Étiquette : Palestine

  • Algérie : Tebboune refuse une aide proposée par les EAU

    Positions de l’Algérie : le ‘non’ catégorique de Tebboune

    Selon des informations rapportées par le site Araby Post, Abou Dhabi aurait proposé à l’Algérie, au mois de février écoulé, de lui fournir un lot de vaccin anti-covid19, au titre d’une aide que le royaume aurait décidée pour aider l’Algérie à surmonter ‘la crise économique qu’elle traverse’.

    Toujours selon le même site, le président Tebboune aurait opposé un ‘non’ catégorique à cette aide venant d’un pays qui a normalisé ses relations avec l’entité sioniste et qui a ouvert un consulat à El Ayoune au Sahara Occidental, en porte-à-faux avec toutes les décisions onusiennes sur cette question.

    Au cas où cette proposition d’aide a été réellement faite comme le rapporte Araby Post, la réponse du président Abdelmadjid Tebboune était prévisible car il faut dire que l’Algérie n’est pas en crise financière, comme l’a d’ailleurs rappelé dernièrement le président de la république et n’a donc pas besoin d’aides. Surtout de pays qui ont trahi la cause palestinienne et foulé aux pieds les décisions des Nations Unies concernant l’autodétermination du Sahara Occidental et le droit aux peuple – à tous les peuples- à disposer d’eux-mêmes.

    L’Algérie, faut-il le rappeler, a toujours bâti ses relations internationales sur le respect mutuel et sur la base des lois internationales et ne saurait renier ses principes fondamentaux, pris déjà à l’aube de sa révolution armée pour recouvrer sa liberté et son indépendance.

    Les relations de l’Algérie, qu’elles soient avec ses voisins, et ou avec « les traditionnels » alliés ont été en effet, bâties sur une « coopération pacifique entre tous les pays dans un esprit dépouillé de tout préjugé et sur la base du respect mutuel entre les peuples ».

    En outre, parmi les principes constants de l’Algérie, le soutien aux mouvements révolutionnaires des peuples n’a jamais failli, de telle sorte qu’Alger était qualifiée de ‘Mecque des mouvements révolutionnaires ».

    Le président Abdelmadjid Tebboune et l’Etat algérien soutiennent encore les causes justes pour la libération des peuples des jougs coloniaux, ce qui ne saurait cohabiter avec une politique qui ne respecte pas ces principes.

    Cette position inchangée de l’Algérie n’est pas du goût de certains « leaders », chefs d’Etats et autre monarques et faire une proposition de ce genre à l’Algérie – si l’information est juste bien sur- ne peut jamais être fait de manière innocente et l’Algérie n’a jamais mangé de ce pain-là.

    N’oublions n’a pas également les efforts déployés par Abou Dhabi, l’Égypte, le Maroc et le Qatar pour contrecarrer la candidature de Ramtane Lamamra, l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères, pour le poste d’envoyé spécial de l’ONU en Libye, car cela aurait contrecarré les volontés hégémonistes de nombre de ces pays.

    Non, l’Algérie n’est pas en crise, elle ne tend pas la main et ne peut être achetée pour se départir de ses principes. L’Algérie est, depuis le 1er novembre 1954, un exemple de courage, d’abnégation, de don de soi et ne saurait, pour quelque raison que ce soit, se soumettre ou abdiquer.

    La Patrie News, 10 mars 2021

    Tags : Algérie, EAU, Sahara Occidental, Palestine,

  • Blinken prend le relais au département d’État avec un examen des politiques de Trump

    Le Sénat a confirmé Antony J. Blinken comme secrétaire d’État. Il cherche à inverser l’approche conflictuelle de l’administration Trump en matière de diplomatie.

    Par Lara Jakes

    WASHINGTON – Le Sénat a confirmé mardi Antony J. Blinken en tant que 71e secrétaire d’État du pays, installant le conseiller de longue date du président Biden avec pour mission de rejoindre les alliances qui ont été fracturées après quatre ans d’une politique étrangère «Amérique d’abord».

    Centristes avec une tendance interventionniste , M. Blinken a été approuvé par 78 voix contre 22, signe que les sénateurs étaient impatients de dépasser l’ approche conflictuelle de l’administration Trump en matière de diplomatie .

    «Blinken est la bonne personne pour rassurer les prérogatives américaines sur la scène mondiale», a déclaré le sénateur Chuck Schumer, démocrate de New York et leader de la majorité, avant le vote.

    «C’est la personne pour le poste», a déclaré le sénateur Jim Risch de l’Idaho, le principal républicain du Comité des relations extérieures.

    M. Blinken, 58 ans, hérite d’un département d’État qui, selon lui, souffrait d’un moral bas et d’un effectif d’environ 1 000 employés de moins que lorsqu’il a quitté ses fonctions de secrétaire adjoint au début de 2017. Lors de son audition de nomination la semaine dernière, M. Blinken a déclaré ses plans pour assurer le multiculturalisme dans le corps diplomatique seraient «une mesure significative de si j’ai réussi ou échoué, quelle que soit la durée de mon travail.

    Au-delà des frontières de la nation, ce sera sa capacité à fusionner des alliés sceptiques et à gérer une gamme d’adversaires qui sera le véritable test de son influence. Ses rôles passés au centre des erreurs du président Barack Obama en Syrie, en Irak et en Libye restent également un point de friction pour ses détracteurs.

    Quelques minutes avant le vote de mardi, le sénateur Rand Paul, républicain du Kentucky, a prononcé un discours solitaire pour s’opposer à M. Blinken, le blâmant d’avoir aidé à entraîner les États-Unis dans les conflits en Libye en 2011 et en Syrie en 2014 qui ont alimenté le chaos et l’instabilité régionaux.

    «Lorsque nous avons eu l’administration Obama, avec Blinken et d’autres interventionnistes militaires, nous avons eu plus de guerre», a déclaré M. Paul. Il a déclaré que M. Blinken avait échoué lors de son audition de confirmation pour assurer aux sénateurs «que le changement de régime est incorrect».

    Dans l’une des décisions politiques les plus controversées à son horizon, M. Blinken a déjà décrit une volonté mesurée de rejoindre d’autres puissances mondiales dans un accord de 2015 visant à limiter le programme nucléaire iranien, dont l’administration Trump s’est retirée en 2018 .

    Il a promis une ligne plus dure contre la Russie que ce que le président Donald J. Trump était disposé à adopter, et examinera la politique américaine à l’égard de la Corée du Nord, qu’il a décrite à l’audience du Sénat comme «un problème qui ne s’est pas amélioré; en fait, ça a empiré .

    M. Blinken a l’intention de garder le ton plus dur que M. Trump a frappé contre la Chine – une stratégie globale que l’administration Biden utilisera soit pour affronter Pékin sur les violations des droits de l’homme et les agressions militaires, soit pour la concurrencer en Afrique, en Europe et en Inde. Pacifique.

    « Je ne suis pas du tout d’accord avec la façon dont il s’y est pris dans un certain nombre de domaines, mais le principe de base était le bon », a déclaré M. Blinken aux sénateurs la semaine dernière, faisant référence à l’approche de M. Trump envers la Chine. «Et je pense que c’est vraiment utile pour notre politique étrangère.»

    Il a également appelé les accords d’Abraham – accords que l’administration Trump a aidé à négocier pour qu’Israël réchauffe les relations avec Bahreïn, le Maroc, le Soudan et les Émirats arabes unis – une «bonne chose».

    Cependant, a-t-il dit, certaines des incitations offertes aux quatre États pour améliorer leurs relations avec Israël méritaient «un examen attentif». Parmi eux figurent des avantages qui défient les normes internationales , comme la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.

    Certaines des politiques que M. Blinken examine actuellement sont des décisions qui ont été rendues dans les derniers jours de l’administration Trump et qui étaient «clairement conçues pour enfermer» M. Biden, a déclaré Anne W. Patterson, une ancienne diplomate de carrière.

    M. Blinken «doit renverser certains de ces problèmes», a déclaré Mme Patterson, ambassadrice sous les administrations Obama et George W. Bush et secrétaire d’État adjointe à la politique au Moyen-Orient de 2013 à 2017.

    Lara Jakes est une correspondante diplomatique basée au bureau de Washington du New York Times. Au cours des deux dernières décennies, Mme Jakes a publié des reportages et édité dans plus de 40 pays et a couvert la guerre et les combats sectaires en Irak, en Afghanistan, en Israël, en Cisjordanie et en Irlande du Nord.@jakesNYT

    The New York Times, 26 jan 2021

    Tags : Donald Trump, Joe Biden, Maroc, Sahara Occidental, Maroc, Israël, normalisation, Palestine, Chine, Iran,

  • La fin de la diplomatie libérale

    22 janv.2021
    SHLOMO BEN-AMI

    Alors que Joe Biden a raison de rejeter de nombreux aspects de la présidence toxique de Donald Trump, il devrait éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain. Ce n’est qu’en reconnaissant les faiblesses des normes diplomatiques libérales que l’administration Biden peut faire progresser la diplomatie innovante et efficace dont le monde a désespérément besoin.

    TEL AVIV – Le 11 décembre, le président de l’époque, Donald Trump, a proclamé que les États-Unis reconnaîtraient la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental contesté, une récompense apparente pour la décision du pays d’établir des relations diplomatiques avec Israël. Cette décision a été rapidement condamnée comme une violation flagrante des normes diplomatiques. Mais, avec son approche facile des conflits prolongés, Trump a par inadvertance fait valoir un point important: l’empereur – l’approche diplomatique dominante – n’a pas de vêtements.

    Certes, Trump s’est lui-même tenu nu sur la scène mondiale, comme lorsqu’il a affirmé avoir atteint une percée avec la Corée du Nord ou vanté la « proposition de paix » invraisemblable de son administration au Moyen-Orient . Mais aucun de ses prédécesseurs – aux États-Unis ou ailleurs – n’a résolu ces conflits non plus, malgré le respect de normes diplomatiques vénérées.

    Ces normes sont inextricablement liées à l’ordre mondial libéral qui a émergé après la Seconde Guerre mondiale. La doctrine de la «responsabilité de protéger» (R2P) – l’engagement du monde, adopté à l’unanimité par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2005, à protéger les populations contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité – illustre cette diplomatie libérale.

    Mais, au cours des deux dernières décennies, tout a été en baisse pour cette vision. En Libye – le premier cas où le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé une intervention militaire basée sur la R2P – les envoyés de l’ONU vont et viennent, mais l’avenir du pays est décidé par des puissances étrangères agissant unilatéralement. Et, avec le Conseil de sécurité dans l’impasse, la R2P n’a pas été invoquée pour justifier une intervention militaire depuis, malgré plusieurs atrocités de masse notables perpétrées par les propres gouvernements du peuple.

    L’échec répété du système de sécurité collective de l’ONU peut être en partie attribué au déclin de l’ordre mondial libéral lui-même. Bien avant Trump, l’Amérique était devenue de plus en plus réticente à agir en tant que garant de l’ordre (en Libye, le président Barack Obama avait juré que les États-Unis «dirigeraient par derrière»). Ajoutez à cela le révisionnisme agressif de la Russie, l’abandon par la Chine de son «ascension pacifique» et la préoccupation de l’Union européenne pour sa propre survie.

    Mais bon nombre des plus grands défis diplomatiques du monde – du conflit israélo-palestinien au différend sur le Sahara occidental – sont antérieurs à ces facteurs. Même à son apogée, la diplomatie libérale ne pouvait pas les résoudre, notamment parce qu’elle traitait trop souvent la politique comme un art expressif, détaché d’une réalité en constante évolution.

    Prenons la lutte pour le Sahara occidental – le plus long différend territorial en Afrique. En 1975, alors que l’Espagne était sur le point de céder le contrôle du territoire, la Cour internationale de justice a rejeté la demande du Maroc à son égard et a statué que la population locale, les Sahraouis, avait droit à l’autodétermination. Mais le Maroc a rapidement envahi et annexé le territoire.

    Depuis, la situation a radicalement changé. Le Sahara occidental est l’un des territoires les moins peuplés du monde, avec seulement environ 70 000 habitants en 1975, et peut-être 550 000 aujourd’hui, vivant dans une région deux fois plus petite que l’Espagne. Les deux tiers de la population sont des Marocains, beaucoup y ont déménagé après l’annexion.

    Dans ce contexte, les arguments en faveur de l’autodétermination du Sahara occidental sont douteux. Une approche plus appropriée, qui reflète la réalité sur le terrain, consiste à accorder l’autonomie du Sahara occidental au sein du Royaume du Maroc – exactement le plan approuvé par Trump. (En 2013, Obama a soutenu la même approche dans une déclaration conjointe avec le roi du Maroc Muhammed VI.)

    Assurer le contrôle politique d’un territoire occupé en modifiant sa démographie n’est pas nouveau. Quelque 600 000 Israéliens vivent actuellement en Cisjordanie, aux côtés de 2 750 000 Palestiniens. L’Iran a repeuplé de vastes régions de Syrie avec des musulmans chiites. Près de 46 ans après que la Turquie a envahi le nord de Chypre, les colons de Turquie continentale représentent environ la moitié de la population du territoire.

    Un tel comportement ne devrait jamais être approuvé. Mais prétendre que cela ne se produit pas n’aidera pas non plus. Lorsque les acteurs sont dans un état prolongé de limbes diplomatiques, le non-respect de l’équilibre réel des pouvoirs ou de la durée du conflit perpétue un fait accompli en faveur du côté le plus fort. Cela est aussi vrai du différend Maroc-Sahara occidental que du conflit israélo-palestinien, où l’engouement pour le paradigme trompeur des deux États a rendu la paix pratiquement impossible.

    En fait, lorsque les États arabes ont rejeté les accords avec Israël, ils se sont généralement retrouvés avec moins. Les Palestiniens l’ont fait au moins à deux reprises. De même, la Syrie est dans une pire situation pour avoir rejeté l’offre d’Israël en 2000 de restituer le plateau du Golan: en 2019, l’administration Trump a officiellement reconnu la souveraineté israélienne.

    Alors que la décision de Trump était injustifiable au regard du droit international (même si l’on pense qu’Israël était justifié dans son recours à la force pendant la guerre des Six jours en 1967), il est indéniable que l’échec prolongé de la diplomatie libérale l’a rendu possible. Et cela fait partie d’un schéma plus large d’annexions unilatérales.

    Par exemple, la récente éruption du conflit vieux de plusieurs décennies entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au sujet de l’enclave du Haut-Karabakh s’est terminée par un accord négocié par la Russie qui a légitimé l’annexion par l’Azerbaïdjan d’une grande partie du territoire. Les forces de maintien de la paix russes ont été dépêchées pour faire appliquer l’accord. L’ONU était introuvable.

    Trump a beaucoup à répondre, diplomatiquement et autrement. Mais le fait est que les normes diplomatiques dont il n’a pas tenu compte ne produisaient pas de résultats dans nombre des conflits les plus anciens du monde. Et, aussi imprudentes que ses actions aient souvent été, elles pourraient bien faire progresser des conflits apparemment insolubles – notamment le conflit israélo-arabe vieux d’un siècle.

    Après tout, à cause de Trump, le Maroc, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Soudan ont rejoint l’Égypte et la Jordanie pour normaliser leurs relations avec Israël. (Trump a offert à l’ Indonésie des milliards de dollars d’aide pour faire de même, mais le pays a rejeté l’accord.) Trump a également négocié la paix entre ses rivaux arabes dans le Golfe cherchant à contrer l’approfondissement des relations du Qatar avec l’Iran et la Turquie.

    Alors que le président Joe Biden a raison de rejeter de nombreux aspects de la présidence toxique de Trump, il ferait bien de sauvegarder ses quelques réalisations. Mais pour relancer la diplomatie libérale, une alliance transatlantique revigorée – avec une UE beaucoup plus cohésive acquérant le hard power qui lui fait maintenant défaut – est d’une importance vitale.

    Shlomo Ben-Ami, ancien ministre des Affaires étrangères israélien, est vice-président du Toledo International Center for Peace. Il est l’auteur de Scars of War, Wounds of Peace: The Israel-Arab Tragedy .

    Project Syndicate, 22 jan 2021

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Etats-Unis, Donald Trump, Joe Biden, Palestine, Syrie, Proche Orient,

  • Robert Malley, ex-conseiller diplomatique d’Obama : « Pour Joe Biden, il sera difficile de remonter la pente »

    Entretien |À l’heure de l’investiture de Joe Biden, de grandes voix dressent leur bilan des quatre années écoulées. Pour Robert Malley, démocrate, président de l’International Crisis Group, « parfois, les questions [que Trump] a posées étaient bonnes, mais il a apporté de mauvaises réponses ». Et à quel prix !

    Robert Malley est aujourd’hui président de l’International Crisis Group. Il a été conseiller diplomatique pour Barack Obama et Bill Clinton, pour le Moyen-Orient et l’Afrique. Ancien membre du Conseil National de Sécurité américain, il a aussi participé aux négociations sur l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien. Avocat, politologue et spécialiste du conflit israélo-palestinien, il tire le bilan des années Trump, un président qui a mené « une politique qui a fait fi de toutes les valeurs ». À ses yeux, les États-Unis ont perdu une partie de leur crédibilité. Un défi pour la diplomatie de Joe Biden.

    Le président Trump a profondément bouleversé la vie politique américaine ces quatre dernières années. Il restera à jamais le premier président à avoir été mis en accusation à deux reprises en raison des violences survenues au Capitole le 6 janvier 2021. Va-t-il laisser une trace indélébile dans l’histoire des États-Unis ?

    Même avant les événements au Capitole, il était difficile d’imaginer qu’on puisse effacer facilement son empreinte. Trump aura été un président très peu orthodoxe et dangereux à beaucoup d’égards.

    Mais il est vrai qu’une procédure de destitution à quelques jours d’une fin de mandat, c’est extraordinaire. On peut supposer que l’idée des démocrates, c’est non seulement de faire en sorte que l’on décourage des pratiques pareilles à l’avenir, qu’on mette un point final à cette présidence, mais aussi de lui interdire de se présenter à nouveau à une élection. On sait qu’il pourrait se porter candidat en 2024. Or, s’il est condamné, une sanction pourrait être qu’il ne puisse plus être éligible.

    La vie politique américaine doit-elle se débarrasser de Donald Trump ?

    Je ne sais pas, je suis partagé et je sais qu’en France, c’est un débat également de savoir si le fait de le priver de Twitter, de Facebook est une bonne idée, tout comme de le fait de l’interdire de se présenter à nouveau à une élection.

    Évidemment, il a fait tellement de mal et ses paroles ont été tellement toxiques que cela peut sembler pertinent. Mais c’est aussi le candidat à la présidentielle qui a reçu le plus grand nombre de voix dans l’histoire après Joe Biden. Aucun autre candidat démocrate ou républicain jusqu’en 2020 n’avait rassemblé autant de suffrages. Donc il a une popularité. Peut-être a-t-elle été érodée par les événements récents du Capitole, mais on sait qu’il y a un socle important de gens qui croient toujours en lui et qui estiment qu’ils n’ont jamais été écoutés avant Trump.

    Si ces gens constatent qu’un président ou un ancien président ne peut pas s’exprimer en toute liberté sur les réseaux sociaux, et si en prime cet homme ne peut plus se présenter à une élection présidentielle, j’ai peur des effets que cela peut produire sur cette partie importante de la population qui s’estimait punie, marginalisée. Donc je comprends l’instinct, je comprends ce qui est derrière cet effort de faire en sorte qu’il ne puisse plus faire de mal, mais parfois je crains que le remède ne soit pire que le mal.

    En dehors de ces événements au Capitole, que retenez-vous des années Trump ? Si on vous demande de choisir un moment, que ce soit en politique intérieure ou en politique internationale, à quoi pensez-vous ?

    Je pense que le président Trump restera d’abord dans les livres d’histoire pour ses performances aux États-Unis. En politique internationale, il y a eu beaucoup de choses extrêmement nocives, extrêmement dangereuses. Il a chambardé toutes les alliances traditionnelles de la politique américaine.

    Parfois, les questions qu’il a posées étaient bonnes, mais il a apporté de mauvaises réponses. En résumé, son bilan en politique extérieure est négatif, mais il n’est pas comparable à son bilan en politique intérieure.

    Ce que l’on retiendra avant tout, ce sont ses discours, après certains événements graves, notamment des événements à relents racistes. Souvent, il a exprimé de la sympathie pour la mouvance extrémiste ou raciste.

    On retiendra aussi sa gestion désastreuse de l’épidémie de Covid-19.

    Mais je pense que l’image qui restera, à tort ou à raison, c’est son discours du 6 janvier 2021, où il appelle ses partisans à avancer sur le Capitole. On peut débattre du fait qu’il les a incités ou non à la violence, mais cette image-là restera en raison du lien plus ou moins direct entre ses paroles et ce qui s’est passé après. Est-ce vraiment ce qu’il a fait de plus scandaleux ? On a malheureusement l’embarras du choix, mais je pense que les historiens qui regarderont l’époque et l’épopée Trump retiendront ce point d’exclamation final, ce discours, son appel à ses partisans et, évidemment, les évènements qui ont suivi.

    En matière de politique internationale, on retient aussi des années Trump le slogan « America First », proclamé le jour même de l’investiture en 2017, qui a abouti notamment au retrait des États-Unis de nombreuses institutions internationales…

    « America First », je ne sais pas très bien ce que cela veut dire parce que dans chaque pays, chaque dirigeant pense d’abord à ses concitoyens. Au final, cela aura consisté en une politique transactionnelle, une politique unilatéraliste, une politique qui a fait fi de toutes les valeurs.

    Je suis très critique de la politique étrangère américaine, y compris celle conduite par les administrations auxquelles j’ai pu participer. Par exemple, dire que les États-Unis ont été un défenseur cohérent des droits de l’homme ou de la démocratie à travers le monde, c’est évidemment faux. Mais le président Trump s’est distingué par sa politique du troc, une sorte de marchandage permanent où les transactions sont faites non pas sur le plan des valeurs mais sur le plan des intérêts matériels.

    Il a donc pu faire énormément de mal simplement parce qu’il a privilégié ce qui est à son bénéfice personnel, au bénéfice de tous ceux qui l’entourent, au mépris de toutes les valeurs, des normes, des alliances internationales des États-Unis, de la stabilité à travers le monde.

    On peut lui savoir gré d’avoir évité de s’empêtrer dans une nouvelle guerre. C’est vrai que le président Trump, à son actif, n’a pas déclenché de guerre. Il a réussi à rompre le tabou du dialogue avec les talibans en Afghanistan, le tabou des négociations directes avec le dirigeant nord-coréen. Ce sont des choses qui resteront et dont, peut-être, le président Biden pourra se servir. Mais l’image des États-Unis en a pâti. En termes de résolution des conflits, en termes de respect des normes internationales, que ce soit sur le dossier israélo-palestinien, sur le fait qu’il a rompu l’accord de Paris sur le climat ou l’accord sur le nucléaire iranien, sa politique n’a pas été au service d’une vision positive, elle a servi une vision transactionnelle ou une vision hyper idéologique, notamment au Moyen-Orient.

    On retiendra donc de cette époque que les États-Unis ont vu leur réputation, leur influence, leur capacité de mobiliser la communauté internationale s’effriter et se dissoudre. Maintenant, espérons que le président Biden pourra renverser la vapeur et apprendre les leçons des échecs des administrations américaines qui ont précédé Trump et qui ont, d’une certaine manière, facilité son ascension au pouvoir.

    Quel bilan tirez-vous en particulier de la politique menée par Donald Trump au Moyen-Orient avec deux dossiers majeurs que vous avez mentionnés : l’Iran et le retrait des États-Unis de l’accord de Vienne sur le nucléaire, et le conflit israélo-palestinien où les avancées ont été minimes ?

    C’est un bilan globalement négatif parce qu’il a contribué à exacerber, à renforcer la polarisation dans la région. D’abord, il a pris part au dossier israélo-palestinien en étant à 100 % du côté israélien.

    Il a tout de même réussi, il faut le reconnaître, à obtenir des accords de normalisation entre quatre pays arabes et Israël. Il l’a fait en payant des prix qui, à notre sens, ont été parfois excessifs.

    Par exemple la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en échange d’une normalisation entre le Maroc et Israël, cela n’a pas de sens et ça a un impact négatif sur ce dossier du Sahara occidental.

    Au Proche-Orient, sa politique pro-israélienne à outrance a rompu non seulement avec le consensus international mais aussi avec le consensus américain bipartisan en vigueur depuis pas mal de temps. Il a essayé de bouger les lignes, mais il l’a fait dans un sens qui ne peut pas fonctionner parce que les Palestiniens ne s’y résoudront pas. Il a compliqué, évidemment, dans ce dossier, la recherche de la paix. Ses prédécesseurs n’y étaient pas parvenus non plus mais il a aggravé les choses.

    Et puis dans le reste de la région, Donald Trump a fait une fixation sur le dossier iranien. Ces derniers jours, l’administration Trump a même mis en avant un axe Al-Qaïda-Iran qu’aucun spécialiste du renseignement ne confirme. Et elle a en effet retiré le pays de l’accord sur le nucléaire, ce qui a conduit à imposer à nouveau des sanctions qui ont fait énormément souffrir les citoyens iraniens.

    Cette politique a été risquée. Elle aurait pu provoquer une guerre catastrophique entre d’un côté les États-Unis et ses alliés dans la région, et de l’autre l’Iran. Tout cela a entraîné une grande polarisation au Moyen-Orient. Les États-Unis se sont rapprochés d’Israël et de certains pays sunnites arabes, l’Arabie saoudite en tête. On peut comprendre ces alliances, ces partenariats. Des prédécesseurs de Trump ont adopté la même stratégie.

    Mais suivre une voie à sens unique, sans équilibre, sans essayer de jouer le rôle de médiateur, a causé beaucoup de tort et a porté atteinte à l’image de la diplomatie américaine.

    Projetons-nous sur les années Biden. Avez-vous le sentiment que les décisions les plus significatives des années Trump sont réversibles ?

    La proximité avec certains alliés, avec certaines valeurs, est également réversible. Des décisions du président pourront être remises en question, comme la sortie de l’accord de Paris sur le climat. Je pense que le président Biden pourra très vite changer de politique et renouer avec cet accord. La sortie de l’accord sur le nucléaire iranien est aussi réversible, même si ce sera difficile. Le fait de s’identifier avec certains alliés, avec certaines valeurs, est également réversible.

    Dans d’autres dossiers, ce sera difficile de remonter la pente parce qu’il y a un héritage qu’il va falloir surmonter.

    L’image des États-Unis dans le monde s’est dégradée. On a vu un pays, un gouvernement, incapables de gérer la question de la Covid-19, incapables de gérer la question des tensions raciales. Et maintenant nous sommes confrontés à une crise politique avec une partie de l’électorat qui, à cause de Trump, ne reconnaît pas la légitimité du président élu.

    Pour toutes ces raisons, le monde extérieur porte un regard différent sur les États-Unis. Le président Biden ne pourra pas totalement effacer cet héritage.

    Et puis il y a un autre héritage. Désormais, les pays qui vont traiter avec les États-Unis vont toujours se poser cette question : les engagements américains, les engagements du président des États-Unis, durent-ils plus d’un ou deux mandats ?

    Est-on entré dans une ère où les États-Unis vous disent une chose, à l’instar des engagements pris vis-à-vis de l’Iran, et quatre ans plus tard, un nouveau président entre en fonction et ces engagements ne valent rien du tout ? La perte de la réputation de fiabilité des États-Unis coûte cher. Et je ne sais pas si le président Biden pourra y remédier parce que personne ne sait si, dans quatre ans ou huit ans, on n’aura pas un président Trump bis, que ce soit lui-même ou un de ses successeurs, pratiquant la même politique.

    Franck Mathevon

    Source : France Culture, 20 jan 2021

    Tags : Donald Trump, Joe Biden, Sahara Occidental, Maroc, Proche Orient, Israël, Palestine, Normalisation, Franck Mathevon, International Crisis Group,

  • Pierre Galand : « Le Sahara occidental sera le Vietnam du Maroc »

    PIERRE GALAND, DÉFENSEUR DES CAUSES JUSTES : « Le Sahara occidental sera le Vietnam du Maroc »

    Le président de la coordination européenne pour le soutien et la solidarité avec le peuple sahraoui (EUCOCO), Pierre Galand, a déclaré que « le piège » de la normalisation des relations entre le régime marocain et l’entité sioniste dans le but d’imposer au monde la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, expose la région du Maghreb au risque d’un nouveau foyer de guerre.
    Dans une lettre, rendue publique mercredi, Pierre Galand, a soutenu qu’aux yeux du peuple marocain, « le gouvernement marocain et le roi ont trahi la solidarité indéfectible de celui-ci avec les droits les plus légitimes du peuple palestinien à un État souverain avec El-Qods-Est pour capitale ». « Votre peuple n’acceptera pas le marchandage honteux du Sahara occidental contre El-Qods et sa grande mosquée Al-Aqsa. Les conseillers du roi, le Makhzen, ont pris le risque de mettre leurs privilèges et la couronne de leur chef en péril », a-t-il jugé. Le président de l’EUCOCO, a estimé en outre, que « le Maroc a fait entrer le loup dans la bergerie, car ni les États-Unis, ni Israël ne se soucient de l’avenir du Maroc (…) parce que vous êtes des pions dans leur stratégie globale et vous risquez vite d’en faire les frais ». « En laissant les USA et Israël s’installer chez vous, (…), vous prenez le risque d’ouvrir un nouveau foyer de guerre et d’instabilité dans la région dont vous ne mesurez pas les conséquences pour votre peuple et ceux du Maghreb », a encore écrit Pierre Galand qui fut sénateur belge et grand militant des causes palestinienne et sahraouie.
    En tournant le dos à la légalité internationale, aux résolutions des Nations unies et à la charte de l’Union africaine (UA), « le gouvernement marocain et le roi, bafouent les droits fondamentaux du peuple du Sahara occidental. Or celui-ci, comme en 1974, lors des accords passés avec la puissance coloniale, l’Espagne, ne s’est pas laissé faire et il prit les armes à l’appel de son mouvement de libération nationale, le Front Polisario », a-t-il dit . Aujourd’hui, plus de 45 ans plus tard, insiste M. Galand, « les Sahraouis ont clairement dit qu’ils ne se laisseraient pas faire. (…) les Sahraouis vont vous mener la vie dure jusqu’à l’obtention du respect de leur droit inaliénable à l’autodétermination » qui dit à l’adresse du Maroc que le « Sahara occidental sera le Viêtnam » de l’armée marocaine.
    Le président de l’EUCOCO, ne doute pas, par ailleurs, que « nombreux sont les démocrates du Maroc qui aspirent à la paix et qui peuvent mesurer le piège qui vous a été tendu et dans lequel vos gouvernants sont tombés ». « Les conseillers du roi, alléchés par l’offre américaine, ont vendu à votre pays un cadeau empoisonné, un risque de guerre et de déstabilisation qui aura un coût humain inacceptable », a-t-il poursuivi. Enfin, M. Galand suggère de faire en sorte avec l’Union africaine, que « l’ONU redevienne le cénacle au sein duquel des initiatives urgentes et audacieuses, conformes à la légalité internationale et aux résolutions pertinentes des Nations unies, soient prises pour l’application aux Palestiniens et aux Sahraouis de leur droit à l’autodétermination sous contrôle international et qu’enfin ce droit soit respecté et appliqué ».
    M. Bendib
    MONTÉE EN PUISSANCE DES ATTAQUES SAHRAOUIES
    L’ALPS cible les militaires marocains retranchés derrière le mur
    Les attaques militaires des unités de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) se poursuivent sans relâche et augmentent en intensité. Ces attaques ciblent les positions où sont retranchées les soldats de l’occupation marocaine le long du « mur de la honte », a indiqué le ministère sahraoui de la Défense. Il a précisé, dans son communiqué militaire N63, que « les combattants sahraouis ont mené mercredi un bombardement contre des positions de l’armée royale marocaine dans la zone d’Adhim Oum Adjloud, relevant du secteur d’Aousserd, et un autre bombardement ciblant la région de Kelb Ennos du même secteur ». Le communiqué ajoute que jeudi, « les attaques sahraouies ont visé les positions marocaines dans la région d’Echadhimiya du secteur de Mahbès et la zone de Fedret Elach du secteur de Houza ». 
    Le ministère de la Défense sahraouie a souligné que les « attaques des combattants de l’Armée populaire de libération sahraouie ont continué de cibler les positions de l’armée d’occupation, qui a subi des pertes en vies humaines et en matériel le long du mur de la honte ». Ces dernières quarante-huit heures, Mahbès a été attaqué quatre fois au total, l’une de ces attaques étant celle menée sur la région de Chedhmiya la plus violente puisqu’elle a été à répétition consécutive et a provoqué la destruction d’une base militaire marocaine. Par ailleurs des témoins oculaires dans la région libérée de Tifariti ont indiqué que des drones marocains avaient violé l’espace aérien des territoires sahraouis libérés et ont survolé la localité. Ces observations militaires du Maroc aux drones, alors qu’il persiste à nier officiellement l’ampleur des attaques militaires sahraouies au quotidien contre ses positions et ses troupes tout au long du « mur de la honte », interviennent alors que l’on a relevé une intensification des bombardements et des attaques de missiles par l’armée sahraouie qui ont causé de graves dommages aux FAR.
     M. B.
    Le président de la coordination européenne pour le soutien et la solidarité avec le peuple sahraoui (EUCOCO), Pierre Galand, a déclaré que « le piège » de la normalisation des relations entre le régime marocain et l’entité sioniste dans le but d’imposer au monde la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, expose la région du Maghreb au risque d’un nouveau foyer de guerre.
    Dans une lettre, rendue publique mercredi, Pierre Galand, a soutenu qu’aux yeux du peuple marocain, « le gouvernement marocain et le roi ont trahi la solidarité indéfectible de celui-ci avec les droits les plus légitimes du peuple palestinien à un État souverain avec El-Qods-Est pour capitale ». « Votre peuple n’acceptera pas le marchandage honteux du Sahara occidental contre El-Qods et sa grande mosquée Al-Aqsa. Les conseillers du roi, le Makhzen, ont pris le risque de mettre leurs privilèges et la couronne de leur chef en péril », a-t-il jugé. Le président de l’EUCOCO, a estimé en outre, que « le Maroc a fait entrer le loup dans la bergerie, car ni les États-Unis, ni Israël ne se soucient de l’avenir du Maroc (…) parce que vous êtes des pions dans leur stratégie globale et vous risquez vite d’en faire les frais ». « En laissant les USA et Israël s’installer chez vous, (…), vous prenez le risque d’ouvrir un nouveau foyer de guerre et d’instabilité dans la région dont vous ne mesurez pas les conséquences pour votre peuple et ceux du Maghreb », a encore écrit Pierre Galand qui fut sénateur belge et grand militant des causes palestinienne et sahraouie.
    En tournant le dos à la légalité internationale, aux résolutions des Nations unies et à la charte de l’Union africaine (UA), « le gouvernement marocain et le roi, bafouent les droits fondamentaux du peuple du Sahara occidental. Or celui-ci, comme en 1974, lors des accords passés avec la puissance coloniale, l’Espagne, ne s’est pas laissé faire et il prit les armes à l’appel de son mouvement de libération nationale, le Front Polisario », a-t-il dit . Aujourd’hui, plus de 45 ans plus tard, insiste M. Galand, « les Sahraouis ont clairement dit qu’ils ne se laisseraient pas faire. (…) les Sahraouis vont vous mener la vie dure jusqu’à l’obtention du respect de leur droit inaliénable à l’autodétermination » qui dit à l’adresse du Maroc que le « Sahara occidental sera le Viêtnam » de l’armée marocaine.
    Le président de l’EUCOCO, ne doute pas, par ailleurs, que « nombreux sont les démocrates du Maroc qui aspirent à la paix et qui peuvent mesurer le piège qui vous a été tendu et dans lequel vos gouvernants sont tombés ». « Les conseillers du roi, alléchés par l’offre américaine, ont vendu à votre pays un cadeau empoisonné, un risque de guerre et de déstabilisation qui aura un coût humain inacceptable », a-t-il poursuivi. Enfin, M. Galand suggère de faire en sorte avec l’Union africaine, que « l’ONU redevienne le cénacle au sein duquel des initiatives urgentes et audacieuses, conformes à la légalité internationale et aux résolutions pertinentes des Nations unies, soient prises pour l’application aux Palestiniens et aux Sahraouis de leur droit à l’autodétermination sous contrôle international et qu’enfin ce droit soit respecté et appliqué ».
    M. Bendib
    MONTÉE EN PUISSANCE DES ATTAQUES SAHRAOUIES
    L’ALPS cible les militaires marocains retranchés derrière le mur
    Les attaques militaires des unités de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) se poursuivent sans relâche et augmentent en intensité. Ces attaques ciblent les positions où sont retranchées les soldats de l’occupation marocaine le long du « mur de la honte », a indiqué le ministère sahraoui de la Défense. Il a précisé, dans son communiqué militaire N63, que « les combattants sahraouis ont mené mercredi un bombardement contre des positions de l’armée royale marocaine dans la zone d’Adhim Oum Adjloud, relevant du secteur d’Aousserd, et un autre bombardement ciblant la région de Kelb Ennos du même secteur ». Le communiqué ajoute que jeudi, « les attaques sahraouies ont visé les positions marocaines dans la région d’Echadhimiya du secteur de Mahbès et la zone de Fedret Elach du secteur de Houza ». Le ministère de la Défense sahraouie a souligné que les « attaques des combattants de l’Armée populaire de libération sahraouie ont continué de cibler les positions de l’armée d’occupation, qui a subi des pertes en vies humaines et en matériel le long du mur de la honte ». Ces dernières quarante-huit heures, Mahbès a été attaqué quatre fois au total, l’une de ces attaques étant celle menée sur la région de Chedhmiya la plus violente puisqu’elle a été à répétition consécutive et a provoqué la destruction d’une base militaire marocaine. Par ailleurs des témoins oculaires dans la région libérée de Tifariti ont indiqué que des drones marocains avaient violé l’espace aérien des territoires sahraouis libérés et ont survolé la localité. Ces observations militaires du Maroc aux drones, alors qu’il persiste à nier officiellement l’ampleur des attaques militaires sahraouies au quotidien contre ses positions et ses troupes tout au long du « mur de la honte », interviennent alors que l’on a relevé une intensification des bombardements et des attaques de missiles par l’armée sahraouie qui ont causé de graves dommages aux FAR.
     M. B.
    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Palestine, Israël, normalisation, Donald Trump,
  • Ce que le président Biden ne fera pas au Moyen-Orient


    Le 20 janvier, Joe Biden prendra ses fonctions de 46e président des États-Unis. Ce sera la fin de quatre ans d’une politique internationale adoptée par Donald Trump qui bouleverse effectivement les alliés, exaspère d’anciens amis et profite parfois aux opposants. Cependant, réparer de telles actions dans un pays aussi profondément divisé aura des coûts et des difficultés – surtout au niveau national.

    L’équipe politique internationale du futur président démocrate est déjà réunie, attendant la confirmation du Congrès. Voici un compte rendu de ce que Biden ne fera pas au Moyen-Orient et en Afrique du Nord:

    En commençant par le Maroc, en direction de l’est, jusqu’à atteindre l’Afghanistan, Biden fait face à l’imminence de plusieurs décisions importantes à prendre, dont aucune n’est simple.

    La décision soudaine de Trump de reconnaître la souveraineté marocaine sur la région contestée du Sahara occidental a scandalisé l’Algérie et son alliée, la République arabe sahraouie démocratique, qui revendique le territoire d’un futur État.

    Des décennies de médiation des Nations Unies sur le différend ont jusqu’à présent échoué. Cela signifie qu’aux yeux du droit international, il s’agit encore d’un territoire contesté. Par conséquent, la mesure des États-Unis ne change guère la situation dans la pratique et ne sert pas non plus leurs propres intérêts, sauf pour discréditer davantage le pays en tant que médiateur raisonnable. Biden n’inversera pas la mesure, mais il n’ira pas non plus sur cette voie. Le changement politique de Trump était conditionné à promouvoir la normalisation entre le Maroc et Israël. Rien à attendre ici.

    Le prochain point critique est la Libye, où le président américain sortant a laissé beaucoup à désirer, sans jouer un rôle significatif après que son prédécesseur ait effectivement contribué à détruire le pays, à partir de 2011. Trump a adressé des messages contradictoires aux antagonistes locaux. Lorsque le général libyen Khalifa Haftar a commencé sa guerre en avril 2019 contre le gouvernement reconnu par l’ONU à Tripoli, Trump l’a appelé pour le remercier de ses efforts dans la guerre contre le «terrorisme». Ensuite, toute la conversation sur la Libye a été laissée à l’ambassadeur américain Richard Norland, résumée à des avertissements sur la présence russe croissante dans le pays, mais rien de plus.

    Ici aussi, attendez-vous uniquement à la rhétorique de Biden. Il est connu pour s’opposer, en principe, à l’intervention militaire de son ancien chef Barack Obama en 2011. Selon les informations, lorsqu’il s’est simplement interrogé sur ce qui allait arriver à la Libye, une fois le régime de Mouammar Kadhafi renversé, personne n’a répondu. Cependant, même aujourd’hui, avec la Libye en ruine, Biden n’a pas de réponse à sa question.

    À côté se trouve l’Égypte, alliée stratégique des États-Unis pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Le président Donald Trump a un jour décrit son homologue égyptien, le général Abdel Fattah el-Sissi, comme son «dictateur préféré» et n’a jamais levé le doigt contre les informations faisant état de graves violations des droits humains. Biden augmentera le ton, mais rien de plus. Il peut, en guise de punition pour les abus humanitaires, suivre la voie d’Obama en retenant une petite partie des ressources américaines envoyées en Égypte chaque année, estimées à 1,5 milliard de dollars. Cependant, la mesure n’obligera pas le Caire à modifier sa politique intérieure et ne représentera pas non plus la politique préférée des États-Unis.

    Ensuite, nous avons Israël, où Trump a fait de grands sauts en faveur de l’occupation, au détriment du peuple palestinien. Le président républicain a fait chanter plusieurs pays arabes – y compris le Soudan éloigné – pour normaliser les relations avec Israël, a reconnu Jérusalem comme la capitale de l’État sioniste et a transféré l’ambassade des États-Unis dans la ville. Biden ne renversera aucune de ces décisions, mais il peut donner des signaux positifs à l’Autorité palestinienne en rouvrant le bureau de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Washington et en reprenant l’envoi de ressources humanitaires aux organisations affiliées aux Nations Unies, qui fournissent une assistance essentielle. Réfugiés palestiniens. Cependant, aucune des actions éventuelles ne pourra effectivement profiter à la majorité des Palestiniens, qui souffrent de la brutale occupation israélienne.

    En Syrie, les États-Unis n’ont guère les outils pour changer la situation sur le terrain, sauf pour un nouveau revers. On s’attend à ce que de plus petits contingents de troupes américaines restent dans le nord-ouest du pays, où Daech (État islamique) tente supposément de se relever. La reconnaissance par Trump de la souveraineté israélienne sur les territoires occupés du plateau du Golan ne sera pas non plus révoquée.

    Le président Biden ne prendra pas de mesures drastiques en termes militaires pour, par exemple, combattre à nouveau l’urgence de Daech; si vous le faites, il sera trop tard. Néanmoins, il cherchera à renforcer le partenariat régional avec d’autres pays, comme la Turquie et la Russie, qui sont des acteurs majeurs de la question syrienne. Faire pression sur le régime de Bachar al-Assad avec de nouvelles sanctions sera toujours le plan d’action préféré et le moins controversé, même si l’expropriation du pétrole syrien doit se poursuivre.

    En Arabie saoudite, allié historique fort des États-Unis, Biden devrait rester rhétorique, à l’exception d’une éventuelle réprimande, si le prince héritier autoritaire, Mohammed Bin Salman, commettait une autre atrocité – similaire à l’assassinat du journaliste basé à Washington Jamal Khashoggi dans Octobre 2018. Malgré la promesse de Biden que les Etats-Unis « n’abandonneront plus jamais leurs principes, d’acheter du pétrole et de vendre des armes », c’est exactement ce que son gouvernement devrait faire. Biden dépend des Saoudiens corrompus pour faire pression sur l’Iran.Les dirigeants de la monarchie islamique réfléchissent à une normalisation avec Israël et le futur président démocrate ne pourra pas se permettre d’ignorer ses craintes concernant la politique de Téhéran.

    L’Irak est une question cruciale dans la politique internationale. La réduction de la présence américaine dans le pays doit se poursuivre à un rythme lent, incapable de réduire la pression politique et populaire, face aux appels répétés au retrait complet des troupes étrangères sur le sol irakien. L’Iran continuera de rendre la vie difficile aux États-Unis en Irak et utilisera probablement la situation comme un avantage pour renégocier l’accord nucléaire avec Biden – la promesse électorale du candidat démocrate.

    En plus des eaux du Levant et du Golfe, il y a l’Iran lui-même. Biden a promis de reprendre l’accord nucléaire annulé unilatéralement par Trump. Cependant, ce sera une décision controversée face à deux des plus grands alliés de l’Amérique, l’Arabie saoudite et Israël, qui répudient avec véhémence la mesure. Les sanctions contre l’Iran ne seront pas levées immédiatement, du moins sans concessions du régime de Téhéran. N’en attendez pas trop, du moins avant 2022.

    Dans le Moyen-Orient élargi, en incluant l’Afghanistan, nous pouvons supposer que Biden maintient la politique dite de «l’Amérique d’abord» en retirant plus de troupes encore présentes dans le pays. L’idée ici est de recentrer la stratégie militaire des États-Unis en réduisant son champ d’action pour combattre Al-Qaïda et Daech dans la région. Cependant, le contact avec les talibans, autre héritage de Trump, ne doit pas être interrompu, sauf à des intervalles plus longs et peu substantiels. Tout au long du gouvernement Biden, le groupe maintiendra son cap actuel, prenant le contrôle de l’Afghanistan petit à petit.

    Source : MEMO, 14 jan 2021

    Tags : Joe Biden, Donald Trump, Proche Orient, Palestine, Sahara Occidental, Iran, Israël, Arabie Saoudite, Libye, Syrie,

  • Le temps des complots

    par Arezki Metref

    Quand Donald Trump se dégonfle, ça fait un sacré appel d’air ! C’est à cette sorte de tirage qui facilite la combustion que nous avons assisté comme à un spectacle plutôt surprenant : le dégonflement d’une baudruche !

    Depuis son accession pour le moins tonitruante au pouvoir en 2017, il n’a jamais cessé de brasser de l’air. Ses rodomontades dignes d’un satrape de conte cruel, son incorrection ostentatoire, son absence totale de surmoi, ses outrages répétés à la diplomatie et même, dans certains cas, à la simple politesse, ont installé, dans la première puissance mondiale, un processus de dégénérescence qui a tôt fait de contribuer à polluer le climat international qui, il faut le dire, était déjà pas mal entamé.

    Entre autres turpitudes qui resteront comme des stigmates du milliardaire incontrôlable : le déménagement de l’ambassade US de Tel-Aviv à Jérusalem cautionnant de ce fait l’atteinte aux résolutions de l’ONU qui ne reconnaît pas cette ville comme la capitale d’Israël, le troc avec le Maroc de la reconnaissance d’Israël contre la « marocanité » du Sahara Occidental et d’autres joyeusetés du même acabit.

    La dernière séquence de la mise en scène, à laquelle a participé Trump, de la forme la plus primitive de la politique, c’est-à-dire l’usage trash de la force, la diabolisation continue de l’adversaire, la division, lui a été fatale. On savait qu’il était capable de tout, mais le dernier round est une surprise pour les plus blasés. C’est « une tentative rapide de coup d’État. En un mot, c’était fasciste », déclare le Parti communiste des États-Unis.

    L’assaut donné par les partisans du Président milliardaire populiste contre le Capitole, le cœur nucléaire de la démocratie américaine, considéré comme un lieu sacré, le jour même où les grands électeurs devaient confirmer la victoire de Joe Biden, le candidat démocrate rival honni, est un acte inédit.

    Donald Trump, en chef de guerre, lance contre le Capitole ses troupes déterminées à en découdre enfin, c’est l’excès de trop. À partir de là, tout commence à s’effondrer pour l’intrus de la Maison-Blanche. Ses proches le lâchent. A quelques jours de la passation de pouvoir entre lui et son successeur, ses ministres démissionnent en cascade, signe de leur condamnation de son attitude. Son compte Twitter, grâce auquel il sévissait à toute heure du jour et de la nuit, lui est retiré, et définitivement. Mais, et c’est le pire, Nancy Pelosi, responsable des démocrates au Congrès, a entrepris de s’entretenir avec les chefs de l’armée américaine pour s’assurer que Donald Trump – un « Président déséquilibré » et « instable », dit-elle – ne lance, en guise de feu d’artifice avant sa sortie, des hostilités militaires ou n’accède aux codes de lancement et ordonne une frappe nucléaire. C’est le style !

    Au-delà de l’anecdote plus ou moins historique, pour spectaculaire que soit le chaos découlant des violences du Capitole, il y a sûrement une ou deux moralités à tirer de ce qui vient de se passer du fait du refus de Trump de reconnaître sa défaite et du complotisme qui lui sert de culture politique. Ces moralités ne sont pas définitives, cela va de soi.

    Tout est là, dans le spectre du complot. Trump a instillé cette idée qu’il est victime d’un complot et les États-Unis, auxquels il s’identifie, naturellement, n’échappent pas aux visées des conspirationnistes. Complot de qui ? De tout ce qui n’est pas lui !

    Galvanisés par les propos euphorisants de Donald Trump, ses nervis montent à l’assaut du Capitole. Violences. Morts ! Le flagrant résultat chaotique le contraint à dénoncer ses propres ouailles devenues soudain des extrémistes, et cette volte-face ultrarapide, qui n’a pris que quelques heures, a instantanément lézardé la mouvance d’extrême droite, suprématiste blanche, exhalant des miasmes néo-nazis, sur laquelle il s’est toujours appuyé.

    On pourrait presque soupçonner, en empruntant un peu de complotisme à Trump et ses fans, que des forces centrifuges ont trouvé le moyen de le pousser à la faute. Si tel est le cas, ça a réussi !

    Le casus belli constaté, il est confirmé que l’extrême droite sur laquelle il s’appuie n’a aucun respect de la démocratie. Elle a eu le vent en poupe avec lui. Elle subit un désastre avec cette histoire en apparaissant pour ce qu’elle est, une minorité d’enragés qui met les règles de la démocratie à la sauce de ses intérêts.

    Le passage de Trump au pouvoir a coïncidé et donné un coup de fouet à la montée de l’extrême droite dans beaucoup de pays du monde. Outre de nombreux pays d’Europe où il a ses supporters, le Président brésilien Jair Bolsonaro a continué jusqu’au bout à soutenir Trump en déclarant que la crise entraînée par l’attaque du Capitole est causée « par le manque de confiance » des Américains à l’égard des élections en relayant les accusations de fraude de Trump.

    L’autre moralité est moins subsidiaire. Les décisions contraires au droit international qu’a osé prendre Trump – (Ambassade des USA à Jérusalem, troc américano-israélo-marocain, etc.) — et qu’aucun président américain n’aurait sans doute pu prendre, ne sont pas antinomiques avec une vision géostratégique. Joe Biden, visiblement plus conscient du devoir de respecter les formes, ne les aurait sans doute pas prises avec cette désinvolture. Mais il a le pouvoir de revenir dessus. On peut gager qu’il n’en fera rien !
    A. M.

    Le Jour d’Algérie, 10 jan 2021

    Tags : Etats-Unis, USA, Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Israël, Donald Trump, Palestine, Jérusalem,

  • Maroc : M6 joue la survie de sa monarchie (Ali Lmrabet)

    LE JOURNALISTE ET ANCIEN DIPLOMATE MAROCAIN, ALI LMRABET, DÉCORTIQUE : M6 joue la survie de sa monarchie

    Le journaliste marocain Ali Lmrabet, a déclaré que derrière la persistance de l’occupation du Sahara occidental par le Maroc se cachait la volonté de garantir la survie de la monarchie. « ( ) Si un jour, pour une raison ou une autre, la survie de la monarchie devait dépendre de l’abandon du Sahara occidental, le roi du Maroc n’hésiterait pas une seule seconde à s’en débarrasser, en utilisant probablement des arguments fabriqués similaires à ceux utilisés aujourd’hui dans la question sahraouie », a écrit M. Lmrabet dans une analyse publiée mardi sur le site PoliticsToday.org. « Compte tenu de la mainmise du roi sur l’appareil répressif de l’État, les Marocains ne s’opposeront pas. Ils abandonneront le Sahara occidental, comme ils le font aujourd’hui pour la Palestine », a-t-il enchaîné. En fin de compte, soutient-il, « les causes sacrées au Maroc ne sont ni la Palestine ni le Sahara occidental. La première cause sacrée est la survie de la dynastie alaouite. En abandonnant la Palestine, le roi du Maroc consolide la présence marocaine au Sahara occidental ». Jusqu’au jour où le président américain sortant Donald Trump a annoncé sa décision de reconnaître la supposée souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en échange du rétablissement des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, les deux questions sahraouie/palestinienne) n’ont jamais été discutées ensemble, a-t-il fait remarquer. Pour Ali Lmrabet, » il était impensable que l’une puisse être troquée contre l’autre. Cependant, c’est précisément ce qui vient de se passer. En acceptant de se réengager avec l’entité sioniste, le roi du Maroc Mohamed VI a rompu ce consensus sur la Palestine ». Résultat: « les Marocains sont mortifiés par sa décision de rétablir les relations diplomatiques avec Israël, qui est considéré comme un État colonial », souligne l’auteur, notant que les Marocains ont toujours porté dans leurs cœurs la cause palestinienne, et que tous les partis politiques marocains se sont continuellement déclarés pro-palestiniens.
    L’illusion d’une « marocanité » sur un territoire occupé
    S’agissant du conflit au Sahara occidental, seul Annahj Addimocrati, est neutre et appelle à la tenue d’un référendum sur l’autodétermination au Sahara occidental, rappelle l’auteur. La position de cette formation est rare dans un pays où le concept de « consensus national » a été imposé, selon lequel tous les Marocains sont obligatoirement en faveur de la soi-disant « marocanité du Sahara », et ceux qui appellent à la tenue d’un référendum, bien qu’acceptée par Hassan II, sont considérés comme des « traîtres », explique Lmrabet. Dans un pays comme le Maroc, qui a une monarchie prétendument constitutionnelle, les élus à la Chambre des représentants (la chambre basse), n’ont pas exprimé leurs voix, du moins symboliquement.
    La Fédération de la gauche démocratique (FGD), avec deux députés à la Chambre des représentants ont protesté, mais doucement, ainsi que deux autres mouvements sans représentation parlementaire, considérés comme les véritables partis d’opposition au Maroc: Enahj Adimocrati, et l’association Al Adl Wal Ihsane. Quant au Parti pour la justice et le développement (PJD), le bloc le plus fort de la Chambre des représentants avec 125 députés sur 395, sa crédibilité a été mise à rude épreuve au sein des masses marocaines conservatrices. Lorsqu’il n’était pas encore chef du gouvernement, Saâddine El Othmani a écrit un article intitulé « La normalisation est un génocide civilisationnel ».
    Pas plus tard que le mois d’août dernier, El Othmani avait claironné que « le Maroc, le roi, le gouvernement et le peuple, sont résolument hostiles à toute normalisation avec l’entité sioniste ». Le fait qu’El Othmani ait été contraint par le Palais royal de signer, devant les caméras de télévision le mardi 22 décembre 2020, les accords tripartites avec Jared Kushner et un haut représentant de « l’entité sioniste », a été ressenti par lui et sa base électorale comme « une forte gifle ». L’humiliation publique infligée à El Othmani était cependant « le prix à payer pour accepter le maigre pouvoir accordé par le Palais royal », explique le journaliste. Ce qui est encore « plus dramatique », dit-il, « c’est que les ministres du PJD ne peuvent même pas démissionner pour échapper à « l’opprobre générale ».
    Au Maroc, les ministres, et encore moins le Premier ministre, ne démissionnent pas. Ils sont licenciés ou démissionnent à la demande du roi. » La monarchie marocaine est une véritable autocratie. Le roi du Maroc règne, gouverne, il est le chef suprême et le chef d’état-major des Forces armées royales (FAR) et a la plus grande fortune du pays », a-t-il mentionné. Si l’on ajoute à ces pouvoirs, à la fois temporels et religieux, le fait que le roi contrôle directement plusieurs « ministères de souveraineté », il est aisé de comprendre pourquoi les Marocains et leurs représentants au parlement et au gouvernement ont peu de chances de faire grand-chose pour renverser la décision royale de normalisation avec Israël, relève Ali Lmrabet.
    M. Bendib
    #SaharaOccidental #Polisario #Maroc #WesternSahara #Marruecos #Morocco #Palestine #DonaldTrump #Normalisation
  • Derrière la persistance du conflit du Sahara occidental, la survie de la Monarchie

    L’ancien diplomate marocain, Ali Lmrabet, a déclaré que derrière la persistance de l’occupation du Sahara occidental par le Maroc se cachait la volonté de garantir la survie de la monarchie.

    « ( ) Si un jour, pour une raison ou une autre, la survie de la monarchie devait dépendre de l’abandon du Sahara occidental, le roi du Maroc n’hésiterait pas une seule seconde à s’en débarrasser, en utilisant probablement des arguments fabriqués similaires à ceux utilisés aujourd’hui (dans la question sahraouie », a écrit M. Lmrabet dans une analyse publiée mardi sur le site PoliticsToday.org.
    « Compte tenu de la mainmise du roi sur l’appareil répressif de l’Etat, les Marocains ne s’opposeront pas. Ils abandonneront le Sahara occidental, comme ils le font aujourd’hui pour la Palestine », a-t-il enchaîné.
    En fin de compte, soutient-il, « les causes sacrées au Maroc ne sont ni la Palestine ni le Sahara occidental. La première cause sacrée est la survie de la dynastie alaouite. En abandonnant la Palestine, le roi du Maroc consolide la présence marocaine au Sahara occidental ».
    Jusqu’au jour où le président américain sortant Donald Trump a annoncé sa décision de reconnaître la supposée souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en échange du rétablissement des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, les deux questions (sahraouie/palestinienne) n’ont jamais été discutées ensemble, a-t-il fait remarquer.
    Pour Ali Lmrabet, » il était impensable que l’une puisse être troquée contre l’autre. Cependant, c’est précisément ce qui vient de se passer. En acceptant de se réengager avec (l’entité sioniste), le roi du Maroc Mohamed VI a rompu ce consensus sur la Palestine ».
    Résultat: « les Marocains sont mortifiés par sa décision de rétablir les relations diplomatiques avec Israël, qui est considéré comme un Etat colonial », souligne l’auteur, notant que les Marocains ont toujours porté dans leurs cœurs la cause palestinienne, et que tous les partis politiques marocains se sont continuellement déclarés pro-palestiniens.
    S’agissant du conflit au Sahara Occidental, seul Annahj Addimocrati, est neutre et appelle à la tenue d’un référendum sur l’autodétermination au Sahara occidental, rappelle l’auteur.
    La position de cette formation est rare dans un pays où le concept de « consensus national » a été imposé, selon lequel tous les Marocains sont obligatoirement en faveur de la soi-disant « marocanité du Sahara », et ceux qui appellent à la tenue d’un référendum, bien qu’acceptée par Hassan II, sont considérés comme des « traîtres », explique Lmrabet, également journaliste.
    Un affront au PJD
    Dans un pays comme le Maroc, qui a une monarchie prétendument constitutionnelle, les élus à la Chambre des représentants (la chambre basse), n’ont pas exprimé leur voix, du moins symboliquement.
    La Fédération de la gauche démocratique (FGD), avec deux députés à la Chambre des représentants ont protesté, mais doucement, ainsi que deux autres mouvements sans représentation parlementaire, considérés comme les véritables partis d’opposition au Maroc: Enahj Adimocrati, et l’association Al Adl Wal Ihsane.
    Quant au Parti pour la justice et le développement (PJD), le bloc le plus fort de la Chambre des représentants avec 125 députés sur 395, sa crédibilité a été mise à rude épreuve au sein des masses marocaines conservatrices.
    Lorsqu’il n’était pas encore chef du gouvernement, Saaddine El Othmani a écrit un article intitulé « La normalisation est un génocide civilisationnel ».
    Pas plus tard que le mois d’août dernier, El Othmani avait claironné que « le Maroc, le roi, le gouvernement et le peuple, sont résolument hostiles à toute normalisation avec l’entité sioniste ».
    Le fait qu’El Othmani ait été contraint par le Palais Royal de signer, devant les caméras de télévision le mardi 22 décembre 2020, les accords tripartites avec Jared Kushner et un haut représentant de « l’entité sioniste », a été ressenti par lui et sa base électorale comme « une forte gifle ».
    L’humiliation publique infligée à El Othmani était cependant « le prix à payer pour accepter le maigre pouvoir accordé par le Palais Royal », explique le journaliste.
    Ce qui est encore « plus dramatique », dit-il, « c’est que les ministres du PJD ne peuvent même pas démissionner pour échapper à « l’opprobre général ».
    Au Maroc, les ministres, et encore moins le Premier ministre, ne démissionnent pas. Ils sont licenciés ou démissionnent à la demande du roi.
    » La monarchie marocaine est une véritable autocratie. Le roi du Maroc règne, gouverne, il est le chef suprême et le chef d’état-major des Forces armées royales (FAR) et a la plus grande fortune du pays », a-t-il mentionné.
    Si l’on ajoute à ces pouvoirs, à la fois temporels et religieux, le fait que le roi contrôle directement plusieurs « ministères de souveraineté », il est aisé de comprendre pourquoi les Marocains et leurs représentants au parlement et au gouvernement ont peu de chances de faire grand-chose pour renverser la décision royale de normalisation avec Israël, relève Ali Lmrabet.
    La Nation Arabe, 8 jan 2021
    #SaharaOccidental #Polisario #Maroc #WesternSahara #Marruecos #Morocco #Palestine
  • Les accords d’Abraham ont sapé la paix indispensable avec les Palestiniens


    Par Ghassan Michel Rubeiz

    Depuis de nombreuses décennies, je préconise la paix entre Israël et les Palestiniens. ( Justice et Intifada: les Palestiniens et les Israéliens parlent de la paix, Friendship Press, 1991; Unified in Hope: les Arabes et les Juifs parlent de la paix , publications du COE, 1987). Malheureusement, j’ai vu le «processus de paix» être exploité, maintes et maintes fois, avec des tactiques évolutives pour adoucir les attitudes envers l’injustice.

    Il est difficile d’imaginer que quelque chose de bon puisse sortir d’un projet politique dirigé par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, gardien du statu quo, le président américain le plus unilatéraliste Donald Trump et certains dirigeants imprudents du Golfe arabe. Pourtant, le dernier produit de «paix» au Moyen-Orient récemment sorti de Tel-Aviv, de Washington et du Golfe a reçu une réaction plutôt favorable dans les médias occidentaux.

    Je parle des soi-disant accords d’Abraham, une récente vague d’accords de «normalisation» entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Ces accords ont été intelligemment conçus pour influencer l’opinion publique. Ils sont présentés comme des initiatives de paix, de réconciliation (entre les communautés religieuses) et de mesures de défense justifiables contre un adversaire «belligérant» commun, à savoir l’Iran.

    Tout en critiquant surtout le président Trump, les médias occidentaux ont été indulgents envers le président américain en ce qui concerne sa politique sur Israël. Et pour les accords d’Abraham, les commentateurs américains ont donné un soutien inhabituel; le message de «paix» a été efficace. Pour illustrer, dans le numéro du 1er janvier du Washington Post, Marc A. Thiessen met en évidence les 10 meilleures choses que Trump a faites en 2020. Le chroniqueur affirme que Trump a «transformé le Moyen-Orient» avec les accords d’Abraham: le président américain a «négocié» quatre Les accords de paix israéliens. Une telle réalisation «digne d’un prix Nobel» a démontré qu’il pouvait y avoir «une paix séparée sans les Palestiniens». Le parti pris de Thiessen devient clair quand on regarde le reste ses 10 «meilleures choses»; la réalisation la plus étonnante répertoriée est «l’amélioration de la vie d’une majorité d’Américains ».Comme le reste des analystes qui trouvent des signes d ‘«espoir» dans ces accords, Thiessen n’explique pas comment Israël fait progresser la paix dans la région. En ignorant le fait qui donne à réfléchir que la population palestinienne sous la sphère de contrôle d’Israël – c’est-à-dire ceux qui vivent entre le Jourdain et la mer Méditerranée – a déjà dépassé la population juive israélienne? L’apartheid doit-il être ignoré à jamais? Comment parvenir à la paix en élargissant constamment les colonies, en élargissant les annexions, en promulguant deux poids deux mesures et en violant les accords internationaux établis sur la guerre et la gouvernance? Cliquez ici .

    On se demande comment Abraham-ic (œcuménique) sont ces accords. Le nom biblique Abraham est généralement utilisé pour mettre en évidence les points communs entre les trois religions monothéistes enracinées au Moyen-Orient: le judaïsme, le christianisme et l’islam. Les accords qui lient Israël fort à quatre pays arabes sunnites peu sûrs, censés affronter la République islamique (chiite) d’Iran, ne sont pas en harmonie avec l’esprit du patriarche de l’Ancien Testament. Abraham des temps modernes parle d’œcuménisme, pas d’accords politiques.
     
    Et dans quelle mesure ces actes de normalisation sont-ils «normaux»? Les accords d’Abraham ne constituent pas un véritable mouvement de réconciliation entre Arabes et Juifs, comme ses auteurs le prétendent. Il n’y a absolument aucun remède contre les tensions régionales, ce que font ces accords. Depuis que ces accords ont émergé, les observateurs internationaux ont regardé si Trump et / ou Netanyahu lanceraient une attaque aérienne sur les sites nucléaires iraniens. Washington et Tel Aviv poussent de plus en plus Téhéran à riposter, peut-être pour préparer le terrain à une contre-attaque collective contre la République islamique. Regardez les nouvelles quotidiennes au cours des prochaines semaines alors que Trump et Netanyahu cherchent des moyens de maintenir la légitimité, le pouvoir et l’influence.  Cliquez ici .

    Chacun des cinq États impliqués dans les accords d’Abraham a ses propres raisons de normalisation. Israël parvient à détourner l’attention du monde de son occupation en concluant des «accords» de paix avec des «Arabes modérés», c’est-à-dire des sunnites non palestiniens. Bahreïn cherche à s’abriter de l’Iran et de la montée des troubles intérieurs; à Manama, la royauté sunnite règne sur une population majoritairement chiite. Le Maroc se normalise avec Israël, en partie, afin de recevoir la reconnaissance par le président Trump de sa prétendue souveraineté sur le territoire du Sahara occidental. Washington récompense le Soudan pour sa normalisation en le retirant de la liste des États terroristes. Et Washington récompense la conformité des Émirats arabes unis en vendant à Abu Dhabi des armes lourdes et meurtrières que les émirats fragiles ont utilisé imprudemment dans la guerre désastreuse au Yémen. Cliquez ici .

    En résumé, les accords de normalisation entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc sont en fait des actes de normalisation de l’injustice.

    Le printemps arabe sert de toile de fond aux accords d’Abraham. Les accords ressemblent à des mesures désespérées de la part de régimes arabes du Golfe très peu sûrs qui cherchent la protection d’un État colonial puissant. Et Israël, ironiquement l’agence de l’abri et du confort, légitime son occupation tout en se mobilisant avec les nations arabes sunnites contre l’Iran chiite.

    Marc A. Thiessen rêve-t-il d’un prix Nobel pour les accords d’Abraham?

    The Arab Daily News, 3 jan 2021

    Tags : Proche Orient, Palestine, Israël, normalisation, Maroc, Soudan, Emirats Arabes Unis, EAU, UAE, Sahara Occidental, Iran, sunnistes, chiites,