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  • Le Sahara occidental : une décolonisation ratée par l’Espagne

     


    Par Quentin Gallet

    Ces derniers temps, la côte nord-ouest de l’Afrique est au cœur de l’actualité. Un conflit gelé depuis plusieurs décennies s’est soudainement réchauffé tandis que nombre de barques la quittent pour rejoindre illégalement les Canaries, l’Espagne, l’Europe. Une crise multiforme qui trouve une de ses origines dans la décolonisation incomplète du Sahara occidental.

    Vaste territoire de plus de 250.000 km2, coincé entre les influences du Maroc, de l’Algérie, de la Mauritanie, le Sahara occidental relève d’un statut toujours à définir sur le plan du droit international. 

    De premières tentatives sans lendemain

    Cette bande désertique aux marges des actuels Maroc, Algérie et Mauritanie se trouve également à l’est des îles Canaries. Les Espagnols, déjà implantés sur celles-ci, tentent de prendre possession du littoral saharien. Ils traversent le bras de mer et atteignent l’Afrique dans l’optique de sécuriser la très fructueuse pêche au large de l’actuel Sahara occidental. 

    Un fort est bâti dès la fin du XVe siècle par les Castillans : Santa Cruz de Mar Pequeña. La position ne résiste toutefois pas très longtemps à l’attaque des tribus berbères venant du désert. Les relations entre ceux-ci et les Espagnols seront faites d’ententes, de trahisons et de raids. 

    Toutefois, la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, quelques années plus tard, détournera très largement l’attention des Espagnols de ce désert pauvre en direction de l’autre côté de l’Atlantique. 

    L’Espagne dans la course aux possessions africaines

    Bien que la Couronne espagnole s’intéresse surtout à ses colonies américaines, les côtes sahariennes continuent de revêtir, au fil des siècles, un intérêt pour la pêche. C’est dans cette optique qu’est signé, en 1860, le traité de Tétouan avec le Maroc afin que l’Espagne dispose d’un territoire pour développer ses activités. 

    Toutefois, l’Espagne est engagée, avec la France et l’Angleterre, dans une véritable course aux colonies : ces dernières étant signes de prestige à l’époque. Aussi, le territoire cédé par le Maroc va être rapidement augmenté. 

    Dans les années 1880, la situation se précise : le Río de Oro, un protectorat espagnol qui s’étend du cap Bojador au cap Blanc, voit le jour. Dans la foulée, cette possession est reconnue internationalement lors de Conférence de Berlin. L’actuelle Dakhla, alors nommée Villa Cisneros, en est le chef lieu administratif. Quelques années plus tard, le protectorat est étendu au nord jusqu’au fleuve Draa, lequel marque la frontière avec la Maroc.

    Les rivalités coloniales, malgré tout, font que des escarmouches éclatent ça et là. En 1900, la France et l’Espagne s’entendent en signant le traité de Paris qui fixe la frontière entre le Sahara espagnol et la Mauritanie, colonie de la République. 

    Du protectorat à la province

    Dans un premier temps, les Espagnols préfèrent le littoral saharien à l’intérieur des terres, espace propice à des attaques de la part des nomades. En réalité, nous avons au début du XXe siècle, une présence limitée et majoritairement urbaine. Ainsi la ville d’El Aaiún, actuelle Laâyoune, est fondée par les Espagnols à la fin des années 1930. La découverte d’une nappe phréatique, véritable bénédiction en ces espaces arides, est à l’origine de cette installation pérenne. 

    Toutefois, au milieu de XXe siècle, les Espagnols se font plus curieux pour leurs possessions africaines. Poussés par des érudits africanistes, la Couronne fait explorer le Sahara occidental et y mandate des missions scientifiques. Ces campagnes nécessitant des moyens importants, des infrastructures sont développées à travers le territoire. 

    Après la guerre civile espagnole (1936-1939), le régime franquiste, nostalgique de l’empire, entend préciser la définition des possessions du pays. Ainsi, les protectorats dans le nord ouest de l’Afrique sont regroupés dans une nouvelle entité : l’Afrique Occidentale Espagnole. 

    Cette construction coloniale ne durera pas dix ans car un nouveau challenger se manifeste avec insistance. En effet, le Maroc gagne son indépendance en 1956 et, fort de ce succès, des mouvements nationalistes comme l’Istiqlal entendent mettre la main sur ce qu’ils considèrent relever de leur territoire légitime. Les protectorats espagnols au Sahara occidental sont explicitement visés. 

    Francisco Franco est soucieux ne pas déclencher une guerre ruineuse et cède la bande de Tarfaya au Maroc. L’éphémère Afrique Occidentale Espagnole est dissoute et le Sahara espagnol voit le jour. Cette ultime entité regroupe l’ancien Rio de Oro et le Saguia el Hamra. Il s’agit alors de véritables provinces espagnoles avec assemblées et élections pour les Cortes. La capitale est fixée à El Aaiún. 

    L’impossible autodétermination

    Le Maroc n’entend toutefois pas abandonner l’affaire si facilement. Au début des années 1960, le royaume demande au Nations Unies de placer le Sahara Espagnol sur la liste des territoires non autonomes. Dans un contexte de décolonisation, l’objectif est d’attirer l’attention onusienne sur le dossier afin qu’un référendum d’autodétermination se tienne. Le Maroc est alors convaincu qu’un tel vote lui serait favorable. 

    Ainsi, en décembre 1965, l’ONU émet une résolution enjoignant l’Espagne à encourager le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes dans le Sahara occidental.   

    Le régime franquiste vieillissant finit par accéder à cette requête et annonce la tenue d’un referendum pour le début de l’année 1975. Le nouveau roi du Maroc, Hassan II, s’y oppose toutefois. 

    Sentant des tensions poindre, l’ONU mandate une mission dans le Sahara espagnol. Elle en conclut qu’un très fort consensus existe parmi les Sahraouis pour l’indépendance du territoire. Donc, ni Espagnols, ni Marocains. Un fervent soutien est également mis en avant par les experts onusiens à l’égard du Front Polisario, mouvement politico-militaire se battant pour l’indépendance du territoire. 

    Las de ces atermoiements, le Maroc décide de franchir purement et simplement la frontière qui le sépare du Sahara espagnol. Environ 350.000 civils encadrés par 20.000 soldats marocains entrent dans les provinces espagnoles. C’est la fameuse « Marche Verte » du 6 novembre 1975.

    La fin du Sahara espagnol : l’avènement d’un confit gelé

    Ce coup de force précipite la fin du Sahara espagnol, alors que Franco est au crépuscule de sa vie. Le gouvernement se résout à signer les accords de Madrid qui abandonne la colonie au Maroc et à la Mauritanie. En échange de cela, l’Espagne conserve des droits de pêches au large des côtes ainsi que des gisements de phosphate. L’ONU ne reconnaîtra jamais ces accords faits sans son aval et sans la volonté populaire sahraouie. Pour l’organisation internationale, le Sahara,  non plus « espagnol » mais « occidental », est toujours en voie de décolonisation.

    De manière prévisible, le Maroc et la Mauritanie, gagnants des accords de Madrid, ne mettront pas longtemps à en venir aux armes pour le contrôle total de l’ancienne possession espagnole. De conflits sanglants éclateront jusqu’à un cessez le feu, en 1991. Il s’agit dès lors de ce qu’on appelle un « conflit gelé ». 

    Toutefois, le status quo est fortement bousculé depuis plusieurs jours avec la reprise des hostilités entre Rabat et le Front Polisario. Une conséquence très actuelle de l’incomplète décolonisation du Sahara occidental. La communauté sahraouie d’Espagne a d’ailleurs manifesté pour que l’ancienne puissance coloniale s’implique dans son droit à l’autodétermination et ainsi clore une histoire conflictuelle de plusieurs décennies.

    Le retour de la question sahraouie dans la politique espagnole

    L’opinion publique espagnole est largement en faveur des Sahraouis et de leur droit à disposer d’eux mêmes. C’est également le cas de certains responsables politiques. L’appel de Pablo Iglesias, chef de file du parti de gauche Unidas Podemos et surtout vice président du gouvernement, à la tenue d’un référendum d’autodétermination a beaucoup fait parler de lui. 

    Cette position venant d’un des cadres du gouvernement espagnol a profondément irrité le Maroc avec lequel la diplomatie de Pedro Sanchez marche sur des œufs : Rabat étant un acteur clef dans le dossier brûlant de la crise migratoire canarienne. En effet, le Maroc ainsi que le Sahara Occidental sont des territoires pourvoyeurs de migrants. Des territoires de passage aussi. Les côtes sahraouies sont le point de départ de nombre de traversées en barques en direction de l’archipel des Canaries. En somme, le Maroc sait qu’il dispose d’un atout majeur face à l’ancien colonisateur du Sahara occidental en pouvant influer sur l’ouverture ou la fermeture des vannes de l’immigration clandestine. 

    La reprise des hostilités entre le Maroc et le Front Polisario comme la crise migratoire sont des avatars très actuels de la décolonisation ratée du Sahara espagnol. 

    Le Petit journal, 23/11/2020

    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Espagne, décolonisation, Front Polisario, Pablo Iglesias, Podemos,

  • Comentario de Pablo Iglesias sobre la condena de los presos políticos catalanes

    Estamos conociendo el contenido de una de las sentencias judiciales más importantes de nuestra historia reciente.

    Oriol Junqueras ha sido condenado a 13 años de cárcel. Jordi Turull, Raül Romeva y Dolors Bassa a 12 y Josep Rull y Joaquín Forn a 10 y medio. Carme Forcadell, ha sido condenada a 11 años y medio de prisión. Los líderes sociales Jordi Sánchez y Jordi Cuixart condenados a 9 años.

    Antes de consideraciones de otro tipo, quiero mandar un abrazo a los condenados y a sus familias. Discrepo absolutamente de ellos, pero en las ocasiones en las que les he visitado en la prisión y cuando he hablado con ellos he podido comprobar su calidad humana y la profundidad moral de sus convicciones. La empatía tiene que ser la emoción que guíe nuestra acción política si queremos vislumbrar algún día escenarios de resolución del conflicto.

    Quiero expresar también nuestro rechazo a los discursos que buscan criminalizar a los catalanes y catalanas que hoy se manifestarán pacíficamente en repudio a la sentencia condenatoria contra sus líderes. El derecho de reunión y manifestación es sagrado en democracia.

    Respecto a la sentencia, queda claro que hay consenso en el tribunal en que no hubo violencia, algo que era evidente para todo el mundo, también para los mayores adversarios del independentismo.

    Pero, más allá de los debates estrictamente jurídicos, esta sentencia pasará a la historia de España como símbolo de cómo no hay que abordar los conflictos políticos en democracia.

    Hoy culmina una etapa crucial de un camino que nunca debimos haber empezado a recorrer: el camino de la judicialización de un conflicto político que debió haberse gestionado siempre por cauces políticos.

    Hoy hay un tribunal que dicta sentencia, pero esta no pone fin al problema político de fondo, que sigue ahí, irresuelto y agravado por las brechas emocionales producto de la manera equivocada en la que se ha abordado la crisis.

    Todo el mundo tendrá que respetar la ley y asumir la sentencia, pero a partir de hoy toca arremangarse y trabajar por reconstruir puentes entre una sociedad catalana dividida y entre parte de la sociedad catalana con la sociedad española.

    Recorrer, con sensibilidad e inteligencia política, el camino de la imprescindible reconciliación, sin excluir ninguna vía que pueda ayudar a ella.

    Las mismas recetas que nos han llevado hasta esta situación no serán las que nos saquen de ella.

    Apelamos a la responsabilidad del conjunto de las fuerzas políticas para abrir una nueva etapa de diálogo que rechace la confrontación y que se marque como objetivo la búsqueda de soluciones políticas y democráticas a un conflicto que nunca debería haber sido judicializado.

    Las apelaciones al diálogo deben dejar de ser un recurso meramente retórico y servir para desterrar la idea de una intervención del autogobierno catalán que se ha demostrado fallida y contraproducente.

    Respetar el voto de los catalanes es también condición de posibilidad de la reconciliación. Nosotros, humildemente, vamos a intentar contribuir a ello.

    Frente a las derechas incendiarias y a un PSOE riverizado que agita el artículo 155 de forma irresponsablemente electoralista, Unidas Podemos tiene que representar otra idea de España basada en la empatía, el diálogo y la fraternidad.

    Fuente : Twitter, 14 oct 2019

    Tags : España, Cataluña, Catalunya, Pablo Iglesias, Podemos,