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  • L’Algérie finance la 1ère rencontre du mécanisme civil africain de réponse aux catastrophes naturelles

    L’Algérie finance la 1ère rencontre du mécanisme civil africain de réponse aux catastrophes naturelles

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    STOCKHOLM- Le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a affirmé, vendredi, que sa participation à la réunion « Stockholm+50 » sur l’environnement lui a permis de présenter l’initiative du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, sur la création d’un mécanisme civil africain de réponse aux catastrophes naturelles, annonçant que la tenue de la première réunion de ce mécanisme sera financée par l’Algérie.

    « J’ai été honoré, ainsi que la délégation qui m’accompagne de représenter le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, à la conférence des Nations Unies qui se tient actuellement à Stockholm dans le cadre de la célébration du 50e anniversaire de la 1ère conférence placée sous le thème: l’environnement humain », a déclaré M. Benabderrahmane à la presse nationale, en marge de la réunion internationale sur l’environnement « Stockholm+50 » qui se tient depuis jeudi dans la capitale suédoise.

    La représentation de l’Algérie à la réunion a été « honorable », a souligné le Premier ministre, soulignant, « nous avons présenté une feuille de route renfermant les propositions de l’Algérie, fruit de consultations intersectorielles, pour la réalisation de la dimension environnementale dans le développement durable ».

    Le Premier ministre a fait savoir que « cette feuille de route a été inscrite aux travaux de la Conférence », ajoutant « nous avons également présenté les différentes réalisations accomplies par l’Algérie en matière de protection de l’environnement ». Il a cité le Barrage vert, qui constitue le premier mécanisme efficace dont la mise en place a coïncidé avec la tenue de la 1ère réunion de Stockholm », dans les années 1970.

    « Ce barrage est un projet prospectif pour la préservation de l’environnement », a-t-il dit relevant que le gouvernement œuvre actuellement, sur instructions du Président de la République, à relancer ce grand projet, non seulement pour l’Algérie mais aussi pour la région et le bassin méditerranéen, au regard de son rôle dans la limitation de la désertification ».

    M. Benabderrahmane a également indiqué avoir notifié à la réunion de Stockholm d’inscrire l’adoption par le Sommet africain extraordinaire qui s’est tenu le 27 mai dernier à Malabo à l’initiative du Président Tebboune, de la mise en place d’un mécanisme civil africain pour faire face aux catastrophes naturelles, le qualifiant de mécanisme « prospectif et anticipatif salué par tous ».

    « A travers ce mécanisme, a-t-il dit, nous assistons, pour la première fois, à l’appréhension de l’Afrique de la dimension environnementale avec des procédés opérationnels », ajoutant que l’initiative du Président de la République « contribuera à la lutte contre tous les fléaux environnementaux auxquels notre continent est confronté », a-t-il conclu.

    APS, 03 juin 2022

  • ONU: Il faut avancer dans le « processus de paix » au Sahara

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    Le secrétaire général des Nations unies pour les opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, considère qu’il est « extrêmement important » d’obtenir des « progrès » dans le « processus de paix » au Sahara occidental, où une guerre de basse intensité s’est intensifiée ces derniers mois. Dans une interview accordée à Efe lors de sa visite à Madrid, où il a rencontré des représentants du gouvernement espagnol pour analyser la participation de Madrid aux missions de maintien de la paix de l’ONU, le diplomate français a évoqué la situation actuelle dans cette ancienne province espagnole du nord de l’Afrique occupée par le Maroc depuis 1975. « Depuis un an et demi, nous avons constaté une plus grande tension sur le territoire, en partie à cause de cette impression qu’il n’y a pas eu de progrès et d’effort », reconnaît le fonctionnaire de l’ONU, réticent à entrer dans de nombreux détails de la mission. Selon lui, la nomination de Staffan de Mistura au poste de Représentant du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental a permis de « diminuer cette tension sur le territoire », même s’il rappelle que la situation « reste fragile et a un impact sur la mission ».

    Restrictions de mobilité pour la MINURSO

    Jean-Pierre Lacroix regrette que la MINURSO rencontre des « limitations » à sa liberté de mouvement sur le territoire, mais assure qu’ils « font tout leur possible pour réduire l’impact sur la mission ». Malgré cela, ils continuent « à avoir de bonnes relations avec les parties (Maroc et POLISARIO), des interactions régulières ». Cependant, il indique que « la situation de la MINURSO reflète une situation plus générale dans presque toutes les missions de maintien de la paix, où ils ont un environnement politique et sécuritaire qui s’est détérioré au cours des deux dernières années. » Quelque chose qui rend ces missions « plus importantes que jamais car les situations sont plus fragiles et plus tendues. »

    Lacroix évite de commenter le récent changement de position de l’Espagne avec lequel il est allé soutenir le Maroc dans son projet de transformer le territoire en une province autonome au sein du pays et de ne pas poursuivre sur la voie de l’organisation d’un référendum d’indépendance. « Hier, j’ai parlé avec le FM José Manuel Albares et il a confirmé que l’Espagne continue de soutenir les efforts de paix menés par l’ONU et le PESG, il est extrêmement important de poursuivre dans cette voie », dit-il. Ainsi, il fait allusion au fait que les résolutions approuvées par l’organisation internationale « sont très claires » : « nous avons une opération pour surveiller la situation sécuritaire au Sahara Occidental et nous allons mettre en œuvre le mandat ». « Il est extrêmement important d’avoir un mandat de paix qui avance, car lorsqu’il n’y a pas de progrès et que les efforts de paix s’arrêtent ou qu’il y a cette perception que ces efforts ne bougent pas, cela a un impact sur la situation sécuritaire du territoire, nous l’avons vu l’année dernière », a-t-il déclaré.

    Situation « fragile » au Liban et au Mali

    L’USG analyse la situation « fragile » actuelle au Liban et au Mali, où travaillent respectivement la FINUL et la MINUSMA, et assure qu’ »aujourd’hui plus que jamais, elles sont nécessaires » dans les deux territoires. Lacroix apprécie la « contribution et le soutien » de l’Espagne, notamment dans son travail au commandement de la mission libanaise « en temps de guerre en Europe » avec le conflit en Ukraine et apprécie que ces professionnels « maintiennent le lien avec des parties qui ne se parlent pas directement », le Liban et Israël. « Il est très important d’éviter toute escalade des incidents qui se produisent souvent, chaque jour ou chaque semaine, et qui peuvent dégénérer très rapidement s’il n’y a pas de capacité de réaction de la FINUL », affirme-t-il.

    Conscient de la réalité au Mali, le fonctionnaire regrette son récent départ du G5-Sahel, une organisation intergouvernementale dans laquelle le pays était avec le Burkina Faso, le Tchad, la Mauritanie et le Niger pour générer des politiques de développement et de sécurité. « Nous pensons que le G5-Sahel a été une initiative très positive dans le sens où les pays les plus touchés par la sécurité ont décidé de prendre en main leur réponse avec le soutien international et avec la certitude qu’il s’agit de problèmes régionaux », explique-t-il. Pour cette raison, il espère que l’organisation « peut se réinventer et qu’elle a un avenir » : « Nous continuerons à soutenir tous les efforts des pays de la région pour répondre non seulement avec des moyens militaires mais aussi pour résoudre les causes et les racines de la situation, qui Elle a à voir avec le développement et l’impact du changement climatique ou du terrorisme mondial », souligne-t-il.

    « Très prématuré » de savoir s’il y aura une mission de maintien de la paix en Ukraine

    L’ONU compte actuellement quatorze missions de maintien de la paix déployées dans le monde, dont deux seulement sont encore actives en Europe, au Kosovo et à Chypre. Face à l’éventuelle nécessité d’en générer une nouvelle pour l’Ukraine, le fonctionnaire appelle à la prudence, compte tenu de la situation actuelle du conflit et estime qu’il serait encore « très prématuré de spéculer sur une opération quelconque » dans le pays. « Dans le cas d’une opération de maintien de la paix ou de cessez-le-feu, il doit y avoir un accord de paix à respecter, malheureusement ce n’est pas ce que nous voyons », ajoute-t-il.

    La Voz de Galicia, 01 juin 2022

    #SaharaOccidental #Maroc #ONU #MINURSO #JeanPierreLacroix

  • Sahara Occ.: Le Maroc veut la peau du chef de la Minurso

    Sahara Occ.: Le Maroc veut la peau du chef de la Minurso

    Sahara Occidental, MINURSO, Maroc, Alexander Ivanko, ONU, maison à Laayoune,

    Insolite, anecdotique et hautement suggestive, a été une question posée ce vendredi au porte-parole du SG de l’ONU, Stéphane Dujaric lors de son briefing quotidien. En effet, un journaliste activant à New-York et dont le nom ne nous a pas été révélé, a posé une question à tout le moins explosive. En s’appesantissant sur les minutes de cet échange, on se rend compte que le journaliste est un habitué des travées de l’ONU et qu’il doit connaître fort bien Stéphane Dujaric pour se permettre de l’appeler par son prénom. : « Stéphane, au Sahara Occidental, Alexander Ivanko, le SRSG [Représentant Spécial du Secrétaire Général] aurait acheté une propriété à Laayoune. Est-ce éthique ou légal selon les règles de l’ONU ? », sic.

    La réponse du porte-parole d’Antonio Gutterres a été lapidaire et relativement évasive. Pour Dujaric, en effet, il n’a jamais entendu parler d’une pareille transaction immobilière, qu’elle soit éthique ou pas. Il ajoute que tous les membres du personnel de l’ONU peuvent en théorie où bon leur semble. En théorie oui, mais pas dans certains cas de figures précis. D’abord, le chef de la MINURSO (mission des Nations unies pour le référendum. au Sahara occidental), le russe Alexander Ivanko, deviendrait juge et partie s’il était propriétaire d’un bien immobilier au niveau de la ville occupée d’EL Ayoun. Ensuite, un employé de l’ONU se départirait de son maladif et théorique respect de la légalité internationale, si d’aventure il devait acquérir un bien dans un territoire classé « non-autonome » par l’ONU, et dont le statut n’a toujours pas été définitivement arrêté en attendant la tenue du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Voilà précisément où réside la subtilité et le caractère suggestif de cette question loin d’être innocente.

    Renseignements pris, des sources qui suivent de très près ce genre de questions sensibles nous indiquent que « c’est le Maroc lui-même qui a soufflé cette question ainsi posée à Dujaric ». La situation des droits de l’Homme s’est très gravement détériorée dans les territoires occupés depuis la reprise du conflit armé en date du 13 novembre 2001, tel que nous l’a rappelé la militante sahraouie El Ghalia Jimmy. l’objectif recherché est de battre en brèche la crédibilité d’Alexander Ivanko afin de s’en débarrasser définitivement. Chef d’état-major de la MINURSO depuis 2009, M. Ivanko a plus de 30 ans d’expérience dans les affaires internationales, le maintien de la paix et le journalisme. Il a précédemment été directeur de l’information publique pour la Mission des Nations Unies au Kosovo (2006-2009) et porte-parole des Nations Unies en Bosnie-Herzégovine (1994-1998).

    Nos sources expliquent au passage que la diplomatie marocaine s’irrite régulièrement des centaines de rapports confidentiels dressé par la MINURSO et envoyé à Antonio Gutteres ainsi qu’au conseil de sécurité de l’ONU. La MINURSO, qui dispose de nombreux bureaux au niveau des territoires occupés, assiste impuissante à la terrible répression dont est systématiquement victime le peuple sahraoui. Il est même question d’étendre la question des droits de l’Homme aux prérogatives de la MINURSO, ce qui a le don de rendre fou de rage le Makhzen.

    Le trublion Omar Hilal, représentant du Maroc auprès de l’ONU , semble avoir recouru au sport favori de son royaume, à savoir le mensonge, la corruption et la manipulation. D’autant qu’il est attendu que la prochaine résolution du conseil de sécurité sur le Sahara Occidental soit formulée en des termes autrement plus fermes à l’endroit du Maroc. Il n’est plus question en effet de renvoyer dos-à-dos agresseurs et agressés. Le Maroc cherche ainsi à anticiper sur la suite des évènements en cherchant à s’adjuger les services d’une personne plus conciliante à la tête de la Minurso. Peine perdue, attendu que ce subtil stratagème est désormais éventé…

    Ali Oussi

    La patrie news, 01 juin 2022

    #SaharaOccidental #Maroc #ONU #MINURSO #AlexanderIvanko

  • ONU : Ivanko n’a pas acheté une maison à Laayoune

    ONU, Sahara Occidental, MINURSO, Maroc, Alexander Ivanko, maison à El Aaiun, Laayoune,

    L’ONU a démenti officiellement l’info sur la prétendue maison achetée par le Chef de la MINURSO à El Aaiun, chef-lieu du territoire sahraoui occupée par le Maroc.

    Dans un point de presse organisé mardi, le porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies, Stephane Dujarric a indiqué que l’information « a été rapporté par erreur par un certain nombre de médias ».

    « Je voulais corriger une chose, qui a été rapportée par erreur par certains médias la semaine dernière. Le représentant spécial de la mission de l’ONU au Sahara Occidental (MINURSO) n’a pas acheté une maison à Laayoune, comme cela a été erronément rapporté par un certain nombre de médias », a-t-il déclaré.

    #ONU #MINURSO #AlexanderIvanko #Laayoune #SaharaOccidental #WesternSahara

  • Le Maroc, tente-t-il de discréditer le chef de la MINURSO?

    Le Maroc, tente-t-il de discréditer le chef de la MINURSO?

    Sahara Occidental, Maroc, ONU, MINURSO, Alexander Ivanko, corruption,

    La question a été soulevée vendredi dernier par une journaliste basée à New York lors du briefing quotidien du porte-parole du Secrétaire Général de l’ONU Stephane Dujarric. Voici la transcription de la question:

    Question : Stéphane, au Sahara Occidental, Alexander Ivanko, le SRSG [Représentant Spécial du Secrétaire Général] aurait acheté une propriété à Laayoune. Est-ce éthique ou légal selon les règles de l’ONU ?

    Porte-parole : Je n’en ai littéralement aucune idée. Je veux dire… C’est la première fois que j’en entends parler. Je ne vais pas commencer à commenter sur… sur les gens… ce que les gens achètent.

    Journaliste : Oui, mais il peut acheter, mais je veux savoir si c’est légal.

    Porte-parole : Je veux dire, je… je ne peux pas parler de ce cas particulier, mais il est légal pour les membres du personnel de l’ONU d’acheter des biens.

    Commentaire :

    S’agit-il d’une tentative de corrompre le responsable onusien ou juste une tentative marocaine de discréditer le chef russe de la MINURSO?

    Depuis l’admission de la RASD (République arabe sahraouie démocratique), proclamée par le Front Polisario en 1976, à l’OUA en 1984, l’ONU a assumé la responsabilité de trouver un règlement pacifique au différend entre le Front Polisario et le Maroc concernant le statut du Sahara occidental.

    Le plan de paix de l’ONU, approuvé par la résolution 658 (1990) du Conseil de sécurité, prévoyait l’application d’un cessez-le-feu, suivi en janvier 1992 d’un référendum sous les auspices de l’ONU, au cours duquel les Sahraouis pourraient voter pour l’indépendance ou l’intégration au Maroc. En 1991, la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso) a été créée. Cependant, le référendum lui-même n’a, à ce jour, pas encore eu lieu, et de graves allégations de corruption concernant la Minurso sont apparues.

    Selon plusieurs observateurs, l’ONU devrait adopter une approche plus énergique à l’égard du Maroc, qui entrave l’effort de l’ONU et contrecarre l’exercice du droit à l’autodétermination.

    #SaharaOccidental #Maroc #ONU #MINURSO #AlexanderIvanko


  • L’ONU à l’épreuve des enjeux géopolitiques et stratégiques

    L’ONU à l’épreuve des enjeux géopolitiques et stratégiques

    ONU, Nations Unies, Etats-Unis, URSS, Chine, Royaume-Uni, France, Ukraine, ordre mondial,

    par Kharchi Nadjib Messaoud*


    L’Organisation des Nations unies (ONU) a été officiellement créée le 24 octobre 1945, à la suite de la ratification de la Charte de San Francisco par les cinq puissances du moment (Etats-Unis, URSS, Chine, Royaume-Uni, France) et les quarante-six autres Etats signataires, tous désignés comme membres fondateurs.

    Le terme de « Nations unies » apparait pour la première fois dans l’intitulé même de la « Déclaration des Nations unies » du 1er janvier 1942, signée à Washington par les représentants de vingt-six Etats qui se sont solennellement engagés à poursuivre ensemble la guerre contre les forces de l’Axe et à ne conclure ni armistice ni paix séparés. Le texte de ladite déclaration se référait expressément à la « Charte de l’Atlantique » du 14 août 1941, établie entre les Etats-Unis et l’Angleterre, dont le contenu se présente sous la forme d’un énoncé de principes en huit points devant servir de fondements au maintien d’une paix durable et à garantir la sécurité internationale, une fois la deuxième guerre mondiale terminée.

    Les rédacteurs de la « Charte de San Francisco » qui a donné naissance à l’ONU se sont inspirés tout à la fois de la « Charte de l’Atlantique » de 1941 et de la « Déclaration des Nations unies » de 1942, pour en définir les principes fondamentaux, les objectifs et les moyens d’intervention.

    La présente contribution a pour objet de mettre en perspective le rôle de l’Organisation des Nations unies, tel que défini par la Charte de San Francisco, avec le contexte politico-stratégique propre au monde du 21éme siècle en devenir. Bien que de nombreuses variables rendent aléatoire toute tentative d’anticipation des évolutions à moyen ou long terme qui vont probablement remodeler le champ des relations internationales, il s’agit à travers cette analyse de situer les enjeux et les défis qui interpellent l’ONU en tant qu’institution chargée de la gouvernance mondiale. Au regard de ces considérations, il conviendra de s’interroger si l’organisation onusienne, dans ses multiples champs de compétences, est en mesure de répondre efficacement aux défis actuels et à venir. Sinon, faut-il repenser l’ONU dans ses missions, son fonctionnement et ses processus opérationnels, autrement dit réformer en profondeur une institution datant du siècle dernier, vielle de plus de soixante-quinze ans.

    La Charte de San Francisco, à l’origine de la création de l’ONU, marquait l’avènement d’une ère nouvelle promise à la paix et la sécurité internationales. Par sa portée historique, sa vision des relations entre Etats et son universalité, elle ouvrait des perspectives inédites à la communauté des nations.

    Dans son allocution de clôture de la Conférence de San Francisco qui donna naissance à la « Charte des Nations unies », le président Truman s’adresse aux délégués et autres participants en ces termes : « La Charte des Nations unies que vous venez de signer constitue une base solide sur laquelle nous pouvons édifier un monde meilleur… Entre la victoire en Europe et la victoire finale dans la plus destructrice des guerres, vous avez remporté une victoire sur la guerre elle-même… Grâce à cette Charte, le monde peut commencer à entrevoir le moment où tous les êtres humains pourront vivre une vie décente d’hommes libres ».

    La Société des Nations, ancêtre de l’ONU

    La Société des Nations (SDN) a été fondée le 28 juin 1919, au lendemain de la première guerre mondiale, par le traité de Versailles qui mit fin aux hostilités entre l’Allemagne et les Alliés. Dans sa partie 1 intitulée « Pacte de la Société des Nations », il est expressément déclaré à l’article 11 que « toute guerre ou menace de guerre, qu’elle affecte directement ou non l’un des membres de la Société, intéresse la Société tout entière et que celle-ci doit prendre les mesures propres à sauvegarder efficacement la paix des nations… »

    En tant qu’organisation à vocation universelle, la SDN devait, en application du principe de la sécurité collective, promouvoir les valeurs de paix entre les nations, tout comme l’amitié entre les peuples. Elle devait en outre réduire les arsenaux des Etats au minimum compatible avec la sécurité nationale et développer la coopération internationale.

    L’approche diplomatique qui présida à la création de la SDN représentait un changement fondamental dans le système international tel qu’il avait prévalu jusqu’alors. Nombre d’Etats craignaient que la puissance de cette organisation supranationale eût pu les restreindre dans l’exercice de leur souveraineté sur les questions de haute politique extérieure.

    Le commentaire officiel britannique sur le Pacte de la Société des Nations, présente celle-ci en ces termes : « Ce n’est pas la constitution d’un super-Etat mais, comme son nom l’indique, un accord solennel entre Etats souverains qui consentent à limiter leur liberté totale d’action sur certains points dans l’intérêt de leur propre existence et celui du monde en général… »

    Bien que la SDN apporta des solutions à des conflits frontaliers entre Etats et évita ainsi la guerre, elle ne put faire face à la succession de crises et à la militarisation de l’Allemagne qui aboutirent inéluctablement à une déflagration mondiale.

    En somme, la SDN est restée enfermée dans une conception classique où l’Etat-nation s’inscrivait au cœur du système international et demeurait maître de ses décisions. La souveraineté nationale et les intérêts supérieurs qui s’y attachent faisaient obstacle à tout pouvoir supranational. L’incapacité de la SDN à mettre en place un ordre mondial régulé par le droit international, finira par donner raison à Clausewitz, pour qui, « la guerre est la politique continuée par d’autres moyens ».

    Indéniablement, la SDN a failli à la mission qui fut à l’origine de sa création, et dont l’objectif premier était d’assurer la sécurité collective. Malgré une volonté affirmée de préserver la paix mondiale, elle ne parvint à aucun résultat probant dans le règlement des crises et conflits. Elle ne put enrayer ni la guerre civile espagnole, ni l’agression italienne contre l’Ethiopie, comme elle fut impuissante devant les politiques belliqueuses et agressives de l’Allemagne nazie, de l’Italie fasciste et du Japon impérialiste, qui préludaient au déclenchement de la deuxième guerre mondiale.

    La SDN n’aura duré qu’une vingtaine d’années, le temps d’une grande illusion entre deux guerres mondiales.

    L’ONU, née de la guerre pour mettre fin à la guerre

    L’ONU a vu le jour dans des circonstances similaires à celles qui présidèrent à la fondation de la SDN en 1919, à savoir la fin d’un conflit armé à l’échelle mondiale. Elle devait être la clé de voûte des relations entre peuples et nations. Par sa vocation et ses compétences universelles, l’ONU constitue un forum unique, ouvert à tous les Etats sans exception. « Une conférence diplomatique permanente », disait de l’ONU son ancien Secrétaire général, Dag Hammarskjöld.

    La communauté internationale fondait de grands espoirs sur la naissance de l’ONU. A travers le système des Nations unies, l’organisation mondiale allait poser les fondements d’un nouvel ordre international capable de surmonter les échecs de la SDN. Le préambule de la Charte des Nations unies déclare d’emblée : « Nous, peuples des Nations unies, résolus :

    – à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances,

    – à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité des droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites,

    – à créer les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées des traités et autres sources du droit international,

    – à favoriser la tolérance, à vivre en paix l’un avec l’autre dans un esprit de bon voisinage,

    – à accepter des principes et instituer des méthodes garantissant qu’il ne sera pas fait usage de la force des armes, sauf dans l’intérêt commun,

    – à recourir aux institutions internationales pour favoriser le progrès économique et social de tous les peuples… »

    Dans cette partie préliminaire du préambule de la Charte de San Francisco, les principes fondamentaux qui sous-tendent les missions de l’ONU se confondent avec les hauts idéaux de l’humanité. La paix entre les nations représente la mission fondatrice et la vocation première de l’ONU. Par son universalité, elle est l’instance la mieux indiquée pour apporter une réponse globale aux grands défis et aux multiples périls auxquels l’humanité est confrontée. De par leur dimension, ils dépassent de beaucoup les capacités d’une nation ou d’un groupe de nations, aussi puissantes fussent-elles.

    L’article 1 de la Charte des Nations unies stipule que les Etats membres doivent « réaliser par les moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, le règlement de différents ou de situations de caractère international susceptibles de mener à une rupture de la paix ». A cette fin, la notion d’Etat de droit inscrite dans la Charte garantit le respect du droit international et des principes fondamentaux de la justice.

    En 1948, l’ONU a adopté la « Déclaration universelle des Droits de l’Homme, à laquelle ont adhéré tous les Etats sans exception. Ces dernières années, l’organisation mondiale se concentre activement sur les questions qui touchent à la démocratie et les droits humains, compte tenu de la dégradation de la situation en la matière dans nombre de pays.

    Aujourd’hui, l’ONU compte 193 Etats membres, tous égaux en droits et obligations. Ils se sont engagés solennellement à s’abstenir de recourir à la menace ou l’emploi de la force contre tout Etat, afin que la paix et la sécurité internationales ne soient pas mises en danger. Il reste que le caractère fondamentalement imprévisible des évènements dans le monde ne permet pas dans tous les cas de figure d’anticiper au mieux leur évolution. Le jeu des relations internationales est bien trop complexe si l’on considère le nombre illimité de variables qui peuvent changer une situation donnée dans un contexte géopolitique incertain où les principaux acteurs restent muets sur leurs véritables desseins.

    Les failles originelles inhérentes au système des Nations unies

    De par son organisation, son fonctionnement et le champ de ses missions, l’ONU devait, dans l’esprit de ses fondateurs, pouvoir surmonter les échecs de la SDN. Ceux-ci estimaient que son incapacité à préserver la paix mondiale tenait au fait qu’elle ne disposait pas de moyens coercitifs, entre autres une armée propre, et qu’elle ne revêtait pas un caractère universel, puisque les Etats-Unis, l’URSS, le Japon et l’Allemagne n’en étaient pas membres.

    Le système des Nations unies est organisé fonctionnellement et techniquement autour des vainqueurs de la deuxième guerre mondiale ; à savoir les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’URSS (Russie depuis 1991), la Chine et la France.

    Les deux principales instances de l’ONU sont l’Assemblée générale, où chaque Etat membre dispose d’une voix, et le Conseil de sécurité, qui comprend cinq membres permanents avec droit de veto et dix membres élus par l’Assemblée générale pour deux ans. Le Secrétaire général assure les fonctions administratives de l’ONU. Il est élu pour cinq ans par l’Assemblée générale. Toujours choisi parmi les pays qui ne sont pas de grandes puissances, il est rééligible sans limitation du nombre de mandats. Le Secrétaire général incarne l’ONU dans le concert des nations. Bien qu’il ne dispose pas d’un pouvoir de décision, il exerce une certaine influence auprès des acteurs de la communauté internationale.

    Aux trois organes majeurs de l’ONU, il convient d’ajouter les institutions représentatives du pouvoir judiciaire que sont la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale créée en 1998. Par ailleurs, l’ONU dispose d’un certain nombre d’institutions spécialisées chargées d’une mission précise, tel que le Conseil économique et social, le FMI, la Banque mondiale, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’UNICEF pour la protection de l’enfance, l’UNESCO pour la culture, la FAO, la CNUCED ou le Bureau international du travail…

    Le Conseil de sécurité constitue en quelque sorte l’organe exécutif de l’ONU. Par résolution il décide des sanctions à appliquer contre celles des nations qui ne respectent pas les règles internationales fixées par la Charte. Ces sanctions vont du simple avertissement aux sanctions économiques, jusqu’à l’utilisation de la force armée. Toute résolution nécessite pour son adoption l’accord des 5 membres permanents du Conseil de sécurité. Chacun d’eux dispose d’un droit de véto qui peut bloquer toute prise de décision. Un pouvoir exorbitant qui affecte lourdement le fonctionnement de l’ONU. Le droit de veto est d’autant plus excessif voir abusif, qu’il remet en cause la règle de la majorité. Paradoxalement, l’Assemblée générale où siègent l’ensemble des nations prend des résolutions, qui n’ont ni force exécutoire, ni ne sont contraignantes, alors que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité peuvent prendre des décisions qui s’imposent à tous. L’abstention ou l’absence d’un membre permanent qui opte pour la « Chaise vide » lors d’un vote au Conseil de sécurité sont assimilés à un consentement. Cette règle a l’avantage de permettre d’exprimer son désaccord sur la teneur d’une décision sans pour autant la bloquer dans son application. Par ailleurs, le droit de veto ne peut en aucun cas être utilisé pour empêcher le débat autour d’un projet de résolution même s’il existe de fortes probabilités qu’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité en fasse usage.

    Le veto obère toute possibilité d’intervention du Conseil de sécurité, lorsqu’une résolution est contraire aux intérêts d’un de ses membres permanents. Ce droit à maintes fois paralysé l’ONU pour le règlement de conflits, à l’exemple de la guerre d’Algérie où les Nations unies n’ont pu agir, en raison de la menace que la France agitait d’en faire usage, et ce contre l’avis majoritaire des autres membres du Conseil de sécurité. Les Etats-Unis ont souvent utilisé leur droit de veto dès lors qu’il s’agit de protéger Israël, leur allié stratégique et bras armé au Moyen-Orient. Le paradoxe réside dans le fait que le conflit israélo-palestinien paralyse les consciences à l’échelle mondiale sans que l’ONU puisse déboucher depuis 1948 sur une solution en direction du peuple palestinien. Cet exemple et bien d’autres encore montrent à quel point le veto constitue un moyen de blocage et d’affaiblissement du rôle de l’ONU.

    Depuis la création de l’ONU, la Russie, y compris l’ex URSS, a recouru 143 fois au veto, les Etats-Unis 86 fois, le Royaume-Uni 30 fois, la Chine et la France 18 fois chacune. Le fonctionnement de l’ONU n’est pas démocratique, loin s’en faut. Le droit de veto qui donne des pouvoirs absolus aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité, est contradictoire avec le principe d’égalité entre tous les Etats membres de l’ONU, tel qu’affirmé par la Charte de San Francisco.

    Les limites de la gouvernance mondiale de l’ONU

    Tandis que le monde entame la troisième décennie du 21éme siècle, l’espoir que véhiculait l’ONU à sa création est aujourd’hui largement entamé. La réalité du système de gouvernance mondiale a montré ses limites. Bien que l’ONU peut se prévaloir d’un certain nombre de succès, celle-ci est incontestablement diminuée dans son rôle de garante de la paix et la sécurité internationales.

    La fin de la guerre froide Est-Ouest consécutive à la chute du Mur de Berlin en novembre 1989, n’a régénéré ni le droit international ni l’ONU. Les hostilités déclenchées par les Etats de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) contre la Yougoslavie, en 1999, montre que les grandes puissances peuvent contourner le Conseil de sécurité. Cette dérive s’est accentuée après les attentats du 11 septembre 2001, où la « guerre contre le terrorisme » lancée par les Etats-Unis a justifié tous les dépassements. Du renversement des Talibans, en l’absence d’une agression armée préalable juridiquement imputable à l’Etat afghan ; à l’intervention en Irak de 2003, déclenchée sans autorisation du Conseil de sécurité. La guerre unilatérale a effectué un retour spectaculaire sur la scène mondiale.

    Malgré leur rigueur, les règles introduites par la Charte de San Francisco n’ont pu empêcher le déclenchement de nombreuses guerres en dehors des mécanismes prévus pour le règlement pacifique des conflits entre nations. Au nom de « justes causes » les Etats-Unis ont entrepris des actions militaires unilatérales à Cuba en 1961, au Nicaragua en 1980, à la Grenade en 1983 ou au Panama en 1989.

    Seul organe de l’ONU à pouvoir évaluer la licéité d’actions militaires, la Cour internationale de justice (CIJ) a été peu sollicitée depuis 1945. Alors que le débat faisait rage sur une éventuelle intervention en Irak en 2002-2003, aucun Etat n’a cru opportun de demander l’avis des juges de La Haye.

    L’ONU a montré ses limites dans la politique de maintien de la paix internationale. Un de ses échecs les plus manifestes fut son incapacité à empêcher le génocide rwandais de 1994. La multiplication des foyers de conflits dans le monde (Yémen, Syrie, Irak, Palestine, RDC, Lybie, Ukraine…) est une illustration de l’échec des Nations-Unies à garantir la paix dans le monde. Une soixantaine d’années plus tard le conflit entre l’Inde et le Pakistan à propos du Cachemire est toujours d’actualité. Après trois guerres de 1948 à 1949 et malgré les résolutions de l’ONU, aucune solution fiable n’a été trouvée, tandis que les tensions entre les deux Etats restent persistantes. La question du peuple sahraoui n’est pas en reste. Depuis 1975, la décolonisation de ce territoire est encore inachevée. Le colonisateur marocain a remplacé le colonisateur espagnol, faisant abstraction des droits nationaux du peuple sahraoui. Les émissaires de l’ONU en charge de ce dossier se succèdent dans le temps, constatent les faits, mais la situation demeure en l’état.

    L’ONU ne manque pas de dossiers ouverts et non résolus. Ce sont autant de situations en instance de dégénérer en conflits et susceptibles de rendre le chemin de la paix, l’objectif initial, plus difficile encore. Le risque de voir exploser les zones de tension que les efforts diplomatiques de l’ONU n’arrivent pas à contrôler est une menace constante.

    Le constat d’échec de l’ONU dans sa mission de paix mérite cependant d’être tempéré. L’organisation compte à son actif des conflits résolus grâce à son entremise. Les guerres de l’ex-Yougoslavie qui se sont déroulées entre les années 1991 et 2001 (Bosnie Herzégovine, Serbie, Kosovo, Macédoine) en sont l’exemple le plus illustratif. L’intervention des Casques bleus et les médiations menées par les instances onusiennes ont permis de redonner ses droits à la paix.

    La densité des relations diplomatiques qui caractérise les relations de l’ONU avec l’ensemble des nations qui en sont membres a souvent été d’un apport décisif dans la réduction de tensions géopolitiques ou la désescalade des conflits potentiels.

    L’enlisement de l’ONU dans des missions multiples et variées

    Outre sa mission de préservation de la paix et de la sécurité entre les nations, l’ONU est chargée d’améliorer le sort des peuples par la lutte contre les maladies, la faim, l’analphabétisme, tout en veillant à promouvoir la démocratie et les droits de l’homme.

    Le rapport 2019 de la FAO fait état d’une situation d’insécurité alimentaire aigüe dans le monde. Ainsi 690 millions de personnes ont souffert de la faim, soit une augmentation de 10 millions par rapport à l’année 2018. Par ailleurs, la persistance des discriminations raciales, de la persécution des minorités ethniques et religieuses, comme le cas des Rohingya en Birmanie, témoigne de l’incapacité des Nations unies à répondre à leurs multiples et diverses missions. Un constat de la même teneur s’impose pour les catastrophes naturelles et les conflits de grande ampleur où l’ONU peine à mener des actions humanitaires à la hauteur des urgences du moment (Haïti, Syrie, Sud Soudan, Yémen…).

    Le changement climatique constitue un problème complexe. Au-delà des aspects environnementaux, ce phénomène a conséquences sur nombre de questions globales, telles que la santé, le développement économique, les déplacements des populations, la sécurité alimentaire mondiale, les ressources en eau. L’Accord de Paris sur le climat a été ouvert à la signature le 22 avril 2016 -Jour de la Terre- au siège des Nations unies à New York. Entré en vigueur le 4 novembre 2016, nombre de pays dont les Etats-Unis en tête, sont réticents à s’unir derrière une action mondiale, afin d’enrayer le réchauffement de la planète et mettre fin aux périls qui menacent la survie de l’humanité. Bien que l’ONU tire régulièrement la sonnette d’alarme sur le scénario catastrophe qui se profile, la mobilisation attendue peine à voir le jour.

    Malgré les périls qui se rapprochent de manière irréversible, le Conseil de sécurité réuni le 14 décembre 2021 n’a pu adopter, à la suite d’un veto, le texte d’un projet de résolution établissant un lien entre le réchauffement climatique et la sécurité dans le monde. C’est bien là le résultat des lourds dysfonctionnements qui pèsent sur les organes exécutifs, délibératifs et administratifs de l’organisation des Nations unies.

    Les difficultés de l’ONU se sont accélérées ces dernières années. L’institution mondiale est menacée d’enlisement sous l’effet de son propre poids. Les contraintes financières ne sont pas les moindres. Les charges de fonctionnement sont lourdes alors que de nombreux pays ne sont pas à jour de leurs cotisations. Les Etats-Unis sont les plus importants bailleurs de fonds de l’ONU. Ce poids financier significatif leur permet d’exercer un ascendant sur les nominations à la tête des structures du Secrétariat général ou des entités qui lui sont rattachées au détriment d’une représentation plus équilibrée des nations.

    Le conflit russo-ukrainien ou la fin de l’ordre international issu de l’après seconde guerre mondiale

    La guerre russo-ukrainienne constituerait-elle le signe avant-coureur d’un effondrement de l’ONU avec pour conséquence une refondation géopolitique du monde ? On ne saurait nier que l’ONU est déchue de toute autorité morale. L’ampleur de la fracture qui sépare désormais les grandes puissances marque la rupture du consensus d’après-guerre à l’origine du système des Nations unies. L’onde de choc de la guerre en Ukraine interpelle tous les acteurs de la communauté internationale. L’Inde, L’Indonésie, l’Algérie, la Turquie, le Nigéria, le Brésil, l’Iran et d’autres pays encore sont légitimes à demander de changer la donne par une refonte de l’ordre du monde. L’alliance entre Pékin et Moscou reflète leur priorité stratégique commune, à savoir bousculer un système international dominé par les Etats-Unis.

    Quel monde après la guerre en Ukraine ? S’il est sûr que rien ne sera plus comme avant, dans quel sens iront les changements ? La réforme de l’ONU revient sur le devant de la scène plus pressante que jamais.

    Les conséquences globales et systémiques des crises actuelles et à venir qu’elles soient humanitaires, économiques ou environnementales, sont considérables. Les conflits larvés ou de basse intensité, les guerres ouvertes dénotent un monde de plus en plus violent et instable. La guerre en Ukraine rebat les cartes de la géopolitique à l’échelle mondiale. Elle a mis a nu la fragilité du système des Nations unies. Les chaînes mondiales de production redéploient leurs stratégies et réduisent leurs interdépendances, notamment avec la Chine. La mondialisation devient un problème après avoir été la solution. La scène internationale connait actuellement des bouleversements géopolitiques majeurs, à l’origine d’une brusque accélération de l’histoire.

    La nécessité impérieuse d’une réforme de l’ONU

    L’ONU sert-elle encore à quelque chose ? La question est pertinente à plus d’un titre. Dans un discours du 10 septembre 1960, le général de Gaulle disait par dérision : « Le machin, qu’on appelle ONU ». Une boutade certes, mais aussi et surtout une critique acerbe de l’institution mondiale et de son utilité.

    Les espoirs fondés sur l’ONU ont-ils atteints leurs limites ? Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, déclarait le 14 avril 2022 dans le cadre du conflit ukrainien : « La perspective d’un conflit nucléaire autrefois impensable, figure bien aujourd’hui parmi les possibilités ».

    De graves menaces pèsent sur la paix et la sécurité internationales. De nombreux signes de tension existent de par le monde que le système des Nations unies n’arrive plus à contenir. L’avenir s’avère plus menaçant que jamais, alors que l’organisation onusienne semble avoir atteint la limite de ses capacités d’intervention et d’intermédiation.

    L’ONU se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Est-ce le déclin d’une institution dévitalisée ? Bien que le bilan de l’ONU oscille entre réussites et échecs, il n’en demeure pas moins que malgré les imperfections et les faiblesses du système des Nations Unies, une telle institution est indispensable à la marche du monde actuel, dans la mesure où elle offre un cadre de débat et de dialogue unique sur des questions majeures communes à l’ensemble des nations.

    Le système des Nations unies a organisé autour du club fermé des pays riches, d’institutions internationales totalement dépendantes et d’une société civile mondiale qui relaie la volonté hégémonique des puissants, fonde toute sa légitimité sur le droit du plus fort. D’où la nécessité de dépasser cette logique de domination et de diktat par l’élargissement du Conseil de Sécurité de l’ONU à d’autres membres permanents, au-delà des cinq puissances historiques qui sont à la fois juge et partie.

    Depuis la décolonisation, la composition de l’Assemblée générale s’est radicalement modifiée avec l’admission massive de pays nouvellement indépendants. Ces pays dits du Tiers-monde forment à présent la grande majorité de ses membres. Tous ne veulent plus du jeu de veto entre les deux supergrands, ni d’une Assemblée générale dépourvue de tout pouvoir. Les pays émergents sur l’échiquier international tiennent aussi le même langage. La dictature du veto est obsolète à plus d’un titre.

    A l’initiative du Liechtenstein, l’ONU a adopté récemment un projet de résolution qui oblige les cinq membres permanents du Conseil de sécurité à justifier le recours au veto, afin de l’apprécier à sa juste valeur. L’idée déjà ancienne a été relancée après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Mais le problème de fond demeure entier.

    Confisquée par les grandes puissances et plus particulièrement les Etats-Unis, l’ONU a besoin d’une réforme en profondeur pour remédier aux nombreuses carences du système international. A cet égard, le ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, a appelé à « jeter les bases d’un nouveau multilatéralisme fondé sur une gouvernance mondiale concertée et inclusive… Les défis universels, a-t-il souligné, ont besoin de solutions universelles. Toutes les voix doivent être entendues- pas seulement celles des plus puissants ». Tout est dit.

    Le monde multipolaire d’aujourd’hui ne peut plus s’accommoder d’une organisation des Nations unies où les pays occidentaux imposent leur vérité et leur droit ; celui de gouverner le monde à leur guise, de faire la guerre selon leur propre volonté, ou d’apparenter des nations à l’axe du mal. N’est-il pas étonnant que les pays occidentaux se battent la coulpe pour les victimes civiles de la guerre en Ukraine, alors qu’ils restent muets devant les massacres de populations innocentes en Palestine et l’utilisation d’armes interdites par le protocole III de la convention sur certaines armes classiques entrée en vigueur en 1983.

    « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà » disait le célèbre penseur Blaise Pascal. L’Occident a usé et abusé de ses vérités falsifiées, de sa défense des droits de l’homme sélective et de ses mensonges protecteurs de l’injustice envers le peuple palestinien brimé de ses droits nationaux. Dans ce monde du 21éme siècle caractérisé par la multipolarité, l’Occident a perdu le monopole des sentences et jugements sans appel.

    En ces temps incertains, un nouvel ordre mondial esquisse ses premiers contours, les rapprochements stratégiques autour d’intérêts communs, les sommets multipartites régionaux, les traités d’alliance de tout ordre ont tendance, à travers des initiatives partagées, à proposer une alternative aux Nations unies, notamment le Conseil de sécurité. L’environnement géopolitique mondial ainsi que le système des relations internationales connaissent de profondes mutations que la guerre en Ukraine a sensiblement accélérées. Une nouvelle page de l’histoire du monde est en train de s’écrire. Qui saura dire à quoi pourrait ressembler le monde de demain ?

    *Fonctionnaire

    Le Quotidien d’Oran, 29 mai 2022

    #ONU #EtatsUnis #France #GB #Russie #Ukraine #Chine #Ordre_mondial

  • Sahara Occidental : Parfum de scandale à la Minurso

    Sahara Occidental : Parfum de scandale à la Minurso

    Sahara Occidental, Maroc, ONU, MINURSO, Alexander Ivanko, corruption,

    Son responsable est accusé d’être corrompu par le Maroc : Parfum de scandale à la Minurso

    Le premier responsable de la Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental (MINURSO) fait face à des graves accusations. Le russe Alexander Ivanko, représentant du Secrétaire Général de l’ONU pour le Sahara Occidental et chef de la MINURSO, aurait acquis un bien immobilier à Laayoune occupée. Est-ce éthique ou légal?

    Interrogé par les journalistes, le porte-parole de l’ONU s’est montré très évasif sur le sujet. Il est légal pour les membres du personnel de l’ONU d’acheter des biens…Je ne poursuivrais pas sur le sujet », a-t-il répondu aux journalistes.

    La crédibilité de la MINURSO en prend un sérieux coup
    Parfum de scandale à la MINURSO. Un article d’Abla Chérif à lire dans la version papier du Soir d’Algérie

    Le Soir d’Algérie, 29 mai 2022

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    #SaharaOccidental #Maroc #ONU #MINURSO #Alexander_Ivanko #Corruption

  • Sahara: Surveiller les droits de l’homme pour prévenir le terrorisme

    Sahara: Surveiller les droits de l’homme pour prévenir le terrorisme

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    L’ancien émissaire des Nations unies pour l’ex-colonie demande de prendre des mesures pour que les Sahraouis n’optent pas pour la violence

    Peter van Walsum , un diplomate néerlandais de 79 ans, a toujours été réticent à organiser un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental que l’Espagne a remis au Maroc en 1975. « Je n’y crois pas parce que c’est irréaliste et insister sur l’appeler ne servira qu’à prolonger le conflit », m’a-t-il écrit la semaine dernière dans un e-mail.

    Cette condamnation a valu à Van Walsum la perte du poste d’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, pour le Sahara. Mohamed Abdelaziz, le chef du Front Polisario luttant pour l’indépendance du Sahara, a écrit une lettre en août 2008 à Ban Ki-moon dans laquelle il affirmait que le Néerlandais s’était « disqualifié » pour le poste. Le secrétaire général lui prête attention et choisit de ne pas prolonger le mandat (2005-2008) de son médiateur dans le conflit.

    Six ans après son limogeage, celui qui a été l’envoyé spécial le plus en phase avec les thèses marocaines réapparaît mais désormais pour marquer les distances avec Rabat. Lui et Frank Ruddy, ancien ambassadeur américain et chef adjoint de la MINURSO (le contingent de l’ONU déployé au Sahara) ont envoyé la semaine dernière une lettre au président français François Hollande.

    Ils y mettent en avant la « frustration » générée par « le grand nombre de violations des droits de l’homme perpétrées par les autorités marocaines contre les Sahraouis ». Ils se souviennent au passage du dernier rapport du rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Juan Méndez, qui s’était rendu à El Aaiún en 2012. « Nous sommes profondément préoccupés par la colère et le ressentiment que ces crimes suscitent », ajoutent-ils.

    Comme les Touareg du Mali au Sahara Occidental « il existe un groupe différent de personnes – les Sahraouis – qui ne se considèrent pas politiquement ou culturellement liés au Maroc et qui ont une histoire de résistance armée », poursuivent-ils. « Il est essentiel que nous prenions des mesures préventives pour désamorcer les tensions au Sahara occidental et éviter une répétition de ce qui s’est passé au Mali et qui pourrait mettre en danger la sécurité française et occidentale (…) », préviennent-ils.

    La branche nord-africaine d’Al-Qaïda et ses alliés touaregs radicaux, qui constituent un groupe ethnique distinct au Mali, ont pris le contrôle du nord du pays en mars 2012, d’où ils ont été expulsés un an plus tard par une intervention militaire française. Pour que ce qui s’est passé au Mali ne se reproduise pas au Sahara, « pour réduire la frustration des Sahraouis » et éviter qu’ils ne se laissent séduire par le terrorisme, les signataires exhortent Hollande à « œuvrer pour l’inclusion de la surveillance des droits de l’homme » dans le mandat de la MINURSO.

    Créée en 1991, la MINURSO est le seul contingent de maintien de la paix de l’ONU qui n’a pas de compétences en matière de droits de l’homme. Le Conseil de sécurité entame jeudi prochain (17 avril) des consultations en vue du renouvellement de son mandat. L’année dernière, l’ambassadrice américaine de l’époque à l’ONU, Susan Rice, avait proposé d’élargir le mandat des casques bleus dans l’ancienne colonie espagnole afin que leurs pouvoirs incluent le contrôle du respect des droits de l’homme au Sahara et dans les camps de réfugiés de Tindouf (sud -ouest de l’Algérie).

    Rice a d’abord soumis cette proposition au soi-disant Groupe des amis du Sahara occidental et la France a ensuite été la première à la rejeter en réponse à une demande du Maroc. L’Espagne et la Russie secondaient la France. Le cinquième membre du groupe, le Royaume-Uni, s’est en revanche montré plus réceptif. C’est pourquoi Van Walsum et Ruddy envoient leur lettre à Hollande car ils savent qu’il est le plus fort pour imposer au Maroc cette tutelle des droits de l’homme à laquelle le Front Polisario a donné son accord.

    Source : Orilla Sur, 10 avril 2014

    #Maroc #SaharaOccidental #ONU #MINURSO #Droits_de_lhomme

  • Le site Qantara interviewe Sultana Khaya

    Sahara Occidental, Sultana Khaya, Maroc, ONU, Staffan de Mistur, répression,

    Conflit du Sahara occidental : « Un jour nous serons libres »

    Sultana Khaya, 41 ans, résiste pacifiquement depuis de nombreuses années à l’occupation marocaine du Sahara occidental. En raison de sa campagne pour affirmer l’autodétermination du peuple sahraoui, elle a été agressée et violée. Elle est assignée à résidence depuis plus d’un an. Interview d’Elisa Rheinheimer.

    Mme Khaya, vous êtes assignée à résidence depuis novembre 2020 ; les forces de sécurité marocaines vous empêchent de quitter la maison. Vous a-t-on donné une raison à cela ?

    Sultana Khaya : Non. Aujourd’hui, c’est le 487e jour que l’on m’empêche de quitter la maison que je partage avec ma mère et ma sœur. Le gouvernement marocain a déclaré aux organisations de défense des droits humains que je n’étais pas assigné à résidence. Mais si j’essaie de sortir, je suis battu. Au cours des premiers mois, des hommes en uniforme militaire étaient positionnés autour de la maison, mais depuis février 2021, ce sont des policiers en civil. Il y a un changement d’équipe toutes les 12 heures. Quand les gens voulaient nous rendre visite, on les empêchait d’entrer dans la maison. Cela n’a changé que le 16 mars 2022, lorsqu’un groupe de militants américains des droits de l’homme a réussi à y accéder.

    En quoi cela vous affecte-t-il d’être enfermé tout le temps ? Avez-vous développé des routines pour le rendre plus supportable ?

    Khaya : Tous les jours entre 12h30 et 14h, ma sœur et moi organisons une « démonstration » sur le toit de notre maison. Pendant un quart d’heure, nous agitons le drapeau sahraoui pour symboliser notre campagne d’autodétermination. Qu’il pleuve ou qu’il fasse beau, nous sommes là-haut. Nous le filmons et le diffusons dans le monde. C’est une façon pour nous de montrer que la résistance pacifique sahraouie continue . Je le fais au nom de toutes les femmes sahraouies.

    Comment les forces de sécurité marocaines réagissent-elles à cela ?

    Khaya : Bien sûr, ils font ce qu’ils peuvent pour l’arrêter. Pour eux, c’est un scandale si notre drapeau flotte dans les territoires occupés qu’ils considèrent comme leur nation. Ils viennent tôt le matin ou tard le soir. Puis ils ont défoncé la porte dans une démonstration de force, nous ont ligotés, nous ont pelotés. En décembre, ils ont placé un coton imbibé sur mon visage et j’ai perdu connaissance. Et la dernière fois qu’ils m’ont injecté quelque chose ; Je ne sais pas ce que c’était. Le pire, c’est juste avant qu’ils n’arrivent : la peur au moment où je les entends défoncer la porte.

    Harcèlement quotidien par les gardes marocains. Comment gérez-vous votre quotidien dans ces circonstances ?

    Khaya : Notre alimentation électrique est sévèrement restreinte depuis avril 2021. Nous utilisons un réchaud de camping, du gaz et un pack de recharge pour le téléphone portable qui dure un certain temps sans électricité. Depuis qu’ils nous ont coupé le courant, le frigo ne marche pas non plus. Ma mère de 86 ans est la seule de nous trois autorisée à quitter la maison, elle doit donc faire ses courses tous les jours.

    Elle apporte également 10 litres d’eau. Ce n’est pas beaucoup pour nous trois pour cuisiner et se laver. Mais elle ne pourrait plus en porter. Il est très difficile de se procurer des médicaments. La seule façon d’en obtenir est secrètement par l’intermédiaire d’amis. Et s’ils la trouvent en la fouillant, elle est confisquée. Ils nous enlèveraient notre dernier paracétamol.

    Vous êtes présidente de la Ligue de défense des droits de l’homme. Dans quel genre de choses étiez-vous impliquée avant d’être détenue ?

    Khaya : Depuis 2005, je suis engagé dans l’intifada pacifique de la liberté et de l’indépendance. Mais ce que je fais n’a rien de spécial ; c’est ce que font la plupart des femmes sahraouies : résister à la répression et à l’occupation de manière non violente . Nous sommes torturés, mais nous n’abandonnons pas. Parce que j’ai été déplacé de ma patrie et qu’il n’y a pas d’universités dans les territoires occupés, j’ai décidé d’aller au Maroc pour étudier le français.

    Là-bas, j’ai participé à une manif pour le Sahara Occidental à l’université – après tout il y a aussi des Marocains qui sont de notre côté. Peu nombreux, la plupart des Marocains ne sont pas intéressés ou ont peur de leur propre régime. Mais il y en a quelques-uns, et un parti marocain de gauche soutient également le droit sahraoui à l’autodétermination. Lors de cette manifestation, j’ai été attaqué si violemment par un homme que j’ai perdu mon œil gauche.

    Mais ils n’ont pas jugé l’agresseur, l’homme qui m’a volé mon œil, mais ils m’ont jeté en prison ! Depuis huit mois. Je ne peux pas dire combien de fois mes côtes ont été cassées. Certains de mes associés ont été détenus pendant un an et deux co-manifestants marocains sont morts.

    Avez-vous envisagé de quitter votre pays d’origine et de demander l’asile ?

    Khaya : Je ne ferais jamais ça. Je souffre énormément, mais pas plus que les femmes sahraouies ne souffrent depuis 40 ans. Je n’ai pas l’intention de quitter le pays. Je veux vivre et mourir ici. J’étais dans un hôpital de Barcelone, où j’ai reçu une prothèse oculaire, et j’avais un permis de séjour en Espagne. Mais en novembre 2020, j’ai décidé de retourner dans les territoires occupés. Un jour plus tard, ils m’ont placé en résidence surveillée. Les Marocains espèrent pouvoir me faire taire. Mais ils ont réussi le contraire.

    « Auparavant, je serais mort depuis longtemps »

    Comment menez-vous votre travail maintenant, malgré l’assignation à résidence ?

    Khaya : Grâce aux nouveaux médias et systèmes de communication, je suis en contact étroit avec d’autres militants. Malgré tous les problèmes techniques – par exemple, lorsque les forces de sécurité m’ont pris mon ordinateur portable et mon téléphone portable – cela fonctionne dans une certaine mesure. Je suis conscient que les Marocains sont toujours à l’écoute. Même maintenant, lors de cette interview, nous ne sommes probablement pas seuls. Mais Internet me permet de rester en contact avec le monde extérieur.

    Cela a aussi une fonction de protection pour moi. Autrefois, je serais mort depuis longtemps. Début décembre, ils sont venus et ont scellé la porte du toit pour nous empêcher de monter là-haut pour notre manifestation quotidienne contre le drapeau. « C’est fini avec le toit maintenant », m’ont-ils dit. Mais nous avons utilisé des pierres pour faire un petit trou dans le mur et nous en sortons. Non, ce n’est pas fini et ce ne sera pas fini.

    On ne nous refusera pas l’air à respirer. Les viols, la répression, je ne pense pas que cela soit dû à la méchanceté personnelle des individus, mais au calcul politique de la puissance occupante. Je ne crois pas que les hommes qui entrent par effraction ici soient contre moi personnellement, mais ils ne me le font que parce que je suis sahraoui. Ils font ça pour nous humilier tous.

    Les Sahraouis protestent pacifiquement contre l’occupation depuis des décennies. Est-ce que ça change maintenant ?

    Khaya : Les Sahraouis ont fait preuve d’une grande patience. Leurs réserves de patience ne sont pas encore épuisées. La lutte pacifique pour la terre vaut toujours la peine. Malgré la souffrance et les difficultés, en tant que femme dans les territoires occupés, je crois que la voie pacifique est la meilleure. Mais les Sahraouis de l’autre côté, en exil algérien, ont décidé de lancer une campagne armée.

    Les Sahraouis se sentent abandonnés par le monde
    Vous faites référence à la fin du cessez-le-feu par le Polisario, le mouvement de libération sahraoui basé dans la ville algérienne de Tindouf, en novembre 2020…

    Khaya : Oui, le Polisario a démontré que le Maroc et le monde ne peuvent tout simplement pas continuer comme ils sont. Les combattants de la libération sont toujours là – et ils sont prêts à se battre. C’est aussi compréhensible, après que les 40 années de résistance pacifique n’aient abouti à rien. Le référendum promis à nous Sahraouis par l’ONU n’a pour l’instant pas eu lieu. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une attention internationale.

    Les Nations Unies doivent veiller à ce que les droits de l’homme soient respectés ici – ils sont bafoués chaque jour. Si la communauté internationale continue à regarder sans rien faire, je ne sais pas combien de temps encore les choses resteront pacifiques. Nous nous sentons abandonnés par le monde. Ce que je demande à l’ONU et à la communauté internationale n’est pas grand-chose : reconnaître que nous vivons sous une puissance occupante. Veiller à ce que nos droits humains soient respectés et que nous puissions vivre dans la dignité.

    Le nouveau gouvernement allemand s’efforce de normaliser les relations avec le Maroc. Si vous pouviez rencontrer la ministre allemande des Affaires étrangères, que lui diriez-vous ?

    Khaya : Je lui dirais : s’il vous plaît, ne participez pas aux crimes de l’occupation, à l’exploitation illégale de nos ressources naturelles et aux violations des droits de l’homme. Des relations normales avec le Maroc sont une bonne chose – mais pas à nos dépens. Notre demande d’autodétermination est légitime. Soit l’Allemagne se tient du côté de la justice – et c’est notre côté – soit elle reste en dehors, mais ne soutient pas le Maroc.

    Il y a un nouvel envoyé personnel des Nations Unies au Sahara occidental, Staffan de Mistura. Êtes-vous optimiste quant à sa capacité à faire bouger les choses ?

    Khaya : Il fera certainement de son mieux, comme tous ses prédécesseurs. Mais s’il peut réellement faire quelque chose, c’est discutable. La MINURSO , la mission de l’ONU chargée de préparer un référendum sur le statut du Sahara occidental, est en place depuis 30 ans – mais elle ne nous protège pas. C’est une partie du problème, pas la solution. La solution ne se trouve pas avec une personne comme de Mistura, mais cette pression internationale est appliquée sur le régime d’occupation marocain. Mais la dernière décision de l’Espagne de se ranger du côté du Maroc montre le contraire.

    « L’Espagne a vendu nos terres au Maroc et à la Mauritanie »

    Le 18 mars, l’Espagne a fait volte-face dans sa politique sur le Sahara Occidental et soutient désormais le projet marocain de faire du territoire une province autonome sous souveraineté marocaine…

    Khaya : La nouvelle position du gouvernement espagnol m’a moins surpris qu’il ne m’a déçu. Le 14 novembre 1975, l’Espagne a illégalement vendu nos terres au Maroc et à la Mauritanie et nous a trompés. Et maintenant, en 2022, le gouvernement espagnol a fait de même. La volte-face espagnole me fait mal ainsi qu’à de nombreux sahraouis. Mais je suis absolument convaincu que ni l’Espagne, ni les États-Unis, ni aucun autre pays n’ont le droit de décider de notre avenir. Nous déterminerons notre propre destin !

    Qu’est-ce qui vous donne la force et l’espoir de continuer ?

    Khaya : La prochaine génération ne devrait plus avoir à vivre comme moi, confrontée à la torture, au racisme, aux traitements injustes. Cela doit cesser. C’est pour cela que je me bats – chaque jour. Et les femmes sahraouies sont très patientes et tenaces. C’est dans notre sang. Même ma mère de 86 ans se bat toujours. Nous défendons ce qui est juste. Nous opprimer est mal. Je suis certain qu’un jour, le Sahara Occidental sera libre. Aujourd’hui, demain ou dans 100 ans, la justice prévaudra. Je ne sais pas si je serai là pour en faire l’expérience moi-même, mais un jour cela arrivera et cette pensée me remplit de joie.

    Entretien réalisé par Elisa Rheinheimer

    © Qantara.fr 2022

    Traduit de l’allemand par Nina Coon

    Qantara, 18 mai 2022

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  • ONU : Le Comité des 24 désavoue le Maroc

    ONU : Le Comité des 24 désavoue le Maroc

    ONU : Le Comité des 24 désavoue le Maroc – Sahara Occidental, Comité de décolonisation, territoire non autonome,

    Les participants au séminaire annuel du Comité des 24 de l’ONU chargé des questions de décolonisation, dont le Représentant permanent de l’Algérie auprès de l’ONU, l’ambassadeur Nadir Larbaoui, ont réitéré au Maroc l’implacable vérité au sujet du statut du Sahara occidental, en soulignant l’impérieuse nécessité de parachever le processus de décolonisation du Sahara occidental, dernière colonie d’Afrique.

    Larbaoui recadre Omar Hilale

    Ainsi, lors du séminaire, qui s’est tenu dans la capitale de Sainte Lucie, Castries, du 11 au 13 du mois courant, le Représentant permanent de l’Algérie auprès de l’ONU, l’ambassadeur Nadir Larbaoui, a «déculotté» l’ambassadeur du Maroc auprès des Nations unies, Omar Hilale, qualifiant ses propos de mensonges et d’insolence. Il, a dans ce sens, dénoncé la déclaration «hors de propos» du même représentant du royaume chérifien et de la délégation qui l’accompagnait et son attaque contre l’Algérie, que certaines délégations diplomatiques jugeaient «inappropriée et grossière». M. Larbaoui a également épinglé celui-ci pour ses attaques contre l’Algérie, en soulignant que le représentant du royaume chérifien «tente désespérément de semer la confusion et de tromper l’opinion publique marocaine et internationale en recourant à une invention parallèle au droit du peuple sahraoui, à l’autodétermination reconnue dans la légitimité internationale et les résolutions pertinentes des Nations Unies».

    Battant en brèche les assertions infondées du représentant du Makhzen, l’ambassadeur d’Algérie a affirmé que «mon pays n’est pas partie au conflit mais, comme la Mauritanie, il a le statut de voisin observateur». M. Larbaoui, a soutenu que la délégation marocaine souffre d’un grand déficit en termes de données historiques. Il a recadré aussi celui-ci, en affirmant que l’Algérie, «en tant que Nation dont le combat des pères fondateurs pour la liberté et l’émancipation a façonné son destin et forgé sa conviction de principe et son engagement à défendre sans relâche le droit de tous les Peuples à décider pleinement et librement de leur sort, a toujours été et restera toujours attachée à la noble mission de décolonisation».

    Cependant, il a regretté l’absence du moindre progrès dans la tenue d’un référendum libre au Sahara Occidental, tel que stipulé dans la résolution 1514 des Nations Unies sur la décolonisation, nonobstant le fait que le Sahara Occidental, soit répertorié, depuis 1963 comme territoire non autonome, statut réaffirmé en 1966, par la résolution 2229 octroyant le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance.

    L’ambassadeur d’Algérie à l’ONU a, dans ce contexte, passé en revue «les violations flagrantes, systématiques et flagrantes par le Maroc des droits de l’homme des citoyens sahraouis», et mis en exergue «le déficit et l’incapacité de la Minurso de surveiller la situation des droits de l’homme dans la partie occupée du Sahara Occidental».

    La décolonisation demeure inachevée

    Pour leur part, les délégations de trois continents l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine ayant intervenu à l’occasion étaient en effet unanimes à relever que la décolonisation du Sahara occidental «demeure inachevée, en insistant qu’il s’agit là d’une sérieuse source d’inquiétude», au moment où l’ONU entame la deuxième année de la quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme.

    Les participants à ce séminaire du Comité des 24 de l’ONU ont souligné en outre l’engagement de maintenir intacte la doctrine onusienne du droit à d’autodétermination conformément aux résolutions 1514 et 1541 ainsi que tous les textes fondamentaux pertinents définissant les paramètres de mise en œuvre du processus de décolonisation. Ils ont enfin rappelé le droit du peuple sahraoui à bénéficier et disposer de ses ressources naturelles, avant de soutenir la proposition d’effectuer une visite du C24 aux territoires occupés du Sahara occidental pour s’enquérir de la situation sur le terrain notamment celle relative aux droits de l’Homme.

    APS

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