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  • Cinq axes pour comprendre l’attentat d’Istanbul

    Cinq axes pour comprendre l’attentat d’Istanbul

    Topics : Turquie, Istanbul, terrorisme, OTAN,

    La Turquie a réussi à réduire les attaques terroristes depuis 2017. Il convient de noter qu’un jour avant l’opération, un premier drone a été abattu dans une zone proche d’Al-Hasakah, au nord-est de la Syrie, par l’opposition syrienne, et le ciblage de l’aéroport de Shayrat par les Israéliens, qui a conduit au meurtre de deux officiers syriens

    1) Ressusciter les relations Turquie-Golfe-Égypte :

    Les relations Turquie-Golfe-Égypte ont connu une amélioration remarquable suite à la baisse de l’intensité de la polarisation dans la région, et la diminution de la tension dans un certain nombre de conflits régionaux qui ont mis la Turquie et le ont mentionné des pays en confrontation les uns avec les autres et ont vidé les parties sans une victoire complète et complète de l’une sur l’autre, en plus de la nécessité des différentes parties de se calmer et d’accroître la coopération commerciale et économique, ce qui est clairement évident dans l’ordre du jour de ses réunions et les domaines couverts par les protocoles d’accord et les accords de coopération. Au niveau des relations bilatérales, il s’agit plutôt de la coopération au niveau régional.

    2) Rapprochement turco-syrien

    L’été dernier, il y a eu un changement dans la position d’Ankara sur Damas, car la nouvelle position turque a adopté l’amélioration des relations avec la Syrie, et la polémique soulevée par les déclarations du président Erdogan ne s’est pas étendue à la certitude de sa déclaration lors de son retour de la ville ukrainienne de Lviv que son pays ne vise pas à vaincre Bachar al-Assad en Syrie, il a déclaré : « Des mesures avancées doivent être prises avec la Syrie afin de gâcher les plans contre la région », une position qui a fortement agacé les puissances occidentales, en particulier l’Europe, et la considéraient comme une transgression des lignes rouges.

    3) Divergences turco-occidentales et rapprochement turco-russe

    Le parti turc au pouvoir « Parti de la justice et du développement » a le sentiment que les alliés occidentaux n’ont pas suffisamment soutenu la Turquie sur plusieurs points (la tentative de coup d’État, les Kurdes, démarcation des frontières en Méditerranée orientale), que le président russe Vladimir Poutine a réussi à approfondir l’esprit du président Erdogan et à souligner que les alliés occidentaux d’Erdogan ne sont pas les protecteurs fiables de son régime. Une convergence dans l’histoire moderne, les différences internes restant dans un espace acceptable sur des deux côtés, ce qui a creusé le fossé entre Ankara et ses alliés de l’OTAN, et Washington a été contraint de lancer des menaces et des sanctions contre Ankara à la suite de cet accord en le retirant officiellement du programme de production de F-35, que la Turquie a signé le 26 janvier 2007.

    Les sanctions occidentales contre la Turquie, après son invasion du nord de la Syrie en octobre 2019, se sont étendues pour soutenir l’opposition syrienne et ce qu’Ankara a décrit comme la sécurisation de ses frontières et la création d’une zone frontalière sûre de ses intérêts par le pouvoir dur.

    Pendant ce temps, la Russie est devenue un fournisseur d’armes et d’équipements de défense dont Ankara a besoin pour maintenir ses programmes de défense nationaux. Les missiles russes ont été un pilier de dimensions profondes dans les relations russo-turques actuelles.

    4) Désaccords turco-américains

    On peut s’attendre à ce qu’elles se produisent après les déclarations du président Erdogan récemment, dans lesquelles il a vivement critiqué la position des États-Unis, qui rejettent les opérations militaires turques dans le nord de la Syrie, et leur soutien aux séparatistes armés organisations qui mènent une guérilla contre son pays menaçant la sécurité nationale. Et la sécurité de l’unité géographique n’est pas seulement pour la Turquie mais aussi pour son voisin la Syrie, et s’efforce d’assurer la sécurité de ses membres et de les protéger de toute responsabilité.

    5) Élections présidentielles

    Cependant, ce qui est incontestable, c’est que les chances d’Erdogan et de son parti sont toujours l’otage de l’évolution de la situation économique et financière de la Turquie. La monnaie turque connaît de grandes fluctuations et une inflation dans l’économie, et c’est pourquoi l’opération terroriste dans les plus grands domaines touristiques et de sécurité est venue sonner comme un message pour frapper le cœur de l’économie après que le président turc et ses conseillers ont conçu des politiques correctives pour réduire le niveau de l’inflation d’ici la fin de cette année. L’attentat est aussi opéré pour affecter la campagne d’Erdogan.

    Par Dr Oussama Bouchemakh, Universitaire, Pr en géopolitique

    L’Express, 16/11/2022

    #Turquie #Istanbul #Terrorisme

  • Les relations Maroc-OTAN dans le cadre du Dialogue Méditerranéen

    Les relations Maroc-OTAN dans le cadre du Dialogue Méditerranéen

    Tags : Maroc, OTAN, NATO, Dialogue Méditerranén,

    Mission du Royaume du Maroc
    Auprès de l’Union Européenne
    Bruxelles


    Service Politique / YB / n°. 02 octobre 2011

    Les relations Maroc OTAN dans le cadre du Dialogue Méditerranéen

    ⦁ Les relations avec l’Otan sont pour le Maroc l’expression d’un choix stratégique, opéré dès l’indépendance et maintenu tout au long de la guerre froide. Le Royaume demeure ouvert et disposé à poursuivre avec l’Otan une coopération franche, élargie et utile pour tous, dans le cadre d’une relation basée sur le respect mutuel et la prise en compte des intérêts respectifs.

    ⦁ La participation du Maroc au Dialogue Méditerranéen (DM) depuis 1995 s’inscrit dans la continuité de cet engagement politique, qu’il a réitéré sous différentes formes.

    ⦁ Le Maroc est pour l’Otan un partenaire fiable stratégiquement et crédible politiquement. La participation des Forces Armées Royales (FAR) en Bosnie Herzégovine (Ifor/Sfor) et au Kosovo (Kfor) est un exemple concret d’interopérabilité.

    ⦁ La participation de notre pays à toutes les rencontres politiques bilatérales (Conseil de l’Atlantique Nord+1) et multi-bilatérales (Conseil de l’Atlantique Nord +7) du DM a été l’occasion d’exprimer son intérêt pour l’Alliance à travers sa présence aux différentes consultations qui se sont tenues depuis la mise en place du Groupe de Coopération Méditerranéenne en 1997.

    ⦁ De même, le Conseil Atlantique Nord de l’OTAN et les sept pays méditerranéens membres du Dialogue Méditerranéen se sont réunis au niveau des Directeurs Politiques, à Rabat, le 7 avril 2006.

    ⦁ Cette réunion – la première du genre à se tenir dans un non-OTAN- a constitué une avancée nouvelle du Dialogue Méditerranéen, initié en 1994 et a permis de conforter la dynamique que connaît ce Dialogue, particulièrement depuis le Sommet de l’OTAN tenu à Istanbul, en juin 2004. Cette rencontre inédite du 7 avril a permis aux 26 représentants permanents du Conseil de l’Alliance de se réunir avec les 7 représentants des pays du Dialogue Méditerranéen afin de discuter, ensemble, des moyens de renforcer la dimension politique du Dialogue méditerranéen.

    ⦁ La rencontre de Rabat a traduit cette évolution et, plus important encore, illustre le principe d’appropriation commune de ce partenariat. Cette réunion a également permis d’exprimer un signal fort en faveur d’une intensification de la consultation politique qui aille de pair avec l’accroissement de la coopération pratique.

    ⦁ Les travaux de Rabat ont ainsi permis de mettre en œuvre concrètement la recommandation du Sommet d’Istanbul qui visait à « doter le Dialogue méditerranéen d’un cadre plus ambitieux et plus large». Ils ont reflété également l’engagement de tous les pays concernés pour que le renforcement de la consultation politique aille de pair avec l’intensification de la coopération pratique.

    ⦁ Le Maroc a validé, le 19 février 2010, son programme de coopération individuel (ICP) avec l’OTAN. Ce programme à permis au Maroc de choisir le degré et le rythme de développement de sa coopération avec l’OTAN, permettant ainsi l’autodifférenciation tout en préservant l’unité du DM.  L’ICP marocain se décline en trois parties : la première partie : contient un cadrage politique déclinant les options stratégiques qui motivent les thématiques inscrites. La deuxième partie : contient les domaines prioritaires que le Maroc souhaiterait inscrire dans son ICP. La troisième partie : regroupe l’ensemble des activités auxquelles le Maroc souhaite participer au cours de l’année 2011.

    ⦁ Le Maroc a participé à toutes les réunions politiques et militaires au plus haut niveau (réunions des MAE, réunions des Ministres de la Défense, réunion des Chefs d’Etat Major) ;

    ⦁ Le Maroc est le Premier pays à avoir désigné un Officier de Liaison auprès de la Cellule de Coordination du Partenariat au SHAPE (Mons) et un officier de liaison à Norfolk,

    ⦁ L’octroi au Maroc du Statut d’Associé auprès de l’Assemblée Parlementaire de l’Otan est l’un des échos favorables à l’engagement du Royaume et une marque forte de confiance dans son système politique. Le Maroc est, jusqu’à présent, le premier Pays hors Partenariat pour la Paix (pays de l’Est) à se voir octroyer ce statut. Depuis 1995, le Royaume disposait d’un simple statut d’Observateur auprès de l’Assemblée parlementaire de l’Otan.

    ⦁ Le Maroc a organisé à Rabat la neuvième réunion des experts en renseignement OTAN-DM, réunion à laquelle ont pris part tous les pays du DM et ce, pour la première fois,

    ⦁ Les navires et frégates de l’OTAN font escales souvent dans les différents ports du Royaume. Ces escales sont l’occasion pour organiser des exercices et des réunions entre les responsables de l’OTAN et leurs homologues marocains.

    ⦁ L’ancien Secrétaire Général M. Jaap de Hoop Scheffer, a effectué une visite au Maroc, le 17 février 2007, lors de laquelle il a été reçu par Sa Majesté le Roi, et où la décision de la participation du Maroc à l’Opération Active Endeavour a été prise,

    ⦁ L’ancien Secrétaire Général Délégué, SEM Minuto Rizzo à effectué deux visites au Maroc notamment lors de la réunion du NAC+7 en avril 2006 où il fut reçu par SAR le Prince Moulay Rachid.

    ⦁ L’actuel Secrétaire Général Délégué, SEM l’Ambassadeur Claudio Bisogniero à effectué sa première visite au Maroc du les 26 et 27 novembre 2007 pour présider la séance d’ouverture du séminaire sur «  la coopération Maroc – OTAN au service de la paix et de la stabilité en Méditerrané », un séminaire organisé conjointement par ce Département et l’OTAN. lors de cette visite le secrétaire Général Délégué a eu des rencontres avec des Hauts responsables marocains.

    ⦁ Le Maroc a organisé le lundi 25 janvier 2010 un Séminaire sur « le Dialogue Méditerranéen et le Nouveau Concept Stratégique de l’OTAN : Saisir le Momentum pour un DM redynamisé et renforcé» qui s’est tenu sous la présidence de Monsieur le Secrétaire Général du MAEC ainsi que celle du Secrétaire Général Délégué de l’OTAN, l’Ambassadeur Claudio BISOGNIERO. La synthèse de ce débat avait fait l’objet d’un non-paper qui a été remis aux membres du groupe d’experts chargé de jeter les bases du nouveau concept stratégique ;

    ⦁ En marge des travaux de ce séminaire le Secrétaire Général Délégué a eu plusieurs rencontres bilatérales avec plusieurs responsables marocains notamment M. le Ministre de l’Intérieur, Mme la Secrétaire d’Etat auprès de Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères, l’Inspecteur Général des FAR, M. le Directeur Général d’Etudes et de la Documentation, les représentants des groupes parlementaires…

    ⦁ Visites des instances militaires notamment celle de l’Adjoint du Commandant Allié Transformation l’Amiral Stanhope et les résultats positifs de ses entretiens au Maroc, notamment sur l’Initiative de Formation de l’OTAN à l’égard des pays du DM et de l’Initiative de Coopération d’Istanbul destinée aux pays du Golfe sauf l’Arabie Saoudite.

    ⦁ Le Président du Comité Militaire de l’OTAN s’est rendu en mois de mars 2011 à Rabat. Il a eu des entretiens notamment avec le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération ainsi qu’avec l’Inspecteur des Forces Armées Royales

    ⦁ Une délégation composée de 96 stagiaires de la 111éme Session Principale du Collège de Défense de l’OTAN a effectué une visite de travail au Maroc du 31 au 1er octobre dernier lors de laquelle il a eu des rencontres avec des responsables marocains civils et militaires.

    ⦁ Du coté marocain, dans le cadre du programme d’action mené par l’OTAN et en partenariat avec le Département, plusieurs délégations de parlementaires, de journalistes et de chercheurs, de jeunes diplomates, de cadres des Départements concernés par la coopération avec l’OTAN ont effectué des visite au siège de l’Alliance Atlantique à Bruxelles. Ces visites ont été concluantes puisque elles ont permis d’éclairer les participants et les sensibiliser sur la portée réelle des actions menées par l’Alliance et sur les divers formats de coopérations qu’elle propose à des partenaires tels que notre pays et d’améliorer l’image de l’Alliance et démontrer l’engagement constant du Maroc en direction de l’OTAN et sa volonté d’insuffler une nouvelle dynamique a ses liens de coopération ;

    ⦁ En terme d’interopérabilité le Maroc est à l’avant-garde en regard à son ancienne tradition en matière d’Opération de maintien de la paix dans des théâtres variés (Afrique, Amérique du sud –Haïti, et bien sûr les Balkans).

    ⦁ La participation marocaine aux opérations militaires diligentées par l’Otan dans les Balkans, en Bosnie-herzégovine et au Kosovo reste la marque la plus notoire de l’engagement concret du Royaume. Suite à la réunion des Ministres de la défense des alliés et des pays non-membres de l’OTAN contributeurs à la KFOR, du 10 juin 2010 et à la demande de certains pays alliés, le Maroc a décidé de maintenir une compagnie d’un effectif de 150 hommes des Forces Armées Royales marocaines pour participer aux cotés des forces de l’OTAN à l’opération KFOR. La décision du Maroc a été fortement appréciée par le Secrétaire Général de l’OTAN. Il a précisé que « le Maroc a démontré encore une fois qu’il est un partenaire majeur de l’Alliance ».

    ⦁ Le Maroc a été également invité à participer à l’opération Unified Protector en Libye. L’appui politique et stratégique qu’apporté le Maroc à cette opération a été largement apprécié par l’ensemble des pays alliés ;

    ⦁ Pour marquer concrètement sa volonté de resserrer ses relations avec l’Otan, le Maroc a signé en 2005 l’Accord de Sécurité qui lui a été proposé par l’Alliance. Dans le cadre de la mise en œuvre de cet accord et afin de faciliter l’échange d’information classifiées entre les services compétents de l’OTAN et leurs homologues marocains, le Maroc a introduit une demande auprès du Bureau de Sécurité de l’OTAN (NOS) pour utiliser le système de communication « PERM-HEART ». la procédure de mise en place est prévue pour le 25 janvier 2011. De même et suite à l’invitation adressée à notre pays par la Division des Affaires Politiques de l’OTAN, le Maroc a décidé d’adhérer au Plan d’Action du Partenariat contre le Terrorisme de l’Alliance Atlantique (PAT-T).

    ⦁ Le Maroc a procédé au siège de l’OTAN à Bruxelles, le 02 juin 2008, à la signature de l’échange de lettres permettant la participation de notre pays à l’Opération de surveillance maritime en Méditerranée « Active-Endaevour ». Le Mémorandum Tactique relatif à ladite opération a été finalisé et il a été signé le 21 octobre 2009. A l’heure actuelle 4 officiers marocains participent à l’opération en tant qu’aux observateurs dans des frégates turques et espagnoles et ce, pour une durée de 15 jours. En outre, la mise en place de l’officier de liaison auprès de Naples est en cours. La liaison entre le CC-Mar Naples et la Marine Royale marocaine est désormais opérationnelle et ce via le système intitulé « téléphone SY77 ».

    ⦁ Le Maroc a participé également à la première réunion de l’APAG-DM qui s’est tenu à Sanremo, les 15 et 16 septembre 2011 en tant qu’orateur et il a proposé d’abriter la deuxième réunion de ce groupe.

    ⦁ Enfin, le Secrétaire Général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a proposé de se rendre au Maroc au cours de l’année 2011 pour une visite officielle.

    #Maroc #OTAN #NATO #Dialogue_méditérranéen

  • Les sous-marins, un point clé de la puissance algérienne

    Les sous-marins, un point clé de la puissance algérienne

    Tags : Espagne, France, armée, marine, sous-marins, Maroc, Algérie, Israël, Egypte, OTAN,

    Une approche rapide et simple, mais non moins vraie, pour définir les capacités d’un sous-marin est qu’il s’agit d’unités de combat d’une grande puissance offensive et stratégique dont le principal avantage par rapport aux navires de surface est qu’ils sont difficiles à détecter et à détruire lorsqu’ils naviguent à grande profondeur.

    C’est précisément leur discrétion et leur furtivité qui font des sous-marins la principale arme de dissuasion après les armes nucléaires, au point qu’aucune opération navale n’est menée sans tenir compte de la présence de sous-marins dans la zone. D’un autre point de vue, le simple fait de soupçonner la présence d’un éventuel sous-marin sur le théâtre des opérations limite la capacité de mouvement d’une flotte entière, d’où son pouvoir de dissuasion.

    L’année prochaine marquera le 20e anniversaire du conflit de Perejil. Un détail de cette époque, qui est peut-être passé inaperçu, est l’écrasante puissance navale mobilisée par l’Espagne, alors que le Maroc n’a pas mobilisé ses fleurons. Très probablement parce que l’Espagne a maintenu le sous-marin Tramontana à un endroit indéterminé du détroit de Gibraltar. D’autre part, l’Espagne aurait-elle mobilisé un tel nombre de navires si le Maroc avait eu une force sous-marine ?

    La guerre de 2011 en Libye a mobilisé une force navale de l’OTAN pour assurer la couverture des attaques terrestres depuis la Méditerranée, le blocus naval des principaux ports et les opérations de renseignement. Rien de tout cela n’a eu lieu avant que l’Alliance ne s’assure que la Libye n’exploite aucun des sous-marins qu’elle était censée exploiter.


    Ces deux exemples mettent en évidence le pouvoir furtif et dissuasif des sous-marins.

    En plus de leur indétectabilité, ils ont une grande puissance offensive. Il est tout simplement terrifiant de penser qu’une seule torpille lourde tirée depuis les profondeurs qui abritent un sous-marin est suffisante pour couler un navire de surface, alors qu’il est extrêmement difficile de le faire avec un seul missile lancé depuis les airs ou depuis une autre unité de surface.

    Avec ce qui a été dit jusqu’à présent et en tenant compte des capacités présentées, nous pouvons préciser un peu plus clairement les missions d’un sous-marin d’attaque :

    – Recherche et attaque.

    – Projection de forces sur terre.

    – Missions de reconnaissance, de renseignement et de surveillance.

    – La guerre des mines.

    – Soutien de la force.

    – Garantir la liberté d’action des forces de surface.

    – L’intelligence.

    – Poste de reconnaissance et d’information avancé destiné à soutenir une force navale.

    – Infiltration du rivage ennemi et couverture des commandos.

    L’un des points à prendre en compte selon la Strategic Defence Review et en relation avec les forces navales est de maintenir la capacité d’opérer sur des théâtres d’opérations éloignés, en mettant l’accent sur la projection navale sur terre. En d’autres termes, la prévalence de l’action côtière et du soutien à la force navale. Actions de couverture traditionnellement associées aux sous-marins.

    Lire la suite depuis la source (Maroc-leaks)

    #Espagne #Armée #Armes #Maroc #Algérie #Marine #Sous-marins



  • Les sous-marins, un point clé de la puissance algérienne

    Les sous-marins, un point clé de la puissance algérienne

    Tags : Espagne, France, armée, marine, sous-marins, Maroc, Algérie, Israël, Egypte, OTAN,

    Une approche rapide et simple, mais non moins vraie, pour définir les capacités d’un sous-marin est qu’il s’agit d’unités de combat d’une grande puissance offensive et stratégique dont le principal avantage par rapport aux navires de surface est qu’ils sont difficiles à détecter et à détruire lorsqu’ils naviguent à grande profondeur.

    C’est précisément leur discrétion et leur furtivité qui font des sous-marins la principale arme de dissuasion après les armes nucléaires, au point qu’aucune opération navale n’est menée sans tenir compte de la présence de sous-marins dans la zone. D’un autre point de vue, le simple fait de soupçonner la présence d’un éventuel sous-marin sur le théâtre des opérations limite la capacité de mouvement d’une flotte entière, d’où son pouvoir de dissuasion.

    L’année prochaine marquera le 20e anniversaire du conflit de Perejil. Un détail de cette époque, qui est peut-être passé inaperçu, est l’écrasante puissance navale mobilisée par l’Espagne, alors que le Maroc n’a pas mobilisé ses fleurons. Très probablement parce que l’Espagne a maintenu le sous-marin Tramontana à un endroit indéterminé du détroit de Gibraltar. D’autre part, l’Espagne aurait-elle mobilisé un tel nombre de navires si le Maroc avait eu une force sous-marine ?

    La guerre de 2011 en Libye a mobilisé une force navale de l’OTAN pour assurer la couverture des attaques terrestres depuis la Méditerranée, le blocus naval des principaux ports et les opérations de renseignement. Rien de tout cela n’a eu lieu avant que l’Alliance ne s’assure que la Libye n’exploite aucun des sous-marins qu’elle était censée exploiter.

    Ces deux exemples mettent en évidence le pouvoir furtif et dissuasif des sous-marins.

    En plus de leur indétectabilité, ils ont une grande puissance offensive. Il est tout simplement terrifiant de penser qu’une seule torpille lourde tirée depuis les profondeurs qui abritent un sous-marin est suffisante pour couler un navire de surface, alors qu’il est extrêmement difficile de le faire avec un seul missile lancé depuis les airs ou depuis une autre unité de surface.

    Avec ce qui a été dit jusqu’à présent et en tenant compte des capacités présentées, nous pouvons préciser un peu plus clairement les missions d’un sous-marin d’attaque :

    – Recherche et attaque.

    – Projection de forces sur terre.

    – Missions de reconnaissance, de renseignement et de surveillance.

    – La guerre des mines.

    – Soutien de la force.

    – Garantir la liberté d’action des forces de surface.

    – L’intelligence.

    – Poste de reconnaissance et d’information avancé destiné à soutenir une force navale.

    – Infiltration du rivage ennemi et couverture des commandos.

    L’un des points à prendre en compte selon la Strategic Defence Review et en relation avec les forces navales est de maintenir la capacité d’opérer sur des théâtres d’opérations éloignés, en mettant l’accent sur la projection navale sur terre. En d’autres termes, la prévalence de l’action côtière et du soutien à la force navale. Actions de couverture traditionnellement associées aux sous-marins.

    Déjà dans ce document, la nécessité du sous-marin S-80 était énoncée comme un programme prioritaire pour « maintenir la liberté d’action et la mobilité de la force ».

    Le S-80, citant à nouveau cette Revue stratégique, devra remplir des missions peu différentes des missions générales précédentes :

    – Projection de la puissance navale sur terre.

    – Guerre navale spéciale.

    – Protection d’une force débarquée.

    – Surveillance et renseignement.

    – Protection de la force navale.

    – La dissuasion.

    Le S-80 vivra avec les menaces de son temps, c’est-à-dire celles des trois prochaines décennies au moins. C’est-à-dire qu’elle sera confrontée à des navires de surface dotés de sonars actifs et passifs de pointe, à des avions anti-sous-marins, à des bouées acoustiques et à des sonars calibrés, à des sous-marins nucléaires et conventionnels hautement technologiques, à des mines, à toutes sortes de systèmes autonomes : UAV, USV, UUV… et ce, dans un scénario de guerre sans restriction, de non-paix et de non-guerre, où aucun mode conventionnel de confrontation ne peut être exclu. Il est également vrai qu’il ne le fera pas seul, et ce n’est qu’une question de temps avant que, paradoxalement pour le S-80, il ne soit accompagné du F-110.

    Et tout cela vient du fait que le S-81 Isaac Peral permettra, dans la mesure du possible, de rétablir un équilibre instable en termes de force sous-marine en Méditerranée occidentale et dans le détroit de Gibraltar.

    Il n’échappe à personne que la décennie actuelle est une décennie pleine d’incertitudes impliquant un changement de paradigme dû à la pandémie et à l’évolution technologique rapide que nous observons dans tous les domaines de la société, et à laquelle la défense n’échappe pas.

    Il y a quatre aspects clés qui se produiront inexorablement au cours de ce siècle et qui font de la Méditerranée occidentale une « zone chaude » d’intérêt.

    – La fonte de la glace arctique.

    – Des crises migratoires nouvelles et plus prononcées.

    – Détérioration du bien-être et manque de leadership européen.

    – La présence stable et consolidée de la Russie en Méditerranée.

    La fonte des glaces de l’Arctique ouvrira de nouvelles routes maritimes pour le commerce sans qu’il soit nécessaire d’utiliser des brise-glace, même en hiver, aux latitudes situées autour du cercle polaire. Dans cette situation, le détroit de Gibraltar connaîtra une augmentation significative du trafic maritime de l’Atlantique vers la Méditerranée.

    Les pandémies plus nombreuses et plus fréquentes auxquelles il faut désormais s’attendre, ainsi que la perte du leadership européen au Sahel, entraîneront de graves crises migratoires, laissant les limites de la frontière avancée de l’Europe de l’autre côté de la Méditerranée, en Afrique du Nord.

    L’influence évidente de la Russie dans les pays d’Afrique du Nord, de la Syrie, en exploitant l’ancienne base navale soviétique de Tartous, à ses relations plus que bonnes avec l’Algérie.

    À ces quatre points s’ajoutent toutes les menaces et actions qui ne disparaissent pas, qu’il s’agisse d’actions prospectives illégales, des effets de la pollution, des actes terroristes, de la perte d’autonomie stratégique ou des actions hostiles d’acteurs non étatiques, entre autres.

    Sur les 21 pays qui bordent la Méditerranée, seuls huit ont la capacité d’exploiter des sous-marins : Espagne, France, Italie, Grèce, Turquie, Israël, Égypte et Algérie. Il serait bon d’inclure également le Portugal dans cette liste.

    L’Algérie et le Maroc sont les deux pays d’Afrique du Nord qui investissent le plus dans la défense. Avec une rivalité évidente, ils augmentent de manière inquiétante leur niveau de belligérance pour s’imposer comme une puissance régionale de premier plan.

    Au début du siècle, l’Algérie a provoqué un déséquilibre des forces en termes de puissance sous-marine en Méditerranée occidentale avec l’acquisition de quatre sous-marins de classe Projet 636M. Ces submersibles sont considérés comme les sous-marins conventionnels les plus silencieux du monde et sont surnommés « trous noirs ».

    Cette acquisition peut être comprise en fonction des principaux points de la politique étrangère algérienne :

    – Les relations plus que mauvaises avec le Maroc.

    – Les bonnes relations de l’Algérie avec la Russie.

    – L’instabilité de ses frontières due aux groupes terroristes islamiques.

    – Politique énergétique.

    Mais ce qui définit l’Algérie comme une puissance déstabilisatrice dans la région, en ce qui concerne la force sous-marine, c’est qu’elle possède sa propre école de sous-marins entièrement opérationnelle et le lancement réussi d’un missile sous-marin à terre (Asuw). Il s’agit d’une capacité que seul Israël possède dans toute la Méditerranée, du moins jusqu’à ce que les sous-marins nucléaires français de classe Barracuda soient pleinement opérationnels.

    Dans ce contexte, c’est le Maroc, principal rival de l’Algérie en Méditerranée occidentale, qui se trouve dans la situation la plus défavorable. Ne disposant pas d’armes sous-marines à l’heure actuelle (ou dans un avenir proche) malgré son insistance à en acquérir, elle tente par tous les moyens de compenser cette situation par des mesures secondaires visant à atténuer son infériorité vis-à-vis de l’Algérie, avec des corvettes néerlandaises de classe Sigma, une frégate française de classe Fremm, la méga-construction de la base navale de Ksar Sghir à dix miles au large de Ceuta ou, par exemple, en intensifiant les relations avec la France et les États-Unis.

    La France, seule en Méditerranée à avoir l’expérience, la tradition et la capacité suffisantes pour concevoir et produire ses propres sous-marins, voit son pouvoir de dissuasion garanti, malgré le retard pris par le programme Barracuda. L’Italie, avec l’Allemagne comme partenaire technologique, maintient huit sous-marins conventionnels qui assurent la stabilité et la sécurité contre tout adversaire auquel elle pourrait être confrontée.

    Jusqu’à présent, l’Espagne était dans une situation précaire par rapport à toutes ces analyses, ne nous leurrons pas, nous sommes toujours dans cette situation, mais le lancement de l’Isaac Peral donne de l’espoir. Il est risqué de dire certaines choses, mais il est plus qu’évident que nous avons commencé à nous doter d’une force de dissuasion propre.

    Le sous-marin, en l’absence d’arsenal nucléaire, est l’arme de dissuasion par excellence, capable de neutraliser l’initiative d’un acteur hostile de mettre sa menace à exécution, ce qui procure au pays qui compte sur eux :

    – Agilité et dominance.

    – Ce sont des qualités innées pour les nouveaux modèles de confrontation.

    – Discrétion.

    – Une contribution logistique minimale à leur déploiement.

    – Accès aux zones hostiles sans être détecté.

    – Ils sont les producteurs de l’innovation technologique.

    C’est ce que l’arme sous-marine renouvelée apportera à l’Espagne.

    Les défis et les menaces auxquels il faudra faire face à l’avenir ne seront pas combattus avec les moyens d’aujourd’hui, mais avec ceux que nous sommes capables de maintenir et de développer dans une ère post-pandémique. C’est pourquoi le lancement du premier sous-marin de la série S80, le S81 Isaac Peral, est si important en ce moment. Il garantit la continuité d’une force sous-marine dans la marine, dans ce qui est, comme nous l’avons dit, une décennie très compliquée.

    La journée d’hier, avec la cérémonie de parrainage par Son Altesse Royale la Princesse Leonor, est à marquer dans le calendrier. Aucun sous-marin n’a été lancé en Espagne depuis 1984, et celui-ci est aussi le nôtre.

    L’effet dissuasif de l’arme sous-marine, une réalité qui a conduit à un déséquilibre des forces entre les puissances de la Méditerranée occidentale, avec de nouveaux acteurs pertinents et accentuant encore l’incertitude constante dans la planification des opérations. L’exemple paradigmatique, comme nous l’avons vu, est l’Algérie, mais l’Espagne et la France espèrent renouveler leurs flottes ; le Maroc est à la recherche d’un sous-marin, et l’attention portée aux nouveaux sous-marins acquis par les puissances se multiplie.

    Quoi qu’il en soit, le S-81 sera le protagoniste incontesté de l’équilibre des forces sous-marines en Méditerranée occidentale, ou de l’équilibre qui cessera d’exister.

    #Espagne #Armée #Armes #Maroc #Algérie #Marine #Sous-marins

  • Ceuta-Melilla: L’OTAN refuse de s’en mêler

    Ceuta-Melilla: L’OTAN refuse de s’en mêler

    Maroc, Espagne, Ceuta, Melilla, OTAN, Pedro Sanchez,

    Sánchez voulait faire débarquer des navires de l’OTAN à Ceuta et Melilla pour envoyer un message à Rabat.

    Selon OKDiario, le gouvernement de Pedro Sánchez a préparé une feuille de route pour convaincre l’OTAN, à l’occasion du sommet de l’Alliance à Madrid, d’inclure Ceuta et Melilla dans son parapluie de protection. Ce plan a échoué avant d’être mis en œuvre, après qu’il a été réalisé que ni les États-Unis ni le Royaume-Uni n’approuveraient un changement aussi important du statut des deux villes, que le Maroc revendique comme siennes. La Moncloa a manœuvré lors du sommet de l’OTAN pour tenter un  » plan B  » : que les flottes de l’OTAN transitant par le détroit de Gibraltar utilisent les ports des villes autonomes, notamment Ceuta, pour des escales techniques et des ravitaillements pendant leurs missions. Finalement, cela ne se produira pas, et Sánchez se retrouve sans atout dans sa lutte contre Rabat.

    En 2021, l’Espagne travaillait sur une proposition à présenter à l’OTAN pour résoudre, une fois pour toutes, le manque de définition quant à l’appartenance ou non de Ceuta et Melilla au parapluie de l’Alliance. Consulté à l’époque, le gouvernement a fermé les yeux et nié : personne ne travaille sur cette hypothèse. L’information, avec le faux démenti du gouvernement, n’a jamais été publiée.

    La même source rapporte que quelques jours avant le sommet, la Moncloa a laissé échapper que le concept stratégique de Madrid, le guide qui régira les actions de l’OTAN au cours de la prochaine décennie, laisserait Ceuta et Melilla expressément sous la protection de l’Alliance après les efforts déployés par le gouvernement au fil des mois. Les mêmes que ceux qu’il avait refusés. Cependant, le sommet de Madrid a pris fin et Ceuta et Melilla sont restées sans ce nouveau statut. La défense automatique de ces deux endroits n’a pas été envisagée par l’OTAN. Des sources militaires expliquent à OKDIARIO que le gouvernement de Pedro Sánchez « n’a pas insisté sur cette question après avoir appris que ni les États-Unis ni le Royaume-Uni n’allaient la soutenir ».

    Plan B

    D’autre part, le gouvernement espagnol a proposé à l’Alliance un plan B, une sorte de prix de consolation, qui consistait à ce que l’OTAN considère les ports des villes autonomes comme des escales pour les flottes internationales qui traversent le détroit de Gibraltar. Les groupes navals permanents qui sont déployés en permanence dans les zones d’influence en Europe, en Asie et en Afrique.

    Cette proposition a été laissée en suspens, sans réponse positive ou négative de la part de l’Alliance. En fin de compte, cependant, l’Espagne a été informée que les navires de l’OTAN appartenant à ces grandes flottes n’utiliseront pas les ports espagnols sur le continent africain. Il y a « d’autres ports » qui effectuent déjà ce travail, argumente le QG de Bruxelles. Parmi elles figure Rota (Cadix), que les États-Unis considèrent comme d’un intérêt stratégique élevé.

    Les Russes

    Ce recul a des effets économiques importants pour les deux villes. Entre 2010 et 2018, les équipages des navires et sous-marins militaires russes ont effectué une soixantaine d’escales de ravitaillement à Ceuta, rapportant environ cinq millions d’euros de recettes, selon les données de l’autorité portuaire de la ville.

    Ce flux d’avantages a été coupé lorsqu’en 2018, l’accord tacite entre la Russie et l’Espagne pour effectuer ces escales a été définitivement rompu. Ni le ministère de la défense ni la marine espagnole n’ont vu d’objection à ce qu’ils aient lieu, comme ils le font depuis les années 1970. Mais ce sont les lobbies des États-Unis et du Royaume-Uni qui ont effectué un travail méthodique à Bruxelles pour que l’Alliance fasse comprendre à l’Espagne qu’elle ne voyait pas la nécessité de telles escales russes, surtout depuis l’entrée de Moscou dans le conflit syrien.

    L’Espagne a accepté ce mandat, tout en faisant valoir que si Ceuta et Melilla n’étaient pas des territoires de l’OTAN, il n’y avait aucune raison de mettre fin aux escales. Dans les années qui suivent, cependant, il y a eu des visites russes discrètes et courtes à Ceuta. Les exceptions étaient rares.

    Maroc

    Mais surtout, le plan B de la Moncloa, en proposant Ceuta – et dans une moindre mesure Melilla – comme escale sûre, avait une composante stratégique. Si ni Ceuta ni Melilla ne sont sous le parapluie de la protection reconnue par le traité de Washington, qui a donné naissance à l’Alliance, la présence des flottes de l’OTAN servirait au moins à envoyer un message au Maroc, à savoir que les deux territoires sont effectivement sous protection. Que l’Espagne n’est pas seule si elle doit les défendre contre une action hostile.

    Il convient de rappeler que Rabat n’a jamais, en aucun cas, affirmé son intention de respecter le statut espagnol de Ceuta et Melilla. En fait, la semaine dernière, le Maroc a assuré par écrit aux Nations unies qu’il n’avait pas de « frontières terrestres avec l’Espagne », tout en décrivant Melilla comme une « ancienne prison » en raison de sa clôture de protection frontalière. En réponse au tollé, Rabat a nuancé ses propos, mais ne les a pas retirés.

    #Maroc #Espagne #Ceuta #Melilla #OTAN #Pedro_Sanchez

  • Libye – Destruction d’une nation

    Libye – Destruction d’une nation

    Libye, Kadhafi, OTAN, Printemps arabe,

    En 2011, le dictateur libyen de longue date Mouammar Kadhafi a été renversé et tué par des rebelles soutenus par la France.

    Des acteurs étrangers comme la Turquie et la Russie s’y installent également. « Ils tranchent la Libye comme un gâteau », déclare le militant libyen Emad Shanab. Ankara et Moscou ont saisi leur chance de prendre pied dans le pays méditerranéen, bouleversant l’équilibre géopolitique de la région. Dans le chaos qui a suivi la chute de Kadhafi, la milice terroriste EI a également pu mettre en place des opérations en Libye.

    Un soulèvement populaire a dégénéré en guerre civile en cours. Les parties orientale et occidentale du pays sont divisées en différents camps sous deux gouvernements rivaux. La jeune génération est traumatisée par le conflit en cours. Comme le demande l’activiste Emad Shanab : « Combien de temps cela peut-il durer ? Que devons-nous faire ? Quitter le pays ? Mourir ? Mourir est-il notre seul choix ? »

    L’Europe est profondément divisée sur la Libye. Les stratégies divergentes des puissances occidentales, avec leurs intérêts économiques conflictuels, ne font qu’enfoncer davantage la Libye dans la désintégration. Un afflux d’armes sophistiquées – malgré un embargo de l’ONU – constitue une menace croissante pour la sécurité de toute la région méditerranéenne.

    DW, 22/09/2022

    #Libye #Kadhafi #OTAN #Printemps_arabe

  • Stop the logic of war

    Stop the logic of war

    Ukraine, Russia, China, Taïwan, OTAN, nuclear war, United States, USA, NATO, West,

    On the occasion of September 21, the International Day of Peace, we must recognize that the international situation is currently evolving in an extremely dangerous direction. The world urgently needs disarmament and a de-escalation of the rhetoric of confrontation.

    For the past seven months, Russia’s war in Ukraine has been raging, bringing the country to the brink of destruction. Russia is also indirectly confronting NATO. All this is happening against the backdrop of a potential radioactive disaster at the Zaporizhia power plant, the largest in Europe.

    In April, it was announced that the new AUKUS military alliance – which has included Australia, the United Kingdom and the U.S. for the past year, with a view to equipping Australia with nuclear submarines – would also develop hypersonic weapons, which will probably be pointed at China.

    In June, the NATO summit in Madrid adopted a new Strategic Concept that stigmatized Russia as « the most important threat…to the Euro-Atlantic area » and China for its « coercive policies that are contrary to our interests, security and values.

    In August, China responded to U.S. House Speaker Nancy Pelosi’s provocative visit to Taiwan with large-scale live-fire exercises in the vicinity of Taiwan.

    Also in August, the Nuclear Non-Proliferation Treaty (NPT) Review Conference ended in abject failure, failing to reach consensus on a text that in any case would have done nothing to commit the nuclear-weapon states to a concrete disarmament process they committed to pursue « in good faith » 52 years ago!

    A discourse that masks reality

    According to our leaders, the growing tensions in the world can only be blamed on Russia and China. This discourse is not only simplistic, but hypocritical. For if they claim to be defenders of international law in the case of Ukraine, Western countries have themselves attacked Serbia, Afghanistan, Iraq, Libya and Syria. If they are defenders of the right to self-determination in Taiwan, they are not at all in favor of it for Palestine, the Donbass, the Western Sahara, Catalonia, etc. And they are ready to defend democracy and human rights… except in the many authoritarian countries that are their allies.

    Their main principles are only levers of their foreign policy, to be operated when it serves their interests. And the instantaneous information in which we are immersed – which provides neither historical context nor proof of the facts – simply echoes the indignant denunciations of our leaders and thus confirms public opinion in a posture of moral superiority of the West.

    But what is the point of all this theater and what exactly is China being reproached for, since it is above all in the crosshairs of the United States? In the new Strategic Concept adopted by all NATO countries, we read that China « uses a wide range of political, economic and military tools to strengthen its presence in the world and project its power… It seeks to gain control over key technological and industrial sectors…. It uses economic leverage to create strategic dependencies and increase its influence.

    In short, as a major economic power, China is adopting many of the same actions that were previously the sole preserve of the United States. In essence, the threat posed by China is that the United States will no longer be the sole ruler of the world, a prerogative it intends to retain at all costs… even at the cost of putting humanity at risk.

    Imminent nuclear danger

    As early as 1946, Albert Einstein stated: « The unleashed power of the atom has changed everything except our ways of thinking, and we are thus sliding towards an unprecedented catastrophe. » Our leaders, on the other hand, are showing total unconsciousness by pushing us more and more into a logic of confrontation with China and Russia, when a war between nuclear powers should be absolutely unthinkable.

    Not only do they think about it, but they talk about it openly. « For us, it is only a matter of time, » the director of intelligence of the U.S. Indo-Pacific Command recently said. On May 23, and again last Sunday, President Biden said the United States would use force to defend Taiwan if China attacked.

    Not only are they thinking about it, they are talking about it openly. « For us, it’s just a matter of time, » the director of intelligence for the U.S. Indo-Pacific Command recently said. On May 23, and again last Sunday, President Biden said the United States would use force to defend Taiwan if China attacked.

    Not only are they talking about it openly, they believe they can win such a war! For example, one of the four main priorities of the U.S. Defense Strategy (2022) reads: « Deter aggression, while being prepared to prevail in conflicts if necessary, prioritizing the challenge of the People’s Republic of China in the Indo-Pacific, followed by the challenge of Russia in Europe. »

    A warlike escalation

    The war in Ukraine has created millions of new refugees and internally displaced persons. Elsewhere in the world, it has contributed to a significant increase in the rate of inflation, which is hitting the most vulnerable populations particularly hard, and risks leading to a food crisis.

    Moreover, in terms of the climate crisis, the war in Ukraine and the threat of war in Taiwan are leading to significant setbacks: on the one hand, a return to coal in Germany and plans for increased oil and gas development, particularly in Canada and the United States; and, on the other, the suspension of climate change negotiations between China and the United States, the world’s two largest GHG emitters.

    It is not only urgent to decarbonize human activity on the planet, but also to put an end to the logic of war, the bellicose rhetoric under humanitarian pretexts and the astronomical military expenditures that accompany them.

    One of the slogans of the climate justice movement is « Change the system, not the climate ». Let us also reject the logic of war inherent in this system. It is a matter of survival for humanity.

    Le Devoir, 21/09/2022

    #Russia #China #Ukraine #West #Europe #Nuclear_war #NATO

  • Portugal: Des centaines de documents de l’OTAN volés en vente

    Portugal: Des centaines de documents de l’OTAN volés en vente

    Portugal, OTAN, piratage, hacking, documents confidentiels, EMFGA,

    Affaire de « cyberattaque prolongée et sans précédent » jugée d’ »extrême gravité »

    Le centre névralgique des forces armées portugaises, l’EMGFA, a été la cible d’une « cyberattaque prolongée et sans précédent » qui a entraîné l’exfiltration de documents classifiés de l’OTAN, rapporte aujourd’hui Diário de Notícias.

    Selon le journal, le gouvernement portugais a été informé par les services de renseignement américains, par l’intermédiaire de l’ambassade américaine à Lisbonne, dans une communication adressée directement au Premier ministre, António Costa, en août.

    L’affaire est jugée « d’extrême gravité ». Les cyberespions du renseignement américain ont détecté « en vente sur le darkweb des centaines de documents envoyés par l’OTAN au Portugal, classés secrets et confidentiels ».

    Le bureau du Premier ministre s’occupe maintenant de l’affaire et a déclaré à l’agence de presse d’État Lusa qu’il n’avait « rien de plus à ajouter » aux faits révélés jusqu’à présent.

    Une source a déclaré: « Le gouvernement peut garantir que le ministère de la Défense nationale et les Forces armées travaillent chaque jour pour que la crédibilité du Portugal en tant que membre fondateur de l’Alliance atlantique reste intacte. »

    La source a ajouté que « l’échange d’informations entre alliés en matière de sécurité de l’information est permanent au niveau bilatéral et multilatéral (…) Chaque fois qu’il y a un soupçon de compromettre la cybersécurité des réseaux du système d’information, la situation est analysée en profondeur et toutes les procédures sont mises en œuvre pour renforcer la sensibilisation à la cybersécurité et le traitement correct des informations face aux nouveaux types de menaces.

    « Si, et quand, une atteinte à la sécurité est confirmée, l’enquête ultérieure sur l’existence d’une responsabilité disciplinaire et/ou pénale détermine automatiquement l’adoption des procédures appropriées. »

    L’Otan attend « des explications et des garanties du gouvernement portugais ». À cette fin, un représentant du Premier ministre se rendra la semaine prochaine au siège de l’OTAN à Bruxelles pour « une réunion de haut niveau » avec le « Bureau de la sécurité » de l’organisation.

    Le vice-amiral Gameiro Marques est responsable de la sécurité des informations classifiées envoyées dans notre pays, explique DN, il est donc le choix logique pour donner des explications et des garanties. Il devrait être accompagné du secrétaire d’État à la numérisation et à la modernisation administrative Mário Campolargo.

    L’EMGFA suspectée

    Pour l’instant, il semble que l’ »exfiltration » (ou piratage) ait eu lieu sur les ordinateurs de l’EMGFA, principalement ceux utilisés par le CISMIL (le service des secrets militaires) et la direction générale des moyens de la défense nationale.

    Selon DN, une enquête préliminaire laisse entendre que « les règles de sécurité pour la transmission des documents classifiés avaient été enfreintes ».

    Des sources ont expliqué que des « lignes non sécurisées » étaient utilisées pour la réception et la transmission de documents classifiés, en lieu et place du système SICOM en place (SICOM pour Integrated System of Military Communications).

    D’autres sources ont suggéré que l’attaque elle-même était « prolongée dans le temps et indétectable », utilisant des robots spécialement conçus pour rechercher le type spécifique de documents qui ont finalement été exfiltrés.

    Le « comment », le « pourquoi » et le « par qui » ​​sont désormais à l’étude, principalement par le bureau national de la sécurité (GNS), les secrets extérieurs (le Serviço de Informações Estratégicas de Defesa) et les services secrets (Serviço de Informações de Segurança).

    Ce n’est pas la première fois que le Portugal est impliqué dans une violation de la sécurité des documents de l’OTAN, mais cela ressemble peut-être à une situation beaucoup plus grave cette fois.

    Victor Madeira, spécialiste de la sécurité nationale et chercheur associé au Center for Information Resilience, au Royaume-Uni, souligne que « cette affaire, une fois de plus, démontre trois piliers essentiels dans la lutte contre les activités hostiles dans le domaine cybernétique : une connaissance constante de la situation, à la fois régulièrement mis à jour grâce à des formations et des équipements de pointe pour des spécialistes talentueux dans ce domaine. Deuxièmement, l’importance fondamentale pour tout État véritablement souverain d’avoir des fonctions de contre-espionnage efficaces – à la fois dans le domaine plus traditionnel de l’espionnage humain, mais aussi dans le domaine cybernétique. Sans ce fondement critique, toutes les autres fonctions de l’État, et éventuellement la souveraineté elle-même, s’effondrent. Enfin, un troisième pilier est l’importance continue des alliances et des partenariats en matière de sécurité nationale et de défense. Sans une collaboration constante entre les services de sécurité et d’information alliés, le paysage des menaces par des acteurs hostiles serait bien pire. Surtout dans le cyberdomaine, où chaque seconde est précieuse.

    Dit DN : « Un arrêté signé par la ministre de la Défense, Helena Carreiras, le 5 août, renforce le respect de la loi de programmation militaire, en matière de cyberdéfense – dont l’exécution budgétaire était d’environ 30 % en 2021.

    Dans le sillage, Helena Carreiras a déterminé que de 2022 à 2030, 11,5 millions d’euros seront investis dans « des services de formation et de conseil spécialisés dans la cyberdéfense et dans la conduite d’opérations militaires dans et à travers le cyberespace ».

    Portugal Resident, 08/09/2022

    #OTAN #Portugal #Piratage #Hacking #EMFGA

  • Chef de l’Otan: Un hiver dure pour l’Ukraine et ses soutiens

    Chef de l’Otan: Un hiver dure pour l’Ukraine et ses soutiens

    OTAN, Jens Stoltenberg, Russie, Ukraine, Union Européenne,

    Base aérienne de Ramstein, Allemagne (AP) – Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a prévenu jeudi que l’Ukraine et ses partisans allaient devoir affronter un hiver difficile dans les mois à venir, mais il a exhorté l’opinion publique des pays occidentaux à garder foi en leurs efforts, affirmant que la guerre est à un point critique alors que la Russie perd des territoires.

    « Nous devons au moins être préparés pour cet hiver, car il n’y a aucun signe que la Russie renonce à son objectif de prendre le contrôle de l’Ukraine », a déclaré Stoltenberg à l’Associated Press en marge d’une réunion des partisans de l’Ukraine dirigée par les États-Unis à Ramstein, au sud-ouest de Allemagne.

    « La guerre en Ukraine approche d’une étape charnière où nous voyons que l’offensive russe dans le Donbass est au point mort. Nous voyons que les Ukrainiens ont été capables de riposter, de riposter et de regagner du territoire », a-t-il déclaré.

    Le plus difficile de tous est la tâche qui attend les forces armées ukrainiennes, plus de six mois après le début d’un conflit autrefois considéré par le président russe Vladimir Poutine comme une intervention militaire susceptible de durer quelques jours, mais qui s’est maintenant transformé en une guerre d’usure acharnée.

    Alors que l’Ukraine a cherché des armes et des munitions, elle a maintenant besoin d’équipements d’hiver. Lors de la réunion de jeudi, la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, a déclaré que son pays fournirait des équipements de production d’électricité, des tentes et d’autres matériels. Mais il en faut plus.

    « L’hiver arrive, et l’hiver va être dur sur le champ de bataille en Ukraine. Nous savons que la taille de l’armée ukrainienne est maintenant environ trois fois plus grande que ce qu’elle était l’hiver dernier », a déclaré Stoltenberg. « Ils ont un besoin urgent de plus d’uniformes d’hiver, de générateurs qui créent de l’électricité, de la chaleur, et aussi bien sûr des tentes et d’autres choses qui peuvent les aider à passer l’hiver. »

    Stoltenberg a également déclaré que l’OTAN travaillait avec l’industrie de la défense pour explorer les moyens de stimuler la production d’armes afin de mieux répondre aux besoins de l’Ukraine et de reconstituer les arsenaux des alliés qui ont fourni toutes sortes d’armes et de systèmes de défense.

    « Nous avons vu que pendant la crise du COVID, l’industrie a pu accélérer la production de vaccins et maintenant nous devons avoir, dans une certaine mesure, la même approche ; augmenter rapidement la production d’armes et de munitions », a-t-il déclaré à l’AP.

    S’adressant aux publics américain, canadien et européen souffrant des prix élevés de l’énergie, de l’inflation et des inquiétudes concernant l’approvisionnement alimentaire, Stoltenberg les a exhortés à garder la foi, affirmant que le prix de la fin du soutien serait un prix trop élevé à payer.

    «Je comprends que beaucoup de gens sont frustrés et ressentent en fait la douleur dans les pays de l’OTAN avec l’augmentation des prix de l’énergie, le coût de la vie. Mais en même temps, nous devons nous rappeler que le prix que nous payons est mesuré en argent, en dollars américains, en livres ou en euros, tandis que le prix que les Ukrainiens paient est mesuré en vies perdues chaque jour », a-t-il déclaré.

    « Si le président Poutine gagne en Ukraine, le monde deviendra plus dangereux. Ensuite, il verra qu’il est récompensé, qu’il peut y parvenir en utilisant la force militaire brutale, en envahissant un voisin, en violant de manière flagrante la règle internationale et en attaquant des civils innocents », a déclaré l’ancien Premier ministre norvégien.

    Stoltenberg ne serait pas attiré par la durée du conflit, mais il a déclaré qu’il se terminerait à un moment donné, à la table des négociations. Il a dit que l’Ukraine, en tant que pays souverain et indépendant, doit être aidée à travers cette guerre pour renforcer sa position dans les futurs pourparlers de paix.

    « Si le président Poutine et la Russie cessent de se battre, alors nous aurons la paix. Si l’Ukraine cesse de se battre, l’Ukraine cessera d’exister en tant que nation indépendante. Nous devons donc continuer à fournir un soutien », a-t-il déclaré.

    Associated Press

    #Ukraine #UE #Europe #Gaz #Hiver

  • La Féderation de Russie et le retour d’une grande puissance

    La Féderation de Russie et le retour d’une grande puissance

    Russie, Occident, OTAN, Etats-Unis, Union Européenne, URSS, Union Soviétique, KOSOVO, Géorgie, Ossétie du Sud, Abkhazie, Libye, Syrie,

    Introduction

    Si aujourd’hui, il est convenu que la crise ukrainienne marque une nouvelle étape dans les relations entre la Russie d’un côté et les Etats unis et l’Union européenne de l’autre, il n’en demeure pas moins que Moscou a constamment cherché à retrouver son prestige de grande puissance internationale. Aujourd’hui, les observateurs internationaux sont unanimes sur fait que Moscou n’est plus disposée à se contenter d’un rôle secondaire sur la scène politique internationale.

    D’aucuns aiment à penser qu’il ne s’agit que d’un sursaut d’orgueil national éphémère, car la Russie ne possèderait plus les moyens de ses ambitions. D’autres estiment que, loin d’être un trouble fête, Moscou est en passe de redevenir un véritable poids lourd de la géopolitique avec lequel l’occident devra composer.

    De 1991 à 2000:

    La Russie se recherche

    1. Situation intérieure

    L’effondrement de l’URSS s’est accompagné de l’indépendance des 15 républiques qui constituaient l’union. La Russie a hérité de la majeure partie du territoire, de tout l’arsenal nucléaire, d’une grande partie des secteurs industriel et agricole et du siège de la défunte union au sein des instances internationales, y compris celui de membre permanent au Conseil de Sécurité. Mais Moscou a également hérité des passifs financiers et des dettes de l’ex URSS.

    Sous Boris Eltsine, le pays a connu une première décennie difficile, marquée par la montée des inégalités et du chômage. La corruption et les mafias se sont généralisées et les problèmes sociaux ont explosé.
    Le passage brutal à l’économie de marché, les privatisations massives peu transparentes, les crises politiques à répétition, les guerres médiatiques et une gestion hasardeuse des dépenses ayant conduit au krach boursier de 1998 ont caractérisé cette décennie.

    La quasi-débâcle de l’armée russe durant la première guerre de Tchétchénie (1994-1996) n’était pas pour rassurer sur l’image du pays.

    2. Relations extérieures

    La Russie a tenté, tant bien que mal, de maintenir une présence sur la scène internationale et de donner l’image d’un unificateur. La Communauté des Etats Indépendants (CEI) a été fondée entre la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie avant de s’élargir à huit autres anciennes républiques de l’ex-URSS.

    Toutefois, cherchant à arrimer la Russie au système économique mondiale, Boris Eltsine lance alors une stratégie de complaisance vis-à-vis des Etats unis et de l’occident (adhésion à la Banque mondiale et au FMI, coopération avec l’Otan, participation à la FORPRONU en ex-Yougoslavie, signature des accords de réduction des armes chimiques, renonciation à la parité stratégique avec les Etats-Unis, retrait militaire de Cuba etc.)

    Le 2ème mandat d’Eltsine commencé en 1996 est marqué par un sentiment de désillusion. Le Ministre des Affaires étrangères de l’époque, Evgueni Primakov était convaincu que la stratégie de complaisance n’apportait pas les résultats escomptés. Commence alors chez les dirigeants russes un repli sur les intérêts nationaux du pays et un rejet de l’unilatéralisme américain.

    La décision de l’OTAN d’intervenir militairement au Kosovo plonge les relations avec Washington dans une période de froid.

    De 2000 à 2008: La reprise économique et le regain de confiance

    L’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000 change complètement la donne. La nomination de plusieurs hauts responsables du KGB et de l’Armée à des postes au Kremlin assure au pays la stabilité politique. Le contrôle étatique dans l’économie se renforce, signe du retour d’un État fort. La croissance économique dépasse est située entre 6 et 8%, les ressources premières du pays, très abondantes, sont mieux utilisées et l’envolée des cours d’énergie permet un désendettement général1 de l’Etat russe et lui permet de diversifier son économie.

    En même temps, les motifs de tension entre la Russie et les Etats unis se multiplient. La prolongation de la présence militaire américaine en Asie centrale et le soutien actif aux révolutions en Ukraine et en Géorgie, avec l’arrivée au pouvoir de Tymochenko et Saakachvili, tous deux partisans d’un rapprochement avec l’occident, et de l’adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN renforcent le sentiment à Moscou que Washington cherche à isoler la Russie.

    Ajouté à cela, les critiques américaines sur les questions de démocratie et droits de l’Homme en Russie, la reconnaissance par les Etats-Unis de l’indépendance du Kosovo, l’abrogation du traité ABM de 1972, l’envahissement unilatéral de l’Irak, l’installation de bases américaines en Roumanie et en Bulgarie, ou encore du projet d’installation d’éléments du système de défense anti-missile américain en Pologne2 et en République tchèque.

    Dans un discours prononcé à Munich, le 10 février 2007, Vladimir Poutine critique fortement l’«unilatéralisme américain », dénonce la volonté des Etats-Unis de construire de nouvelles démarcations en Europe et plaide pour un monde multipolaire.

    De 2008 à aujourd’hui : Le retour d’une puissance mondiale

    En janvier 2008, et au terme de deux mandats, Vladimir Poutine «confie» provisoirement la présidence à son homme de confiance, Dimitri Medvedev.

    Moins de deux mois plus tard, la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo constitue un tournant dans la politique étrangère de la Russie, dont le nouveau président énonce les 5 principes :

    a. La «primauté» du droit international ;

    b. La «multipolarité» du monde ;

    c. Le désir «d’éviter les conflits et l’isolement» ;

    d. La «défense de la vie et de la dignité des citoyens russes où qu’ils se trouvent ; protection des entrepreneurs à l’étranger» ;

    e. La reconnaissance par la Russie de «zones d’intérêts privilégiés».

    Ces principes consacrent et scellent la divergence avec la conception américaine de la géopolitique mondiale et jettent les fondements d’un retour avéré de la Russie comme grande puissance mondiale.

    1. Indépendance du Kosovo

    L’opposition à l’indépendance du Kosovo a permis à la Russie de renforcer son influence sur la scène des Balkans occidentaux, et notamment auprès de la Serbie.

    Pour Moscou, cette indépendance viole l’intégrité territoriale de la Serbie et constitue une révision dangereuse des frontières issues de la Seconde Guerre mondiale.

    La présence de fortes minorités albanaises en Macédoine et au Monténégro pourraient suivre l’exemple du Kosovo, ce qui risque de déstabiliser toute la région. Plus encore, Moscou évoque l’impact de ce précédent sur les « conflits gelés » notamment, la Transnistrie en Moldavie, ou l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud en Géorgie.

    2. La Géorgie, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie

    Soutenue par les Etats unis et l’Union européenne, le Président géorgien, Saakashvili entendait suivre l’exemple des républiques baltes et rejoindre l’UE et l’OTAN. Pour la Moscou, il était hors de question que ces institutions, fondées durant la guerre froide, ne s’installent au Caucase. Par ailleurs, la Géorgie et ses infrastructures étaient trop importantes dans l’équation géopolitique énergétique russe, notamment pour l’acheminement vers l’Europe du pétrole et gaz de la mer caspienne.

    Moscou ne pouvait donc pas trouver meilleure opportunité que la Géorgie pour réaffirmer sa puissance recréée. En effet, la Russie a défié l’OTAN en toute impunité et la Géorgie, qui comptait sur un soutien ferme de l’Occident, s’est retrouvée seule face aux troupes russes. Le message était désormais clair : dans la sphère d’influence de la Russie, s’allier à Washington ne peut garantir la sécurité.

    3. La question du nucléaire iranien

    L’Iran est un partenaire traditionnel et un voisin de la Russie. Les relations commerciales sont étroites et le volume des échanges ne cesse d’augmenter. Concernant le dossier nucléaire iranien, la position de la Russie peut être résumée ainsi :

    L’Iran a le droit à l’utilisation pacifique de l’énergie atomique

    La Russie continue à coopérer avec l’Iran dans le développement de son secteur de l’énergie nucléaire.

    La Russie est résolument opposée à toute possibilité d’une dimension militaire du programme nucléaire iranien.

    La Russie est convaincue qu’il n’y a pas d’alternative à une solution diplomatique négociée (donnant/donnant) ; soit un compromis.
    Moscou est en faveur de la présence des experts et observateurs de l’AIEA, même si, jusque là, ils n’ont trouvé aucune preuve d’activités nucléaires illégales.

    La Russie souligne l’importance de la reprise des négociations 5+1.
    La Russie soutient l’approche progressive où à chaque étape où Téhéran répond aux attentes de l’AIEA et de l’ONU, les sanctions doivent être atténuées.

    La Russie est contre toute tentative unilatérale hors du Conseil de sécurité des Nations Unies

    Il n’y a pas de solution militaire au problème.

    En 2010, la Russie a difficilement accepté de voter en faveur de la Résolution 1929 imposant plus de sanctions à l’encontre de l’Iran. En effet, Moscou s’est vue obligée d’annuler une importante commande de missiles S-300, ce qui a jeté un coup de froid sur ses relations avec Téhéran.

    Avec la crise ukrainienne en toile de fonds, les avis divergent sur l’avenir de la position russe concernant ce dossier. Pour certains, il y a au moins trois raisons pour que la Russie continue à coopérer avec l’occident sur le dossier nucléaire iranien:

    La Russie, tout comme les Etats unis, s’oppose à ce que l’Iran se dote de l’arme nucléaire.

    Le retrait de Moscou ouvrirait la voie à d’autres alternatives au processus diplomatique.

    Les relations économiques entre la Russie et l’Iran sont trop modestes et ne constituent pas un enjeu majeur pour la Russie.

    4. L’intervention internationale en Libye

    La Russie s’était abstenue lors du vote au Conseil de Sécurité pour imposer une zone d’exclusion aérienne en Libye, ce qui a permis à la résolution de passer. L’intervention militaire aérienne, deux jours plus tard, a créé un profond sentiment d’amertume chez les responsables russes pour qui, la Résolution n’autorise pas les frappes contre la Libye. Une polémique a même éclaté publiquement entre le président Dmitri Medvedev et le Premier ministre Vladimir Poutine.

    Désormais pour Moscou, la confiance n’est plus de mise.

    5. Le dossier syrien

    Depuis son indépendance, la Syrie a entretenu des relations étroites avec Moscou (l’URSS et plus tard, la Russie) qui est son premier fournisseur d’armes. Les exportations russes vers la Syrie dépassent le milliard de dollars et les investissements russes y sont estimés à 19 milliards de dollars.

    L’importance stratégique de la Syrie réside dans le fait qu’elle accueille la seule base navale russe en Méditerranée dans la ville de Tartous. Sur fond de détérioration des ses relations avec l’occident, depuis la guerre d’Ossétie du Sud en 2008, la Russie a décidé de renforcer sa présence en Méditerranée et obtient, contre l’annulation d’une partie de la dette syrienne, l’accord de Damas pour le développement et l’agrandissement de la base navale de Tartous, ce qu’elle entame depuis 2009.

    Par ailleurs, l’expérience libyenne a contribué à un raidissement de la position de la Russie devenue intransigeante sur le dossier syrien.
    En octobre 2011 et en février 2012, la Russie et la Chine opposent leur veto à deux reprises pour s’opposer à deux projets de Résolution du Conseil sécurité sur la Syrie.

    Ce « manque de flexibilité » de la part de Moscou conduit la communauté internationale à un sentiment d’impuissance. En effet, les Etats unis et l’UE sont incapables de déloger le régime Assad.

    6. La crise ukrainienne

    Tout comme dans le cas de la Géorgie, l’Ukraine s’est trop rapprochée de l’UE et de l’Otan. Or de tous les pays de la sphère d’influence de la Russie, l’Ukraine est de loin la plus importante. Elle abrite la base navale de Sébastopol (Crimée). Elle est une voie de transit hautement importante pour le gaz russe vers l’Europe occidentale, un grenier de blé en Europe. Une grande partie de sa population est russophone. L’Est et le Sud de l’Ukraine (partie la plus riche avec l’industrie et l’agriculture) sont largement acquis à la Russie.

    En conséquence, Moscou s’est vue obligée d’agir « par procuration » pour défendre ses intérêts et éviter une occidentalisation de l’Ukraine.
    Comble de cela, Moscou n’a pas eu recours à son armée pour redresser la situation, à l’exception de la Crimée où elle était de toutes les manières stationnée.

    L’Occident est en passe de comprendre qu’il ne peut gagner cette confrontation car la Russie ne peut pas la perdre.

    À ce stade, les options de Washington et de Bruxelles sont plutôt limitées. Ils ne peuvent pas affronter militairement la Russie, tandis que les sanctions économiques ne fonctionnent pas et que l’Europe, dont l’économie est convalescente, a besoin de pétrole et de gaz russes.
    En signant avec la Pékin «le contrat du siècle» d’une valeur de 400 milliards de dollars pour la livraison à la Chine de gaz naturel sur 30 ans, le président Poutine a réalisé ce que les dirigeants de l’Ouest craignaient: un pivot vers l’Extrême-Orient qui rend la Russie beaucoup moins vulnérable à toute éventuelle sanction de la part de Bruxelles.

    7. Autres éléments de puissance

    L’armée russe est une des plus puissantes au monde. Moscou a hérité de la totalité de l’arsenal de l’URSS.

    La Russie est le plus grand producteur de gaz naturel au monde. Elle en est également le plus grand fournisseur de l’Europe. Elle a su développer cet atout et le transformer en véritable levier géopolitique.

    Le Russie est très active dans le cadre de deux alliances militaires régionales destinées, entre autres à garder les États-Unis et l’OTAN loin de la région: l’Organisation de Coopération de Shanghai3 (OCS) et l’Organisation du Traité de Sécurité Collective4 (OTSC).  

    Source : Document confidentiel de la diplomatie marocaine

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