Étiquette : Palestine

  • Palestine : Ghaza sous les feux de Tel Aviv

    JERUSALEM (AP) – L’aviation israélienne a effectué une série de frappes aériennes sur des sites de militants dans la bande de Ghaza tôt mercredi, les premiers raids de ce type depuis qu’un cessez-le-feu fragile a mis fin à la guerre avec le Hamas le mois dernier.

    Les frappes aériennes ont visé des installations utilisées par les militants du Hamas pour se réunir et planifier des attaques, a déclaré l’armée israélienne, qui tient le groupe responsable de tout acte de violence émanant de Ghaza. Aucune victime n’a été signalée dans l’immédiat.

    Mardi, des centaines d’ultranationalistes israéliens, dont certains scandaient « Mort aux Arabes », ont défilé dans l’est de Jérusalem dans une démonstration de force qui menaçait de déclencher de nouvelles violences. Les Palestiniens de Ghaza ont répondu en lançant des ballons incendiaires qui ont provoqué au moins 10 incendies dans le sud d’Israël.

    La marche a constitué un test pour le nouveau gouvernement israélien, fragile, ainsi que pour la trêve fragile qui a mis fin à la guerre de 11 jours entre Israël et le Hamas le mois dernier.

    Les Palestiniens considèrent cette marche, destinée à célébrer la prise de Jérusalem-Est par Israël en 1967, comme une provocation. Le Hamas a appelé les Palestiniens à « résister » à la parade, dont une version a contribué à déclencher la guerre de 11 jours à Ghaza le mois dernier.

    Avec de la musique à fond, des centaines de nationalistes juifs se sont rassemblés et se sont déplacés devant la Porte de Damas. La plupart semblaient être de jeunes hommes, et beaucoup tenaient des drapeaux israéliens bleus et blancs tandis qu’ils dansaient et chantaient des chants religieux.

    À un moment donné, plusieurs dizaines de jeunes, sautant et agitant leurs mains en l’air, ont scandé : « Mort aux Arabes ! » Dans un autre chant anti-arabe, ils ont crié : « Que votre village brûle. »

    Dans une condamnation cinglante sur Twitter, le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid a déclaré que ceux qui criaient des slogans racistes étaient « une honte pour le peuple israélien », ajoutant : « Le fait qu’il existe des radicaux pour qui le drapeau israélien représente la haine et le racisme est abominable et impardonnable. »

    La foule, bien que turbulente, semblait être beaucoup moins nombreuse que lors du défilé du mois dernier. De la porte de Damas, ils ont fait le tour de la vieille ville jusqu’au Mur occidental, le lieu le plus sacré où les Juifs peuvent prier.

    Avant le défilé, la police israélienne a nettoyé la zone située devant la porte de Damas, fermé les routes à la circulation, ordonné la fermeture des magasins et renvoyé les jeunes manifestants palestiniens. La police a déclaré que des agents ont arrêté 17 personnes soupçonnées d’être impliquées dans les violences, dont certaines ont jeté des pierres et attaqué la police, et que deux policiers ont dû recevoir un traitement médical. Les Palestiniens ont déclaré que cinq personnes avaient été blessées lors d’affrontements avec la police.

    Le défilé a constitué un premier défi pour le nouveau Premier ministre israélien, Naftali Bennett, un nationaliste israélien pur et dur qui a promis une approche pragmatique alors qu’il préside un gouvernement de coalition délicat et diversifié.

    Bien que l’on ait craint que la marche ne fasse monter la tension, son annulation aurait exposé Bennett et d’autres membres de droite de la coalition à des critiques intenses de la part de ceux qui y verraient une capitulation devant le Hamas. La coalition a prêté serment dimanche et comprend des partis de tout l’éventail politique, y compris un petit parti arabe.

    Mansour Abbas, dont le parti Raam est la première faction arabe à rejoindre une coalition israélienne, a déclaré que la marche était « une tentative de mettre le feu à la région à des fins politiques », avec l’intention de saper le nouveau gouvernement.

    M. Abbas a déclaré que la police et le ministre de la sécurité publique auraient dû annuler l’événement. « J’appelle toutes les parties à ne pas se laisser entraîner dans une escalade et à faire preuve d’un maximum de retenue », a-t-il déclaré.

    Les années précédentes, la marche passait par la porte de Damas et entrait au cœur du quartier musulman, un quartier palestinien surpeuplé aux rues et ruelles étroites. Mais la police a modifié l’itinéraire mardi pour éviter le quartier musulman.

    Au lieu de cela, l’itinéraire contourne les anciens murs de la vieille ville et passe par la porte de Jaffa, une artère principale pour les touristes, en direction du quartier juif et du Mur occidental, le site le plus sacré où les Juifs peuvent prier.

    La porte de Damas est un point central de la vie palestinienne à Jérusalem-Est. En avril et en mai, des manifestants palestiniens ont affronté à plusieurs reprises la police israélienne en raison des restrictions imposées aux rassemblements publics pendant le mois sacré musulman du ramadan.

    Ces affrontements se sont étendus à l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa, un site sacré pour les juifs et les musulmans. À l’époque, les tensions ont été alimentées par des protestations contre la menace d’expulsion de dizaines de familles palestiniennes par des colons juifs, également à Jérusalem.

    Au plus fort des tensions, le 10 mai, les ultranationalistes israéliens ont organisé leur défilé annuel de drapeaux. Bien qu’il ait été détourné de la porte de Damas à la dernière minute, il a été perçu par les Palestiniens comme une célébration malvenue du contrôle israélien sur ce qu’ils considèrent comme leur capitale.

    Au nom de la défense de la ville sainte, le Hamas a tiré des roquettes à longue portée sur Jérusalem, perturbant la marche et déclenchant la guerre de Ghaza, qui a coûté la vie à plus de 250 Palestiniens et tué 13 personnes en Israël.

    Après avoir pris Jérusalem-Est en 1967, Israël l’a annexée, ce qui n’est pas reconnu par la majorité de la communauté internationale. Il considère la ville entière comme sa capitale, tandis que les Palestiniens veulent que Jérusalem-Est soit la capitale de leur futur État. Les revendications concurrentes sur Jérusalem-Est, qui abrite des lieux saints juifs, chrétiens et musulmans, sont au cœur du conflit et ont déclenché de nombreux épisodes de violence.

    Le Hamas avait appelé les Palestiniens à faire preuve d’une « résistance courageuse » à la marche. Il a exhorté les gens à se rassembler dans la vieille ville et à la mosquée Al-Aqsa pour « se lever face à l’occupant et lui résister par tous les moyens pour mettre fin à ses crimes et à son arrogance ».

    Dans l’après-midi, des Palestiniens liés au Hamas ont lancé quelques ballons incendiaires depuis Ghaza, déclenchant au moins 10 incendies dans le sud d’Israël, selon le service national des pompiers israélien.

    Abu Malek, l’un des jeunes hommes ayant lancé les ballons, a qualifié ce geste de « réponse initiale » à la marche.

    Le Premier ministre Mohammad Shtayyeh, de l’Autorité palestinienne de Cisjordanie, soutenue par la communauté internationale, a qualifié la marche d’ »agression contre notre peuple ». En Jordanie voisine, le ministère des Affaires étrangères a publié une déclaration condamnant la marche comme « inacceptable », affirmant qu’elle sapait les efforts visant à réduire les frictions entre Israël et les Palestiniens.

    Les médias israéliens ont indiqué que l’armée était en état d’alerte maximale en Cisjordanie occupée et le long de la frontière de Ghaza. Des batteries du système israélien de défense contre les roquettes Iron Dome ont été vues déployées près de la ville de Netivot, dans le sud du pays, près de la frontière de Ghaza, par mesure de précaution.

    Le ministre de la Défense, Benny Gantz, a rencontré le chef d’état-major militaire, le commissaire de police et d’autres hauts responsables de la sécurité. Il a « souligné la nécessité d’éviter les frictions et de protéger la sécurité personnelle de … Juifs et Arabes », a déclaré son bureau.

    Associated Press, 16 juin 2021

    Etiquettes : Israël, Ghaza, Palestine, Cisjordanie, agression, attaque, bombardement,

  • Israël : Peu d’espoir pour les Palestiniens

    BEITA, Cisjordanie (AP) – Le nouveau gouvernement fragile d’Israël a montré peu d’intérêt pour la résolution du conflit vieux de plusieurs décennies avec les Palestiniens, mais il n’a peut-être pas le choix.

    Les ultranationalistes juifs organisent déjà des provocations visant à diviser la coalition et à provoquer un retour au pouvoir de la droite. Ce faisant, ils risquent d’aggraver les tensions avec les Palestiniens, quelques semaines après qu’une guerre de 11 jours à Gaza ait été stoppée par un cessez-le-feu informel.

    Le meilleur espoir du Premier ministre Naftali Bennett de maintenir sa coalition au pouvoir – qui se compose de huit partis issus de l’ensemble de l’échiquier politique – sera de gérer le conflit, selon l’approche privilégiée par son prédécesseur, Benjamin Netanyahou, pendant la majeure partie de ses 12 années de pouvoir. Mais cette méthode n’a pas permis d’éviter trois guerres de Gaza et d’innombrables éruptions de moindre ampleur.

    En effet, le statu quo pour les Palestiniens implique l’expansion des colonies en Cisjordanie occupée, des expulsions imminentes à Jérusalem, des démolitions de maisons, des fusillades meurtrières et toute une série de mesures discriminatoires qui, selon deux célèbres groupes de défense des droits de l’homme, équivalent à de l’apartheid. À Gaza, qui est soumise à un blocus paralysant depuis que le groupe militant Hamas a pris le pouvoir en 2007, la situation est encore pire.

    « Ils disent qu’il s’agit d’un gouvernement de changement, mais il ne fera qu’ancrer le statu quo », a déclaré Waleed Assaf, un responsable palestinien qui coordonne les manifestations contre les colonies de Cisjordanie. « Bennett est une copie de Netanyahou, et il pourrait même être plus radical ».

    Bennett a peu parlé des Palestiniens dans un discours avant de prêter serment dimanche. « La violence fera l’objet d’une réponse ferme », a-t-il prévenu, ajoutant que « le calme sécuritaire conduira à des mouvements économiques, qui conduiront à la réduction des frictions et du conflit. »

    La ministre de l’Environnement Tamar Zandberg, membre du parti dovish Meretz, a déclaré à la chaîne de télévision israélienne Channel 12 qu’elle pense que le processus de paix est important, mais que le nouveau gouvernement a accepté, « du moins à ce stade, de ne pas s’en occuper. »

    Le gouvernement est confronté à un défi précoce à Jabal Sabeeh, une colline du nord de la Cisjordanie où des dizaines de colons juifs ont rapidement établi un avant-poste le mois dernier, pavant des routes et installant des quartiers d’habitation qui, selon eux, abritent désormais des dizaines de familles.

    La colonie, baptisée Eviatar du nom d’un Israélien tué lors d’une attaque en 2013, a été construite sans l’autorisation des autorités israéliennes sur des terres qui, selon les Palestiniens, appartiennent à des particuliers. Les troupes israéliennes ont évacué les colons du site à trois reprises auparavant, mais ils sont revenus après qu’un Israélien a été tué dans une fusillade à proximité au début du mois dernier.

    Les évacuer à nouveau embarrasserait Bennett et d’autres membres de droite de la coalition, qui font déjà l’objet de vives critiques – et même de menaces de mort – pour s’être alliés à des factions centristes et de gauche afin d’évincer Netanyahu.

    Le gouvernement est confronté à un dilemme similaire concernant un défilé à travers Jérusalem-Est organisé par des ultranationalistes qui doit avoir lieu mardi. Cette marche risque de déclencher le type de protestations et d’affrontements qui ont contribué à déclencher la guerre de Gaza le mois dernier.

    Pendant ce temps, les Palestiniens du village voisin de Beita organisent régulièrement des manifestations contre l’avant-poste de colonisation. Les manifestants ont jeté des pierres et les troupes israéliennes ont tiré des gaz lacrymogènes et des balles réelles. Trois manifestants ont été tués, dont Mohammed Hamayel, 17 ans, abattu vendredi. Les rapports initiaux indiquaient qu’il avait 15 ans.

    « Je lui ai toujours appris qu’il fallait défendre ses droits sans porter atteinte à ceux des autres », a déclaré son père, Saïd, lors d’une cérémonie de deuil à laquelle assistaient des dizaines de villageois. Il a décrit son fils comme un adolescent populaire qui avait de bonnes notes et était un leader naturel.

    « Dieu merci, je suis très fier de mon fils », a-t-il dit. « Même dans le martyre, il s’est distingué. »

    Les villageois craignent que si l’avant-poste reste, il finisse par engloutir encore plus de leurs terres, en grandissant et en fusionnant avec certaines des plus de 130 colonies autorisées à travers la Cisjordanie occupée, où vivent près de 500 000 colons.

    « Nous ne sommes pas un jeu politique entre les mains de Bennett ou de Netanyahu », a déclaré Mohammed Khabeesa, un résident qui dit posséder des terres près de l’avant-poste des colons, auxquelles il ne peut plus accéder sans un permis militaire.

    « Les colonies sont comme un cancer », a-t-il ajouté. « Tout le monde sait qu’elles commencent petit, puis elles prennent racine et s’étendent aux dépens des gens jusqu’à atteindre nos maisons ».

    Une porte-parole de l’organisation de colons à l’origine de l’avant-poste n’a pas répondu à une demande de commentaire.

    Israël s’est emparé de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de Gaza lors de la guerre du Proche-Orient de 1967, des territoires que les Palestiniens veulent pour un futur État. Les colonies sont considérées par les Palestiniens et une grande partie de la communauté internationale comme un obstacle majeur à la paix, car elles rendent presque impossible la création d’un État palestinien contigu et viable aux côtés d’Israël.

    Chaque gouvernement israélien depuis 1967 a étendu les colonies, et il est peu probable que celui-ci fasse exception. Bennett a été brièvement à la tête d’une importante organisation de colons, et son parti est l’un des trois de la coalition qui soutiennent fermement les colonies.

    Hagit Ofran, experte en matière de colonies auprès du groupe israélien de défense des droits Peace Now, affirme que les colons ont toujours utilisé les avant-postes illégaux pour défier les autorités israéliennes, une tendance qui, selon elle, devrait s’accélérer sous le nouveau gouvernement.

    « Comme les colons ont le sentiment que ce gouvernement n’est pas le leur, il sera beaucoup plus facile, psychologiquement, de le défier », a-t-elle déclaré.

    Elle espère que le nouveau gouvernement freinera au moins les grands projets de colonisation, notamment les infrastructures massives qui ouvriront la voie à une croissance future.

    « Je pense qu’il est plus facile politiquement d’arrêter les gros budgets et les gros projets plutôt que d’expulser un avant-poste », a-t-elle déclaré. « Je préfère voir que le gouvernement arrête les grands projets plutôt que de se battre pour chaque sommet de colline. Les colons ont l’intérêt inverse. »

    Etiquettes : Israël, Palestine, Ghaza, nouveau gouvernement, Naftali Bennett, Jérusalem; Al Qods,

  • Qui est Naftali Bennett, le nouveau leader d’Israël ?

    JERUSALEM (AP) – Naftali Bennett, qui a prêté serment dimanche en tant que nouveau premier ministre d’Israël, incarne bon nombre des contradictions qui définissent cette nation vieille de 73 ans.

    C’est un juif religieux qui a gagné des millions dans le secteur principalement laïc de la haute technologie, un champion du mouvement de colonisation qui vit dans la banlieue de Tel Aviv, et un ancien allié de Benjamin Netanyahu qui s’est associé à des partis centristes et de gauche pour mettre fin à son règne de 12 ans.

    Son parti ultranationaliste Yamina n’a remporté que sept sièges à la Knesset, qui compte 120 membres, lors des élections de mars – le quatrième scrutin de ce type en deux ans. Mais en refusant de s’engager auprès de Netanyahou ou de ses adversaires, Bennett s’est positionné en tant que faiseur de roi. Même après qu’un membre de son parti nationaliste religieux l’ait abandonné pour protester contre le nouvel accord de coalition, il s’est retrouvé avec la couronne.

    Voici un aperçu du nouveau leader d’Israël :

    UN ULTRANATIONALISTE AVEC UNE COALITION MODÉRÉE

    Bennett s’est longtemps positionné à la droite de Netanyahou. Mais il sera fortement limité par la lourdeur de sa coalition, qui ne dispose que d’une faible majorité au Parlement et qui comprend des partis de droite, de gauche et du centre.

    Il est opposé à l’indépendance palestinienne et soutient fermement les colonies juives en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est, que les Palestiniens et une grande partie de la communauté internationale considèrent comme un obstacle majeur à la paix.

    M. Bennett a violemment critiqué M. Netanyahou après que le Premier ministre a accepté de ralentir la construction de colonies sous la pression du président Barack Obama, qui a tenté sans succès de relancer le processus de paix au début de son premier mandat.

    Il a brièvement été à la tête du conseil des colons de Cisjordanie, Yesha, avant d’entrer à la Knesset en 2013. Bennett a ensuite été ministre du Cabinet des affaires de la diaspora, de l’éducation et de la défense dans divers gouvernements dirigés par Netanyahu.

    « C’est un leader de droite, un dur en matière de sécurité, mais en même temps très pragmatique », a déclaré Yohanan Plesner, directeur de l’Institut israélien pour la démocratie, qui connaît Bennett depuis des décennies et a servi avec lui dans l’armée.

    Il s’attend à ce que Bennett s’engage avec d’autres factions pour trouver un « dénominateur commun » alors qu’il cherche un soutien et une légitimité en tant que leader national.

    RIVALITÉ AVEC NETANYAHOU

    Le père de quatre enfants, âgé de 49 ans, partage l’approche belliciste de Netanyahou sur le conflit au Moyen-Orient, mais les deux hommes ont eu des relations tendues au fil des ans.

    M. Bennett a été le chef de cabinet de M. Netanyahou pendant deux ans, mais ils se sont séparés après une mystérieuse brouille que les médias israéliens ont reliée à l’épouse de M. Netanyahou, Sara, qui exerce une grande influence sur le cercle restreint de son mari.

    Bennett a fait campagne en tant que pilier de la droite avant les élections de mars et a signé un engagement à la télévision nationale disant qu’il ne permettrait jamais à Yair Lapid, un centriste et le principal rival de Netanyahu, de devenir Premier ministre.

    Mais lorsqu’il est devenu évident que Netanyahou était incapable de former une coalition gouvernementale, c’est exactement ce que Bennett a fait, acceptant d’être Premier ministre pendant deux ans avant de céder le pouvoir à Lapid, l’architecte de la nouvelle coalition.

    Les partisans de Netanyahu ont qualifié Bennett de traître, affirmant qu’il a fraudé les électeurs. Bennett a défendu sa décision comme une démarche pragmatique visant à unifier le pays et à éviter un cinquième tour d’élections.

    UN CHANGEMENT DE GÉNÉRATION

    Bennett, un juif orthodoxe moderne, sera le premier Premier ministre d’Israël à porter régulièrement une kippa, la calotte que portent les juifs pratiquants. Il vit dans la banlieue huppée de Tel Aviv, à Raanana, plutôt que dans les colonies dont il se fait le champion.

    Bennett a commencé sa vie avec ses parents d’origine américaine à Haïfa, puis a rebondi avec sa famille entre l’Amérique du Nord et Israël, le service militaire, la faculté de droit et le secteur privé. Tout au long de sa vie, il s’est forgé un personnage à la fois moderne, religieux et nationaliste.

    Après avoir servi dans l’unité commando d’élite Sayeret Matkal, Bennett a fait des études de droit à l’université hébraïque. En 1999, il a cofondé Cyota, une société de logiciels anti-fraude qui a été vendue en 2005 à la société américaine RSA Security pour 145 millions de dollars.

    M. Bennett a déclaré que l’expérience amère de la guerre menée par Israël en 2006 contre le groupe militant libanais Hezbollah l’a poussé à se lancer dans la politique. La guerre, qui a duré un mois, s’est terminée sans résultat et les dirigeants militaires et politiques israéliens de l’époque ont été largement critiqués pour avoir bâclé la campagne.

    Bennett représente une troisième génération de dirigeants israéliens, après les fondateurs de l’État et la génération de Netanyahou, qui a atteint sa majorité pendant les premières années tendues du pays, marquées par des guerres répétées avec les États arabes.

    « Il est Israël 3.0 », a écrit Anshel Pfeffer, un chroniqueur du journal israélien de gauche Haaretz, dans un récent profil de Bennett.

    « Un nationaliste juif mais pas vraiment dogmatique. Un peu religieux, mais certainement pas dévot. Un militaire qui préfère le confort de la vie urbaine civile et un entrepreneur de haute technologie qui ne cherche pas à gagner d’autres millions. Un partisan de la Grande Terre d’Israël, mais pas un colon. Et il se pourrait bien qu’il ne soit pas non plus un politicien à vie. »

    Associated Press, 14 juin 2021

    Etiquettes : Israël, Naftali Bennett, Benjamin Netanyahou, Yamina, Knesset, Cisjordanie, Jérusalem-Est, Palestine,

  • Algérie : Le Maroc a ramené du poison à nos frontières (Layachi)

    SAID LAYACHI, PRÉSIDENT DU COMITÉ NATIONAL ALGÉRIEN DE SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE SAHRAOUI : « Rabat a ramené du poison à nos frontières »

    Invité hier au Forum du Courrier d’Algérie, Saïd Layachi, président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), a exhorté l’Union africaine (UA) « à presser la concrétisation de ses décisions sur le Sahara occidental », dernière question de décolonisation en Afrique inscrite sur l’agenda de l’organisation des Nations unies (ONU) , appelant celle-ci à « se ressaisir », par l’application dans les plus brefs délais, de ses résolutions consacrant le droit à l’autodétermination, du peuple sahraoui, selon le Droit international et la Charte onusienne.

    Pour l’animateur du Forum, le désintérêt de l’ONU à aller sur la voie du règlement définitif sur la base du droit international du conflit sur le Sahara occidental, opposant, le représentant unique et légitime du peuple sahraoui, le Front Polisario et le Maroc, a causé la perte de confiance des Sahraouis dans l’Institution onusienne, laquelle a failli à assumer ses responsabilités et engagements, lors de l’accord du cessez-le-feu, en 1991 entre les deux parties précitées, pour la tenue du référendum, lequel n’a pas vu le jour, à ce jour. Après avoir rappelé les différentes étapes initiées par l’ONU et les ex-envoyés du secrétaire général de l’ONU, de l’Américain James Baker, en passant par Christopher Ross, jusqu’au le dernier en date, l’ex-président allemand, Horst Köhler, « les tergiversations de Rabat, sa fuite en avant et ses désengagements ont conduit non seulement au blocage du processus onusien par le Maroc » mais aussi ajoute-t-il « à la violation des résolutions de l’ONU et à la violation du mandat en 2016 de la mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso), par l’expulsion de son personnel politique ». Pour l’invité du Forum « il est inadmissible aujourd’hui plus qu’hier de voir un système colonial encore ériger sur notre continent africain », non sans rappeler l’engagement des dirigeants africains et les États membres de l’UA « à mettre fin à la dernière question de décolonisation, le Sahara occidental » en traduction des textes et pacte constitutif de l’Institution africaine. Indiquant que l’ensemble du peuple sahraoui, des camps des réfugiés, des territoires sous occupation marocaine et de la diaspora, face au rôle inerte de l’ONU à faire valoir ses résolutions et sa Charte sur le Sahara occidental « les Sahraouis vivent désormais un problème de confiance face à ce surréalisme de l’ONU ». Par l’interruption du cessez-le-feu, novembre 2020, suite à la violation par l’armée marocaine de la Zone d’El-Guerguerat, à laquelle a riposté l’armée de libération du peuple sahraoui, la communauté internationale « est tenue plus qu’avant à assumer ses responsabilités et ses engagements» non seulement en direction du peuple sahraoui mais aussi en matière de la sauvegarde de la paix et la sécurité internationales. Affirmant que « le Maroc a allègrement violé le cessez-le-feu de 1991 » le royaume chérifien atteste ainsi qu’ « il ignore et voire même piétine les résolutions onusiennes, une posture de violation délibérée ».

    Le Maroc a conclu une transaction criminelle contre le peuple palestinien

    N’étant pas en mesure avec tout le soutien et les manœuvres des lobbies israéliens et celui notamment de la France, « à avoir la reconnaissance juridique de sa présence au Sahara occidental, laquelle est une présence illégale et d’occupation » le Maroc a été jusqu’ « à conclure une transaction criminelle contre le peuple palestinien durant l’ère de l’ex-président américain Donald Trump avec Israël» contre deux peuples en lutte pour leur liberté et indépendance , les peuples palestinien et sahraouie. « C’est sur le dos des Palestiniens » que le royaume chérifien poursuit le conférencier, « s’est précipité pour annoncer ses relations officielles avec l’entité sioniste », pensant que « l’accord du siècle, El-Qods capitale d’Israël » promu par le duo Trump et Netanyahu, allait mettre fin à la cause palestinienne et sahraouie. La riposte palestinienne, par la résistance armée et populaire, à la dernière agression d’El-Qods et des Palestiniens des territoires occupés par les autorités coloniales de l’entité sioniste a mis en échec, non seulement le plan et les visées par la normalisation de pays arabes, dont le Maroc avec Israël mais aussi « l’accord du siècle » précité. Il est à noter que le soutien mutuel de deux système coloniaux, l’Israélien en Palestine et le Marocain au Sahara occidental est une évidence, non seulement pour les colonisés, palestiniens et sahraouis, mais aussi pour plus d’une centaine d’État siégeant à l’Assemblée général de l’ONU, les peuples libres et les acteurs dont le docteur Said Layachi, de Comités et d’associations à travers le monde, de soutien, aux peuples palestinien et sahraoui.

    « Avec Israël à nos portes, la vigilance doit être multipliée par mille »

    Dans ses réponses aux questions des journalistes, sur les attaques permanentes et récurrentes du royaume chérifien contre l’Algérie, indiquant que cette posture marocaine « ne date pas d’aujourd’hui» l’invité du Forum affirme qu’elle traduit « la politique et l’approche expansionniste de Rabat » en opposition avec la doctrine et les principes de l’Algérie « hérités du processus historique du mouvement de libération du peuple algérien ». Le Maroc, rappelle le président du Comité de soutien à la cause sahraouie, « a eu à revendiquer Béchar, la Mauritanie, jusqu’au Sénégal », reprenant la déclaration du président de la République, « c’est le Maroc qui a des problèmes avec l’Algérie » et non l’inverse comme le chantent Rabat et le Makhzen marocain. Affirmant plus loin que les liens avec « le peuple marocain sont fraternels », il rappelle les dirigeants marocains que la question sahraouie est sur l’agenda de l’ONU, son conseil de sécurité et sa quatrième commission en charge des questions politiques et de décolonisation. Rebondissant sur l’officialisation des relations marocaines avec l’entité sioniste, l’invité du Forum affirme que « Rabat a ramené du poison à nos frontières ». De par sa position de principe et de ses engagements envers le peuple palestinien et la cause palestinienne, l’Algérie « est ciblée par Israël » et la déclaration du président de la République affirmant, lundi dernier, que notre pays « portera toujours les flambeaux palestinien et sahraoui » est pour notre interlocuteur « un message fort » et un rappel à l’ordre à certains qui pensent faire fléchir l’Algérie. L’animateur ne manquera pas, par la même occasion, d’inviter les Algériens « à être doublement vigilants » depuis que l’entité sioniste a un pied officiel au Maroc, concluant que la consolidation du Front intérieur « est plus qu’impératif mais une responsabilité de chacun » pour déjouer et faire échec au plan visant l’État algérien.
    Karima Bennour

    Le Courrier d’Algérie, 10 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Israël, cannabis, haschich, drogue, Palestine, Sahara Occidental,

  • Algérie : Tebboune remet les pendules à l’heure

    Hirak, exercices tactiques de l’anp, France, Maroc…

    Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé mardi que les conspirations ourdies contre l’Algérie en raison de ses positions indépendantes et son système social constitutionnalisé ne feraient pas taire sa voix…

    Le chef de l’État se félicitera de la grande conscience des Algériens convaincus que le changemen émane de l’intérieur. ans une entrevue accordée à la chaîne qatarie Al Jazeera, le Président Tebboune a indiqué que « l’Algérie était depuis longtemps cible de conspirations en raison de sa position contre les complots ourdis visant le monde arabe, c’est pourquoi elle est restée debout parmi tant d’autres pays arabes qui ont connu le fameux ‘printemps arabe’ ».

    Relevant que l’Algérie n’avait pas de dettes extérieures, que ses positions étaient indépendantes et que son système social était constitutionnalisé et codifié, le chef de l’État a précisé que « l’Algérie porte le flambeau de la Palestine, du Sahara occidental et des peuples opprimés, c’est pour cette raison que l’on veut faire taire sa voix, mais cela n’arrivera pas ». Le « Hirak authentique béni a sauvé l’Algérie d’une véritable catastrophe qui a failli anéantir l’État », a-t-il rappelé, estimant que « 13 millions d’Algériens ont sauvé l’Algérie du 5e mandat et du prolongement du 4e, et plus de 10 millions de citoyens ont participé à la Présidentielle ». Nous avancions vers un « 5e mandat d’un Président incapable de gérer en raison de son état de santé, lorsque la issaba voulait exploiter sa maladie pour accaparer le pouvoir pour cinq autres années et piller encore les fonds de l’État, les choses auraient pu se terminer dans la violence », dira-t-il. Et de confier que « grâce à la conscience du peuple, convaincu que le changement s’opère de l’intérieur et nullement par le recours à la violence ou le sang, l’Algérie a pu sortir de la zone du danger ». Grâce à son pacifisme, le « Hirak authentique est sorti victorieux sous la protection des services de sécurité et de l’armée », a soutenu le Président Tebboune, ajoutant que « les récentes marches n’avaient pas d’organisateurs connus et n’étaient plus unifiées en termes d’idées, de revendications ou de slogans », avant de souligner que « 50 wilayas algérienne sur 58 n’enregistrent aucune marche ces derniers temps ».

    Et de rappeler que le monopole de l’importation était entre les mains d’une « issaba » d’une cinquantaine de personnes, qui avaient un pouvoir absolu pour décider qui pouvait investir en Algérie. M. Tebboune a fait savoir que « la issaba a volé et transféré à l’étranger des centaines de milliards de dollars », précisant que l’État a investi presque 1.000 mds USD depuis le début des années 2000 et que le taux de surfacturation était de 30 % Soulignant, dans ce sens, que la justice algérienne « a saisi et récupéré au profit du Trésor public tous les biens connus de la ‘issaba’ », le Président Tebboune a révélé que « l’Algérie oeuvre de concert avec les pays amis en Europe et à travers le monde à la découverte des avoirs détournés, et partant à les récupérer ». Au volet politique, le Président Tebboune a assuré que « l’Algérie s’est débarrassée irrémédiablement de l’islam idéologique et que le courant islamiste actif en Algérie est différent des courants islamistes dans d’autres pays ».

    Par ailleurs, le chef de l’État a affirmé que « la relation entre la Présidence et l’Armée est une relation somme toute naturelle » et que « l’Armée algérienne est une institution constitutionnelle qui sacralise la Constitution de l’État ». « L’Algérie jouit de stabilité grâce à la force de son Armée et celui qui a dit que l’Algérie tombera après la Syrie s’est trompé », a-t-il poursuivi. L’Algérie a renoué avec le lustre de sa diplomatie Au volet international, le président de la République a affirmé que « l’Algérie qui a renoué avec le lustre de sa diplomatie n’a jamais failli au droit international ni à l’application des décisions onusiennes ». Concernant la question palestinienne, le Président Tebboune a soutenu que « la position de l’Algérie est constante, imprescriptible et immuable », rappelant l’accord conclu dans le cadre de la Ligue arabe sur la base du principe de « la terre contre la paix » qui prévoit l’établissement de l’État de Pa estine comme préalable à la paix.

    « Il n’y a hélas aujourd’hui ni paix ni terre, d’où les interrogations sur l’utilité de la normalisation », a souligné le président de la République. Au sujet des relations avec leMaroc voisin, le Président Tebboune a déclaré : « Nous n’avons pas de problème avec le Maroc, c’est le Maroc qui a un problème avec nous ». La question du « Sahara occidental est depuis quatre décennies entre les mains de la commission onusienne de décolonisation. Les Nations unies considèrent le Sahara occidental comme une colonie », a rappelé le chef de l’État. « Nous entretenions par le passé de bonnes relations avec le Maroc et les frontières étaient ouvertes malgré le dossier du Sahara occidental », a-t-il fait savoir, réaffirmant la position constante de l’Algérie à l’égard du Sahara occidental. « Nous n’acceptons pas le fait accompli quelles que soient les circonstances », a-t-il soutenu. A propos de la crise libyenne, le président de la République a rappelé que l’Algérie a refusé que Tripoli « tombe aux mains des mercenaires », ajoutant qu’ »elle était prête à intervenir d’une façon ou d’une autre pour empêcher sa chute ».

    Quand nous avons dit que « Tripoli était une ligne rouge, nous l’avons fait sciemment et les concernés ont saisi le message », a-t-il affirmé, rappelant la position de l’Algérie qui a appelé, à la Conférence de Berlin, à la tenue d’élections générales en Libye sous l’égide des Nations unies. « Les frères Libyens ont demandé à ce que la réconciliation libyenne se fasse en Algérie, et c’est ce qu’a confirmé le chef du gouvernement d’union nationale en Libye lors de sa dernière visite en Algérie », a rappelé Tebboune. Soulignant que l’instabilité de la Libye eu des répercussions sur la situation au Mali et au Sahel, le Président Tebboune a fait état de « caravanes chargées d’armes lourdes et légères repérées par satellites en direction de la région du Sahel sans être interceptées dans le souci de cerner l’Algérie ».

    De tels actes « avaient pour objectif de cerner l’Algérie pour faciliter son infiltration et c’est pourquoi nous oeuvrons à renforcer davantage notre armée », a ajouté M. Tebboune qui précise que les dernières manoeuvres militaires visent à « assurer l’état prêt des troupes en cas d’urgence ». Concernant la situation au Mali, le Président Tebboune a affirmé que l’Algérie « prenait en charge les problèmes du Mali depuis l’indépendance sans arrières pensées ». S’agissant des relations avec la France, le Président Tebboune a évoquél’existence en France de trois lobbies, expliquant que « le premier est celui des anciens colons qui ont quitté l’Algérie après l’indépendance et transmis leur rancoeur à leur descendance, le deuxième est le prolongement de l’Armée secrète française et le troisième, comprend des Algériens qui ont choisi de soutenir la France ». Pour ce qui est de l’éditorial du journal Le Monde sur l’Algérie, le Président Tebboune a déclaré que l’Algérie dont parle ce journal « n’est pas l’Algérie que nous connaissons ».

    L’ANP s’est retirée de la politique et elle est prête pour toute situation d’urgence Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé que l’Armée nationale populaire (ANP) s’est retirée de la politique depuis une quinzaine d’années et est état prêt pour toute situation d’urgence dans le cadre des missions constitutionnelles qui lui sont dévolues. Le Président Tebboune a indiqué que l’Algérie oeuvre à renforcer « davantage » son armée, précisant que « les dernières manoeuvres de l’ANP s’inscrivent dans le cadre de sa professionnalisation et de la garantie de l’état prêt de ses troupes pour toute situation d’urgence ». Soulignant que l’ANP « est une institution constitutionnelle qui sacralise la Constitution de l’État ». « La relation entre la Présidence et l’Armée est une relation somme toute naturelle », a-t-il ajouté dans ce sens, affirmant que « la stabilité du pays a été préservée grâce à la force de l’ANP ». Par ailleurs, le président de la République a indiqué que « l’Algérie était depuis longtemps cible de conspirations en raison de sa position contre les complots, mais aussi parce qu’elle porte le flambeau de la Palestine, du Sahara occidental et des peuples opprimés.

    C’est pour cette raison que l’on veut faire taire sa voix, mais cela n’arrivera pas », a-t-il soutenu. Relevant à ce propos, que l’Algérie n’a pas de dettes extérieures, que ses positions sont indépendantes et que son système social est constitutionnalisé, le chef de l’État a mis en avant les acquis réalisés dans ce sens, à l’instar de la subvention des produits alimentaires, la gratuité de la médecine et de l’enseignement, « ce qui permet une vie décente au citoyen », a-t-il ajouté. S’agissant des relations algéro-françaises, le Président Tebboune a évoqué l’existence en France de trois lobbies, « en désaccord entre eux d’ailleurs » expliquant qu’il s’agit du lobby des colons ayant quitté l’Algérie au lendemain de l’Indépendance et qui ont transmis leur rancoeur à leur descendance, d’un deuxième constituant le prolongement de l’Armée secrète française et d’un troisième formé d’Algériens qui ont choisi de soutenir la France.

    Par : LAKHDARI BRAHIM

    Le Midi Libre, 10 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Abdelmadjid Tebboune, Hirak, Maroc, France, Palestine, Sahara Occidental,

  • «C’est le Maroc qui a un problème avec l’Algérie» (Tebboune)

    Le président Tebboune à la chaîne Al Jazeera : «C’est le Maroc qui a un problème avec l’Algérie»

    par Nawal Imès

    Indésirable depuis plus de vingt ans, la chaîne qatarie El Jazeera revient en Algérie par la grande porte. Le président de la République lui a accordé un entretien d’une trentaine de minutes, au cours duquel il a évoqué l’avenir immédiat de l’Algérie, les risques que lui ont fait courir tant la «îssaba», que les auteurs de «complots» visant sa stabilité. Les questions d’intérêt international ont également été évoquées à l’image des relations avec le voisin marocain et les enjeux des tensions que connaît régulièrement la région du Sahel.

    Nawal Imés – Alger (Le Soir) – Après l’interview au journal Le Point, c’était, hier mardi, au tour de la chaîne qatarie El Jazeera d’interviewer Abdelmadjid Tebboune qui signe ainsi la première prestation du genre d’un Président algérien. Il a été beaucoup question de politique interne, puisque le président de la République est longuement revenu sur les circonstances dans lesquelles il avait été amené à prendre les rênes du pays, affirmant que «le pays avait atteint un seuil de déliquescence inimaginable avec non plus un pouvoir, mais une véritable bande».

    Le président de la République explique que l’étendue des dégâts causés à l’économie n’est pas encore totalement connue, puisque, dit-il : «On est encore en train de découvrir que des milliards de dollars ont été détournés vers l’étranger, certains sont visibles, d’autres pas : l’État a investi 1 000 milliards de dollars dont 30% de surfacturations.» Avant d’ajouter que «les opérations d’importation étaient frauduleuses et entre les mains d’une cinquantaine de personnes qui avaient le pouvoir de décider qui peut investir ou pas. Plus qu’une oligarchie, c’était une kleptocratie». Et d’ajouter encore que «la justice a décidé de confisquer les biens de tous ceux-là. On espère que les amis en Europe et ailleurs nous aident à recouvrer les sommes détournées dans un contexte où la corruption était à tous les niveaux : c’est devenu une culture d’État. Et pour lutter contre tout cela, c’est difficile, mais le peuple en est conscient et soutient aujourd’hui ma démarche et les 54 engagements de mon programme électoral». Transition toute faite pour évoquer le mouvement populaire du 22 février qu’il préfère qualifier de «Hirak béni», lequel, dit-il, «a sauvé le pays» avec pas moins de 13 millions d’Algériens dans les rues pour dire non au cinquième mandat et à la prolongation du quatrième. «On a failli aller vers un cinquième mandat, avec un Président qui ne pouvait presque plus parler, mais le Hirak originel a refusé. Des millions d’Algériens sont sortis le dire et après, ils ont majoritairement accepté les élections avec 10 millions d’électeurs.» C’est à ce moment que le Président évoque les manifestations qui sont depuis peu interdites, en affirmant que «les gens sont alors rentrés chez eux, ils avaient réussi. Ce qui reste, c’est des centaines de personnes à l’identité inconnue, sans unité de slogans ni revendications communes. Dans 51 wilayas, personne ne sort plus. Dans les autres, seul des centaines de personnes le font». Le président de la République affirme qu’au regard de la conjoncture «cela aurait pu se terminer dans la violence. Mais aujourd’hui la situation est autre, et le danger est passé, puisque le peuple sait que le changement ne vient pas à travers la violence et le sang, mais de l’intérieur même des institutions».

    «L’Algérie, seule République debout après le Printemps arabe»

    Avec l’imminence de la tenue des législatives, ne craint-il pas que les islamistes n’emportent la majorité ? Visiblement pas, puisque Tebboune répond que «les islamistes, version algérienne, ne sont pas ceux qui existent en Égypte par exemple. L’islam idéologique n’existe plus, et les risques de dérapage non plus».

    Interrogé au sujet de ses relations avec l’armée, il les qualifiera de tellement «naturelles» que la question en elle-même l’étonne. Une armée «professionnelle», assure Tebboune, et qui ne s’ingère plus dans la politique et grâce à laquelle le pays a gagné en stabilité en dépit des «complots» qui la visent. Pourquoi est-elle visée ? Le président de la République répond que «l’Algérie est visée depuis longtemps parce qu’elle n’accepte pas les complots contre le monde arabe. L’Algérie est aux côtés des pays opprimés, et on veut faire taire sa voix ce qui est impossible : l’Algérie n’a aujourd’hui aucune dette et peut être souveraine dans ses décisions. Même le caractère social de l’État est constitutionalisé. Nous sommes la seule République à être restée debout après le Printemps arabe, que l’Algérie a connu en Octobre 1988». Qu’en est-il des rapports avec le voisin marocain ? «Nous n’avons pas de problèmes avec le Maroc. C’est ce dernier qui a des problèmes avec nous». Au sujet de la question sahraouie, Tebboune dira que cette dernière est «depuis quatre décennies entre les mains de la commission onusienne de décolonisation. Les Nations Unies considèrent le Sahara Occidental comme une colonie. Nous entretenions par le passé de bonnes relations avec le Maroc et les frontières étaient ouvertes, malgré le dossier du Sahara Occidental. Nous n’acceptons pas le fait accompli, quelles que soient les circonstances».

    La crise libyenne a également été évoquée. La sécurité de ce pays, dit-il, constitue «une ligne rouge» et l’Algérie refuse que sa capitale ne soit entre les mains de mercenaires et qu’elle «était prête à intervenir d’une façon ou d’une autre, pour empêcher sa chute. Nous allions empêcher les mercenaires de prendre Tripoli». Pour Tebboune, le message de l’Algérie a été entendu, et le dossier libyen a signé le retour de la diplomatie algérienne sur la scène internationale.

    Le Mali a été également au centre des questions posées et au sujet duquel le président de la République dira que «depuis 1962, on prend en charge les problèmes du Mali en toute bonne volonté et sans demander de contrepartie». Cela, dans une partie du monde où circulent «des caravanes chargées d’armes lourdes et légères, repérées par satellites, en direction de la région du Sahel sans être interceptées». Inévitablement, les relations avec la France ont été évoquées. Tebboune évoque l’existence, en France, de trois lobbies antialgériens. Il s’agit, dit-il, «des anciens colons qui ont quitté l’Algérie après l’indépendance et transmis leur rancœur à leur descendance. Le deuxième est le prolongement de l’Armée secrète française, et le troisième comprend des Algériens qui ont choisi de soutenir la France». Commentant enfin, le dernier éditorialiste du journal Le Monde, Tebboune s’est dit étonné qu’une publication qu’il a «réintroduite» en Algérie morde la main qui lui a été tendue, expliquant que le journal en question avait «dévié depuis le décès de son fondateur».
    N. I.

    Le Soir d’Algérie, 09 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Abdelmadjid Tebboune, Maroc, Palestine, Sahara Occidental, Hirak, Libye, argent détourné, biens mal acquis,

  • Tebboune : « Celui qui a parié sur la chute de l’Algérie a tort »

    Le début de ce mois de juin aura été marqué par une activité médiatique intense du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui, quelques jours après l’entretien de l’hebdomadaire français Le Point, la célèbre chaine qatarie Al Jazeera l’a interviewé sur les questions, régionale, internationale et locale.

    C’est ainsi que dans un contexte géopolitique et sécuritaire tendu à nos frontières immédiates, le chef de l’Etat a été amené, encore une fois, a exprimé la position immuable de l’Algérie par rapport aux questions sahraouie et palestinienne, ainsi que l’instabilité politique au Mali et en Libye. « L’Algérie porte le flambeau de la Palestine, du Sahara occidental et des peuples opprimés », a d’emblée asséné Tebboune, comme pour aborder la raison derrière laquelle le pays qui n’a pas céder aux chants des sirènes paye le prix fort de son soutien sans faille aux peuples opprimés. « C’est pour cette raison qu’ils veulent faire taire sa voix, mais « ça n’arrivera pas », a-t-il assuré, ou mieux encore, « l’Algérie jouit de stabilité grâce à la force de son Armée » et « celui qui a dit que l’Algérie tombera après la Syrie s’est trompé ». Interrogé par le journaliste de la chaine qatarie sur les relations de l’Algérie avec le voisin marocain, le Président a déclaré: « nous n’avons pas de problème avec le Maroc, mais c’est le Maroc qui a un problème avec nous ». Quant à la question du Sahara occidental, Tebboune a rappelé qu’elle, est depuis quatre décennies, inscrite comme dossier de décolonisation par les Nations Unies. « Nous entretenions par le passé de bonnes relations avec le Maroc et les frontières étaient ouvertes malgré le dossier du Sahara occidental », a-t-il fait savoir, réaffirmant la position constante de l’Algérie à l’égard de la question, par dire que l’Algérie « n’acceptera pas le fait accompli quelles que soient les circonstances ».

    Une ceinture de feu autour de l’Algérie

    Concernant l’instabilité en prévalence en Libye qui n’était pas sans conséquences sur la situation au Mali et au Sahel, le Président a tenu une révélation pour mieux convaincre du plan ciblant la région en général et l’Algérie en tête. « Des caravanes chargées d’armes lourdes et légères ont été repérées par satellites en direction de la région du Sahel sans être interceptées ». « De tels actes visaient à cerner l’Algérie pour faciliter son infiltration et c’est pourquoi nous œuvrons à renforcer davantage notre armée », a expliqué Tebboune. Sur ce, il a précisé que les dernières manœuvres militaires de l’ANP avaient pour objectif d’« assurer l’état prêt des troupes en cas d’urgence » à l’effet de faire face à toute éventualité. Interrogé sur les relations algéro-françaises, le chef de l’Etat revient pour distinguer trois lobbies qui ciblent fréquemment l’Algérie. « Le premier est celui des anciens colons qui ont quitté l’Algérie après l’indépendance et transmis leur rancœur à leur descendance, le deuxième est le prolongement de l’Armée secrète française et le troisième, comprend des Algériens qui ont choisi de soutenir la France». Enfin, concernant l’affaire de l’Editorial du Monde sur l’Algérie, le Président Tebboune a déclaré que l’Algérie, dont ce journal français a parlé, « n’est pas l’Algérie que nous connaissons ».

    « Des centaines de milliards USD transférés à l’étranger »

    Abordant les questions internes à l’Algérie, le président de la République a affirmé d’abord que « le Hirak authentique béni a sauvé l’État algérien de la déliquescence » et que notre pays était soumis au diktat de la « issaba », laquelle volait, pillait et « transférait à l’étranger des centaines de milliards de dollars ». Cette même bande qui allait « prendre » le pouvoir lorsque l’ancien président Bouteflika était malade. Sur la lutte contre la corruption, Tebboune a précisé que « son ampleur est si importante que nous continuons, à ce jour, à découvrir ses ramifications apparentes et occultes », ajoutant que « le monopole de l’importation était entre les mains d’une cinquantaine de personnes, qui avaient un pouvoir absolu pour décider qui pouvait investir en Algérie ». Au titre des résultats de cette lutte, la justice a saisi et récupéré, au profit du Trésor public, « tous les biens connus de la « issaba », fait savoir le chef de l’État. Quant à l’argent détourné, « l’Algérie œuvre avec les pays amis en Europe et à travers le monde à la découverte des avoirs détournés pour les récupérer ».

    « Fin de l’idéologie islamiste »

    Pour le Président Tebboune, « 13 millions d’Algériens ont sauvé l’Algérie du 5e mandat et du prolongement du 4e, et l’Algérie a pu, grâce à la conscience du peuple, sortir de la zone du danger ». L’Algérie, a-t-il estimé, « a vécu, la 1ere, le printemps arabe après les évènements d’Octobre 1988 ». Interrogé sur les courants islamistes en Algérie, Tebboune a été d’une réponse tranchante. « L’Algérie s’est débarrassée irrémédiablement de l’islam idéologique » et « le courant islamiste actif dans le pays est différent des courants islamistes d’autres pays ». Il a estimé, par ailleurs, que « grâce à son pacifisme, le Hirak authentique est sorti victorieux sous la protection des services de sécurité et de l’armée » faisant remarquer cependant que « les parties derrière les récentes marches étaient inconnues et ces manifestations ne sont plus unifiées en termes de revendications ou de slogans ». « Cinquante wilayas algériennes n’enregistrent aucune marche ces derniers temps », a-t-il fait savoir. Enfin, à propos du rapport entre la Présidence et Armée, le chef de l’État a affirmé que la relation entre les deux institutions « est une relation, somme toute, naturelle », assurant que « l’ANP est une institution constitutionnelle qui sacralise la Constitution de l’État ».

    Farid Guellil

    Le Courrier d’Algérie, 09 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Abdelmadjid Tebboune, Hirak, Palestine, Sahara Occidental, Maroc,

  • Tebboune : Le Hirak authentique a sauvé l’Algérie du désastre

    Le président de la république Abdelmadjid Tebboune a déclaré que le « Hirak authentique et béni » a sauvé l’Etat algérien et gagné sa paix, critiquant les démarches de normalisation avec Israël en l’absence de paix et sans restauration de la terre.

    Dans sa première interview avec Al Jazeera, Tebboune a déclaré que le Hirak béni et authentique a sauvé l’Etat algérien de la fonte et a gagné grâce à sa quiétude sous la protection de la sécurité et de l’armée, notant que les récents rassemblements sont anonymes et non unis intellectuellement, ni dans les revendications ni dans les slogans, comme il l’a dit.

    Tebboune a ajouté que 13 millions d’Algériens ont sauvé leur pays et bloqué la possibilité de prolonger le quatrième mandat de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, et déjoué une tentative de l’Issaba pour continuer à contrôler l’État algérien.

    Concernant la position sur la question palestinienne et la normalisation, le président de la république a déclaré que la position de l’Algérie sur la question palestinienne ne change pas avec le temps ou le relâchement.

    L’interviewé a souligné qu’il existe un accord arabe sur le principe de la terre contre la paix, et que l’Algérie est attachée à cette position, ajoutant : « Mais aujourd’hui il n’y a ni paix ni terre, alors pourquoi la normalisation ? »

    Concernant la situation en Libye, le président Tebboune a déclaré que l’Algérie refusait que Tripoli soit la première capitale arabe et maghrébine occupée par des mercenaires.

    Tebboune a ajouté dans son entretien avec Al-Jazeera, que l’Algérie était prête à intervenir d’une manière ou d’une autre pour empêcher la chute de Tripoli, et que lorsqu’elle a annoncé que Tripoli était une ligne rouge, elle le voulait bien, considérant que le message était parvenu à ceux qui étaient intéressés.

    Le président algérien a indiqué que le Mali et les pays du Sahel ont connu une instabilité après la Libye.

    Concernant le Sahara occidental, Tebboune a déclaré : « Notre position est cohérente et n’a pas changé en ce qui concerne le Sahara occidental. Nous n’acceptons pas le fait accompli, quelles que soient les circonstances ».

    Le président Tebboune a souligné que les manœuvres militaires de l’armée ont eu lieu dans la période récente pour assurer sa préparation à toute urgence.

    Ahmed Achour

    Dzair-tube, 08 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Abdelmadjid Tebboune, Hirak, Aljazeera, Palestine, Sahara Occidental,

  • Belle moisson diplomatique pour l’Algérie

    Dossiers libyen, Malien, palestinien et Sahara occidental

    La remontada Algérienne
    Belle moisson diplomatique pour l’Algérie, qui, à la faveur d’une brusque accélération des événements géopolitiques, se replace confortablement au-devant de la scène régionale et internationale.

    Brahim TAKHEROUBT

    Ils étaient nombreux les think thanks, les instituts d’analyse et les observateurs non avertis- à se faire «des soucis» sur l’état de santé diplomatique de l’Algérie. Car, avançaient-ils, le plus grand pays d’Afrique a complètement perdu la main sur les dossiers- clefs qui rythment la vie politique, sécuritaire et diplomatique de la région. Dans le dossier malien, ces think thanks n’ont-ils pas soutenu que l’Algérie est définitivement exclue et que sa voix n’est plus audible?

    De même, ajoutent ces « moulins à idées» que l’Algérie a été « totalement éjectée» de la question libyenne où elle n’a plus droit au chapitre. Pour le Sahara occidental, c’est à peine s’ils n’ont pas lâché le qualificatif de bérézina algérienne pour saluer l’action «avisée» du Maroc dont le seul haut fait d’armes est d’avoir normalisé ses relations avec Israël pour quémander un soutien américain. Bâties sur les sables mouvants du rivage, toutes ces thèses ont été emportées au premier ressac.

    À la faveur d’une brusque accélération des événements au plan régional, l’Algérie se replace confortablement au-devant de la scène diplomatique. Une impressionnante remontada géopolitique. Avec la Libye, l’heure est au réalisme politique et au business. Plus de 10 membres du gouvernement de transition ont accompagné le déplacement du Premier ministre, Abdelhamid Dbeibah, il y a deux jours, à Alger. Le Forum économique algéro-libyen, qui s’est tenu les 29 et 30 mai derniers, en présence de 700 opérateurs économiques, a constitué un saut qualitatif dans le domaine de la coopération économique et du partenariat entre les deux pays.

    Depuis le début de la crise libyenne en 2011, l’Algérie n’a pas changé sa position d’un iota, concernant la Libye depuis les raids de l’Otan contre ce pays voisin en 2011, en respectant les principes de non-intervention dans les affaires internes des pays tiers et de règlement des conflits par la voie politique. L’Algérie est restée au-dessus de la mêlée dans la crise libyenne, en se tenant à une égale distance entre les parties en conflit. Si avec le voisin libyen, la dynamique de relance est effective, le dossier malien est d’une actualité brûlante.

    Après l’éviction du président intérimaire Bah Ndaw et de son Premier ministre, lors du coup d’Etat du 24 mai dernier, la donne géopolitique a été sérieusement bousculée. Un boulevard inespéré s’ouvre devant Poutine qui ne se fera pas prier pour prendre pied en Afrique et desserrer par là même les Européens qui se resserrent contre Moscou. Bamako multiplie les appels en direction de la Russie, perçue comme un pays ami et non comme l’ancienne puissance coloniale. Macron s’en est offusqué en déclarant vouloir se retirer de ce bourbier où s’est enlisée l’armée française après une débauche de moyens et d’énergie pour un piteux résultat. C’est l’accord d’Alger qui prend alors toute son importance surtout que le nouveau prétendant à jouer les premiers rôles dans la région, la Russie, est un allié stratégique de l’Algérie.

    Elle cueille également les dividendes de sa fidélité à la cause palestinienne. L’Algérie s’en sort grandie pour son intransigeance envers l’agression de l’armée sioniste contre la Palestine. On a les images de manifestations de sympathie envers l’Algérie, retransmises à partir de Ghaza, pour son courage et la rectitude de ses positions. De même qu’elle n’a pas changé sa position envers le peuple sahraoui, dernière colonie en Afrique qui lutte pour son droit à l’autodétermination. De tous ses dossiers, l’Algérie a fait une belle moisson diplomatique qui la replace désormais comme partenaire incontournable dans la région du Sahel.

    L’Expression, 02 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, offensive diplomatique, Libye, Mali, Sahara Occidental, Palestine, Sahel, Maghreb, Tunisie,

  • Algérie/Debout, tu es toujours debout mon pays !

    par Maâmar Farah

    En ces temps-là, la cause palestinienne enflait dans nos cœurs, dans nos pensées et dans nos écrits déjà. Elle ne s’habillait pas de cette marque confessionnelle intolérable qui en fait une espèce de guerre de religions encombrante, installant une haine incompréhensible envers les juifs. Notre ennemi était et demeure le sionisme. Pas d’embrouillement possible ! Il y avait, dans les mouvements de résistance, des chrétiens, des musulmans, des athées et des juifs antisionistes. Aujourd’hui, la solidarité du peuple algérien avec la cause palestinienne est restée entière mais elle n’a plus ce caractère rebelle progressiste et humaniste qui faisait d’ailleurs d’Alger la capitale des révolutionnaires. Alger accueillait à bras ouverts ceux qui faisaient parler la poudre aux quatre coins de la planète. Ces patriotes exhalaient la liberté ; ils agissaient pour les droits de leurs peuples. Ils n’avaient pas besoin de visas pour entrer chez nous ! Ils venaient des profondeurs de l’Afrique colonisée ou souillée par l’apartheid ; ils venaient d’Asie ; ils venaient d’Europe et même de France où les mouvements de libération de la Corse, de la Bretagne ou du Pays Basque avaient leurs représentations à Alger. Personne n’osait nous recommander de chasser ces femmes et hommes combattant pour la liberté mais qui demeuraient des « terroristes » pour les impérialistes. L’Algérie décidait en toute liberté. Aucune force au monde ne pouvait lui dicter sa conduite dans les affaires intérieures et extérieures. Même pas les États-Unis qui avaient très mal accueilli l’ouverture d’un bureau des « Black Panthers » à Alger. Avons-nous retrouvé cette autonomie de la décision politique après des années de courbettes face aux étrangers ? Il y a, assurément, un air de ressemblance entre les deux époques et même si, pour le moment, ça ne rapporte pas gros, cela signifie aussi que la décision économique ne sera plus prise ailleurs, au profit d’autrui, et qu’elle n’ira plus jamais dans le sens contraire aux intérêts du pays.

    Des décrets importants ont été pris concernant la préférence des entreprises publiques et privées nationales dans l’octroi des marchés. Elles mettent un terme à des dérives graves et avilissantes. Depuis que l’on a découvert que le travailleur algérien est un « fainéant » et que l’on a fait appel massivement aux étrangers même pour construire un mur, une sale mentalité s’est propagée chez les décideurs. La préférence allait toujours aux étrangers, même lorsque, à travail égal, la performance était du côté algérien. Dans ces mêmes colonnes, nous avons fait état de situations atterrantes en citant des entreprises privées dans le domaine informatique qui se voyaient toujours écartées des marchés malgré les prix futiles de leurs prestations. La suite est renversante : ces entreprises étrangères, payées dix fois plus que les offres algériennes, s’empressaient aussitôt de confier les travaux aux jeunes d’ici en leur cédant une partie infime des sommes pharamineuses reçues.

    L’Algérie, c’était le Pérou ! Des sociétés accouraient de partout ! Alors que la décision politique interdisait aux agences de publicité privées de traiter avec les entreprises publiques et l’administration, des sociétés de pub internationales s’installaient, telles Karoui & Karoui, d’autres libanaises, marocaines, françaises, etc. pour toucher le pactole, y compris celui versé par des sociétés publiques ! Je sais que 1 500 agences de régie publicitaire ont baissé le rideau par la faute de la décision de M. Ouyahia. Pendant ce temps-là, les boîtes étrangères se sucraient par milliards ! La même chose peut être dite à propos de plusieurs autres secteurs. L’argent du pétrole allait dans les poches de quelques oligarques et de leurs amis étrangers. Cette époque est finie. L’argent restera ici et il ira dans les projets publics et la solidarité nationale ; cet argent ira aussi dans les poches des jeunes entrepreneurs prêts à relever tous les défis.

    La récupération de la décision politique et l’affermissement de la décision économique permettent à l’État de contrôler la situation financière du pays en vue d’équilibrer les budgets et d’éviter une trop grande pression. À ce titre, et c’est notre avis personnel, si le rejet du FMI est un bon signe, le refus d’imprimer l’argent ne semble pas répondre aux besoins de l’heure qui se traduisent par la nécessité de mettre sur le marché financier des masses importantes d’argent liquide.

    Dans beaucoup de pays, y compris les grandes nations économiques, on continue d’imprimer de l’argent pour faire face à ces situations. Les chiffres du déséquilibre budgétaire en Algérie sont dérisoires par rapport à ceux de ces puissances. Imprimer de l’argent ici est un signe de souveraineté nationale et un acte de solidarité avec les couches défavorisées qui sont les premières destinataires de cet argent. En outre, cette mesure permettra de mettre un terme définitif aux débordements honteux que l’on remarque devant les bureaux de poste.

    Le soutien des prix étant une constante de l’Algérie indépendante, il faut aussi signaler ce retour aux grandes opérations de solidarité avec les masses rurales abandonnées dans des hameaux dépourvus d’un minimum de conditions de vie décentes. Les mesures prises en faveur de ce que l’on appelle les « zones d’ombre » sont salutaires à plus d’un titre car elles permettent d’apporter le progrès à des Algériens qui attendent depuis longtemps les bienfaits de l’indépendance. Une critique cependant : n’est-il pas urgent de favoriser le regroupement de ces populations avant de leur venir en aide ? L’habitat rural permet à chaque possédant de bâtir sa demeure sur son lopin. Vous imaginez l’effort colossal et les sommes incroyables qu’il faut mobiliser pour toucher ces centaines de milliers d’implantations éparpillées à travers tout le territoire national !

    Regrouper c’est faire comme dans les années 70 mais avec moins de dépenses publiques, en favorisant l’autoconstruction. Malgré une situation économique fragile et compliquée par la pandémie, un monde politique divisé et la persistance des « printanistes » à vouloir pervertir un Hirak dont la majorité des membres sont simplement des Algériens qui aiment leur pays mais qui pensent autrement, l’Algérie est debout ! Elle ne baisse plus les yeux devant le Nord ; elle hurle de sa puissante voix retrouvée à l’ONU ; elle n’abandonne pas la RASD et apporte son éternel message de paix et de solidarité à l’Afrique. Pour le journaliste qui a attendu cela des décennies durant et a continué à croire fermement en cette renaissance, en ne changeant pas d’un iota ses positions, c’est du pur
    bonheur ! L’acharnement contre l’Armée nationale populaire est symptomatique de la haine que certains milieux éprouvent envers ce bastion inexpugnable de la souveraineté nationale.

    Cette ANP est attaquée de toutes parts parce qu’elle demeure le dernier rempart contre les plans de Soros, contre les sinistres printemps colorés, contre la contrerévolution synonyme de destruction et de chaos ! Non, le plan des impérialistes et des réactionnaires arabes affichant désormais clairement leur putride alliance avec les sionistes ne passera pas ! Ce n’est pas une vue de l’esprit. Les experts sionistes de la déstabilisation, réunis avec leurs frères marocains, sont désormais à quelques encablures de Tlemcen. La vigilance est de rigueur : c’est le message non codé de l’armée au peuple algérien.
    M. F.

    Le Soir d’Algérie, 27 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Palestine, sionisme, solidarité du peuple algérien avec la cause palestinienne, Israël, agences de régie publicitaire, situation financière, experts sionistes de la déstabilisation, Maroc, printemps, chaos, Soros,