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  • Général : L’ouverture de la Chine sur l’Afrique représente une menace depuis l’Atlantique

    Général : L’ouverture de la Chine sur l’Afrique représente une menace depuis l’Atlantique

    WASHINGTON (AP) – Le général américain le plus haut placé pour l’Afrique prévient qu’une menace croissante de la Chine pourrait venir non seulement des eaux du Pacifique mais aussi de l’Atlantique.

    Le général américain Stephen Townsend, dans une interview accordée à l’Associated Press, a déclaré que Pékin cherche à établir un grand port naval capable d’accueillir des sous-marins ou des porte-avions sur la côte ouest de l’Afrique. Townsend a déclaré que la Chine a approché des pays allant de la Mauritanie au sud de la Namibie, avec l’intention d’établir une installation navale. Si elle se concrétise, cette perspective permettrait à la Chine de baser les navires de guerre de sa marine en expansion dans les océans Atlantique et Pacifique.

    « Ils recherchent un endroit où ils peuvent réarmer et réparer des navires de guerre. Cela devient militairement utile en cas de conflit », a déclaré M. Townsend, qui dirige l’U.S. Africa Command. « Ils ont fait un bon bout de chemin pour établir cela à Djibouti. Maintenant, ils jettent leur regard vers la côte atlantique et veulent y installer une telle base. »

    Les avertissements de M. Townsend surviennent alors que le Pentagone délaisse les guerres antiterroristes des deux dernières décennies pour se concentrer sur la région indo-pacifique et les menaces des grandes puissances adverses comme la Chine et la Russie. L’administration Biden considère l’influence économique et la puissance militaire en rapide expansion de la Chine comme le principal défi à long terme pour la sécurité des États-Unis.

    Les commandants militaires américains du monde entier, dont plusieurs risquent de perdre des troupes et des ressources pour soutenir la croissance dans le Pacifique, avertissent que l’affirmation croissante de la Chine ne se produit pas seulement en Asie. Ils font valoir que Pékin affirme de manière agressive son influence économique sur des pays d’Afrique, d’Amérique du Sud et du Moyen-Orient, et qu’elle cherche à y établir des bases et à y prendre pied.

    « Les Chinois sont en train de déjouer les plans des États-Unis dans certains pays d’Afrique », a déclaré M. Townsend. « Les projets portuaires, les efforts économiques, les infrastructures et leurs accords et contrats conduiront à un plus grand accès dans le futur. Ils couvrent leurs paris et font de gros paris sur l’Afrique. »

    La première base navale chinoise à l’étranger a été construite il y a plusieurs années à Djibouti, dans la Corne de l’Afrique, et elle augmente régulièrement sa capacité. Selon M. Townsend, la base compte jusqu’à 2 000 militaires, dont des centaines de Marines chargés de la sécurité.

    « Ils ont des armes et des munitions, c’est certain. Ils ont des véhicules de combat blindés. Nous pensons qu’ils vont bientôt y baser des hélicoptères, y compris des hélicoptères d’attaque », a déclaré M. Townsend.

    Pendant un certain temps, beaucoup ont pensé que la Chine travaillait à l’établissement d’une base navale en Tanzanie, un pays situé sur la côte orientale de l’Afrique, qui entretient depuis longtemps des relations militaires solides avec Pékin. Mais M. Townsend a déclaré qu’il semble qu’aucune décision n’ait encore été prise à ce sujet.

    Il a ajouté que si la Chine a fait de gros efforts pour obtenir une base en Tanzanie, ce n’est pas l’endroit qui l’inquiète le plus.

    « C’est du côté de l’océan Indien », a-t-il déclaré. « Je veux qu’elle soit en Tanzanie plutôt que sur la côte atlantique. La côte atlantique me préoccupe beaucoup », a-t-il ajouté, soulignant la distance relativement courte entre la côte ouest de l’Afrique et les États-Unis. En milles nautiques, une base sur la côte atlantique nord de l’Afrique pourrait être beaucoup plus proche des États-Unis que les installations militaires en Chine ne le sont de la côte ouest de l’Amérique.

    Plus précisément, d’autres responsables américains affirment que les Chinois envisagent de construire un port dans le golfe de Guinée.

    Le rapport 2020 du ministère de la défense sur la puissance militaire chinoise indique que la Chine a probablement envisagé d’ajouter des installations militaires pour soutenir ses forces navales, aériennes et terrestres en Angola, entre autres. Il note également que les grandes quantités de pétrole et de gaz naturel liquéfié importées d’Afrique et du Moyen-Orient font de ces régions une priorité pour la Chine au cours des 15 prochaines années.

    Henry Tugendhat, analyste politique senior à l’Institut américain pour la paix, a déclaré que la Chine avait de nombreux intérêts économiques sur la côte ouest de l’Afrique, notamment la pêche et le pétrole. La Chine a également contribué au financement et à la construction d’un grand port commercial au Cameroun.

    Selon lui, tout effort de Pékin pour obtenir un port naval sur la côte atlantique constituerait une expansion de la présence militaire de la Chine. Mais le désir d’accès à l’océan, a-t-il dit, pourrait être principalement motivé par des gains économiques, plutôt que par des capacités militaires.

    M. Townsend et d’autres commandants militaires régionaux ont exposé leurs préoccupations à l’égard de la Chine lors de récentes audiences du Congrès. Lui, ainsi que l’amiral Craig Faller, chef de l’U.S. Southern Command, et le général Frank McKenzie, chef de l’U.S. Central Command, se battent pour conserver leurs forces militaires, leurs avions et leurs moyens de surveillance alors que le Pentagone continue à examiner le passage à la concurrence entre grandes puissances.

    Le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, procède actuellement à un examen de la posture mondiale afin de déterminer si la puissance militaire américaine est positionnée là où elle doit l’être, et en nombre suffisant, dans le monde entier pour maintenir au mieux la domination mondiale. Cet examen devrait être terminé à la fin de l’été.

    Associated Press, 06 mai 2021

    Etiquettes : Chine, Afrique, OTAN,

  • Joe Biden reconnaît le génocide arménien, la Turquie convoque l’ambassadeur américain

    Le président turc Recep Tayyip Erdogan a immédiatement réagi en dénonçant « la politisation par des tiers » de ce débat, dans un message adressé au patriarche arménien à Istanbul.
    Joe Biden a reconnu samedi le génocide arménien, devenant le premier président des Etats-Unis à qualifier ainsi la mort d’un million et demi d’Arméniens massacrés par l’Empire ottoman en 1915, suscitant la colère de la Turquie.

    Son homologue turc Recep Tayyip Erdogan a immédiatement réagi en dénonçant « la politisation par des tiers » de ce débat, dans un message adressé au patriarche arménien à Istanbul.

    Le ministre turc des Affaires étrangères a convoqué samedi l’ambassadeur américain pour protester, a rapporté l’agence de presse d’État Anadolu.

    La Turquie n’a « de leçons à recevoir de personne sur son histoire », avait-il auparavant déclaré.

    L’Arménie salue « une mesure très forte »

    Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a de son côté salué une « mesure très forte envers la justice et la vérité historique » dans un message sur Facebook.

    Le génocide arménien est reconnu par plus de vingt pays et par de nombreux historiens mais il est vigoureusement contesté par la Turquie.

    « Les Américains honorent tous les Arméniens ayant péri dans le génocide qui a commencé il y a 106 ans aujourd’hui », a écrit Joe Biden dans un communiqué. « Nous affirmons l’histoire. Nous ne faisons pas cela pour accabler quiconque mais pour nous assurer que ce qui s’est passé ne se répètera jamais », a-t-il ajouté.
    Le président démocrate, qui avait promis pendant sa campagne électorale de prendre l’initiative sur ce dossier, a informé vendredi de sa décision son homologue turc dans une conversation téléphonique.

    Les deux dirigeants sont convenus de se rencontrer en juin en marge du sommet de l’Otan à Bruxelles.

    Au téléphone avec le chef de l’État turc, le locataire de la Maison Blanche a exprimé sa volonté de bâtir une « relation bilatérale constructive », selon le bref compte-rendu américain qui évoque la nécessité d’une « gestion efficace des désaccords ».

    « Honorer les victimes »

    Il s’agit d’ »honorer les victimes, pas d’accabler qui que ce soit », a insisté une responsable américaine, sous couvert de l’anonymat. « Nous continuons de considérer la Turquie comme un allié crucial au sein de l’Otan », a-t-elle ajouté.

    Sans citer explicitement les États-Unis, le président turc avait dès jeudi adressé une mise en garde à peine voilée à Washington.

    Au cours d’une réunion avec des conseillers, il a prévenu qu’il continuerait à « défendre la vérité contre ceux qui soutiennent le mensonge du soi-disant ‘génocide arménien’ (…) à des fins politiques ».

    Malgré des années de pressions de la communauté arménienne aux États-Unis, aucun président américain ne s’était jusqu’ici risqué à fâcher Ankara.

    Le Congrès américain a reconnu le génocide arménien en décembre 2019 à l’occasion d’un vote symbolique, mais Donald Trump, qui entretenait d’assez bonnes relations avec Recep Tayyip Erdogan, avait refusé d’utiliser ce mot, parlant seulement d’ »une des pires atrocités de masse du XXe siècle ».

    Commémoration du génocide chaque 24 avril

    Les Arméniens estiment qu’un million et demi des leurs ont été tués de manière systématique pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de l’Empire ottoman, alors allié à l’Allemagne et à l’Autriche-Hongrie. Ils commémorent ce génocide chaque année le 24 avril.

    La Turquie, issue du démantèlement de l’empire en 1920, reconnaît des massacres mais récuse le terme de génocide, évoquant une guerre civile en Anatolie, doublée d’une famine, dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.

    C.M. avec AFP

    BFMTV, 25 avr 2021

    Etiquettes : Turquie, Arménie, Joe Biden Etats-Unis, génocide, Première Guerre Mondiale, Tayyip Erdogan, OTAN, NATO,

  • Turquie : Erdogan aux prises avec la quadrature du cercle

    Mohamed Habili

    Dans le monde d’aujourd’hui, un pays isolé est un pays bientôt attaqué. Le meilleur exemple reste la Libye de Kadhafi, qui n’a trouvé personne en 2011 pour prendre place à ses côtés lorsque l’agression franco-britannique allait s’abattre sur elle. Son isolement au plan international l’avait condamnée. Même les pays les plus puissants militairement et économiquement, de ce fait capables de se défendre, n’ont quand même rien à gagner, rien que des coups, à se trouver isolés, c’est-à-dire sans alliés.

    Un pays, quel qu’il soit, a un besoin vital d’alliés sûrs, en premier lieu dans son environnement immédiat, dont ses agresseurs potentiels sauraient par avance qu’ils s’interposeraient. C’est parce que la Turquie sous Erdogan a réussi à n’avoir que des ennemis à l’est de la Méditerranée qu’elle s’est résolue finalement à se tourner vers l’Egypte, le pays avec lequel elle s’entend le moins dans la région, mais duquel elle se sent suffisamment proche à bien des égards pour faire taire ses préventions à son endroit. Pour le président turc, et sans doute aussi pour une bonne partie de l’opinion turque, il vaut toujours mieux se réconcilier avec un pays musulman, de surcroit un temps sujet de l’empire ottoman, que se retrouver entourés d’Etats qui ne pensent qu’à leur nuire.

    Ce dont la Turquie se sent aujourd’hui menacée, certes ce n’est pas d’une agression militaire comme ce fut le cas il y a maintenant une décennie pour la Libye, mais d’un partage des ressources énergétiques en mer qui se ferait à ses dépens. Cette menace est d’autant plus réelle qu’elle s’est déjà aliénée les Européens, et en premier lieu la France, avec laquelle les relations ne sont pas loin de se rompre. Entre elles deux, on peut dire que c’est déjà l’animosité déclarée. Il suffirait de pas grand-chose pour que leurs rapports s’aigrissent tout à fait, ce qui du reste avait failli se produire en Méditerranée entre deux de leurs navires de guerre, il y a de cela quelques mois.

    La France n’est pas à l’est de la Méditerranée, mais elle y compte des amis, comme il se doit hostiles à la Turquie. De là le désir de la Turquie de réconciliation avec l’Egypte, d’autant plus grand qu’elle ne voit chez cette dernière aucune envie de la déposséder de ce qui lui revient de droit en Méditerranée. Donald Trump a dit de Recep Tayyip Erdogan qu’il était un joueur d’échec de niveau mondial. Si le compliment est mérité ou objectif, c’est le moment pour Erdogan d’avancer ses pièces de façon à consolider ses positions sur tous les points de tension en Méditerranée. Il lui faut tout à la fois renouer avec l’Egypte, conserver son influence en Libye, et maintenir son leadership sur l’ensemble des courants islamistes dans le monde arabe et musulman, le tout bien sûr sans devoir rien perdre de sa part d’hydrocarbures en Méditerranée.

    Cela semble la quadrature du cercle. Mais un manœuvrier de niveau mondial comme lui devrait pouvoir tirer son épingle dans chacune de ces directions. Sur invitation de l’Egypte à ce qu’il semble, une délégation turque se rendra au Caire au début du mois prochain pour faire avancer le dossier de la normalisation. Cette délégation ne sera pas conduite par le ministre turc des Affaires étrangères. Le rapprochement n’en est pas encore à ce point en effet. N’empêche, les Turcs ont annoncé la nouvelle comme si c’était lui en personne qui avait été mandé par le Caire. D’ailleurs, c’est lui qui le premier en a parlé.

    Le Jour d’Algérie, 16 avr 2021

    Etiquettes : Turquie, Tayyip Erdogan, OTAN, France, Méditerranée,

  • Le Canada annule les permis d’exportation pour la technologie des drones en Turquie, dénonce Ankara

    OTTAWA (Reuters) – Le Canada a annulé lundi les permis d’exportation pour la technologie des drones vers la Turquie après avoir conclu que l’équipement avait été utilisé par les forces azéries combattant l’Arménie dans l’enclave du Haut-Karabakh, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Marc Garneau.

    La Turquie, qui comme le Canada est membre de l’OTAN, est un allié clé de l’Azerbaïdjan, dont les forces ont gagné du territoire dans l’enclave après six semaines de combats.

    «Cette utilisation n’était pas conforme à la politique étrangère canadienne, ni aux assurances d’utilisation finale données par la Turquie», a déclaré Garneau dans un communiqué, ajoutant qu’il avait fait part de ses préoccupations au ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu plus tôt dans la journée.

    Ottawa a suspendu les permis en octobre dernier afin de pouvoir examiner les allégations selon lesquelles les drones azéris utilisés dans le conflit avaient été équipés de systèmes d’imagerie et de ciblage fabriqués par L3Harris Wescam, l’unité canadienne de L3Harris Technologies Inc.

    Dans un communiqué, l’ambassade de Turquie à Ottawa a déclaré: «Nous nous attendons à ce que nos alliés de l’OTAN évitent des mesures non constructives qui nuiront à nos relations bilatérales et saperont la solidarité de l’alliance.

    Plus tôt lundi, la Turquie a déclaré que Cavusoglu avait exhorté le Canada à revoir les restrictions de l’industrie de la défense.

    Les pièces sous embargo comprennent des systèmes de caméras pour les drones armés Baykar. Les licences d’exportation ont été suspendues en 2019 lors des activités militaires turques en Syrie. Les restrictions ont ensuite été assouplies, mais réimposées pendant le conflit du Haut-Karabakh.

    Les exportations militaires de la Turquie vers l’Azerbaïdjan ont été multipliées par six l’année dernière. Les ventes de drones et d’autres équipements militaires ont atteint 77 millions de dollars rien qu’en septembre avant que les combats n’éclatent dans la région du Haut-Karabakh, selon les données.

    Reuters, 13 avr 2021

    Etiquettes : Turquie, Canada, drones, armes, armement, Arménie, Haut-Karabakh, OTAN, Azerbaïdjan, L3Harris Wescam, L3Harris Technologies Inc,

  • Chronologie : Les relations tendues de la Turquie avec l’UE

    AFP

    Les relations difficiles de la Turquie avec l’Union européenne ont mis un frein à son projet d’adhésion à l’UE et fait de l’Union une cible privilégiée des critiques du président Recep Tayyip Erdogan.

    Mais alors que les deux parties se rencontrent à Ankara pour leur premier entretien en face à face depuis un an, elles doivent aborder une nouvelle série de problèmes, notamment la quête agressive d’énergie de la Turquie dans les eaux de la Méditerranée orientale et un conflit tendu concernant les migrants.

    Nous revenons sur plus d’un demi-siècle de hauts et de bas.

    – 1963 : Accord d’association –
    La Turquie signe un accord d’association avec la Communauté économique européenne de l’époque, le précurseur de l’UE. Cet accord comprend des dispositions prévoyant un abaissement progressif des barrières douanières avant l’adhésion pleine et entière à la CEE.

    – 1974 : Invasion de Chypre –
    La Turquie envahit le nord de Chypre en juillet après une tentative de coup d’État à Nicosie, un acte condamné par tous les pays européens. La question chypriote devient un problème épineux qui ne fera que se compliquer après l’entrée de la Grèce et de Chypre dans le bloc.

    – 1980 : Coup de grâce –
    L’accord d’association est gelé après un coup d’État militaire férocement répressif en Turquie.

    En 1987, Ankara déclare officiellement sa candidature à l’UE, mais la Commission européenne la rejette, invoquant des problèmes économiques et politiques.

    – 1999 : Candidature à l’UE –
    La Turquie, membre de l’OTAN, obtient finalement le statut de candidat quelques semaines avant le nouveau millénaire. Mais l’UE déclare que les négociations ne commenceront pas tant qu’Ankara ne respectera pas les normes en matière de démocratie et de droits de l’homme.

    En août 2002, la Turquie adopte une série de réformes, abolissant la peine de mort et améliorant les droits civils de la minorité kurde.

    – 2003 : « Le printemps d’Erdogan ».
    Recep Tayyip Erdogan, leader de l’AKP d’origine islamique, devient Premier ministre en 2003 et adopte un large éventail de réformes démocratiques.

    Deux ans plus tard, les négociations d’adhésion à l’UE commencent enfin, mais les progrès sont lents.

    Les élections au Parlement européen de 2004 voient la percée des partis populistes, hostiles à l’entrée de la Turquie à majorité musulmane.

    Si certains progrès sont enregistrés, la France, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, et la chancelière allemande Angela Merkel bloquent l’élargissement des négociations.

    Entre-temps, Ankara refuse de normaliser ses relations avec Chypre ou d’étendre à l’île divisée ses accords de libre circulation avec l’UE.

    – 2015 : Crise des migrants –
    Fin 2015, la Turquie apparaît comme un acteur stratégique dans la pire crise des migrants que connaît l’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Les relations envenimées par la répression par la Turquie d’une vague de manifestations anti-Erdogan en 2013 commencent à se réchauffer.

    En mars 2016, Ankara et l’UE signent un accord controversé pour endiguer le flux de migrants, provenant pour la plupart de Syrie et d’Irak déchirés par la guerre.

    – 2016 : Échec du coup d’État –
    Après qu’Erdogan ait survécu à un coup d’État en juillet 2016, des tensions profondes se développent alors qu’il se lance dans une série de purges massives, muselle davantage les médias et enferme des dizaines de milliers d’opposants et de « terroristes ».

    – 2019 : Tensions dans la Méditerranée
    La Turquie signe en novembre un accord de sécurité controversé avec le gouvernement libyen reconnu par l’ONU, revendiquant pour elle de vastes zones de la Méditerranée en échange d’une aide militaire.

    La zone est depuis longtemps disputée entre la Grèce et la Turquie, l’appétit d’Ankara étant aiguisé par la découverte d’importantes réserves de gaz naturel.

    En juillet 2020, la Grèce signe un accord rival avec l’Égypte, qui recoupe partiellement l’accord Turquie-Libye.

    Ankara déclenche également la colère en forant dans les eaux au large de Chypre, au mépris des avertissements de l’UE et des États-Unis, ce qui incite la France à envoyer des navires de guerre dans la zone.

    En août, des navires de guerre grecs et turcs entrent en collision alors qu’ils se talonnent, mettant l’UE et l’OTAN sur les dents.

    – 2021 : Désescalade ? –
    En décembre 2020, les dirigeants européens condamnent les « activités unilatérales et provocatrices » de la Turquie et dressent une liste de cibles turques à sanctionner.

    Ankara condamne cette initiative, la qualifiant de « partiale » et d’ »illégale », mais Erdogan déclare ensuite qu’il espère tourner une « nouvelle page » dans les relations.

    Les dirigeants européens acceptent prudemment de renouer le dialogue avec la Turquie en mars 2021 si « la désescalade actuelle se poursuit ».

    La Turquie rejette les demandes « étroites » de Bruxelles, mais s’engage à prendre des « mesures positives ».

    Macau Business, 7 avr 2021

    Etiquettes : Turquie, Union Européenne, UE, OTAN, migration, Tayyip Erdogan,

  • La Grèce accuse la Turquie de vouloir la provoquer avec des bateaux de migrants

    ATHENES (Reuters) – La Grèce a accusé vendredi la Turquie de vouloir la provoquer en tentant de pousser des bateaux transportant des migrants dans les eaux grecques, ce qu’Ankara a fermement rejeté.

    La Grèce et la Turquie sont en désaccord sur une série de questions, notamment les ressources énergétiques en Méditerranée, et les tensions entre les alliés de l’OTAN se sont accrues l’an dernier lorsque des milliers de demandeurs d’asile en Turquie ont tenté de prendre d’assaut la frontière terrestre grecque.

    Le ministre des migrations Notis Mitarachi a déclaré que les garde-côtes grecs avaient signalé vendredi de multiples incidents au cours desquels les garde-côtes et la marine turcs ont accompagné des bateaux de migrants « jusqu’à la frontière de l’Europe, dans le but de provoquer une escalade » avec la Grèce.

    « Il ne fait aucun doute que ces migrants ont quitté les côtes turques, et compte tenu du fait qu’ils étaient soutenus par la Turquie, ils ne couraient aucun risque », a déclaré Mitarachi dans une déclaration enregistrée.

    « Nous appelons la Turquie à se retirer et à mettre fin à cette provocation injustifiée ».

    Le vice-ministre turc de l’Intérieur, Ismail Catakli, a répondu à Mitarachi sur Twitter, affirmant qu’il déformait les événements et racontait des mensonges.

    Catakli a accusé la Grèce d’avoir repoussé 231 migrants lors de sept incidents qui ont eu lieu vendredi, ajoutant que la Turquie les a secourus.

    « C’est un crime contre l’humanité que de calomnier les garde-côtes turcs qui sauvent des gens que vous avez laissés à la mort. C’est typique de vous ! », a écrit Catakli.

    Les garde-côtes grecs ont déclaré que dans un incident, un bateau transportant des migrants a tenté de pénétrer dans les eaux territoriales grecques vendredi, accompagné d’un navire des garde-côtes turcs. Dans un autre cas, deux navires turcs ont tenté de pousser un canot pneumatique transportant des migrants dans les eaux grecques.

    Dans un troisième incident, au large de l’île de Lesbos, un navire des garde-côtes turcs a pénétré dans les eaux territoriales grecques et a harcelé un patrouilleur grec, a indiqué le ministère.

    Près d’un million de demandeurs d’asile, principalement des Syriens, des Irakiens et des Afghans, ont traversé vers la Grèce depuis la Turquie sur des bateaux en 2015, au début de la crise migratoire en Europe. Un an plus tard, l’UE a conclu un accord avec Ankara pour endiguer le flux et les chiffres ont chuté de façon spectaculaire.

    Mitarachi a appelé la Turquie à « respecter » ses engagements dans le cadre de cet accord.

    Reuters, 2 avr 2021

    Etiquettes : Grèce, Turquie, migration, Ankara, Méditerranée, OTAN, Notis Mitarachi, UE, Lesbos, Union Européenne,

  • Diplomatie et pétrole, les nouveaux enjeux géopolitiques en Libye

    Ces dernières semaines, la Libye a été le théâtre d’opérations diplomatiques. Trois ministres européens des Affaires étrangères se sont succédés hier. La guerre en Libye est-elle enfin finie ?

    Les trois ministres français, allemand et italien des Affaires étrangères se sont rendus en Libye le 25 mars dernier selon le journal Africa Intelligence. La Libye voit les diplomaties étrangères défiler sur son sol depuis que le nouveau gouvernement d’Abdelhamid Dbeibah a obtenu le soutien du Parlement le 8 mars dernier. La naissance de ce gouvernement a permis la signature d’accords historiques.

    La Chine, la Russie, la Turquie et leurs alliés auraient accepté l’accord d’unité nationale en Libye. Cet accord a été officiellement parrainé par les Nations unies et lancé par les Etats-Unis. Ces derniers ont enfin réussi à faire bouger les Etats du Vieux-Continent, au moins dans un contexte diplomatique, pour ouvrir la route à une réconciliation avec la Libye.

    L’Europe cède sous la pression internationale

    La France a « une dette envers la Libye, très claire : une décennie de désordre ». C’est ce que le président français Emmanuel Macron a dit lors de sa rencontre avec les dirigeants libyens mardi à l’Elysée.

    Des mots qui ressemblent à un aveu de culpabilité. En 2011, la France, dirigée par le président d’alors Nicolas Sarkozy, a promu et participé à l’intervention militaire qui a conduit à la chute du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Une chute qui a eu des effets dévastateurs en Libye.

    Derrière cet aveu, des intérêts européens de taille : la France cherche à se repositionner au sein de l’UE, et des concessions sur le dossier libyen sont de mise, en l’occurrence l’intérêt italien pour le dossier de l’immigration, le tout soumis à la médiation allemande.

    Berlin cherche aussi à remettre un prix de consolation aux Italiens qui assument tant bien que mal les flux de migrants en provenance d’Afrique, via la Libye, sans augmenter ses propres quotas ni ceux de la France. C’est dans ce contexte que Mario Draghi, le nouveau chef d’Etat italien, se rendra en Libye le 6 avril pour rencontrer Abdelhamid Dbeibah.

    Les élections en ligne de mire

    Le 24 décembre 2021, des élections inclusives se tiendront en Libye. Ce scrutin reste une priorité pour la nouvelle autorité intérimaire, qui bien que légitime, ne pourra pas entreprendre une réorganisation des institutions de l’Etat avant plusieurs mois. Au plus, le nouveau gouvernement devra maintenir la paix dans le pays, les différents acteurs présents au sein du gouvernement et les puissances mondiales doivent, en attendant, accepter le statu quo.

    S’exprimant lors d’une réunion du Conseil de sécurité mercredi, l’envoyé de l’ONU en Libye, Jan Kubis, a déclaré que, pour que le scrutin ait lieu, « il est essentiel d’avoir des cadres juridiques et constitutionnels confirmés et clairs pour les élections présidentielles et parlementaires ». Il a insisté pour que « les Libyens et les autorités libyennes appellent les mercenaires et les forces étrangères à quitter le pays dès que possible ».

    Court-circuit américain

    Un point important dans le discours de Kubis a été l’insistance sur la réouverture de la route côtière reliant Misrata à l’est de la Libye. Il a parlé au nom de l’UE, entre autres, en affirmant que cette réouverture aurait lieu dans deux semaines, et qu’il s’agissait d’une priorité des membres du Comité militaire mixte 5+5.

    La réouverture de la route maritime facilitera grandement la circulation du pétrole de Sarir, du golfe de Syrte et de Bir Zaltan hors de Libye sans traverser le centre du pays, encore sous le contrôle des tribus kadhafistes du Sud. Les puits de pétrole et les raffineries exploités dans ces régions le sont par la compagnie pétrolière nationale (NOC).

    Le directeur de la NOC, Mustafa Sanalla, avait reçu une médaille de la part de l’ambassadeur américain le 25 février. Il avait facilité la circulation de la flotte pétrolière américaine vers l’est Libyen depuis. Au total, quatre nouveaux navires pétroliers circulent au nord de la Libye depuis le début de mars, ce qui ne doit rien au hasard.

    On pourrait donc se demander si l’intérêt des Américains est la tenue des élections et la renaissance libyenne, ou la fluidité des échanges pétroliers avec le pays. Ce sont les Etats-Unis qui ont chaperonné l’installation du nouveau gouvernement dans les instances mondiales. Comment la Russie réagira-t-elle à ces initiatives, dans une région libyenne qu’elle contrôlait depuis des années ? La Turquie et le Qatar y verront-ils un énième affront d’Haftar ? Ou l’arrangement officieux avec les Américains incombera-t-il au nouveau gouvernement libyen ? Affaire à suivre.

    Le Journal de l’Afrique, 26 mars 2021

    Tags : France, Italie, Allemagne, Europe, Libye, Kadhafi, OTAN,

  • La Libye a un nouveau gouvernement. Parviendra-t-elle à maintenir la paix ?

    Le gouvernement d’unité nationale (GUN) nouvellement confirmé devrait s’engager à améliorer sensiblement la situation des droits de l’homme en Libye et à faire en sorte que les élections prévues en décembre 2021 soient libres et équitables.

    Le processus de paix en Libye a franchi une nouvelle étape. Au début du mois, un gouvernement intérimaire d’unité nationale (GNU) a été formé pour réunir les parties belligérantes du pays sous une même bannière et garantir des élections démocratiques.

    Les négociations sur la formation du nouveau gouvernement sont en cours depuis octobre dernier, lorsque les deux parties à la guerre civile ont conclu une paix temporaire. Avec le soutien des Nations unies, le gouvernement d’entente nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale, et le gouvernement parallèle dit de l’Est, qui soutient l’armée nationale libyenne (LNA) de Haftar, y ont pris part.

    Cette semaine, le gouvernement de l’Est a également reconnu les pouvoirs du GNA et lui a confié la responsabilité de la partie orientale de la Libye. Le GNU est donc effectivement devenu le seul gouvernement national et la principale autorité exécutive dans tout le pays. Il s’agit d’une étape importante qui peut ramener la paix dans un État en proie à un conflit constant depuis dix ans. L’un des nouveaux vice-premiers ministres, Hussein Al-Gotrani, a également exprimé ses espoirs, en déclarant aux médias locaux : « La période de division est terminée. Le GNU est au service de tous les citoyens, quelle que soit leur région. »

    L’émergence et la légitimation du GNU ont également eu des conséquences sur l’orientation de la politique étrangère de la Libye. La France a déjà annoncé son intention de rouvrir son ambassade à Tripoli, qui a dû être fermée en 2014 en raison de l’intensification des combats. Le président Emmanuel Macron souhaite ainsi encourager la consolidation de la paix et aider à consolider la stabilité du nouveau gouvernement. Il n’a pas oublié d’ajouter que la France a une dette considérable envers la Libye, qu’elle cherchera à rembourser. En effet, c’est le président français de l’époque, Nicolas Sarkozy, qui a le plus soutenu l’intervention des troupes de l’OTAN contre le dirigeant libyen de l’époque, Mouammar Kadhafi.

    M. Macron a également indiqué que la principale priorité du GNU et des pays étrangers devait être le retrait des troupes étrangères du territoire libyen. En effet, il y a encore plus de 20 000 mercenaires qui ont soutenu à la fois le GNA et la LNA. La plus grande présence ici est celle de la Turquie, qui a déployé des milices syriennes en plus de ses propres forces armées. La Russie est également présente ici par le biais de sa société militaire privée, le groupe Wagner.

    Compte tenu de la position stratégique et des richesses naturelles de la Libye, il est difficile de prévoir à quelle vitesse les acteurs étrangers retireront leurs troupes du pays – ou même s’ils seront disposés à le faire. En outre, le retrait des troupes étrangères n’est qu’une des nombreuses complications qui rendent difficile l’aboutissement du processus de paix. Toutefois, si le gouvernement de transition parvient à conserver le pouvoir dans toute la Libye et à établir des relations diplomatiques avec d’autres États, la Libye pourrait enfin connaître des élections équitables et démocratiques au cours desquelles le peuple libyen choisirait lui-même son avenir. Les élections sont symboliquement prévues pour le 24 décembre, date à laquelle la Libye fête son indépendance.

    Auteur : Marián Maraffko

    SME Blog, 26 mars 2021

    Tags : Libye, France, OTAN, Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy, Kadhafi, GNU,

  • Dix ans après le printemps arabe, la Libye a une nouvelle chance de paix

    Il y a dix ans, la zone d’exclusion aérienne des Nations unies au-dessus de la Libye a marqué le début de la révolution libyenne et de la campagne de bombardements de l’Occident.

    J’ai passé une grande partie de la guerre intégré aux combattants de Misrata, la troisième ville de Libye, à étudier l’insurrection. Les combats ont cessé avec la mort du colonel Moammar Kadhafi, le dirigeant de la Libye depuis quatre décennies.

    Malheureusement, l’espoir a cédé la place à la tourmente, les Libyens voyant les gouvernements qui se sont affrontés et les centaines de groupes armés se disputer les richesses pétrolières du pays. Les initiatives de paix ont échoué à plusieurs reprises – jusqu’à tout récemment.

    Le 16 mars, date du 10e anniversaire du printemps arabe et de l’intervention de l’OTAN, un gouvernement unissant l’est et l’ouest de la Libye a pris le pouvoir pour la première fois depuis 2014. Cette opportunité est la dernière et meilleure chance des Libyens pour la stabilité et la prospérité. Il existe trois raisons d’espérer, mais ce sont des raisons tout aussi impérieuses de désespérer.

    1. Victoire militaire impossible pour l’un ou l’autre camp

    En avril 2019, le chef des milices de l’Est de la Libye, Khalifa Haftar, a attaqué la capitale libyenne, Tripoli. Il voulait prendre le contrôle avant que le Congrès national libyen puisse se réunir pour mettre en place des élections.

    À l’époque, il avait l’avantage militaire, soutenu par l’Égypte, les Émirats arabes unis, la Russie et la France et disposant de drones et d’avions de combat de pointe. Haftar était sur le point de remporter la victoire malgré les efforts des groupes armés de Tripoli, Misrata et Zintan pour l’arrêter. C’était jusqu’à ce que la Turquie intervienne il y a quelques mois, renversant le cours des combats et bouleversant l’équilibre militaire en Libye.

    La Turquie voulait faire échec à la puissance russe et égyptienne dans la région et s’assurer des droits de forage sous-marin dans la mer Méditerranée. L’intervention de la Turquie a été décisive, entraînant le retrait des milices d’Haftar et des mercenaires russes.

    Cette défaite a fondamentalement modifié la politique libyenne. Il est devenu évident pour Haftar et ses partisans qu’il n’y avait, pour l’instant du moins, aucune solution militaire au conflit libyen. Cette impasse a transformé le dialogue politique et militaire des Nations Unies en une véritable négociation pour le pouvoir et l’avenir de la Libye.

    2. La pandémie : Un point de rupture pour les Libyens

    Les Libyens sont furieux contre leur classe politique. Il est difficile d’exagérer l’enfer que les Libyens ont vécu au cours de la dernière décennie, et la pandémie n’a fait qu’exacerber la situation.

    Le système de santé libyen s’est effondré pendant la révolution, laissant les Libyens vulnérables au COVID-19. Au cours de l’été, de nombreuses familles ont dû choisir entre attendre les bombardements ou exposer leur famille au COVID-19 si elles fuyaient.

    La Libye était un pays aisé avant la révolution de 2011. Avec seulement six millions d’habitants et de vastes réserves de pétrole, la Libye devrait plutôt ressembler au Qatar ou aux Émirats arabes unis, deux nations riches au niveau de vie élevé.

    Les Libyens le savent et en ont assez. Cette colère a déstabilisé les dirigeants politiques libyens de toutes les parties au conflit et constitue un élément moteur des progrès politiques récents et inattendus. Le fait que Haftar et d’autres dirigeants soutiennent le nouveau gouvernement est une preuve supplémentaire de la pression exercée par les Libyens moyens, étant donné que ces dirigeants ont rejeté tout compromis jusqu’à présent.

    3. Les puissances régionales recherchent la stabilité en Libye

    Après la mort de l’ambassadeur américain Chris Stevens en 2012 à Benghazi, la communauté internationale a abandonné la Libye. Comparez cette réponse à la détermination européenne et américaine en Irak et en Afghanistan, où des milliers de diplomates sont restés malgré une violence extrême.

    Les puissances régionales ont comblé le vide, en lorgnant sur les richesses de la Libye. L’Égypte, la Russie et les Émirats arabes unis ont parié sur Haftar, lui fournissant des systèmes d’armes sophistiqués et les mercenaires pour les faire fonctionner. Mais l’intervention de la Turquie en 2019 a changé la donne.

    Désormais, pour que les acteurs régionaux puissent bénéficier de la Libye, ils ont besoin d’un gouvernement opérationnel qui contrôle pleinement sa richesse pétrolière. La Turquie est également intéressée par le succès du traité maritime qu’elle a signé avec la Libye quelques jours avant son intervention, renforçant sa stratégie plus large pour la Méditerranée orientale.

    Que faut-il encore pour que tout se passe bien ?

    Les États-Unis et l’Europe doivent s’impliquer

    Les raisons d’espérer ne sont, malheureusement, pas assez nombreuses. Le nouveau premier ministre libyen, Abdul Hamid Dbeibah, ne doit pas non plus se laisser abattre. Plus important encore, l’Europe et les États-Unis doivent s’impliquer.

    L’Europe a le plus grand intérêt à le faire, car la Libye est une route majeure pour la migration. Un État libyen fonctionnel contribuerait grandement à empêcher des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants de se noyer sur les côtes européennes chaque année.

    Les États-Unis étant le premier donateur d’aide étrangère de l’Égypte, ils doivent encourager les Égyptiens à faire pression sur Haftar pour qu’il continue à soutenir le nouveau gouvernement.

    Enfin, la communauté internationale doit soutenir les efforts de l’ONU en Libye, y compris l’application de l’embargo sur les armes, qui a été « totalement inefficace ». Stephanie Williams, représentante intérimaire de l’ONU en Libye, est l’héroïne méconnue des négociations politiques qui ont conduit au nouveau gouvernement d’unité libyen.

    En créant un dialogue politique progressif et inclusif, Mme Williams a utilisé la pression de l’opinion publique pour pousser les politiciens à agir. Il faut espérer que le nouveau représentant des Nations unies en Libye, le Slovaque Ján Kubiš, ne gâchera pas cet élan en ignorant les principes qui ont permis le succès : l’humilité, la transparence et la place centrale de la voix des Libyens.

    Stephen Harris
    Rédacteur en chef, Science + Technologie

    The Conversation, 22 mars 2021

    Tags : Libye, Printemps Arabe, Kadhafi, révolution, OTAN,

  • Le Luxembourg et l’UE snobent Pompeo lors de son dernier voyage en Europe, selon des diplomates

    BRUXELLES / WASHINGTON (Reuters) – Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a annulé son voyage en Europe à la dernière minute mardi après que le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères et de hauts responsables de l’Union européenne aient refusé de le rencontrer, ont déclaré des diplomates européens et américains proches du dossier.

    L’extraordinaire camouflet du haut diplomate américain, rapporté pour la première fois par Reuters, est survenu quelques jours après la prise d’assaut du Capitole américain par les partisans du président Donald Trump, une attaque sans précédent contre la démocratie américaine qui a stupéfié de nombreux dirigeants mondiaux et alliés américains.

    Pompeo, un proche allié de Trump, avait cherché à rencontrer Jean Asselborn à Luxembourg, un petit mais riche allié de l’OTAN, avant de rencontrer les dirigeants de l’UE et le haut diplomate du bloc à Bruxelles, ont déclaré à Reuters trois personnes proches du planning.

    Mais le projet initial de se rendre au Luxembourg, qui n’avait pas été officiellement annoncé, a été abandonné après que des responsables locaux aient montré une réticence à accorder des nominations à Pompeo, a déclaré une source diplomatique. L’étape de Bruxelles était toujours en cours jusqu’à la dernière minute.

    Mais le mince itinéraire de la dernière visite de Pompeo à Bruxelles a soulevé des questions sur le mérite du voyage. Il n’y avait pas de réunions à son programme avec des représentants de l’UE ni aucun événement public à l’OTAN. Une troisième source diplomatique a déclaré que les alliés étaient «embarrassés» par Pompeo après les violences à Washington mercredi dernier qui ont fait cinq morts.

    Trump a encouragé ses partisans lors d’un rassemblement plus tôt dans la journée à marcher sur le bâtiment qui abrite le Sénat et la Chambre des représentants pendant que les législateurs certifiaient la victoire électorale du président démocrate élu Joe Biden le 3 novembre. Le président républicain affirme, sans preuve, que l’élection lui a été volée.

    Pompeo a condamné la violence mais n’a fait aucune référence au rôle que les affirmations sans fondement de Trump ont joué dans la galvanisation de la marche sur le Capitole.

    Consterné par la violence, le Luxembourgeois Asselborn avait qualifié Trump de «criminel» et de «pyromane politique» sur RTL Radio le lendemain.

    Le ministère luxembourgeois des Affaires étrangères a confirmé que l’arrêt prévu auparavant avait été annulé, mais a refusé de donner plus de détails. L’UE a refusé de commenter.

    Le département d’État américain, dans un communiqué, a attribué l’annulation au travail de transition avant l’entrée en fonction de Biden le 20 janvier, même si Pompeo avait hésité jusqu’à récemment à reconnaître sans équivoque la victoire de Biden. Le département d’État a refusé de commenter davantage le rejet par les responsables européens des réunions avec Pompeo.

    À Bruxelles, Pompeo devait avoir un dîner privé avec le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg mercredi soir à la résidence privée de Stoltenberg, avant de rencontrer la ministre belge des Affaires étrangères Sophie Wilmes, dont le pays est un allié de l’OTAN.

    L’une des sources a déclaré que l’absence d’événement public à l’OTAN était un autre reflet des responsables européens remettant en question le point du voyage. La raison pour laquelle Pompeo a cherché à se rendre à Bruxelles si près de la fin du mandat de Trump n’était pas immédiatement claire.

    EAGER POUR CRÉER DES LIENS AVEC BIDEN

    L’épaule froide contrastait avec les précédentes visites de Pompeo à Bruxelles, qui abrite le siège de l’OTAN et de l’UE, au cours des trois dernières années, où il a prononcé des discours liminaires sur la politique américaine et rencontré le directeur général de l’UE, alors même que l’Europe rechignait à Trump. police étrangère.

    En 2018, Pompeo a déclaré à Bruxelles que la politique de Trump «  l’Amérique d’abord  » remodelait le système d’après la Seconde Guerre mondiale sur la base d’États souverains, et non d’institutions telles que l’UE.

    Les responsables de l’UE, qui se disent épuisés par l’imprévisibilité de Trump, sont impatients de tisser de nouveaux liens avec Biden.

    Une source, tout en expliquant pourquoi Pompeo a choisi de rester à Washington, a cité son empressement à déployer les tâches de politique étrangère prévues jusqu’à la fin du mandat et à aider à maintenir la continuité du gouvernement.

    Pendant près de trois ans, Pompeo s’est avéré un exécuteur fidèle du style non conventionnel de Trump.

    Son mandat n’incluait pas de succès évidents dans des défis de politique étrangère aussi anciens que la maîtrise des programmes nucléaires iranien et nord-coréen, la fin de la guerre américaine en Afghanistan ou la maîtrise d’une Chine de plus en plus affirmée.

    Néanmoins, le 1er janvier, Pompeo a lancé un fil de discussion quotidien sur Twitter, affirmant que les États-Unis étaient «beaucoup plus sûrs» aujourd’hui qu’il y a quatre ans grâce à ce qu’il considérait comme les réalisations de la politique étrangère de l’administration Trump.

    Il a dit qu’il présenterait les résultats. «Au cours des prochains jours, je vais vous présenter la mission, les énormes victoires, les histoires personnelles et bien plus encore. Juste moi, Mike », dit-il.

    Les tweets, ainsi que certains de ses voyages à l’étranger, ont été largement considérés comme faisant partie de sa tentative de jeter les bases de sa course très attendue en 2024 pour la nomination républicaine à la présidence.

    Reuters, 12 jan 2021

    Tags : Donald Trump, Mike Pompeo, OTAN, NATO, Europe, UE, Luxembourg,