Tags : Maroc, Mehdi Ben Barka, UNFP, Tricontinental, Hassan II, Ahmed Dlimi, Oufkir,
Le 29 octobre 1965, à 12 h 30, Ben Barka est interpellé par deux hommes qui présentent des cartes de police et le font monter dans une 403 banalisée qui disparaît dans la circulation. À partir de cet instant Medhi Ben Barka ne sera plus jamais revu et son corps ne sera jamais retrouvé.
Les circonstances de l’enlèvement sont liées à un projet de film consacré à la décolonisation que voulait réaliser le journaliste Michel Barnier et pour lequel il a contacté Ben Barka. Les deux hommes sont mis en contact avec Georges Figon. Georges Figon est un fils de bonne famille qui a passé trois ans en hôpital psychiatrique et onze ans derrière les barreaux : en 1950, à l’occasion d’une tentative d’escroquerie il a tiré sur un policier. Il est sorti de prison en 1961 et entretient des amitiés avec l’intelligentsia parisienne. Il convainc le metteur en scène Franju de réaliser le film (qui devait s’intituler Basta !). Après divers contacts un contrat est signé avec Ben Barka, et un rendez-vous de travail est prévu à Paris, le 29 octobre 1965, sur la terrasse de la brasserie Lipp, 151 boulevard Saint-Germain.
A l’heure dite Bernier, Franju et Ben Barka se retrouvent à la brasserie. Le 29 octobre 1965, à 12 h 30, Ben Barka est interpellé par deux hommes qui présentent des cartes de police et le font monter dans une 403 banalisée qui disparaît dans la circulation. À partir de cet instant Medhi Ben Barka ne sera plus jamais revu et son corps ne sera jamais retrouvé.
Le début de l’enquête
Les vérifications ont permis de constater que Ben Barka ne se trouve pas dans une prison française. Les premiers témoignages de Franju et Bernier sont recueillis le 1er novembre ; c’est Franju qui a communiqué les coordonnées de Bernier et de Figon aux enquêteurs. Le nom de Figon a été préalablement cité au commissaire Marchand (responsable de l’enquête) par le commissaire Jean Caille, des Renseignements généraux. Selon lui, l’intéressé se vante d’avoir participé à l’enlèvement de M. Ben Barka et ce renseignement, donné par un informateur, paraît sérieux. Un avis de recherche concernant Figon est lancé le jour même par la police judiciaire.
Le 2 novembre, une instruction est ouverte par le juge Louis Zollinger. L’enquête est confiée à la brigade criminelle dirigée par le commissaire Bouvier, qui prend connaissance des informations déjà recueillies. Il apprend en particulier le rôle de Figon et d’un certain Antoine Lopez.
Lopez est inspecteur principal d’Air France à Orly et un informateur du SDECE et de la Brigade mondaine de la Préfecture de police. Il entretient des relations suivies avec de hauts dignitaires marocains, dont le général Oufkir, ministre de la défense marocain. Plusieurs truands parisiens comptent parmi ses amis. Se sachant recherché Lopez se présente à la police le 3 novembre et donne sa version de l’enlèvement de Medhi Ben Barka : Il reconnaît avoir organisé l’enlèvement à la demande d’un certain Larbi Chtouki, qui s’avère être un émissaire des services spéciaux marocains. Il pensait ainsi organiser un entretien privé et pacifique entre Oufkir et Ben Barka. En récompense de ce service, les Marocains lui auraient fait miroiter un poste important à la compagnie Royal Air Maroc. C’est Lopez qui a sollicité l’intervention de deux policiers, avec lesquels il entretenait des contacts professionnels. Il dit avoir informé au préalable son supérieur au sein du SDECE le colonel Marcel Le Roy-Finville.
Antoine Lopez était à bord de la 403 banalisée où sont montés Ben Barka et les deux policiers.
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Le 29 octobre 1965, à 12 h 30, Ben Barka est interpellé par deux hommes qui présentent des cartes de police et le font monter dans une 403 banalisée qui disparaît dans la circulation. À partir de cet instant Medhi Ben Barka ne sera plus jamais revu et son corps ne sera jamais retrouvé.
Les circonstances de l’enlèvement sont liées à un projet de film consacré à la décolonisation que voulait réaliser le journaliste Michel Barnier et pour lequel il a contacté Ben Barka. Les deux hommes sont mis en contact avec Georges Figon. Georges Figon est un fils de bonne famille qui a passé trois ans en hôpital psychiatrique et onze ans derrière les barreaux : en 1950, à l’occasion d’une tentative d’escroquerie il a tiré sur un policier. Il est sorti de prison en 1961 et entretient des amitiés avec l’intelligentsia parisienne. Il convainc le metteur en scène Franju de réaliser le film (qui devait s’intituler Basta !). Après divers contacts un contrat est signé avec Ben Barka, et un rendez-vous de travail est prévu à Paris, le 29 octobre 1965, sur la terrasse de la brasserie Lipp, 151 boulevard Saint-Germain.
A l’heure dite Bernier, Franju et Ben Barka se retrouvent à la brasserie. Le 29 octobre 1965, à 12 h 30, Ben Barka est interpellé par deux hommes qui présentent des cartes de police et le font monter dans une 403 banalisée qui disparaît dans la circulation. À partir de cet instant Medhi Ben Barka ne sera plus jamais revu et son corps ne sera jamais retrouvé.
Le début de l’enquête
Les vérifications ont permis de constater que Ben Barka ne se trouve pas dans une prison française. Les premiers témoignages de Franju et Bernier sont recueillis le 1er novembre ; c’est Franju qui a communiqué les coordonnées de Bernier et de Figon aux enquêteurs. Le nom de Figon a été préalablement cité au commissaire Marchand (responsable de l’enquête) par le commissaire Jean Caille, des Renseignements généraux. Selon lui, l’intéressé se vante d’avoir participé à l’enlèvement de M. Ben Barka et ce renseignement, donné par un informateur, paraît sérieux. Un avis de recherche concernant Figon est lancé le jour même par la police judiciaire.
Le 2 novembre, une instruction est ouverte par le juge Louis Zollinger. L’enquête est confiée à la brigade criminelle dirigée par le commissaire Bouvier, qui prend connaissance des informations déjà recueillies. Il apprend en particulier le rôle de Figon et d’un certain Antoine Lopez.
Lopez est inspecteur principal d’Air France à Orly et un informateur du SDECE et de la Brigade mondaine de la Préfecture de police. Il entretient des relations suivies avec de hauts dignitaires marocains, dont le général Oufkir, ministre de la défense marocain. Plusieurs truands parisiens comptent parmi ses amis. Se sachant recherché Lopez se présente à la police le 3 novembre et donne sa version de l’enlèvement de Medhi Ben Barka : Il reconnaît avoir organisé l’enlèvement à la demande d’un certain Larbi Chtouki, qui s’avère être un émissaire des services spéciaux marocains. Il pensait ainsi organiser un entretien privé et pacifique entre Oufkir et Ben Barka. En récompense de ce service, les Marocains lui auraient fait miroiter un poste important à la compagnie Royal Air Maroc. C’est Lopez qui a sollicité l’intervention de deux policiers, avec lesquels il entretenait des contacts professionnels. Il dit avoir informé au préalable son supérieur au sein du SDECE le colonel Marcel Le Roy-Finville.
Antoine Lopez était à bord de la 403 banalisée où sont montés Ben Barka et les deux policiers.
Le déroulement des faits
Le rôle des protagonistes et le déroulement des faits se précisent. Quatre personnes étaient dans la 403 lors de l’enlèvement de Ben Barka : Lopez, deux policiers français, dont on saura quelques jours plus tard qu’il s’agit de l’inspecteur principal Louis Souchon (chef du groupe des stupéfiants à la Brigade mondaine) et de son adjoint Roger Voitot, et enfin un certain Julien Le Ny, repris de justice.
Deux autres personnes, également des repris de justice plusieurs fois condamnés, ont supervisé l’enlèvement : Jean Palisse et Pierre Dubail et ont ensuite précédé la 403 jusqu’à sa destination finale. Lopez guide la voiture jusqu’à une villa de Fontenay-le-Vicomte appartenant à un certain Georges Boucheseiche, qui fait partie de ses relations et pour qui travaillent Le Ny, Jean Palisse et Pierre Dubail.
Georges Boucheseiche est un ancien gangster. Il a fait partie de la Gestapo française et a rejoint en 1946 le Gang des Tractions avant, en compagnie notamment de Pierre Loutrel (dit Pierrot-le-fou) et Jo Attia. Il a été condamné pour le recel du cadavre de Loutrel, puis a fait plusieurs années de prison pour avoir racketté un diamantaire pendant l’occupation. Dans les années 1950, il s’est converti dans les hôtels de passe et les maisons closes, à Paris et au Maroc. Il est réputé avoir rendu des services à la DGER puis au SDECE lors de l’indépendance du Maroc et la guerre d’Algérie.
Lopez informe Oufkir que Ben Barka est sequestré à Fontenay-le-Vicomte. Il va le chercher à Orly le lendemain et l’amène auprès de Ben Barka vers 17h. Lopez indique en outre la présence à Orly d’un étudiant marocain nommé El Mahi. Le commandant Dlimi, directeur de la sûreté marocaine était arrivé peu de temps auparavant en compagnie d’un policier marocain nommé El Houssaini. Le lendemain à 5 heures du matin, Lopez raccompagnera Oufkir, Dlimi et El Houssaini à Orly.
Les policiers apprennent que Bouchesèche a pris l’avion pour Casablanca le 1er novembre. Boucheseiche et ses complices Le Ny, Jean Palisse et Pierre Dubail ne seront plus jamais revus sur le territoire français.
Les suites judiciaires
Les policiers Souchon et Voitot sont inculpés le 14 novembre et écroués à la Santé.
Boucheseiche et ses acolytes se sont enfuis au Maroc. Un mandat d’arrêt international est lancé contre eux, qui restera sans effet : on ne les reverra plus jamais en France. Selon un témoignage tardif ils auraient été enfermés au bagne de Tazmamart, puis exécutés et enterrés en secret. Des fouilles demandées par le juge Patrick Ramaël ont été refusées par le gouvernement marocain.
Le 12 novembre le juge Zollinger lance des commissions rogatoires internationales afin d’entendre le général Oufkir et le commandant Dlimi. Le roi Hassan II s’oppose à leur exécution.
Le 22 janvier, le juge Zollinger délivre trois mandats d’arrêt internationaux contre le général Oufkir, le commandant Dlimi et Larbi Chtouki. Le 24 janvier Robert Gillet, ambassadeur de France à Rabat, remet une note d’explication à M. Benhima, ministre marocain des affaires étrangères : « L’instruction menée par la justice française au sujet de l’affaire Ben Barka a conduit le juge à la conviction que le ministre marocain de l’intérieur a organisé l’enlèvement et que le ministre marocain de l’intérieur et plusieurs de ses collaborateurs directs ont participé personnellement aux dernières phases de l’opération ».
Le 4 novembre, un mandat d’arrêt avait été lancé contre Georges Figon qui est en fuite. Le 10 janvier 1966 l’hebdomadaire L’Express, dirigé par Jean-Jacques Servan-Schreiber, publie son témoignage recueilli par Jacques Derogy et Jean-François Kahn. Figon explique que Medhi Ben Barka a été séquestré dans la villa de Georges Boucheseiche et confronté au général Oufkir et au colonel Ahmed Dlimi qui lui ont fait subir des sévices. Son récit est cohérent avec les aveux de Lopez (cf. cet article ici). Le 17 janvier, Figon est localisé par la police dans un studio du XVIIe arrondissement à Paris. Il y est retrouvé mort par les policiers, qui concluent à un suicide. Le Canard enchaîné titrera : « Georges Figon suicidé de trois balles mortelles dans la tête ».
Le procès s’ouvre le 5 septembre 1966 devant la cour d’assise de la Seine. Antoine Lopez, Philippe Bernier (le journaliste qui projetait de réaliser un film documentaire avec Ben Barka), Louis Souchon, Roger Voitot et El Ghali El Mahi comparaissent détenus. Marcel Leroy-Finville comparait libre (le colonel Le Roy-Finville est un ancien membre du SDECE). Les autres inculpés sont en fuite : Boucheseiche, Palisse, Le Ny, Dubail, « Chtouki », Dlimi et Oufkir. Les parties civiles sont représentées par Abdelkader Ben Barka, frère de la victime, ainsi que par cinq avocats pour l’épouse de Ben Barka et un pour sa mère. Lopez est défendu par Me Jean-Louis Tixier-Vignancour.
Coup de théatre : le colonel Ahmed Dlimi décide de se présenter au procès ! Il produit un témoin chauffeur de taxi qui affirme l’avoir ramené à Orly le 31 octobre, contrairement à ce qu’a dit Lopez.
Le verdict tombe : Antoine Lopez est condamné à 8 ans de réclusion criminelle et Souchon à 6 ans pour arrestation illégale. Les autres inculpés sont acquittés. Oufkir, Chtouki, Boucheseiche, Palisse, Le Ny et Dubail sont condamnés par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité.
Le roi Hassan II refusera toujours d’appliquer les condamnations ou d’extrader les condamnés. Le général Oufkir sera exécuté cependant quelques années plus tard après un coup d’État manqué contre le roi du Maroc.
D’une famille de petits fonctionnaires, Mehdi Ben Barka a fait des études de mathématique à Rabat et devient professeur de lycée. Proche du Palais, il enseigne aussi au Collège royal. Il a le futur roi Hassan II parmi ses élèves. Parallèlement, il s’engage en politique contre le « protectorat » français sur le Maroc. Dès 1943, il participe à la création du Parti de l’Istiqlal, un parti qui joue un grand rôle dans l’indépendance du Maroc. En 1955, il participe aux négociations qui aboutiront au retour du roi Mohammed V que les autorités françaises avaient exilé à Madagascar. De 1956 à 1959, Mehdi Ben Barka est président de l’assemblée consultative du Maroc.
Représentant de l’aile gauche d’un parti qu’il juge trop conservateur, il fonde, en septembre 1959, l’Union nationale des forces populaires (UNFP), principal parti de gauche opposé au régime royal. À la mort de Mohammed V en 1961, Hassan II monte sur le trône et annonce vouloir faire la paix avec son principal opposant. Il rentre au Maroc en mai 1962. Le 16 novembre 1962, il échappe à un attentat fomenté par les services du général Oufkir et du colonel Ahmed Dlimi. En juin 1963, il s’exile à nouveau, après être accusé de complot contre la monarchie, Hassan II souhaitant dissoudre l’UNFP. Le 14 mars 1964, il est condamné à mort par contumace pour complot et tentative d’assassinat contre le roi.
Mehdi Ben Barka s’exile alors. Il part d’abord pour Alger, où il rencontre Che Guevara, Amílcar Cabral et Malcolm X. Il s’en va ensuite pour Le Caire, Rome, Genève (où il échappe à plusieurs tentatives d’assassinat) et pour La Havane, tentant de fédérer les mouvements révolutionnaires du tiers-monde en vue de la Conférence tricontinentale devant se tenir en janvier 1966 à Cuba.
En avril 1965, Ben Barka bénéficie de l’amnistie générale accordée par le roi à tous les prisonniers politiques.
Il y a 56 ans, l’enlèvement et assassinat de Ben Barka – Malgré d’innombrables théories tentant d’expliquer ce qui lui est réellement arrivé, les circonstances exactes de sa disparition n’ont jamais été établies.
Mehdi Ben Barka était un homme politique marocain, chef de l’Union nationale des forces populaires (UNPF), parti de gauche, et secrétaire de la Conférence tricontinentale. Opposant à Hassan II, il a « disparu » à Paris en 1965. Malgré d’innombrables théories tentant d’expliquer ce qui lui est réellement arrivé, les circonstances exactes de sa disparition n’ont jamais été établies et, depuis 2009, les enquêtes se poursuivent.
Historique Né à Rabat, au Maroc, d’une famille de fonctionnaires, Ben Barka est devenu le premier musulman marocain à obtenir un diplôme de mathématiques dans une école française officielle en 1950. Il devient un membre éminent de l’opposition marocaine au sein du parti nationaliste de l’Istiqlal, mais se sépare après des affrontements avec des opposants conservateurs en 1959 pour fonder l’Union nationale des forces populaires (UNFP), un parti de gauche. En 1962, Ben Barka est accusé de comploter contre le roi Hassan II. Il est exilé du Maroc en 1963, après avoir appelé les soldats marocains à refuser de combattre l’Algérie lors de la guerre des sables de 1963.
Le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka a été enlevé (« disparu ») à Paris par des policiers français et n’a jamais été revu. Le 29 décembre 1975, le magazine Time a publié un article intitulé « The Murder of Mehdi Ben Barka », affirmant que trois agents marocains étaient responsables de la mort de Ben Barka, dont l’ancien ministre de l’Intérieur Mohammed Oufkir. Les spéculations persistent quant à l’implication de la CIA. Des agents des services de renseignement français et le Mossad israélien étaient également impliqués, selon l’article.
L’exil et la signification politique globale Ben Barka s’est exilé en 1963, devenant un « vendeur ambulant de la révolution », selon l’historien Jean Lacouture. Il part d’abord à Alger, où il rencontre Che Guevara, Amílcar Cabral et Malcolm X. De là, il se rend au Caire, à Rome, à Genève et à La Havane pour tenter d’unir les mouvements révolutionnaires du tiers-monde en vue de la Conférence tricontinentale qui se tient en janvier 1966 à La Havane, où il affirme dans une conférence de presse que « les deux courants de la révolution mondiale y seront représentés : le courant issu de la Révolution d’Octobre et celui de la révolution de libération nationale ».
En tant que dirigeant de la Conférence tricontinentale, Ben Barka était une figure majeure du mouvement tiers-mondiste et soutenait l’action révolutionnaire anticoloniale dans divers États, provoquant la colère des États-Unis et de la France. Juste avant sa mort, il préparait la première réunion de la Tricontinentale, prévue à La Havane, à Cuba – l’OSPPAAAL (Organisation de solidarité avec les peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine) a été fondée à cette occasion. Présidant la commission préparatoire, il en définit les objectifs : aide aux mouvements de libération, soutien à Cuba soumis à l’embargo des Etats-Unis, liquidation des bases militaires étrangères et de l’apartheid en Afrique du Sud. Pour l’historien René Galissot, « la raison profonde de l’éloignement et de l’assassinat de Ben Barka est à chercher dans cet élan révolutionnaire de la Tricontinentale. »
Victoria Brittain, écrivain pour The Guardian, a qualifié Ben Barka de « théoricien révolutionnaire aussi important que Frantz Fanon et Che Guevara », dont « l’influence s’est répercutée bien au-delà de leur propre continent ». Ses écrits ont été rassemblés et traduits en français par son fils Bachir Ben Barka et publiés en 1999 sous le titre Écrits politiques (1957-1965).
Théories sur la disparition de Ben Barka
Le procès français Dans les années 1960, la disparition de Ben Barka est un scandale public suffisant pour que le président De Gaulle déclare officiellement que son gouvernement n’est pas responsable. Après un procès en 1967, deux officiers français ont été envoyés en prison pour leur rôle dans l’enlèvement. Cependant, le juge a estimé que le principal coupable était le ministre marocain de l’Intérieur, Mohamed Oufkir. Georges Figon, un témoin aux antécédents criminels qui avait déclaré plus tôt qu’Oufkir avait poignardé Ben Barka à mort, a été retrouvé mort plus tard, officiellement un suicide. Le préfet de police Maurice Papon (1910-2007), condamné plus tard pour crimes contre l’humanité pour son rôle sous Vichy, est contraint de démissionner après l’enlèvement de Ben Barka.
Ahmed Boukhari Ancien membre des services secrets marocains, Ahmed Boukhari a affirmé en 2001 que Ben Barka était mort pendant un interrogatoire dans une villa au sud de Paris. Il a déclaré que le corps de Ben Barka avait ensuite été ramené au Maroc et détruit dans une cuve d’acide. En outre, il a déclaré que cette cuve d’acide, dont les plans ont été reproduits par les journaux, avait été construite sur les instructions de l’agent de la CIA « Colonel Martin », qui avait appris cette technique pour faire disparaître les cadavres lors de son affectation dans l’Iran du Shah dans les années 1950.
Ali Bourequat Le dissident franco-marocain et ancien prisonnier d’opinion de Tazmamart, Ali Bourequat, affirme dans son livre « Dans le jardin secret du roi du Maroc » avoir rencontré un ancien agent secret marocain dans une prison près de Rabat en 1973-74. L’homme, Dubail, a raconté comment lui et quelques collègues, menés par le colonel Oufkir et Ahmed Dlimi, avaient assassiné Ben Barka à Paris. Le corps a ensuite été encapsulé dans du ciment et enterré en dehors de Paris, mais sa tête a été apportée par Oufkir au Maroc dans une valise. Elle a ensuite été enterrée sur le terrain de la prison où Dubail et Bourequat étaient détenus.
Documents de la CIA En 1976, le gouvernement des États-Unis, suite à des demandes formulées dans le cadre de la loi sur la liberté d’information, a reconnu que la Central Intelligence Agency (CIA) était en possession de quelque 1 800 documents concernant Ben Barka, mais ces documents n’ont pas été rendus publics.
Documents français Certains documents secrets français sur l’affaire ont été rendus publics en 2001, provoquant un tollé politique. La ministre de la défense Michèle Alliot-Marie a accepté en 2004 de suivre les recommandations d’une commission de la défense nationale et a rendu publics les 73 documents classifiés supplémentaires sur l’affaire. Cependant, le fils de Mehdi Ben Barka s’est indigné de ce qu’il a appelé une « pseudo-divulgation de dossiers », insistant sur le fait que des informations avaient été retenues qui auraient pu impliquer les services secrets français (SDECE), et peut-être la CIA et le Mossad, ainsi que la responsabilité ultime du roi Hassan II, qui a commodément pu rejeter la faute sur Oufkir après son coup d’État manqué en 1972.
Driss Basri Driss Basri, ministre de l’Intérieur d’Hassan II et son bras droit du début des années 1980 à la fin des années 1990, a été entendu par le juge Patrick Ramaël en mai 2006, en tant que témoin, au sujet de l’enlèvement de Ben Barka. Basri a déclaré au magistrat qu’il n’avait pas été lié à l’affaire Ben Barka. Il a ajouté qu’ »il est possible que le Roi ait été au courant. Il est légitime de penser que de Gaulle possédait des informations… »