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  • Algérie-Maroc: La responsabilité du Conseil de sécurité engagée

    Algérie-Maroc: La responsabilité du Conseil de sécurité engagée – Le Conseil de sécurité est appelé à assumer l’entière responsabilité de la grave détérioration de la situation au Sahara occidental et au Maghreb

    Le Conseil de sécurité est appelé à assumer l’entière responsabilité de la grave détérioration de la situation au Sahara occidental et au Maghreb. L’adoption de la résolution 2602 lors de la réunion du Conseil de sécurité tenue le vendredi 29 octobre 2021 a ouvert la voie à une sérieuse dégradation de la situation dans une région sujette à toutes les dérives en raison des errements gravissimes du Makhzen alaouite.

    L’assassinat prémédité, à coup de drones, de trois camioneurs algériens le 1er novembre dernier alors qu’il s’apprêtaient à entrer en Mauritanie, renseigne sur l’étendue de l’hystèrie de Rabat. Lors de sa dernière réunion, le conseil de sécurité et sans compter qu’il n’a pas dénoncé l’occupation par l’armée marocaine de la zone tampon d’El-Guerguerrat, il ne fera aucune allusion à un référendum d’autodétermination dans ce territoire considéré par l’ONU elle-même comme étant non autonome.

    Le 6 septembre 1991, lors de la signature de l’accord de cessez-le feu entre la République Arabe Sahraoui (RASD) et le Maroc il a été convenu de respecter les positions sur le terrain des forces en conflit et que l’ONU et l’OUA (UA actuellement) devaient parrainer un processus de décolonisation en organisant un référendum d’autodétermination au Sahara occidental.

    Presque trente ans plus tard, le 13 novembre 2020 et alors que le processus d’organisation du référendum est toujours bloqué, le makhzen mène une opération illégale d’occupation de la zone tampon d’El-Guerguerrat, prétextant la libre circulation des véhicules de marchandises vers l’Afrique subsaharienne. Un acte hostile qui ne laissait aucun autre choix au Polisario en dehors de celui de reprendre la lutte armée.

    Mais depuis et au lieu d’affronter la nouvelle donne introduite par la violation du cessez-le-feu avec le la république Arabe Sahraoui, le royaume Mohamed 6 a multiplié les provocations envers l’Algérie.

    Le 16 juillet 2021 le représentant du Maroc à l’ONU distribue aux pays membres du mouvement des non-alignés une note officielle déclarant le soutien au mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) , classé comme organisation terroriste par l’Algérie. Le même mois, le makhzen est impliqué dans une grave affaire d’espionnage international. Un logiciel israélien, nommé Pegasus, est utilisé par les services de renseignements marocains pour espionner 6000 algériens, entre hauts responsables, chefs de partis politiques, militants des droits de l’homme et journalistes.

    Un mois après ce scandale, le ministre israélien des affaires étrangères en visite au Maroc ne s’est pas jamais lors d’une conférence de presse avec alter ego marocain, Nasser Bourita, d’accuser l’Algérie de collusion avec l’Iran pour empêcher l’admission d’Israël d’accéder en tant que membre observateur à l’union africaine . Une menace à peine voilée à l’égard de l’Algérie en réaction à ses positions de soutien aux causes justes à travers le monde.

    Embraser l’Afrique du Nord
    Après ce triste épisode, le Maroc a accentué la provocation conduisant à une réaction ferme de l’Algérie. Le mardi 23 août 2021, le ministre algérien des affaires étrangères, Ramtane Lamamra, annonce officiellement la rupture officielle des relations diplomatiques avec le Maroc. Si depuis le mois d’août la crise entre Alger et Rabat est restée dans la diplomatie et l’économie, l’assassinat de trois ressortissants algériens par l’armée marocaine à fait monté la tension d’un cran. Le Maroc cherche-t-il l’embrasement de toute l’Afrique du nord ?

    Pour saisir la stratégie du makhzen, il est utile de revenir à El-Guerguerat. Le Maroc ne tire aucun avantage économique important en exportant ses marchandises par route vers l’Afrique saharienne. La distance entre le plus grand port marocain, Tanger, qui appartient aux Emiratis, et Dakar est de 3322 km. Le prix d’un litre de gasoil au Maroc est de 1,006 dollars, soit l’équivalent de 145 dinars algériens.

    Actuellement, le plus important marché africain pour le Maroc, c’est la Côte d’Ivoire. Et la distance entre Tanger et Abidjan dépasse les 5200 kilomètres. Avec un prix aussi élevé des carburants, il n’est nullement très rentable d’exporter des marchandises par le Maroc sur de très longues distances.

    Le coup de force du Makhzen à El-Guerguerrat n’était pas exclusivement dicté par des considérations économiques. Mais obéissait surtout à la politique du fait accompli de l’occupation du Sahara occidental mené depuis des années par le makhzen. Pour preuve, la violation du cessez-le-feu a été suivie par la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental par le président sortant des Etats-Unis, Donald Trump, et la normalisation des relations avec Israël. Mais le makhzen a vite déchanté. Le nouveau locataire de la Maison-Blanche, Joe Biden, n’a pas officiellement adopté la position de son prédécesseur concernant le Sahara occidental, tandis que le congrès américain a rejeté récemment le projet d’ouverture d’un consulat US à Dakhla.

    Par ailleurs, le tribunal européen annule des accords commerciaux incluant les territoires occupés du Sahara occidental. En réalité, le Maroc ne peut plus soutenir sur le long terme les coûts de sa colonisation du Sahara occidental. Il doit coûte que coûte imposer son chantage à la communauté internationale. Son rapprochement avec Israël a pour but d’intimider l’Algérie. Israël ne peut pas aller au-delà de la vente d’équipements militaires, comme les drones, au Maroc. Israël a déjà fort à faire avec le Hezbollah, le Hamas à Gaza et l’Iran, pour ouvrir un nouveau front avec l’Algérie en Afrique du Nord.

    Il ne reste alors pour le makhzen que d’attirer directement l’Algérie dans un conflit armée ouvert pour faire pression sur les grandes puissances et imposer une solution qui permettrait de sauver la monarchie. Après 46 ans de colonisation, l’existence même de la monarchie au Maroc est aujourd’hui étroitement liée au sort du Sahara occidental.

    L’Algérie saisit les instances internationales

    L’Algérie a décidé de prendre à témoin les instances internationales suite à l’assassinat de trois ressortissants algériens par l’armée marocaine, le 1er Novembre 2021, dans un bombardement aux drones ayant ciblé leurs camions de transport de marchandise à la ligne de frontières avec la Mauritanie. C’est ce qu’a fait savoir ce jeudi soir 4 novembre 2021, le ministère des affaires étrangères.

    Dans le cadre du suivi des prolongements internationaux du lâche assassinat de trois ressortissants algériens en territoire sahraoui libéré par les forces d’occupation marocaines, le Ministre des Affaires Etrangères et de la Communauté Nationale à l’Etranger, M. Ramtane LAMAMRA, a adressé des messages au Secrétaire Général de l’ONU, M. Antonio Guterres, au Président de la Commission de l’Union Africaine, M. Moussa Faki Mahamat, au Secrétaire Général de la Ligue des Etats Arabes, M. Ahmed Aboul Gheit, et au Secrétaire Général de l’Organisation de la Coopération Islamique, M. Youssef Ben Ahmed Al-Othaimeen, indique le ministère.

    Dans ces correspondances officielles, M. LAMAMRA a informé les responsables des organisations internationales de la gravité extrême de l’acte de terrorisme d’Etat en question qu’aucune circonstance ne saurait justifier.
    Il a souligné que “l’emploi par l’Etat occupant d’un armement sophistiqué meurtrier pour entraver la libre circulation de véhicules commerciaux dans un espace territorial sur lequel il n’a aucun droit, constitue un acte de fuite en avant porteur de risques imminents pour la sécurité et la stabilité au Sahara Occidental et dans toute la région”.

    Le Ministre des Affaires Etrangères et de la Communauté Nationale à l’Etranger a réitéré , dans ce cadre, la volonté et la capacité de l’Algérie d’assumer ses responsabilités en matière de protection de ses ressortissants et de leurs biens en toutes circonstances.

    Dans ce même contexte, des Ambassadeurs accrédités auprès de l’Algérie ont été reçus au Ministère des Affaires Etrangères.

    Les trois chauffeurs de camions algériens ont été tués dans un bombardement mené dans l’après-midi du 1er novembre 2021 par l’armée marocaine contre leur convoi dans la route entre la ville frontalière algérienne Tindouf et Zouiret en Mauritanie. C’est ce qu’ont fait savoir plusieurs sources dont des proches des victimes et une conseillère du président sahraoui Ibrahim Ghali.

    Les camions de fret faisaient régulièrement la liaison Nouakchott-Ouargla, selon un des proches des victimes dont deux roulaient à bord de leur camion de la marque allemande MAN. Le troisième chauffeur tué était originaire de Ouargla et était aussi un habitué du trajet. Les victimes effectuaient une mission d’exportation de ciment blanc vers la Mauritanie.

    L’agression marocaine s’est déroulée entre les localités d’Aïn Bentili et Bir Lahlou en territoire libéré, le tronçon qui conduit à la route entre l’Algérie et la Mauritanie.
    Les deux camions étaient à l’arrêt lorsqu’ils ont été la cible de bombardements par l’artillerie marocaine provenant de derrière le mur de séparation se trouvant à plus de 25 km du lieu du drame.

    L’une des victimes de l’agression marocaine est Hmida Boumediene, originaire de Laghouat, dont l’annonce de sa mort a été faite sur Facebook par son neveu Djallal Eddine Boumedienne habitant Ain Madi à Laghouat.
    Les deux autres victimes sont Ahmed Belkhir Chtam et Brahim Larbaoui tous deux de Ouargla.

    Le jeune Indépendant, 06/11/2021

  • Sahara: Défilé de la MINURSO en l’honneur de son nouveau chef

    Sahara: Défilé de la MINURSO en l’honneur de son nouveau chef – Le commandant de la force a souligné que « après la rupture du cessez-le-feu en novembre dernier, votre travail est devenu encore plus difficile avec de nombreux obstacles mis devant nous que nous essayons ensemble de surmonter. »

    El Aaiun, 4 novembre 2021 – Aujourd’hui, la MINURSO a organisé une parade militaire en l’honneur du nouveau SRSG et Chef de Mission, Alexander Ivanko. M. Ivanko a été nommé SRSG et Chef de Mission par le Secrétaire Général des Nations Unies le 27 août 2021. Cependant, en raison des restrictions dues à la pandémie, le défilé a dû être reporté de deux mois.

    Le commandant de la force, le général de division Zia Ur Rehman, a accueilli le RSSG et a souligné l’importance du travail accompli par la mission. Dans ses remarques, le RSSG a salué les efforts des observateurs militaires de l’ONU « en ces temps difficiles ». Il a souligné que « après la rupture du cessez-le-feu en novembre dernier, votre travail est devenu encore plus difficile avec de nombreux obstacles mis devant nous que nous essayons ensemble de surmonter. »

    Le défilé a été suivi par le personnel militaire et civil de la MINURSO.

    Source: MINURSO news, 04/11/2021

  • Les racines de l’impasse : Le cas du Sahara occidental

    Les racines de l’impasse : Le cas du Sahara occidental – Les autres parties de la communauté internationale n’ont pas contribué à une quelconque perspective de résolution

    Si les « racines de la victoire et de la défaite doivent souvent être recherchées loin du champ de bataille », il en va de même pour les racines de l’impasse.[1] Pour beaucoup, la région qui occupe environ 100 000 miles carrés sur la côte nord-ouest de l’Afrique, connue sous le nom de Sahara occidental, est la « dernière colonie » du continent.[2,3] Pour d’autres, c’est une partie légitime du territoire marocain. Les Nations Unies considèrent le Sahara Occidental comme un territoire non autonome, mais le débat sur le statut de cette région désertique peu peuplée au sud du Maroc (ou, au sud du Maroc), n’a pas été résolu depuis le retrait de l’Espagne en 1975. [Le Sahara occidental fait-il partie de ce qui a toujours constitué le Grand Maroc, ou n’est-il qu’une extension de la « destinée manifeste marocaine »[5,6] ? doit-on traiter la question comme un conflit par procuration entre le Maroc et l’Algérie, qui soutient le principal front de résistance du Sahara occidental, ou cela diminuerait-il les efforts inlassables des militants sahraouis ? L’application du cadre largeur-profondeur-contexte de Sir Michael Howard au conflit en cours au Sahara Occidental révèle que les racines de la nature non résolue du conflit incluent un manque de volonté politique internationale vers la médiation, à la fois par les institutions et les acteurs individuels tels que les États-Unis, et l’utilité intérieure d’un discours nationaliste pour l’État marocain.

    LARGEUR : LES RACINES HISTORIQUES DU CONFLIT

    Sir Michael Howard a écrit que les historiens militaires devraient étudier les conflits en termes de largeur, de profondeur et de contexte afin de développer l’image la plus complète de la « vérité chaotique » de l’histoire de la guerre[8]. Le cadre historique de Howard est utile non seulement pour analyser les événements tactiques de l’histoire militaire, mais aussi pour mettre en lumière les conditions politiques et sociales plus larges de la guerre. Howard a conceptualisé la « largeur » comme une méthode permettant d’adopter une vision historique à long terme des événements qui ont mené au conflit[9].

    L’Espagne possédait la région connue sous le nom de Sahara Occidental, qui comprenait les sites cruciaux de Rio de Oro et Saguia el-Hamra, depuis les années 1880, et a proposé un référendum pour l’autodétermination du territoire en 1974[10]. Anticipant l’opportunité présentée par la décolonisation du territoire, le roi Hassan du Maroc a initié des plans pour s’emparer du territoire, s’appuyant sur un discours initié par le leader de l’opposition marocaine Allal al-Fassi qui revendiquait le Sahara Occidental comme faisant partie du « Grand Maroc »[11]. Hassan a soumis la question du Sahara occidental à la Cour internationale de justice en 1974, qui a estimé que, bien qu’il existe des « liens légaux d’allégeance entre le sultan marocain et certaines tribus du Sahara occidental », ceux-ci « ne constituent pas une souveraineté territoriale »[12] Le roi Hassan, cependant, pensait qu’une interprétation sélective de ces « liens d’allégeance » fournirait la légitimité internationale pour lancer la « Marche verte » en novembre 1975[13].

    De manière sans précédent, le roi Hassan a incité 350 000 civils à marcher vers le Sahara occidental, brandissant des drapeaux marocains et forçant rapidement la main à l’Espagne pour qu’elle abandonne sa colonie[14]. Dans les années qui ont suivi le retrait de l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie se sont bousculés pour le contrôle de certaines parties du territoire, luttant contre les éléments de guérilla du Front populaire pour la libération de la Saguia el-Hamra et du Rio de Oro (Polisario), un groupe soutenu par le gouvernement algérien[15]. [15] Lorsque la Mauritanie a accepté un cessez-le-feu en 1979 après qu’un coup d’État ait déposé son dirigeant, le Maroc s’est installé dans la zone de contrôle de la Mauritanie et les combats ont continué jusqu’à ce que les Nations Unies fassent office de médiateur pour un cessez-le-feu en 1991. 16] Au cours des trente années qui ont suivi, les tentatives d’organiser un référendum d’autodétermination ont échoué et le conflit ne semble pas plus près d’être résolu que dans les années 1970.

    PROFONDEUR : EXAMEN DE L’INTERVENTION RÉCENTE DES ÉTATS-UNIS

    Howard a également exhorté les étudiants en histoire militaire à rechercher la profondeur dans leurs études, en les encourageant à examiner les études de cas à travers une variété de perspectives et de sources[17]. L’intervention des États-Unis dans la région l’année dernière est un exemple parfait de la raison pour laquelle une telle enquête est essentielle. Novembre 2020 a vu la plus grave escalade de l’agression entre les forces marocaines et les éléments de la guérilla du Polisario depuis près de 30 ans, violant le cessez-le-feu supervisé par l’ONU[18]. Pourtant, en décembre 2020, l’administration Trump a pris une mesure inattendue en reconnaissant la souveraineté marocaine sur le territoire – le premier pays au monde à le faire explicitement[19].

    Cette mesure a été largement considérée comme une contrepartie à l’accord de normalisation négocié par les États-Unis avec Israël. Plusieurs universitaires ont entrepris des études comparatives de l’occupation israélienne et marocaine, et les militants palestiniens et sahraouis « ont longtemps lié les luttes des deux peuples »[21], mais les actions des États-Unis – à savoir, la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en même temps que la médiation d’un accord de normalisation entre le Maroc et Israël – lient ces luttes non seulement symboliquement, mais pratiquement. Alors que l’administration Biden a apporté des changements significatifs à d’autres aspects de la politique étrangère américaine, la politique envers le conflit du Sahara Occidental est ancrée par un fort soutien intérieur américain à Israël[22].

    La politique américaine constitue une victoire majeure pour le gouvernement marocain, qui est maintenant en mesure de promouvoir la légitimité offerte par la reconnaissance américaine à la fois au niveau national et sur la scène internationale. La signification de la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine au Sahara Occidental était largement perdue pour un public américain ignorant de l’histoire du territoire. Ainsi, les États-Unis ont pu tirer un certain bénéfice de leur implication dans l’accord de normalisation sans précédent entre Israël et une nation arabe. Pourtant, les États-Unis n’ont pas été le premier ou le plus important acteur international à contribuer au conflit non résolu du Sahara Occidental.

    La Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (MINURSO) continue d’échouer dans sa mission fondamentale trente ans après sa création, et c’est la seule opération de maintien de la paix des Nations Unies établie depuis 1978 « sans mandat de surveillance des droits de l’homme. « En ce qui concerne le soutien algérien au Polisario, John Damis affirme que si l’Algérie était « restée passive et neutre dans le conflit… il ne fait aucun doute que la question du Sahara aurait rapidement disparu de l’attention internationale »[24]. Pourtant, pour appliquer correctement le cadre d’analyse historique de Sir Michael Howard, il faut aller plus loin et examiner les contextes sociaux, politiques et culturels du conflit lui-même.

    LE CONTEXTE : UN EXAMEN PLUS APPROFONDI DES CALCULS STRATÉGIQUES NATIONAUX

    Howard a écrit que  » les guerres ne sont pas des exercices tactiques à grande échelle « . Il pensait plutôt que les guerres sont « des conflits de sociétés, et ils ne peuvent être pleinement compris que si l’on comprend la nature de la société qui les combat »[25] Pour comprendre le conflit au Sahara occidental, nous devons examiner les conditions intérieures des deux côtés du conflit. Howard aurait tout aussi bien pu écrire sur les attitudes de l’État marocain à l’égard du Sahara occidental lorsqu’il a parlé de la prévalence de la « fabrication de mythes » chez les historiens nationalistes qui « [écrivent] dans un but didactique précis, pour éveiller des émotions de patriotisme et de loyauté »[26].

    L’une des principales raisons de l’endurance du conflit a été l’utilité de son effet de rassemblement autour du drapeau. En effet, il semble que l’investissement de feu le roi Hassan dans la question du Sahara occidental,  » de loin la préoccupation la plus importante de la politique étrangère du Royaume depuis 1974 « , ait porté ses fruits[27]. Les partis d’opposition sont unis dans leur traitement du territoire comme faisant partie du Maroc, les citoyens à travers la nation commémorent la Marche Verte chaque année, et l’État promeut le tourisme et le développement dans la région[28]. La valeur nationaliste du Sahara occidental semble suffisamment élevée pour la monarchie pour solidifier sa centralité dans le discours politique marocain.

    Près de cinquante ans après la soi-disant Marche Verte, cependant, les Marocains sont loin de la ferveur nationaliste immédiate des premières années du conflit. Les facteurs économiques pourraient peser encore plus lourdement sur la monarchie que le nationalisme. Bien que les chiffres réels soient difficiles à obtenir, l’État marocain a dépensé beaucoup pour le conflit, y compris le coût de la guerre active dans les années 1970 et 1980, de la construction d’une énorme berme de sable sur l’ensemble du territoire, et de l’investissement dans la partie du territoire qu’il occupe[29].

    Pourtant, les coûts financiers de la Marche verte font pâle figure en comparaison du bilan humain. Parmi les populations touchées, environ 10 000 personnes ont été tuées avant le cessez-le-feu. Il est facile de comprendre pourquoi un référendum d’autodétermination, dans lequel le Maroc risque de perdre le territoire, représente une telle menace pour la monarchie. Comme l’a observé Damis, « la perte du Sahara… déclencherait des pressions de la part de divers secteurs de la société marocaine, y compris l’armée, que la monarchie aurait du mal à contenir »[31].

    CONCLUSION

    Il y a une myriade de raisons pour la nature prolongée du conflit du Sahara Occidental. L’utilité du Sahara Occidental comme outil nationaliste depuis 1975 ne donne à la monarchie marocaine pratiquement aucun autre choix que de maintenir son discours historique. Les autres parties de la communauté internationale n’ont pas contribué à une quelconque perspective de résolution. L’ONU n’a pas réussi à mener à bien sa mission d’organiser un référendum, l’Algérie continue de soutenir le Polisario pour maintenir l’équilibre régional des forces, et les grandes puissances comme les États-Unis ont fait passer l’opportunité de leurs propres priorités avant la neutralité ou une médiation équilibrée. L’un des aspects les plus frustrants de la dimension internationale du conflit pour les Sahraouis est son profil bas continu. Les Sahraouis appellent le mur de sable défensif qui traverse le territoire le « mur de la honte« . Comment, se demandent-ils, peuvent-ils exprimer l’humiliation qu’ils ont subie lorsque le reste du monde remet en question la valeur de leur terre, qui n’est « qu’un tas de sable » ?

    Juliet O’Brien

    Juliet O’Brien est un officier de la marine américaine et un étudiant diplômé de l’université d’Oxford. Les opinions exprimées n’engagent que l’auteur et ne reflètent pas celles de la marine américaine, du ministère de la défense ou du gouvernement des États-Unis.

    The Strategy bridge, 05/11/2021

  • Sahara occidental : La mise en garde d’Alger

    Sahara occidental : La mise en garde d’Alger – L’Algerie voit d’un mauvais oeil le forcing de certaines puissances étrangères à vouloir imposer une vision injuste et déséquilibrée

    La tournure que prennent les évènements relatifs au Sahara occidental n’agrée pas l’Algérie. Des signes avantcoureurs attestent effectivement que l’Algerie voit d’un mauvais oeil le forcing de certaines puissances étrangères à vouloir imposer une vision injuste et déséquilibrée s’agissant du règlement de la question de décolonisation .

    La toute récente résolution du Conseil de sécurité de l’Onu renouvelant d’une année le mandat de la Minurso entre incontestablement dans cette logique. Il était dès lors évident que l’Algérie n’allait pas se taire et c’est en effet ce qui vient de se produire puisque la position exprimée est on ne peut plus revelatrice de cette tendance. L’Algérie rejette ainsi cette résolution considérée, à juste titre d’ailleurs, comme « largement déséquilibrée et qui n’encourage pas la quête d’un règlement juste et équitable ». suite « à l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la Résolution 2602 (2021) portant renouvellement du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au sahara occidental (Minurso), l’Algérie exprime son profond regret quant à l’approche fondamentalement déséquilibrée consacrée par ce texte qui manque cruellement de responsabilité et de lucidité du fait du forcing malencontreux de certains des membres influents dudit Conseil », indique le porte-parole du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale établie à l’étranger dans une déclaration rendue publique dimanche.

    « L’Algérie, qui exprime sa pleine compréhension des constats et conclusions de la partie sahraouie, ne soutiendra pas cette résolution parti le qui a pour effet de conforter les rétentions exorbitantes de l’État occupant dont elle encourage l’intransigeance et les manoeuvres visant à entraver et à pervertir le processus de décolonisation du sahara occidental », ajoute la déclaration qui dit attendre du nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l’Onu pour le sahara occidental qu’il « inscrive strictement son mandat dans la mise en oeuvre de la Résolution 690 (1991) portant le Plan de règlement accepté par les deux parties au conflit, le royaume du Maroc et le Front Polisario, et adopté unanimement par le Conseil de sécurité ».

    Rappelons que cette résolution numéro 2602, présentée par les états-Unis, a été adoptée vendredi dernier par 13 voix pour et 2 abstentions : la Russie et la Tunisie. Le Front Polisario n’a pas, dans une réaction, fait montre de sa satisfaction, loin de là,puisqu’il a estimé que ce document est déséquilibré et a appelé l’Onu à prendre ses responsabilités. Le Polisario a, d’ailleurs, réitéré son maintien de la voie des armes pour que le peuple sahraoui recouvre sa liberté. « Toute démarche qui ignore le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui sera contreproductive, injuste, dangereuse, et ne fera qu’ajouter un surcroît de tension et d’instabilité dans la région », ajoute la déclaration du porteparole du ministère des Affaires étrangères sur un ton qui en dit long sur le grand dépit de l’Algerie face à cettemanoeuvre.

    Riccardo Fabiani, directeur de programme Afrique du Nord à ICG :

    « Rétablir le cessez-le-feu est impossible dans les conditions actuelles, le Maroc étant présent militairement dans la zone, séparant le Maroc du Sahara occidental, qui est censée être contrôlée et vérifiée par l’ONU. La présence du Maroc dans cette zone tampon est une violation du cessez-le-feu. »

  • El Pais: L’ONU enquête sur la mort des camionneurs algériens

    El Pais: L’ONU enquête sur la mort des camionneurs algériens – Les proches des victimes demandent justice devant les caméras de la télévision publique algérienne.

    Des membres de la Minurso [Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental] ont inspecté ces dernières heures sur le terrain les deux camions bombardés le 1er novembre dernier au Sahara occidental, dans lesquels trois chauffeurs routiers civils algériens ont été tués, ont indiqué à ce journal des sources du Front Polisario. Les autorités algériennes, qui ont mis trois jours à entériner « l’assassinat » des trois civils, n’ont donné aucun autre détail sur cette affaire. Les autorités marocaines n’ont toujours pas fait de déclaration officielle, contrairement à l’armée mauritanienne qui s’est empressée de démentir dans un communiqué tout bombardement de son territoire.

    Pendant ce temps, en Algérie, la télévision publique a montré les familles des trois chauffeurs de camion morts. Certains ont lancé un appel à la démission tandis que d’autres ont réclamé justice. La presse locale, en l’absence de sources officielles, a fourni davantage d’informations sur les décès.

    Le média en ligne MenaDefense, qui a fait état de l’attentat contre les trois chauffeurs de camion mardi, a déclaré jeudi que l’attaque avait eu lieu entre 13h00 et 13h30 le 1er novembre. Elle a également ajouté les noms des victimes : Hmida Boumediène, de la ville de Laguat ; Ahmed Belkhir Chtam et Brahim Larbaoui, tous deux de la municipalité de Ouargla. Les médias rapportent que les trois civils voyageaient dans deux camions qui avaient apporté du ciment blanc en Mauritanie : « Les deux véhicules sont revenus vides et n’étaient pas recouverts de bâches ».

    MenaDefense souligne que le bombardement a eu lieu à plus de 30 kilomètres du mur construit par le Maroc au Sahara et à sept kilomètres à l’ouest de la municipalité sahraouie de Bir Lahlu, une zone que le Front Polisario appelle « territoires libérés ».

    Dans un premier temps, le site web algérien a désigné l’artillerie marocaine comme étant la cause du bombardement. Cependant, après avoir consulté des experts en armement, MenaDefense affirme que l’attaque a probablement été menée par un drone, soit le turc Bayraktar TB-2, soit l’israélien Hermes 450, équipé de deux missiles Hellfire. Elle souligne que l’avion a décollé de la base aérienne marocaine de Smara, à 230 kilomètres du lieu du bombardement. La présidence algérienne, dans son communiqué de mercredi, s’est contentée de pointer du doigt un « avion sophistiqué ».

    Pour sa part, le quotidien algérien pro-gouvernemental El Moudjahid a qualifié ce « crime » de « terrorisme d’État ». Et elle a évoqué deux événements qui ont envenimé les relations entre les deux pays voisins : d’une part, la révélation en juillet dernier que le Maroc possédait une liste de 6 000 téléphones algériens qui auraient pu être espionnés à l’aide du logiciel israélien NSO. D’autre part, une lettre a été diffusée le 14 juillet par l’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, dans laquelle il écrit au ministre algérien des affaires étrangères, Ramtane Lamamra : « Le ministre algérien, si fervent défenseur du droit à l’autodétermination, refuse ce même droit universel au peuple de Kabylie, l’un des plus anciens peuples d’Afrique, qui souffre de la plus longue occupation étrangère ».

    Le quotidien El Moujahid a rappelé jeudi qu’avec cette lettre, le Maroc a franchi une ligne rouge. Il conclut son éditorial : « Cette succession d’actes hostiles, qui a atteint son paroxysme avec l’attaque meurtrière contre des citoyens algériens, ne restera pas sans réponse. L’Algérie a prévenu : « Le crime ne restera pas impuni.

    Le site web Tout Sur l’Algérie (TSA), prévient que personne ne sait où mènera « la énième provocation du Maroc ». Mais il affirme que Rabat portera « l’entière responsabilité » d’avoir mené une politique « belliqueuse » envers son voisin « au cours des dernières décennies, et surtout au cours des douze derniers mois ». TSA affirme que le « bellicisme » du Maroc a augmenté depuis décembre dernier, lorsque les États-Unis ont reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en échange de la normalisation des relations de Rabat avec Israël. Le site algérien souligne que la communauté internationale est en partie responsable de « l’agressivité » du Maroc. « Rabat ne serait pas allé aussi loin si les grandes puissances n’avaient pas fermé les yeux sur son occupation illégale du Sahara. (…) Tout autre pays aurait payé cher son audace ».

    Du côté marocain, le silence officiel a prévalu. Seule une source anonyme, « bien informée » des tensions entre les deux pays, a déclaré mercredi à l’Agence France Presse que Rabat « ne se laissera jamais entraîner dans une spirale de violence et de déstabilisation régionale ». La même source a indiqué que la zone où le bombardement aurait eu lieu est « utilisée exclusivement par les véhicules militaires des milices armées », en référence au Front Polisario.

    Les autorités marocaines n’ont jusqu’à présent reconnu officiellement aucune de leurs propres victimes après la rupture du cessez-le-feu en novembre 2020. Ils n’ont pas non plus revendiqué la responsabilité de l’attentat qui a tué trois civils.

    El Pais, 04/11/2021

  • La MINURSO enquête sur le meurtre des camionneurs algériens

    La MINURSO enquête sur le meurtre des camionneurs algériens – Ses membres se sont rendus dans le lieu du crime en vue de soumettre un rapport au chef de l’ONU.

    L’Algérie et le Maroc vivent dans une situation de tension maximale, avec une atmosphère similaire à celle d’un conflit militaire et la pire confrontation entre les deux pays depuis les années 1970. La mort de trois camionneurs algériens dans la région sahraouie poussé la présidence algérienne à lancer une menace directe contre Rabat, qu’elle rend responsable de l’incident.

    L’Algérie a prévenu que ce crime « ne restera pas impuni », et la tension avec le Maroc est montée d’un cran après que la présidence algérienne a confirmé – dans un communiqué hier – les rumeurs circulant depuis mardi selon lesquelles un présumé avion de combat sans pilote (drone) marocain aurait tué trois civils algériens voyageant dans deux camions sur des routes désertiques traversant l’ancienne colonie du Sahara occidental.

    Suite à l’annonce par Alger de la mort de trois de ses ressortissants, des membres de la MINURSO se sont rendus sur place pour enquêter et préparer un rapport qui sera remis au Secrétaire général des Nations unies, qui enquêtera sur l’affaire, selon un média marocain proche du pouvoir.

  • Sahara Occidental: 30 ans d’échec du Conseil de Sécurité

    Sahara Occidental: 30 ans d’échec du Conseil de Sécurité – La résolution 2602 est un premier clou dans le cercueil de la mission de l’envoyé spécial onusien De Mistura

    L’échec des envoyés personnels des Nations unies au Sahara occidental, depuis 1991, date de l’accord du cessez-le- feu, entre l’occupant marocain et le Front Polisario, sous l’égide de l’ONU en prévision de la tenue du référendum d’autodétermination, n’est pas en raison de compétences ou la place qu’occupaient ses envoyés onusiens, sur la scène mondiale, mais d’absence de volonté politique du Conseil de sécurité à parachever le processus de décolonisation au Sahara occidental, tel dicté par la légalité internationale.

    Le représentant du Front Polisario en Europe et à l’Union européenne (UE) Abi Bouchraya, qualifiant la résolution 2602 sur le Sahara occidental, adoptée vendredi dernier, par le Conseil de sécurité « de premier clou dans le cercueil de la mission de l’envoyé spécial onusien De Mistura », il affirme que c’est « dans la déficience, le déséquilibre et le désespoir» que Staffan De Mistura entame sa mission, qui , pour rappel a débuté, lundi dernier. Pour l’ex-ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en Afrique du Sud, tout observateur de la teneur de la résolution 2602/21, devant constituer le cadre dans lequel se traduit la mission du nouveau envoyé onusien pour le Sahara occidental, constate, Abi Bouchraya « qu’il s’agit d’un ancien cadre, de mêmes expressions ambigües qu’avant » qui ne font que confirmer, poursuit-il «l’impression qu’il n’y a pas de processus mais qu’il s’agit de nombreux processus menant tous vers une spirale infinie » explique-t-il.

    Une spirale infinie favorisant le statu quo, lequel profite au système politique colonial du Maroc au Sahara occidental, depuis, faut-il le noter, le désengagement de Rabat à se conformer au droit international, après la conclusion du cessez-le-feu précité et l’envoi de la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso). Un désengagement qui a été rendu possible, non seulement par le soutien inconditionnel de l’ex-puissance coloniale en Afrique du Nord, la France, par son rôle de membre permanent au Conseil de sécurité, mais aussi du rôle non constructif du Conseil de sécurité à faire valoir la force du droit dans la traduction effective du mandat de la mission de l’ONU, qu’il a créé en 1991, et défini même dans sa nomination, celui de l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso). Le diplomate sahraoui semble convaincu, que la mission de De Mistura est vouée à l’échec , d’avance. Faisant remarquer que la résolution « n’est au final qu’une copie conforme des anciennes résolutions qui ont poussé les envoyés à démissionner » il affirme que «le même scénario étant malheureusement très attendu avec le nouvel envoyé ».

    Si pour le représentant du Front Polisario en Europe et à l’UE la résolution 2602 était « décevante », il explique qu’elle l’est « non seulement en raison de sa teneur, car toutes les autres résolutions étaient décevantes », mais surtout, poursuit-il « en raison de la situation dangereuse au Sahara occidental et la guerre qui fait rage depuis le 13 novembre 2020 ». Une guerre qui est selon lui «susceptible de prendre des dimensions plus graves à n’importe quel moment » dira le diplomate sahraoui Abi Bouchraya, dans un entretien au quotidien algérien, Echâab.

    Il est à rappeler que la guerre entre l’Armée de libération du peuple sahraoui (ALPS) et le Maroc, le 13 novembre dernier est suite, à la violation militaire marocaine dans la zone tampon Guerguerat, des accords de cessez-le-feu conclu en 1991 entre ces deux parties sous les auspices de l’ONU, suite à quoi le Front Polisario avait riposté et annonçé et son secrétaire général, président de la RASD, Brahim Ghali, avait fait savoir qu’ un décret annonçant la fin des obligations vis-à-vis de l’accord de cessez-le-feu et «la reprise des actions armées afin de protéger les droits inaliénables de notre peuple».

    Si les prédécesseurs de De Mistura menaient leur mission, depuis 1991, en période d’absence de combats armés entre le Front Polisario et le Maroc, et ont échoué dans leurs missions, en raison, des postures marocaines, comme l’ont affirmé, les deux diplomates américains, James Baker, et dernièrement Christopher Ross, la mission de leur collègue De Mistura sera plus compliquée, voire impossible, dans une situation de conflit armé et avec une résolution ouvrant une brèche vers la violation des principes et textes de la charte de l’ONU, s’agissant d’une question de décolonisation.

    Pour le diplomate sahraoui, Abi Bouchraya « au lieu de remettre le train de la décolonisation sur les rails » le Conseil de sécurité, avec notamment sa dernière résolution 2602/21 sur le Sahara occidental « pousse à davantage de dérapage et d’escalade qui pourraient dégénérer dans toute la région » a-il déclaré. Pour lui «traiter une nouvelle situation, dangereuse de surcroît, de manière ordinaire et à l’ancienne, comme si le Conseil de sécurité était indifférent ou prenait les choses à la légère » soulignant que ceci « est tout à fait illogique » a-t-il martelé. Ce qui l’amène à affirmer qu’ « il est clair que des parties influentes au sein du Conseil de sécurité misent sur le statu quo qui n’est autre qu’une consécration de l’occupation », ajoutant que ces mêmes parties « entravent toute démarche pour amener le Conseil de sécurité à assumer sa pleine responsabilité, à déterminer la véritable partie responsable de la rupture de l’Accord de cessez-le-feu, » à définir , poursuit-il « la feuille de route basée sur l’accord signé entre les deux parties au conflit, à savoir le plan de paix ONU-UA portant organisation d’un référendum libre et démocratique d’autodétermination du peuple sahraoui ».

    Après une année de rupture de l’Accord de cessez-le-feu et du processus de règlement, le Front Polisario a affirmé, à travers ses appels lancés au Conseil de sécurité et lettres transmises au SG de l’ONU que la nouvelle situation exige « une nouvelle prescription »et que l’on ne peut « se cacher derrière l’envoyé personnel du secrétaire général » a fait observer le diplomate sahraoui, Abi Bouchraya.

    Concluant que l’approche politique promue à ce jour, par le Conseil de sécurité « a engendré 30 ans d’échec et entrainé la reprise de la guerre au Sahara occidental » et que la position exprimée par le Front Polisario est « claire » et met l’accent, sur une série de nouvelles mesures opérationnelles et politiques, outre la poursuite de la lutte armée du peuple sahraoui contre l’occupation marocaine pour enfin épouser l’indépendance de son pays, le Sahara occidental.

    Karima Bennour

    Le Courrier d’Algérie, 04/11/2021

  • Seule la légalité internationale

    Seule la légalité internationale – L’objectif du Maroc et ses alliés est de faire pencher la balance du coté du plan marocain consistant à mettre en oeuvre une large autonomie du Sahara occidental.

    Le diplomate italo-suédois Staffan de Mistura a pris ce lundi ses fonctions de nouvel émissaire des Nations unies pour le Sahara occidental. Une prise de fonction déjà torpillée par le conseil de sécurité qui a prorogé pour un an, le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO). Une prorogation qui interroge quant à son parti pris et dans les missions mêmes de la Minurso. Un fait clairement refusé par l’Algérie qui a annoncé qu’elle ne soutiendra pas cette résolution, affirmant dans un communiqué du ministère des affaires étrangères que « suite à l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la Résolution 2602 (2021) portant renouvellement du mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental), l’Algérie exprime son profond regret quant à l’approche fondamentalement déséquilibrée consacrée par ce texte qui manque cruellement de responsabilité et de lucidité du fait du forcing malencontreux de certains des membres influents dudit Conseil.

    L’Algérie, qui exprime sa pleine compréhension des constats et conclusions de la partie sahraouie, ne soutiendra pas cette résolution partiale qui a pour effet de conforter les prétentions exorbitantes de l’Etat occupant (Maroc) dont elle encourage l’intransigeance et les manoeuvres visant à entraver et à pervertir le processus de décolonisation du Sahara occidental».

    Le Maroc et ses alliés, en premier desquels vient la France, refusent en réalité de se soumettre à la légalité internationale et tentent, depuis plusieurs années déjà, de pervertir les efforts qui sont engagés par l’instance onusienne pour régler le conflit selon la Résolution 690 (1991) portant le Plan de Règlement accepté par les deux parties au conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, et adopté unanimement par le Conseil de sécurité. Leur objectif est de faire pencher la balance du coté du plan marocain consistant à mettre en oeuvre une large autonomie du Sahara occidental, dans une basse manœuvre occultant le droit des Sahraouis en tant que peuple à disposer de son droit légitime à l’auto détermination et à l’indépendance, dans un conflit qui est avant tout, et comme le stipule toutes les résolutions de l’Onu, une question de décolonisation. Une colonisation qui dure depuis plus de 45 ans et qui met en danger la stabilité de toute la région.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 03/11/2021

  • La Résolution 2602 invite à la violation du Droit International

    La Résolution 2602 invite à la violation du Droit International au Sahara Occidental et encourage le Maroc à poursuivre sa rébellion contre la légalité

    Au moment où la dimension citoyenne populaire attachée aux valeurs nobles de l’humanité, épris de paix, de justice et de liberté, s’attendait que l’organisation des Nations unies (ONU) qui a une responsabilité légale à assumer à l’égard des populations des territoires non autonomes comme c’est le cas au Sahara occidental, il est regrettable de constater que le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté le 30 octobre dernier, la résolution 2602 portant renouvellement d’un an, du mandat de la mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (MINURSO), résolution nourrissant l’injustice et l’impunité, encourageant le royaume du Maroc à poursuivre sa rébellion contre le droit international et à intensifier les violations des droits de l’Homme des Sahraouis, dans les territoires occupés du Sahara occidental.

    Par Mahrez Lamari *

    Ce vote, il faut le souligner n’a été possible que grâce et sur pression et forcing de certains membres influents du Conseil de sécurité dont la France qui se réclame pays des droits de l’Homme, alors qu’elle persiste à continuer de soutenir une politique coloniale du royaume du Maroc au Sahara occidental, en pesant de tout son poids pour couvrir le Maroc et encourager son entêtement à ne pas se plier à la légalité internationale. La France officielle et son gouvernement doivent reconsidérer leur position et abandonner leur alignement sur les thèses expansionnistes coloniales marocaines qu’il maintient au détriment de la légalité internationale. De même, le Conseil de sécurité de l’onu ne doit pas compromettre sa crédibilité et altérer son image en encourageant les thèses expansionnistes marocaines.

    L’ONU doit relever les défis et faire preuve de détermination et de fermeté pour qu’elle oblige le Maroc à stopper sa politique d’arrogance qui ne cesse de défier la communauté internationale et montre aujourd’hui plus que jamais que la monarchie coloniale marocaine se complaît dans le statu quo au Sahara occidental, qu’elle perpétue et s’emploie à maintenir la charte et doctrine des Nations unies en matière de décolonisation. La Résolution 1514 adoptée par L’AG de l’ONU décembre 1960, plusieurs fois réaffirmé par les instances onusiennes qualifiant et inscrivant et reconnaissant le cas du Sahara occidental comme question de décolonisation, doivent trouver de toute urgence leur concrétisation par l’application du plan de règlement signé par les deux parties en conflit, le royaume du Maroc et le Front Polisario, et adopté unanimement par le Conseil de sécurité qui doit aussi prendre ses responsabilités en tant qu’organe chargé de la préservation et du maintien de la paix et de la sécurité pour assurer paix, stabilité et développement de tous les pays de la région, dont la République arabe sahraouie démocratique (RASD), pays fondateur et membre de l’Union africaine.

    En ce moment où le peuple algérien célèbre et commémore le 67ème anniversaire du déclenchement de la glorieuse Révolution du 1er Novembre 1954, nous saluons les capacités d’endurance et de résistance du peuple sahraoui qui ont forcé le respect de ceux qui ont su apprécier la justesse de sa résistance et reconnaître ses sacrifices dans l’épreuve qui lui est imposée.

    La dimension citoyenne populaire algérienne qui se reconnaît et appuie totalement la réaction officielle du gouvernement algérien exprimée dans le communiqué du ministère des Affaires étrangères, fidèle aux principes inaliénables du peuple algérien et à son État, hérités de ce qui a animé la glorieuse révolution algérienne contre le colonisateur français, et le lourd tribut consenti, pour épouser l’indépendance et la liberté, continuera à soutenir et défendre ouvertement le droit légitime à l’autodétermination du peuple sahraoui et à soutenir son combat et son droit légitime à la résistance, sa volonté indomptable réaffirmée dans l’unité de sa lutte à divers niveaux pour l’indépendance totale du Sahara occidental. Aussi sacrée que fut la révolution de Novembre 1954 pour le peuple algérien, notre soutien est et sera toujours ferme en faveur du droit à l’autodétermination des peuples colonisés et sous occupations, comme c’est le cas pour le peuple sahraoui.

    L’Algérie continuera à assumer ses responsabilités afin que prévale le règlement dudit conflit entre Le Maroc et le Front Polisario, sur la base de la Légalité internationale, consacrant le droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination, lequel droit constitue la base fondamentale et incontrôlable pour une solution juste et durable, pour une question de décolonisation, la dernière en Afrique, inscrite sur l’agenda de l’Onu et de l’Union africaine (UA).

    Citoyen, algérien et africain, héritiers des longues marches des peuples africains, pour leur liberté et Indépendance, dont, celle qu’a entrepris mon peuple, contre le système colonial français, je m’oppose et j’avertis sur les manœuvres visant à dévier le processus de règlement de la dernière question de décolonisation sur mon continent, le Sahara occidental, de sa base légale dictée, par les textes et les principes de la Charte de l’ONU, à laquelle recourt , la communauté internationale pour l’achèvement du processus de décolonisation, à savoir l’organisation du referendum d’autodétermination, seule voie de solution qu’impose la légalité internationale, à ce genre de question.

    TÔT OU TARD LE DROIT IMPRESCRIPTIBLE À L’AUTODÉTERMINATION TRIOMPHERA AU SAHARA OCCIDENTAL ET L’HISTOIRE EST LÀ POUR EN TÉMOIGNER.
    M. L.

    (*) Militant des droits de l’Homme et des peuples et ex-président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui.

    Le Courrier d’Algérie, 03/11/2021

  • L’Algérie rejette les grenouillages autour du Sahara Occidental

    L’Algérie rejette les grenouillages autour du Sahara Occidental – La France et les USA vendent au Maroc de l’illusion

    L’Algérie a officiellement exprimé son désaccord avec la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU concernant le renouvellement du mandat de la Minurso (mission onusienne pour le Sahara Occidental). Dans une déclaration rendue publique, dimanche, le ministère algérien des Affaires étrangères affirme que le pays « ne soutiendra pas cette résolution partiale ».

    Selon la même source, l’approche adoptée par l’instance onusienne « est fondamentalement déséquilibrée » et « manque cruellement de responsabilité et de lucidité ».

    « Suite à l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la Résolution 2602 (2021) portant renouvellement du mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental), l’Algérie exprime son profond regret quant à l’approche fondamentalement déséquilibrée consacrée par ce texte qui manque cruellement de responsabilité et de lucidité du fait du forcing malencontreux de certains des membres influents dudit Conseil », explique le ministère dans sa déclaration.

    L’Algérie, ajoute le document, « exprime sa pleine compréhension des constats et conclusions de la partie sahraouie, et ne soutiendra pas cette résolution partiale qui a pour effet de conforter les prétentions exorbitantes de l’Etat occupant (Maroc, ndlr) dont elle encourage l’intransigeance et les manœuvres visant à entraver et à pervertir le processus de décolonisation du Sahara occidental ».

    « Par principe et par solidarité avec le peuple frère du Sahara occidental, l’Algérie attend du nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général qu’il inscrive strictement son mandat dans la mise en œuvre de la Résolution 690 (1991) portant le Plan de Règlement accepté par les deux parties au conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, et adopté unanimement par le Conseil de sécurité », rappelle la même source.

    Dans ce sens, le ministère algérien des Affaires étrangères rappelle ses attentes de la communauté internationale.

    « L’Algérie escompte que la communauté internationale ne ménagera aucun effort pour amener le Royaume du Maroc et la République arabe sahraouie démocratique (RASD), en leur qualité d’Etats membres de l’Union africaine (UA), à mettre en œuvre la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’UA adoptée lors de sa réunion au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement le 9 mars 2021, qui demande aux deux pays d’engager des pourparlers directs et francs, sans aucune condition préalable et conformément à l’article 4 de l’Acte constitutif de l’UA », indique la même source.

    Et d’ajouter : « Toute démarche qui ignore le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui sera contre-productive, injuste, dangereuse, et ne fera qu’ajouter un surcroît de tension et d’instabilité dans la région ».

    Le Conseil de sécurité de l’ONU a, pour rappel, adopté jeudi dernier une résolution soumise par les Etats-Unis d’Amérique sur le renouvellement, pour une période d’une année, le mandat de la Minurso.