvre « ce jeudi à la Cour d’appel de Casablanca devant laquelle un sit-in de solidarité est prévu pour appeler à la libération immédiate du militant et de tous les journalistes emprisonnés dans le pays, a annoncé son père », cité par des médias.

    Condamné arbitrairement Omar Radi, journaliste d’investigation et militant des droits humains a été primé pour ses publications sur l’accaparement de terres publiques par des spéculateurs.

    Il est également à l’origine de l’éclatement du scandale de corruption dit des « serviteurs de l’Etat » qui a éclaboussé près de cent personnes, notamment des officiels de haut rang, qui auraient acquis des terrains publics pour une fraction de leur valeur sur le marché.

    En juillet 2020, il a été arrêté pour une supposée affaire de « viol » et « atteinte à la sûreté de l’Etat ». Des accusations que le journaliste de 35 ans ne cesse de réfuter.

    « La détention d’Omar Radi est injuste et contraire à la loi en vigueur, assure la défense. Dans le droit marocain, la détention préventive est une mesure exceptionnelle », selon l’un de ses s avocats.

    La patrie news, 10/12/2021

    #Maroc #Presse #Journalistes #Omar_Radi #Soulaimane_Raissouni #Taoufik_Bouachrine

  • Média suisse : Le Maroc et les journalistes persécutés

    Tags : Maroc, presse, journalistes, Omar Radi, Soulaiman Raïssouni, Taoufik Bouachrine – Média suise : Le Maroc et les journalistes persécutés

    Alors que la procédure d’appel contre Omar Radi est en cours, de plus en plus de cas de répression de la liberté de la presse sous le règne de Mohammed VI
    La procédure d’appel contre Omar Radi a débuté le 4 novembre à Casablanca . Le journaliste marocain a été condamné à six ans de prison en juillet dernier pour viol et espionnage. Mais sa libération est exigée de plusieurs côtés. Amnesty International a inspecté le téléphone de Radi et a découvert qu’il avait été piraté avec le logiciel espion Pegasus , du groupe israélien Nso.

    D’ailleurs, le sort d’Omar Radi n’est pas du tout rare pour les journalistes au Maroc. Surtout ces dernières années. Maati Monjib, Imad Stitou et Sulaiman Raissouni sont également détenus en ce moment .

    Le Maroc se classe 136e sur 180 pays dans le classement de la liberté de la presse établi chaque année par Reporters Sans Frontières.

    Il y a des dizaines de militants médiatiques derrière les barreaux, du Rif au Sahara occidental. Comme Bashir Khadda, journaliste du groupe Equipo Mediatico, arrêté en 2010, après la manifestation sahraouie de Gdeim Izik. Et comme Salah Lebsir, reporter de la Fondation Nushatta, qui a passé quatre ans en prison avant de se réfugier dans les camps sahraouis près de Tindouf. Aujourd’hui, il raconte le conflit entre le Polisario et le Maroc, depuis le front du désert, un front qui – comme en témoigne le rapport publié par « Le Monde » dimanche dernier 7 novembre – devient de plus en plus incandescent.

    Gilberto Mastromatteo

    RSI, 15/11/2021

    #Maroc #Presse #Journalistes #OmarRadi #SoulaimanRaissouni #TaoufikBouachrine