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  • Ukraine: Le Maroc est déchiré entre l’Est et l’Ouest

    Ukraine: Le Maroc est déchiré entre l’Est et l’Ouest

    Maroc, Sahara Occidental, Ukraine, Russie, Occident, OTAN, Algérie,

    Unherd, 20/08/2022

    Les loyautés divisées du pays le rendent vulnérable aux manipulations des grandes puissances.

    Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février, un allié américain crucial en Afrique du Nord a tenté de maintenir une position neutre : le Maroc. Lors des réunions de l’Assemblée générale des Nations unies début mars, le Maroc s’est abstenu de condamner l’ »opération militaire spéciale » de la Russie. Cette position était en grande partie le résultat des fortes relations commerciales entre Rabat et Moscou, le Maroc étant le premier partenaire commercial de la Russie en Afrique.

    Cependant, signe que le monde se divise de plus en plus en deux camps, cette position de neutralité a été abandonnée. Cela est dû en partie à la pression diplomatique considérable exercée par Washington, qui a finalement conduit le Maroc à participer à un sommet militaire dirigé par les États-Unis en Allemagne. Rabat s’est joint aux membres de l’OTAN et à 13 autres pays non membres de l’OTAN pour promettre un soutien accru à l’Ukraine.

    Ce changement peut également refléter un durcissement de l’opinion publique au Maroc. La Russie est perçue par beaucoup en Afrique du Nord et au Moyen-Orient comme responsable de la hausse des prix des denrées alimentaires dans la région. Le blocus naval russe des exportations ukrainiennes de céréales dans la mer Noire a perturbé l’approvisionnement mondial et contribué à l’augmentation de l’inflation pour les produits essentiels. Les Marocains ont également été indignés après qu’un double national marocain et ukrainien, Brahim Saaudun, a été condamné à mort par les séparatistes russes à Donetsk, aux côtés des Britanniques Aiden Aslin et Shaun Pinner.

    Alors que Rabat est désireux de ne pas exprimer son soutien à l’Ukraine trop bruyamment, et a été particulièrement silencieux sur le sort de Brahim Saaudun, l’alignement clair du Maroc avec les États-Unis sur cette question pourrait avoir des ramifications importantes au Sahara occidental. Depuis que l’Espagne s’est retirée de son ancienne colonie en 1975, le Maroc revendique la souveraineté sur le territoire, tandis que l’Algérie voisine soutient le peuple sahraoui dans sa quête d’autodétermination. L’Algérie a également versé de l’argent et des armes au Front Polisario, un mouvement indépendantiste fréquemment engagé dans une lutte armée contre le Maroc.

    Alors que le Maroc continue d’occuper environ 75 % du Sahara occidental, certains signes indiquent que le conflit en Ukraine pourrait bouleverser l’équilibre des forces dans la région. D’une part, le resserrement de l’offre mondiale de pétrole et de gaz a offert une plus grande influence à l’Algérie, exportatrice d’énergie. Par le passé, Alger a coupé les livraisons de gaz à l’Europe, via des pipelines au Maroc, afin de faire pression sur la question du Sahara occidental.

    En outre, le Front Polisario a longtemps fait appel au soutien de Moscou, qui a parfois flirté avec le soutien du groupe – principalement comme moyen de pression sur Rabat et Washington en cas de besoin. Maintenant que le Maroc a abandonné sa position neutre, il est fort possible que la Russie riposte en offrant davantage d’encouragements et de ressources au Front Polisario.

    En effet, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, a récemment effectué une visite inopinée au principal adversaire du Maroc, l’Algérie, Moscou déclarant que « les deux pays sont d’accord sur toutes les questions clés de la politique internationale ». La Russie pourrait-elle être sur le point de rejoindre l’Algérie en soutenant de manière affirmée les séparatistes du Sahara occidental ?

    Les groupes alignés sur le Kremlin ont contribué à déstabiliser divers pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient – de la Libye au Mali en passant par le Soudan – et il y a des raisons de penser que Moscou pourrait maintenant tenter le même coup au Sahara Occidental. On sait que l’instabilité et les tensions au Maghreb favorisent les conditions dans lesquelles l’extrémisme et le crime organisé prospèrent, sapant ainsi la sécurité dans la région et au-delà.

    Le conflit en Ukraine affecte la politique mondiale de manière inattendue et dangereuse. Le Sahara occidental est une autre région où les tensions augmentent, avec des conséquences imprévisibles.

    #Maroc #Sahara_Occidental #Russie #Occident #OTAN #Ukraine


  • L’Iran au carrefour de l’histoire

    L’Iran au carrefour de l’histoire

    Iran, ONU, OTAN, Etats-Unis, pétrole, Union Européenne,

    À première vue, le rapprochement entre les États-Unis et l’Iran connaît un départ cahoteux. L’utilisation du terme « rapprochement » est délibérée – et sera contestée – car, à court terme du moins, ce que l’on peut attendre si un accord est effectivement conclu à Vienne, ce qui reste une question ouverte, ne peut être qu’un état de relations cordiales entre les deux pays, qui ne sont plus hostiles mais pas encore amicales non plus.

    PAR M. K. BHADRAKUMAR

    Dans une interview perspicace accordée à la chaîne PBS il y a deux jours, le représentant spécial des États-Unis pour l’Iran, Robert Malley, le négociateur en chef des pourparlers de Vienne, a évité toute forme de menace à l’encontre de l’Iran, tout en affirmant que l’administration Biden a mené une négociation serrée à Vienne.

    Le fait que Malley se soit montré optimiste avant même qu’un accord ait été conclu est surprenant. Peut-être Malley avait-il besoin de tenir bon, car l’image a une incidence sur l’humeur nationale aux États-Unis et en Israël.

    Malley a habilement fait savoir que l’administration Biden n’a fait aucun compromis et que l’accord, s’il y en a un, sera strictement conforme à la position de base des États-Unis, à savoir que « nous sommes prêts à nous remettre en conformité avec l’accord nucléaire si l’Iran fait de même ». Rien de plus, rien de moins.

    Toutefois, M. Malley a souligné que le dossier de l’AIEA sur l’Iran ne sera pas clos tant que Téhéran n’aura pas fourni des « réponses crédibles » à l’AIEA sur la question controversée de la présence injustifiée de particules d’uranium, à la pleine satisfaction de cette dernière. Il a insisté sur le fait qu’une « exploration préhistorique ou historique » par l’Iran ne suffira pas, car la question aujourd’hui est de savoir « où se trouve cet uranium aujourd’hui, et de s’assurer qu’il est comptabilisé et qu’il est soumis à ce qu’on appelle des garanties. »

    Cela semble être une question difficile. De même, on a demandé directement à Malley si les États-Unis allaient « permettre aux non-Américains (lire Européens) de faire des affaires avec le Corps des gardiens de la révolution islamique et de contourner les sanctions essentiellement américaines ». La réponse de Malley a été un coup de maître dans l’esquive. Il a dit :

    « Nous ne négocierions pas, n’avons pas négocié et ne négocierons pas un abaissement de nos normes sur ce que les entreprises européennes ou autres doivent faire si elles veulent faire des affaires avec l’Iran. Elles doivent respecter nos sanctions.

    « Les sanctions sont très bien définies. Le département du Trésor publie des normes très claires sur ce que les entreprises doivent faire, sur le type de diligence raisonnable qu’elles doivent exercer. Et tout rapport affirmant le contraire et prétendant que nous allons abaisser ces normes, que nous allons les négocier, est tout simplement faux. »

    À première vue, cela signifie que l’Iran peut s’attendre à un « allègement des sanctions » en termes d’accès à ses fonds bloqués dans des pays étrangers et, surtout, « qu’il serait en mesure de vendre du pétrole, ce qu’il ne peut pas faire actuellement, et d’obtenir le produit de la vente de pétrole. » Mais les sanctions contre l’IRGC peuvent être maintenues.

    En clair, l’Union européenne peut désormais acheter le pétrole iranien pour remplacer le pétrole russe. En effet, le pétrole supplémentaire qui entre sur le marché fera également baisser les prix (et réduira les revenus de la Russie.) Ces deux éléments servent les intérêts des États-Unis.

    Les États-Unis s’attendent à ce que les intérêts de l’Iran et de la Russie, en tant que pays exportateurs de pétrole, se heurtent inévitablement lorsqu’ils se disputeront les marchés. La Russie a déjà remplacé le pétrole de l’Iran sur le marché asiatique par des ventes à prix réduit. Les États-Unis espèrent que l’Iran leur rendra la pareille sur le principal marché de la Russie, à savoir l’Europe. Cela n’a rien à voir avec l’Iran. C’est la Russie, idiot !

    Et, bien sûr, les États-Unis estiment que le besoin désespéré d’argent de l’Iran finira par modérer son comportement global en tant qu’aberration. En prévision d’un comportement approprié du régime de Téhéran, le département d’État américain a menacé la semaine dernière de sanctions sévères si l’Iran vendait des drones à la Russie !

    Tant que les sanctions américaines resteront en place, il est peu probable que les entreprises européennes soient suffisamment confiantes pour faire des affaires avec l’Iran à plein régime. C’est du moins ce qui s’est passé, même après la signature de l’accord de 2015. Aujourd’hui, la solidarité transatlantique est beaucoup plus forte qu’il y a sept ans et il est hors de question que les Européens se débarrassent des garde-fous que les États-Unis mettent en place.

    Il est concevable qu’en cas d’accord, la voie s’ouvre pour que des pays non européens reviennent également dans l’économie iranienne. L’avantage va à la Chine, dont l’empressement à conclure rapidement un accord sur le JCPOA lors des négociations de Vienne est évident. La Chine a déjà mis en place une ambitieuse feuille de route de 400 milliards de dollars pour la collaboration économique avec l’Iran, y compris un mécanisme de paiement en monnaie locale.

    La grande question qui se pose est celle de la trajectoire future des relations Iran-Russie. Plus précisément, les liens avec l’Iran aideront-ils la Russie dans la sphère économique dans les conditions géopolitiques actuelles ? Il n’y a pas de réponse facile. Ne vous y trompez pas, les partenaires occidentaux vont travailler dur sur la classe moyenne iranienne.

    Une telle tactique a réussi dans le cas de l’Inde, comme en témoigne l’atrophie de ses relations avec la Russie au cours des trois dernières décennies. Curieusement, l’Iran et l’Inde présentent de fortes similitudes. Dans la sphère économique, en Inde comme en Iran, l’instinct bazari prévaut et le capitalisme de connivence est endémique. Au fil du temps, la trajectoire de l’Iran pourrait donc suivre celle de l’Inde.

    Beaucoup dépend de la résilience de la stratégie régionale américaine. Les choses ont commencé à s’améliorer pour les relations américano-indiennes après que Bill Clinton ait adopté une nouvelle attitude à l’égard de l’Inde au milieu des années 90, lorsque les perspectives économiques du pays ont commencé à s’améliorer et que les entreprises américaines ont senti des opportunités de marché.

    Il n’est pas exclu que les États-Unis adoptent une nouvelle attitude à l’égard de l’Iran, mais cela n’est pas facile à réaliser. Du côté iranien également, l’idéologie de la résistance est un héritage de la révolution iranienne et est ancrée dans la psyché chiite. Le nationalisme était une feuille d’ancrage de la révolution de 1979.

    En dernière analyse, Téhéran doit donc accepter le « texte final » proposé par l’UE au nom des États-Unis. Le fait est que les remarques de Malley suggèrent que Téhéran n’a pas reçu ce qu’il avait demandé en termes de retrait des IRGC de la liste des organisations terroristes américaines et que le dossier de l’AIEA reste ouvert. C’est une pilule amère à avaler pour Téhéran.

    L’influent Nour News a noté que « le processus d’expertise est toujours en cours et aucune décision négative ou positive n’a été prise. » En effet, le Guide suprême iranien Ali Khamenei devra donner l’approbation finale.

    PAR M. K. BHADRAKUMAR

    Source : Indian Punchline via Afrique-Asie

    #Iran #UE #Pétrole #Armes_nucléaires

  • Crise ukrainienne: Fiasco américain au Proche-Orient

    Ukraine, Russie, OTAN, Occident, Proche Orient,

    par Abdelhak Benelhadj

    La Russie est sous embargo depuis très longtemps, au moins depuis 2014. Les sanctions sévères qui lui ont été infligées après le 24 février sont dans la continuité d’une longue série dont la crise ukrainienne n’a fait qu’accélérer le rythme et l’intensité.

    « Quoi qu’il en coûte »

    Il y a de la cohérence en cela dans la politique américaine. L’objectif est clair et tout aussi cohérent : casser l’axe eurasiatique en formation, consolider le lien atlantique, changer le régime au Kremlin et s’occuper de la Chine ensuite avec un message universel limpide : le monde ne connaît et ne connaîtra qu’une seule hyperpuissance. Washington et ses « alliés » font le nécessaire pour qu’il ne vienne à quiconque l’idée de la situer en Asie ou ailleurs que sur les rives de l’Atlantique. En attendant, l’Amérique du nord et l’Union Européenne courent contre la montre en une chorégraphie tortueuse pas toujours facile à suivre. La situation d’urgence et cette dramatisation sont pour une large part factices. Que Gazprom suspende ou non fournisse son gaz cela ne change rien au projet de rupture décidée par les pays occidentaux. Il serait définitivement établi que « V. Poutine n’est pas fiable et qu’il décidera de rompre la vente de son gaz ». Avec cette précision qu’ils veulent, aux yeux de leurs opinions publiques, le faire endosser par la Russie.

    Il en est des hydrocarbures comme il en est d’ailleurs des céréales sur lesquels nous reviendrons dans un prochain papier. Ils hurlent à la famine dont la cause principale serait là aussi la Russie alors qu’elle dérive directement du boycott occidental décidé et confirmé.

    Le boycott du pétrole et du gaz ainsi que tous les produits exportés russes fait flamber les cours et provoque une inflation de moins en moins maîtrisable. Les Banques Centrales monétaristes croient pouvoir la juguler en augmentant leurs taux d’intérêt et, ce faisant, étouffent toute croissance économique au moment où la fin de la pandémie exigeait une relance.

    Pourtant, il s’agit clairement d’un choc de l’offre délibérément organisé qui ne peut en aucun cas être résoudre le problème : aucune augmentation de taux ne ferait venir plus gaz ou de pétrole en Europe ou en Amérique.

    L’industrie européenne serait pour moitié à l’arrêt. Et partout on clame que la suspension des fournitures russes aggraverait la situation dans des proportions qui dépasseraient les crises des années 1970.

    Aucun bouclier tarifaire (en France) ne serait suffisant pour faire face au choc et à la panique qui commence à s’ensuivre. Il suffirait de suivre les travaux de l’Assemblée Nationale française.

    La semaine dernière, nous avions examiné ce scénario et avions proposé que la rupture par les Russes de leurs livraisons de gaz était peu probable et serait contraire à leurs intérêts.(1)

    « Gazprom a rempli, continue de remplir et remplira pleinement ses obligations, si quelqu’un en a besoin », a affirmé le chef du Kremlin, lors d’une conférence de presse après des pourparlers à Téhéran. « Il ne fait aucun doute que nos partenaires rejettent ou essayent de rejeter toutes leurs propres erreurs sur la Russie et Gazprom », a-t-il ajouté. Rien n’y fait.

    La Russie reste l’ennemi et tout lien avec lui devra être rompu, « quoi qu’il coûte ».

    Au reste, Gazprom signale que Nord-Stream 2 est toujours disponible prêt à servir… Mais pour cela, il est nécessaire que les Européens s’affranchissent de la tutelle américaine. Et cela, ce n’est pas pour l’instant d’actualité…

    Deux solutions possibles s’offrent alors à ces pays dépendants et fortement consommateurs d’énergie :

    1.- Réduire leur consommation. Cela permet de concilier deux objectifs longtemps opposés : réduire les importations et la dépendance à l’égard de la Russie tout en se conformant enfin aux recommandations écologistes de lutte contre le réchauffement climatique et le gaspillage des ressources non renouvelables.

    On peut y ajouter l’investissement dans les énergies alternatives renouvelables (solaire, éolien, usines marémotrices, hydrogène…) et l’économie circulaire. Mais il s’agit là de solutions à moyen-long terme.

    2.- Le recours aux réserves stratégiques dans lesquelles les pays occidentaux, les Etats-Unis notamment, ont abondamment puisé. Mais cela semble loin de suffire.

    3.- Envisager l’importation de ces ressources de pays tiers, pour l’essentiel du Proche-Orient. Les hypothèses vénézuélienne ou iranienne ont peu à peu été abandonnées.

    Il y a bien évidemment une quatrième solution que les exécutifs renoncent pour le moment à considérer officiellement : revoir la politique des sanctions contre la Russie et renégocier le sort de l’Ukraine…

    Pour que cette option soit considérée avec sérieux, il faut d’abord (même sans illusions) maintenir médiatiquement la pression militaire et examiner la faisabilité d’une solution proche-orientale, envisagée d’ailleurs dès le mois de mars. C’est à cette alternative qu’est consacré ce qui suit.

    Mais avant cela il faut se demander pourquoi le Proche-Orient est-il happé par le conflit ukrainien ?

    Pourquoi le Proche-Orient ?

    Cette région traîne ses problèmes depuis la « Question d’Orient », toujours d’actualité du reste. La Turquie d’Erdogan a remplacé l’Empire Ottoman de la « Sublime Porte ».

    Ici, on est au coeur d’une multitude de conflits et d’enjeux :

    – C’est là où mers et continents se rencontrent

    – C’est là qu’ont fleuri les premières civilisations urbaines depuis la fin du paléolithique. Et là où il y a civilisations, il y a conflits d’intérêts. Et là où il y a conflit d’intérêt, il y a histoire qui commençait à s’écrire il y a plus de 5 000 ans.

    – La région est riche de ses ressources énergétiques qui ont fait son malheur.

    – L’intrusion d’Israël depuis la fin de la dernière guerre a accru l’insécurité régionale Comment et pourquoi le conflit ukrainien déborde-t-il sur cette région ?

    1.- Les rives de la mer Noire sont devenues un enjeu de première importance depuis que la Turquie a appliqué la Convention de Montreux (1936) qui a donné à la Russie un incontestable avantage stratégique. Le blocage du port d’Odessa asphyxie l’économie ukrainienne et ses exportations de céréales. Les négociations ont repris à Istanbul entre les Russes et leurs voisins.

    2.- Les sanctions portant sur le commerce extérieur russe pour lui interdire de vendre ses produits ou d’en acheter ont été une erreur capitale.

    Les Etats-Unis savaient pourtant que les capacités de production des membres de l’OPEP étaient technologiquement limitées. Ils savaient aussi que si le Qatar restait proche de Washington, Riyad et Abou Dabi se montraient très réticents à les suivre.

    Branle-bas de combat

    La mise en scène et le spectacle sont saisissants.

    Les Occidentaux semblent prendre conscience, dans la précipitation, de leurs inconséquences et s’appliqueraient à les aggraver.

    J. Biden se rend en Arabie Saoudite, M. Draghi (Premier ministre en sursis) le 18 juillet à Alger bientôt suivi par E. Macron, le jour même, la présidente de la Commission européenne se rend en Azerbaïdjan… pour tenter de doubler l’importation de gaz vers l’Europe, avec l’idée de créer une sorte de cartel des consommateurs pour faire pièce à l’OPEP+ et tenter de peser sur les prix.2

    Disons-le tout de suite : c’est un fiasco sur toute la ligne. Mais on pourra compter sur les services de presse de ces dirigeants pour en décrire le succès. Les échecs ont commencé avant ces pérégrinations au plus haut niveau.

    08-09 juillet. G20 des ministres des AE à Bali (Indonésie)

    Les Etats-Unis, soutenus par une partie de leurs alliés occidentaux, avaient appelé à ce que la Russie soit exclue des forums internationaux. Mais l’Indonésie, qui veut maintenir une position de neutralité en tant que pays hôte du G20, avait confirmé son invitation au ministre des Affaires étrangères russe tout en invitant aussi son homologue ukrainien pour faire bonne mesure. Pour marquer son grand intérêt, Sergueï Lavrov s’est absenté lors des interventions du ministre des AE ukrainien Dmytro Kuleba qui s’est adressé à distance vendredi 08 juillet aux chefs de la diplomatie du G20. Il s’est aussi retiré lors des interventions des représentants des principaux pays occidentaux.

    Mario Draghi a été imprudent à annoncer par avance l’absence du président russe, V. Poutine au G20 des chefs d’Etats en novembre prochain en Indonésie. Il a été démenti par Jakarta.

    16 juillet. G20 des ministres des finances et gouverneurs des Banques Centrales.

    Echec à nouveau. La réunion à Bali s’est achevée sans communiqué commun.

    La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen avait accusé vendredi la guerre menée par la Russie d’avoir « envoyé une onde de choc à travers l’économie mondiale », et plusieurs ministres occidentaux ont accusé les responsables économiques russes de complicité dans les atrocités commises en Ukraine. Ces allégations n’eurent aucune suite. Le bloc des membres non occidentaux du G20 n’ont rien cédé.

    Sur 14 paragraphes, deux n’ont pas pu obtenir l’unanimité des membres, car ils concernent « les implications de la guerre et comment y répondre », a déclaré le gouverneur de la Banque centrale d’Indonésie Perry Warjiyo. (AFP, S. 16 juillet 2022)

    16 juillet. Arrivée de J. Biden en Arabie Saoudite.

    Le président américain avait entamé mercredi 13 juillet sa tournée dans la région par une visite en Israël et dans les Territoires palestiniens avant de se rendre en Arabie saoudite pour assister à un sommet réunissant à Jeddah (ouest) les six membres du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar, Oman, Koweït, Bahreïn), ainsi que l’Egypte, la Jordanie et l’Irak.

    Nous reviendrons plus loin sur l’objet du détour en Israël. Et commençons par les déconvenues américaines.

    1.- MBS n’a pas attendu son prestigieux homologue au pied de Air Force One, sur le tarmac de l’aéroport mais sur le perron de son palais. Ni embrassades ni poignée de mains.

    En copains, Biden et MBS ont préféré un check des phalanges.

    C’était « pire qu’une poignée de main », a déploré le PDG du Washington Post, Fred Ryan, dans un communiqué. « Cela produisait une impression d’intimité et d’aisance qui donne à MBS la réhabilitation inconditionnelle qu’il voulait tant ». (AFP, D. 17/07/2022)

    MBS n’avait pas oublié qu’en mars 2021, Joe Biden avait promis de faire de l’Arabie saoudite un « État paria ».

    J. Biden, face à la presse, a déclaré vendredi avoir prévenu le prince héritier d’Arabie saoudite d’une « réponse » de sa part en cas de nouvelle attaque contre des dissidents, en référence à l’assassinat « scandaleux » du journaliste Jamal Khashoggi. « J’ai juste fait comprendre que si une telle chose se reproduit, ils auront cette réponse et bien plus encore », a-t-il déclaré devant des journalistes à Jeddah, disant avoir évoqué cette affaire avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, accusé par Washington d’avoir commandité cet assassinat. (AFP, V. 15 juillet 2022).

    Mme Khashoggi sait ce qu’il en est des « réponses » de Washington quand leurs intérêts sont en jeu. Sa forfanterie à menacer l’Arabie Saoudite et ses dirigeants, comme les tambours, sonne creux.

    Si les Etats-Unis était attachés aux principes moraux au point de guerroyer pour les défendre où qu’ils soient menacés, cela se saurait. Ils commenceraient par les respecter chez eux et s’abstiendraient de les violer ailleurs.

    J. Biden perd pied aussi bien sur le plan de la défense de ses intérêts que sur le plan des valeurs.

    2.- L’Arabie saoudite et les Etats-Unis annoncent avoir conclu 18 accords de coopération dans des domaines très variés (espace, finance, énergie, santé), selon un communiqué de la monarchie du Golfe. Mais cela ne change rien à l’essentiel.

    Parce que l’essentiel, la hausse de la production pétrolière, n’a pas été clairement évoqué. Or, c’est pour cette raison que le président américain s’est déplacé en Arabie Saoudite. Encore faut-il que le royaume disposât des capacités nécessaires pour augmenter sa production de manière significative. Ces dernières années l’investissement dans ce domaine n’a pas été suffisant pour qu’aujourd’hui le marché puisse fournir ce qui est demandé.

    Comme en fin mars, les Etats-Unis peinent à ruiner les liens d’intérêt qui unissent les membres de l’OPEP+ que la Russie co-préside. La demande d’augmentation de la production de l’organisation recevra une réponse polie qui se monte à quelques barils/j. Très loin des besoins occidentaux jusque-là couverts par le pétrole russe.

    Depuis plusieurs années, le royaume importe du mazout russe, ce qui lui permet de réduire ses besoins en raffinage de pétrole brut pour ses produits et de baisser la quantité de pétrole qu’il doit utiliser pour produire de l’électricité. Cette stratégie permet à l’Arabie saoudite de garder ainsi plus de stocks de brut destiné à l’exportation mieux rémunérés sur les marchés internationaux et de répondre à la forte demande actuelle, liée à la période estivale.

    L’Arabie saoudite, aurait ainsi plus que doublé ses importations de mazout de Russie via les ports russes et estoniens entre avril et juin (647.000 tonnes, soit 48.000 barils par jour) contre 320.000 tonnes sur la même période il y a un an.(3)

    Cela, Biden le savait. A-t-il pensé y mettre un terme ?

    A noter la contradiction interne aux Etats-Unis (et aussi ailleurs) entre ceux qui se réjouissent de voir les prix du pétrole exploser, au-dessus du seuil de rentabilité de leurs investissements, et les consommateurs et entreprises qui en souffrent car cela réduit leur pouvoir d’achat, leur compétitivité-prix, leurs parts de marché et leurs profits. Le pouvoir des « sept sœurs » est intact.

    3.- L’Arabie Saoudite dément toute initiative de normalisation avec Israël.

    La normalisation entre Israël et certains pays arabes, dans lequel Washington voulait embarquer aussi l’Arabie saoudite, (M. Biden a salué la décision « historique » de Ryad d’ouvrir son espace aérien à « tous les transporteurs », y compris israéliens) a été démentie par l’Arabie Saoudite.

    Peu après son départ, le ministre des Affaires étrangères saoudien déclare que l’annonce de J. Biden « n’a rien à voir avec des liens diplomatiques » avec l’Etat hébreu. Pour le prince Fayçal ben Farhane, il s’agit seulement « d’assurer une connexion entre les différents pays du monde » et ce n’est « en aucun cas un prélude à une quelconque étape » vers la normalisation. Même si Ryad est très ambiguë sur ses relations avec Israël, ce démenti est un camouflet pour J. Biden.

    La confirmation de l’échec de J. Biden est venue de Wall Street.

    Lundi 18 juillet, à la clôture, les cours du baril de Brent comme du West Texas Intermediate ont grimpé de plus de 5%, le marché ne recevant aucun soulagement sur l’offre d’or noir signifiant ainsi l’échec de la visite du président américain Joe Biden au Proche-Orient.

    4.- Les Etats-Unis, Israël et le cas iranien.

    Le 14 juillet 2015 à Vienne, un accord « 5+1 » avait été trouvé entre l’Iran, la Russie, la France, la Grande Bretagne, l’Allemagne et les Etats-Unis sous la présidence B. Obama.

    C’était un accord raisonnable favorable à la paix dans la région.

    Il permettait de s’assurer que le nucléaire iranien resterait confiné au domaine civil et les sanctions contre lui devaient peu à peu disparaître.

    Hélas, c’était compter sans le bellicisme d’Israël et des « faucons » américains qui travaillent de concert, sans que l’on sache très exactement qui est au service de qui.(4)

    Le 08 mai 2018, D. Trump dénonce l’Accord trouvé en 2018. Israël a joué un grand rôle dans cette erreur. Pourquoi cela ? Qu’est-ce qui se cache réellement derrière cet accord et sa rupture ?

    1.- Les Iranien n’ont jamais cherché véritablement à se doter de la « Bombe ». Ils ont sans doute fait mine de la vouloir pour négocier la levée des sanctions américaines qui faisaient tant de mal à l’économie et à la société iranienne depuis la chute du régime des Pahlavid (1979-1980).

    2.- Pour Israël et ses soutiens américains, l’Accord n’est pas satisfaisant et n’a rien résolu car il ne s’attaque pas à ce qu’ils veulent réellement obtenir de l’Iran. D’ailleurs, D. Trump n’a pas rompu l’accord, il demandait, comme les Israéliens le demandaient depuis le début à B. Obama sa renégociation.

    Renégociations à quelles fins ?

    Les Israéliens et les Américains voulaient :

    1.- Que les Iraniens abandonnent la mises au point et la fabrication de leurs missiles à longues et moyennes portées qui menacent Israël ;

    2.- Qu’ils cessent leur soutien à la Syrie et au Hezbollah libanais.

    La destruction de cet axe n’a jamais cessé d’être le vrai objectif américano-israélien. Il n’était pas consigné dans les Accords « 5+1 ». Ce qui explique sa dénonciation en 2018.5

    Les Israéliens voulaient éliminer la menace iranienne pour terminer son processus de colonisation.

    Les Etats-Unis voulaient se débarrasser de la présence russe dans la région et en Méditerranée pour la confiner dans la mer d’Azov sous contrôle ukrainien et turc, en attendant de favoriser l’avènement d’un régime à Moscou plus docile. B. Eltsine a été beaucoup regretté à Washington.

    Lors de son passage en Palestine la semaine passée, J. Biden n’a renié aucune des décisions de D. Trump qui violaient pourtant les Résolutions des Nations Unies sur la colonisation et sur Jérusalem. L’ambassade américaine y a été déplacée et elle y reste.

    Pour ce qui est de l’Iran et de l’accord de 2015, J. Biden confirme tout ce sur quoi D. Trump s’était engagé. Mieux : il a signé un pacte stratégique israélo-américain explicitement hostile à Téhéran pour s’assurer que l’Iran ne se dote «jamais» de l’arme nucléaire.

    Alors que la visite de Joe Biden au Moyen-Orient se poursuit, sur fond de montée des tensions avec l’Iran, les Emirats arabes unis (EAU) font un pied de nez à Washington et optent pour l’apaisement avec Téhéran qui ne manque pas d’alliés, et ils le font savoir.

    Vendredi 15 juillet, avant la visite à Paris du président émirati, Mohammed Ben Zayed (« MBZ »), son conseiller diplomatique Anwar Gargash a annoncé qu’Abou Dhabi envisageait de renvoyer prochainement un ambassadeur en Iran, six ans après avoir abaissé le niveau de sa représentation à Téhéran.

    « Nous sommes en plein processus pour envoyer un ambassadeur en Iran, a affirmé M. Gargash lors d’un point de presse. Notre ministre de l’environnement et du changement climatique [Mariam Bint Mohammed Saeed Hareb Almheiri] était en Iran il y a quelques jours [le 12 juillet]. Nos échanges avec l’Iran se poursuivent au niveau ministériel. Ainsi, nous donnons le signal que la confrontation avec Téhéran n’est pas une option pour nous. Si cela a lieu, nous n’en ferons pas partie. » (Le Monde, S. 16 juillet 2022)

    Mardi 19 juillet Téhéran confirme ce processus en accueillant ses homologues turc et iranien.

    N’oublions pas qu’une part du pétrole russe sanctionnée par les Européens passe par l’Iran, via la mer Caspienne, pour être raffinée en Inde et renvoyée en Europe au plus grand profit de New Delhi.

    En sorte qu’entre avant les sanctions et après, c’est le consommateur européen qui paie la différence.

    La décote affectant le prix du pétrole russe vendu aux Indiens est compensée par l’augmentation importante du baril du fait même des sanctions.

    N’est-ce pas à cette « performance » que songeait Orban, le Premier ministre hongrois quand il déclarait le vendredi 15 juillet, dans une allocution à la radio nationale :

    « Bruxelles croyait que la politique des sanctions pénaliserait les Russes, mais elle nous pénalise encore plus ». « Au début, j’ai pensé que nous nous étions simplement tiré une balle dans le pied, mais l’économie européenne s’est tiré une balle dans les poumons et est asphyxiée »

    « Washington, en essayant de créer des tensions dans la région a une fois de plus eu recours à la politique de l’iranophobie et c’est raté. » Nasser Kanani, porte-parole iranien des Affaires étrangère. (LCI, D. 17 juillet 2022).

    L’Iran n’avait « pas pris la décision de fabriquer une bombe atomique » mais possède « les capacités techniques de fabriquer une bombe nucléaire », avait déclaré dimanche 17 juillet Kamal Kharrazi, président du Conseil stratégique des relations internationales iranien (sur le site de Al-Jazeera, AFP, L. 18 juillet 2022).

    Il ajoute, pour être bien compris de ceux qui seraient tentés par une réédition de l’opération « Opéra »6 qui a détruit le 06 avril 1979 le réacteur nucléaire Osirak, vendu par la France à l’Irak en 1976, que l’Iran avait mené de « vastes manœuvres pour pouvoir frapper Israël en profondeur si ses installations sensibles sont prises pour cibles ».

    A bon entendeur… si les Etats-Unis persistaient dans leur obstruction dans les négociations de l’Accord de 2015 et continuait à le menacer, l’Iran lancerait son programme nucléaire militaire.

    Rien ne saurait en compromettre le succès ou les conséquences, si d’aventure on essayait de l’arrêter.

    Un Emir à Paris.

    E. Macron déroule le tapis rouge devant « MBZ » en visite d’État en France. Le président émirati reçoit les insignes de grand’croix de l’Ordre national de la Légion d’Honneur, et une édition de 1535 de la carte du géographe allemand Lorenz Fries de la péninsule arabique et du golfe.

    Après un accueil au château de Versailles, ponctuée lundi soir par un dîner royal au Trianon, « MBZ » se rendra au Sénat, à l’Assemblée nationale et à Matignon.

    Dans son discours de bienvenue, E. Macron a fait allusion à la guerre que la Russie a déclenchée en Ukraine et à la menace nucléaire que fait peser l’Iran sur la région.

    Ce n’était que rhétorique destinée aux médias. Il savait parfaitement que « son ami MBZ » venait de décider de rétablir ses liens avec Téhéran et que les Emirats ont accueilli – pour fuir les sanctions américaines- dix fois plus d’entreprises russes qu’avant le 24 février.

    Qu’a donc fait cet honorable émirati émérite pour mériter ce faste et tous ces honneurs ?7

    Il suffit pour cela de mettre de côté les sirupeuses références aux principes occidentaux que l’Occident ne respecte pas pour en venir à l’essentiel.

    Les Emirats accueillent une base militaire française (à Abou Dhabi, juste en face de l’Iran) et sont devenus l’un des premiers clients de l’industrie militaire tricolore, symbolisé par le contrat du siècle fin 2021 : 80 avions Rafale pour 14 Mds€.

    Mais il y a plus urgent : Paris doit impérativement négocier avec les Émirats la livraison de diesel raffiné pour remplacer celui que la Russie ne fournit plus à la France.

    Est-il nécessaire d’ajouter que « MBZ » est à la tête de fonds souverains, alimentés en pétrodollars, qui frôlent les 1 500 Mds€ dont 1.5 Mds€ ont été investis dans un fonds de la BPI, le principal pompier d’une l’économie française en grande difficulté ?

    Tout le reste est littérature…

    Le président français connaît le format de ses illusions. Mais comme ce n’est pas lui le gardien des règles du jeu et qu’il ne distribue pas les cartes…

    Tout a une fin. Un autre monde est possible.

    Il est un fait que très tôt, Riyad et Abou Dabi s’étaient montrés très réticents à suivre les Américains.

    Le 25 février dernier, lors du vote du Conseil de sécurité des Nations unies, sur le projet américain et albanais de résolution relatif à l’Ukraine et condamnant la Russie, les Émirats avaient résisté à la pression de Washington en s’abstenant lors du vote. Sous forte pression, ils avaient fini par se rallier à cette résolution, le 02 mars, mais ils avaient bien nuancé leurs déclarations en sorte d’éviter de condamner nommément la Russie.

    Mieux.

    1.- Les dirigeants de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, Mohammed ben Salmane et Mohammed ben Zayed al Nahyane, ont tous deux décliné une proposition de s’entretenir avec Joe Biden au sujet d’une augmentation de la production de pétrole pour compenser les hausses de prix mondiales du brut qui profitent à Moscou.

    Le journaliste américain Fareed Zakaria, y voit le signe d’un déclin que les Européens ne discernent pas (encore) : « La Pax Americana des trois dernières décennies est terminée. Vous pouvez en voir les signes partout. Considérez le fait que les dirigeants des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite –deux pays qui dépendent de Washington pour leur sécurité depuis des décennies– ont refusé de prendre les appels téléphoniques du président américain! » 8

    Comme V. Poutine a fini par refuser ceux de son homologue français…

    2.- 17 mars, en visite à Moscou ; le ministre des Affaires étrangères émirati, Abdullah ben Zayed al Nahyane, déclarait que les Émirats souhaitaient coopérer avec la Russie pour améliorer la sécurité énergétique mondiale.

    3.- L’Arabie saoudite va plus loin. Officiellement, elle déclare préserver sa relation avec Moscou et Pékin, et aurait entamé des pourparlers avec la Chine pour abandonner le dollar américain au profit du yuan dans les transactions pétrolières, ce qui irait dans le sens de la dédollarisation souhaitée par le Kremlin.

    Conclusion.

    1.- Il ne faut jamais présumer de sa clairvoyance et de la faiblesse de l’adversaire.

    Des mois auparavant, les Etats-unis n’avaient pas cessé d’annoncer l’« invasion » russe imminente de l’Ukraine. Personne, ne semblait donner crédit à une nouvelle inlassablement répétée. Ni les autorités européennes, ni même les autorités ukrainiennes. Ils avaient tort.

    Le 24 février la machine de guerre russe passait à l’action. Washington en a-t-il fait suffisamment pour cela ? Sa Sainteté le pape François en est convaincu.

    Mais les Etats-Unis n’avaient pas toujours raison. Ils avaient même tort de laisser croire qu’ils avaient tout prévu.

    La Russie aurait-elle sous-estimé la résistance ukrainienne (rien ne le prouve)9 et l’aide considérable que les Etats-Unis lui ont apporté ? Les Etats-Unis n’auraient-ils pas, à leur tour, sous-estimé l’anticipation russe des événements ?

    Dès le début des hostilités, il n’aurait pu y avoir et même dû y avoir qu’une seule vague de sanctions. Pourquoi deux, trois… sept vagues successives et les pays occidentaux ne cessent d’en prévoir de nouvelles ? N’est-ce pas parce que ces sanctions s’avéraient, l’une après l’autre, insuffisantes ?

    Mieux, les sanctions se retournent contre leurs auteurs. La Russie en souffre sans doute. Mais pour l’instant le régime du Kremlin tient. Il ne semble menacé ni par la rue, ni par une révolution de palais. Elles produisent un « effet boomerang » qui menace bien davantage les pays occidentaux, européens en l’occurrence, que la Russie. N’auraient-elles pas été conçues à cette fin ?

    Mardi 1er mars 2022, face au Congrès, le président américain dans son discours « sur l’état de l’union », se vantait d’avoir tout prévu. « Poutine avait tort. Nous étions prêts » lançait-il.

    J. Biden avait tort.

    C’est précisément parce qu’il n’avait pas « tout prévu » qu’il se retrouve contraint d’avaler son chapeaux en Arabie Saoudite. Et il n’est pas sûr que cet acte de résipiscence soit digeste et productif.

    Les pays occidentaux ont choisi la fuite en avant et poussent leur offensive aux dernières limites de la résistance de leurs populations.

    Question : mais qu’avaient-ils donc à faire dans cette galère ? Pour la protection de l’Ukraine, de son peuple et de son très médiatique président ?

    2.- Il ne faut jamais faire confiance à un tiers pour la défense de ses intérêts.

    Et se méfier des promesses de ceux qui vous invitent à combattre pour eux…

    Si le voyage de J. Biden en Arabie devait confirmer une règle c’est bien celle-ci : les principes moraux s’effacent systématiquement devant les intérêts. Avec cette différence : Biden a perdu sur les deux plans. Il a démontré le peu de cas que les Etats-Unis font des valeurs au nom desquelles ils prétendent gouverner le monde. Et que même en les bafouant ils n’obtiennent rien en retour.

    « Comme prévu, le président Biden n’a rien accompli, à part se ridiculiser, lui et les Etats-Unis, devant les Saoudiens », a sévèrement jugé Stephen Schork10. (AFP, mardi 19 juillet 2022)

    Les Etats-Unis et ce qui lui font office d’« alliés » qui leur ont fait confiance ou cédé à leur pression, se retrouvent face aux in-conséquences de leurs décisions.

    Kashoggi, le journaliste assassiné, a été enterré une deuxième fois. Sa veuve, Hatice Cengiz, n’a plus que ses yeux pour pleurer. Et tous les donneurs de leçons de démocratie, professionnels de la com’, devront aussi avaler leurs parapluies.

    Hatice Cengiz a publié un tweet avec une capture d’écran du compte de son défunt mari adressé au président américain : « est-ce ainsi que exigez comme promis de rendre des comptes pour mon meurtre ? » « Le sang de la prochaine victime de MBS est sur vos mains »11, est-il ajouté, avec une photo du « check » du poing que M. Biden a fait au prince saoudien, après avoir juré de faire de lui un paria.

    La démocratie, la liberté, le respect des règles ce sont des contraintes qui s’imposent aux vassaux et aux supplétifs, pas aux maîtres du monde.

    Kurdes et, demain, Ukrainiens et aussi Européens, devront payer la note d’une Amérique habituée à envoyer la facture de leurs déconvenues à leurs plus fidèles « alliés ».

    On a vu ce qu’il en fut des « auxiliaires » trahis en août dernier qui les ont aidé en Afghanistan, ainsi d’ailleurs que leurs alliés, unilatéralement abandonnés, comme naguère les Vietnamiens qui ont combattu le Vietkong ou encore les harkis algériens en 1962.

    Jetés après usage.

    En Ukraine, on meurt par milliers sous les bombes. Les villes dont dévastées, les campagnes brûlent, l’emploi rare, les revenus insignifiants, le PIB du pays effondré, les populations contraintes à l’exile intérieur ou vers l’étranger… Plus de 10 millions d’Ukrainiens ont quitté leur foyer.

    Les Ukrainiens sont sidérés et même indignés à suivre les débats en Europe. Pendant que leur pays est détruit, les Européens se préoccupent de pouvoir d’achat, de hausse rapide des prix de leurs produits alimentaires, de leur essence, de leur loyer…

    Déjà, un peu partout en Europe, des voix s’élèvent pour qu’on mette fin à cette divagation.

    Les Ukrainiens n’ont pas fini de s’indigner.

    « Les conneries c’est comme les impôts, on finit toujours par les payer. » Michel Audiard

    Notes

    1- A. Benelhadj : « Crise ukrainienne. La guerre du gaz ».

    Le Quotidien d’Oran, J. 14 juillet 202

    2- L’OPEP+, présidée par Riyad et Moscou, réunit les 13 membres de l’OPEP et dix exportateurs de pétrole non membres.

    3- Reuters, via La Tribune, V. 15 juillet 2022.

    4- Ces éminences grises US qui encadrèrent l’arrivée de R. Reagan au pouvoir en 1981, s’étaient manifestées par une lettre adressée au président William Clinton (26 janvier 1998), avant d’occuper les principaux postes dans le gouvernement de G.-W. Bush et ouvrir des boucheries en Afghanistan (07 oct. 2001 – 30 août 2021) et en Irak (mars 2003- ). L’érection de tribunaux et de potences pour juger et condamner les « criminels de guerre » russes qui auraient commis des « crimes de guerres », voire des « génocides » en Ukraine devraient attendre leur tour.

    Les faucons US ont des carrières et des priorités à faire valoir. Sans doute, seul le tribunal de l’histoire se chargera de les juger. Les uns après les autres ils meurent paisiblement dans leur lit comme Donald Rumsfeld (juin 2021) ou Peter W. Rodman (août 2008).

    5- Lire A. Benelhadj : « L’Iran et la bombe », Le Quotidien d’Oran, 23 décembre 2021.

    6- Appelée également opération « Babylone » ou opération « Ofra » (en hébreu). Lire Pierre Péan (1982-1991) : « Les deux bombes ou comment la guerre du Golfe a commencé le 18 novembre 1975. » Fayard, 199 p.

    7- Pourtant, l’émirat de Dubaï est loin de respecter les plus élémentaires et les plus compréhensives valeurs occidentales : les arrières cours de la Fédération présidée par Abou Dhabi sont le théâtre d’une surveillance de masse de l’internet ou de l’espace public. La moindre voix dissidente est impitoyablement réprimée. Le plus célèbre opposant, Ahmed Mansour, survit dans un isolement quasi total depuis 2017. (Ouste France, L. 18 juillet 2022)

    8- La Tribune (AFP), mardi 05 avril 2022.

    9- L’opération autour de Kiev et dans le nord de l’Ukraine au début de l’offensive russe suivie de la concentration sur le Donbass mériterait, lorsque le conflit aura cessé, un retour circonstancié

    sur les événements pour mieux connaître et mieux comprendre ce qui s’était passé.

    10 « On a eu une correction qui nous a fait descendre sous 100 dollars le baril », en grande partie liée à la peur d’une récession et d’une chute de la demande, « mais maintenant, on revient à la réalité, et rien n’a changé », a commenté Stephen Schork analyste et auteur du Schork Report, un bulletin d’information (fondé en 2005) destiné aux professionnels, sur l’évolution des marchés financiers, notamment du secteur de l’énergie.

    11- AFP, V. 15 juillet 2022

    Le Quotidien d’Oran

    #Ukraine #Russie #OTAN #Occident #Proche_Orient

  • Un frère à Nasser Bourita à la mission du Maroc à l’UE ?

    Maroc, Nasser Bourita, Ministère des Affaires Etrangères, Mission du Royaume du Maroc auprès de l’Union Européenne, OTAN,

    S’agit-il d’un frère à Nasser Bourita, le chef de la diplomatie marocaine? En tout cas, il porte le même nom de famille et il est Conseiller à la Mission du Royaume du Maroc auprès de l’Union Européenne. Le 29 mai 2012, il a envoyé un mail à Saadeddine El Othmani dans lequel il loue les « qualités » du responsable islamiste. Voici son texte:

    Monsieur le Ministre ;

    Comme suite à vos instructions, j’ai l’honneur de vous faire parvenir, en plusieurs envois, une sélection de photos relatives à votre participation au Sommet de l’OTAN avec les partenaires, qui s’est tenu à Chicago, les 20 et 21 mai 2012.

    Je saisi cette occasion pour vous dire combien j’étais honoré de vous rencontrer et d’avoir eu l’immense plaisir d’apprécier vos hautes qualités humaines ainsi que toute l’attention que vous portez à vos collaborateurs.

    Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de ma très haute considération.

    Youssef BOURITA

    Conseiller

    OTAN – PSDC

    Mission du Royaume du Maroc auprès de l’Union Européenne

    Avenue F.D. Roosevelt, 2, 1050 Bruxelles

    Phone : +3226263422

    Fax      : +3226263434

    #Maroc #Diplomatie #Youssef_Bourita #Nasser_Bourita #OTAN

  • Les pièges euro-atlantistes dans l’espace Maghreb-Sahel

    Les pièges euro-atlantistes dans l’espace Maghreb-Sahel

    Maghreb, Sahel, OTAN, Europe, Algérie, Mali, Niger, Maroc, Libye, Mauritanie,

    Avec sept frontières terrestres africaines et deux autres frontières maritimes européennes, avec l’Espagne et l’Italie, l’Algérie surveille un très large espace géographique de l’ordre d’un continent. Et pour la première fois depuis 1962, les périls sont pratiquement présents de tous les côtés. De quel côté que le regard se pose, il y observe périls et jeux de Monopoly : la Tunisie, fragilisée par des soucis politiques, n’alimente pas encore le réconfort ; la Mauritanie, qui tente de faire de la realpolitik, fait en sorte de suivre, principalement, ses intérêts économiques ; le Mali est soumis à une pression euro-française intense pour en chasser les Russes, une pression qui n’exclut aucun moyen pour désarticuler Bamako, qui résiste avec succès, jusque-là; le Niger, maillon faible des pays du champ, fait une fois de la résistance, mais deux fois le porte-voix de la France ; la Libye est le pays qui donne le plus d’inquiétude pour le moment, car soumis aux groupes paramilitaires, très puissants aussi bien dans le Cyrénaïque, la Tripolitaine que le Fezzan, peut basculer dans la violence à tout moment, avec possibilité de l’ « exporter », également. Du côté marocain, les choses ont le mérite d’être claires pour inciter à un redoublement d’attention.

    Malheureusement, l’Europe et l’Otan ont joué, jouent, et joueront encore sur les points de dissension qui existent dans cet espace. Si la guerre doit changer de camp, c’est certainement sur cet espace qu’ils la planteront en essayant de trouver le maillon faible. Et c’est pour cette raison, comme pour d’autres, également, il faut faire attention aux pièges euro-atlantistes dans l’espace Maghreb-Sahel.

    Les ballons-sondes lancés épisodiquement pour tâter le pouls des Africains n’échappent à personne, comme ce fut le cas récemment pour le Mali, qui, selon l’Espagne (qui, subrepticement, se trouve en train de jouer le rôle de l’ « éclaireur » pour l’Otan dans la région maghrébo-sahélienne), peut motiver une intervention otanienne.

    L’antécédent libyen ne doit pas être perdu de vue. L’entêtement franco-atlantiste à déboulonner la Libye par ses fondements avait été un acte assez brutal qui a durablement châtié le Maghreb et le Sahel pour très longtemps.

    L’Express, 14/07/2022

    #Algérie #Sahel #Mali #Mauritanie #Russie #Niger #Maroc #Maghreb #OTAN #Espagne

  • Ce que la guerre en Ukraine nous révèle

    Ce que la guerre en Ukraine nous révèle

    Ukraine, Russie, URSS, OTAN, Etats-Unis, Occident, Union Européenne,

    par Djamel Labidi

    Cette guerre en Ukraine révèle décidément bien des choses. On découvre que les principaux pays européens occidentaux, la France, l’Angleterre, l’Allemagne n’ont pas réellement d’armées, une armée capable d’affronter une» vraie guerre», une «guerre de haute intensité» comme on dit maintenant.

    Trois à quatre jours de munitions en réserve

    Et surprise des surprises, ce sont les pays de l’Est de l’Europe, les ex «pays socialistes», Pologne, Roumanie, Slovaquie, Bulgarie etc.. qui ont le plus d’armements, chars, canons, avions, hérités de l’Union soviétique. Et ce sont eux qui les fournissent à l’Ukraine. L’Ukraine a toujours été l’enfant chéri de l’URSS: celle-ci lui avait confié une grande partie de sa puissance militaire: missiles, charges nucléaires, marine de guerre, aviation et blindés. Au lendemain de son indépendance, l’Ukraine était ainsi la troisième puissance nucléaire mondiale, avant qu’elle ne renonce à l’arme nucléaire. En 2022, l’Ukraine restait encore bien armée . Elle était classée 22eme puissance militaire mondiale.

    On pensait, au début du conflit, que la France hésitait à fournir en quantité et à un niveau significatif des armes à l’Ukraine pour ne pas paraitre cobelligérante. En réalité elle n’en avait pas. A-t-elle voulu cacher son dénuement ? En mars 2022, le président de la commission de défense et des affaires étrangères du sénat français, Mr Christian Cambon révèle sur la radio française internationale ( RFI) que la France n’a en réserves que «3 à 4 jours de munitions en cas de conflit de longue durée». On découvre aussi que ses forces conventionnelles sont limitées: en tout et pour tout, 200 chars, 110 canons , les fameux «Caesar», 217 avions de combat ( fr.m. wikipedia.org). Ceci est à rapprocher des 318 aéronefs dont 247 avions de combat, des 2596 chars et des 2000 canons que l’Ukraine pouvait aligner au 25 février au début du conflit ( fr.m.wikipedia.org, 2021 ).

    Bref on découvre que la France est une puissance militaire par sa force de dissuasion nucléaire, mais qu’elle n’a pas réellement d’armée conventionnelle, capable d’affronter la situation d’une guerre de «haute intensité». En fait, elle n’avait que les moyens de sa politique militaire de ces dernières décennies: l’organisation d’ expéditions contre des États africains vulnérables. Elles n’ont eu d’autres résultats que de raviver chez les Africains le souvenir des colonnes coloniales

    De guerre lasse, la France, pressée par l’Ukraine, finira par livrer ce qu’elle a, soit 18 canons Caesar, soit près d’un cinquième de toutes ses capacités d’artillerie. Et il faudra, remarque un général en retraite français sur un plateau de télévision, plusieurs années à la France pour renouveler ce stock de canons

    En réalité, le problème est général pour les pays occidentaux. Leurs stocks sont limités. L’Angleterre malgré ses rodomontades, a des stocks d’armes qui ont vite fondu. C’est même le cas des États-Unis, pour notamment les armes antichars, qui se trouve confrontés à un problème de renouvellement des armes fournis à l’Ukraine et donc de production de ces armes, et donc de relance de son industrie de guerre dans certains secteurs.

    Comment se fait-il que l’Ukraine, qui possédait au départ du conflit, plus d’armements que les principaux pays européens occidentaux, n’ait cessé de leur demander des armes. Une des raisons est probablement que l’Ukraine a vite épuisé, son héritage d’armement «soviétique». Par ces appels au secours incessants, les dirigeants ukrainiens n’ont-ils pas voulu masquer, aux yeux de leur opinion, leur gestion désastreuse de la guerre et la destruction si rapide d’un arsenal pourtant relativement impressionnant.

    Mais il y a surtout, à ces besoins d’armes permanents, une raison profonde, une cause structurelle. Il est difficile à un pays ne disposant pas d’une industrie de guerre de mener longtemps une guerre de haute intensité contre un pays qui lui a une puissante industrie de guerre, c’est-à-dire une grande puissance comme l’est la Russie. La Russie a une puissante industrie de guerre qui lui permet de façon ininterrompue de produire, d’entretenir et de remplacer ses armements, tandis que l’Ukraine est exposée à des demandes d’armement intenses, sans fin et longues à satisfaire. Les Ukrainiens auront beau demander aux USA «la parité avec la Russie en termes de puissance de feu», là est la grande différence. Une telle exigence montre en plus leur absence totale de réalisme et leurs illusions ou alors c’est une manière de se dégager de leur responsabilité envers leur population face à leurs échecs et leur incapacité à trouver une voie de paix en dehors d’une guerre sans perspective.

    Ces ukrainiennes de Paris

    Sur les plateaux de télévision français, les franco-ukrainiennes de Paris se succèdent. À l’intensité de leur accent , on peut deviner les «anciennes» et les «nouvelles» arrivées. Chaque plateau veut avoir la sienne Elles relient scrupuleusement sur les plateaux les analyses, les informations, les thèmes de propagande du pouvoir et de l’armée ukrainiens. Elles y croient dur comme fer. Elles sont en service commandé. Leur éloignement de la cruauté de la guerre, la vision abstraite ou romantique qu’elles en ont, favorisent une ferveur nationaliste et un jusqu’auboutisme guerrier qui sont d’autant plus exploités par la propagande qu’elles introduisent sur les plateaux une touche émotionnelle.

    La nostalgie aidant, ces immigrées ukrainiennes ou ex immigrées présentent une vision subliminale de leur pays d’origine: «le plus grand pays d’Europe, un pays déjà développé, un peuple slave mais lui profondément européen, occidental, moderne au contraire du russe arriéré, brutal et soumis».

    Mais la réalité est tout autre. L’Ukraine est le deuxième pays le plus pauvre d’Europe avec un PIB par habitant d’environ 3600 euros en 2021. En 30 ans d’indépendance elle a peu avancé contrairement à la Russie dont le PIB/ha lui est aujourd’hui trois fois supérieur. Du fait de la pauvreté, l’émigration a été intense. On peut même penser que l’énorme et étonnant exode du pays, dès la nouvelle de l’entrée de l’armée russe en Ukraine, a été saisi par beaucoup comme une opportunité d’émigration d’autant plus attractive qu’elle était entourée d’une grande qualité d’accueil des réfugiés dans les pays occidentaux.

    C’est dans un tel contexte, celui de la pauvreté et d’une émigration intense, que s’est développé le phénomène de la corruption en Ukraine. Le président Zelensky a dû sa popularité, d’abord en tant qu’acteur puis en tant que président, au fait qu’il s’est saisi du thème central de la lutte contre la corruption. Il a cependant lui-même été éclaboussé par celle-ci lorsque les Pandora Papers ont révélé que lui et son entourage proche étaient les bénéficiaires d’un réseau de sociétés offshore, dont certaines possédaient des propriétés coûteuses à Londres.

    Dans ce climat régnant en Ukraine, guerre, pauvreté, corruption, la tenue toute récente de Conférence de Lugano sur «la reconstruction de l’Ukraine» apparait comme surréaliste. Elle laisse le monde songeur. Où a-t-on vu reconstruire un pays avant la fin d’une guerre ? Ne craint-on pas que ces sommes fabuleuses déversées, à flots ininterrompus et apparemment sans contrôle, sur l’Ukraine par les pays occidentaux, et notamment les États Unis, se perdent dans le dédale des réseaux multiples de la corruption de ce pays.

    On aurait ainsi l’explication d’une telle aberration que cette conférence de Lugano: l’influence d’intérêts obscurs, ceux des profiteurs de guerre. On comprend alors que les forces de la corruption en Ukraine, en liaison avec des forces étrangères, pourraient avoir intérêt à ce que la guerre dure. Si le peuple ukrainien, occupé et sidéré par la guerre ne parvient pas à se dresser contre la corruption, celle-ci deviendra le principal obstacle à la paix.

    Le quotidien d’Oran, 14 juillet 2022

    #Ukraine #Russie #URSS #OTAN #Occident #Etats_Unis

  • Crise ukrainienne : la guerre du gaz

    Crise ukrainienne : la guerre du gaz

    Ukraine, Russie, Gaz, OTAN, Occident, Union Européenne, UE, Etats-Unis,

    par Abdelhak Benelhadj

    « Winter is coming » Game of Thrones.

    Déclarée depuis longtemps, la guerre du gaz prend une nouvelle tournure : en plus d’un siècle les acteurs et l’enjeu sont les mêmes, mais les règles et le contexte ont changé.

    Le marché des hydrocarbures brasse des sommes considérables, opposent des acteurs pugnaces prêts à prendre tous les risques et affectent une multitude de domaines. C’est pourquoi l’approche est difficile et toujours très complexe. C’est encore plus vrai quand la paix du monde est en jeu.

    « L’Allemagne en plein choc gazier! », titre lundi en Une Bild, le quotidien le plus lu d’Allemagne. « Nous sommes confrontés à une situation inédite, tout est possible », reconnaît au cours du week-end le vice-chancelier allemand, Robert Habeck, sur la radio publique. « Il est possible que le gaz coule à nouveau, même en quantité supérieure à avant. Il est possible que plus rien ne vienne et nous devons nous préparer comme toujours au pire ».

    Les Américains ont tout fait pour annuler la mise en service de Nord-Stream 2. Nord-Stream 1 suit le même tracé sur 1 200 km à travers la mer Baltique. La société russe qui l’administre a décidé 10 jours de travaux de maintenance qui courent jusqu’au 21 juillet. Il n’y aura plus de gaz exporté vers l’Europe jusqu’à cette date. Y en aura-t-il après ? C’est toute la question.

    L’Allemagne étant la porte d’entrée principale du gaz russe, c’est toute l’Europe qui est en ébullition. 48.4% du gaz qui y est consommé vient de Russie.

    La dépendance au gaz russe en Europe. (AFP, L. 07/03/2022)

    Tous les pays européens ne subissent pas la contrainte énergétique de manière identique. Mais la valeur et l’importance des hydrocarbures ne sont plus à démontrer pour tous.

    « Les choses sérieuse n’ont pas encore commencé »

    Ce n’est pas très compliqué : pas de gaz et pas de pétrole, c’est pas de transports, pas de chauffage, pas d’industries en activité. Si on ajoute que ces produits ne sont pas seulement de l’énergie et sont aussi des matières premières à la base de nombreuses branches d’activité (chimie, pharmacie, cosmétologie, mécanique, BTP…)1, il n’est pas abusif d’inférer qu’en leur absence, on peut anticiper l’arrêt de l’économie des pays importateurs.

    D’autre part, l’arrêt de l’économie allemande a des conséquences sur tous ses autres voisins dont l’économie dépend directement. Il s’agit des ex-pays de la zone mark, mais aussi des ex-PECO qui hébergent de très nombreuses unités industrielles allemandes. A ceux-là, on peut ajouter les autres pays de l’Euroland dont la signature est couverte et garantie par celle de Berlin. Personne n’ignore son poids dans la valeur de l’euro et celle des titres de créance des pays qui en ont fait leur monnaie.

    On comprend la panique qui a saisi les dirigeants des pays européens importateurs d’hydrocarbures russes via l’Allemagne et ceux qui lui sont fortement liés.2

    Est-ce ainsi qu’ils ont interprété le mot de V. Poutine ? : « Chacun doit savoir que nous n’avons pas encore commencé les choses sérieuses » (V. 08 juillet 2022, dans un discours aux parlementaires russes).

    « Il faut se mettre dans le scénario du pire (…) À tout moment, la Russie peut interrompre totalement ses livraison de gaz » s’alarme Agnès Pannier-Runacher la ministre française de la Transition énergétique (Le Figaro, D. 10 juillet 2022). « L’hypothèse d’une rupture de livraison [de gaz] de la Russie pour l’Europe est crédible. Il faut donc s’y préparer. » « On n’imagine pas demander aux Français, à commencer par les français modestes, de payer leur gaz 45% plus cher ou leur électricité un tiers plus cher… » Elisabeth Borne, première ministre, S. 09 juillet 2022.

    e n’est pas dans quelques mois que la catastrophe va arriver. La catastrophe est déjà là. Elle est masquée par un « bouclier tarifaire » qui ne saurait durer.

    Ces craintes ne sont ni lointaines ni théoriques. Il y a quelques semaines, la Russie avait réduit presque de moitié ses exportations de gaz à cause d’ennuis techniques sur Nord-Stream 1 liés à la fourniture de pièces détachées de Siemens.

    Gazprom ne déchire pas son contrat, mais s’il le faisait, qui l’en blâmerait ? Après tout, les sanctions qui lui sont infligées par ses « clients » ne sont-elles pas une déclaration de guerre qui l’affranchirait de toute obligation ? N’est-ce pas eux qui menaçaient d’interrompre leurs achats pour réduire les revenus de la Russie ?

    Est-il concevable d’attendre d’un pays qu’il collabore à son détriment avec ses ennemis en continuant à leur vendre un bien essentiel jusqu’à ce qu’ils soient en état de s’en passer pour le priver de revenus ?

    Le piège

    La Russie semble avoir une carte maîtresse en main, mais c’est un piège habilement tendu.

    Il est peu probable que Moscou interrompe ses fournitures de gaz à l’Europe.

    1.- Parce que, même en conflit avec lui, il n’est jamais correct de rompre un contrat signé avec un client ;

    2.- Parce qu’elles génèrent des revenus que la Russie et son économie ne peuvent dédaigner ;

    3.- Parce qu’il ne faut jamais insulter l’avenir. L’Allemagne a résisté comme elle a pu à toutes les sanctions et pressions pour rompre ses liens avec la Russie. Il y a là une volonté pérenne et ferme que les Russes seraient avisés à ne pas s’aliéner quelles que soient les confusions que connaît la gouvernance allemande sous pressions extérieures.

    Voilà pourquoi Moscou commettrait une erreur à cesser de s’acquitter de ses obligations commerciales contractuelles sans discernement ni mesure.

    De plus, elle se mettrait à dos tous les pays européens et surtout leurs opinions publiques alors que le plus efficace serait d’oeuvrer à les diviser en modulant ses représailles.

    La dramatisation de l’hypothèse d’une telle rupture sert en l’occurrence à faciliter l’adoption de mesures économiquement et socialement impopulaires pour tenter de résoudre des problèmes qui n’ont rien à voir avec la crise ukrainienne.

    Profitant de la situation, les patronats français et italiens somment leurs gouvernements pour qu’ils osent…

    « Il est évident qu’on n’aura plus de gaz russe d’ici la fin de l’année, soit par (notre) choix, soit par choix des Russes », a affirmé le chef du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, lors d’une conférence de presse à Paris avec son homologue italien dans le cadre du 4e Forum économique franco-italien. « Il faudra encaisser une hausse » des prix de l’énergie pour les consommateurs, a-t-il fait valoir, exhortant le gouvernement français à « annoncer des mesures impopulaires » au plus vite.

    Selon le patron du Medef, le président Emmanuel Macron doit « dire la vérité à nos concitoyens » et « faire le choix du producteur avant de faire celui du consommateur ». (AFP, mardi 12 juillet 2022)

    Son homologue italien, Carlo Bonomi, a lui aussi exhorté les dirigeants politiques à « opérer des choix difficiles ». Un langage que les bons peuples européens subissent depuis une quarantaine d’années.

    N’est-ce pas E. Macron qui parlait il y a peu d’« économie de guerre » ?

    La Russie cause de tous les maux

    Quelles accusations les médias atlantistes européennes portent-elles contre la Russie ?

    Des arguments essentiellement à caractère moral : attaque d’un pays voisin, mort de civils, destructions urbaines, vols de céréales, des pays pauvres réduits à la faim…

    Le Secrétaire d’Etat américain orchestre une campagne mondiale accusant la Russie d’être à l’origine des troubles à Sri Lanka alors que ces troubles graves datent de bien avant la crise ouverte en Ukraine et porte sur une administration calamiteuse des affaires de ce pays.

    L’accroissement des coûts des produits importés a été la goutte qui a fait déborder un vase qui menaçait le régime en place depuis longtemps. Cela se reproduira sans doute ailleurs. Et, à nouveau, la Russie en sera déclarée responsable.

    M. Blinken ne s’en prive pas et ses services ne cessent d’accuser la Russie de tous les maux de la planète, du réchauffement climatique, de la variole du singe, de la pandémie du Covid ou des raz de marée dans le Pacifique… Le summum a été atteint en imputant à la Russie la pénurie de moutarde en France alors que le premier producteur mondial de cette graine est le Canada…

    Tous ces réquisitoires créent une ambiance mais ne sont pas décisives.

    Ils font le spectacle, attendrissent de manière éphémère mais ne constituent pas un fait politique sensible de nature à induire des dommages immédiats dont pourraient souffrir les populations ouest-européennes et provoquer une réaction. On ne manifeste plus massivement dans les rues des capitales européennes en soutien à l’Ukraine. Il est entendu que l’enjeu est bien l’opinion publique, mais malgré un matraquage massif en règle, l’opinion demeure versatile, loin de s’aligner derrière ses dirigeants et derrière la cause qu’ils lui désignent.

    On crédite abusivement l’information et la communication, dans la guerre, de toute une série d’atouts conférant une supériorité tactique ou stratégique à ceux qui savent en user.

    En vérité, sans efficacité des opérations militaires sur le terrain, le seul in fine qui vaille, la com’ c’est du bruit, un bavardage stérile qui peut se retourner contre les bavards.

    Jamais chef d’Etat n’a occupé l’espace médiatique autant que le fait le président ukrainien, entouré de compétences nombreuses et d’une assistance internationale qui a considérablement amplifié ses interventions.

    En tout état de cause, la question n’est pas de savoir si la Russie va « couper le gaz » mais dans quelle mesure serait-ce dans son intérêt de faire ?

    Les vagues de sanctions déferlent sur la Russie depuis 2014

    Ce sont les occidentaux qui ont décidé sept vagues de sanctions avec pour objectif déclaré d’isoler la Russie et la priver de revenus, de marchés et de clients, notamment en excluant les banques russes et biélorusses du système Swift. L’Union européenne a de plus interdit toutes les transactions avec la Banque centrale de la Fédération de Russie et gelé ses avoirs, la privant d’accès aux actifs qu’elle a stockés dans les banques centrales et les institutions privées de l’UE.

    Dès le 28 février, les avions russes ne peuvent plus survoler l’espace européen et une partie très importante de la planète sous contrôle atlantique. Par exemple, le 06 juin, il a été impossible au ministre russe des Affaires Etrangères de se rendre en Serbie où il était attendu.

    Le jeudi 7 avril, l’UE décrète un embargo sur le charbon russe3 à partir du mois d’août et la fermeture des ports européens à tous les navires russes. Au reste, aucune assurance ni réassurance (toutes occidentales) ne peuvent plus couvrir ces bateaux.4

    Remarques

    1.- Il est certes vrai que jamais dans l’histoire une cascade de sanctions aussi sévères en un temps aussi court n’a été décidée contre un pays.

    2.- Il n’est pas moins vrai qu’aucune campagne de ce genre n’a été couronnée de succès et n’a réussi à soumettre le pays qui en a fait l’objet : Cuba, l’Iran, la Corée du nord, la Syrie, le Venezuela…5 Le moins sagace des observateurs l’a remarqué.

    3.- A examiner avec attention les sanctions votées contre la Russie depuis le 24 février dernier, on constate que si elles étaient bien étudiées à leur début, la succession des vagues est de plus en plus opportuniste, prises au coup par coup, un peu comme si elles étaient décidées au fur et à mesure de l’observation de leur inefficacité.

    Et pour cause. Loin d’obtenir les faits attendus, elles aboutissent très précisément à l’inverse

    4.- Les Européens se sont mis tous seuls dans une nasse et n’ont pas su, comme en 1981, résister à Washington qui n’a qu’un seul objectif, casser les liens entre l’Europe et la Russie, entre l’Europe et l’Eurasie. Car ce sont bien les Européens qui, le 30 mai dernier, ont décidé de boycotter l’achat de pétrole russe et provoqué ainsi (avec l’aide des spéculateurs sur les marchés à terme) une hausse des prix que chaque européen constate à chaque fois qu’il se présente à une station d’essence. « Les dirigeants des 27 pays de l’UE avaient trouvé un accord qui devrait permettre de réduire de quelque 90% leurs importations de pétrole russe d’ici la fin de l’année afin de tarir le financement de la guerre menée par Moscou en Ukraine. Cet accord permet de mettre en place un sixième paquet de sanctions contre la Russie, lequel prévoit un élargissement de la liste noire de l’UE à une soixantaine de personnalités et l’exclusion de trois banques russes du système financier international Swift. » (La Tribune, mardi 31 mai 2022)

    La Hongrie a été exemptée et continue d’être alimentée par un pipeline en pétrole russe. L’accord des 27 a été obtenu à ce prix.

    Le boycott du gaz russe, réclamé par l’Ukraine et le lobby orchestré par Washington, aurait été décidé si l’Allemagne, première consommatrice de gaz russe, ne s’y était pas opposée.

    Et voilà maintenant que le gaz, initialement une arme entre les mains occidentales, devient une arme russe retournée contre ceux qui ont ouvert les hostilités.

    L’art de se tirer une balle dans le pied

    Quelques exemples.

    L’interdiction de survol par les avions civils russes des pays de l’UE a entraîné une mesure réciproque.

    Conséquence : tous les avions des compagnies européennes devant joindre le Japon ou la Corée sont contraintes à un détour qui allonge le voyage de 2 heures et coûte 200 euros par minute de vol. Au total, le coût supplémentaire se monte à 48 000 euros pour un aller-retour.

    N’étant pas soumises aux mêmes obligations, les compagnies chinoises font de substantielles économies et épargnent 2 heures de vol à leurs clients. Sans que la Russie ait besoin de réduire ses exportations ou de faire mine de les réduire, la crise est déjà là. Autrement dit, les conséquences d’une rupture des approvisionnements sont visibles sans que la Russie ait besoin de le faire. Les spéculateurs le font à sa place.

    La décision ne procède pas de l’état mais de la dynamique économique. Pas de ce qui est mais de ce qui devient. L’anticipation est le principal ressort de la décision et de la valeur, en l’occurrence de la cote.

    La première manifestation de cette coupure virtuelle est l’inflation.

    Question : Quelle est, dans l’inflation que connaît l’Europe (et le reste du monde), la part qui revient à la guerre en Ukraine, à la spéculation et aux sanctions (qui interdit l’achat de pétrole et de gaz russes). La guerre n’interdit pas l’acheminement des hydrocarbures russes vers les pays consommateurs que cela soit par oléoducs, par gazoducs, par pétroliers ou par méthaniers.

    La question pétrolière a été partiellement réglée fin mai. Mais le pétrole russe continue de couler à flots. Il est acheminé, via l’Iran, en Inde où il est raffiné et revient en Europe sous un autre label et un autre emballage.6

    Avant la crise ukrainienne, seul 1% des exportations russes de pétrole étaient destiné à l’Inde. En mai 2022, elles représentaient 18%. (https://www.bbc.com, mardi 28 juin 2022)

    Idem pour la Chine. Selon les données de l’Administration générale des douanes, les importations de pétrole russe – y compris les fournitures provenant de l’oléoduc Sibérie orientale-Océan Pacifique – ont atteint 8,42 millions de tonnes en avril. Cela représente une augmentation de 55% par rapport à 2021, atteignant des niveaux record en mai.

    D’évidence, ce sont les sanctions cherchant à réduire les recettes russes pour déstabiliser l’économie et le régime politique à Moscou, amplifiées par la spéculation sur les marchés occidentaux, qui sont à l’origine de la brutale augmentation des prix de l’énergie et, par effet systémique, de celle de tous les autres biens fabriqués.

    Il en est de même de tous les autres produits dont la Russie est le principal exportateur. Cela va des céréales et des engrais (premier exportateur mondial), aux métaux et matières minérales stratégiques (le titane (13% de part de marché, le platine 10,5%, l’aluminium 5,4%, Cobalt 4,4%…).

    Graphique montrant l’évolution mensuelle de l’inflation dans la zone euro depuis le début des estimations d’Eurostat en 1997 (AFP, mardi 28 juin 2022)

    1.- Double peine pour l’Europe. Du fait même de la dépendance de leurs importations énergétiques, les pays européens souffrent d’une inflation à deux étages : à l’augmentation des prix nominaux des hydrocarbures s’ajoute la dépréciation de l’euro par rapport au dollar monnaie dans laquelle ces importations sont libellées, ce qui renchérit ainsi doublement le coût de leurs importations.

    LCI, S. 09 juillet 2022

    2.- Double problème pour la BCE. L’inflation liée à la crise ukrainienne s’ajoute à celle liée à la fin (relative) de la pandémie qui a déstabilisé le commerce mondial, perturbé les chaînes d’approvisionnement et raréfié certains produits essentiels, les semi-conducteurs par exemple qui participent à la fabrication de très nombreux produits industriels.

    Unilatéralement, sans se préoccuper des conséquences sur ses « alliés », la FED augmente ses taux et par ricochet le dollar. La BCE contrainte à un dilemme : elle augmente à son tour ses taux pour limiter la perte de change à l’égard du dollar et favoriser l’économie européenne, mais toute hausse des taux va étouffer une relance économique que l’Europe s’appliquait favoriser. Et elle ne résoudra aucun problème d’inflation dès lors qu’elle est d’origine étrangère. Et toute croissance du pouvoir d’achat favorise la consommation de produits importés, ce qui creuse les déficits extérieurs.

    Excellente nouvelle pour les producteurs en euros qui vendent en dollars (comme Airbus) mais une catastrophe pour les consommateurs de pétrole qui vendent en euros, comme Air France. L’augmentation des taux va par ailleurs accroître la tension sur les spread entre des pays en Europe dont les comptes publics sont en état très différents, et fragiliser un équilibre déjà très instable.

    Le gouvernement français ne peut continuer à financer sur fonds publics, c’est-à-dire par la dette (qui a atteint des « niveaux d’alerte »), un semblant de solidarité qui cache un gouffre antérieur à la crise ukrainienne et même antérieur à la crise pandémique, dans un contexte d’accroissement des inégalités que sa politique économique a largement contribué à favoriser. C’est la limite d’un vain « quoi qu’il coûte » en vigueur bien avant la lettre. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’accord trouvé en juillet 2021 entre les membres de l’Euroland avait été si difficile à trouver.

    Les divergences entre Européens éprouvent leurs limites. Si dans l’ex-zone mark, les discordes sont feutrées et policées, cela ne réduit en rien la violence ni l’âpreté des débats.

    L’Allemagne joue à l’interface modératrice entre les « pays frugaux » et ceux du « Club Med ». Avec une précision : sa modération tient surtout au poids de ses intérêts en Europe auxquels l’explosion de l’Euroland porterait un préjudice irréparable.

    Les crises se cumulent et se renforcent : en France et en Grande Bretagne par exemple la crise géopolitique a dégénéré en crise politique qui introduit de l’incertitude et donc renchérit le coût du crédit. La gouvernance politique aussi (qui en doute ?) est cotée à l’argus.

    Un peu d’histoire

    Le gaz est pour la deuxième fois au coeur de la géopolitique mettant aux prises la Russie, l’Europe et les Etats-Unis.

    Au début des années 1980, pour des raisons identiques, Washington a pesé sur l’Europe pour la détourner du gaz russe. Pour cela il lui avait interdit de fournir à la Russie les turbines nécessaires à l’acheminement du gaz sibérien vers l’Europe de l’Ouest. Les Européens étaient passés outre en 1980. Aujourd’hui, ils se couchent avec panache et subissent.

    Le contexte n’est évidemment plus le même.

    Par ailleurs, il n’est pas moins abusif, quoi qu’on pense de la Russie, de ses dirigeants et de l’opération militaire qu’ils ont entreprise en Ukraine, de constater que les Européens, pour une large part, sont responsables des problèmes auxquels ils sont confrontés.

    Les décisions prises sanctionnant la Russie sont pour le moins irréfléchies et mal préparées. Pourquoi en est-il ainsi ? Pas parce que les Européens sont incompétents, mais parce que les décisions ont été prises et conduites non à Bruxelles mais unilatéralement (comme il se doit dans les Empires) à Washington où seuls les intérêts de l’Oncle Sam et de ses transnationales comptent.

    Les Etats-Unis n’ont aucun problème d’énergie. Ils en produisent et en exporteront bien davantage. Les Européens passeraient ainsi d’une « dépendance » (qui alimente le moulin propagandiste occidental) à l’égard de Moscou à une dépendance historique et bien réelle à l’égard de Washington. Avec le sacrifice de la protection de l’environnement en pertes et profits (Qui a pensé à en converser avec L. Fabius et F. Hollande, les parrains de la Cop21 ?)

    Moscou dit « merci » à Washington

    1.- Depuis le début de cette crise, la Russie ne souffre pas d’une chute des quantités vendues, bien au contraire, car elle est compensée par une hausse des prix unitaires.

    Prix du gaz en euros par MWh.

    Années 2010 : 5-15€

    2021 : 30€

    Avant le 24 février 2022 : 70-80€

    15 juin 2022: 130€

    17 juin 2022 : 150€

    11 juillet 2022 : 170€

    Cela impacte le prix de l’électricité vendue actuellement entre 200 et 400€ le MWh sur les marchés européens.7 Ces événements vont continuer d’exercer une très forte pression sur les prix. Si les consommateurs sont relativement préservés (autour de 70€ le KWh), ce sera au prix de l’endettement collectif qui, par ricochets, va engendrer d’autres problèmes.

    2.- – Lors de son séjour en Pologne, le 26 mars, Joe Biden s’est permis un jeu de mots sur la devise russe. «Le rouble (ruble, en anglais) est pratiquement, immédiatement réduit à l’état de ruine (rubble, avec deux «b», en anglais).

    Après s’être effectivement effondré fin février/début mars, le rouble vaut bien plus aujourd’hui qu’il ne valait avant le 24 février ainsi qu’on peut le constater sur le graphique ci-dessous. La maestria de la très discrète présidente de la Banque Centrale russe a été universellement saluée, y compris par ses adversaires.

    Il tombe sous le sens, que « l’opération spéciale », sous toutes ses facettes, a été étudiée, préparée minutieusement avant le 24 février. Et cependant, bien d’autres aspects ont échappé aux architectes moscovites… La surprise est le moteur de l’histoire, répétait à satiété Max Gallo et ses émules qui confondent tactique et stratégie.

    LCI, S. 09 juillet 2022

    3.- Loin de réduire les recettes extérieures de la Russie, les sanctions les ont substantiellement accrues. Elles n’ont jamais été aussi florissantes.8

    2021 = 221 Mds€

    2022 = 267 Mds€ (estimations soit une hausse de 20,8%) (Source : Bloomberg)9

    Ironie : ce sont ses clients occidentaux qui financent la guerre russe en Ukraine.

    4.- – La popularité de son président est enviable : plus de 75% selon des enquêtes indépendantes. Les contestations (réprimées) demeurent très marginales. A l’Ouest, fourvoyé dans des explications emberlificotées, on a renoncé à le nier.

    5.- Sur le terrain, les armées russes grignotent kilomètre carré par kilomètre carré, lentement mais sûrement. Face au « rouleau compresseur », le moral des troupes décline, les désertions se multiplient (https://www.independent.co.uk, BFMTV, J. 09/06/2022 à 14:13).

    6.- Les pressions américaines sur l’Indonésie pour ne pas admettre le ministre russe des Affaires étrangères à Bali la semaine dernière et refuser d’inviter le président V. Poutine à la réunion du G20 en novembre, ont fait chou blanc : un vrai camouflet pour Washington. La Russie est chez elle parmi les BRICS et une bonne partie du reste du monde.

    7.- La même tentative pour faire exploser l’OPEP+, afin de compenser la chute des achats de pétrole russe, a lamentablement échoué. Cet échec explique en partie la flambée des cours et ses conséquences. Plusieurs fois reporté, le prochain voyage de J. Biden en Arabie Saoudite parviendra-t-il à réparer les confusions de la politique proche-orientale des Etats-Unis ?

    Il faut observer que la Russie n’a pas d’autre choix. Sous pression américaine, les Européens ont adopté une stratégie qui ne lui laisse aucune marge de manoeuvre.

    Toutes les décisions occidentales -répétons-le- concourent au même objectif à terme : réduire et interrompre les achats de gaz à la Russie. Cette dernière prend son destin en main et anticiperait une rupture au moment où les circonstances sont à son avantage avant qu’elle ne le deviennent à son détriment, mettant ainsi ses « ennemis » face aux conséquences de leurs décisions.

    Fin mars, avec le retrait des troupes russes des environs de Kiev, en Ukraine, aux Etats-Unis et en Europe, on s’est félicité de la « résistance et de la bravoure du peuple ukrainien contre ses envahisseurs » qui auraient été sous-estimées par leurs agresseurs. Inversement, de nombreux observateurs se demandaient si « l’armée russe n’avait pas été surestimée »10

    Emporté dans une course folle vers des sanctions de plus en plus sévères, de plus en plus dures, Washington a entraîné l’Europe dans une équipée qui menace de tourner au fiasco.

    Ces sanctions ont-elles efficaces ? Certainement. Mais ce sont les économies européennes qui en ont font les frais. On peut ne pas aimer V. Poutine, mais personne ne peut le nier.

    Naturellement, si l’on se fie aux commentateurs totalement alignés sur Kiev, Washington et Londres, il faudra être patient. La Russie accuse déjà et accusera encore plus au début de l’automne prochain, disent-ils, les impacts des « sanctions sans précédent » que J. Biden annonçaient fin mars. Et Kiev commencera alors à reprendre les territoires qu’il aura perdus…

    Peut être…

    Divisions occidentales

    1.- L’Allemagne en procès.

    Le procès lui est fait tous les jours. Ses voisins, notamment français, se réjouissent en silence du premier déficit commercial allemand enregistré en mai, le premier depuis le début des années 1990.

    Fin mai 2011. L’Allemagne officialise la fermeture de ses centrales. Fin 2022, l’Allemagne sera complètement sortie du nucléaire. Et malgré la crise ukrainienne, elle déclare ne pas vouloir prolonger les centrales actuelles.

    2011, c’est l’année de l’inauguration de Nord-Stream.

    L’Allemagne ne s’est jamais dotée de capacités d’accueil du GNL ce qui transforme l’achat du gaz de schiste américain en hypothèse de travail.

    La construction de Nord-Stream 2 avait été décidée pour contourner des pays sous contrôle américain : la Pologne et l’Ukraine. Russes et Allemands, sans outrager l’histoire et les nations et en revenir au pacte Ribbentrop-Molotov (août 1939) qui avait ,quoi qu’on dise, un autre objet, la Pologne a toujours constitué un obstacle pour les deux pays.

    Malheur aux plats pays !

    Aujourd’hui, elle est un cheval de Troie utilisée par Washington (d’abord pour oeuvrer à la chute de l’URSS ensuite) pour peser sur les décisions dans l’Union Européenne, avec l’aide des autres ex-PECO.

    Les derniers propos de Lech Walesa le confirment sans ambiguïté.

    La prétendue dépendance à l’égard du gaz et donc de Moscou est une histoire à dormir debout, un argument polémique. Chacun savait à quoi s’en tenir.

    Il est un fait que Allemands et Russes collaborent de manière optimale dans l’intérêt des deux pays. Le couple de chanceliers qui se sont succédés (A. Merkel et G. Schröder) ont peaufiné une coopération parfaitement complémentaire et mutuellement avantageuse, à laquelle se sont rattachées les « Routes de la soie » (Belt and Road Initiative, BRI) chinoises.

    Exemple de BASF : « C’est une dépendance historique puisque BASF a fondé avec Gazprom une filiale en Allemagne et que c’est une filiale qui a été ‘win-win’, c’est-à-dire qu’elle avait acheté du gaz russe par cher justement pour la chimie, puisque la chimie a besoin de beaucoup de gaz, et de l’autre côté, elle aidait Gazprom dans des technologies complexes. Et les Allemands ont une technologie basée sur des produits BASF pour essayer d’extraire ce gaz » (RFI, D. 03 juillet 2022)

    A. Merkel persiste et signe : « Je ne me fais aucun reproche. Je ne m’excuserai pas » (Les Echos, le mercredi 08 juin 2022). L’erreur serait de croire qu’il n’y avait que la chancelière pour prendre les décisions. On n’est pas en Allemagne sous le régime de la Vème République, avec un président omnipotent qui, sur son nuage jupitérien, fait la pluie et le beau. Derrière Mme Merkel, il y a des résolutions issues d’une multitude de décideurs (industries, banques, länder, syndicats…), de concertations étroites et sérieuses, scrupuleuses appliquées.

    Derrière la chancellerie, il y a l’Allemagne dans la diversité et la complexité de ses rapports de forces. En sorte que s’attaquer rétrospectivement à A. Merkel pour se venger et en diminuant le mérite et le succès de sa longue présence à la tête de l’exécutif allemand, est non seulement injuste, pitoyable mais aussi contreproductif.

    Les Etats-Unis et les autres atlantistes européens n’ont pas eu tort d’interpréter dans cette émancipation, le danger d’un déséquilibre, d’une fragilisation du lien atlantique avec un centre de gravité continental qui menaçait de basculer vers l’Eurasie, vieux projet de V. Poutine, et une marginalisation des Etats-Unis.

    Washington attendait Pékin dans le Pacifique. Mais les Chinois déplacent leurs pions en Afrique, en Amérique Latine et entrent en Europe via Moscou et Berlin ainsi que par les ports méditerranéens italiens et grecs.

    On ne peut comprendre la crise ukrainienne sans ces rappels géostratégiques.

    2.- Il n’y a qu’une morale : celle des intérêts des acteurs

    L’ironie a voulu que, ce dimanche 10 juillet, ce soit le Canada qui consente à une exemption aux sanctions infligées à la Russie pour que Siemens fournisse à Gazprom les turbines russes nécessaires à la maintenance du gazoduc Nord Stream 1 et aussi -fait-on dire à Berlin- pour enlever aux Russes le prétexte de cesser de fournir le gaz à l’Allemagne.

    Bien que V. Poutine possède un art consommé du contre-pied, cette hypothèse est peu probable.

    Le président Volodymyr Zelensky a violemment accusé le Canada de saper les sanctions contre la Russie et convoque l’ambassadeur canadien pour le tancer. Il n’a pas tort.

    La colère du président ukrainien surprend. Mais pour la comprendre il faudrait considérer un autre aspect de la question, à raison plus préoccupant pour lui.

    La levée ponctuelle de la sanction indique à ses yeux que lorsque les intérêts occidentaux sont en jeu, ceux de l’Ukraine deviennent secondaires.

    Mieux : cette décision canadienne confirme que la défense de l’Ukraine n’est qu’une facette mineures d’un conflit plus vaste opposant Russes, Chinois et Américains.

    Comme pour confirmer ses craintes, le gouvernement allemand (ministre des finances) a décidé de bloquer la fourniture d’une aide à l’Ukraine de 9 Mds€ que l’UE avait votée.

    Un arbitre, le temps

    Chaque camp a fait ses calculs et lancé ses dés. Rien ne va plus !

    Qui va céder en premier ?

    Fin mars, on attendait à l’Ouest que le peuple russe chasse ses autocrates ou qu’une révolution de palais en débarrasse le Kremlin et négocie une reddition en bon ordre.

    En juillet, la peur a changé de camp. Les gouvernements européens s’inquiètent de la montée du mécontentement. Malgré une mise en scène médiatique constamment et résolument monocolore (au point que les téléspectateurs les plus « compréhensifs » expriment leur incompréhension…), les sondages, discrètement mis sous le boisseau, annoncent et confirment une pression populaire sur des gouvernements qui tentent de l’endiguer.11

    En Allemagne on ne cesse de s’interroger : comment le SPD et les Verts en sont-ils arrivés à troquer le gaz (énergie relativement peu polluante, fiable, et pas chère) contre le charbon et le gaz de schiste américain dont on connaît les coûts très élevés sur l’économie et l’environnement…12 L’atlantisme des Verts aurait-il pris le dessus sur leurs convictions ?

    La même question est posée à la France, à l’Italie, à la Grèce, à la Bulgarie… où la réouverture de centrales à charbon est programmée.

    Comment faire avaler cela à leurs opinions publiques, en plein réchauffement climatique ?

    Malgré la multiplication des fournitures d’armes de plus en plus sophistiquées et la présence de « forces spéciales » occidentales aux côtés de l’armée ukrainienne (secret de Polichinelle) ainsi encadrée et informée, le front ukrainien n’annonce aucune victoire imminente.

    Certains, y compris aux Etats-Unis, songent déjà à une stratégie de rechange : concessions territoriales, adoucissement des sanctions… avec ce mot terrible de « négociations » qu’habituellement seuls les vainqueurs osent lâcher en position de force et que les vaincus n’envisagent qu’en état de reddition et qu’en reconnaissance de défaite.

    Le problème est qu’une victoire russe et un triomphe poutinien sont actuellement inconcevables car ils signifient bien plus qu’une défaite de l’Ukraine. Les Etats-Unis se sont beaucoup trop engagés pour envisager un retour aux conditions initiales.

    Plus qu’une humiliation, ce serait un désastre aux conséquences géostratégiques incalculables et donc inenvisageables.

    L’opération « Ukraine » avait pour objet de consolider l’axe atlantique. Or, si l’opération échoue, il en sortira fragilisé, à la portée d’une Chine qui, discrète, tapie dans l’ombre, observe, compute le coup suivant et le parti qu’elle pourrait en tirer.

    Le gaz et le pétrole ont une espérance de vie de quelques décennies.

    Mais la Chine, elle, a tout son temps…

    Le bric-à-brac que forme le Tiers-monde est dans les gradins occupé à compter les coups. Perplexes, interrogatifs, les peuples qui forment ce versant disparate de l’univers ne savent que penser de ce conflit et surtout de ce qu’il adviendra d’eux, quels que soient les vainqueurs, si vainqueurs il y avait un jour.

    Mais s’ils ne sont pas définitivement et résolument aux côtés de Moscou, rien ne les y contraints, ils savent avec certitude qu’ils ne sont pas aux côtés de Washington et des restes des anciens Empires coloniaux.

    Les Africains observent la sollicitude de l’accueil diligent et aimable qui est fait aux millions d’Ukrainiens qui fuient la guerre.

    Ils le comparent au sort qui est fait à leurs ressortissants, aux discours, aux représentations… et aux Murs qui s’érigent un peu partout autour de l’Occident.13

    Comment peut-on célébrer et conforter une civilisation à portée universelle avec une mentalité de rentiers barricadés ?

    La crise en cours facilite le calcul économique dans les pays du sud producteurs d’hydrocarbures. Les décideurs seraient tentés par l’éphémère administration habituelle des conflits structurels : un saupoudrage social pour éviter les hirak (ou le chaos Sri Lankais en cours) et le champ ouvert aux « oligarques » indigènes pour continuer à parasiter le bien public, justifié par le discours illusoire sur la « liberté individuelle créative de richesses à venir ».

    Notes

    1- Certains évoquent à tort la baisse de la consommation en été. Les transports et l’activité de cessent pas en été. De plus, si on ne chauffe pas, il y a un recours de plus en plus important à la climatisation, d’autant plus que le réchauffement climatique provoque des canicules de plus en plus fréquentes et extrêmes.

    2- Lorsque les dirigeants ukrainiens manifestent leur désappointement à l’égard des dirigeants allemands, notamment en matière de politique énergétique, ils devraient savoir et mesurer l’étendue de leurs responsabilités.

    3- Le charbon russe représente 45% des importations de charbon de l’UE.

    4- Une liste exhaustive de toutes les sanctions prises contre la Russie depuis 2014 peut être consultée sur les sites :

    -https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/sanctions/restrictive-measures-against-russia-over-ukraine/sanctions-against-russia-explained/

    – https://fr.wikipedia.org/wiki/Sanctions contre la Russie.

    5- On trouvera une liste complète de ces pays sur le site https://www.tresor.economie.gouv.fr/services-aux-entreprises/sanctions-economiques

    6- Fortune India (https://actucrypto.info, mercredi 06 juillet 2022).

    7- Philippe Chalmin, spécialiste des marchés des matières premières (LCI, L. 11 juillet 2022, 12h15)

    8- La Russie est le deuxième producteur mondial de pétrole et le premier exportateur de gaz.

    9- Une étude publiée par Bloomberg Economics (1er avril 2022, 10:55) estime les bénéfices extérieurs russes en contrepartie des exportation des seules hydrocarbures pourraient se monter à environ 321 Mds$.

    10- Marianne, V. 04/03/2022. Mardi 08 février 2022 la Tribune titrait « La Russie, une puissance pauvre ». Des experts sagaces argumentaient que son économie souffrait de « grande faiblesse structurelle » et que son PIB égalait à peine celui du Texas.

    11- Un sondage aux Etats-Unis montre l’érosion du soutien à l’Ukraine. A la question « Pensez-vous que les Etats-Unis ne soutiennent pas assez l’Ukraine ? » le taux était positif à 42% en mars. Il n’est plus que de 31% en mai. (Pew Research Center, LCI, D. 10 juillet 2022, 20h24).

    12- Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas de hausse tendancielle, ni de baisse tendancielle des émissions de gaz à effet de serre en Allemagne. Il y a une stagnation depuis la fin des années 2000 (après plusieurs années de baisse régulière) et des fluctuations chaque année vers le haut ou vers le bas de l’ordre de 1 à 4 %. L’Allemagne a même été meilleure élève que la France sur l’année 2017 puisqu’elle a enregistré une très légère baisse, alors que la France a vu ses émissions augmenter de plus de 3% ! (https://www.greenpeace.fr, site consulté le mercredi 13 juillet 2022)

    13- Amnesty International, dans son dernier rapport, condamne la Lituanie, sous très étroit contrôle de Washington, pour « racisme institutionnel ». https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2022/06/lithuania-pushbacks-illegal-detention-deception-and-abuses-against-refugees-and-migrants/ (27 juin 2022).

    Le Quotidien d’Oran, 14 juillet 2022

    #Ukraine #OTAN #Russie #Etats_Unis #Union_Européenne #UE #Gaz

  • L’Otan fait-elle jouer une partition à l’Espagne au Maghreb ?

    L’Otan fait-elle jouer une partition à l’Espagne au Maghreb ?

    OTAN, Russie, Ukraine, Afrique du Nord, Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Espagne,

    L’Afrique du Nord fait désormais partie de la zone des intérêts stratégiques de l’OTAN, car c’est une arène de confrontation avec la Russie, écrit le média panarabe Al Araby Al Jadeed. Et l’Espagne jouera un rôle significatif dans cet affrontement.

    Le nouveau concept stratégique de l’OTAN a placé l’Afrique du Nord dans la zone des intérêts stratégiques de l’Alliance sur le flanc méridional. Ainsi, la nouvelle carte politico-militaire de l’organisation a pour la première fois fait état d’une ligne de front déplacée vers le sud, vers le continent noir, même si les déclarations, les documents et les projets de l’OTAN accordent le rôle principal au flanc oriental de l’Europe, où la Russie mène son opération militaire en Ukraine.

    L’Afrique du Nord est mentionnée parmi les régions constituant une arène de confrontation avec la Russie. Étant donné que l’ampleur locale de l’influence de Moscou varie aux niveaux économiques, militaires et autres (en Libye, en Algérie et au Maroc), la position de l’OTAN vis-à-vis de la région est définie par le déroulement du vote contre la Russie sur le dossier ukrainien.

    Le rôle de l’Espagne est probablement l’un des aspects qui fait la lumière sur l’avenir de l’Afrique du Nord au vu des événements stratégiques. Il est devenu décisif car Madrid a réussi à rédiger une nouvelle feuille de route de l’Alliance et à la faire adopter. De plus, l’Espagne a tout fait pour une organisation réussie du sommet. Son objectif consistait à affirmer la notion que le flanc méridional de l’Alliance est tout aussi important que les autres. Le premier ministre espagnol Pedro Sanchez a déclaré : « Nous avons fait en sorte que le flanc sud de l’OTAN ne soit pas oublié ». C’est pourquoi le rôle de l’Espagne est une clé importante pour comprendre la situation actuelle en Afrique du Nord et ses perspectives.

    L’Espagne est entrée dans une nouvelle phase de relations stratégiques avec le Maroc et, grâce à son rôle dans l’organisation du sommet, elle est devenue un représentant de l’OTAN pour la migration et le terrorisme. Et l’avantage de la situation actuelle avec le voisin au sud est la signature d’accords dignes du XXIe siècle. Pendant ce temps, la Mauritanie a relancé la ratification de l’Accord de coopération, de bon voisinage et d’amitié avec Madrid signé en 2008.

    Le revirement de Pedro Sanchez concernant le dossier du Sahara occidental a été assez grave pour justifier un coup de froid avec Alger. Pour prévenir toute action économique (révision des prix du gaz), Madrid s’est barricadé derrière l’Otan, dont le secrétaire général, Jens Stoltenberg, a mentionné dans la liste des crises qui surviennent dans l’espace africain voisin de l’OTAN le terrorisme, la migration clandestine, la menace d’utilisation du gaz et du pétrole comme une arme et ce qu’on appelle les guerres hybrides. Une déclaration qui sous-entend que l’Afrique du Nord est devenue une source génératrice de ces périls, et zone des influences de forces extérieures.

    C’est le sens des déclarations de Jens Stoltenberg, qui a noté que les États membres étaient préoccupés par l’aspiration de la Russie et de la Chine à l’expansion politique, économique et militaire au sud de l’OTAN.

    L’Express, 11 jui 2022

    #Espagne #OTAN #Maroc #Algérie #Europe #Russie #Ukraine

  • OTAN : Vers une nouvelle guerre mondiale permanente ?

    OTAN : Vers une nouvelle guerre mondiale permanente ?

    OTAN, Etats-Unis, Russie, Ukraine, Union Européenne, Afghanistan, Espagne, Maroc, Sahara Occidental, Occident,

    Vers une nouvelle guerre mondiale permanente ? Le « nouveau concept stratégique » de l’OTAN

    JEUDI 7 JUILLET 2022 , PAR JAIME PASTOR

    Après le spectacle coûteux et patriarcal de ce sommet tenu pour la plus grande gloire du président américain Joseph Biden et du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, la principale conclusion à tirer est que l’OTAN a officialisé un nouveau bond en avant dans son vieux projet de s’imposer comme un gendarme mondial au service du bloc capitaliste occidental. En effet, son « nouveau concept stratégique » constitue une redéfinition bien plus large de ses ennemis et de ses menaces que le concept qui a conduit à sa naissance en 1949, ou ce qu’on entendait lors de ce qu’on a appelé la « seconde guerre froide » dans les années 1980.

    Aujourd’hui, non seulement la guerre mondiale contre le « terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations » menée dans le sillage du 11 septembre se poursuit, mais, après la pause de 2010, la Russie est à nouveau présentée comme « le pays le plus important et le plus direct ». menace pour la sécurité ». La Chine est considérée comme un « concurrent stratégique » dans tous les domaines à moyen et long terme (car elle représente des « défis systémiques » pour « notre sécurité, nos intérêts et nos valeurs »). Plus sérieusement, « l’immigration illégale » est décrite comme une « menace » pour la « souveraineté et l’intégrité territoriale » des États membres de l’OTAN. Une liste, soit dit en passant, à laquelle s’ajoutent les nouveaux candidats, la Finlande et la Suède, à condition qu’ils acceptent les exigences du régime turc, autre vainqueur de ce sommet, au détriment des résidents kurdes dans leur propre pays.

    Comme si tout cela ne suffisait pas, le document regorge de mentions d’ »acteurs autoritaires », de « concurrents stratégiques » et d’ »adversaires potentiels » recourant à des « stratégies de guerre hybrides » – y compris « des campagnes de désinformation, l’instrumentalisation de l’immigration, la manipulation des l’approvisionnement énergétique et le recours à la coercition économique ». Nous lisons que « les conflits, la fragilité et l’instabilité en Afrique et au Moyen-Orient affectent directement notre sécurité et celle de nos partenaires ».

    Le document n’hésite pas à reconnaître que son prétendu caractère « défensif » n’est que pure rhétorique. « Alors que l’OTAN est une alliance défensive, personne ne devrait douter de notre force et de notre détermination à défendre chaque centimètre carré du territoire allié, à préserver la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les Alliés et à l’emporter contre tout agresseur ». Tout cela, d’ailleurs, sur la base de la réaffirmation de l’arme nucléaire comme « garantie suprême de sécurité » de l’OTAN.

    Au service de cette militarisation généralisée, outre que l’espace européen est particulièrement privilégié avec le renforcement de la présence américaine à l’Est et la croissance des forces de réaction rapide de l’OTAN de 40 000 à 300 000 militaires, l’engagement de tous les États membres à accroître leurs dépenses militaires à au moins 2% du PIB n’apparaissent désormais plus que comme « un plancher, pas un plafond », comme nous l’a assuré le secrétaire général, Jens Stoltenberg. Ces propositions serviront donc à accroître les profits de l’ancien complexe militaro-industriel que l’ancien président américain Eisenhower a dénoncé et à relancer la course aux armements, y compris la course aux armements nucléaires, à l’échelle mondiale.

    Bref, sous l’alibi de l’invasion russe de l’Ukraine, les Etats-Unis sont parvenus à faire oublier très vite les effets de la défaite subie en Afghanistan. Washington a déjoué toute velléité d’autonomie de l’UE et a fait de la grande majorité des pays européens de fidèles serviteurs du projet de recomposition de son hégémonie contre ses principaux ennemis stratégiques. Cela signifie la Russie à court terme et la Chine à moyen et long terme – mais aussi tout et n’importe qui qui pourrait représenter une menace pour l’UE et ses intérêts géo-économiques et politiques partout dans le monde. Cette approche est étroitement associée à la défense du suprémacisme blanc occidental.

    Dans le cas de l’Espagne, ce nouveau scénario belliciste est ratifié euphoriquement par Pedro Sánchez, qui s’est empressé de montrer une fois de plus sa servilité à son ami américain par le biais de la « déclaration conjointe entre le Royaume d’Espagne et les États-Unis d’Amérique ». Dans cette déclaration, parallèlement aux proclamations sur la « défense de la démocratie », les deux dirigeants se réaffirment en tant qu’ »alliés, partenaires stratégiques et amis » et acceptent « le stationnement permanent de navires de guerre américains » dans la base navale espagnole de Rota, augmentant ainsi le nombre de navires américains. navires de guerre de 4 à 6. Ils affirment également leur volonté commune de collaborer à la « gestion des flux migratoires irréguliers », ou, pour le dire autrement, à la nécropolitique migratoire. Ils délèguent aussitôt cette tâche à leur ami commun, le régime marocain, récemment responsable du massacre brutal de Melilla qui a violé les droits humains les plus élémentaires. N’oublions pas que les USA et l’Espagne sont complices de l’occupation illégale du Sahara Occidental par le Maroc.

    Vers un (dés)ordre mondial plus militarisé et précaire
    Cette proclamation sans vergogne de l’OTAN comme force offensive, à l’Est comme au Sud et tournée plus loin vers la zone géopolitique clé de l’Asie-Pacifique, n’est pas nouvelle. Mais cette dernière affirmation s’inscrit dans le contexte général d’une crise définitive de la mondialisation capitaliste, et d’une concurrence inter-impérialiste accrue dans presque tous les domaines, avec tendance à former de nouveaux blocs commerciaux et militaires.

    Nous assistons ainsi à une transition vers un nouvel (dés)ordre mondial multipolaire et asymétrique qui remet en cause la centralité de l’Occident, alors même que l’Occident est déterminé à maintenir sa position dominante par tous les moyens à sa disposition, y compris avec un recours accru à la force militaire . Cette nouvelle phase s’inscrit dans le contexte d’une « polycrise » aux enjeux multiples, accélérée et aggravée par la guerre en Ukraine. Il s’agit notamment de la crise climatique et énergétique, des crises alimentaires dans un nombre croissant de pays et des mouvements migratoires qui en résultent, de la stagflation et de la menace de récession, de la perspective d’une nouvelle crise mondiale de la dette, de l’hypothèse d’une nouvelle vague de pandémies et de les crises des soins de santé et, enfin et surtout, le risque d’une escalade militaire menant à une guerre nucléaire.

    Cet ensemble de crises contribuera à renforcer les néolibéralismes autoritaires actuels. parmi lesquels la frontière entre libéraux et illibéraux s’estompera. La Turquie, la Hongrie et la Pologne restent les principaux points de référence. Il y aura des protestations et des révoltes de différents types, sous la pression d’une extrême droite désormais en mesure de fixer l’ordre du jour dans de nombreux pays influents. Pour ces raisons, il ne faut pas se laisser berner par la résurgence de la propagande fallacieuse de ceux qui, grâce à Poutine, prétendent présenter l’OTAN comme un rempart de la démocratie contre l’autoritarisme, essayant de nous faire oublier l’histoire même de cette organisation militaire et, surtout des États-Unis.

    Avec son « nouveau concept stratégique », l’Otan ne fait qu’aggraver et aggraver les multiples crises et inégalités de toutes sortes, auxquelles nous étions déjà confrontés avant l’injustifiable et condamnable guerre d’occupation de l’Ukraine par la Russie. Avec ce nouveau concept, l’OTAN inscrit ces crises dans une liste indéfinie d’ennemis et de menaces, comme cadre de la menace croissante du recours à la force militaire.

    Pour un anti-impérialisme internationaliste et solidaire
    [* »Le mouvement européen de désarmement nucléaire ne propose d’apaiser personne, ni ne veut rien oublier. Son offre est de s’opposer à la militarisation des deux blocs ».*] Edward P. Thompson, Zero Option, 1983 : 139).

    Bien que nous allions aujourd’hui à contre-courant de l’opinion publique occidentale et d’une grande partie de la gauche institutionnelle, la gauche alternative a tout lieu de dénoncer sans détour la nouvelle stratégie impérialiste occidentale convenue au sommet de Madrid et la menace réelle qu’elle fait peser sur les peuples de le monde. Cette dénonciation ne doit pas être en contradiction avec notre condamnation de l’invasion russe et notre soutien au peuple ukrainien dans son droit légitime à se défendre, avec et sans armes, et sans avoir à s’identifier au discours atlantiste du président Zelenski.

    Au-delà du néocampisme des uns et du néo-atlantisme des autres, notre tâche doit toujours être de mettre en avant le soutien aux peuples agressés, à tous ceux qui revendiquent leur droit au refuge et à l’asile ou, tout simplement, leur droit à une vie digne. , quelle que soit leur origine ou leur état. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons construire un mouvement transnational capable d’affronter l’OTAN et tous les impérialismes – qu’ils soient majeurs ou mineurs – et de forger une alternative à la conception militariste de la sécurité qu’ils partagent et appliquent tous dans les différents espaces géopolitiques où chacun d’eux cherche à étendre sa domination. Contre cette vision étriquée au service des différents intérêts de ces impérialistes, il faut plaider pour une idée multidimensionnelle de la sécurité mondiale, capable de répondre à l’ensemble des crises évoquées plus haut. Nous plaçons la défense de la vie et des biens publics et communs au centre, face à l’urgence mondiale chronique. Bien sûr, nous savons que cela est incompatible avec la survie du capitalisme sous n’importe laquelle de ses versions, qu’elle soit occidentale, orientale ou méridionale.

    Et la gauche ?
    Pour conclure, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de dire grand-chose sur les implications de tout cela pour l’Espagne, mais une chose semble évidente : l’alignement de Pedro Sánchez sur le leader des États-Unis et son discours belliciste ne connaissent plus de limites. Cela a été amplement vérifié lors de ce sommet avec l’engagement de Sánchez de doubler le budget militaire de l’Espagne et son acceptation du renforcement de la base militaro-navale de Rota. Ces décisions interviennent après d’autres comportements scandaleux du Premier ministre, envers le peuple sahraoui ou, plus récemment, sa complicité dans le massacre de personnes originaires du Soudan, du Tchad et d’autres pays africains tentant de franchir la frontière espagnole à Melilla.

    Il ne fait donc guère de doute que le PSOE devient plus à droite dans sa querelle ouverte avec le Partido Popular (PP) d’Alberto Núñez Feijóo. Les deux grands partis promeuvent un programme de plus en plus néolibéral, raciste et militariste, dans leur compétition pour le « centre extrême » de la politique espagnole. Face à cette dérive et à l’agitation sociale croissante qu’elle pourrait engendrer, il est probable que la désaffection à l’égard de la politique s’accentuera au sein des classes populaires. Mais il est également probable qu’un nouveau mécontentement mobilisateur puisse faire irruption sur la scène. La question est de prévoir dans quelle direction les nouvelles protestations qui pourraient émerger pourraient évoluer, compte tenu de l’épuisement définitif du cycle 15M-Podemos et de l’énorme vide politique qui existe à la gauche du PSOE, du moins au niveau national. Il est donc urgent d’ouvrir un processus de recomposition d’une gauche alternative et autonome en opposition à ce gouvernement et en confrontation permanente avec la droite. Une gauche prête à promouvoir, avec les secteurs les plus actifs des mouvements sociaux, une nouvelle vague de mobilisations et à contribuer à leur donner un sens anti-néolibéral et radicalement démocratique.

    Source: ‘El “nuevo concepto estratégico” de la OTAN ¿Hacia una nueva guerra global permanente?’

    Jaime PasteurJaime Pastor, professeur de sciences politiques, membre d’Anticapitalistas (section de la Quatrième Internationale dans l’État espagnol), est le rédacteur en chef du magazine Viento Sur. Il a été signataire du premier appel « Changer de braquet : transformer l’indignation en changement politique » en janvier 2014, qui allait lancer le mouvement Podemos, auquel il appartient.


    International Viewpoint, 7 JUILLET 2022

    #OTAN #Russie #Chine #Ukraine #Espagne #Afghanistan


  • Le MAE espagnol n’exclut pas une intervention de l’OTAN au Mali

    Le MAE espagnol n’exclut pas une intervention de l’OTAN au Mali

    Espagne, José Manuel Albares, OTAN, Mali, Sahel,

    MADRID, 30 juin (Reuters) – Le ministre espagnol des Affaires étrangères Jose Manuel Albares a déclaré jeudi qu’il n’excluait pas une intervention de l’OTAN au Mali si nécessaire, après que le sommet de l’alliance à Madrid a mentionné le terrorisme parmi les « menaces hybrides » que des puissances hostiles peuvent utiliser pour porter atteinte à sa stabilité.

    Interrogé sur une intervention de l’OTAN au Mali, il a déclaré à la radio locale RNE : « Non, nous ne l’excluons pas ».

    « Si c’était nécessaire et si cela représentait une menace pour notre sécurité, nous le ferions », a-t-il ajouté.

    Le nouveau concept stratégique de l’OTAN mentionne le terrorisme et les migrations comme des éléments à surveiller au cours de la prochaine décennie, et désigne le flanc sud comme une nouvelle source de risque pour la stabilité.

    Déclaration d’Albares à la Radio Nationale d’Espagne

    Reuters, 30 juin 2022

    #Espagne #Mali #OTAN #Albares