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  • Fusée chinoise en déperdition : Le vrai du faux

    par Maâmar Farah

    Le scénario catastrophe idéal : une fusée hors contrôle fonce sur la Terre à toute vitesse et risque à tout moment de nous tomber sur la tête ! Médias populaires, sites portés sur le sensationnel et réseaux sociaux, toujours appâtés par le catastrophisme, se sont emparés de l’information des restes d’une fusée chinoise en déperdition pour installer une véritable panique qui enfle au fur et à mesure que le jour J approche. De quoi s’agit-il ? Lancée pour mettre en orbite les premiers éléments de la station spatiale chinoise, la fusée de dernière génération, la plus puissante et la plus lourde, Long-March 5B, réussit sa mission et l’étage principal entame sa descente contrôlée.

    Mais un évènement dont on ne connaît pas la nature a causé la perte de contrôle de cet engin qui commence alors sa course folle vers notre planète. Le «morceau» en question est volumineux. Il atteint les 30 mètres et pèse 21 tonnes. On sait où il se trouve, comment il se déplace, on connaît avec précision ses pertes d’altitude mais on n’arrive toujours pas à calculer l’endroit où il va chuter. Tout ce que l’on sait est qu’une partie de cet étage se consumera lorsque l’engin rentrera dans l’atmosphère terrestre. Comme on est certain que les pièces solides comme le moteur échapperont à cette destruction par le feu et continueront leur descente.

    Il est probable qu’à quelques heures de l’impact, l’on saura un peu plus sur la zone où il tombera. Les passages des restes de la fusée sont bien étudiées et, malgré leur caractère aléatoire, on sait que l’engin survole une vaste zone couvrant une partie de l’hémisphère Nord et une grosse partie de l’hémisphère Sud.

    Probabilité de toucher une zone habitée : un cas sur un… milliard !

    C’est ainsi que des experts sont de plus en plus rassurants : ils avancent que la possibilité de voir cet engin toucher des régions habitées est peu probable pour la bonne et simple raison que la Terre est constituée à 70% d’océans et que 95% de la population occupent seulement 10% de la surface terrestre. En plus clair, le risque de voir ce gros morceau tomber sur une zone habitée est très, très, peu probable. On parle d’un cas sur un milliard !

    Mais, au-delà de cet événement grossi pour des besoins de propagande, il y a un vrai problème, c’est celui des débris qui encombrent la proche banlieue de la Terre. C’est par centaines de millions que l’on compte les petits débris pouvant occasionner des dommages aux vols des fusées et aux satellites.

    Plus de 5 000 lancements depuis 1957

    Selon Pierre Omaly du Centre français d’études spatiales (CNES), «plus de 5.000 lancements ont eu lieu depuis 1957 – ils ont généré 23 200 objets catalogués de plus de 10 centimètres, ce qui représente plus de 99% de la masse totale présente en orbite, soit plus de 8 000 tonnes. Ces lancements ont également généré environ 740 000 objets de 1 à 10 centimètres, ainsi que plus de… 160 000 000 d’objets de 0,1 à 1 centimètre qui, eux, ne sont pas répertoriés».
    Le problème s’est aggravé depuis que des sociétés privées lancent des «trains» de satellites qui encombrent davantage l’espace et la question va se compliquer avec l’esprit de concurrence qui anime ces milieux. L’Europe a présenté récemment un projet pour le nettoyage de ces débris avec des espèces de camions-poubelles de l’espace comme celui qui va être mis en orbite par Clear Space, une start-up suisse en contrat avec l’agence spatiale européenne.
    Mais, face au nombre impressionnant des débris, cette mission ne peut être la panacée et s’apparente plutôt à un effet d’annonce beaucoup plus utile pour alerter sur le danger que pour résoudre le problème. Ce que l’on ne dit pas est que des débris d’engins fabriqués par l’homme tombent régulièrement sur la Terre. Il en tombe même chaque semaine ! L’immense majorité de ces débris échoue en mer. On ne signale, jusqu’au moment où j’écris cette ligne, aucun décès causé par ces chutes.

    Une grande victoire pour le peuple chinois

    Pourquoi alors tout ce tapage : cela tient d’abord au goût immodéré des médias pour le sensationnel lorsqu’il mêle deux thèmes fort prisés : l’espace et le catastrophisme. Il y a aussi une autre raison plus politique. Dans leur guerre contre la Chine, les Occidentaux utilisent tous les moyens et, au lieu d’informer objectivement sur l’avancée technologique de l’Empire du Milieu, cherchent les points négatifs pour assombrir ces succès. Et pourtant, il s’agit de grandes victoires pour le peuple chinois ! Disposer d’une station spatiale nationale n’est pas la moindre des conquêtes pour une Chine qui végétait dans le sous-développement il n’y a pas longtemps.
    M. F.

    (*) Pour suivre les passages des restes de la fusée chinoise :
    https://orbit.ing-now.com/satellite/48275/2021-035b/cz-5b/

    Le Soir d’Algérie, 08 mai 2021

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  • Tunisie : Les ingénieurs atteignent les étoiles avec le lancement d’un satellite

    La Tunisie a célébré lundi le lancement de son premier satellite de fabrication nationale, espérant que cela inspirerait les jeunes ingénieurs à atteindre les étoiles chez eux plutôt que de rejoindre ceux qui émigrent à l’étranger.


    Le Challenge-1, construit par une équipe du géant des télécommunications TelNet, a décollé avec 37 autres satellites à bord d’une fusée russe Soyouz depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan lundi.

    Cela a fait de la Tunisie le sixième pays africain à fabriquer son propre satellite et à le voir atteindre l’espace.

    «C’est une fierté d’avoir participé à ce projet», a déclaré Khalil Chiha, 27 ans, qui a suivi une formation à l’École nationale d’ingénieurs de Tunisie dans la ville centrale de Sfax.

    « Travailler dans le secteur aéronautique ou aérospatial est un rêve. »

    La Tunisie avait été frappée par une crise économique et une montée en flèche du chômage avant même la pandémie de coronavirus, et ces derniers mois ont vu des manifestations anti-gouvernementales croissantes.

    Plusieurs milliers d’ingénieurs partent chaque année chercher du travail à l’étranger.

    De nombreux ingénieurs du Challenge-1 ont été formés en Tunisie et ont entre 25 et 30 ans.

    Les responsables espèrent que le succès montrera aux jeunes qu’il y a un avenir pour eux dans la nation nord-africaine.

    Le Challenge-1 est conçu pour collecter des données, y compris des lectures de température, de pollution et d’humidité dans des zones sans couverture Internet, dans le cadre des efforts visant à collecter ces informations dans des zones situées au-delà des réseaux téléphoniques terrestres.

    « Nous sommes très émus, après trois ans de travail intense », a déclaré l’ingénieur Haifa Triki, 28 ans, qui a suivi le vol en direct de Tunis.

    « Nous avons fait beaucoup de sacrifices, mais cela en valait la peine ».

    ‘Le rêve devient réalité’

    Le président Kais Saied, a rejoint des ingénieurs et des journalistes pour regarder le lancement en direct à l’écran au siège de TelNet à Tunis.

    « Notre vraie richesse, ce sont les jeunes qui peuvent faire face à des obstacles », a déclaré Saied, soulignant que la Tunisie ne manque pas de ressources mais de « volonté nationale » au milieu de ses terribles crises sociales et politiques.

    « Nous sommes fiers de notre jeunesse », a-t-il déclaré.

    L’équipe du Challenge-1 était soutenue par des ingénieurs tunisiens expatriés, dont l’un a participé à la mission Mars Perseverance de la NASA.

    « C’est vraiment un rêve devenu réalité », a déclaré à l’AFP Anis Youssef, chef de projet TelNet, avant le lancement.

    Alors que l’ industrie aérospatiale est en plein développement dans le monde arabe et que 11 pays ont lancé des satellites à travers l’Afrique, fabriquer un satellite artisanal est une tâche plus difficile.

    «Le club de ceux qui les fabriquent est assez fermé», a déclaré l’ ingénieur aérospatial tunisien Ahmed El Fadhel, basé en Belgique et président de l’Association Tunisienne de l’Espace, un collectif de scientifiques, d’experts et d’étudiants intéressés par les technologies spatiales.

    TelNet a l’intention de lancer d’ici trois ans, en partenariat avec d’autres pays africains, un réseau de plus de 20 satellites.

    «Cela ouvre la voie à l’ouverture d’un service innovant pour la région dans un domaine en pleine expansion», a déclaré le PDG de TelNet, Mohamed Frikha.

    Au-delà du progrès technologique , il marque « l’ouverture de perspectives d’emploi locales pour les ingénieurs tunisiens », a-t-il ajouté.

    « Des opportunités d’emploi existent en Tunisie. Le problème est de donner envie aux jeunes ingénieurs de rester. »

    Phys.org, 22 mars 2021

    Tags : Tunisie, satellite, Challenge One, orbite, technologie,