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  • Bourget : L’Otan est l’instigatrice des guerres hybrides

    Tags : OTAN, guerres hybrides, Jacques-Marie Bourget – Bourget : L’Otan est l’instigatrice des guerres hybrides

    Le grand reporter de guerre et militant impénitent des causes justes, Jacques-Marie Bourget, livre ses appréciations et appréhensions sur les relations algéro-françaises et les développements en cours entre les deux pays. Bourget fustige l’ancienne puissance coloniale en rétorquant que « la France refuse de faire face à son passé colonial ». Notre interlocuteur est allé jusqu’à dire que « le choix de demander à Benjamin Stora d’établir une sorte de bilan conduisant à un dialogue est une insulte faite à l’Algérie », martèle-t-il.Jacques-Marie Bourget étaye l’aspect caractérisant l’influence des sionistes sur la politique de la France et le Makhzen marocain. À ce propos, Bourget révèle les connivences qui existent entre la France officielle et le Makhzen marocain en soulignant que « tout le monde connaît la Marrakech connexion, les séjours agréables à l’hôtel Mamounia ou la Gazelle d’or à Taroudant. Les puissants des deux pays sont entre eux à Rabat et à Paris».D’autres questions trouvent des éclairages et des réponses à l’image des «printemps arabes», les relations internationales et la nouvelle géopolitique qui se dessine actuellement.

    L’Expression: Pourquoi la France et ses lobbies médiatiques recourent au mensonge sur l’histoire coloniale en Algérie?

    Jacques-Marie Bourget: C’est un cas exceptionnel dans l’histoire du XXe siècle et de ce début de XXIe, celui de la France qui refuse de faire face à son passé colonial. Même les blancs d’Afrique du Sud ont participé à des «Commissions de Vérité et Réconciliation». Sauf que les Français et les Algériens ne peuvent se «réconcilier» puisqu’ils n’ont jamais été «conciliés». Les Belges ont demandé pardon pour les horreurs commises au Congo et les donneurs de leçons américains se préoccupent soudain des «natifs» qu’ils ont exterminés.Aujourd’hui encore, en France, si tout Algérien est assimilé à un «musulman», alors qu’il est peut-être agnostique ou chrétien et que la religion n’est pas son identité, cela remonte à la colonisation et à la définition des Algériens faite par les colons qui les classaient comme des «Français musulmans». N’a-t-on jamais parlé de Français chrétiens ou juifs? Cette identité est comme un tatouage indélébile. Le syndrome pied-noir du «paradis perdu» a gagné une grande partie d’une société qui, en 1961, était favorable à l’indépendance de l’Algérie. Aujourd’hui, alors que la conscription a disparu, l’armée de métier est un lobby qui pousse encore devant lui le deuil de la guerre perdue et d’une revanche possible. Des militaires, parmi les plus sots, ont ainsi signé une pétition pour «pacifier» les banlieues, moyen de continuer la guerre d’Algérie dans l’Hexagone. Les relations franco-algériennes sont en constante régression et le choix de demander à Benjamin Stora d’établir une sorte de bilan conduisant à un dialogue est une insulte faite à l’Algérie.

    Pensez-vous qu’Israël a une influence sur les prises de position françaises sur l’Algérie.?

    Bien sûr, l’alliance avec le Maroc est la réalisation d’un rêve et le moyen d’être aux portes de l’Algérie. La France n’a pas dit un mot pour désapprouver cette alliance qui pose question puisque en échange, le Maroc a reçu en cadeau le Sahara occidental alors que l’ONU a exigé un référendumd’autodétermination.
    Cette terre n’appartient ni à Trump ni à Mohammed VI. Si le Maroc bombarde des camionneurs algériens c’est qu’il se sent puissant, appuyé par Israël et, caché derrière aussi, les Etats-Unis. Depuis des années, par le truchement d’un gouvernement à sa solde, Washington attend de prendre pied à Alger. Il ne faut jamais oublier que les néoconservateurs américains ont formé le projet d’un grand croissant musulman -et docile- de l’Iran au Maroc. Pour l’instant, l’affaire s’est mal passée en Irak, en Syrie et en Libye. Mais l’idée est toujours là. Je vous mets au défi de trouver une occasion où la France a contré une décision israélienne.

    Quelle lecture faites-vous de la relation entre la France et le Makhzen marocain?

    Je cite une anecdote qui a un sens. Audrey Azoulay, qui est franco-marocaine, mais dont on connaît la position de son père, celle d’un proconsul, a été introduite par Hollande à la tête de l’Unesco alors que la tradition voulait qu’un titulaire de passeport français se tienne à l’écart. Mieux, elle a été reconduite sous la pression française. C’était en même temps une façon de mettre aussi le Maroc sur le trône de l’Unesco. Entre la bourgeoisie «républicaine» française et la bourgeoisie «monarchique» marocaine il y a osmose. Tout le monde connaît la Marrakech connexion, les séjours agréables à l’hôtel Mamounia ou la Gazelle d’or à Taroudant. Les puissants des deux pays sont entre eux à Rabat et à Paris.

    Vous êtes l’une des victimes de l’État sioniste dans les territoires palestiniens occupés. Pourquoi les médias français et RSF ne se sont pas mobilisés avec autant d’ardeur comme ils le font pour ceux qui répondent à leur feuille de route fondée sur l’ingérence?

    J’ai été victime d’une tentative d’assassinat de la part d’un État qui a réussi, en dépit de ses crimes, ceux de la colonisation et de l’occupation, à se donner l’image d’un État démocratique. Vous ne pouvez rien contre un tel pouvoir. Quand on sait que RSF est allé à la recherche d’argent au Gabon et a accepté l’équivalent du «prix Nobel» israélien.
    Il faut être sot pour ne pas comprendre.
    Financement américain, récompenses en Israël… le message est passé et, sur l’attentat dont j’ai été la victime, les «journalistes» français ont tourné la tête ailleurs. Ajoutons que dans «le monde arabe», ce crime n’a entraîné aucune émotion.

    Quel est le moyen le plus efficace pour lutter et faire face aux guerres de quatrième génération?

    La «guerre de quatrième génération» est un gadget inventé par les marchands d’armes pour que les États consacrent encore plus d’argent aux budgets militaires. Souvenez -vous de Reagan et de sa «guerre des étoiles»…Du vent. En revanche une nouvelle guerre froide semble mise en place par les pays de l’Otan. Elle se joue sur Internet et par la supposée défense des droits de l’homme.
    L’Algérie a vécu l’épisode scandaleux du «qui-tue-qui?», alors qu’elle était attaquée par Daesh en larve. Pour la Chine, la cause des Ouighours est le bazooka que l’on braque sur Pékin.
    Des experts, qui ne savent rien, font des rapports sur des parties du globe où ils n’ont jamais mis les pieds. En ce moment, après l’épouvantable Powell et son tube d’anthrax qui a conduit à la destruction de l’Irak, après la fable des élections américaines truquées par Poutine, les menteurs prennent quelques coups de bâton. Mais ils vont persévérer.

    Pensez-vous que le «printemps arabe» a servi comme instrument par l’Occident pour affaiblir les États souverains et mettre sur pied la stratégie de la reconquête coloniale?

    La reconquête coloniale selon le vieux schéma? Non. Maintenant l’arme c’est le marché, le pillage des matières premières avec l’aide de complices locaux.
    Mais il est clair que les supposés «Printemps» n’étaient que l’application de la théorie de Gène Sharp, lui qui a inventé la guerre «civilisée», «sans armes»,gagnée par l’intoxication, la provocation et l’utilisation sur les réseaux sociaux des mouvements populaires.

    Le monde connaît une nouvelle redistribution des cartes au plan de la géopolitique internationale.Quelles seront les retombées de cette reconfiguration sur les relations internationales?

    Qui peut prévoir les destins de l’Afrique avec sa forte démographie, mais en face sa pau-vreté, le réchauffement climatique et le pillage dont elle fait l’objet. La guerre «mondiale» est improbable puisqu’elle serait un suicide pour le capitalisme. On va continuer avec les os actuellement rongés, l’Ukraine, la Crimée, les Ouighours et d’autres à venir. Vous noterez que personne, ou presque, n’a manifesté contre les milliers de morts provoquées par Obama avec ses drones tueurs. Obama convient à l’Occident, il a fait une grande université, il est beau garçon, il danse bien et joue au basket. Aujourd’hui pour avoir les mains libres, un État doit s’acheter une image, une réputation. Regardez le Qatar, c’est une dictature bien aimée.
    Il a réussi à se construire une image de liberté «musulmane» et de «modernité». Tout cela est faux, mais avec une stratégie intelligente, et de l’argent, le noir peut devenir blanc.

    L’Expression, 18/11/2021

    #OTAN #Guerres_hybrides #Jacques_Marie_Bourget

  • L’UE se militarise

    L’UE se militarise

    Tags : Union Européenne, armée, force d’intervention – L’UE se militarise

    L’UE prévoit d’effectuer les premiers exercices militaires de son histoire en 2023
    L’objectif est de créer une force d’intervention opérationnelle avec jusqu’à 5 000 soldats d’ici 2025
    L’UE devient kaki. Chaque fois plus. L’organisation née pour garantir la paix en Europe après la Seconde Guerre mondiale entre dans une militarisation que Bruxelles considère essentielle pour survivre dans une scène mondiale de plus en plus instable et dangereuse. Pour la première fois de son histoire, l’UE prévoit d’organiser des exercices militaires à partir de 2023 en vue de renforcer sa capacité à agir de manière décisive dans les points chauds de sa zone d’influence la plus proche.

    La proposition est contenue dans un document confidentiel, auquel EL PAÍS a eu accès, qui servira ce lundi de base aux ministres européens des Affaires étrangères et de la Défense pour entamer des négociations sur l’orientation géostratégique de l’UE pour la prochaine décennie. Le document, baptisé la boussole stratégique, prône un saut sans précédent dans la capacité militaire de l’UE dans le but d’avoir la force nécessaire pour « promouvoir sa vision et défendre ses intérêts ». L’initiative a été avancée mercredi dernier aux membres de la Commission européenne par Josep Borrell, vice-président de l’organisation et haut représentant de la politique étrangère.

    Mais comme il s’agit d’un document confidentiel, les détails des propositions étaient réservés aux ministres des Affaires étrangères et de la Défense qui se réunissent lundi et mardi lors d’une session conjointe qui comprendra également un déjeuner de travail avec le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg. Le siège du Conseil européen est mis en mode militaire à un moment de grande tourmente dans tout l’environnement de l’UE, du flanc oriental (Biélorussie et Ukraine) au Maghreb ou au Sahel.

    « Ce n’est pas le monde que les Européens ont choisi ou que nous préférons, mais c’est celui auquel nous devons faire face », précise le document confidentiel, tout juste 28 pages qui aspirent à marquer un tournant dans l’usage de la force au niveau communautaire. . « À partir de 2023, nous organiserons régulièrement des manœuvres, y compris navales », indique l’un des objectifs de la Boussole qui, une fois adoptée par le Conseil européen de mars prochain, guidera la politique étrangère et de défense de l’UE.

    Les manœuvres sont destinées à servir de base à la création d’une force d’intervention véritablement opérationnelle, qui pourrait compter dès 2025 jusqu’à 5 000 militaires. De cette manière, Bruxelles veut dépasser le concept dit de bataillon européen, une disponibilité théorique de jusqu’à 1 500 uniformes multinationaux qui est opérationnel depuis 2017 mais n’a jamais été activé faute de volonté politique, de ressources financières pour leur mobilisation et le manque de formation commune.

    L’organisation et le commandement des manœuvres seraient dans un premier temps du ressort des unités nationales. Mais il passerait en 2025 à l’unité de l’état-major de l’UE créée en 2017 dans le but de devenir un véritable quartier général, mais qui n’est pas encore pleinement opérationnelle.

    Participez également à des opérations de combat
    Jusqu’à présent, ce quartier général (appelé Military Planning and Execution Capacity) assumait le commandement de missions hors guerre axées sur la formation dans des pays tiers, comme le Mali, la Somalie ou la République centrafricaine. Mais l’objectif est qu’il assume également le commandement des futures opérations de combat, pour lesquelles son effectif sera étoffé, qui a commencé avec 25 soldats et pourrait atteindre plus de 150.

    L’objectif des manœuvres sera clairement de disposer d’une force de défense capable d’intervenir si nécessaire. « Nous continuerons à mener des manœuvres régulières pour renforcer notre assistance mutuelle en cas d’agression armée, conformément à l’article 42.7 du traité de l’UE », indique la boussole géostratégique, faisant allusion à la base juridique qui, à l’instar de ce qui est établi dans L’OTAN permet aux 27 États membres de répondre conjointement à une attaque. Et il ajoute qu’« à partir de 2022, les manœuvres dans le domaine cyber seront également incluses ».

    Les propositions évoquent également un financement conjoint des opérations civiles et militaires de l’UE à partir de 2023, ce qui impliquerait l’utilisation du budget de l’UE.

    Les 28 pages du document que ce lundi aura sur la table la cinquantaine de ministres réunis à Bruxelles (Affaires étrangères et Défense) détaille également le calendrier pour renforcer les médias de l’UE contre les menaces hybrides, cyber ou venues de l’espace.

    Il est prévu en 2022 de mettre en place des mécanismes de défense contre les attaques hybrides et à partir de cette même année, de développer une diplomatie préventive et dissuasive contre les attaques dans le cyberespace. En 2023, une unité serait créée pour la collecte systématique de données sur les incidents liés à la manipulation d’informations ou à l’ingérence virtuelle de pays tiers.

    Et enfin, en 2025, si le calendrier prévu est respecté, l’UE disposera d’une force militaire de réaction rapide pouvant aller jusqu’à 5 000 hommes et femmes qui pourront être déployés en nombre selon la taille de chaque mission. Borrell a insisté sur le fait que « ce sera la mission qui déterminera le nombre de troupes nécessaires et non l’inverse ». Pour les missions civiles, à partir de 2023, l’UE vise à être en mesure de déployer une équipe de jusqu’à 200 experts entièrement équipés dans un délai de 30 jours.

    L’avancée de la coopération militaire au sein de l’UE est encouragée par l’hostilité croissante des pays qui s’éloignent du multilatéralisme et par le retrait des États-Unis en tant que gardien mondial des intérêts de l’Occident. « Le retour à une politique de pouvoir est le changement le plus significatif dans les relations internationales après trois décennies de forte interdépendance économique qui était censée avoir réduit les tensions », note le projet EU Strategic Compass.

    Une capacité militaire avec la complicité de l’OTAN
    Le texte, qui fera l’objet de longs débats jusqu’à son adoption par les 27 États membres en mars 2022, estime nécessaire de « développer une Union européenne qui agit comme un fournisseur de sécurité ». Pour y parvenir, il est proposé d’exploiter l’article 44 du traité de l’Union, qui permettra le lancement d’opérations militaires approuvées à l’unanimité, mais auxquelles seuls les partenaires qui le souhaitent participeront.

    Le développement de cette capacité d’action militaire s’était jusqu’ici écrasé contre le blocus des pays qui craignent d’affaiblir l’OTAN, véritable bouclier du Vieux Continent contre les agressions extérieures. Mais la partie réticente s’est essoufflée avec la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Et la récente frayeur des Etats-Unis en Afghanistan et l’agressivité progressive de voisins comme la Biélorussie ou la Russie ont adouci les résistances à une certaine autonomie stratégique européenne.

    De l’autre côté, la France a également tempéré son ambition d’une défense européenne pratiquement autonome. Paris accepte que les capacités européennes doivent être complémentaires de l’OTAN, dont le parapluie militaire et nucléaire reste essentiel. L’ambition d’avoir une armée européenne semble garée, mais la mise en place d’une capacité interarmées capable d’éteindre les incendies géostratégiques les plus proches fait son chemin.

    « Il faut pouvoir agir plus vite, plus robuste et plus souple », résume le nouvel objectif d’une source diplomatique. Le nouveau scénario nécessite une meilleure compréhension entre l’UE et l’Alliance atlantique, qui sera tentée de se traduire par une déclaration commune à la fin de cette année ou au début de l’année prochaine.

    El Pais, 15/11/2021

    #Union_Européenne #UE #Armée #OTAN

  • La Russie va suspendre la mission de liaison de l’OTAN à Moscou

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    MOSCOU, 18 octobre. /TASS/. La Russie va suspendre la mission de liaison militaire de l’OTAN à Moscou et rappeler l’accréditation de son personnel en réponse à la décision de l’alliance de retirer l’accréditation de huit diplomates russes, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d’une conférence de presse lundi.

    « En réponse aux actions de l’OTAN, nous suspendons l’activité de la mission de liaison militaire de l’OTAN à Moscou et nous rappellerons l’accréditation de son personnel à partir du 1er novembre de cette année », a déclaré le plus haut diplomate russe, répondant à une question de TASS.

    Il sera également mis fin à l’activité du bureau d’information de l’OTAN à Moscou, installé à l’ambassade du Royaume de Belgique, a précisé M. Lavrov.

    « Si l’OTAN a des questions urgentes, elle peut contacter notre ambassadeur en Belgique sur ces questions », a ajouté le ministre des Affaires étrangères.

    L’OTAN a annoncé le 6 octobre qu’elle avait réduit le personnel de la mission russe auprès de l’alliance de 20 à 10 membres, révoquant l’accréditation de huit diplomates et supprimant deux postes vacants. L’Alliance de l’Atlantique Nord a demandé aux diplomates russes de quitter Bruxelles fin octobre.

    Moscou suspend le fonctionnement de sa mission auprès de l’OTAN à partir du 1er novembre

    Selon le chef de la diplomatie russe, depuis 2014, l’OTAN a mis un frein à tout contact avec la mission russe, annoncé la fin complète de la coopération pratique tant dans les domaines civils que parmi les militaires…

    MOSCOU, 18 octobre. /TASS/. La Russie suspend le fonctionnement de sa mission auprès de l’OTAN à partir du 1er novembre suite à la décision de l’OTAN de révoquer l’accréditation de huit employés de la mission russe, a déclaré lundi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

    Selon le haut diplomate russe, Moscou a déjà informé l’OTAN de ces mesures. « Le Secrétariat international de l’OTAN a déjà été informé. Notre ministère publiera bientôt une déclaration », a déclaré M. Lavrov.

    « En raison des mesures délibérées de l’OTAN, nous n’avons pratiquement aucune condition pour un travail diplomatique élémentaire et en réponse aux actions de l’OTAN, nous suspendons le travail de notre mission permanente auprès de l’OTAN, y compris le travail de l’envoyé militaire principal, probablement à partir du 1er novembre. Ou cela peut prendre plusieurs jours de plus », a-t-il déclaré en réponse à une question de l’agence TASS.

    Il a rappelé que l’OTAN avait officiellement notifié la Russie le 6 octobre que le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, avait pris la décision de révoquer l’accréditation de huit membres du personnel de la mission russe auprès de l’organisation à partir du 1er novembre et de réduire le personnel de la mission, y compris le personnel administratif et technique, à dix personnes.

    « Aucune explication sur les causes d’une telle mesure n’a été fournie. J’ai rencontré M. Stoltenberg à New York plusieurs jours avant l’annonce de cette décision. Il n’a cessé de souligner l’intérêt sincère, comme il l’a dit, de l’OTAN pour la normalisation des relations avec la Russie dans l’intérêt de la désescalade des tensions sur le continent européen », a déclaré M. Lavrov.

    Dans le même temps, selon lui, cette mesure n’est « pratiquement pas une surprise » pour la Russie car le personnel de la mission a été réduit à deux reprises à la demande de l’OTAN – en 2015 et en 2018. « Depuis 2014, l’OTAN a mis un frein à tout contact avec notre mission, a annoncé la fin complète de la coopération pratique tant dans les domaines civils que parmi les militaires. Il n’y a pas eu du tout de contacts entre les militaires. Comme je l’ai déjà dit, en fait, l’OTAN a imposé une interdiction de visite de son siège pour nos diplomates et il est impossible de maintenir des contacts sans ces visites. L’OTAN a en fait interdit les contacts élémentaires avec le Secrétariat international », a-t-il ajouté.

    Le haut diplomate russe a souligné que cela ne fait que prouver que « l’OTAN n’est intéressée ni par un dialogue égalitaire ni par un quelconque travail commun. »

    « S’il en est ainsi, nous ne voyons aucune raison de continuer à prétendre que des changements sont possibles dans un avenir prévisible, car l’OTAN a déjà déclaré que de tels changements étaient impossibles », a-t-il ajouté. « En fait, nous n’avons pratiquement aucune possibilité de travail diplomatique élémentaire en raison des mesures prises par l’OTAN ».

    TASS, 18/10/2021

  • Impact géopolitique du retrait des USA d’Afghanistan

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    La sortie définitive des États-Unis d’Afghanistan et le trouble qu’elle a créé chez les alliés, principalement en raison des conditions dans lesquelles elle s’est produite, continuent d’avoir un impact sur l’agenda stratégique des parties prenantes en Syrie et dans la région. Un autre signe du « pivot » américain a été l’annonce du partenariat avec le Royaume-Uni et l’Australie (AUKUS) pour la vente de sous-marins à propulsion nucléaire à cette dernière. La récente réunion de la « QUAD » (États-Unis, Inde, Japon, Australie) à la Maison Blanche a été la dernière confirmation de l’importance accordée par l’administration Biden à la région indo-pacifique et à la rivalité avec la Chine. Une situation ironique alors que l’UE prépare sa propre stratégie indo-pacifique. Les tensions transatlantiques sont donc loin de diminuer. SOS Blinken s’est rendu à Paris début octobre et le président américain Biden s’est entretenu avec son homologue français dans un effort évident pour apaiser les tensions entre Paris et Washington. Aucun résultat visible jusqu’à présent.

    Les consultations de l’ESNU Pedersen ont permis un accord de principe des parties pour la reprise des pourparlers sur le Comité constitutionnel à Genève le 18 octobre (cf. déclaration au CSNU du 28 septembre). Ce résultat fait suite à sa visite à Damas, où il a rencontré le FM Mekdad et le chef de la délégation du régime aux pourparlers de Genève, à Istanbul où il a rencontré des représentants de l’opposition menés par Anas Al Abde et des officiels turcs. Ces derniers ont souligné l’importance du processus d’Astana et du partenariat avec le Qatar. L’accord est également le résultat de ses consultations avec les Américains et les Russes.

    Il reste prudent quant aux chances de succès. Certes, la méthode acceptée par les parties apporte une nouvelle dynamique, c’est-à-dire des discussions plus « orientées vers les résultats », et des perspectives de calendrier pour parvenir à un résultat final d’installation d’une réforme constitutionnelle concrète. Mais la réponse de Damas reste clairement prudente, suivant le ton du discours d’investiture provocateur d’Assad en juillet dernier. D’autre part, le dialogue russo-américain ne semble pas encore très dense, notamment sur le  » pas à pas « , qui devrait prendre place dans les négociations à Genève. Il n’en reste pas moins que le temps presse et que l’on ne peut se permettre de revenir au tempo lent et parfois régressif de ces derniers mois. Un engagement américain plus fort, incluant la nomination d’un nouvel envoyé spécial, est nécessaire. Aucun rôle européen visible pour l’instant. L’opposition syrienne critique la communauté internationale pour son manque d’engagement derrière le processus de paix.

    Cette situation amène les pays arabes (notamment la Jordanie, les EAU, le Bahreïn et l’Égypte, si ce n’est l’Arabie saoudite) à explorer davantage la notion de normalisation avec le régime de Damas. Ils partagent avec Israël l’inquiétude de voir l’Iran se montrer plus agressif en Syrie. La Jordanie et Israël en particulier refusent de voir les milices soutenues par l’Iran renforcer leur présence près de leurs frontières. C’est ce qu’a fait savoir le ministre israélien des affaires étrangères Lapid lors d’une visite à Moscou (alors que Lavrov exprimait l’impatience de la Russie face aux frappes israéliennes répétées contre le territoire syrien). La Jordanie a fait la même remarque à Moscou, notamment lors d’une rencontre du roi Abdallah avec Poutine en août dernier. Dans le même temps, Amman souhaite voir les échanges avec la Syrie reprendre pour des raisons économiques.

    La livraison d’hydrocarbures iraniens au Liban via les ports syriens a conduit à une réunion des ministres de l’énergie jordanien, égyptien, syrien et libanais à Amman le 8 septembre. Ils se sont mis d’accord sur une feuille de route pour fournir du gaz naturel égyptien au Liban via la Jordanie et la Syrie, dès que la Syrie aura réparé la section du gazoduc située sur son territoire. Ils ont également approuvé des plans visant à approvisionner le Liban en électricité depuis la Jordanie via le territoire syrien. Le ministre syrien de l’électricité a mentionné un coût de 3,5 millions de dollars pour la réhabilitation du réseau électrique dans le sud de la Syrie. Le ministre libanais de l’énergie a déclaré que son pays était en contact avec la Banque mondiale pour le financement de l’approvisionnement en gaz égyptien. Le jour même de cette réunion ministérielle, les forces armées syriennes sont entrées dans la vieille ville de Daraa après des semaines de siège et après un accord négocié par la Russie avec les rebelles de la province. Une conquête essentielle pour permettre la mise en place de l’accord de fourniture de gaz et d’électricité.

    Par ailleurs, le ministre de la défense et chef d’état-major syrien, le général Ali Abdullah Ayyoub, s’est rendu à Amman le 19 septembre où il a rencontré son homologue jordanien, le général Yousef Hunaiti, chef d’état-major, pour discuter de la sécurité des frontières après la prise de contrôle de Daraa par le régime et du poste frontière de Nassib. Cela confirme l’approche jordanienne (sécurité et intérêts économiques, notamment le commerce avec l’Europe) ainsi que l’attitude pragmatique de Damas. Pour couronner le tout, le président syrien Bachar al-Assad et le roi Abdallah de Jordanie se sont entretenus au téléphone le 3 octobre, la première conversation publiquement connue entre les deux dirigeants depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2011. Les deux dirigeants ont « discuté des relations entre les deux pays frères et des moyens de renforcer la coopération », selon un communiqué du palais royal jordanien. Abdallah a déclaré que son gouvernement soutient l’intégrité territoriale, la stabilité et la souveraineté de la Syrie – un clin d’œil à la position d’Assad selon laquelle toute la Syrie déchirée par la guerre doit revenir sous le contrôle de Damas et un long chemin depuis le soutien initial de la Jordanie aux groupes rebelles en Syrie.

    Il s’agit sans aucun doute d’une victoire pour le régime.

    C’est aussi un succès du dialogue russo-américain initié avec la rencontre au sommet Poutine-Biden à Genève et qui se poursuit au niveau des experts des deux nations. Cette approche « pas à pas » a également permis aux Etats-Unis de s’engager à ne pas soumettre les travaux de réhabilitation des infrastructures électriques dans le sud de la Syrie aux sanctions de l’Acte de César.

    La Turquie, quant à elle, doit s’écarter de ses priorités : soutenir l’opposition dans le nord-ouest et faire face à une nouvelle offensive du régime à Idlib, combattre les milices kurdes, contenir l’afflux de réfugiés et gérer ses relations avec ses alliés occidentaux. L’offensive de Damas avec le soutien de la Russie à Idlib produit des tensions avec Moscou. Des soldats turcs ont été tués récemment dans une attaque de groupes rebelles. Les rivalités entre groupes djihadistes, la mauvaise gouvernance et leurs exactions contre la population locale (notamment les médias) compliquent sa tâche. Selon les rumeurs, les chefs des services de renseignement turcs et syriens se seraient rencontrés à Bagdad.

    La Russie contrôle plus que jamais le jeu, sur le terrain comme on l’a vu à Dara et Idlib récemment, ainsi qu’au niveau diplomatique. En plus de poursuivre des échanges discrets avec les Américains, elle a multiplié les rencontres avec les représentants des pays de la région. Assad a rencontré Poutine le 13 septembre à Moscou pour la première fois depuis 2018. La discussion a tourné autour de la situation dans le nord-ouest et du sort des accords de cessez-le-feu.

    Des représentants des factions kurdes de l’est de la Syrie, dont l’AANES (Administration autonome du nord-est de la Syrie), se sont également rendus à Moscou. L’AANES tente d’obtenir les garanties de Moscou pour protéger le nord-est de la Syrie contre l’invasion de l’ARS (Armée nationale syrienne) et de la Turquie, et de pouvoir négocier avec Damas des conditions spéciales pour la région dominée par les Kurdes. De telles demandes sont considérées avec scepticisme par Moscou tant que le SDF (Syria Democratic Forces) est un allié militaire des États-Unis. Mais les Kurdes prévoient sans doute des options de secours en cas de départ des Américains.

    Et bien sûr, la Russie profite également des tensions transatlantiques mentionnées ci-dessus. La rencontre entre Poutine et Erdogan à Sotchi le 29 septembre semble avoir privilégié le style sur la substance, chaque dirigeant semblant mesurer le pouvoir de l’autre à imposer ses priorités et son statut sur la scène intérieure de son pays, tout en soulignant l’importance de la relation entre leurs deux pays, tant sur le plan stratégique qu’économique. Ni le ministre turc des affaires étrangères ni le ministre turc de la défense ne faisaient partie de la délégation d’Erdogan. Aucune conférence de presse conjointe n’a été organisée à l’issue de la rencontre. Outre l’Afghanistan, la Libye et le Caucase, la Syrie était à l’ordre du jour, notamment la situation à Idlib où l’accord de stabilisation entre Moscou et Ankara reste fragile. Comme pour réaffirmer le rapport de force, l’armée russe a mené des frappes contre l’enclave dans les zones contrôlées par les HTS et à Afrin contre des positions des ANS le 26 septembre. Les médias turcs font également état d’un mécontentement au sein de l’armée turque concernant les opérations dans le nord-ouest de la Syrie. Ankara n’est pas non plus particulièrement à l’aise avec l’invitation faite à l’AANES des YPG, dominée par les Kurdes, pour des contacts à Moscou le 16 septembre, juste après la visite d’Assad le 13 septembre.

    Quant à l’UE et aux Européens, ils peinent à trouver enfin un rôle stratégique digne de la boussole du même nom. Le consensus semble s’effriter, y compris sur la question de la normalisation avec le régime.

    Cependant, ils ne peuvent pas rester les bras croisés face au scepticisme croissant quant aux chances de succès du processus politique. Par ailleurs, la situation humanitaire désastreuse en Syrie et le traitement cruel et dégradant des réfugiés de retour au pays, mis en évidence dans le dernier rapport d’Amnesty International le mois dernier, ne nous permettent pas de rester les bras croisés. De même après le rapport du Réseau syrien pour les droits de l’homme (RSDH) qui indique que 94 civils ont été tués lors d’exécutions extrajudiciaires en Syrie en août dernier, dont 32 enfants, 10 femmes et autres. Le rapport note que c’est dans le gouvernorat de Daraa que l’on a constaté le plus de victimes civiles aux mains du régime.

    Cette destruction de la société civile en plus des infrastructures risque d’aboutir à un État failli qui rend toute reconstruction problématique même si les conditions politiques que nous posons sont plus ou moins remplies. Une réflexion s’impose sur les leviers dont nous disposons pour infléchir ce cours désastreux, en coordination et en dialogue avec les autres acteurs qui partagent tout ou partie de ces préoccupations, y compris les pays arabes.

    Marc Otte

    Egmont Institute, 14/10/2021

  • Ces monstrueux talibans et nous

    Afghanistant, OTAN, Talibans,

    On aurait dit un écho d’un passé colonial. À l’époque, les journaux publiaient des informations alarmantes chaque fois qu’il y avait une révolte de « barbares » contre l’autorité coloniale : les Boxers en Chine, les Mau-Mau au Kenya, les Simbas au Congo. Tous, sans exception, des barbares qui osaient se révolter contre la chrétienté, la civilisation et les droits de l’homme (dans cet ordre précis), imposés par les maitres occidentaux dans les colonies, dans le même temps qu’ils y terrorisaient les populations et y pillaient les matières premières.

    Les titres des infos de la semaine écoulée ont tous été du genre : les fondamentalistes islamistes talibans sont de retour. Les barbares talibans s’emparent des villes l’une ville après l’autre, Kaboul tombe dans leurs mains. Dans un laps de temps d’une dizaine de jours, le régime installé par l’Occident dans ce pays s’est enfui et une armée de 300 000 hommes s’est rendue à une armée de guérilla de quelque 75 000 hommes.

    La rapidité des événements a surpris tout le monde. Même si tous ceux qui avaient quelque peu suivi la guerre savaient qu’une défaite de l’Occident était inéluctable. Il y a dix ans, à l’aide de documents secrets, Wikileaks[1] montrait déjà que la résistance des Talibans était en train de gagner et qu’elle était bien répandue dans tous les coins du pays. Matthew Hoh, un capitaine de l’armée américaine qui avait démissionné en septembre 2009 pour protester contre la guerre en Afghanistan, décrivait comme suit la résistance dans ce pays : « La révolte pashtoun est composée d’innombrables groupes locaux. Elle est soutenue par le peuple qui se tourne contre des siècles d’agression contre son pays, sa culture, ses traditions, sa religion. Selon moi, la grande majorité des insurgés ne se battent pas pour le drapeau blanc des talibans, mais plutôt contre la présence de soldats étrangers et contre les impôts et taxes qui leur ont été imposés par un gouvernement non représentatif installé à Kaboul. »[2]

    Les États-Unis (EU) et leurs alliés, dont la Belgique, sont en train de subir une défaite historique comparable, sinon plus sévère encore, à la défaite de 1975 contre le Vietcong communiste et les Nord-Vietnamiens.

    Exactement comme lors de la retraite honteuse de l’époque, nous entendons de savants professeurs et autres spécialistes expliquer que les Américains commettent une erreur historique en se retirant de la sorte et en abandonnant à leur sort le pays et sa population. Tous les acquis démocratiques, disent-ils, comme les droits de la femme, qui y ont été introduits par l’Occident au cours des vingt années écoulées, risquent d’être perdus. À l’instar du cobalt, du lithium et autres minéraux dont l’Afghanistan regorge, ajoutait sans sourciller ni rougir un spécialiste perspicace.
    Et nous sommes naturellement animés de préoccupations humanitaires et nous sommes aussi de grands défenseurs des droits de l’homme, mais cela aussi a ses limitations : ce qui nous intéresse le plus, c’est la façon de pouvoir endiguer ces afflux de réfugiés qui nous arrivent. Et la façon de pouvoir empêcher que le terrorisme reprenne vigueur dans nos pays, maintenant que les talibans sont de retour au pouvoir. Et, ici, on oublie de mentionner que c’est précisément la guerre contre l’Afghanistan qui a déclenché bien plus d’attentats en Europe que ce ne fut jamais le cas dans la période antérieure.

    À propos des droits de la femme

    En ce qui concerne les commentaires humanitaires sur l’Afghanistan, je me demande pourquoi cette même coalition occidentale qui avait envahi l’Afghanistan, allait, deux ans plus tard, balayer également l’Irak de la carte, alors qu’on y respectait bel et bien les droits de la femme. On se demande pourquoi un pays comme l’Arabie saoudite, qui foule au pied ces mêmes droits de la femme, fait toujours partie du cercle de nos proches amis. Pourquoi permettons-nous que la population palestinienne de Gaza soit enfermée dans une prison à ciel ouvert, sans eau ou électricité à suffisance : n’y a-t-il pas là des femmes et des enfants aussi ?

    Ou cette réflexion, également : les droits de la femme en Occident ont-ils jamais été arrachés grâce à l’intervention d’une puissance étrangère ? Notre pays a-t-il été bombardé afin d’être forcé d’accorder aux femmes le droit de vote en 1948, ou d’y permettre aux femmes d’ouvrir un compte bancaire sans l’accord de leur mari, un droit qui ne leur a été accordé qu’en 1976 ? La France a-t-elle été bombardée parce que, jusqu’en 1965, les femmes ne pouvaient pas y avoir un emploi sans le consentement de leur mari ? Ou veut-on nous dire que les femmes afghanes sont une fois pour toutes plus arriérées que les femmes occidentales ?

    On oublierait presque pourquoi tout cela a commencé il y a vingt ans

    La déclaration de guerre des EU à l’Afghanistan en 2001 n’avait strictement rien à voir avec le fait d’apporter la civilisation ou avec les droits des femmes ou des enfants. Mais tout à voir avec la vengeance de l’Occident en raison des attentats de New York, le 11 septembre 2001. Une vengeance exercée contre l’un des pays les plus pauvres de la planète. Une vengeance contre une population de quelque 28 millions d’humains. Contre cette guerre, les talibans ont tenté de se défendre par tous les moyens. Tels qu’ils sont décrits dans le livre « My Life with the Taliban » (Ma vie avec les talibans) d’Abdul Salam Zaeef, l’ambassadeur afghan des talibans au Pakistan.

    L’Amérique avait désigné Osama Bin Laden, qui se trouvait en territoire afghan, comme responsable des attentats de New York. À l’époque, la chasse à Bin Laden avait cours depuis quelques années déjà. Les attentats de 1998 contre les ambassades des EU à Nairobi et en Tanzanie avaient valu à Bin Laden une place bien en vue sur la liste américaine des « 10 most wanted » (les 10 personnages les plus recherchés). Après ces attentats, le président de l’époque, Bill Clinton, avait fait tirer des roquettes sur l’Afghanistan et de lourdes sanctions économiques avaient été imposées au pays. Les EU exigeaient la livraison d’Osama Bin Laden. Il n’existait pas d’accord d’extradition entre les EU et l’Afghanistan et, par conséquent, le gouvernement des talibans répondit à la demande américaine en trois points.

    Un. Si les EU peuvent prouver qu’Osama Bin Laden est responsable des attentats, ils doivent dans ce cas déposer ces preuves auprès de la Cour suprême de justice en Afghanistan. Si ces preuves sont réelles, Bin Laden sera châtié selon la charia islamique.

    Deux. Si la chose n’est pas acceptable pour les EU, du fait qu’ils ne reconnaissent pas l’État islamique de l’Afghanistan, ce dernier propose alors de désigner trois procureurs de trois pays islamiques et de le juger dans un quatrième pays islamique. L’Amérique pourra y plaider sa cause contre Bin Laden. Si celui-ci est déclaré coupable, il sera condamné pour ses actes criminels.

    Trois. Si cela aussi est inacceptable aux yeux des EU, l’Afghanistan promet alors de priver Bin Laden de tous les moyens le mettant en mesure d’avoir quelque portée à l’étranger et de lui permettre de ne mener qu’une simple existence de réfugié en Afghanistan.

    L’Amérique allait balayer de la main ces trois propositions et elle exigea la livraison inconditionnelle de Bin Laden. Il n’y eut même pas de contre-proposition de désigner un tiers pays qui aurait pu juger Bin Laden. Pas plus que l’option de la Cour internationale de justice à La Haye ne s’avéra acceptable pour les EU. Cette position américaine était inadmissible, pour les talibans. Ils déclarèrent à juste titre que cela signifierait que les EU auraient les coudées franches pour faire extrader n’importe qui dans le monde entier. Et que le point de vue des EU signifiait que, selon eux, il n’existait pas de justice dans le monde islamique et que ce dernier n’était pas en mesure de protéger les droits du peuple et de sanctionner les criminels.

    Après les attentats contre les ambassades, le ministère afghan des Affaires étrangères écrivit, dans une lettre adressée à l’ambassade des EU au Pakistan que « l’Afghanistan n’a pas l’intention d’infliger des torts aux EU, ni maintenant, ni non plus à l’avenir. Nous ne soutenons pas d’agression contre les EU sous quelque forme que ce soit et nous empêcherons également quiconque d’utiliser le territoire afghan en vue d’une telle agression. » Cela ne servit à rien.

    Puis il y eut les attentats de New York, le 11 septembre 2001

    Après les attentats de New York, les autorités afghanes organisèrent le plus vite possible une conférence de presse et elles condamnèrent les attentats dans un communiqué officiel : « Au nom de Dieu le bienfaisant et le miséricordieux, nous condamnons on ne peut plus sévèrement ce qui s’est passé aux EU contre le World Trade Center et le Pentagone. Nous partageons le deuil de tous ceux qui ont perdu des êtres chers lors de ces attentats. Tous ceux qui en sont responsables doivent être traînés devant la justice. Nous voulons que justice soit faite et nous demandons à l’Amérique d’être patiente et prudente dans les actions qu’elle a l’intention d’entreprendre. » En effet, les talibans avaient rapidement compris déjà qu’ils allaient de retrouver dans le collimateur des EU. Même si le principal dirigeant des talibans, le mollah Mohammad Omar, avait à l’époque un avis différent sur la question. Il estimait qu’il n’y avait que « 10 pour 100 de chances que les EU aillent plus loin que des menaces » et que « une attaque était improbable ». Et que l’Afghanistan, exactement comme en 1998, devait attendre des preuves contre Bien Laden pour entreprendre plus avant des actions contre lui.

    L’ambassadeur de l’Afghanistan au Pakistan adresse au nom de talibans une lettre à Bush et à la Maison-Blanche dans laquelle il expliquait à quel point la situation était dramatique dans le pays, après vingt ans de guerre incessante et de lutte interne. Et comment la population était confrontée à la faim, à la sécheresse et aux flux de réfugiés : « Nous avons tout perdu au cours de la guerre. Nous n’avons pas de pouvoir politique ou économique. Nous ne voulons plus combattre et nous ne disposons plus non plus de la force pour le faire. Nous demandons le dialogue, pas la guerre. »

    Rien n’y fit.

    L’opération « Enduring Freedom » (liberté immuable)
    Les EU ne voulaient absolument pas d’une action policière ou juridique en vue d’arrêter et de juger les auteurs des attentats de New York. Ils voulaient assouvir leur vengeance, et tout de suite, encore. Ils ne se contentaient plus de la seule extradition de Bin Laden, mais ils voulaient également un accès illimité à n’importe quel endroit de l’Afghanistan en vue de faciliter les opérations de recherche de l’armée américaine. De plus, le gouvernement taliban devait démissionner et une large coalition qui respectait les droits des citoyens et ceux des femmes devait reprendre le pouvoir.

    Le 7 octobre 2001, sous le nom de « Operation Enduring Freedom », une monstrueuse coalition dirigée par les EU envahit l’Afghanistan. Selon l’Otan, il s’agissait de « l’une des plus grandes coalitions de l’histoire, composée de 130 000 soldats en provenance de 50 pays, soit de l’Otan, soit alliés ».[3] Ce qui devait être une guerre éclair pour éliminer Al Qaida et renverser les talibans qui lui avaient prêté le couvert, allait se muer en une guerre longue de vingt ans.

    Une guerre que l’Otan, sous la direction des EU, pensait gagner grâce à sa supériorité technologique, en effectuant des bombardements massifs à l’aide d’avions et de drones, en s’enfermant dans des bases militaires coupées de la population et d’où elle lancerait ses attaques. Tout cela alla de pair avec des arrestations de masse et la torture des détenus dans la base militaire de Bagram, suivies de l’ouverture du camp de torture de Guantanamo, à Cuba, destiné à quelque huit cents musulmans afghans et internationaux accusés de terrorisme. Les talibans échappèrent en grande partie aux bombardements et aux arrestations en se repliant sur un territoire frontalier au Pakistan. En 2009, les EU obligèrent le Pakistan d’évacuer ce territoire et d’enfermer ainsi quelque 250 000 personnes dans des camps de réfugiés. Et c’est ce qui arriva, effectivement. Une mesure qui ne fit qu’accroître encore la haine parmi la population. Entre-temps, en Afghanistan, les vieux talibans qui s’étaient réfugiés au Pakistan au cours des vingt années écoulées avaient été renouvelés par de jeunes combattants, qui se déplaçaient parmi la population campagnarde comme des poissons dans l’eau. Ils opéraient comme une armée de guérilla, y compris en effectuant dans attentats meurtriers dans les villes aussi. Même s’il n’y a aucune comparaison entre les idéologies, écrivait Tariq Ali dans The Guardian en 2012, ils opéraient exactement comme les armées de guérilla vietnamienne, chinoise ou cubaine, de la même manière que Giap, Mao ou Che Guevara.

    Le coût humain et financier de la guerre fut horrible. Selon l’un des instituts de recherche sur la guerre, entre 218 000 et 241 000 personnes perdirent la vie en conséquence directe de ces 20 années de guerre.[4] Sept ans après le début de la guerre, Oxfam écrivit que les EU « avaient dépensé 65 000 dollars par minute pour vaincre les talibans ».[5] Le coût de la guerre allait s’élever à quelque 2 000 milliards de dollars. Et, pendant toutes ces années, 60 pour 100 de la population afghane des campagnes fut sans travail.

    Pas d’enquête sur les crimes des « porteurs de civilisation »

    Prenons quelques exemples venus de la province de Kunduz. Peu de temps après l’invasion américaine en 2001, les guerriers talibans se rendirent aux troupes américaines et au général Rashid Dostum.

    Ce dernier devint plus tard le premier vice-président de l’Afghanistan et, plus tard encore, maréchal de l’armée sous l’actuel président Ghani. Dostum fit alors enfermer les prisonniers talibans dans des containers métalliques. La majorité des 2 000 prisonniers étouffèrent et ceux qui avaient survécu furent abattus sans autre forme de procès.[6] Huit ans plus tard, à Kunduz également, les avions de la coalition larguèrent des bombes sur une foule de personnes qui transvasaient de l’essence de deux camions-citernes immobilisés près d’un passage de rivière. Au moins 142 civils furent brûlés vifs.[7] En 2015, toujours à Kunduz, un hôpital dirigé par Médecins sans frontières (MSF) fut complètement pulvérisé par des tirs en provenance d’un navire de guerre américain. Au moins 42 patients et membres du personnel médical perdirent la vie et de nombreuses autres personnes furent blessées.

    Le 11 mars 2012, le sergent américain Robert Bales massacra deux familles afghanes, 16 personnes en tout, dans les villages de Balandi et d’Alkozai dans le sud de l’Afghanistan. Après cela, il incendia les corps. Sumad Khan, un fermier afghan, perdit 11 membres de sa famille, dans cette tuerie : sa femme, quatre gamines de deux à six ans, quatre fils de huit à douze ans ainsi que deux proches parents.[8] Je ne connais pas les noms de ces enfants afghans. Et il est probable que nous ne les connaîtrons jamais.

    Pour rappel, la complicité belge

    Avant que la guerre ne commence, l’ambassadeur afghan au Pakistan s’était plaint de l’attitude arrogante de l’ambassadeur belge : « J’ai un bon contact avec tous les ambassadeurs », écrit-il. « Seuls, les ambassadeurs d’Allemagne et de Belgique sont impolis, brutaux et arrogants. Tous deux n’avaient que des préjugés à notre égard et la question des femmes était la seule chose dont ils voulaient discuter. » En 2008, après sept années de participation à la guerre en Afghanistan, la Belgique décida d’encore y accroître son engagement. À la Chambre des députés, le ministre de la Défense de l’époque, De Crem, répondit ce qui suit aux critiques prudentes des partis Écolo / Groen et des socialistes flamands : « Vous êtes isolés. Vous vous situez dans le camp d’Osama Bin Laden et de ses amis les poseurs de bombes et les violeurs. Vous êtes des alliés objectifs de ces poseurs de bombes et de ceux qui coupent les oreilles des filles lorsqu’elles veulent aller à l’école. Vos propos sont déraisonnables et sans respect pour les soldats belges qui sont présents là-bas. » Le 28 janvier 2011, on pouvait lire dans le quotidien Le Soir : « En trois ans, entre la période Flahaut (PS) et la période De Crem (CD&V), le nombre total de militaires belges en Afghanistan a augmenté, passant de 360 à 626. »

    Du 6 au 8 octobre 2013, sous la direction du ministre de la Défense et de quelques généraux, une délégation composée de membres des partis CD&V, CDH, MR, Open VLD, N-VA, Écolo / Groen, PS et Vlaams Belang rendait visite aux soldats belges en Afghanistan. Cette visite parlementaire se terminait par un discours d’un représentant du Vlaams Belang : « Le président de la Commission, Monsieur Filip De Man (Vlaams Belang) s’est adressé aux militaires belges au nom de toute la délégation. Il a exprimé son admiration pour le professionnalisme avec lequel les soldats exécutent leur mission et les a remerciés pour cette visite mémorable. Il a insisté sur le fait que, selon l’adage ‘une image en dit davantage que mille mots’, une visite aux troupes en opération est très enrichissante pour une profonde compréhension du contexte local. »[9]

    Au cours des mois et des jours qui ont précédé le retrait américain, tous les militaires européens encore présents ont quitté l’Afghanistan en toute discrétion, sur la pointe des pieds, pourrait-on dire. Associated Press (AP) a publié une liste d’un genre que nous ne sommes absolument pas habitués d’avoir sous les yeux. Cette liste est établie comme suit : « Ont quitté l’Afghanistan : l’Allemagne, la Pologne (33 000 Polonais y ont combattu au cours des 20 années écoulées), la Roumanie, l’Italie (53 soldats tués, 723 blessés), la Géorgie, la Norvège, le Danemark, l’Estonie et les Pays-Bas. L’Espagne s’en est allée le 13 mai, la Suède le 25 mai, la Belgique le 14 juin. De même, le Portugal, la Tchéquie, la Slovénie, la Finlande, l’Albanie, la Macédoine du Nord et le Luxembourg ont rappelé leurs petits contingents. »[10]

    Quel épilogue honteux pour une monstrueuse coalition constituée en vue d’une guerre criminelle !

    Notes

    [1] https://wikileaks.org/wiki/Afghan_War_Diary,_2004-2010

    [2] https://www.theguardian.com/commentisfree/2010/jul/30/no-secret-pakistan-taliban

    [3] https://www.nato.int/cps/en/natohq/topics_8189.htm

    [4] https://watson.brown.edu/costsofwar/figures/2021/human-and-budgetary-costs-date-us-war-afghanistan-2001-2021

    [5] https://www.thenewhumanitarian.org/feature/2008/02/27/poverty-pushing-youth-arms-taliban

    [6] https://economictimes.indiatimes.com/news/defence/warlord-abdul-rashid-dostum-back-in-the-fray-as-taliban-overwhelm-afghan-north/articleshow/8526930

    [7] https://www.wsws.org/en/articles/2021/08/10/pers-a10.html

    [8] https://kifkif.be/cnt/artikel/van-oslo-utoya-tot-toulouse-montauban-de-horror-van-de-oorlog-haalt-europa-2315

    [9] http://www.pieterdecrem.be/index.php

    [10] https://apnews.com/article/europe-afghanistan-health-coronavirus-pandemic-9c1c4f5732c032ba85865aab0338a7a3

    Luk Vervaet, De monsterlijke Taliban en wij.

    Article traduit du néerlandais par Jean-Marie Flemal

    Source: le blog de Luk Vervaet

  • Après Kaboul, Biden a-t-il déçu ses alliés européens?

    Après Kaboul, Biden a-t-il déçu ses alliés européens?

    Joe Biden, Etats-Unis, Union Européenne, UE, Afghanistan, OTAN, Talibans,

    Les alliés ont salué Biden. Kaboul a-t-il mis à nu la « grande illusion » ?

    BRUXELLES (AP) – Bien avant que le président américain Joe Biden n’entre en fonction au début de l’année, le responsable de la politique étrangère de l’Union européenne a chanté ses louanges et salué une nouvelle ère de coopération. La quasi-totalité des alliés occidentaux de Washington ont fait de même.

    Josep Borrell, de l’UE, était heureux de voir la fin de l’ère Trump, avec sa politique de l’Amérique d’abord, et parfois de l’Amérique seulement, enthousiasmé par l’affirmation de Biden selon laquelle il allait « diriger, non pas simplement par l’exemple de notre puissance, mais par la puissance de notre exemple. »

    L’effondrement de Kaboul dimanche, déclenché par la décision de Biden de se retirer de l’Afghanistan et une armée américaine incapable de contenir le chaos depuis, a certainement mis un terme à cela. Même certains de ses plus grands fans émettent désormais des critiques.

    M. Borrell en fait partie, cette fois-ci en raison de l’affirmation de M. Biden selon laquelle « notre mission en Afghanistan n’a jamais été censée être la construction d’une nation », dans le sillage des efforts déployés par l’Occident au cours des deux dernières décennies pour semer les graines de l’État de droit et assurer la protection des femmes et des minorités.

    « La construction de l’État n’était pas le but ? C’est discutable », a déclaré M. Borrell, dépité, à propos de la position de M. Biden, qui a été critiquée dans une grande partie de l’Europe.

    Et pour de nombreux Européens rompus à la diplomatie du soft power pour exporter les valeurs démocratiques occidentales, l’affirmation de M. Biden selon laquelle « notre seul intérêt national vital en Afghanistan reste aujourd’hui ce qu’il a toujours été : empêcher une attaque terroriste contre la patrie américaine » aurait pu être tirée d’un discours de M. Trump.

    Le président du Conseil de l’UE, Charles Michel, a souligné les différentes positions en déclarant dans un tweet jeudi que « les droits des Afghans, notamment des femmes et des filles, resteront notre principale préoccupation : tous les instruments de l’UE pour les soutenir doivent être utilisés ».

    La parlementaire française Nathalie Loiseau, ancienne ministre de l’Europe du président Emmanuel Macron, a exprimé plus crûment la déconnexion inattendue entre l’UE et Biden : « Nous avons un peu vécu la grande illusion », a-t-elle déclaré. « Nous pensions que l’Amérique était de retour, alors qu’en fait, l’Amérique se retire ».

    La situation n’était pas meilleure en Allemagne, où un membre éminent du bloc de l’Union de centre-droit de la chancelière allemande Angela Merkel, le gouverneur de Bavière Markus Soeder, a appelé Washington à fournir des fonds et un abri à ceux qui fuient l’Afghanistan, car « les États-Unis d’Amérique portent la principale responsabilité de la situation actuelle. »

    Même au Royaume-Uni, qui s’est toujours enorgueilli de sa « relation spéciale » avec Washington et qui, aujourd’hui plus que jamais, a besoin de la bonne volonté des États-Unis pour surmonter l’impact de sa sortie de l’UE, les critiques fusent de toutes parts.

    L’ancien chef de l’armée britannique Richard Dannatt a déclaré que « la manière et le moment de l’effondrement de l’Afghanistan sont le résultat direct de la décision du président Biden de retirer toutes les forces américaines d’Afghanistan avant le 20e anniversaire du 11 septembre ».

    « D’un seul coup, il a sapé le travail patient et minutieux des cinq, dix, quinze dernières années pour construire la gouvernance en Afghanistan, développer son économie, transformer sa société civile et renforcer ses forces de sécurité », a déclaré Dannatt mercredi au Parlement.

    « Le peuple avait un aperçu d’une vie meilleure – mais cela a été arraché ».

    Biden a pointé du doigt l’accord de l’administration Trump négocié avec les talibans 18 mois plus tôt à Doha, au Qatar, qui, selon lui, l’obligeait à retirer les troupes américaines, comme préparant le terrain pour le chaos qui engloutit maintenant le pays.

    Néanmoins, le fait que M. Biden rejette la plus grande partie de la responsabilité sur les forces afghanes qui ne protègent pas leur pays n’a pas non plus été bien accueilli par les alliés occidentaux.

    Le député conservateur Tom Tugendhat, qui a combattu en Afghanistan, a été l’un des nombreux législateurs britanniques à s’offusquer.

    « Voir leur commandant en chef remettre en question le courage des hommes avec lesquels j’ai combattu, prétendre qu’ils ont fui, c’est honteux », a déclaré Tugendhat.

    Chris Bryant, du parti travailliste d’opposition, a qualifié les remarques de Biden sur les soldats afghans de « commentaires parmi les plus honteux jamais tenus par un président américain. »

    À Prague cette semaine, le président tchèque Milos Zeman a déclaré qu’ »en se retirant d’Afghanistan, les Américains ont perdu leur statut de leader mondial. »

    Mais malgré toutes les critiques, il est impossible de se passer des États-Unis sur la scène mondiale. L’Amérique reste vitale pour les alliés occidentaux dans toute une série d’autres dossiers, notamment celui de l’action contre le réchauffement climatique.

    Après les catastrophes climatiques qui ont frappé une grande partie de la planète cette année, l’Union européenne comptera beaucoup sur M. Biden pour prendre des mesures efficaces lors de la conférence mondiale COP26 qui se tiendra en novembre à Glasgow, en Écosse, afin d’accélérer la lutte contre le réchauffement climatique.

    L’Europe et Washington ont également suffisamment de désaccords commerciaux à régler pour se rendre compte que, malgré la débâcle de l’Afghanistan, il y a beaucoup plus de choses qui les unissent que de choses qui les divisent. La puissance et l’aide américaines restent nécessaires, même en Afghanistan.

    Avant la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN de vendredi, certains pays de l’Alliance ont reconnu qu’ils allaient plaider auprès de Washington pour qu’il reste en Afghanistan encore plus longtemps qu’il ne le faudrait pour ramener tous les citoyens américains chez eux, voulant s’assurer que leurs ressortissants en sortent aussi.

    « Nous, ainsi qu’un certain nombre d’autres pays, allons demander aux Américains de rester aussi longtemps que possible, voire plus longtemps que nécessaire », a déclaré Sigrid Kaag, ministre néerlandaise des Affaires étrangères.

    Associated press, 19/08/2021

  • Face au surarmement du Maroc, l’Espagne compte sur l’OTAN

    Maroc, Espagne, Ceuta, Melilla, OTAN, #Maroc, #OTAN, #Ceuta, #Melilla

    La défense exclut de modifier sa stratégie à Ceuta et Melilla après le réarmement du Maroc
    Le gouvernement fait valoir à cet égard que l’Espagne n’est pas seule, mais que sa politique de défense est ancrée dans l’Union européenne et l’OTA.

    Le ministère de la défense a exclu de modifier sa stratégie à l’égard des villes autonomes de Ceuta et Melilla après avoir appris le réarmement que le Maroc est en train de réaliser avec l’achat de matériel militaire à la Turquie. Le gouvernement central fait valoir que l’Espagne n’est pas seule, mais que sa politique de défense est ancrée à la fois dans l’Union européenne et dans l’OTAN.

    Il a récemment été publié que le pays voisin négocie avec la Turquie l’achat de 22 hélicoptères d’attaque d’une valeur de 1,3 milliard d’euros, ainsi que de 12 drones turcs pour surveiller les deux frontières sud de Ceuta et Melilla. Auparavant, un rapport intitulé « Le Maroc, le détroit de Gibraltar et la menace militaire pour l’Espagne », publié par l’Institut pour la sécurité et la culture, mettait en garde contre l’ambitieux programme d’armement du Maroc de ces dernières années, qui prévoit l’acquisition d’équipements militaires d’une valeur de plus de 20 milliards de dollars.

    Cependant, la ministre de la Défense, Margarita Robles, considère qu’il s’agit d’une « affaire interne au Maroc ». Interrogée par Europa Press pour savoir si elle envisage de modifier la stratégie de défense à Ceuta et Melilla en raison du réarmement effectué par le Maroc, elle assure qu’elle a le plus grand respect pour le pays voisin. Cependant, elle a déclaré qu’il n’y a aucun doute sur l’espagnolité des deux villes autonomes de Ceuta et Melilla, qui, assure-t-elle, sont aussi espagnoles que n’importe quelle autre ville d’Espagne. « Je me sens très Ceutí et Melilla », s’exclame-t-il.

    En tout cas, M. Robles tient à préciser que la politique de défense de l’Espagne s’inscrit dans le cadre de l’Union européenne et de l’OTAN, et qu’elle effectue des missions avec les casques bleus et les Nations unies. Le Maroc n’appartient ni à l’UE ni à l’OTAN ».

    Source : El Faro de Ceuta, 10/08/2021

  • Affaire Pegasus et Sahara Occidental, symptômes d’une crise géostratégique au sein de l’OTAN

    1) « Au commencement était un tweet »

    Courant décembre dernier, un tweet du président sortant, Donald Trump, annonçait la reconnaissance d’une prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental en échange de la normalisation du royaume avec l’entité sioniste.

    Les réactions ne se firent pas attendre. A commencer par la 1ère puissance européenne.

    L’Allemagne avait, par la voix de son ambassadeur à l’ONU, Christoph Heusgen, déclaré son attachement à une solution conforme aux dispositions du conseil de sécurité et aux intérêts de toutes les parties de la région.

    Il y a peu, l’Espagne boudait l’exercice de l’OTAN, African Lions, qui se déroulait à nos frontières, au motif que certaines opérations incluaient des territoires du Sahara Occidental occupé. Ce qui, toutefois, fut formellement démenti par la partie américaine.

    Nous laisserons, au passage, à l’appréciation du lecteur, les réels objectifs de ces exercices, dont il en aura également un aperçu dans sa version orientale en Mer Noire.

    Pourquoi donc, sont-ce précisément les voix de ces 2 membres de l’UE qui se sont élevées et qui ont exprimé leur plus vive opposition ? Et pourquoi leur position vis à vis de la question sahraoui tend-elle à converger avec celle de l’Algérie?

    2) Comme une odeur de gaz

    Faut-il considérer comme l’effet d’un pur hasard le choix de l’Allemagne comme destination du président Tebboune pour des soins suite à sa contamination au covid ?

    N’y a-t-il été en effet question que bilans de santé du président et n’en a-t-on pas profité pour discuter d’autres diagnostics ? Gardons un instant à l’esprit l’orientation stratégique de l’Allemagne vers l’hydrogène issu du gaz naturel comme principale source d’énergie.

    Autre fait remarquable, le rôle de premier plan joué par l’Algérie dans le dossier libyen à la conférence de Berlin et à laquelle le Maroc avait été royalement ignoré.

    Quant au Mali, où l’accord d’Alger est à la base de toutes discussions pour parvenir à une paix durable, le rôle central de l’Algérie n’est plus à démontrer. A noter l’immense potentiel gazier découvert dans le nord du pays en 2010, soit peu avant l’arrivée de « jihadistes » en 2011…dans le nord du pays.

    Pour ce qui est de l’Espagne, 1er client du gaz algérien, il n’est fait secret pour personne de leur étroite relation dans ce domaine avec notre pays. De même, du reste, que l’Italie.

    Suite à l’affaire Pegasus, la réaction de la France, confinée dans un silence gêné jusqu’ici, traduit un mouvement d’humeur vis à vis de son protectorat et sans doute sonne comme un rappel à l’ordre dans ce qui lui semble une volonté ou du moins une tentative de lui échapper pour les faveurs d’un autre protecteur.

    Nous évoquerons au passage la découverte d’un important gisement offshore que partagent l’Algérie et la Tunisie. Cette dernière est également partie de la stratégie énergétique européenne, ne serait-ce qu’au regard des gazoducs passant par son territoire.

    Ce qui explique sans doute les problèmes politiques, sociaux et économiques qu’elle rencontre.

    Ainsi pour résumer, l’on pourra faire le constat suivant qui se vérifiera infailliblement : les troubles, les conflits que connaissent tous les pays déstabilisés ont la fâcheuse manie de surgir aussitôt que l’on découvre des réserves de pétrole ou de gaz.

    3) Le Nigal

    D’aucuns s’étonnent des gesticulations intempestives du makhzen, qu’ils jugent désordonnées, absurdes.

    Ils considèrent le tweet de Trump comme une initiative personnelle, en somme une énième bourde d’un « illuminé » ignorant des usages diplomatiques.

    Or il nous semble que ce fameux tweet n’est en réalité que l’affirmation, la divulgation au grand jour de la guerre du gaz que livre l’Uncle Sam (ou plutôt la faction actuellement aux commandes de l’état profond) aux pays producteurs pour imposer son monopole dans la distribution de cette énergie.

    Nous en avons vu les effets dans le conflit syrien où se sont opposés 2 projets de gazoducs rivaux, l’un porté par l’Iran et l’autre soutenu par le Qatar et l’OTAN. Bachar eut le tort, selon les impérialistes atlantistes, de privilégier la solution iranienne.

    Les faucons étasuniens semblent projeter 2 scénarii pour le cas algérien :

    – soit une redite de la guerre Iran-Irak, avec pour protagonistes l’Algérie et le Maroc. L’armement octroyé par le pentagone à ce dernier a drastiquement augmenté dernièrement.

    – soit une répétition de la guerre civile syrienne.

    Ainsi, se dessine aux portes de l’Algérie, qui se trouve au cœur de cet enjeu géostratégique dans cette partie du monde, une configuration similaire au cas syrien : deux projets de gazoduc antagonistes. L’un prévu de longue date, le Nigal, livrant à l’Europe le gaz du Golfe de Guinée (riche en gaz mais connaissant une instabilité du fait notamment de l’intervention des puissances étrangères) et passant par le Niger et l’Algérie et le second longeant et traversant une dizaine de pays africains par la côte ouest dont le Maroc pour alimenter l’UE.

    Le Maroc, dans la vision du Pentagone, est un pion destiné à renforcer la suprématie étasunienne. Grisé de s’entendre promu au rang « d’allié stratégique » et flatté de se voir intégré dans ce plan américano-sioniste de domination mondiale, il croit avoir acquis un « totem d’immunité » dans ce jeu des grandes puissances.

    Il ose désormais afficher officiellement des positions et des déclarations allant à l’encontre des principes des nations unies, et de sa propre population, allant jusqu’à blesser ses sentiments religieux. Il se sent donc libre de faire publiquement son coming-out.

    Que le royaume prenne garde toutefois de ne pas oublier le sort réservé par l’oncle Sam à ses « alliés » ou « amis » d’un moment et le peu de cas qu’il accorde à ses pactes et à ses accords au gré de ses intérêts. Le cas de Sadam Hussein, pour ne prendre que celui-ci, en est à cet égard un exemple édifiant.

    4) L’Histoire se répète-t-elle sous nos yeux ?

    Bon nombre d’analystes s’inquiètent des multiples tensions et conflits de par le monde, qui n’attendent qu’une étincelle pour finir en conflagration mondiale.

    Et le contexte actuel n’est pas sans rappeler la situation qui prévalait à la veille de la 1ère guerre mondiale, dont l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand a constitué le détonateur.

    C’est ainsi que l’Allemagne et la Turquie (l’Empire Ottoman en ce temps) conclurent un accord pour la construction d’une ligne de chemin de fer Berlin-Baghdad (le fameux Bagdadbahn) financé par la Deutsche Bank et dont le tracé coïncidait avec les champs pétroliers de la région.

    Ainsi le gouvernement allemand, s’étant auparavant immiscé dans le capital de la Turkish Petroleum Company en acquérant 24% des parts, entrait de facto en conflit avec la France et l’Angleterre dans une région qui constituait leur sphère d’influence.

    L’Empire Ottoman céda un moment à la suite de pressions exercées par l’Angleterre qui envoya des bâtiments de guerre au large de la Turquie, plaçant cette dernière sous la menace de leurs bombardements (manœuvred’une extrême gravité qui constituait en soi une déclaration de guerre).

    Les travaux reprirent toutefois, ce qui déclencha, nous en sommes convaincus, la 1ère guerre mondiale, qui opposait les principaux protagonistes avec d’un côté le tandem franco-anglais et de l’autre l’alliance turco-allemande.

    Plus près de nous, la crise de Tanger en 1905 et d’Agadir en 1911 avaient cristallisé les tensions entre puissances impérialistes (France, Espagne, GB et Allemagne) dans cette partie de la région, objet de convoitises. Puis durant la 2ème guerre mondiale, les troupes américaines débarquaient à Casablanca et Marrakech entre autres pour prendre à revers et en étau les forces de l’axe. Ils décident d’y demeurer encore pour « endiguer l’expansion soviétique ».

    Aujourd’hui, se retrouvent à nos portes quasiment les mêmes acteurs avec les mêmes objectifs : le contrôle du gaz et de sa distribution.

    5) Quelle perspective pour l’Algérie ?

    Une situation qui semble à priori menaçante pourrait toutefois constituer une opportunité pour l’Algérie.

    Ainsi de par sa position géographique privilégiée, ses infrastructures gazières existantes, l’Algérie est à même de s’imposer naturellement comme le partenaire logique et évident de la stratégie énergétique européenne.

    Par ailleurs sa neutralité et son attachement au principe de non-ingérencedans les affaires internes, maintes fois (ré)affirmés, privilégiant les solutions politiques, diplomatiques et économiques en font un pays exportateur de paix dans la région et un acteur crédible et sûr, dont la constance ne s’est jamais démentie au cours de son histoire.

    En outre les principaux partenaires européens sont conscients de la non viabilité, de l’inefficience du Gazoduc ouest-africain, qui, plus est, contribuerait à accroître la domination et l’emprise des USA dans un secteur vital comme celui de l’énergie.

    Les Européens qui sont déjà sous la coupe des USA dans le domaine militaire via l’OTAN, voient en effet d’un mauvais œil l’étau étasunien se resserrer autour d’eux au prétexte de la lutte contre l’ogre russe et le dragon chinois, notamment dans le blocage du projet Northstream et en Afrique du Nord dans le verrouillage et le sabotage du projet Nigal. Nous suggérons à l’occasion l’idée de participer au Northstream car ce dernier aboutira vu son importance pour la patience européenne, en premier chef l’Allemagne qui ne ménagera aucun effort pour que ce projet aboutisse.

    L’Europe a donc, on le voit, tout intérêt à s’associer à l’Algérie pour sa sécurité énergétique, un pays reconnu comme un médiateur crédible, susceptible non seulement de prévenir une 3ème guerre mondiale qui gronde à nos portes mais également de contribuer à l’avènement d’un monde apaisé, inaugurant un nouvel âge d’or des relations internationales.

    Miloud Boumaza

    La Patrie News, 02/08/2021

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Pegasus, espionnage, Etats-Unis, Union Européenne, UE, Allemagne, gaz, OTAN,

  • Le PP exige que Ceuta et Melilla soient défendues par l’OTAN

    M. Casado demande que Ceuta et Melilla soient « sous le parapluie de l’OTAN ».

    Trois mille Marocains qui ont pris d’assaut la frontière sont rentrés chez eux

    Le président du PP, Pablo Casado, a demandé hier que les deux villes espagnoles de Ceuta et Melilla soient « sous le parapluie de l’OTAN », l’organisation politique et militaire internationale dont le but est de garantir la liberté et la sécurité de ses États membres. Lors de sa huitième visite à Melilla depuis qu’il est président du PP, Pablo Casado a demandé au gouvernement espagnol de demander à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord « d’inclure Ceuta et Melilla dans son parapluie » afin que « dans tout autre différend avec un pays tiers, l’Espagne et ses alliés défendent les deux villes ».

    De même, le chef du principal parti d’opposition s’est engagé à mettre en œuvre, dès son entrée en fonction, le plan stratégique pour Ceuta et Melilla, qui « prévoit une plus grande présence de l’État, un renforcement des frontières, une plus grande offre sociale et un régime fiscal et économique spécial avec un traitement européen en tant que région ultrapériphérique », selon Europa Press.

    À cet égard, il a souligné que « nous demandons clairement que Ceuta et Melilla soient considérées comme des régions ultrapériphériques au niveau européen, comme certaines îles d’outre-mer dans d’autres pays ou comme certains archipels, comme dans le cas des îles Canaries ».

    Il a également souligné que « Ceuta et Melilla ont besoin d’un régime économique et fiscal spécial pour attirer la délocalisation des entreprises et des jeux d’argent en ligne, ainsi que la délocalisation des personnes qui peuvent désormais télétravailler ».

    M. Casado, s’adressant aux journalistes, a expliqué que ces mesures sont incluses dans le plan stratégique susmentionné qui a été signé à Malaga par les présidents PP des deux villes autonomes, Juan José Imbroda et Juan Vivas, respectivement.

    L’un des axes fait référence au traitement européen de Melilla et Ceuta, pour lequel le PP souhaite que l’exception des deux villes dans Schengen soit supprimée afin que la lutte contre l’immigration irrégulière « devienne une politique éminemment européenne, non seulement parce que l’Espagne est l’Europe et que Ceuta et Melilla sont l’Espagne, mais aussi parce qu’il s’agit d’un territoire Schengen ».

    Retour au Maroc

    La déléguée du gouvernement à Ceuta, Salvadora Mateos, a déclaré hier que, depuis l’afflux massif de migrants dans la ville autonome, quelque 3 000 Marocains sont déjà rentrés volontairement, dont beaucoup ont été renvoyés, rapporte Efe.

    Dans ses déclarations aux journalistes, Mateos a évoqué la présence de migrants marocains toujours dans les rues de la ville, deux mois après l’entrée massive par la digue frontalière les 17 et 18 mai. « Chaque jour, une cinquantaine de Marocains quittent volontairement la ville pour retourner dans leur pays, et le nombre de ceux qui sont rentrés est déjà d’environ 3 000 », a-t-il déclaré.

    La Voz de Galicia, 14/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, Melilla, OTAN, PP, Schengen, migration,

  • Exercices African Lion : l’Algérie dans le collimateur ?

    Exercices américains sans précédent en Afrique du nord: l’Algérie dans le collimateur ?

    L’Algérie serait visée par des manœuvres militaires sans précédent réalisées par les forces américaines, a indiqué Military Watch, le magazine spécialisé dans l’actualité militaire.

    Dans un article publié le 11 juin, il souligne que les exercices menés par les États-Unis et baptisés African Lion 2021 en Afrique du Nord comportent des indications inédites en termes d’objectifs et de portées.

    Ayant commencé le 7 juin et s’étant terminées le 18 juin, ces manœuvres étaient « au centre de l’intérêt » pour plusieurs raisons, car leur portée était « sans précédent et comprenait de nouveaux types de cibles qui simulent la mise en œuvre d’une guerre par les Etats-Unis et leurs alliés », estime le média.

    Il rapporte, citant une source que ces exercices interviennent après « une décennie d’expansion de la présence militaire américaine sur le continent africain, laquelle avait commencé lorsque les USA ont mené une campagne militaire pour démanteler le pouvoir libyen en 2011 avec le soutien européen ».

    La source a noté que ces exercices « simulent remarquablement des attaques contre deux pays imaginaires Rouane et Nihon, tous deux situés sur le territoire de l’Algérie ».

    Le magazine considère que l’accent est mis sur l’Algérie non seulement parce qu’elle est « la première puissance militaire de la région et qu’elle est toujours en dehors de la sphère d’influence du monde occidental, mais aussi en raison des types d’armes auxquelles les participants aux exercices African Lion se sont appliqués dans leur simulation de riposte à une attaque, à savoir les S-400 de longue portée et les systèmes de missiles aériens ».

    « L’Algérie est le seul opérateur du système S-400 sur le continent africain, et elle déploie également les anciens systèmes S-300 et plusieurs systèmes à plus courte portée tels que Pantsir et Bock » fait remarquer Military Watch.
    De plus elle est depuis 2013 « le seul importateur d’armes russes parmi les pays arabo-africains ».

    Selon l’article, « l’Algérie a intensifié ses efforts pour moderniser ses défenses depuis début 2010 en raison du sort de son voisin libyen ».
    « L’Égypte aurait elle aussi après 2013 mis l’accent sur l’acquisition d’armes de défense aérienne russes en réponse à l’attaque contre la Libye », lit-on dans l’article.

    Le magazine cite une déclaration faite par le fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Saif al-Islam, pendant la guerre de 2011, lorsque son pays était sous les bombardements. Il affirme que la guerre en Libye est « la preuve que les pays qui ont des relations apparemment positives avec les puissances occidentales peuvent être attaqués soudainement si c’est dans l’intérêt de l’Occident ».

    Selon la source, l’armée de l’air algérienne a commencé à partir de cette date à moderniser ses avions et à en acheter de nouveaux à la Russie, mais elle souffre d’une pénurie d’avions de reconnaissance et d’alerte précoce.

    Selon l’article, l’Algérie présente un « énorme défi » à tout attaquant potentiel, car son réseau de défense aérienne est « bien plus performant » que n’importe quel réseau de défense aérienne auquel les États-Unis ont été confrontés depuis la guerre de Corée.

    Source: Al Manar, 21 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Military Watch, Libye, Syrie, Kadhafi, OTAN, Occident, Russie, armée,