Étiquette : Palestine

  • Normalisations entre le monde arabe et Israël : Biden reprend le flambeau de Trump

    Tamara Nassar, 8 avril 2021

    Ce mardi, le cabinet soudanais a voté l’abolition d’une loi qui interdisait les relations diplomatiques et commerciales avec Israël, inversant ainsi une politique longue de six décennies.

    Le bureau du Premier ministre soudanais Abdalla Hamdok a annoncé la décision sur Twitter, affirmant dans le même souffle

    « la position ferme du Soudan quant à l’instauration d’un État palestinien dans le cadre de la solution à deux États ».

    Déclarer son soutien à la solution moribonde à deux États est une échappatoire habituelle utilisée par les gouvernements arabes et européens pour faire oublier leur complicité et leur inaction alors qu’Israël continue à coloniser la terre palestinienne par la violence.

    Cette décision doit encore être approuvée par le Conseil souverain du Soudan – sa législature intérimaire – avant de pouvoir entrer en application.

    La veille du jour où le cabinet soudanais a accepté d’abroger la loi sur le boycott, Hamdok et le secrétaire d’État américain Antony Blinken ont eu un entretien téléphonique.

    Blinken a assuré Hamdok de « l’importance du rôle du Soudan dans la création de la stabilité dans la région », a déclaré le bureau de Hamdok.

    Le porte-parole du département d’État, Ned Price, a expliqué que les deux hommes avaient discuté du soutien américain aux « efforts du gouvernement de transition en vue de faire progresser le processus de paix » – sans toutefois spécifier à quoi cela faisait référence.

    Aucun briefing concernant l’échange téléphonique n’a fait état d’Israël.

    Au cours de ses audiences de confirmation, en janvier, Blinken a multiplié les éloges à l’adresse des efforts de l’administration Trump en vue d’assurer les accords de normalisation entre Israël et divers États arabes, malgré le rejet obstiné par Israël des droits palestiniens.

    « J’applaudis le travail qui a été accompli pour faire aller de l’avant la normalisation avec Israël », a déclaré Blinken aux sénateurs.

    « Cela rend Israël et la région plus sûrs. C’est une bonne chose et, oui, j’espère que nous pourrons construire sur cela aussi. »

    « De lourdes pressions »

    Le gouvernement de transition du Soudan a accepté d’instaurer des relations diplomatiques entières avec Israël en octobre dernier, dans le cadre d’un accord plus large visant à installer le pays fermement dans le giron des États-Unis.

    On s’attend à des traités officiels une fois que le Soudan formera un gouvernement permanent, mais les hauts responsables israéliens ont déjà effectué plusieurs visites à Khartoum au cours des derniers mois.

    À l’époque de l’accord, le président américain Donald Trump avait annoncé qu’il retirerait le Soudan de la liste américaine des nations soutenant le terrorisme en échange de 335 millions de USD de compensations pour les victimes américaines des attentats d’al-Qaïda.

    Le 31 mars, Blinken a confirmé la réception des fonds en provenance du Soudan.

    Blinken a qualifié le paiement d’entame d’un « nouveau chapitre » entre les deux pays.

    Alors que la déclaration de Blinken ne fait aucunement état d’Israël, le fait que le Soudan a accepté d’effectuer le paiement en échange de sa radiation de la liste a été perçu comme une première motivation de la normalisation des relations avec Israël.

    L’an dernier, un porte-parole du gouvernement soudanais avait révélé que le pays subissait de « lourdes pressions » de la part des États-Unis en vue de normaliser ses liens avec Israël en échange de sa radiation de la liste américaine du terrorisme.

    « Il a été dit clairement que c’était lié », a expliqué le ministre soudanais de l’Information, Faisal Mohamed Salih, au correspondant de presse de la TV iranienne, Ahmed Kaballo.

    « ‘Si vous voulez que le Soudan soit retiré [de la liste américaine des nations qui soutiennent le terrorisme], vous devez normaliser vos relations avec Israël.’ C’était une situation très difficile », a-t-il ajouté.

    Il y a peu de signes que l’important apport d’armes américains au Soudan ait changé sous Biden.

    Intimidations et encouragements

    Le Soudan était l’un des quatre États arabes à accepter de normaliser leurs relations avec Israël au cours de la dernière année de Trump à la présidence.

    Les trois autres étaient les Émirats arabes unis (EAU), Bahreïn et le Maroc.

    L’administration Trump a utilisé un mélange d’intimidations et d’encouragements afin de concrétiser certains de ces accords.

    L’administration Biden semble reprendre le même flambeau.

    Le journaliste israélien Barak Ravid a rapporté que la Mauritanie était elle aussi sur le point de normaliser ses relations avec Israël et qu’elle « espérait obtenir des encouragements économiques en retour », mais Trump avait quitté son mandat avant qu’un accord eût été dégagé.

    Ravid a expliqué que l’administration Biden espérait mettre sur pied des accords de normalisation similaires « tout en assurant ses propres réalisations via de nouveaux accords ».

    « Plusieurs des relations nouvelles instaurées entre Israël et les quatre pays des accords d’Abraham s’accélèrent dans leur propre cadre », a expliqué à Ravid un haut responsable américain qui n’a pas été nommé.

    « Les États-Unis continueront à encourager cette dynamique. »

    Plus tôt, dans les années 1990, la Mauritanie avait instauré des relations diplomatiques avec Israël, mais les avait interrompues en 2010 afin de protester contre les agressions israéliennes sur les Palestiniens de Gaza.

    En février, les médias israéliens ont rapporté que la Mauritanie était l’un des pays censés recevoir des doses de vaccin COVID-19 en provenance d’Israël dans le cadre d’un effort du Premier ministre Benjamin Netanyahou en vue de rentrer dans les bonnes grâces des gouvernements du monde entier.

    Alors que ces plans ont été suspendus en raison d’une opposition juridique, des millions de Palestiniens vivant sous l’occupation militaire israélienne se voient toujours refuser le vaccin.

    Charleroi pour la Palestine, 8 avril 2021

    Etiquettes : Etats-Unis, Israël, normalisation, pays arabes, Maroc, Mauritanie, Palestine, Donald Trump, Joe Biden,

  • Les États-Unis rétablissent l’aide aux Palestiniens, pour fournir 235 millions de dollars d’aide

    WASHINGTON / JERUSALEM (Reuters) – L’administration Biden a annoncé mercredi qu’elle fournirait 235 millions de dollars d’aide américaine aux Palestiniens, redémarrant le financement de l’agence des Nations Unies soutenant les réfugiés et rétablissant d’autres formes d’assistance interrompues par le président de l’époque, Donald Trump.

    Le paquet, y compris l’aide humanitaire, économique et au développement, a été détaillé par le secrétaire d’État américain Antony Blinken dans le cadre d’un effort pour réparer les liens américains avec les Palestiniens qui se sont pratiquement effondrés pendant le mandat de Trump.

    Cela a marqué la décision la plus importante du président démocrate Joe Biden depuis son entrée en fonction le 20 janvier pour tenir sa promesse de faire reculer certaines parties de l’approche de son prédécesseur républicain que les Palestiniens ont dénoncé comme étant fortement biaisée en faveur d’Israël.

    Le plan prévoit 150 millions de dollars par l’intermédiaire de l’agence de secours des Nations Unies UNRWA, 75 millions de dollars d’aide économique et de développement des États-Unis et 10 millions de dollars pour les programmes de consolidation de la paix, a déclaré Blinken dans un communiqué.

    Les collaborateurs de Biden ont également indiqué qu’ils souhaitaient rétablir l’objectif d’une solution négociée à deux États en tant que priorité de la politique américaine sur le conflit israélo-palestinien.

    Mais toute autre étape majeure attendra probablement que la poussière se dissipe après les élections non concluantes de mars en Israël, qui seront suivies des élections palestiniennes prévues dans les mois à venir.

    L’administration Trump a bloqué presque toute l’aide après avoir rompu les liens avec l’Autorité palestinienne en 2018. Cette décision a été largement considérée comme une tentative de forcer les Palestiniens à négocier avec Israël à des conditions que les dirigeants palestiniens ont qualifiées d’efforts pour leur refuser un État viable.

    Les coupes sont intervenues après que les dirigeants palestiniens aient décidé de boycotter les efforts de paix de l’administration Trump pour sa décision de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et de déplacer l’ambassade américaine de Tel Aviv, bouleversant des décennies de politique américaine.

    Cela comprenait l’annulation du financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies (UNRWA), qui fournit des services d’aide et de secours à environ 5,7 millions de réfugiés palestiniens enregistrés en Cisjordanie occupée, dans la bande de Gaza et au Moyen-Orient.

    UNRWA

    «Les États-Unis sont heureux d’annoncer qu’en travaillant avec le Congrès, nous prévoyons de redémarrer l’aide économique, de développement et humanitaire des États-Unis pour le peuple palestinien», a déclaré Blinken.


    Le bureau du président palestinien Mahmoud Abbas a salué l’engagement de Biden en faveur d’une solution à deux États ainsi que l’aide renouvelée. Et le Premier ministre Mohammed Shtayyeh a écrit sur Twitter: «Nous appelons l’administration américaine à créer une nouvelle voie politique qui réponde aux droits et aux aspirations du peuple palestinien.» Mais Gilad Erdan, l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis et aux Nations Unies, a critiqué le renouvellement du financement de l’UNRWA, affirmant qu’il autorisait l’incitation à la haine anti-israélienne et les activités antisémites dans ses installations.

    «Nous pensons que cette agence des Nations Unies pour les soi-disant réfugiés ne devrait pas exister dans son format actuel», a-t-il déclaré dans une vidéo publiée sur Twitter.

    Il a déclaré que lors de conversations avec le Département d’État, il avait «exprimé ma déception et mon objection à la décision de renouveler le financement de l’UNRWA» sans s’assurer au préalable que les réformes étaient mises en œuvre.

    Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, un proche allié de Trump, a précédemment appelé au démantèlement de l’UNRWA.

    Le Commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a déclaré à Reuters que le nouveau financement était «extrêmement bienvenu», mais a déclaré que l’agence n’était «pas encore sortie du bois» à une époque où les besoins de réfugiés augmentaient exacerbés par le COVID-19 et la crise au Liban.

    Il a déclaré que l’UNRWA était un «bouc émissaire facile» et que si le financement renouvelé était important, il était également important de reconstituer les États-Unis en tant que «partenaires stratégiques».

    «Nous avons été la cible d’attaques vicieuses avec un objectif politique clair derrière cela», a-t-il déclaré. «Nous sommes une organisation humanitaire et de développement humain opérant dans un environnement hautement politisé.»

    L’Organisation des Nations Unies s’est félicitée du redémarrage du financement de l’UNRWA. «Il y avait un certain nombre de pays qui avaient considérablement réduit leurs contributions à l’UNRWA. Nous espérons que la décision américaine en amènera d’autres à rejoindre… en tant que donateurs de l’UNRWA », a déclaré le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, aux journalistes.

    Blinken a suggéré que l’administration Biden chercherait des réformes à l’UNRWA, que l’administration Trump a accusée d’inefficacité, de surdénombrement des réfugiés palestiniens et de perpétuation du conflit vieux de plusieurs décennies avec Israël.

    Le porte-parole du département d’État, Ned Price, a insisté sur le fait que l’aide serait allouée «absolument conformément» à la loi américaine. Il a repoussé les critiques qui ont exprimé leur inquiétude que les fonds pourraient tomber entre les mains des militants, en particulier à Gaza, où le Hamas gouverne, affirmant qu’il y avait des garanties en place.

    La loi américaine interdit également l’aide qui profite à l’Autorité palestinienne tant qu’elle continue de verser des allocations aux prisonniers palestiniens détenus par Israël pour des attaques anti-israéliennes ou à leurs familles.

    Blinken a déclaré que les États-Unis «reprenaient également des programmes d’aide à la sécurité vitaux» avec les Palestiniens.

    L’administration est susceptible de se retenir pour l’instant de reprendre l’aide économique directe à l’Autorité palestinienne pendant que les assistants de Biden consultent le Congrès sur les obstacles juridiques potentiels, selon une personne proche du dossier.

    L’argent qui ira à l’UNRWA ne rétablit pas immédiatement les contributions au niveau de 365 millions de dollars que les États-Unis ont donné à l’agence en 2017.

    La plupart des réfugiés aidés par l’UNRWA sont les descendants de quelque 700 000 Palestiniens qui ont été chassés de leurs maisons ou ont fui les combats lors de la guerre de 1948 qui a conduit à la création d’Israël.

    Le nombre croissant de réfugiés a été cité par l’administration Trump dans son report de financement en 2018, la porte-parole du département d’État de l’époque, Heather Nauert, critiquant l’UNRWA pour ce qu’elle a appelé une «communauté de bénéficiaires en expansion infinie et exponentielle».

    Reuters, 8 avr 2021

    Etiquettes : Etats-Unis, Palestine, Joe Biden aide humanitaire, UNRWA,

  • Maroc-Israèl: Alliance contre la paix des peuples

    L’ancien chef d’unités analytiques à la CIA, Pillar Paul, a affirmé que la normalisation des relations entre le régime marocain et l’entité sioniste n’a pas été accomplie dans le sens de la paix, soulignant que le changement de politique des Etats-Unis à l’égard de la question sahraouie a intensifié les tensions dans la région et compliquait les efforts internationaux pour résoudre le conflit du Sahara occidental.

    Dans un article paru le week-end dernier dans la revue bimestrielle américaine The National Interest, M. Pillar, qui a occupé divers postes analytiques et de gestion, notamment en tant que chef d’unités analytiques à la CIA, a estimé que le terme Accords de paix désignant la normalisation des relations entre l’entité sioniste et des pays arabes, dont le Maroc, est un terme impropre », puisque, d’après lui, il s’agit des mises à niveau des relations existantes.
    Révélation de l’ancien chef de la CIA
    Elles sont exactement cela, et rien de plus. D’après lui, aucun des Etats arabes impliqués dans cette vague de normalisation n’était en guerre avec l’entité en question. Il a affirmé qu’ils avaient déjà une coopération significative avec l’entité sioniste, y compris sur les questions de sécurité, même sans relations diplomatiques complètes.
    Le Sahara occidental dérange le Maroc
    Quand bien même ces normalisations ont un effet quelconque, ce n’est pas dans le sens de la paix, a soutenu l’auteur de l’article, soulignant que le changement de politique à l’égard de la question du Sahara occidental, par exemple, a intensifié les tensions dans la région et a compliqué les efforts internationaux pour résoudre le conflit du Sahara Occidental. Autrement dit: Les pots-de-vin américains ont éloigné les choses de la paix. Le professeur Pillar a rappelé, dans ce sens, que « l’administration de l’ex-président des Etats-Unis, Donald Trump, a dû soudoyer les gouvernements arabes pour qu’ils entament des relations diplomatiques complètes avec l’entité sioniste.
    Le Maroc appui des relations sur par des pôts de vins
    Pour le Maroc, c’était la fourniture d’armes supplémentaires et l’abandon de la neutralité de longue date des Etats-Unis dans le conflit du Sahara occidental », a-t-il révélé. « Les pots-de-vin démontrent que le déclencheur de l’amélioration des relations n’était pas une nouvelle intention pacifique de la part des parties impliquées », a-t-il argumenté. Paul Pillar a pris sa retraite en 2005 après une carrière de vingt-huit ans dans la communauté du renseignement américain, au cours de laquelle son dernier poste était officier national du renseignement pour le Proche-Orient et l’Asie du Sud. Le professeur Pillar a également siégé au Conseil national du renseignement américain en tant que l’un des membres originaux de son groupe analytique.
    Algérie62, 17 mars 2021
    Etiquettes : Maroc, Sahara Occidental, Israël, normalisation, Palestine, Al Qods, Jérusalem,
  • Pays Bas : Un écrivain marocain traité d’antisémite

    Abdelkader Benali : « Ils disent qu’ils veulent entendre la voix du Maroc – jusqu’à ce que le Marocain se révèle avoir sa propre opinion ».

    L’écrivain Abdelkader Benali a été invité à prendre la parole lors de la commémoration des morts, notamment en raison de ses origines marocaines. Trois jours plus tard, il s’est retiré, après des allégations d’antisémitisme.

    Les choses peuvent changer. Parfois dans la journée. Le matin du 18 janvier, Abdelkader Benali (45 ans) a été publiquement acclamé comme le premier orateur d’origine marocaine à prononcer un discours le jour du souvenir dans la Nieuwe Kerk d’Amsterdam. Ce choix semblait surprenant mais logique, après que l’écrivain juif Arnon Grunberg ait établi l’an dernier, au même endroit, un parallèle entre l’antisémitisme des années 30 et la façon dont on parle de certains groupes de population aujourd’hui. « Quand on parle des Marocains, on parle de moi », avait dit Grunberg.

    Selon le Comité national des 4 et 5 mai, le choix s’est porté sur Benali « pour impliquer des personnes qui n’ont pas eu de tradition de commémoration chez eux ». L’écrivain Benali semblait tout indiqué car il participait régulièrement à des dialogues entre juifs et musulmans.

    Dans l’après-midi du 18 janvier, cependant, cette réputation de bâtisseur de ponts était déjà en lambeaux. Sur Twitter, Benali a été traité d’antisémite, des organisations juives comme le CIDI, le NIW et le CJO ont publiquement mis en doute son intégrité. Trois jours plus tard, il se retire en tant qu’orateur.

    Ce revirement est dû à des déclarations faites par M. Benali en 2006, alors qu’il effectuait un reportage à Beyrouth sur la guerre du Liban avec Israël pour Vrij Nederland. Quatre ans plus tard, il a écrit dans HP/De Tijd ce que Benali avait dit ce soir-là sur les Juifs d’Amsterdam-Zuid :

    « Et le plus ennuyeux, c’est qu’il y a tellement de Juifs ! Les Juifs d’Amsterdam. En tant que Marocain, vous ne vous sentez guère à l’aise. C’est comme en Israël. C’est très irritant. Il y a tellement de juifs que ça fait bizarre.

    À la demande de Benali, Doornbos a retiré les déclarations quelques années plus tard. Mais ils n’ont pas complètement disparu numériquement. « Jusqu’au 18 janvier, c’était une tempête dans un verre d’eau dans un coin obscur de Twitter », a déclaré Benali. Mais après qu’il ait été annoncé qu’il prendrait la parole lors du Dodenherdenking, les déclarations de quinze ans ont fait surface et les choses se sont emballées. « Dans des centaines de tweets par minute. Quatre-vingt-dix pour cent islamophobe, raciste. »

    L’écrivain aux dizaines de milliers de tweets à son nom – qui, de son propre aveu, aime la polémique – a temporairement disparu de Twitter. « Cela a sapé ma foi dans les gens d’une telle manière que cela m’a aussi rendu plus laid. La rancœur était tapie, l’amertume. » La tempête s’est calmée.

    Pourtant, Benali est prêt à provoquer une nouvelle émeute, car ce samedi, sa conférence annulée sera publiée sous forme de brochure. En écrivant, il était important, dit-il, « de ne pas devenir une victime de la situation, de sortir victorieux après tout. »

    Cela ressemble aussi à un moyen de poursuivre une conversation avortée. La question lui tient manifestement à cœur. Quand il veut renforcer ses mots, il claque des doigts, il tape dans ses mains.

    Qualifiez-vous vous-même ces déclarations d’antisémites ?

    « Bien sûr, ils peuvent être lus comme tels. Mais l’intention n’a jamais été de diaboliser le peuple juif. Ces remarques ont été faites de manière ironique. On appelle ça une blague. »

    Pas si drôle pour la fraction de Juifs qui ont survécu à l’Holocauste.

    « Je n’ai jamais voulu faire de mal à personne et j’en suis désolé », a-t-il dit.

    Les organisations juives ont trouvé ces excuses insuffisantes. Ils voulaient que vous vous distanciez sans équivoque de ces déclarations.

    « Je ne vais pas m’excuser pour quelque chose que je ne pense pas. Parce qu’alors c’est comme si je le pensais vraiment. Ce qu’ils ne comprennent pas : c’était de l’ironie. Je vis merveilleusement bien à Amsterdam-Zuid depuis quinze ans. Les gens n’ont plus le droit de faire des blagues ? S’il vous plaît. »

    Tu aurais pu juste dire « désolé » ? Ça aurait enlevé la piqûre.

    « Ils m’ont forcé à sauter à travers un cerceau moral. Mais je ne veux pas mentir. Je l’ai dit : c’était des blagues stupides, je n’aurais pas dû les faire, mais c’était les circonstances. On parlait, on buvait. Nous étions sous une grande pression, c’était la guerre et je pense que l’humour noir est le meilleur humour à ce moment-là.

    « A cela, Grunberg a répondu : l’ironie n’est pas une excuse. Puis j’ai pensé, merde, c’est le gars qui utilise l’ironie comme excuse pour tout. »

    Vous pensez, en résumé, qu’une blague sur les Juifs devrait être autorisée.

    « En fin de compte, il ne s’agit pas de savoir si vous pouvez le dire ou non – c’est une discussion théorique – mais quelles sont les conséquences si vous le dites. Le problème est la culture de l’annulation. Si quelqu’un se défoule et fait une mauvaise blague, est-ce une raison pour priver quelqu’un du droit à la parole ? Je ne le pense absolument pas. D’ailleurs : dans notre société, tout le monde peut dire n’importe quoi, mais un Marocain ne peut rien dire. »

    Vous vous êtes autrement retiré de la plus grande scène du pays.

    « Sinon, j’aurais été expulsé. 100 % sûr. Lors de mes conversations avec le Comité, j’ai très vite senti que je ne referais plus jamais cette conférence. »

    Aha, tu t’es sentie obligée.

    Benali soupire et fait un geste interrogatif avec ses bras. « Oui, c’était une situation intenable. Soit vous dissolvez un comité, soit vous dissolvez une personne. C’est aussi simple que cela.

    « Mais j’ai vraiment été soufflé parce que personne ne se distanciait de toute cette haine à mon égard, dont 90 % de la raison sous-jacente était que je suis musulman. Toutes ces organisations qui prétendent combattre le racisme… »

    Vous voulez dire le CIDI et autres ?

    « Je ne vais pas les citer par leur nom. Mais j’ai pensé : oui, aidez-moi aussi.

    Pensez-vous pouvoir vous en sortir avec une déclaration du type « Amsterdam New West ressemble à Fez » ? Très irritant. Tant de Marocains. C’est juste bizarre.

    « Bien sûr. Tu peux dire n’importe quoi sur les musulmans. Ce ne sont pas de vrais Hollandais. Ils doivent partir. Vous pouvez même dire qu’ils devraient être stérilisés. Sans conséquences. Vous ne perdrez pas votre emploi. Les Néerlandais ont complètement internalisé l’islamophobie et le racisme. Personne ne fait rien à ce sujet.

    « Les Marocains savent qu’aux Pays-Bas, deux normes s’appliquent : pour les Néerlandais blancs et pour les Néerlandais non blancs. Cela vaut également pour les déclarations que nous pouvons faire. Nous sommes donc déjà très silencieux. Grunberg a voulu changer cela l’année dernière. Il voulait utiliser le 4 mai comme un lieu pour élargir la conversation. »

    Qu’avez-vous pensé de sa lecture ?

    « J’ai trouvé que c’était très bien. Un plaidoyer fort. »


    Le 3 avril, la conférence qu’Abdelkader Benali avait souhaité donner le 4 mai sera publiée :

    Le silence de l’autre. Comment le silence nous fait avancer. De Arbeiderspers, 64 pages, €8,99

    Mais dans votre livre, vous reprochez à Grunberg d’avoir parlé à tort et à travers.

    « J’ai trouvé délicate sa comparaison entre les Marocains d’aujourd’hui et les Juifs d’avant la Seconde Guerre mondiale. Parce que cette comparaison n’a pas vraiment de sens, soyons honnêtes. Et puis je me dis : est-ce que le marocain a encore été utilisé ? Peut-être les Marocains ne veulent-ils pas être comparés à ce qu i est arrivé aux Juifs. Parce que c’est absurde. Ça fait tout basculer. »

    Alors, ses paroles vous ont-elles satisfait ou non ?

    « Double. J’étais heureuse, mais j’ai aussi pensé que c’était une erreur. …. si j’avais fait cette comparaison… alors c’était antisémite. »

    D’où vient cette tension entre Juifs et Marocains ?

    « J’entends souvent des Juifs se faire crier dessus lorsqu’ils se promènent dans le New West avec leur kippa. Je trouve cela consternant. Mais je n’ai pas grandi dans des Pays-Bas où le souvenir de la persécution des Juifs était très central. J’ai grandi à Rotterdam dans une rue où les Juifs ont été déportés, je n’en ai pas entendu parler à l’école. C’était limité au 4 mai, le reste, vous deviez le découvrir par vous-même. Et ensuite vous dites aux Marocains : vous devriez être conscients de votre antisémitisme. Je trouve cela problématique. »

    La tension n’a-t-elle pas plutôt à voir avec le conflit au Moyen-Orient ?

    « Oui, c’est de là que ça vient. Mais je préfère ne pas parler de ça, vous pouvez mettre ça dans le journal. Le lien entre les Juifs et Israël est si sensible, un champ de mines émotionnel. Je n’ai pas envie d’être harcelé. Je suis vraiment intimidé. Vous ne pouvez pas avoir une conversation nuancée à ce sujet.

    « Mais c’est une histoire complexe. Mon père a grandi avec des Juifs. Ils vivaient au Maroc et parlaient le berbère. Alors quand on dit que les Marocains sont antisémites, ça me touche au plus profond de mon âme. Je trouve ça hypocrite. Parce que je pense : qui a tué les Juifs ? »

    C’est pour cela que vous vouliez intervenir le 4 mai ?

    « Au départ, je voulais donner cette conférence parce que j’ai toujours trouvé que le 4 mai était une journée très spéciale. Le silence, la tristesse que vous ressentez ce jour-là, les rues vides. Je voulais l’exprimer. Que pour un étranger qui n’a pas perdu de famille dans la Shoah, qui n’a pas de traces de la Seconde Guerre mondiale ici, c’est aussi émouvant. »

    Dans votre brochure, vous parlez de vos ancêtres qui ont combattu du côté des fascistes en Espagne.

    « Oui, à cette histoire ésotérique, je voulais ajouter quelque chose sur mon propre parcours. Cette histoire inconfortable sur mes ancêtres peut faire réfléchir les gens. Cela les rapproche de la tolérance. »

    Vous faites manifestement partie de l’école qui pense que la commémoration doit comporter d’autres aspects que les seules victimes (juives).

    « Oui, mais il y a beaucoup de résistance à cela. C’est une guerre qui se déroule dans les Pays-Bas juifs. Et je ne veux pas être dans cette fusillade. J’ai vite découvert que le mécontentement des organisations juives ne portait pas sur moi. »

    Ils ne sont pas d’accord avec le Comité, qui veut élargir la commémoration, ou voudraient « dé-juifiser », comme l’écrit Robert Vuijsje.

    « Je pense : parlez entre vous, mais ne mêlez pas les étrangers à ce combat, ils ne font que perdre. »

    Tu oses encore faire des blagues ?

    « Je ne fais jamais de blagues sur les Juifs, parce que mon estomac se retourne quand les gens font des blagues sur les Marocains. Donc Doornbos m’a peut-être surpris à ce moment-là.

    « Je pense même que nous devrions commencer à engager des poursuites judiciaires contre les personnes qui font des blagues sur les musulmans. Montrer nos dents. Jouer un peu plus fort pour mettre fin à l’islamophobie. »

    N’est-ce pas hypocrite : vous ne pensez pas que les gens devraient attacher des conséquences à votre blague sur les Juifs mais vous voulez contester légalement les blagues sur les Marocains ?

    « Apparemment, c’est juste la nouvelle phase. »

    Annuler ou être annulé ?

    « La culture de l’annulation est un phénomène qui m’inquiète sérieusement. À un moment donné, cela minera la culture qui repose sur la liberté d’expression, le sens de l’ironie et la tolérance. La fin de cette évolution sera qu’aucun artiste ne s’exprimera plus.

    « C’est aussi parce que les médias sociaux ont de plus en plus de pouvoir. Trump a transformé Twitter en un dispositif d’inquisition. Avec les trolls, qui tiennent des fichiers, ils ne font que chasser.

    « Avec moi, ils filtrent immédiatement toute abstraction. Marocain, bam, ça ne peut aller que dans un sens. Et puis je vois beaucoup de gens intelligents qui suivent les hordes. Je ne suis pas sûr de ma vie dans ce pays. »

    Avez-vous peur que les gens vous fassent violence ?

    « J’ai eu peur de ça pendant un moment le 18 janvier, oui, ça allait tellement vite ».

    L’agitation vous a-t-elle causé des dommages émotionnels ?

    « Bien sûr que oui. On ne peut rien y faire. C’était si intense, j’étais dans les nouvelles du soir !

    « Je me sens bien maintenant. Mais récemment, j’ai entendu dire que la ville d’Amsterdam ne voulait pas que je parle de l’inégalité des chances à cause de cette situation. Cela a donc entraîné un préjudice de réputation. »

    La conclusion de vos « excuses », que vous avez ajoutées à votre conférence, est la suivante : « Le Marocain innocent ne savait pas qu’il était coupable, il fallait le lui dire. Et il ne fait pas de plus grande faveur à la société que de répondre par un silence parfait. »

    « Bien, hein ? Et puis continuez à parler, haha. »

    Vous pensez vraiment que la société veut que vous vous taisiez ?

    « Non, mais il veut que tu te taises quand il pense que tu dois te taire. Ils ne veulent pas que tu perturbes les choses. Mais je suis juste là pour perturber les choses. Parce que je suis sincèrement en colère contre la façon dont les choses sont. »

    Qu’est-ce qui vous met le plus en colère ?

    « Hypocrisie ! C’est ce que je dénonce. Ils disent qu’ils veulent entendre la voix du Marocain – jusqu’à ce que le Marocain semble soudainement avoir une volonté propre, puis la conversation se tait. En fait, ils veulent juste que vous vous comportiez comme un singe savant. Mais l’innocent marocain n’existe pas. Le Marocain – moi en l’occurrence – fait des erreurs, a des nuances à apporter et mérite aussi une réponse. »

    NRC.NL, 2 avr 2021

    Etiquettes : Maroc, Israël, antisémitisme, Palestine, Abdelkader Benali, juifs, marocains, arabes,

  • Le peuple palestinien victime d’une « conspiration » impliquant certains régimes arabes

    ALGER – L’ambassadeur de l’Etat de Palestine à Alger, Amine Makboul a affirmé, mercredi à Alger, que le peuple palestinien « est victime d’une grande conspiration impliquant certains régimes arabes ».

    Intervenant lors d’une rencontre intellectuelle et littéraire organisée dans le cadre de la solidarité avec la cause palestinienne, à l’occasion du 45e anniversaire de « la Journée de la terre », M. Makboul a souligné que « le peuple palestinien est victime d’une grande conspiration impliquant certains régimes arabes qui se sont empressés à normaliser leurs relations avec l’entité sioniste dans le cadre du deal du siècle auquel l’Autorité palestinienne s’y est fermement opposée ».

    L’ambassadeur palestinien a exprimé « sa grande reconnaissance » à l’Algérie sous la conduite de son président, Abdelmadjid Tebboune pour « son soutien indéfectible » au peuple palestinien, notamment en « périodes difficiles », en témoigne, a-t-il dit, « sa position courageuse vis-à-vis de l’empressement de certains régimes arabes à la normalisation politique, diplomatique et économique avec l’entité sioniste ».

    « La trahison de la cause palestinienne par certains régimes arabes n’est pas chose nouvelle », a-t-il rappelé, estimant qu’elle était la cause de « toutes les déceptions » vécues par le mouvement de libération palestinien à travers son histoire.

    M. Makboul a affirmé, dans ce sens, « la détermination » du peuple palestinien et sa direction à « poursuivre la lutte jusqu’au recouvrement de sa terre ».

    « La lutte du peuple palestinien est inspirée de la résistance et de la Révolution algérienne », a ajouté le diplomate palestinien, se félicitant du « soutien historique de l’Algérie à son peuple ».

    Organisée par le Comité populaire de solidarité avec le peuple palestinien, cette manifestation a vu la participation de plusieurs intervenants algériens et palestiniens (écrivains et poètes) qui ont mis l’accent sur l’impérative défense de la cause palestinienne.

    Les interventions présentées ont également mis en évidence le rôle « majeur et historique » de l’Algérie dans la défense de cette cause juste dans les fora arabes et internationaux.

    Ont également pris part à cette manifestation, un représentant du Conseil de la Nation, le président du Haut conseil de langue arabe (HCLA), Salah Belaïd et un représentant de l’ambassade de la RASD à Alger.

    De son côté, le président du comité, Mohamed Tahar Dilmi, a affirmé que « l’Algérie soutient toujours la Palestine », ajoutant que les « Palestiniens doivent s’inspirer de la révolution nationale ».

    Par ailleurs, le président du HCLA a déploré « l’empressement de certains régimes arabes à la normalisation », affirmant le « soutien de l’Algérie aux causes justes de par le monde notamment les causes sahraouie et palestinienne ».

    Pour le représentant de l’ambassade sahraouie « la lutte de son peuple ressemble à celle du peuple palestinien » ajoutant que les Sahraouis passent par des moments très difficiles au vu de l’occupation marocaine.

    APS

    Etiquettes : Palestine, Israël, Amine Makboul,

  • Tunisie : Un politicien accuse l’Egypte de propager de fausses rumeurs

    Pendant ce temps, une manifestation a lieu à Gaza en solidarité avec un prisonnier en Arabie saoudite, des politiciens libyens sont accusés d’avoir falsifié leurs références et les réserves étrangères saoudiennes tombent à leur plus bas niveau en dix ans.

    Un ancien fonctionnaire tunisien affirme que l’Égypte répand des rumeurs
    Jawhar bin Mubarak, ancien conseiller du Premier ministre tunisien, a accusé les services de renseignement égyptiens de créer des rumeurs visant le président du Parlement Rached Ghannouchi, dans un message publié sur son compte Facebook.

    « Les campagnes de dénigrement sont intenses, les tabloïds diffusent des mythes incroyables créés par les services de renseignements généraux contre Rached Ghannouchi et la danse de la populace », a écrit Moubarak.

    « Un député très bête attaque le Mouvement populaire avec des fabrications triviales sans morale, et la danse de la populace. Un raciste qui se fait passer pour une personnalité médiatique s’en prend à son collègue patriote Mohamed el-Hamdi et le diffame en utilisant des allégations infondées et la danse de la populace. La populace est étroite d’esprit, elle aime danser au son de faux tambours joués par des derviches ».

    Le mouvement Ennahda de Ghannouchi a récemment annoncé le dépôt d’une plainte contre des médias qui ont fait circuler des rumeurs selon lesquelles il aurait gagné des milliards de dollars grâce à des ventes d’armes et à la contrebande.

    La présidence du Parlement a également démenti les rumeurs circulant sur Internet selon lesquelles Ghannouchi souffrait de problèmes de santé et avait été transféré à l’hôpital militaire.

    Protestation à Gaza au sujet d’un prisonnier dans une prison saoudienne

    Les Palestiniens de Gaza ont organisé samedi une manifestation de solidarité avec Muhammad Saleh al-Khodari, âgé de 83 ans et détenu dans une prison saoudienne, après avoir reçu des informations sur une détérioration importante de son état de santé, a rapporté Arabi 21.

    Au cours de la manifestation, la famille Khodari a appelé les autorités saoudiennes à accélérer la libération de leur parent, tandis que de nombreux membres de la famille et enfants ont participé à l’événement pour exprimer leur solidarité avec le détenu.

    La famille Khodari a également appelé le souverain saoudien, le roi Salman, et son prince héritier à « libérer immédiatement le Dr Muhammad al-Khodari et son fils, Hani al-Khodari, compte tenu de leur état de santé déclinant ».

    Khodari était un représentant du Hamas en Arabie saoudite avant d’être soudainement arrêté et placé dans une prison saoudienne, où son état de santé s’est sérieusement détérioré ces derniers jours, selon Arabi21.

    Amnesty International a également confirmé récemment la détérioration de l’état de santé de Khodari, qui n’a pas accès à des soins médicaux complets et souffre de mauvais traitements en détention.

    Des ministres libyens accusés d’avoir falsifié leurs qualifications

    Le gouvernement libyen d’union nationale (GNU), dirigé par Abdul Hamid Dbeibah, a été confronté à sa première crise après que l’Autorité de contrôle administratif (ACA) a exigé la présentation des CV des nouveaux ministres, à la lumière d’informations faisant état de « qualifications falsifiées », a rapporté le journal Asharq Al-Awsat.

    Les médias locaux et les militants en Libye ont rapporté que certains ministres ont présenté de faux curriculums vitae comprenant des certificats falsifiés et des qualifications incorrectes.

    Dans une déclaration, le chef de l’ACA a demandé au Premier ministre de lui fournir les curriculum vitae des membres du gouvernement et des ministres ainsi que des copies de leurs qualifications académiques, après avoir reçu des informations qui correspondaient aux rapports des médias et confirmaient l’existence de faux certificats.

    Le ministre du travail et de la réhabilitation, Ali Abid Abu Azum, a publié une déclaration avant que les membres du gouvernement ne prêtent serment et n’obtiennent la confiance du parlement, condamnant ce qu’il a qualifié d’ »attaque féroce visant à entraver la direction effective de la jeunesse par la diffusion de mensonges et de fausses nouvelles ».

    Les réserves de change saoudiennes tombent à leur plus bas niveau en dix ans

    Les réserves de la Banque centrale saoudienne ont diminué de deux pour cent sur une base mensuelle jusqu’en février dernier, pour atteindre le niveau le plus bas en une décennie, a rapporté le New Khalij.

    Selon les données publiées par la Banque centrale saoudienne, la valeur des actifs de réserve jusqu’en février était de 1 655 milliards de riyals saoudiens (441,3 milliards de dollars), enregistrant une baisse de 8,77 milliards de dollars par mois.

    Les actifs s’élevaient à 1 688 milliards de riyals saoudiens (450,1 milliards de dollars) jusqu’en janvier dernier, tandis que la dernière fois qu’ils ont atteint un niveau inférieur aux chiffres de février, c’était en novembre 2010, estimé à 1 644 milliards de riyals saoudiens (438,4 milliards de dollars).

    Les recettes de l’Arabie saoudite, qui dépendent du pétrole comme principale source de revenus, ont été frappées par la chute des prix du brut et la baisse de la demande mondiale de pétrole due à la pandémie de Covid-19.

    L’Arabie saoudite a perdu 50 milliards de dollars de ses réserves étrangères en mars et avril 2020, dont 40 milliards ont été transférés au fonds souverain de l’État (le Fonds d’investissement public) afin qu’il puisse profiter des opportunités sur les marchés mondiaux.

    Middle East Eye, 30 mars 2021

    Etiquettes : Tunisie, Arabie Saoudite, Libye, Palestine, Gaza,

  • La violation des résolutions de l’ONU n’est pas inhabituel

    (MENAFN – NewsIn.Asia) Par PKBalachandran / Ceylon aujourd’hui

    Colombo, 29 mars: Dès 2002, la correspondante onusienne du Los Angeles Times, Maggie Farley, a noté que plus d’une centaine de résolutions onusiennes étaient violées et que dans de nombreux cas, l’application des résolutions était bloquée par les États-Unis ou leurs alliés.

    Elle a fait cette observation sur la base d’un examen sur 15 ans du respect des résolutions de l’ONU effectué par le professeur Stephen Zunes de l’Université de San Francisco. Zunes avait conclu que la conformité dépendait de l’influence de chaque État et de ses soutiens. Plus le soutien est puissant, moins il y a de chances de se conformer, a-t-il déclaré. Les pays qui se sont conformés l’ont été par un pays puissant ou un ensemble de pays puissants par pure coercition, économique ou militaire, ou les deux.

    Pour commencer, les résolutions de l’ONU ne sont pas contraignantes, et si elles le sont, comme dans le cas de certaines résolutions du Conseil de sécurité, les pouvoirs en place pourraient ne pas les appliquer pour des raisons économiques, politiques ou géopolitiques. Entre 1967 et 2002, Israël a violé 31 résolutions. Douze violations liées à la «Quatrième Convention de Genève pour les puissances occupantes», concernant les expulsions, les démolitions de maisons et la saisie de biens.

    Parmi les résolutions violées figurait la n ° 487 de 1981 qui avait demandé à Israël de placer ses installations nucléaires sous la sauvegarde de l’Agence internationale de l’énergie atomique de l’ONU. Alors que les États-Unis sont entrés en guerre contre l’Irak pour avoir violé les résolutions de l’ONU, ils n’envisagent pas la guerre contre Israël pour appliquer une résolution de l’ONU. En fait, les États-Unis avaient utilisé le veto à plusieurs reprises pour bloquer des résolutions sur Israël. En 2018, les États-Unis ont quitté le CDH en se plaignant de ses préjugés contre Israël.

    Lorsque la Turquie était un allié des États-Unis, elle a pu défier les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sur le déploiement de ses troupes à Chypre. Le Maroc a bafoué les résolutions demandant le retrait de ses forces du Sahara occidental et y autorisant un référendum d’autodétermination. Les États-Unis ont envahi l’Irak conformément à un mandat de l’ONU parce que cela convenait à leurs intérêts.

    Action militaire

    La Charte des Nations Unies autorise une action militaire pour l’application des résolutions du chapitre 7. Mais les interventions militaires se sont avérées difficiles en raison d’un engagement insuffisant des États membres. L’action de l’ONU en Bosnie-Herzégovine s’est avérée désastreuse à cause de cela.

    L’hégémonie des Big Power est un facteur majeur. Les États-Unis ne permettraient pas à leurs forces d’être commandées par des citoyens non américains. Bien que l’ONU soit essentiellement une institution américaine, aucun gouvernement à Washington n’a voulu qu’elle soit puissante, comme l’a déclaré Daniel Moynihan, ancien ambassadeur américain à l’ONU.

    «Le Département d’État a souhaité que l’Organisation des Nations Unies se révèle totalement inefficace dans les mesures qu’elle prend. La tâche m’a été confiée et je l’ai poursuivie avec un succès non négligeable », écrit-il dans ses mémoires.

    L’ONU a également montré son incompétence dans la mise en œuvre des résolutions sur la Corée du Nord. Dans leur article dans le journal de l’Institute for Science and International Security en 2018, David Albright, Sarah Burkhard, Allison Lach et Andrea Stricker affirment que 52 pays ont été impliqués dans la violation des résolutions du CSNU sur la Corée du Nord pendant la majeure partie de 2017.

    Le président américain Donald Trump a menacé de retenir des «milliards» de dollars d’aide américaine aux pays votant en faveur d’une résolution de l’ONU rejetant sa reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël. Mais malgré l’avertissement, 128 membres ont voté pour maintenir le consensus international de longue date selon lequel le statut de Jérusalem (revendiqué comme capitale par Israël et la Palestine) ne peut être réglé que comme une question finale convenue dans un accord de paix, a écrit. Néanmoins, malgré la résolution de l’ONU, en mai 2018, les États-Unis sont allés de l’avant et ont reclassé leur consulat de Jérusalem en tant qu’ambassade des États-Unis à Jérusalem.

    Les États-Unis ont également opposé leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui condamnait l’utilisation de la force par Israël contre les civils palestiniens. Au moins 116 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes lors des manifestations à la frontière de Gaza depuis la fin du mois de mars 2018.

    Résolutions de l’ONU

    Tout organe des Nations Unies peut adopter une résolution. Mais ils ne sont généralement pas contraignants. Mais même ceux qui attendent sont soit imparfaitement mis en œuvre, soit pas du tout mis en œuvre. Le Conseil de sécurité est chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Le CSNU comprend 15 membres, cinq permanents (Russie, Royaume-Uni, France, Chine et États-Unis) et dix membres non permanents, élus sur une base régionale pour un mandat de deux ans. Les membres permanents peuvent opposer leur veto à toute résolution de fond du CSNU.

    La résolution 1373 du Conseil de sécurité, qui a été adoptée à l’unanimité le 28 septembre 2001, était une mesure antiterroriste adoptée à la suite des attentats terroristes du 11 septembre contre les tours jumelles à New York. La résolution a été adoptée en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies et est donc contraignante pour tous les États membres de l’ONU. Si les États-Unis se sont conformés à cela, c’est parce qu’ils sont directement touchés par le terrorisme depuis l’attaque du 11 septembre.

    Cour pénale internationale

    La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a tenté en vain d’étendre la compétence de la Cour pénale internationale (CPI) au Sri Lanka. Sri Lanka n’est pas signataire du Statut de Rome, qui permet à la CPI d’exercer sa juridiction sur la nation insulaire. Cependant, une affaire de violation des droits humains au Sri Lanka peut être portée devant la CPI si le Conseil de sécurité de l’ONU décide de le faire. Mais au CSNU, le Sri Lanka est soutenu par deux puissances de veto, la Chine et la Russie.

    Il est souligné qu’à la suite de la récente résolution du HRC contre le Sri Lanka, tout État membre peut déposer une plainte contre un ressortissant sri-lankais pour des motifs de droits de l’homme ou de crimes de guerre. Mais là encore, on soutient que les intérêts politiques des nations joueront un rôle déterminant.

    Il convient de noter que la plupart des affaires portées devant la CPI concernent des pays pauvres et arriérés qui n’ont aucune influence politique dans le monde. À ce jour, 45 personnes ont été inculpées devant la CPI. La liste comprend le chef rebelle ougandais Joseph Kony, l’ancien président soudanais Omar al-Bashir, le président kenyan Uhuru Kenyatta, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, le président ivoirien Laurent Gbagbo et le vice-président de la RD Congo Jean-Pierre Bemba. La surreprésentation de l’Afrique et l’absence totale des pays développés dans les affaires de la CPI méritent d’être signalées.

    Lois occidentales pour protéger les soldats

    Alors que d’un côté, les pays occidentaux ont hâte de poursuivre les soldats des pays en développement pour crimes de guerre, ils promulguent eux-mêmes des lois pour empêcher la poursuite de leurs soldats pour des crimes de guerre commis à l’étranger.

    La Chambre des communes britannique a récemment adopté un projet de loi visant à empêcher les poursuites «vexatoires» contre le personnel militaire et les anciens combattants britanniques pour des allégations de crimes de guerre. La poursuite des soldats britanniques pour des crimes passés présumés en Irlande du Nord, et des conflits plus récents en Irak et en Afghanistan, a harcelé l’armée et le gouvernement du pays pendant des années.

    La nouvelle législation propose des mesures pour «réduire l’incertitude découlant d’allégations historiques et créer un meilleur cadre juridique pour traiter les réclamations liées à de futurs conflits à l’étranger», a déclaré le ministère britannique de la Défense. Le secrétaire à la Défense, Ben Wallace, a déclaré à la Chambre des communes que le projet de loi respecterait la promesse électorale du gouvernement conservateur de 2019 de protéger le personnel militaire et les anciens combattants contre «  des revendications vexatoires et des enquêtes sans fin  ».

    Le ministre des Vétérans Johnny Mercer, un ancien officier de l’armée qui a servi en Afghanistan, a insisté sur le fait que la législation «ne dépénalise pas la torture» mais établit «un équilibre approprié entre les droits des victimes et l’accès à la justice».

    Le Sri Lanka envisage une loi protectrice similaire en vue de la tentative du HRC de poursuivre ses soldats, a récemment déclaré aux médias le ministre de l’Éducation et porte-parole du Sri Lanka Podujana Peramuna (SLPP), le professeur GLPeries.

    MENAFN, 29 mars 2021

    Etiquettes : ONU, Conseil de Sécurité, Sri Lanka, Etats-Unis, Stephen Zunes, Corée du Nord, Israel, Palestine, Gaza, CPI, Maroc, Sahara Occidental, France,

  • De Jérusalem à Eton et à la Tunisie : Une histoire palestinienne

    Qu’est-il arrivé aux familles de Palestine ? Celles qui ont été expulsées de leur pays en 1948 sans savoir où aller ? Leurs biens ont été confisqués. Leurs moyens de subsistance ont été bouleversés. Leur héritage, leur pays et leurs maisons ont été volés.

    Dans « From Jerusalem to a Kingdom by the Sea », un mémoire de 300 pages rédigé par Adel A. Dajani, qui est devenu le premier Arabe à aller à Eton, ce qui est arrivé à son clan d’élite palestinien commence au cœur de la vieille ville de Jérusalem, où la famille était la gardienne de la tombe du prophète David.

    L’histoire de cette famille palestinienne, dont les racines à Jérusalem remontent à plusieurs siècles, se poursuit en Égypte et à Tripoli. Elle se poursuit via Eton et Knightsbridge jusqu’à la Tunisie, où la colère brute du printemps arabe fait l’objet d’une attention toute particulière dans ce livre.

    Il s’agit d’une remarquable histoire de survie entre la perte d’une patrie et les multiples révolutions qui ont suivi. Le voyage commence avec la Nakba en Palestine en 1948. La création du royaume de Libye en 1951, le coup d’État de Kadhafi en 1969, ainsi que les révolutions du printemps arabe en Tunisie et en Libye en 2011 sont autant d’étapes à franchir.

    Le récit facile à suivre de Dajani nous offre une vue d’ensemble des pérégrinations de ce clan cosmopolite, alors qu’il construit et reconstruit sa fortune et sa famille, en misant sur des études supérieures et des terres inconnues.

    C’est une fenêtre sur un pan méconnu de l’histoire palestinienne, perdu dans le récit global du terrorisme et des camps de réfugiés. Un récit des « 1001 nuits » du XXe siècle, tissé à travers les bouleversements politiques et les pertes personnelles.

    « L’histoire d’une famille et de ses cygnes noirs », voilà comment Dajani, banquier d’affaires chevronné, présente son récit. Dajani est né en Libye. Son histoire commence en Palestine.

    « Selon ma grand-mère maternelle, Faika Husseini Dajani, le bruit des tirs et des explosions à Jaffa, dans les dernières années du mandat britannique sur la Palestine, devenait effroyablement courant. L’explosion du camion piégé qui s’est produite récemment devant le Serrani, l’hôtel de ville ottoman de Jaffa, qui comptait trois étages et dans lequel quatorze Palestiniens ont été tués le 5 janvier 1948, a brisé le calme des jardins bien entretenus de Faika. L’écriture était sur le mur ».

    C’est ainsi que commence son livre, à Jaffa, en 1947, lorsque la famille décide de faire un court voyage au Caire, alors que les Britanniques « fanfaronnent » et veulent laisser la Palestine tranquille.

    Ce voyage s’est transformé en une « vie d’errance », comme le dit Dajani. Leurs vêtements d’hiver emballés à la hâte ne suffisent pas à les protéger de la perte de leur patrie et de la confiscation de tous leurs biens après la création de l’État d’Israël en 1948. Ils ont tout perdu en vertu de la loi sur la propriété des absents.

    Une lettre que son père, diplômé d’Oxford, a écrite du Caire à la Commission des Nations unies pour les réfugiés, énumérant toutes ces propriétés, a fait l’objet d’un accusé de réception accompagné d’une lettre le remerciant pour sa pièce jointe, écrit Dajani. Son père a gardé le morceau de papier énumérant ses maisons dans sa poche après cela.

    Pour cette famille qui avait vécu en Palestine pendant plus de 1000 ans, il était temps de refaire sa fortune. Il y a eu de nombreux cygnes noirs en cours de route. Du Caire, la Libye fait signe. Le père de Dajani, Awni, a joué un rôle majeur dans la rédaction d’une partie de la constitution.

    « La première candidature d’Awni concernait le poste de conseiller juridique auprès de la Cour royale libyenne dirigée par le prince Idris al-Senussi, qui était le prince de Cyrénaïque, une province de l’est du pays sous mandat britannique. La demande a été initialement rejetée », écrit Dajani.

    Son diplôme d’Oxford en poche, son père avocat, après avoir beaucoup insisté, se retrouve bientôt à travailler pour le roi de Libye. Le jeune Dajani est élevé dans son palais royal. Il a été transporté directement de l’hôpital au palais royal, après sa naissance à Tripoli. Sa vie a commencé dans ce royaume de la mer.

    Beaucoup des récits qui suivent sont magiques. Vacances d’été avec le roi et la reine. Des rires d’enfants au dîner avec des chefs d’État en visite. Du beau monde. Des fêtes riches. Des plages de rêve.

    Jusqu’à ce qu’il soit temps d’aller à Eton et d’affronter le temps maussade et les trajets en train déprimants en Grande-Bretagne pour cet enfant de 11 ans. Cette éducation lui a bien servi. La beauté du campus a compensé une partie de la morosité britannique.

    Il y aura encore beaucoup de bouleversements pour la famille. La révolution de Kadhafi qui a envoyé son père en prison. De nouvelles menaces sur la propriété de leur nouvelle maison lorsque les lois et les régimes en Libye changent. Les biens sont confisqués. Des voyages dangereux à travers des frontières difficiles pour chasser les squatters en cours de route.

    Beaucoup de choses ont transpiré avant les débuts du printemps arabe en Tunisie où, une fois de plus, des personnes en colère ont menacé le domicile familial en 2011. Dajani l’a gardé en sécurité.

    Le faire et le défaire des régimes du monde arabe se déroule parallèlement à la construction de sa famille et de sa carrière. La mort du patriarche de la famille. Les témoins directs du printemps arabe en Tunisie et en Libye apparaissent sous nos yeux dans ce récit personnel de régions troublées dans un monde troublé.

    À la fin du livre, Dajani se retrouve en voyage à Jérusalem avec son fils. Les tombes de sa famille ont été profanées. Un hôpital construit par des proches a été rebaptisé. L’histoire est devenue trop lourde à porter sur ses épaules.

    « Alors que nous serpentions sans but, perdus dans nos pensées, autour du cimetière où sont enterrées d’innombrables générations de nos ancêtres, Rakan et moi avons ressenti un sentiment unique d’appartenance profondément enracinée. Mais en même temps, nous avons ressenti le poids écrasant de notre impuissance et de notre solitude dans la lutte pour préserver nos liens historiques à Jérusalem pour les générations futures. C’était comme si l’histoire de notre famille, qui a commencé à Jérusalem en 637, allait se terminer en 2017 sous notre surveillance et que la faute en revenait entièrement à nous. Un boulet autour de notre cou », écrit-il.

    Al Bawaba, 29 mars 2021

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  • Middle East Monitor : Le Parti marocain de la justice et du développement a-t-il vendu la Palestine pour le Sahara occidental?

    Le Marocain Abdelilah Benkirane a récemment annoncé qu’il gelait son appartenance au Parti de la justice et du développement pour protester contre l’adoption par le gouvernement d’un projet de loi visant à légaliser l’utilisation du cannabis à des fins médicales. C’est un ancien secrétaire général du parti, c’est donc une décision importante.

    Le Parti de la justice et du développement est le principal parti islamique au Maroc et dirige des gouvernements de coalition depuis 2012. Après près d’une décennie au pouvoir, le parti a enregistré peu de réalisations sur les fronts politique, économique et sécuritaire.

    Avant la décision de Benkirane, le cheikh Abou Zayd Al-Mokri Al-Idrissi avait également annoncé qu’il gelait son appartenance au parti, et Idris Al-Azmi a démissionné de la tête de son Conseil national. De nombreux hauts fonctionnaires et membres du parti ont critiqué ses politiques, principalement celles introduites par son actuel secrétaire général, Saadeddine Othmani, en sa qualité de Premier ministre, notamment sa signature de l’accord de normalisation avec Israël.

    Cet accord a été annoncé le 10 décembre de l’année dernière par le président américain de l’époque, Donald Trump. Le 22 décembre, le Maroc a accepté de lancer des vols directs, de promouvoir la coopération économique, de rouvrir les bureaux de liaison et de s’orienter vers des «relations diplomatiques, pacifiques et amicales» avec l’État d’occupation.

    Bien que Benkirane n’ait pas fait référence à l’accord de normalisation lorsqu’il a discuté de son appartenance au Parti de la justice et du développement, les observateurs estiment que l’adoption du projet de loi sur le cannabis a été la goutte d’eau pour lui. Selon le président de l’Observatoire marocain contre la normalisation, Dr Ahmed Wihman, cette décision était « absolument » le résultat de la normalisation des relations avec Israël. Il en va de même pour le cheikh Al-Idrissi, qui a également appelé le parti à se réformer et à revenir à ses objectifs fondateurs.

    Al-Azmi a déclaré qu’il était confus par ce qui se passe au sein de son parti, avec une contradiction entre les politiques et les principes actuels. « Je ne peux plus tolérer ni comprendre, ni expliquer ou accepter ce qui se passe au sein du parti », a-t-il expliqué. « Sommes-nous vraiment encore nous? »

    De nombreux observateurs considèrent l’accord de normalisation avec Israël comme un défaut majeur pour le parti islamique. Certains sont allés plus loin et prétendent avoir vendu la Palestine pour le Sahara occidental, étant donné que la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le territoire semble avoir fait partie intégrante de l’accord de normalisation avec Israël. Cependant, Wihman – qui est de gauche et s’oppose aux islamistes – a rejeté cette affirmation. «Cela n’arriverait jamais», m’a-t-il dit.

    Le secrétaire général de l’Union nationale du travail du Maroc, Abdelilah El-Halouti, a également fermement rejeté cette affirmation et souligné que «le Parti de la justice et du développement fait partie de la politique marocaine et ne renoncera jamais à son soutien et à sa solidarité avec la Palestine».

    De nombreux responsables du parti ont nié avoir vendu la cause palestinienne pour le Sahara occidental. Abdelaziz Aftati est membre du Secrétariat général du parti, et a déclaré que « tout ce qui concerne la normalisation s’effondrera » tout en réitérant le soutien de son parti à la résistance palestinienne contre les sionistes. « Nous faisons partie de la nation islamique, avec les peuples arabe et musulman, et cette nation ne peut pas s’élever sans résister aux sionistes. C’est une lutte d’existence et nous y sommes impliqués. »

    Compte tenu de toutes ces assurances, il est difficile d’expliquer pourquoi le chef du Parti de la justice et du développement a signé l’accord. Wihman estime qu’Othmani y était obligé par le roi Mohammed VI. Néanmoins, « malgré le fait qu’il était sous pression, il [Othmani] est responsable de ce qu’il a signé. »

    Lorsqu’il a été interrogé par le directeur de l’organisation anti-normalisation de Wihman sur sa décision de signer l’accord, Othmani a dit à Aziz Hinnawi qu’il faisait partie de la politique du Royaume et qu’il ne pouvait pas rejeter l’ordre du roi. Un témoin oculaire de la rencontre entre Hinnawi et Othmani a déclaré que le Premier ministre avait alors fondu en larmes.

    Au Maroc, la signature d’accords avec d’autres Etats et le suivi des relations extérieures du Royaume est la mission du Palais Royal; le Premier ministre n’a aucun pouvoir sur ces questions. Selon Wihman, cela est stipulé dans la Constitution. «Othmani», dit-il, «ne voulait pas mettre le roi en colère».

    Cependant, Othmani aurait pu démissionner, et Wihman pense qu’il aurait dû le faire. El-Halouti, cependant, a souligné que le Parti de la justice et du développement est entré au parlement au motif qu’il ne défierait en aucune façon la monarchie. « Rejeter la normalisation et refuser de signer l’accord aurait mis le roi en colère et plongé le pays dans le chaos. La démission du Premier ministre aurait eu de graves conséquences politiques, sociales et économiques. » Le parti, a-t-il ajouté, a choisi l’option la moins nuisible.

    Wihman et El-Halouti et d’autres à qui j’ai parlé ont insisté sur le fait que le Parti marocain de la justice et du développement n’a renoncé ni à ses principes ni à aucun de ses objectifs en normalisant les relations avec Israël. Ses objectifs restent les intérêts nationaux marocains tout en respectant les Palestiniens et leur droit de résister à l’occupation israélienne, de libérer la Palestine et d’avoir un État indépendant.

    Middle East Monitor, 16 mars 2021

    Tags : Maroc, PJD, Palestine, Israël, Normalisation, Sahara Occidental,

  • Algérie / FAf: Zetchi, de retour du Maroc, charge ses détracteurs

    par Mohamed Bouchama

    La défaite par forfait du candidat Zetchi à l’élection du conseil de la Fifa continue de susciter la polémique. Certains cercles très «intéressés» ont même crié au scandale en accusant le président de la FAF d’avoir validé l’amendement d’un point des statuts de la CAF qui interdirait à toute fédération dont le pays n’est pas membre de l’ONU d’avoir la qualité de membre affilié à la Confédération africaine.

    Hier, la FAF sur son site, a dénoncé la manipulation et a prévenu qu’elle saisira la justice pour «arbitrer» cette campagne de dénigrement. A travers deux communiqués publiés hier, un premier pour annoncer une action en justice intentée au journal Ennahar pour «diffamation», puis un second qui s’interroge sur la divulgation d’un document interne entre le MJS et la FAF, l’instance fédérale a semblé acculée. Et qui mieux pour la défendre que Kheireddine Zetchi qui était de retour hier à Alger. A son arrivée à l’aéroport Houari-Boumediène, le patron de la FAF a tenu d’abord à faire savoir que des parties tentent de «faire pression sur les pouvoirs publics en donnant de fausses informations».

    Zetchi ne donnera aucune indication sur ses «détracteurs», même s’il est de notoriété publique que ses adversaires sont issus de l’ancienne équipe du bureau fédéral présidé par Mohamed Raouraoua. Zetchi tiendra juste à nuancer son propos en déclarant aux journalistes présents à l’aéroport que «ceux qui n’ont rien dans les 20 dernières années» ne peuvent rien «contre la volonté du changement» prônée par la famille du football.

    Après avoir rappelé que «le nationalisme est un acte et non pas des paroles en l’air» et qu’il n’a jamais «réfléchi un moment à trahir les causes du Polisario et de la Palestine», M. Zetchi révélera qu’il n’a pas voté le point concernant l’amendement de la qualité de membre et la FAF, «n’a pas non plus voté le bilan financier». Il affirmera qu’il avait toutes ses chances pour passer dans cette élection au conseil de la Fifa n’étaient sa suspension et «l’accord de Rabat» qui ont scellé le sort de toute l’assemblée élective de la CAF.

    Par la suite, Zetchi annoncera que l’Algérie «sera présente dans les semaines et les mois à venir dans les structures de la CAF et de la Fifa».

    Le Soir d’Algérie, 15 mars 2021

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