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  • Sahara Occidental: Les Sahraouis, légitimement, en droit de répondre avec force aux violations marocaines

    Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, a affirmé que le peuple sahraoui était « légitimement en droit de répondre avec force aux violations de l’Etat d’occupation et à tout acte visant à attenter à la sécurité des citoyens sahraouis où qu’ils soient », indique mardi l’Agence de presse sahraouie (SPS). 

    Dans un message adressé au Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et à la présidente en exercice du Conseil de sécurité, le Président Ghali a condamné les violations « récurrentes et systématiques » perpétrées par les forces d’occupation marocaines contre les civils sahraouis dans les territoires occupés du Sahara Occidental, soutenant que le peuple sahraoui « se réserve le droit légitime de répondre avec force à tout acte visant à porter atteinte à la sécurité des citoyens sahraouis où qu’ils soient ». 
    Il a, dans ce sens, appelé le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités dans la protection des civils sahraouis et « à garantir leur sécurité physique et morale, élément clé de la responsabilité de l’Onu envers le peuple sahraoui et la décolonisation de la dernière colonie en Afrique ». 
    Le peuple sahraoui « est demeuré, pendant près de trois décennies, attaché à l’option de la solution politique en dépit du silence honteux de l’ONU face à la persistance de l’occupation marocaine illégale de parties de notre pays, des répressions et intimidations de nos citoyens sans défense dans les régions occupées, outre l’entrave au référendum d’autodétermination et la violation de l’Accord de cessez-le-feu, le 13 novembre 2020 », a rappelé M. Ghali. 
    L’occupant marocain « nous a imposé une reprise de la lutte armée légitime, seul moyen de réaliser les objectifs sacrés et inaliénables de notre peuple à l’autodétermination, et nous ne resterons pas passifs face à la recrudescence de sa tyrannie et sa guerre de représailles contre les civils sahraouis dans les territoires sahraouis occupés », a ajouté le président sahraoui. 
    Dans son message, adressée également à la présidente en exercice du Conseil de sécurité, le représentant permanent du Royaume Uni auprès de l’ONU, l’ambassadrice Barbara Woodward, M. Ghali a souligné que la partie sahraouie avait mis en garde contre des représailles de l’Etat d’occupation contre les civils sahraouis sans défense, les défenseurs des droits de l’Homme et les journaliste, après la violation de l’Accord de cessez-le-feu par le Maroc le 13 novembre 2020″.
    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ONU,
  • Sahara Occidental : Des experts de l'ONU demandent au Maroc de libérer Walid Salek El Batal, journaliste sahraoui emprisonné

    Le 7 juin 2019, des vidéos ont commencé à circuler montrant la police marocaine en train de tabasser brutalement un journaliste sahraoui au Sahara occidental occupé. Aujourd’hui, un avis de l’ONU demandant sa libération a été rendu public.

    Le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a demandé la libération immédiate du jeune journaliste sahraoui Walid Salek El Batal dans une décision rendue publique aujourd’hui. L’avis a été émis lors de la 89e session du groupe de travail et peut être consulté ici (en français).

    L’arrestation violente d’El Batal a attiré l’attention internationale après qu’une vidéo du tabassage eut été diffusée. Human Rights Watch et le Washington Post ont publié des rapports de vérification des faits en utilisant une enquête en open source qui a démystifié la version officielle marocaine, qui justifiait l’arrestation en accusant El Batal d’être un criminel violent.
    El Batal est actuellement en prison en raison de son travail de journaliste sahraoui, ont conclu les experts de l’ONU, notant que s’il n’avait pas été sahraoui, il n’aurait pas été emprisonné. Dans sa jurisprudence, le groupe de travail des Nations unies a établi un schéma systématique d’arrestation et d’emprisonnement des militants sahraouis, constatant que les Sahraouis qui militent en faveur de l’autodétermination sont soumis à des pratiques discriminatoires en violation de l’égalité des droits humains.
    Walid Salek El Batal est un ancien prisonnier politique qui travaille avec l’organisation de journalistes sahraouis Smara News. Il a été arrêté le 7 juin 2019 alors qu’il se rendait au domicile d’un collègue journaliste, Salah Eddine Lebsir, qui venait lui-même d’être libéré de prison. Walid Salek El Batal a été condamné à deux ans de prison par la Cour d’appel le 12 novembre 2019 sur la base d’aveux signés sous la torture.
    Comme le montre la vidéo de son arrestation, alors qu’il se rendait à la maison de Salah Eddine Lebsir, Walid et ses co-passagers ont été violemment traînés hors de leur voiture et agressés par la police marocaine. L’enregistrement a rapidement été diffusé en ligne par les médias sahraouis et a été largement diffusé au niveau international.
    Les experts de l’ONU concluent qu’El Batal a ensuite été soumis à la torture dans les locaux du poste de police et qu’il a été forcé de signer des aveux, utilisés par la suite contre lui comme principale preuve. Les experts notent également qu’El Batal a soulevé des allégations de torture dans toutes les procédures successives et que le juge marocain n’y a pas répondu, ni n’a ouvert aucune forme d’enquête. Gravement préoccupés par l’inaction du tribunal, les experts des Nations unies estiment que le tribunal marocain n’a pas été indépendant ou impartial lorsqu’il a traité le cas d’El Batal, et ont donc renvoyé son cas au rapporteur spécial des Nations unies sur l’indépendance des juges et des avocats.
    « La décision du Groupe de travail sur la détention arbitraire n’est pas une simple opinion mais c’est une étape importante pour obtenir justice pour les Sahraouis car elle révèle la politique marocaine systématique de ciblage des militants et journalistes sahraouis et des écarts troublants entre discours et réalité lorsque les Marocains tentent de justifier les violations », déclare Mohamed Mayara, journaliste et coordinateur d’Equipe Media.
    « Avec le cas de Walid, la non-indépendance et la non-impartialité du système judiciaire marocain ont été prouvées », ajoute Tone Sørfonn Moe, le représentant légal international agissant au nom de Walid Salek El Batal. « Le moment est venu de demander des comptes au Maroc pour ses violations du droit international en tant que puissance occupante. Le Maroc maintient effectivement un peuple entier, le peuple sahraoui, écrasé par l’usage de la force, et la communauté internationale doit s’exprimer clairement contre la torture, les abus et la privation de liberté qui ont lieu actuellement dans le Sahara occidental occupé ».
    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, Walid Batal, ONU,
  • Sahara Occidental : le peuple sahraoui ne capitulera jamais

    Depuis plusieurs années, les grands de ce monde ont décidé d’offrir le territoire du Sahara Occidental au Maroc en guise de récompense pour ses actes de serviteur loyal aux desseins impérialistes dans la région du Maghreb. Même au détriment de la légalité internationale.

    C’est dans ce contexte que toutes les résolutions du Conseil de Sécurité pointent vers l’imposition de la pseudo-solution basée sur l’octroi aux sahraouis d’une prétendue autonomie de la part d’un régime qui n’a jamais respecté ses engagements ni les moindres principes des droits de l’homme et de démocratie. Théoriquement, pour des raisons de sécurité. Dans la réalité, les puissances mondiales, la France et les Etats-Unis plus précisément, lorgnent les nombreuses richesses du territoire.
    En tant qu’instrument parasité par ces puissances, l’ONU tourne le regarde sur les pratiques d’un autre âge que les autorités marocaines utilisent pour museler la population sahraouie dans les territoires occupés. Une population enfermée dans une prison à ciel ouvert interdite aux journalistes, aux ONG et à tous les visiteurs qui n’ont pas l’intention de louer l’occupation marocaine.
    Assuré par le silence criminel de la communauté internationale et la protection de la France colonialiste, le Maroc se permet les pires violations des droits de l’homme dans un territoire classé non autonome par les Nations Unies.
    Ulcérées par la décision du Front Polisario de reprendre la lutte armée en vue de mettre fin au statu-quo imposé au peuple sahraoui dans le but de l’amener à capituler, les autorités marocaines ont décidé d’assouvir leur vengeance sur la population civile sahraouie qui tente de s’exprimer sur son sort et sa situation tragique.
    Ainsi, après avoir arraché un oeil à l’activiste des droits de l’homme Sultana Khaya, elle se retrouve désormais emprisonné chez elle sous le régime de la résidence surveillée, entourée et harcelée par les bourreaux du roi Mohammed VI.
    Cette situation est le produit des mauvais calculs des protecteurs de la monarchie médiévale et sanguinaire du Maroc qui rêvent de voir le peuple sahraouie déposer les armes. Rêver, c’est un droit légitime et gratuit, mais il reste, quand même, un rêve qui dans ce cas ne sera réalisera jamais puisque les sahraouis sont déterminés, maintenant plus que jamais, à en découdre avec cet Etat qui, malgré ses accointances avec le terrorisme et le trafic de drogues, reste le chouchou de l’Occident.
    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, ONU, Sultana Khaya,
  • Sahara occidental : le sort de la légalité internationale en jeu

    Que l’histoire retienne un consensus universel sur la question du Sahara occidental, dernière colonie d’Afrique, qui n’a que trop duré.

    Si la nouvelle administration usaméricaine n’accélère pas la réparation des dommages causés aux normes internationales du fait de la politique de « contreparties » suivie par l’administration précédente, il n’y aura pas de consensus international. Une telle inclination insensée sape les aspirations de l’humanité au progrès, à la sécurité et à la stabilité. Au contraire, elle encouragera l’injustice, l’autocratie, la tendance à l’expansion et le terrorisme d’État.
    L’annulation par le président Biden d’un certain nombre de décisions de son prédécesseur, immédiatement après sa cérémonie d’investiture, inspire l’optimisme quant à l’annulation de la reconnaissance illégale de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
    La reconnaissance par Donald Trump de l’annexion du Sahara occidental par le Royaume du Maroc, le 10 décembre dernier, a porté un coup à la Charte et aux résolutions des Nations unies, qui classent toujours le territoire comme non autonome. Cependant, cette décision constitue un précédent de malmenage et de trahison des valeurs et des principes sur lesquels les Nations unies ont été fondées et de ceux des USA. De nombreux pays arabes, dont le Maroc, se sont empressés de normaliser leurs relations avec Israël, non pas dans une quête de paix, mais en échange de la protection de leurs régimes répressifs et corrompus.
    Le Sahara occidental est situé sur une vaste zone de la côte atlantique au nord-ouest de l’Afrique. Il est bordé par le Maroc au nord, l’Algérie à l’est et la Mauritanie au sud et au sud-est. Le territoire était connu, dans le passé, par un système de règles distinguées dans lequel sa composition était basée sur une nomination tribale, et sa présidence était délibérée entre les membres. L’Espagne avait pris le contrôle du territoire depuis la Conférence de Berlin de 1884 jusqu’en 1976. Le Sahara occidental, ou Sahara espagnol comme il était appelé pendant cette domination, figure sur la liste des territoires non autonomes de l’ONU depuis 1963, suite à la transmission d’informations par l’Espagne au titre de l’article 73 (e) de la Charte des Nations unies. Dans sa première résolution de 1965, l’Assemblée générale des Nations unies a demandé à l’Espagne de décoloniser le territoire. En 1974, l’Espagne a accepté d’organiser un référendum d’autodétermination, mais celui-ci a été retardé car le Maroc revendiquait le territoire. À la demande de l’Assemblée générale des Nations unies, la Cour internationale de justice a émis un avis consultatif le 16 novembre 1975, par lequel elle a rejeté les revendications marocaines sur le territoire. La CIJ a déclaré qu’elle « n’a pas trouvé de liens juridiques de nature à affecter l’application de la résolution 1514 (XV) pour la décolonisation du Sahara occidental et, en particulier, du principe d’autodétermination par l’expression libre et authentique de la volonté des peuples du territoire ».
    La résistance locale incessante au colonialisme espagnol a culminé avec la création, en 1973, du mouvement de libération nationale, le Front Polisario (Frente Popular para la Liberación de Saguía el Hamra y Río de Oro), et la proclamation de la lutte armée. Trois ans plus tôt, les habitants ont exigé la fin du colonialisme espagnol lors des manifestations de juin 1970, au cours desquelles les forces espagnoles ont ouvert le feu contre les manifestants et ont arrêté leur chef, dont le sort est encore inconnu à ce jour. Une fois que le colonialisme espagnol est apparu faible face à la pression du Polisario, un sale complot s’est élaboré entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie pour contourner la décision de la CIJ et occuper le Sahara occidental par la force. Les trois pays ont signé un accord, le 14 novembre 1975 à Madrid, par lequel l’Espagne cédait le territoire au Maroc et à la Mauritanie.
    Les forces marocaines et mauritaniennes ont envahi le Sahara occidental quelques jours avant que l’Espagne ne se retire du territoire, interrompant ainsi le transfert de pouvoir aux autorités de la RASD (République arabe sahraouie démocratique), qui a été proclamée par le Front Polisario le 27 février 1976. Ainsi, la guerre a éclaté entre les trois pays, causant de grandes souffrances à la population du territoire. La Mauritanie s’est retirée en 1979, suite à un accord avec le Front Polisario, qui a conduit à la reconnaissance de la RASD.
    Un cessez-le-feu a été conclu en 1991 pour mettre fin à 16 ans de guerre, après que le Front Polisario et le Royaume du Maroc, sous la supervision de l’ONU et de l’Organisation de l’unité africaine / maintenant l’Union africaine, eurent accepté un référendum d’autodétermination comme le meilleur compromis pour leur conflit. Mais dès que les Nations unies eurent publié la liste provisoire des électeurs admissibles, le Royaume du Maroc a refusé d’aller de l’avant, ignorant près de 30 ans d’efforts de l’ONU dans lesquels les USA avaient joué un rôle majeur. Des personnalités éminentes telles que James Inhofe, James Baker, John Bolton, Christopher Ross et d’autres, qui ont travaillé de près sur la question du Sahara occidental, ont fortement mis en garde contre les mauvaises conséquences d’un non-respect de la légalité internationale au Sahara occidental. L’adhésion de la RASD à l’Union africaine et le soutien important dont elle bénéficie au sein de ce bloc sont d’une grande importance et ne peuvent être ignorés. De plus, le peuple sahraoui s’accroche à son pays et est prêt à mourir pour lui.
    À cet égard, le mépris de Trump pour le statut juridique du Sahara occidental et le droit inaliénable de son peuple à l’autodétermination et à l’indépendance révèle la faiblesse des Nations unies, ce qui entraîne une perte de confiance dans le rôle qu’elles pourraient jouer dans la résolution des conflits. Il y a eu une réaction contre le parti pris de Trump en faveur des ambitions expansionnistes du régime marocain, qui a terni la réputation des USA à l’étranger et a dilapidé leur influence aux Nations unies, en tant que parrain de l’ordre mondial. Au contraire, cela va aggraver les tensions dans toute la région et compliquer le rétablissement de la paix.
    Le régime marocain s’est engagé à troquer son allégeance aux USA et à la France en échange de leur silence sur ses violations du droit international au Sahara occidental et à maintenir le dossier gelé. Les Nations unies n’ont pas pu imposer le référendum, parce que le Maroc l’a rejeté. Le Conseil de sécurité ne pouvait pas inclure la surveillance des droits humains dans le mandat de la Mission des Nations Unies (MINURSO), parce que cela révélerait la vérité sur les crimes commis par les forces marocaines contre les civils sahraouis dans le territoire occupé du Sahara occidental. Beaucoup ont fermé les yeux sur le pillage par le Maroc des ressources naturelles du Sahara occidental, parce qu’ils en tirent profit. Finalement, c’est le Maroc qui décide sur le Sahara occidental, pas les Nations Unies.
    Récemment, le 13 novembre dernier, dans la zone tampon de Guerguerat au sud du Sahara occidental, les forces marocaines ont violé le cessez-le-feu en attaquant des civils sahraouis qui manifestaient pour que cesse le pillage de leurs ressources naturelles. La Mission des Nations unies (MINURSO) n’a rien fait, malgré sa présence sur le terrain. Cette violation flagrante des dispositions de l’accord de cessez-le-feu a fait que le Front Polisario et le gouvernement de la RASD ont annoncé la fin de la trêve. Ils avaient averti à plusieurs reprises que l’impasse dans laquelle se trouvait le processus politique entraînerait de telles conséquences. Aujourd’hui, la guerre a éclaté à nouveau et l’escalade pourrait affecter l’ensemble du Maghreb et de la région du Sahel.
    Le peuple sahraoui est à bout de patience en raison de sa déception à l’égard des Nations unies après près de trente ans d’attente du mirage d’un plébiscite démocratique juste et libre pour lui permettre de décider de son avenir. Toute tentative de rapprochement entre les deux parties sera vouée à l’échec si elle ne tient pas compte des conditions sahraouies pour un nouvel accord.
    L’Union africaine – lors de son 14ème sommet extraordinaire sur le thème « Faire taire les armes » en décembre dernier – a convenu des grandes lignes d’une nouvelle approche qui conduirait à un nouvel accord entre les deux États membres. Les acteurs internationaux, et en particulier le groupe des amis du Sahara occidental, doivent collaborer avec l’Union africaine pour mettre cette approche sur les rails.
    Il est temps que la communauté internationale consolide les valeurs et les principes de démocratie et de justice, en donnant la priorité à la mise en œuvre de l’autodétermination au Sahara occidental car c’est le principe sur lequel tous les pays des Nations unies ont été fondés. Que l’histoire retienne un consensus universel sur la question du Sahara occidental, dernière colonie d’Afrique, qui n’a que trop duré.
    Deich Mohamed Saleh 
    Source: Tlaxcala le 9 février 2021
    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, ONU, 

  • Sahara occidental : Le Polisario intensifie ses attaques contre les forces d’occupation marocaines

    Le ministre sahraoui de l’Equipement, Sid Ahmed Batal, a affirmé que l’ensemble des points de retranchement des forces marocaines constitueraient des cibles pour l’armée sahraouie, en guerre pour l’indépendance.

    L’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) a poursuivi, hier, ses attaques contre les positions et les retranchements des forces d’occupation marocaines, derrière le mur de la «honte», pour le 75e jour consécutif.
    Selon le communiqué du ministère sahraoui de la Défense, «les forces de l’armée sahraouie ont lancé dimanche deux attaques ciblant les forces d’occupation marocaines dans la région d’Ankeb Elabd».
    Quant à la journée de lundi, la même source indique que «des unités de l’armée sahraouie ont effectué des bombardements visant les positions de l’armée royale marocaine retranchée dans plusieurs zones, notamment dans la région de Rous Lefririna (secteur de Smara), la région de Rous Essabti (secteur de Mahbés) et la zone d’Amkelli Ezkelma (secteur d’Amkala)».
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    Les attaques de l’armée sahraouie ont, poursuit-on, infligé de lourdes pertes humaines et matérielles le long du mur marocain de la honte.
    Une cible pour l’armée sahraouie
    Le ministre sahraoui de l’Equipement, Sid Ahmed Batal, a affirmé pour sa part que l’ensemble des points de retranchement des forces marocaines constitueraient des cibles pour l’armée sahraouie, en guerre pour l’indépendance.
    Intervenant dans l’émission «Invité du journal» à la radio sahraouie, M. Batal a rappelé que «la guerre était finie depuis 29 ans, or le désespoir du peuple et de la direction sahraouis vis-à-vis des solutions pacifiques a fait qu’il était devenu primordial de choisir un site qui revêt une importance nationale et internationale pour reprendre le combat dans une nouvelle version, et nous avons choisi le passage d’El Guergarat». «En donnant un coup fatal aux forces de l’occupant, qui ont tenté de protéger ce passage de toute opération militaire, l’armée sahraouie a démontré que les combattants sahraouis, intelligents et militairement capables, étaient en mesure d’atteindre chaque recoin dans les territoires occupés», a-t-il expliqué.
    Sid Ahmed Batal a affirmé que ce coup se veut un message clair, pour le Maroc et pour le monde entier, qu’El Guergarat tout comme les autres points de retranchement des forces marocaines constitueront des cibles pour l’armée sahraouie en guerre d’usure dans tous les secteurs qui brûleront sous les pieds des colonisateurs. Saluant l’élan populaire sahraoui, ravivé depuis le 13 novembre passé, le ministre a fait savoir que plus la guerre dure dans le temps et gagne du terrain, plus l’unité du peuple sahraoui se raffermit. 
    L’ONU est devenue une «partie au conflit prolongé»
    Les Nations unies, qui ont «échoué» à organiser un référendum d’autodétermination au Sahara occidental, sont «devenues une partie» au conflit qui perdure depuis plus de quatre décennies, a indiqué la représentante du Front Polisario auprès de l’ONU à Genève, Omaima Mahmoud Abdel Salam.
    S’exprimant au journal en ligne finlandais Kansan Uuset au sujet de la «volonté» de l’ONU et de l’Union européenne (UE) d’éviter l’escalade au Sahara occidental après la reprise des affrontements militaires, ayant suivie la violation par le Maroc de l’accord de cessez-le-feu de 1991, Mme Mahmoud Abdel Salam a souligné la difficulté de parvenir à une solution pacifique car l’ONU a «non seulement échoué dans sa mission (d’organiser un référendum dans ce territoire non autonome), mais elle est devenue une partie au conflit prolongé».
    «Cela ne sert à rien si on ne prend pas des mesures pratiques qui contribueraient et accéléreraient la recherche d’une solution définitive», a-t-elle soutenu regrettant de ce fait, l’absence de pourparlers de paix.
    Plus grave encore, la représentante sahraouie a estimé que l’UE s’est davantage impliquée dans le conflit par la signature d’accords commerciaux avec le Maroc, qui incluent le territoire du Sahara occidental occupé, en violation flagrante des décisions de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de 2016 et 2018. R. I.
    El Watan, 27 jan 2021
    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Polisario, ONU, MINURSO, 
  • Le Polisario prêt à négocier mais ne déposera pas les armes pour autant

    Les indépendantistes du Front Polisario se sont dits prêts mardi à reprendre les négociations à l’ONU sur le statut du Sahara occidental, mais ils n’envisagent pas de déposer les armes pour autant, échaudés par 30 ans de statu quo.

    « Par le passé, nous avons accordé toute notre confiance à la communauté internationale et avons arrêté le combat armé de manière définitive. Nous avons attendu 30 ans. Trente ans de promesses non tenues, de tergiversations et d’attente intenable », a déploré un haut responsable du ministère sahraoui de la Sécurité, Sidi Ould Oukal.
    « Nous sommes prêts à négocier. Nous sommes prêts à toute médiation. Mais en même temps, nous maintenons la lutte armée sur la base de l’expérience passée », a expliqué M. Ould Oukal, lors d’une conférence de presse en ligne co-animée par le représentant permanent du Front Polisario à l’ONU, Omar Sidi Mohamed.
    En tenue militaire, le chef sahraoui a assuré que, sur la base de cette expérience, à savoir les trente années de statu quo, « le combat du peuple sahraoui va se poursuivre, qu’il y ait des négociations ou pas ».
    Le Polisario se dit « en état de guerre de légitime défense » depuis que le Maroc a envoyé le 13 novembre des troupes à l’extrême sud du territoire pour chasser un groupe de militants indépendantistes sahraouis qui bloquait la seule route vers la Mauritanie voisine.
    Selon le Polisario, cette route avait été construite en violation de l’accord de cessez-le-feu de 1991 signé sous l’égide de l’ONU après 15 ans de combat.
    La question du statut du Sahara occidental, considéré comme un « territoire non autonome » par l’ONU en l’absence d’un règlement définitif, oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes sahraouis.
    Le Polisario réclame un référendum d’autodétermination prévu par l’ONU, tandis que le Maroc, qui contrôle plus des deux tiers de ce vaste territoire désertique, propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté.
    Les négociations menées par l’ONU et impliquant le Maroc et le Polisario avec l’Algérie et la Mauritanie en tant qu’observateurs sont suspendues depuis mars 2019.
    L’Orient-LeJour, 19 jan 2021
    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ONU,

  • Le conflit renouvelé au Sahara occidental: risques et implications

    Le Sahara occidental est un territoire de la côte nord-ouest de l’Afrique, situé entre le Maroc et la Mauritanie. Son statut politique actuel est contesté. Depuis 1975, les Nations Unies ont inscrit le Sahara occidental comme un territoire non autonome (NSGT). C’est la seule partie de l’Afrique avec un tel statut, souvent appelée «la dernière colonie de l’Afrique».

    Le Maroc considère le Sahara occidental comme faisant partie de son territoire national et de 1975 à 1991, il a combattu le groupe indépendantiste local, le Front Polisario, pour contrôler la région. Les deux parties ont signé un cessez-le-feu en 1991 et l’ONU a créé une mission, la MINURSO, dans le but d’organiser un référendum pour l’autodétermination du Sahara occidental. Cependant, les tentatives pour organiser un plébiscite et décoloniser le territoire ont échoué et, finalement, le statut du Sahara occidental n’a pas changé depuis près de 30 ans.
    Aujourd’hui, cette crise diplomatique sur le Sahara occidental, fruit de la guerre froide et de la décolonisation africaine, refait surface, mettant en péril l’implication des entreprises dans les entreprises de la région. Les conséquences juridiques et économiques du différend se sont amplifiées ces dernières années, en particulier à la suite de deux verdicts de la Cour de justice de l’Union européenne (UE), qui a déclaré que le Sahara occidental a un statut séparé et distinct du Maroc et que, par conséquent, le Maroc ne pas avoir la personnalité juridique pour conclure des accords commerciaux concernant les ressources du Sahara occidental.
    Cependant, à la fin de son mandat, le président Trump a reconnu la souveraineté du Maroc sur la région contestée du Sahara occidental, en échange de l’ouverture des relations diplomatiques du Maroc avec Israël. Si cette décision pourrait favoriser les relations entre le pays arabe et l’État juif, elle pourrait également nuire à la sécurité dans la région au sens large et alimenter le réseau criminel au Sahel. 
    La reconnaissance par les États-Unis des revendications marocaines n’implique pas un changement du statut du territoire selon le droit international. Ni l’ONU, qui a renouvelé sa mission sur le territoire pour une autre année, ni l’UE n’ont soutenu la décision de Trump; au lieu de cela, ils ont souligné l’importance de la reprise des négociations pour éviter une escalade de la violence dans la région. 
    Plusieurs raisons géopolitiques et historiques ont déterminé l’impasse de 45 ans, mais aujourd’hui elle tourne principalement autour de l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental. La NSGT est en effet riche en phosphates, sable et poisson et est récemment devenue une destination importante pour les grands projets d’énergie verte. Cet article décrit les principaux aspects de cette impasse, soulignant ses récents développements juridiques au niveau de l’UE et les risques commerciaux qu’ils présentent.
    Contexte historique
    Territoire essentiellement désertique mais stratégique pour sa proximité avec les îles Canaries, le Sahara occidental est devenu une colonie espagnole à la suite du Congrès de Berlin de 1884. Ce n’est qu’en 1947 que l’Espagne découvrit l’importante réserve de phosphate de la mine de Bou Craa, qualifiée de «parmi les le plus grand au monde. » [1]
    Cependant, en 1963, l’ONU a déclaré le Sahara Occidental «NSGT à décoloniser», demandant à l’Espagne de quitter le territoire. Pourtant, l’Espagne a essayé de garder le contrôle sur le territoire [1] , étant donné la richesse du sous-sol, son importance stratégique pour le commerce avec les îles Canaries et l’Afrique et à cause de la pression que l’armée et les Espagnols employaient dans les mines exercées sur Madrid. Le général Franco proposa ainsi un statut d’autonomie en 1973, pour lequel l’assemblée sahraouie pro-espagnole vota et accepta.
    Pendant ce temps, le Maroc était accablé par une instabilité interne considérable (c’est-à-dire que le roi Hassan II a été victime de deux coups d’État militaires ratés en 1971 et 1972 [2] ). Afin de surmonter la crise et de prendre le contrôle du territoire, la monarchie a décidé de relancer le «Grand Maroc», suffisamment appelant pour relancer le nationalisme dans le pays. [3]
    De l’autre côté, les Sahraouis ont fondé le Frente Popular para la Liberación de Saguia el-Hamra y Río de Oro , connu sous le nom de Front Polisario, dans le but d’obtenir l’indépendance du Sahara Occidental de l’Espagne.
    Alors que la Cour internationale de Justice déclarait en 1975 que le territoire n’appartenait ni au Maroc ni à la Mauritanie avant la colonisation espagnole et que le droit à l’autodétermination devait s’appliquer, l’Espagne, la Mauritanie et le Maroc ont signé l’Arrangement de Madrid sans consulter les Sahraouis ou l’ONU . L’Espagne a accepté de céder le contrôle administratif au Maroc et à la Mauritanie tout en conservant une part de 35 pour cent de la mine de Bou Craa. L’Arrangement de Madrid n’était pas conforme au droit international [4] (résolution 3458A, 3458B de l’Assemblée générale des Nations Unies) et quelques mois après, une guerre a éclaté entre le Maroc et le Front Polisario, qui avait entre-temps déclaré la République arabe sahraouie démocratique (RASD ).
    Les hostilités ont duré plus d’une décennie, jusqu’à ce que les parties signent un cessez-le-feu en 1991, acceptant d’organiser un référendum d’indépendance avec la MINURSO nouvellement créée. Les négociations depuis 1991 n’ont pas permis de parvenir à un compromis, maintenant ainsi le statu quo.
    Accords commerciaux défectueux
    Au cours des dernières décennies, le Maroc a consolidé sa présence sur le territoire en concluant des accords commerciaux impliquant des ressources du Sahara occidental. Devenu le deuxième exportateur mondial de phosphates, il a également entrepris de nombreux projets de parcs d’énergies renouvelables au Sahara Occidental. Le Front Polisario a attaqué ces accords devant les tribunaux parce qu’ils ne respectent pas les résolutions de l’ONU, le principe de souveraineté permanente sur les ressources naturelles et le principe d’autodétermination des peuples, entre autres. Les poursuites ont débuté en Europe et ont causé des problèmes de réputation, de chaîne d’approvisionnement et juridiques pour de nombreuses entreprises ailleurs.
    La réémergence du conflit interrompt trois décennies de paix relative dans un territoire crucial pour la sécurité nord-africaine et rouvre la tension régionale de longue date entre le Maroc et l’Algérie, deux alliés importants de l’UE et des États-Unis dans la lutte contre le terrorisme et l’endiguement des flux migratoires. De plus, cela augmente le niveau de risque commercial dans la zone.
    Les accords UE-Maroc en question
    L’UE a conclu plusieurs accords commerciaux avec le Maroc, actuellement le principal partenaire commercial de l’UE dans la région du Maghreb. Mais au cours des années 2000, le Front Polisario, avec diverses ONG, a assumé la question des ressources territoriales comme l’arme majeure de l’opposition politique et juridique à la consolidation de l’occupation marocaine du Sahara occidental.
    À ce jour, la Cour européenne de justice a rendu des arrêts sur l’affaire du Front Polisario concernant l’accord agricole UE-Maroc (affaire C-104/16 P en 2016) et au nom de Western Sahara Campaign UK, une ONG qui a intenté une action en justice. au Royaume-Uni qui a ensuite été renvoyé à la CJE, sur l’accord de pêche (affaire 266/16 en 2018), indiquant que les accords de l’UE avec le Maroc ne peuvent pas inclure dans leur champ d’application le territoire du Sahara occidental, Droit européen et international. 
    Les deux décisions ont la même base juridique: le principe d’autodétermination, le principe de souveraineté permanente sur les ressources naturelles (carte des Nations Unies) et l’effet relatif d’un traité (convention de Vienne). Selon ces principes contraignants du droit international, tout accord impliquant les ressources du Sahara occidental doit obtenir le consentement du peuple du territoire et le Maroc n’a pas la personnalité juridique pour conclure un accord au nom du peuple du Sahara occidental (puisque le territoire a un et statut distinct du Maroc). D’autres décisions sont toujours pendantes devant le tribunal.
    Considérations commerciales importantes
    Cette crise politique et diplomatique de longue date est complexe et peut entraîner des risques accrus pour la chaîne d’approvisionnement, la conformité, la sécurité et les affaires pour les entreprises, les tiers et les particuliers opérant sur le territoire ou commercialisant ses ressources.
    Implications juridiques et commerciales: Les affaires portées devant la CJE ont créé des précédents juridiques considérables dans les relations commerciales avec le Maroc qui ont déjà affecté plusieurs entreprises ces dernières années. Par exemple:
    En mai 2017, la Haute Cour d’Afrique du Sud a arrêté le navire NM Cherry Blossom appartenant à l’OCP et saisi sa cargaison de phosphate de roche . En février 2018, la Haute Cour sud-africaine (se référant aux arrêts de la CJE) a déclaré que «la propriété du phosphate n’a jamais été légalement dévolue au cinquième [OCP] et / ou au sixième [Phosphates De Boucraa] accusés, et ils étaient et sont , n’a pas le droit de vendre le phosphate au quatrième défendeur [Ballance Agri-Nutrients Limited]. »
    Le danois Ultra Innovation , un autre navire transportant de la roche phosphatée du Sahara occidental à l’usine d’engrais Redwater d’Agrium au Canada, a été arrêté en mai 2017 puis relâché par les autorités panaméennes.
    Les vices juridiques affectant les accords entre l’UE et le Maroc ont provoqué des poursuites judiciaires contre des compagnies agricoles et aériennes opérant au Sahara ou important en Europe des produits du Sahara occidental. En octobre 2018, le Front Polisario a dénoncé six grandes entreprises (BNP Paribas, Société générale, Crédit Agricole, Axa Assurances, Transavia, UCPA) devant les tribunaux français, les accusant de crimes de colonisation (qualifiés de crimes de guerre en droit français).
    Risques opérationnels: L’intensification des hostilités signifie une augmentation des incertitudes quant à la conduite des affaires au Sahara occidental. Par exemple, le 13 novembre 2020, 19 eurodéputés ont exhorté l’UE à « avertir les entreprises européennes telles que Siemens ou Enel des risques juridiques et moraux élevés de faire des affaires avec un occupant illégal». Ces entreprises sont actuellement impliquées dans des projets d’énergie verte à grande échelle dans la NSGT.
    En outre, une guerre dans le territoire pourrait entraîner davantage de problèmes liés au vide que le crime organisé comblerait. Comme en Libye et ailleurs dans la région MENA , les trafiquants et les groupes terroristes peuvent exploiter l’anarchie. 
    Risques de sanctions: compte tenu de l’incertitude morale entourant les accords commerciaux dans la région, il existe également un risque d’imposition de sanctions. Récemment, 53 ONG norvégiennes ont appelé leur gouvernement à agir sur la question au Conseil de sécurité de l’ONU, tandis que d’autres organisations demandent aux institutions d’ imposer des sanctions au Maroc pour la violation des droits de l’homme sur le territoire, comme le Parlement panafricain l’a fait en 2011 . 
    Des informations fiables pour des décisions complexes
    Pour faire face aux menaces complexes que présente le conflit au Sahara occidental, les entreprises ont besoin d’informations fiables. Tout d’abord, il est important de comprendre les risques apparents et d’être conscient de la situation politique, élaborant ainsi des plans de continuité d’activité et des protocoles d’urgence. Les entreprises sont invitées à se tenir au courant des développements en surveillant la situation par le biais des médias, des communications d’entreprise et institutionnelles et de la diligence raisonnable renforcée ( EDD ). 
    Les services de filtrage des médias indésirables ( AMS ) et les rapports de diligence raisonnable peuvent être coûteux, mais ils pourraient garantir une mesure de défense et de prévention solide pour éviter les violations de la réglementation et les problèmes de réputation. Dow Jones fournit aux entreprises du monde entier des informations fiables dans plus de 26 langues et peut aider à évaluer et à prévenir les risques grâce à sa base de données sur les risques et la conformité, des rapports de diligence raisonnable et une analyse avancée des médias indésirables.
    [1] Note du MAE pour la Direction des affaires économiques et financières, 3 février 1969 Paris, AN 19899566/65. Pierrefitte-sur-Seine. Paris.
    [2] Baroudi, A. (1979) Le complot «saharien» contre l’armée et le peuple marocains (première partie). Les Temps Modernes. 394. (5). Pp.1805-1842; Vermeren, P. (2010) Histoire du Maroc depuis l’indépendance. 3ème éd. Paris: La Découverte.
    [3] Barbier, M. (1982) Le conflit du Sahara Occidental. Paris: L’Harmattan;
    [4] Premièrement, parce qu’aucun des États signataires n’a une personnalité juridique telle qu’elle puisse décider du statut d’un territoire non autonome; deuxièmement, parce qu’il n’est pas possible de conclure des accords sur les ressources territoriales sans interroger les habitants de ce territoire; troisièmement, parce que l’autodétermination des peuples est une règle de jus cogens et est, par conséquent, une cause de nullité de tout traité qui ne la respecte pas.
    A propos de l’auteur

    Davide Contini est chercheur pour l’unité des entités médiatiques défavorables de Dow Jones Risk & Compliance, qui utilise des informations négatives provenant de sources réputées pour évaluer les risques pour les entreprises. Il couvre principalement les sources italiennes et francophones. Davide est un expert en recherche en anglais, en français, en espagnol et en italien et possède une vaste connaissance des environnements politiques de l’Afrique du Nord et francophone. Depuis 2018, il est membre du conseil d’administration de l’ONG bruxelloise Western Sahara Resource Watch, pour laquelle il travaille également en tant que lobbyiste. Il est titulaire d’une maîtrise en relations internationales et affaires diplomatiques de l’Université de Bologne.


    Source : Dow Jones, janvier 2021
    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ONU, MINURSO, 
  • Lettre à un ami marocain (Pierre Galand)

    Cher ami, chère amie,

    Le Sahara Occidental sera votre Vietnam et donc méfiez-vous de vos amis américains.
    Avant le scandaleux marchandage de Mr Trump qui, se pensant maître du monde, vous a vendu le Sahara Occidental en échange de l’allégeance de votre roi à Mr Netanyahou d’Israël et de la promesse de quelques milliards de dollars, c’est à la France que le Maroc avait confié ses projets d’annexion du Sahara Occidental. C’est en effet, la France qui bloquait toute négociation au Conseil de sécurité des Nations Unies en tentant d’imposer un projet d’autonomie sensé permettre au Maroc d’officialiser son annexion du territoire du Sahara Occidental où vit un peuple qui, lui, revendique son droit à l’autodétermination conformément au droit des peuples colonisés et qui lui est garanti par la Résolution XV 14 des Nations Unies. Cette résolution date de 1960 et est le résultat des luttes des peuples pour leur émancipation de la tutelle coloniale.
    Aujourd’hui, votre gouvernement et le roi lâchent votre protecteur français pour vous aliéner aux promesses de feu le président Trump dans l’espoir d’imposer à la communauté internationale et au peuple sahraoui la « marocanité » du Sahara Occidental.
    L’histoire se répète.
    Français et Américains ont tenté de la même manière d’annexer le Vietnam et ce furent, rappelez-vous, des guerres foisonnant d’horreurs et de crimes contre l’humanité.
    Aujourd’hui, la prise en main de votre destinée par les Américains et leurs deux principaux alliés Israël et l’Arabie Saoudite vous expose à un triple et inquiétant risque.
    Le premier : votre gouvernement et votre roi ont trahi aux yeux du peuple marocain la solidarité indéfectible de celui-ci avec les droits les plus légitimes du peuple palestinien à un État souverain avec Jérusalem-Est pour capitale. Votre peuple a cette promesse inscrite dans ses gènes et n’acceptera pas le marchandage honteux du Sahara Occidental contre Al-Quds et sa grande mosquée Al-Aqsa. Les conseillers du roi, le Makhzen, ont ainsi joué à la roulette russe et pris le risque de mettre leurs privilèges et la couronne de leur chef en péril.
    Le deuxième : le Maroc a fait entrer le loup dans la bergerie (1) car ni les États-Unis, ni Israël ne se soucient de votre avenir ni de celui du Maghreb car vous êtes des pions dans leur stratégie globale et vous risquez vite d’en faire les frais.
    Rappelez-vous, déjà le Français Sarkozy n’avait eu le moindre scrupule lorsqu’il a engagé sa guerre funeste et aux conséquences tragiques contre Kadhafi, pas plus que son successeur, en lançant des appels à la guerre contre la Syrie. Alors pensez donc un instant : en laissant les USA et Israël s’installer chez vous, avec les conseils éclairés de votre allié M.B.S., vous prenez le risque d’ouvrir un nouveau foyer de guerre et d’instabilité dans la région dont vous ne mesurez pas les conséquences pour votre peuple et ceux du Maghreb.
    Le troisième : le gouvernement marocain et le roi, en tournant le dos à la légalité internationale, aux résolutions des N.U. et à la charte de l’U.A., bafouent les droits fondamentaux d’un petit peuple, celui du Sahara Occidental. Or celui-ci, comme en 1974, lors des accords passés avec la puissance coloniale, l’Espagne (2), ne s’est pas laissé faire et il prit les armes à l’appel de son mouvement de libération nationale, le Front Polisario. Aujourd’hui, plus de 45 ans plus tard, les Sahraouis ont clairement dit qu’ils ne se laisseraient pas faire.
    Malgré les conseillers israéliens et américains et les armes sophistiquées saoudiennes et françaises, les Sahraouis vont vous mener la vie dure jusqu’à l’obtention du respect de leu droit inaliénable à l’autodétermination.
    Cher ami, chère amie,
    Je suis certain que, nombreux sont les démocrates de votre pays qui aspirent à la paix et qui peuvent mesurer le piège qui vous a été tendu et dans lequel vos gouvernants sont tombés. Les conseillers du roi, alléchés par l’offre américaine, ont vendu à votre pays un cadeau empoisonné, un risque de guerre et de déstabilisation qui aura un coût humain inacceptable.
    La puissance américaine a, vous le savez son propre agenda et le sort du peuple palestinien ni celui du peuple sahraoui ne la préoccupe pas. Mais avez-vous pensé qu’en cette circonstance le sort du peuple marocain est lui-même mis en péril ?
    Tant qu’il est encore temps, faisons appel ensemble pour qu’avec l’Union Africaine, l’ONU redevienne le cénacle au sein duquel des initiatives urgentes et audacieuses, conformes à la légalité internationale et aux résolutions pertinentes des N.U., soient prises pour l’application aux Palestiniens et aux Sahraouis de leur droit à l’autodétermination sous contrôle international et qu’enfin ce droit soit respecté et appliqué.
    Croyez en mes cordiales salutations,
    Pierre Galand
    Le 11/01/2021
    (1) Le 2 oct. 2020 le Maroc et les USA ont signé un accord de coopération militaire et, depuis, négocient l’installation d’une base américaine au Maroc… Dans le S.O. ?
    (2) Accord de Madrid du 14 nov. 1974 : l’Espagne puissance coloniale, plutôt que de répondre à l’injonction des N.U de se retirer du Sahara et de rendre sa souveraineté au peuple sahraoui, signe un accord de rétrocession de la puissance administrative du S.O. pour moitié avec le Maroc et pour l’autre moitié avec la Mauritanie. Cet accord ne sera jamais reconnus ni par l’ONU ni par l’OUA qui accueillera en son sein la R.A.S.D. comme membre à part entière.
    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, ONU, Etats-Unis, Donald Trump, Joe Biden, Israël, normalización,
  • Sahara Occidental : la normalisation marocaine avec Israël contre le soutien américain (Mustafa Bakhouche)

    Mustafa Bakhouche, professeur en sciences politiques à l’Université Mohamed-Khider de Biskra, estime que la décision du Front Polisario de revenir à la lutte armée n’est pas une déclaration de guerre, mais plutôt une recherche de la paix à travers la relance du processus du règlement international bloquée. Dans cette interview, il souligne que les positions de certains États du Golfe d’ouvrir des« consulats vides »dans les terres désertiques occupées ne sont pas fondées sur des principes et n’ont pas une relation directe avec la question du Sahara occidental, mais plutôt un rôle joué par des États fonctionnels chargés de faire la promotion du projet américain appelé «la transaction du siècle» et la normalisation avec Israël.

    Il ne fait aucun doute que l’impasse dans laquelle se trouve la question du Sahara Occidental tient au fait qu’elle se limite à deux solutions contradictoires. Une logique fondée sur le principe du droit à l’autodétermination adopté par les Nations unies sans pouvoir l’imposer, et une approche marocaine basée sur le maintien du Sahara occidental sous sa souveraineté tout en proposant l’autonomie aux Sahraouis.
    L’ancien secrétaire d’État américain et envoyé onusien à la région, James Baker, a proposé de donner l’autonomie tout en organisant un référendum d’autodétermination, mais le Maroc a rejeté cette solution. Le royaume a œuvré, depuis, pour imposer sa logique sur un fait accompli, qui a abouti, après des années de tergiversations, à un retour au langage de la guerre.
    Le Front Polisario a décidé, en effet, de suspendre son engagement en faveur de l’accord de cessez-le-feu avec le Maroc. La guerre est-elle le début d’une solution à un conflit prolongé?
    Dans le passé, on disait : «Si vous voulez la paix, préparez-vous à la guerre». En raison des tergiversations marocaines et d’une stratégie visant à gagner du temps pour imposer une nouvelle réalité sur le terrain qui change la situation socio-économique et démographique conformément à sa vision, il semble que le Front Polisario est aujourd’hui convaincu que parier sur la voie diplomatique chancelante ne suffit pas.
    C’est pourquoi, le choix sahraoui de reprendre le chemin de la lutte armée, ne signifie, en aucune façon un va-t-en guerre, mais une recherche vers la paix en relançant la voie du règlement international qui stagne depuis 1991. Depuis, le Maroc ne cesse de fabriquer de faux problèmes de procédure dans le but de perturber la tenue du référendum. Parmi ces faux problèmes, celui relatif, particulièrement, à la question de la détermination de l’identité des Sahraouis qui ont le droit de participer au référendum. Le Front Polisario veut, par sa décision de mettre fin à l’accord de cessez-le-feu, envoyer des signaux d’alerte à la communauté internationale sur le sort du processus référendaire et les conséquences qui menacent la sécurité et la stabilité non seulement de la région, mais pouvant aller au-delà pour s’étendre au nord de la Méditerranée, au Sahel et au sud du Sahara, des régions déjà fragilisées et vivant de nombreuses perturbations.
    Comment expliquez-vous la position de certains pays du Golfe, notamment les Emirats Arabes Unis et le Bahreïn ?
    Votre question me conduit à faire référence à un certain nombre d’étranges paradoxes que la région connaît en raison de l’état de bouleversement du système international, ce que les spécialistes des relations internationales appellent le phénomène de transfert et de transformation du pouvoir. D’une force dominante en déclin, dont la force relative diminue progressivement et qui veut continuer à exercer une influence et une force révisionniste en quête de reconnaissance sur la scène internationale. Cette force cherche à dominer et à exercer une influence proportionnelle à sa puissance croissante. Au cours de cette période de transformation et de transition, un vide apparaît et toutes les puissances internationales et régionales essaient d’en profiter pour se repositionner dans la nouvelle phase, et au milieu de celle-ci, nous pouvons être témoins de situations étranges qui ne reflètent ni ne respectent les relations de pouvoir.
    C’est exactement ce que vit la région du Moyen-Orient et celle de l’Afrique du Nord. En raison du retrait des puissances régionales traditionnelles influentes et en raison de considérations liées à la tourmente du système international et aux conséquences du soi-disant «Printemps arabe» (Égypte, Iraq, Libye, Syrie), des pays ne possédant pas les éléments nécessaires de la puissance ont fait surface et essaient de jouer des rôles « fonctionnels » beaucoup plus grands que leur taille.
    Voici le paradoxe lorsque ces pays deviennent des décideurs du sort de la région à travers leurs interventions (financement) dans des pays (Libye, Syrie, Yémen, …) aux dépens des pays pivots de la région.
    En liant votre question à cette idée de bouleversement international et au vide de pouvoir qui en résulte dans la région, je fais référence aux mouvements de l’entité sioniste. Profitant des récentes percées qu’elle a réalisées dans la région du Golfe, à travers les portières des Emirats et de Bahreïn, cette entité parie sur le repositionnement en réorganisant ses relations avec les pays de la région, d’une manière qui réponde à ses aspirations pour les intégrer dans son environnement.
    L’Objectif, à travers ces manœuvres, est de se transformer en leader qui commande les efforts internationaux dans la lutte contre le terrorisme, selon sa vision, et, partant, contrecarrer la menace iranienne et l’expansion turque.
    C’est ce qu’il essaie d’accomplir pratiquement sur le terrain, après avoir réussi à persuader l’Administration américaine d’adopter l’Accord du siècle, qui à son tour a poussé certaines forces fonctionnelles de la région à le commercialiser et à le promouvoir. Le Maroc a trouvé dans cette atmosphère ce qui lui permet de pratiquer une sorte de troc et même de chantage sur la question du Sahara occidental, surtout après que l’Algérie ait déclaré explicitement par la voix du président Abdelmadjid Tebboune, lui-même, de rejeter ce qu’il a appelé la ruée vers la normalisation.
    En échange de son soutien à la position marocaine, qui a pris de nombreuses formes, dont l’ouverture de consulats dans la ville occupée d’El-Ayoun (qui, soit dit en passant, est un comportement illégal qui viole le droit international et les traditions diplomatiques), le Maroc est prêt à normaliser et à reconnaître Israël.
    Par conséquent, je pense que les positions de ces pays ne sont pas fondées sur des principes et n’ont rien à voir directement avec la question du Sahara occidental, mais plutôt des pays chargés de commercialiser le projet de l’Accord du siècle et la voie de la normalisation.
    Qu’est-ce qui a rendu la position américaine hésitante, contrairement à la position française?*
    La position officielle déclarée par les États-Unis est conforme à la légitimité internationale et au droit international et soutient le processus de règlement des Nations unies. Cela dit, la recherche d’une explication sur le manque de sérieux de la position américaine vis-à-vis de la question saharienne, nous mène à souligner :
    Que le Maroc est considéré comme un allié traditionnel des États-Unis depuis l’époque de la guerre froide. Les États-Unis considéraient le conflit du Sahara comme une forme de guerre par procuration.
    Que les États-Unis ont passé la main sur la question du Sahara au profit de leur allié de l’Atlantique Ouest, la France.
    Que le conflit du Sahara Occidental n’est pas une priorité pour le pouvoir américain, compte tenu de l’ampleur de ses intérêts, surtout après la fin de la guerre froide et le recul des considérations stratégiques.
    Que ce qui distingue la prise de décision américaine, c’est le rôle des lobbies et des groupes de pression capables de l’influencer.
    Par conséquent, les États-Unis s’appuient sur «la politique de l’ambiguïté» dans leur position pour s’assurer des bonnes relations avec toutes les parties impliquées dans le conflit, directement ou indirectement…
    L’un des pays touchés par le conflit est peut-être la Mauritanie, à laquelle l’option de la neutralité positive a été imposée. Ni pour ni contre ?
    La vérité est que la position mauritanienne reflète la complexité de la question sahraouie. Pour pouvoir la comprendre, il faut revenir un peu en arrière. Il faut souligner, d’emblée, que les revendications territoriales du Maroc reflètent sa tendance expansionniste car elles ne se limitent pas au territoire du Sahara occidental mais s’étendent à la Mauritanie et à une partie du territoire algérien, en plus de Ceuta et Melilla, qui sont toujours sous souveraineté espagnole.
    En raison de cette tendance expansionniste, la reconnaissance par le Maroc de l’indépendance de la Mauritanie a été retardée de neuf années entières (la Mauritanie a obtenu son indépendance en 1960 et la reconnaissance du Maroc a eu lieu en 1969).
    Pour la même raison, le Maroc a attaqué l’Algérie et une guerre a éclaté entre les deux pays en 1963 (la guerre des sables).
    Je note également que la position mauritanienne s’est développée positivement et est passée des revendications portant sur «la mauritanité» du Sahara, parallèlement aux revendications marocaines, au retrait du conflit, en déclarant la neutralité.
    La position mauritanienne peut être comprise et justifiée en regardant la fragilité de ce pays, sa rareté de ressources et ses faibles capacités, d’une part, et, d’autre part, son empressement à se prémunir des ambitions marocaines à son égard.
    Si l’accord tripartite de Madrid du 14 novembre 1975 entre la Mauritanie, le Maroc et l’Espagne prévoyait le partage du Sahara entre le Maroc et la Mauritanie, selon lequel le Maroc acquerrait la région d’Oued Ed-Dahab et la Mauritanie acquerrait la région de Sakia El Hamra tout en assurant la protection des intérêts espagnols dans la région, la Mauritanie, sous la pression des coûts exorbitants du conflit, s’est retirée de la partie qui devait être occupée par les forces marocaines. Depuis, la Mauritanie a maintenu une position de neutralité pour assurer des relations acceptables avec toutes les parties en conflit.
    Envisagez-vous l’existence de solutions autres que celles présentées actuellement : le droit à l’autodétermination ou l’autonomie ?
    En ce qui concerne la solution du conflit, deux visions s’opposent. La première est celle de la légitimité internationale et du droit international qui a inclus la question du Sahara occidental depuis 1963 dans la liste des Nations unies des territoires non indépendants auxquels le droit à l’autodétermination n’a pas été accordé. Et elle ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. La solution, selon cette vision, passe par l’organisation d’un référendum d’autodétermination. C’est d’ailleurs, une démarche acceptée par le Maroc en 1991, avant de se rétracter en reniant ses engagements internationaux.
    La deuxième vision consiste à conférer aux Sahraouis une large autonomie. A travers cette idée, le Maroc cherche à contourner l’organisation du référendum et garantir «une intégrité territoriale non reconnue par la communauté internationale.
    La réalité a prouvé, au fil du temps, que les deux visions sont inconciliables. C’est pourquoi, il est urgent de réagir en dehors du discours dominant et loin des deux visions, d’une manière qui permette l’élaboration d’une feuille de route viable qui prenne en compte les droits du peuple sahraoui et réponde aux intérêts et aspirations de tous les peuples de la région dans un processus d’intégration vers la construction d’un Maghreb de sécurité et de prospérité. C’est dans ce sens que devraient intervenir les think tanks, les élites, les universitaires et les chercheurs de la région, notamment en Algérie, au Maroc et en Mauritanie. Mon souhait est qu’ils se libèrent de la dépendance liée aux natures clientélistes des régimes politiques, dans leur traitement de la question du Sahara occidental. Je pense, qu’aujourd’hui, nous devons jeter une pierre dans nos eaux stagnantes pour assurer son mouvement, en pensant aux relations entrelacées et au dépassement des calculs des régimes en faveur d’un espace maghrébin basé sur les valeurs de justice et de liberté et qui garantissent l’intégration et des efforts concertés pour que nous soyons tous libérés de la peur, du besoin et du sous-développement .
    Que représente le Sahara occidental pour l’Algérie du point de vue géostratégique ?
    Permettez-moi de préciser ici et d’une manière catégorique, que la position algérienne est dictée par des principes qui n’ont rien à voir avec les calculs de profits ou pertes, ou même par des considérations géostratégiques. L’Algérie, qui a obtenu son indépendance grâce à l’application du principe du droit à l’autodétermination après une lutte acharnée contre le colonialisme français, est très sensible aux questions de décolonisation qu’elle considère comme des questions justes. Par conséquent, l’Algérie a soutenu tous les mouvements de libération dans le monde indépendamment de leur appartenance religieuse ou ethnique ou de leur situation géographique avant même leur indépendance. Il suffit ici de signaler, par exemple, que le chef militant contre l’apartheid, le Sud-Africain Nelson Mandela a bénéficié d’un entraînement militaire en Algérie par les soins des révolutionnaires algériens de l’Armée de libération nationale. C’est pourquoi l’Algérie est connue sous le nom de la Mecque des révolutionnaires. L’enjeu n’est donc pas lié aux calculs stratégiques ou aux ambitions territoriales : l’Algérie, Dieu soit loué, a la taille d’un continent et dispose de suffisamment de ressources. Ce n’est qu’une question de principes.
    Comment voyez-vous ce que devrait être la position algérienne ?
    En fait, cette question m’a été posée à plusieurs reprises. Et parce que je suis convaincu du rôle pivot que peut jouer l’Algérie, compte tenu de la position qu’elle occupe (l’Algérie est le cœur du Maghreb arabe) et compte tenu de son équilibre révolutionnaire, ma réponse a donc toujours été la même, ce que je vais répéter ici. Mais avant cela, je dois d’abord souligner que l’Algérie n’a jamais été partie prenante au conflit et qu’elle l’a exprimé à maintes reprises. Sa position est fondée sur le respect des principes du droit international et de la légitimité internationale, qui affirme le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et le principe de la préservation des frontières héritées de la colonisation. Deux principes les plus importants que l’Algérie a défendus pour instaurer la stabilité et la paix en Afrique et dans toutes les régions du monde qui ont connu le phénomène colonial, notamment en Asie et en Amérique latine.
    Je crois que l’Algérie a une responsabilité morale et historique à l’égard de la question saharienne en référence, d’abord, à l’héritage de la glorieuse révolution de novembre qui a permis aux Algériens de se libérer du colonialisme français. Le processus de libération a soumis à la volonté du peuple algérien d’organiser un référendum sur l’autodétermination qui a débouché sur l’indépendance de l’Algérie. Ensuite, en vertu des relations de proximité et de voisinage et de fraternité qui nous unissent avec les deux peuples frères, marocain et sahraoui, l’Algérie doit aller au-delà des approches traditionnelles qui prévalent aujourd’hui et penser à de nouvelles méthodes qui permettent de transformer la question du Sahara occidental en un processus d’intégration qui dépasse la logique des régimes en faveur de la logique aspirée des peuples. Cela se fait en réfléchissant à des solutions innovantes et originales pour relancer de nouvelles voies qui garantissent les droits de tous les peuples de la région et permettent à leurs intérêts d’être interconnectés de manière à créer une nouvelle construction basée sur un nouveau concept d’intérêts qui transcende les loyautés et affiliations étroites.
    L’Algérie, de par sa situation géographique et son poids, doit se présenter comme un facilitateur pour développer une nouvelle approche qui permette l’émergence d’un nouveau régime maghrébin qui contourne l’état d’obstruction, de blocage et de désaccords stériles, pour ouvrir la voie à celle d’une intégration dans laquelle tous les peuples de la région bénéficient de manière juste et équitable. La justesse de l’approche algérienne pour la résolution de ce conflit, qui n’a que trop duré, réside dans l’affirmation qu’une solution juste et acceptable au conflit passe inévitablement par le respect du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
    Entretien réalisé par Fayçal Bakhouche et Mohamed Bouazdia
    *L’entretien a été réalisé avant la dernière déclaration du président américain, Donald Trump
    La Nation, 13 déc 2020
    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Polisario, ONU, 
  • Sahara Occidental : La primauté du droit

    La solution légale et pacifique s’est naturellement imposée pour stopper la dérive guerrière et aventureuse de la monarchie marocaine, laminée par une crise économique et sanitaire désastreuse, et du président américain en fin de mandat totalement discrédité par le désaveu massif de ses fidèles les plus acharnés, des personnalités influentes du camp républicain, des anciens émissaires onusiens pour la Sahara occidental et de l’opposition démocrate.

    Le verdict sans appel de l’Amérique, unie contre la violation de ses principes fondateurs, a trouvé un large écho dans le Conseil de sécurité consacrant, à l’appel de l’Allemagne, une réunion à huis clos pour examiner les récents développements induits par la violation du cessez-le-feu par l’occupant marocain et la reconnaissance de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. 
    Face à la logique du marchandage, la majorité s’est dégagée au sein du Conseil de sécurité pour favoriser le retour à la table des négociations tributaire de la nomination rapide d’un nouvel envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu interpellé, par ailleurs, par le commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, Mokhtar Chergui, sur la nécessité de «saisir le conseiller juridique pour rendre un avis sur l’ouverture des représentations diplomatiques» de surcroît dans un territoire non autonome. 
    Le retour au Conseil de sécurité est, en soi, une victoire importante confortée par l’émergence d’un consensus fort acquis à la relance du processus politique sans conditions préalables. Un appel au respect du droit à l’autodétermination a été lancé par l’Allemagne, la Russie et le Royaume-Uni, totalement opposés à la décision unilatérale de Trump. L’urgence de la reprise du processus politique a été également soutenue par la Chine, la Tunisie, le Niger, la Belgique, l’Estonie et la République dominicaine. 
    La voix de l’Afrique, exprimée par l’Afrique du Sud assurant la présidence de l’Union africaine, s’est faite entendre pour marquer «l’impatience» de l’Afrique quant à la nomination d’un nouvel Envoyé spécial et revendiquer, en étroite collaboration avec le Conseil de la sécurité et de la paix de l’UA, la nécessité d’un nouveau cessez-le-feu entre les deux parties pour favoriser une «solution durable qui assure au peuple sahraoui le droit à l’autodétermination». 
    A l’exception de l’Amérique de Trump et d’un allié intéressé, le Conseil de sécurité a unanimement réclamé la primauté du droit sur la force pour préserver les fondements d’un système miné par le recours à l’unilatéralisme et le mépris de la légalité. A l’épreuve d’un coup de force sans précédent, l’Onu se doit de mesurer à sa juste valeur la position dominante de la communauté internationale. 
    «Notre position sur les déclarations concernant le Sahara occidental n’a pas changé et nous continuons de croire qu’une solution peut être trouvée par un dialogue fondé sur les bases des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité», a affirmé le porte-parole du secrétaire général de l’Onu, Stéphane Dujaric. Les Sahraouis ne demandent pas mieux : le respect des résolutions de l’Onu, violées par l’occupant, encouragé par des puissances participant au pillage des richesses du peuple sahraoui ou, à l’image du deal de la honte, en quête de dividendes politiques.
    El Moudjahid, 23 déc 2020
    #SaharaOccidental #Maroc #Polisario #ONU #Décolonisation #Palestine #Israël #Normalisation