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  • Maroc: Les Etats-Unis « préoccupés » par le procès d’Omar Radi

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    Les Etats-Unis se sont prononcés sur le procès du journaliste Omar Radi et sa condamnation à 6 ans de prison ferme.

    Via un tweet publié par le porte-parole du Département d’Etat, Ned Price, Washington a clairement indiqué son indignation par le manque de « garanties d’un procès équitable dans l’affaire du journaliste Omar Radi ».

    « Nous sommes préoccupés par les garanties d’un procès équitable dans l’affaire du journaliste Omar Radi, qui a été condamné à six ans de prison le 19 juillet. Nous suivons de près cette affaire et avons fait part de nos préoccupations aux autorités marocaines », a-t-il écrit mardi 20 juillet.

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  • Maroc : Omar Radi, une vie brisée par Pegasus et le Palais

    Le journaliste marocain, surveillé par le logiciel israélien, écope de six ans de prison au terme d’une parodie de procès. Son confrère Imad Stitou, témoin devenu accusé, est, lui, condamné à un an de prison, dont six mois ferme.

    Retour sur cette obscure affaire, par l’Humanité et Mediapart. Après plus d’un an d’une procédure entachée d’irr
    égularités et de manipulations, au terme d’une parodie de procès dénoncée par de nombreuses ONG internationales, le journaliste d’investigation Omar Radi a été condamné lundi 19 juillet par la justice marocaine à six ans de prison ferme et son confrère et ami Imad Stitou à un an de prison dont six mois ferme.
    Ce verdict tombe alors qu’est révélé l’un des plus graves scandales d’espionnage de la décennie, impliquant au moins onze États à travers le monde, dont le Maroc. Il fait suite, à dix jours d’intervalle, à la condamnation à cinq ans de prison ferme pour « agression sexuelle » d’un autre journaliste marocain réputé pour son indépendance : l’éditorialiste d’Akhbar Al Youm, Souleimane Raissouni, en grève de la faim depuis plus de cent jours et dont le procès est lui aussi jugé inéquitable par des organisations de défense des libertés.
    Les voix critiques que le régime marocain, veut réduire au silence….
    Connus pour avoir couvert, en 2016 et 2017, le hirak du Rif, ce long soulèvement populaire violemment réprimé dans le nord-est du Maroc, Omar Radi et Imad Stitou, trentenaires, comptent parmi les voix critiques que le régime entend depuis longtemps réduire au silence, dans un lourd contexte de répression des opposants, des défenseurs des droits humains, des journalistes.
    Omar Radi travaillait sur l’accaparement des terres, suivait tous les mouvements sociaux, s’intéressait de près aux intérêts enchevêtrés de la monarchie et du capital, marocain ou étranger.
    Les ennuis les plus sérieux avaient commencé pour lui le 26 décembre 2019, avec l’exhumation par les autorités judiciaires d’un tweet ancien dénonçant les sévères condamnations, jusqu’à vingt ans de prison, infligées à 42 porte-voix de la révolte du Rif et confirmées en appel. « Lahcen Talfi, juge de la cour d’appel, bourreau de nos frères, souvenons-nous bien de lui.
    Dans beaucoup de régimes, les petits bras comme lui sont revenus supplier après en prétendant “avoir exécuté des ordres”. Ni oubli ni pardon avec ces fonctionnaires sans dignité ! » avait tweeté le journaliste le 5 avril 2019.
    Cette manifestation d’indignation lui avait valu une convocation de la brigade nationale de police judiciaire et cinq jours de prison.
    Libéré sous la pression d’une mobilisation nationale et internationale inédite, il avait finalement été condamné, le 17 mars 2020, à quatre mois de prison avec sursis pour « outrage à magistrat ».
    Atteinte à la liberté d’expression
    « Ce procès n’a pas lieu d’être, c’est une atteinte à ma liberté d’expression », avait-il protesté.
    Trois mois plus tard, en juin 2020, un rapport de l’ONG Amnesty International révélait la découverte, dans le téléphone du journaliste, de traces d’intrusion « au moyen d’une nouvelle technique sophistiquée permettant d’installer de façon invisible Pegasus », le logiciel espion produit par la firme israélienne NSO Group, au cœur du présent scandale mondial d’espionnage.
    « Ces attaques se sont produites alors que le journaliste faisait l’objet d’actes de harcèlement multiples de la part des autorités marocaines – l’une d’entre elles notamment a eu lieu quelques jours seulement après que l’entreprise eut affirmé que ses produits ne seraient plus utilisés pour commettre des violations des droits humains – et elles se sont poursuivies au moins jusqu’au mois de janvier 2020 », expliquait le document.
    Reprises dans une quinzaine de médias sous la coordination du collectif Forbidden Stories qui poursuit les enquêtes des journalistes emprisonnés ou assassinés, ces révélations avaient fait grand bruit, déchaînant l’acharnement répressif des autorités marocaines sur Omar Radi.
    L’Histoire se répète
    L’usage par le pouvoir marocain de cette arme technologique contre des journalistes et des opposants avait déjà été mis au jour, en octobre 2019, par le Citizen Lab de l’université de Toronto, spécialisé dans le domaine de la cybersécurité, avec la publication d’une liste de personnalités marocaines espionnées via Pegasus, parmi 1 400 journalistes et défenseurs des droits humains ciblés dans le monde.
    Dès lors, pour Omar Radi, les convocations au siège de la brigade nationale de la police judiciaire se sont enchaînées, dans une procédure obscure, faisant peser sur lui des accusations d’« espionnage » et d’« atteinte à la sûreté de l’État ». Une stratégie de harcèlement policier et judiciaire bien connue des journalistes et des militants marocains.
    Conforté par les expressions de solidarité et la mobilisation en sa faveur, au Maroc et au-delà de ses frontières, le journaliste affrontait alors avec sérénité les longs et fréquents interrogatoires policiers, plus d’une vingtaine en quelques semaines, comme les altercations provoquées par les nervis de médias de diffamation, connus pour être un des outils au service de la répression.
    Le 23 juillet 2020, soit un mois après le scandale Pegasus, coup de théâtre : une nouvelle accusation, d’une tout autre nature, venait accabler le journaliste. Sa collègue Hafsa Boutahar, employée aux services administratifs et commerciaux du site d’informations le Desk, annonçait avoir déposé contre lui une plainte pour viol. Omar Radi, incarcéré six jours plus tard, niait en bloc, faisant état d’une relation consentie.
    Version confirmée par son confrère Imad Stitou, témoin des faits, repeint, au fil d’une instruction bâclée, en « complice » et poursuivi à son tour, en liberté, pour « non-dénonciation d’un crime ».
    Plusieurs fois sollicitée par Mediapart et l’Humanité, la plaignante, qui s’est beaucoup exprimée dans des médias connus pour être aux ordres du régime marocain, n’a jamais donné suite à nos demandes d’entretien.
    Une justice aux ordres..
    En juin dernier, Omar Radi a entamé une grève de la faim pour contester sa détention provisoire, avant d’y mettre un terme, au bout de vingt et un jours, en raison de la détérioration de son état de santé : il souffre de la maladie de Crohn et son placement à l’isolement, autant que le manque de soins, de traitements et de régime adaptés, l’ont laissé très affaibli.
    À l’énoncé de ces condamnations, dans le climat de stupéfaction provoqué par les révélations du Pegasus Project, l’ONG Reporters sans frontières a dénoncé un « verdict de la honte » : « Bien que (Omar Radi) soit poursuivi dans deux affaires séparées pour “espionnage” et “viol”, les deux accusations sont en réalité liées et ont été traitées de façon conjointe par les autorités.
    Une confusion qui soulève de sérieux doutes quant à l’équité de son procès. » « Il a été privé du droit à préparer une défense adéquate, son équipe légale et lui se sont vu refuser l’accès à certaines des preuves retenues contre lui, et toutes leurs demandes de convocations de témoins pour sa défense dans les affaires le mettant en cause ont été rejetées.
    Condamner quelqu’un à six années en prison après une procédure aussi viciée, ce n’est pas de la justice », a également réagi Amnesty International, qui appelle à « un nouveau procès conforme aux normes internationales ».
    « Tout le monde a peur. Ce verdict est un assassinat judiciaire » Imad Stitou, journaliste « Ce 19 juillet 2021 restera un jour noir pour le Maroc, pour la liberté de la presse, mais aussi pour les luttes féministes et LGBT. Personne n’osera plus prendre la parole librement. Tout le monde a peur. Ce verdict est un assassinat judiciaire », confie à Mediapart et l’Humanité Imad Stitou, qui entend faire appel du jugement, tout comme Omar Radi. Sous le choc de sa condamnation, laissé pour l’heure « en semi-liberté », il assure « avoir la conscience tranquille » : « J’ai donné mon témoignage devant la justice, Dieu, le public, l’histoire et le plus important : ma conscience.
    Un procès mascarade
    Ce procès n’aurait jamais eu lieu s’il y avait eu une vraie enquête car le dossier ne tient pas. Il est monté de toutes pièces. » Cet épilogue judiciaire, quelques jours après la condamnation du journaliste Souleimane Raissouni, confirme la ferme volonté du Palais d’user de tous les moyens pour bâillonner les voix discordantes. Jusqu’au déploiement d’une « stratégie sexuelle » instrumentalisant sans vergogne la lutte contre les violences de genre, les luttes féministes et LGBT pour les retourner contre des journalistes et des opposants.
    « Cet État voyou s’affranchit de toutes les lignes rouges. Il ne s’embarrasse même plus d’apparences, d’un semblant de respect pour ses propres règles de droit. Tout au long de ce procès, Omar Radi s’est montré très direct, très frontal, très courageux.
    Il n’a pas fait dans la dentelle et ça, ça se paie cher au Maroc, au regard de la psychologie de ce régime », analyse le journaliste Aboubakr Jamai aujourd’hui exilé en France, fondateur du Journal, un hebdomadaire né sous Hassan II que les autorités ont fait fermer en 2010.
    Son nom figure parmi les personnes espionnées par le pouvoir marocain grâce au logiciel Pegasus, « un jouet qui nourrit leurs instincts voyeuristes : ils s’en donnent à cœur joie ».
    Pegasus, « un jouet qui nourrit leurs instincts voyeuristes : ils s’en donnent à cœur joie » Aboubakr Jamai, journaliste « Ce verdict ne relève pas de la justice mais de la vengeance », abonde un autre journaliste marocain exilé en France, Hicham Mansouri. Lui aussi figure parmi la liste des milliers de personnes traquées par le Maroc via Pegasus ; il se prépare à porter plainte. Son téléphone a été infecté plus de vingt fois entre février et avril 2021, selon l’analyse de Forbidden Stories et du Security Lab d’Amnesty International.
    Le cas Maâti Monjib
    À l’époque, il était mobilisé pour la libération de l’intellectuel Maâti Monjib, l’une des voix critiques les plus emblématiques du règne de Mohammed VI, avec lequel il a fondé l’Amji, l’Association marocaine pour le journalisme d’investigation, dans le viseur de la justice et du pouvoir depuis 2015. Hicham Mansouri a passé dix mois dans les geôles marocaines cette année-là pour « complicité d’adultère » ; il a échappé de peu à des poursuites pour proxénétisme, un dossier fabriqué pour le faire tomber.
    Six ans plus tard, il prépare un livre sur son expérience carcérale. Il est surveillé, traqué, harcelé jusque sur le sol français. « Je suis suivi à Paris. Parfois, ils ne le font pas discrètement. Ils étaient sept à me filer, un jour. Ils ont même suivi un membre de notre comité de soutien à Maâti Monjib qui est français, sans aucune origine marocaine », relate-t-il. Hicham Mansouri décrit « un enfer », des méthodes de démolition psychologique  : «  Je ne sors jamais seul en soirée. Je me prive de beaucoup de choses, je ne fais confiance à aucune nouvelle connaissance, surtout marocaine ». Les révélations du projet Pegasus le soulagent un peu : « J’espère que cela suscitera un électrochoc en France.
    Le Maroc, ce n’est pas la jolie carte postale, “quel beau pays stable et ouvert”, célébrée par des intellectuels, des journalistes. Là, tout est mis au jour : la surveillance, la diffamation, les procès montés. ».
    Derrière la carte postale, des vies brisées, des réputations salies, des voix réduites au silence, et tout un pays bâillonné.
    A. O.
    La Patrie News, 21/07/2021
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  • Amnesty: Il faut un nouveau procès équitable pour Omar Radi

    Maroc : Un journaliste harcelé par les autorités doit bénéficier d’un nouveau procès équitable

    Réagissant à la condamnation du journaliste et critique du gouvernement Omar Radi à six ans d’emprisonnement à l’issue d’un procès entaché d’atteintes flagrantes aux droits de la défense pour des accusations d’espionnage et de viol, Amna Guellali, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International, a déclaré

    « Avant son arrestation, Omar Radi était harcelé par les autorités en raison de son courageux travail journalistique critiquant les violations des droits humains et dénonçant la corruption. Depuis le début de son procès, celui-ci est entaché d’irrégularités. Il a été privé du droit de préparer une défense appropriée, lui et son équipe d’avocats se sont vus refuser le droit d’accéder à certaines des preuves retenues contre lui et toutes les demandes de convocation des témoins de la défense dans les affaires qui le concernent ont été rejetées. Il a également été maintenu à l’isolement pendant près d’un an.

    « Condamner quelqu’un à six ans de prison après une procédure aussi viciée n’est pas une justice. Les autorités marocaines doivent de toute urgence accorder à Omar Radi un nouveau procès équitable, conforme aux normes internationales. »

    Contexte

    Omar Radi est l’un des fondateurs de Le Desk, un site d’information marocain indépendant qui publie des articles critiques à l’égard des autorités. Son journalisme s’est concentré sur la politique et les enquêtes sur la corruption des autorités.

    Le 29 juillet, les autorités l’ont arrêté et inculpé d’ » atteinte à la sécurité intérieure et extérieure du Maroc  » sur la base d’une accusation selon laquelle il aurait reçu des fonds de sources  » liées à des agences de renseignement étrangères « . Amnesty International considère qu’il s’agit d’accusations forgées de toutes pièces, car elles sont liées à des subventions de recherche dans le cadre d’une bourse de journalisme et à des consultations en free-lance, deux activités protégées par son droit à la liberté d’expression.

    Omar Radi a également été inculpé de « viol » et d’ »attentat à la pudeur contre une femme » après qu’une ancienne collègue du Desk a allégué qu’il l’avait agressée le 12 juillet 2020. Il a nié cette accusation. Il est essentiel que toutes les allégations d’agression sexuelle fassent l’objet d’une enquête en bonne et due forme et que les auteurs de ces agressions soient traduits en justice. Cependant, quelle que soit la gravité des accusations portées contre lui, les autorités doivent veiller à ce qu’il soit traité équitablement et bénéficie d’un procès équitable.

    En juin 2020, un rapport d’Amnesty International a révélé qu’Omar Radi avait été pris pour cible par les autorités marocaines à l’aide d’un logiciel espion produit par NSO Group, une société israélienne. À la suite de sa publication, les autorités marocaines ont lancé une campagne de dénigrement contre Amnesty International, dans le but de discréditer les conclusions de l’organisation et de détourner l’attention de la surveillance illégale au Maroc des défenseurs des droits humains et des journalistes. L’acte d’accusation dans les deux affaires d’espionnage et de viol contre Omar Radi, daté du 18 mars 2021, confirme que les autorités avaient placé le journaliste sous surveillance depuis le 29 décembre 2017.

    Amnesty International, 19/07/2021

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  • Maroc: Le Makhzen face à ses crimes

    S’il fallait une preuve du peu de cas que le royaume du Maroc accorde à la liberté de la presse, la condamnation d’un journaliste à une peine de 5 années de prison ferme vient répondre à toutes les voix qui tentent de trouver quelque circonstance atténuante à un pays tortionnaire, trafiquant de drogue et colonisateur. 

    L’épisode du procès démasque Rabat devant la communauté internationale. Mais dire qu’une condamnation par l’Onu et autres institutions officielles suffit à avoir bonne conscience se serait mentir à l’opinion internationale. Et pour cause, Mohamed VI pourrait libérer le journaliste injustement condamné pour racheter une nouvelle virginité. 
    Aussi, il faut dire haut et fort que les exactions du Makhzen à l’endroit de la presse n’est que l’écume des violations systématique des droits de l’Homme qu’il pratique à l’endroit du peuple Sahraoui. En effet, son activisme « débordant » visant à annuler la dimension droit de l’homme dans la mission de la Minurso doit aussi être dénoncé. L’Onu et ses « dépendances» savent ce qui se passe au Sahara occidental, ils connaissent le véritable visage d’un royaume colonialiste et très peu regardant sur les droits de l’homme, lorsqu’il s’agit des populations sahraouies. Les gesticulations du palais royale, dans une tentative désespérée de maintenir le couvercle démocratique, auront un jour ou un autre un effet contraire.
    L’erreur du Maroc a été de compter exclusivement sur la « compréhension » franco-américaine, au point d’être totalement isolé au plan africain et Méditerranéen. Mohamed VI, comme son père Hassan II, s’est cru plus proche des occidentaux que des «indigènes» d’Afrique et d’ailleurs. Son comportement, depuis son accession au pouvoir, donnait la nette impression d’une volonté de se dissocier de ses racines pour s’offrir à l’occident. Pour se faire, il n’a pas hésité à faire concession sur concession. Jusqu’à en perdre son identité, en pactisant avec l’entité sioniste.
    Le deal était simple. Aux dirigeants occidentaux de flatter l’égo du roi et mettre sous silence le sous-développement caractérisé de ses sujets. En contre partie, le roi laisse les grands de ce monde se comporter comme chez eux dans les limites territoriales de son royaume. Mais il a oublié que les occidentaux, et à leur tête Israël, n’ont que faire des largesses royales. Le jour viendra où ils lui feront ce qu’ils ont fait au système de l’Apartheid, en Afrique du sud.
    Par Nabil G.
    Ouest Tribune, 15/07/2021
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  • Droit de l'Homme : Le Département d'Etat, RSF et Euromed accablent le Maroc

    Les violations des droits de l’Homme au Maroc continuent de susciter les inquiétudes des organisations à travers le monde et plus récemment du département d’Etat des Etats-Unis qui accable le Royaume qui persiste dans ses pratiques répressives dans le but de faire taire les voix critiques envers le régime en place.

    Le département d’Etat s’est dit lundi « déçu » par le verdict de 5 ans de prison prononcé vendredi dernier à l’encontre de Souleiman Raissouni, rédacteur en chef du quotidien Akhbar Al Yaoum (qui a cessé de paraître en mai dernier après 14 ans d’existence). « Nous pensons que le processus judiciaire qui a conduit à son verdict contredit la promesse fondamentale du système marocain de procès équitables pour les personnes accusées de crimes, et il est incompatible avec la promesse de la constitution de 2011 et le programme de réforme » engagé dans le pays, a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, exprimant les préoccupations de son département par « l’impact négatif de l’affaire sur la liberté d’expression et la liberté d’association au Maroc ». « La liberté de la presse est fondamentale pour des sociétés prospères et sûres, et les gouvernements doivent veiller à ce que les journalistes puissent exercer en toute sécurité leurs rôles essentiels sans crainte de détention injuste, de violence ou de menaces », a-t-il poursuivi. 
    En effet, ce n’est pas la première fois, pour cette année, que le département d’Etat interpelle les autorités marocaines sur les droits de l’Homme. Dans un rapport publié début avril, il avait déjà pointé une situation peu reluisante au Maroc, et dévoilé des cas de torture, disparitions forcées, et graves restrictions à la liberté d’expression dans lesquels seraient impliqués des membres des forces de sécurité. Un mois après, soit le début mai, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, invitera les autorités marocaines à réaffirmer leur engagement en faveur de la protection et de la promotion des droits de l’Homme.
    Le régime marocain « étouffe » la société
    Dans ce contexte, l’Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme, a déclaré, dans un rapport détaillé publié lundi, que les autorités marocaines ont « sévèrement restreint », depuis des années, la liberté d’opinion et d’expression et la liberté de la presse, et ont utilisé des méthodes « illégales » pour détenir, poursuivre et diffamer des activistes et des journalistes. Selon l’organisme, les autorités du Maroc détiennent ou poursuivent toujours 21 journalistes et militants des droits civils et humains pour avoir exprimé leurs opinions à travers les médias ou les réseaux sociaux. Durant les deux dernières années et au cours de cette année, des suivis judiciaires contre des journalistes et des activistes ont été prononcés, et certains d’entre eux ont été condamnés à de lourdes peines, d’après le rapport. Selon Euro-Med Monitor, l’absence de garanties constitutionnelles et légales suffisantes pour protéger le droit fondamental à la liberté d’opinion, d’expression et de travail journalistique a conduit à l’exacerbation des violations officielles et des abus envers l’exercice de ces libertés. 
    Le rapport de l’Observatoire Euro-Méditerranéen, intitulé « Le Maroc… étouffe les autres opinions « , s’est basé sur les témoignages de 15 journalistes et militants marocains ou de leurs familles, qui ont fait l’objet de mesures de persécution, de détention ou de diffamation, en raison de leurs activités journalistiques et politiques, et de l’expression de leurs opinions sur un certain nombre d’incidents au Maroc. Aussi, le rapport a souligné que les opposants et les journalistes sont visés par des campagnes de diffamation et de déformation dans les médias visuels, les réseaux sociaux et les sites web, afin de les empêcher de critiquer les politiques du Royaume.
    De son coté, Reporters sans frontières (RSF) particulièrement préoccupé par la condamnation arbitraire de Souleiman Raissouni, a signalé que ce dernier n’était pas au tribunal lorsque le juge a annoncé sa condamnation à cinq ans de prison pour « agression sexuelle », des faits qu’il a toujours contesté. La condamnation de Souleiman Raissouni a été prononcée après 4 mois d’une procédure émaillée par de multiples irrégularités. Le parquet avait requis la peine maximale, soit 10 ans de prison ferme au prétexte que notamment que les déclarations du journaliste étaient « contradictoires » tandis que celles du plaignant étaient « concordantes et cohérentes », selon RSF.
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  • Maroc: Emission de la “Radio 1” aux Pays-Bas sur l’affaire Omar Radi

    A la demande de quelques journalistes cet après-midi, voici sous forme de résumé une retranscription de l’émission “Bureau Buitenland” à laquelle Jan Hoogland et moi avons participé ce 7 juillet.

    Présentateur Abdou Bouzerda [P] : Au Maroc aussi, la liberté de la presse est sous pression (…)

    Le journaliste Omar Radi risque une très longue peine de prison de 15 ans. Il serait ainsi un espion pour les Pays-Bas, c’est en tout cas ce que soupçonne le Maroc, sur la base de son amitié avec le belge Arnaud Simons, qui travaillait à l’ambassade des Pays-Bas à Rabat. (…)

    Monsieur Hoogland, qui est donc ce Omar Radi ?

    Jan Hoogland [JA] : Omar est un jeune journaliste critique et indépendant, qui s’est notamment penché sur le sujet de la politique foncière, pour ainsi dire. Certaines tribus au Maroc sont collectivement propriétaires de terres, des terres que les autorités sont en train de diviser et de redistribuer à des amis et à des personnalités influentes. On peut certainement ici parler de corruption, une corruption sur laquelle Omar était en train d’enquêter.

    [P] Monsieur Simons, vous connaissez également Monsieur Radi personnellement, quel type d’homme est-il ?

    Omar et moi nous sommes rencontrés il y a une dizaine d’années maintenant. A l’époque en 2012 je travaillais au sein de la Délégation Wallonie-Bruxelles à Rabat, Omar était déjà à l’évidence quelqu’un de très intelligent et de réellement intéressant. Il commençait alors à se faire remarquer comme journaliste et était connu comme un activiste du mouvement du 20 Février.

    [P] : Le mouvement du 20 Février qui a donc émergé durant le printemps arabe, Omar était déjà un activiste, il défendait la démocratie.

    Arnaud Simons (AS) : Oui absolument. À la suite de notre rencontre nous sommes restés en contact, nous avions des intérêts communs et nous sommes tout de suite bien entendus. Notre rencontre a ainsi eu lieu plusieurs mois avant que je ne commence à travailler à l’ambassade des Pays-Bas à Rabat.

    [P] Monsieur Hoogland, cette enquête sur l’expropriation des terres est donc le contexte dans lequel intervient les accusations, mais il n’est pas poursuivi pour celle-ci. Pourriez-vous nous en dire plus sur les charges contre lui ?

    [JA] Il y a donc deux éléments retenus, le premier comme vous l’avez indiqué serait l’espionnage pour les Pays-Bas, l’autre concernerait le viol d’une collègue. Cette seconde charge d’accusation s’inscrit dans le cadre de ces deux dernières années au Maroc, au cours desquelles les journalistes critiques sont poursuivis par la justice, non pas pour leur travail, mais bien parce qu’ils auraient commis des crimes sexuels. C’est ainsi tout à fait fortuit que tous les journalistes critiques soient ainsi également des délinquants sexuels… ce n’est pas possible !

    [P] C’est aussi un questionnement que je partage. Concernant les charges d’espionnage, votre nom est cité Monsieur Simons dans les rapports du tribunal, vous êtes accusé d’avoir été en charge (…) d’espions pour les Pays-Bas, je me permets donc cette question : êtes-vous une sorte de maître espion ?

    [AS] Absolument pas, ces accusations sont sans fondement. J’ai à ce sujet fait parvenir aux avocats d’Omar l’ensemble des preuves documentées et notre espoir est que le juge acceptera de se pencher sur les documents originaux qui lui ont été remis. Le cœur du dossier est le nombre d’appels et de messages qui ont été échangés entre Omar et moi lorsque je travaillais à l’ambassade des Pays-Bas, entre 2012 et 2015. Selon les avocats d’Omar, c’est justement le nombre de ces appels et messages qui est utilisé pour justifier les charges d’espionnage au profit des Pays-Bas.

    [P] Donc pour que je comprenne, vous aviez un téléphone de service à l’ambassade, où vous travailliez en tant que non diplomate et avec ce téléphone vous passiez naturellement aussi des appels privés, un de vos contacts privés étant ce Omar Radi ?

    [AS] Oui c’est bien ça. Omar étant aussi un journaliste, il m’est arrivé de le contacter dans le cadre d’activités économiques de l’ambassade. C’était alors normal à l’ambassade pour toutes les personnes qui avaient un téléphone de service, de n’utiliser qu’un seul téléphone.

    Omar m’a affirmé en 2012 que son téléphone était sur écoute, il ne s’agissait pas que d’une supposition de sa part, étant donné qu’il apparaît maintenant que la police avait procédé à sa mise sur écoute depuis 2011. Cela signifie notamment que le dossier contient l’ensemble des messages que nous nous sommes envoyés, ainsi qu’une retranscription des appels passés. Je trouve dommage que ces éléments n’aient pas été rendus publics car s’ils l’avaient été, la nature ridicule de ces charges d’espionnage aurait été évidente pour tous.

    [P] Ce qui me frappe aussi au niveau du dossier, c’est que vous auriez utilisé une fausse identité, la justice marocaine affirmant ainsi qu’Arnaud Simons n’existe pas… comment est-ce possible?

    [AS] Oui effectivement, il y a une dizaine de jours, en réponse à la demande des avocats d’Omar de m’interroger comme témoin à décharge, le ministère public a affirmé qu’ « Arnaud Simons » était une fausse identité et que je n’existais pas…

    [P] Pourtant vous existez bien, je vous parle en ce moment et notre rédaction l’a également vérifié…

    [AS] Oui naturellement ! Le jour suivant, je suis donc allé chez un huissier de justice en Belgique avec ma carte d’identité, pour que celui-ci vérifie l’authenticité des documents que nous avons ensuite fait parvenir au juge, à savoir : un certificat de résidence marocain, une sorte de carte d’identité marocaine utilisée par les personnes qui vivent dans le pays, un acte de naissance ainsi que mon contrat de travail avec l’ambassade des Pays-Bas. La version originale de l’ensemble de ces documents est parvenue au juge.

    [P] On peut au moins dire que vous avez fait tout ce qu’il était possible de faire pour prouver que vous existez bien, ce qui est en soi assez bizarre mais bon… Monsieur Hoogland, vous parliez donc d’une tendance à poursuivre des journalistes pour des affaires de mœurs… concernant cette accusation d’espionnage, je mentionne que Monsieur Simons et vous étiez collègues au sein de l’ambassade, quelle est la crédibilité des accusations ?

    [JA] Ces accusations n’ont pas la moindre crédibilité. Comme vous l’avez indiqué, Arnaud et moi étions collègues, je sais quel type de travail il faisait, nous avons aussi fait des choses ensemble comme les soirées du film néerlandais… le travail d’Arnaud n’avait absolument rien à voir avec un quelconque travail de renseignement ou quoi que ce soit qui y soit lié.

    D’ailleurs si les autorités marocaines avaient réellement accordé du crédit à cette histoire d’espionnage, ils auraient évidemment réagi à l’époque. Ils auraient alors contacté l’ambassade pour leur dire qu’Arnaud allait devoir être expulsé ou quelque chose comme ça… Ca s’est déjà passé avec des espions marocains qui travaillaient à l’ambassade de La Haye, on demande alors à l’ambassade de retirer telle ou telle personne, c’est arrivé avec les Russes aussi etc.

    [P] Ce qui est fou aussi, on a donc demandé un commentaire à l’ambassade marocaine ici qui n’a pas souhaité réagir, mais le Ministère des Affaires étrangères néerlandais n’a pas non plus réagi aux accusations selon lesquelles nous aurions ainsi engagé de la sorte Monsieur Simons.

    [JA] Oui je pense qu’il y a quelques explications possibles. Je ne suis plus membre de l’ambassade donc il ne s’agit que de ma lecture ici.

    Premièrement, je pense que l’ambassade ne souhaite pas se mêler à cette affaire judiciaire et qu’ils disent en l’état : « il n’y a aucune preuve, il n’y a donc pas lieu de réfuter quoi que ce soit. Si le juge fait son travail cela apparaîtra tout seul ». J’ai peur cela dit que la justice au Maroc ne fonctionne de manière assez différente.

    Ensuite, l’objectif principal de l’ambassade à Rabat est de défendre les intérêts néerlandais. Ces dernières années, les relations entre le Maroc et les Pays-Bas étaient déjà un peu compliquées, le fait d’aller se faire remarquer en s’impliquant dans un tel dossier peut être négatif pour ces relations.

    [P] Merci à vous deux. J’espère en tout cas Monsieur Simons que nous avons permis de démontrer aux autorités marocaines ce soir que vous existez bien et que cela aidera votre ami et notre collègue journaliste Omar Radi.


    Arnaud Simons, 13/07/2021

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  • Washingon dénonce l’emprisonnement des journalistes au Maroc

    Les États-Unis ont critiqué lundi leur allié marocain pour avoir condamné un journaliste à cinq ans de prison et ont exhorté le royaume à protéger la liberté des médias.

    Le département d’État s’est dit « déçu » par la condamnation, vendredi, de Soulaimane Raissouni, rédacteur en chef du journal Akhbar Al Yaoum, aujourd’hui disparu, dont les alliés affirment qu’il a été pris pour cible en raison de ses articles critiques.

    Soulaimane Raissouni, qui a perdu beaucoup de poids après une grève de la faim de plus de 90 jours, a été reconnu coupable d’attentat à la pudeur contre un autre homme, ce qui fait de lui le dernier d’une série de journalistes poursuivis pour des crimes sexuels présumés.

    « Nous pensons que le processus judiciaire qui a conduit à ce verdict contredit la promesse fondamentale du système marocain de procès équitables pour les individus accusés de crimes et est incompatible avec la promesse de la constitution de 2011 et le programme de réforme de Sa Majesté le Roi Mohammed VI », a déclaré aux journalistes le porte-parole du Département d’État, Ned Price.

    « La liberté de la presse est un élément fondamental des sociétés prospères et sûres, et les gouvernements doivent veiller à ce que les journalistes puissent s’acquitter en toute sécurité de leur rôle essentiel sans craindre une réaction injuste, des violences ou des menaces », a-t-il ajouté.

    M. Price a indiqué que les États-Unis soulevaient également avec le Maroc d’autres cas de journalistes, notamment celui d’Omar Radi, qui est détenu en isolement cellulaire sous l’accusation d’agression sexuelle et d’atteinte à la sécurité de l’État.

    Le Maroc est un allié de longue date des États-Unis, qui sous l’ancien président Donald Trump a reconnu sa revendication sur le Sahara occidental contesté après que le royaume a accepté de normaliser ses relations avec Israël.

    Yahoo! News, 12/07/2021

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  • Maroc : La justice du Makhzen fait encore des siennes

    Procès de deux journalistes arbitrairement détenus au Maroc : La justice du Makhzen fait encore des siennes

    Omar Radi et Souleimane Raissouni, deux journalistes emprisonnés sans jugement à des fins évidentes de règlement de compte, et dont les procès se sont ouverts ce mardi ont permis de mettre à nu le caractère partial de la justice marocaine, toujours aux ordres des caprices du roi Mohamed VI.
    En effet, la défense du journaliste marocain Soulaimane Raissouni, en grève de la faim depuis trois mois, s’est retirée mardi du procès après le refus du juge d’une hospitalisation du journaliste, absent pour la quatrième audience consécutive. Les avocats de Soulaimane Raissouni, en détention préventive depuis plus d’un an, ont demandé son transfert à l’hôpital «d’urgence pour sauver sa vie», quitte à la ramener ensuite au tribunal pour comparaître. Les deux demandes ont été rejetées par le juge, ainsi qu’une nouvelle demande de remise en liberté provisoire. Le journaliste 49 ans est poursuivi pour «agression sexuelle», après une plainte déposée par un militant LGBT.
    Une accusation qu’il a toujours niée. Le rédacteur en chef du journal Akhbar Al Yaoum -qui a cessé de paraître depuis mars – est en grève de la faim depuis 90 jours pour revendiquer la liberté provisoire. Au Maroc et à l’étranger, des défenseurs des droits humains, des intellectuels, des responsables politiques réclament qu’il soit jugé en état de liberté provisoire. Son état est «critique (…) il aime la vie, la grève de la faim lui a été imposée en raison du sentiment d’injustice terrible qu’il ressent», a assuré sa défense lors de l’audience. Les soutiens de Soulaimane Raissouni parlent à juste titre d’une affaire «politique», les autorités marocaines, elles, mettent en avant l’indépendance de la justice et la conformité des procédures.
    «Je ne suis pas contre la liberté provisoire de l’accusé et je ne cherche pas à me venger mais je réclame un procès équitable», a déclaré à l’AFP le militant LGBT qui a porté plainte, et refuse d’être identifié, ajoutant qu’il est suivi par un psychologue. Pour sa part, son avocat Omar Alouane «regrette la décision de la défense de se retirer du procès». La justice avait décidé précédemment de poursuivre le procès du journaliste en son absence, la prochaine audience est prévue jeudi.
    De son côté, le journaliste marocain Omar Radi, en détention préventive depuis près d’un an, a réfuté mardi 6 juillet devant le juge les accusations d’espionnage qui le visent, notamment en lien avec un Britannique présenté par la police marocaine comme un «agent de renseignement». Le journaliste de 34 ans, au ton critique, est accusé d’«atteinte à la sécurité intérieure de l’État» et d’avoir reçu des «financements étrangers» en lien avec «des services de renseignement». Le juge de la Cour d’appel de Casablanca a interrogé le reporter sur son rapport avec un Britannique, Clive Newell, présenté par la police judiciaire comme un «officier de renseignement».
    Omar Radi affirme, lui, qu’il a eu affaire à Clive Newell en sa qualité de «responsable» de cabinet du conseil économique G3, pour lequel le journaliste avait réalisé «une étude sur une société marocaine à des fins d’investissement». «La société G3 a comme clients des institutions publiques comme le ministère de l’Économie ou l’Office chérifien des phosphates», a indiqué Omar Radi, insistant que ce travail était «normal pour un journaliste spécialisé en économie».
    Le reporter est également accusé d’«intelligence» avec un Belge, Arnaud Simons, avec qui il a eu des contacts en tant que «journaliste lorsqu’il travaillait à l’ambassade des Pays-Bas à Rabat». Le parquet avait précédemment mis en doute l’identité d’Arnaud Simons, affirmant qu’il s’agissait d’un «nom d’emprunt». Arnaud Simons a réitéré sa «pleine disponibilité à témoigner dans le cadre du procès» dans une lettre ouverte publiée mardi. La justice marocaine a déjà rejeté la demande de la défense de l’auditionner. L’enquête pour «espionnage» a été ouverte fin juin 2020 après la publication d’un rapport d’Amnesty International affirmant que le téléphone d’Omar Radi était espionné par les autorités marocaines via un logiciel de piratage. Rabat a toujours démenti, dénonçant une «campagne internationale de diffamation».
    La Patrie News, 07/07/2021
  • L’avocat belge Christophe Marchand, arrêté et déporté du Maroc

    Communiqué de presse du cabinet d’avocat JusCogens – Bruxelles

    « Attaques contre la liberté d’expression : le Maroc franchit 1 nouveau cap vers la tyrannie.

    L’avocat international belge, Christophe Marchand, arrêté et déporté du Maroc.

    Hier vers 21 heures, l’avocat belge a été arrêté à son arrivée à Rabat.

    Christophe Marchand venait assister à 1 audience qui se tient ce 29 juin 2021 à midi à Casablanca. Les autorités lui ont rapidement dit qu’il ne pouvait pas rentrer sur le territoire et était expulsé. Il a passé la nuit sur un banc en zone de transit, son passeport lui ayant été confisqué. Il serait expulsé par avion dans le courant de la journée.

    L’avocat a fait 1 appel urgent au Rapporteur Spécial des Nations Unies pour l’indépendance des juges et des avocats afin qu’il invite le Maroc a laisser l’avocat rentrer dans le royaume chérifien pour y exercer son travail.

    Le journaliste Omar RADI est détenu arbitrairement au Maroc, depuis juillet 2019, en raison de ses publications très critiques à l’égard du régime, selon les ONG Reporter sans frontières, Amnesty Nternational et Human Rights Watch. « 

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  • Maroc: Pour la libération des journalistes Soulaiman Raïssouni et Omar Radi

    Une cinquantaine d’intellectuels et de journalistes demandent au roi Mohamed VI d’accorder un procès équitable et de respecter les droits des deux journalistes emprisonnés depuis l’année dernière.

    Les soussignés, en tant qu’amis du Maroc et des Marocains, s’expriment individuellement et indépendamment de leur profession et de leurs convictions politiques pour demander la libération des journalistes Sulaiman Raissouni et Omar Radi avant que la santé de ces deux défenseurs de la liberté d’opinion ne se détériore davantage.

    Nous sommes conscients que l’état actuel des relations entre le Maroc et l’Espagne se prête à toutes sortes de manipulations démagogiques et nous ne voulons pas que cette lettre contribue à les détériorer davantage.

    Nous demandons le respect des droits fondamentaux des prisonniers conformément à la loi marocaine et aux conventions internationales ratifiées par le Maroc, notamment en ce qui concerne la présomption d’innocence.
    Souleiman Raissouni a été arrêté le 22 mai 2020 et accusé d’ »attentat à la pudeur avec violence et séquestration » d’un homme en 2018. Le procureur a basé l’accusation sur une publication anonyme sur Facebook.

    Omar Radi a été arrêté le 29 juillet 2020 et accusé d’espionnage et de tentative d’atteinte à la sécurité de l’État ; il a également été accusé de viol. Le seul témoin du viol présumé a témoigné en faveur de Radi, qui a été inculpé plusieurs mois plus tard pour complicité. Une grande partie des preuves présentées par l’avocat de la défense de Radi n’a pas été acceptée par l’accusation.

    Raissouni et Radi nient tous deux les accusations. Leurs procès ont commencé plusieurs mois après leurs arrestations, mais les procédures ont été reportées à plusieurs reprises. Non seulement ils ont été détenus pendant toute cette période, mais ils sont maintenus en isolement et ont des contacts limités avec leurs familles. Le quotidien Le Monde a rapporté le 16 juin que les procès des deux hommes s’étaient poursuivis le 15 juin en l’absence de Raissouni en raison de son état de santé, incapable de se concentrer et de parler.

    Raissouni et Radi se voient refuser le droit fondamental de rester en liberté pendant toute la durée de leur procès, un droit consacré par le droit marocain. En raison du déni de leur droit à rester en liberté, combiné à une période d’incarcération exceptionnellement longue avant le procès, ils ont décidé d’entamer une grève de la faim pour protester contre les violations de leurs droits. Raissouni a commencé sa grève de la faim le 8 avril 2021 et Radi le 9 avril.

    Tous deux sont des malades chroniques. Selon Reporters sans frontières, Raissouni souffre d’hypertension artérielle et Radi d’asthme et de la maladie de Crohn. Après 21 jours de grève de la faim, Omar Radi a décidé de démissionner en raison de la détérioration de son état de santé.

    Quant à Soulaiman Raissouni, après plus de 70 jours de grève de la faim, il est entre la vie et la mort. Il a entamé cette grève de la faim illimitée pour protester contre son emprisonnement, ses conditions de détention et pour retrouver sa liberté afin de préparer son procès. Selon les déclarations de ses proches, il a perdu plus de 32 kilos et a de plus en plus de problèmes de santé qui le mettent en grand danger de mort. Au nom des droits de l’homme et de l’actuelle constitution marocaine, qui prétend garantir le droit à la vie, à l’intégrité physique et morale, à la présomption d’innocence et à un procès équitable, il convient d’éviter une issue aussi tragique, qui porterait également gravement atteinte à l’image que le Maroc veut donner au monde.

    Nous demandons au monarque Mohamed VI lui-même et à son gouvernement, et en particulier aux ministres de la Justice Mohamed Benabdelkader, et d’État chargé des droits de l’homme et des relations avec le Parlement Mustapha Ramid, de libérer immédiatement Soulaiman Raissouni et Omar Radi en attendant un procès équitable.

    Aarab, Rachid, UAB, Barcelone
    Abu-Tarbush, José
    Armadans, Jordi, directeur FundiPau, Barcelone.
    Audije, Paco, journaliste, correspondant et membre du comité exécutif de la Fédération internationale des journalistes.
    Azaola Piazza, Bárbara, UCLM, Tolède, Espagne.
    Backenköhler Casajús, Christian J.
    Ballesteros Peiró, Ana, TEIM, Madrid, Espagne.
    Barreñada Bajo, Isaías, Université Complutense de Madrid, Espagne.
    Bassets Sánchez, Lluís, El País, Espagne
    Bustos, Rafael, maître de conférences en relations internationales, Madrid.
    Casani, Alfonso, Madrid
    Cebolla Boado, Hector, Madrid.
    Desrues, Thierry, Chercheur. Cordoba.
    El-Madkouri Maataoui, Mohamed, UAM.
    Feliu, Laura, professeur. Barcelone
    Fernández Fonfría, Université de Salamanque.
    Fernández-Molina, Irene, Université d’Exeter. Royaume-Uni.
    Fernández Parrilla, Gonzalo, UAM, Madrid, Espagne
    Galián, Laura, Madrid
    González, Ana, Chercheur pré-doctoral, Madrid, Espagne
    González García de Paredes, Marta, Sevilla, Sevilla
    Gregori, Àngels, écrivain, président de PEN Catalan, Espagne
    Gutiérrez, Ricardo, journaliste, secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes (FEJ) (représentant la FEJ).
    Hernández, Jorge, UNAM, Mexique
    Hernando de Larramendi, Miguel, professeur. Toledo.
    Izquierdo Brichs, Ferran, professeur, Barcelone.
    Jiménez, Mercedes, UCM
    Kirhlani, Said, URJC, Madrid, Espagne.
    López García, Bernabé, professeur. Madrid, Espagne.
    Mañé Estrada, Aurelia, UB, Barcelone, Espagne.
    Martín, Iván, UPF, Barcelone, Espagne.
    Mateo Dieste, Josep Lluis, UAB, Barcelone, Espagne.
    Mayor Zaragoza, Federico, ancien directeur général de l’Unesco, Espagne.
    Mijares Molina, Laura, UCM, Espagne.
    Mintegi Lakarra, Laura, Présidente de PEN Basque (PEN Euskal).
    Moreno Nieto, Juana, UCA, Cádiz, Espagne.
    Ojeda-García, Raquel, professeur, Université de Grenade, Espagne.
    Peralta García, Lidia. Conférencier UCLM.
    Planet, Ana I. Contreras, professeur, Madrid.
    Ramírez, Ángeles, maître de conférences, Madrid.
    Rius-Piniés, Mònica, Chaire UNESCO Femmes, Développement et Cultures, Barcelone.
    Rojo, Pedro, Fondation Al Fanar
    Sánchez Mateos, Elvira, professeur, UB.
    Sánchez, Gervasio, journaliste. Prix national de la photographie.
    Soler, CIDOB, Barcelone
    Szmolka, Inmaculada, Professeur. Grenade.
    Thieux, Laurence, Madrid.
    Francesco Vacchiano, Université Ca’ Foscari, Venise.
    Veguilla del Moral, Victoria, professeur adjoint. Séville.
    Velasco, Ana, Université polytechnique, Madrid.

    EL PAIS, 24 JUIN 2021

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