Étiquette : Palestine

  • Maroc : L’accord de normalisation signé par le Maroc et les Emirats avec Israël risque d’être annulé, selon le New York Times

    L’accord de normalisation des relations signé par le Maroc et les Emirats arabes unis avec Israël pourrait être abandonné en raison de la nature des contreparties proposées par le président américain sortant Donald Trump, estime le New York Times. 

    « Les contreparties miroitées par l’administration Trump» pour convaincre le Maroc et les Emirats arabes unis «pourraient être, soit rejetées par le Congrès soit abandonnées par l’Administration Biden», explique le journal dans sa livraison du mardi, qui rappelle que Trump avait promis au Maroc la reconnaissance de la prétendue souveraineté sur le Sahara occidental en contrepartie de la normalisation avec Israël au moment où il a promis des chasseurs furtifs F-35 aux Emirats. «Le Sénat a accepté difficilement, la semaine dernière, la vente, aux Emirats arabes unis, de chasseurs furtifs, de drones et autres armes de précision exprimant son inquiétude au sujet de la prolifération des armes dans la région du Golfe. Une décision qui pourrait être annulée si les Démocrates venaient à prendre le contrôle de cette institution (le Sénat)», indique le journal. Il ajoute, à ce propos, que «l’Administration Biden examinera cette décision pour s’assurer que la vente (d’équipements) pour 23 milliards de dollars, aux Emirats arabes unis, ne représentait pas une menace sur l’avantage militaire d’Israël dans la région». Selon le journal américain, la reconnaissance, par Trump, de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental pourrait elle aussi être annulée par le nouveau président qui prendra les commandes du pays à partir du 20 janvier prochain. La raison, explique le New York Times, en est que cette décision va à l’encontre du droit international. «La diplomatie est entièrement basée sur les transactions, mais ces transactions (dont ont bénéficié le Maroc et les Emirats) mettent ensemble des choses qui ne devraient pas être mises ensemble», a déclaré au New York Times, Robert Malley, président de l’ONG, International Crisis Group, un proche d’Anotony Blinken, secrétaire d’Etat à la future administration Biden. Robert Malley a dit s’attendre à ce que l’administration Biden «abandonne, dilue les parties de l’accord de normalisation (avec Israël) qui vont à contresens avec les normes internationales, à l’image de la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ou qui sont contraire à la politique américaine comme la vente de F-35 aux Emirats». 
    Le Bundestag allemand tiendra en janvier une session sur le Sahara occidental 
    Le Parlement fédéral allemand (Bundestag) a annoncé la tenue d’une session pour discuter de la question du Sahara occidental le 21 janvier 2021 et voter sur une proposition, présentée au Parlement par le groupe des Verts. Selon un communiqué publié par le Bundestag, cette proposition, enregistrée sous le numéro (8984 /19), qui est accompagnée d’une autre présentée par le parti de gauche (Die Linke), «a pour objectif d’éviter l’escalade militaire et l’aggravation de la situation à El-Guerguarat au Sahara occidental, ainsi que la réactivation du rôle du médiateur des Nations unies dans le conflit», a rapporté mardi l’agence de presse sahraouie SPS.Le même parti avait déjà présenté une proposition en 2019 appelant le gouvernement fédéral à «maintenir un plus grand engagement à promouvoir une solution au conflit au Sahara occidental à travers l’organisation d’un référendum libre et démocratique parrainé par les Nations Unies et à éviter de signer des accords commerciaux avec le Maroc qui incluent le territoire du Sahara occidental parce qu’ils violent le droit international». La proposition des Verts appelle également le gouvernement fédéral «à la nécessité de garantir que les futurs accords avec le Maroc n’incluent pas les territoires ou les eaux territoriales du Sahara occidental, jusqu’à la tenue du référendum d’autodétermination», et hâte les autorités allemande à «renégocier les accords commerciaux existants avec le Maroc et faire pression pour que la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso) soit dotée d’un mandat pour surveiller la situation des droits de l’Homme». Il s’agit de la première session du genre tenue par le Bundestag sur le Sahara occidental et fait suite à plusieurs mises en garde de parlementaires et d’hommes politiques allemands sur la situation actuelle, notamment après l’escalade militaire que connaît le territoire depuis le 13 novembre 2020, après la violation marocaine du cessez-le-feu. 
    Manifestation de femmes sahraouies à Laâyoune réprimée violement par les forces d’occupation marocaines 
    Les forces de l’occupation marocaine ont réprimé violemment une manifestation mercredi de militantes sahraouies à Smara dans la ville occupée de Laâyoune pour réclamer la liberté et l’indépendance. Les militantes sahraouies, qui ont participé à la manifestation, ont hissé les drapeaux sahraouis et distribué des centaines de brochures scandant des slogans pour la liberté et l’indépendance, a rapporté l’agence de presse sahraouie (SPS). La manifestation a été violemment réprimée par les forces d’occupation marocaines représentées par la police marocaine en civil et en tenue officielle. Les militantes qui ont participé à la manifestation ont été frappées par des coups de mitraillette et ont subi des insultes, selon la même source. Cette manifestation est intervenue à la lumière de la reprise des affrontements entre les deux parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario, après que les forces militaires marocaines ont rompu le cessez-le-feu le 13 novembre dernier en agressant des manifestants sahraouis civils dans la zone tampon d’El-Guerguerat, au sud-ouest du Sahara occidental. Elle est survenue également au lendemain de l’officialisation de la normalisation des relations entre le régime marocain et l’entité sioniste après l’atterrissage, mardi à Rabat, du premier vol commercial en provenance d’Israël aux termes d’un accord violant le droit international et les décisions de l’ONU concernant les causes palestinienne et sahraouie.
    L’Echo d’Algérie, 26 déc 2020
    #SaharaOccidental #Polisario #Maroc #WesternSahara
    #Palestine #Israël #Normalisation
  • Maroc : M6 cherche réconfort dans les propos de l’ambassadeur US à Rabat

    FACE À UNE OPINION MAROCAINE HOSTILE AUX RELATIONS MAROC-ISRAËL : M6 cherche réconfort dans les propos de l’ambassadeur US

    L’ambassadeur américain au Maroc, David T. Fischer, a exprimé son espoir de voir l’officialisation des relations entre Rabat et Tel-Aviv contribuer à « mettre fin au conflit israélo-palestinien », dira, ce jeudi, cet ex-homme d’affaires de vocation, faut-il le souligner.
    Ce qui est en opposition, la communauté internationale et l’opinion mondiale incombent la responsabilité de l’échec de voir le peuple palestinien édifier son État Indépendant face au refus des autorités israéliennes. Alors que le président américain sortant, Donald Trump, a été le maître du jeu, non sans le rôle central, des responsables de l’entité sioniste de souffler et de tenter d’enterrer l’idée de voir le peuple palestinien se libérer du joug colonial israélien, à travers son plan « le deal du siècle », l’ambassadeur américain, David T. Fischer, use d’un langage diplomatique pour berner l’opinion marocaine. Déclarant qu’à travers l’officialisation des relations entre le royaume marocain et Israël, il espère que cela permettra de voir « la solution à deux États (Israël et la Palestine : NDLR) », le locataire de l’ambassade US au Maroc n’écarte pas la possibilité de voir « une autre solution » se profiler, sans aller jusqu’à révéler ses contours. 
    Ignorant que des années, depuis la normalisation des relations avec l’Égypte, durant la présidence d’Anouar El-Sadet, puis la Jordanie, durant le règne de Hussein, père du Roi Abdellah, miroitant les perspectives de voir le conflit israélo-palestinien se régler et les problèmes économiques de l’Égypte et de la Jordanie s’améliorer, le même discours américain et israélien refait surface, des décennies après, pour tenter en vain de leurrer l’opinion marocaine, qui voit dans l’officialisation des relations Maroc-Israël, « une trahison du peuple palestinien, de la cause palestinienne et l’abondon d’El-Qods ». Ne perdant pas de vue les conséquences du refus du peuple égyptien, des Accord de Camp David, depuis leur conclusion, entre l’ex-président égyptien, Sadat et Israël à ce jour, ainsi que les jordaniens, suite aux accords de Oued Araba, en plus de la persistance des palestiniens à mener leur combat libérateur, même après les Accods d’Oslo, favorable à l’occupant israélien, l’ambassadeur américain, David T. Fischer mise sur le rôle du Palais royal et son Makhzen, pour faire éloigner l’impact du refus des marocains d’avoir des relations avec l’entité sioniste, sur le plan israélo-américain, via Rabat, visant l’Afrique en général, et particulièrement sa partie Nord-africaine, en raison, de sa position géostratégique, sur fond de ses ressources naturelles et des voies d’approvisionnement et d’acheminement des sources énergétiques, pour ne citer qu’eux.
    Un homme d’affaires pour discourir des questions internationales encadrées par les textes et la Charte de l’ONU
    Pensant être plus convaincant que celui qui l’a nommé, à son poste, le président américain, Donald Trump, lequel a reçu une avalanche, y compris de son camp, de ses partenaires de Washington, sur les questions internationales et de surcroît de la communauté internationale et des pays membres de l’ONU. Le diplomate américain, qui est arrivé au Maroc, la veille du 21 janvier dernier, de sa prestation de serment, le 23 du même mois, au poste d’ambassadeur US au Royaume chérifien, a repris les propos de son président sortant, Donald Trump, pour rassurer, ne serait-ce un peu, le Palais royal, à leur tête le Roi, de la solidité de la posture américaine annoncée par celui qui prépare ses valises pour quitter le bureau ovale, avant le 20 janvier prochain. 
    Ficher reprend l’annonce de Trump, au monde, du 10 décembre dernier, dans une série de tweet, qu’il reconnait « la marocanité » du Sahara occidental, en violation du droit international, comme il avait, auparavant annoncé, décembre 2017, « El-Qods capitale d’Israël », en violation non seulement de la légalité internationale mais aussi de toute perspective de règlement du conflit israëlo-palestinien. Il est à rappeler, que dans la lettre de réaction , du Roi Mohamed VI, en 2017, à l’annonce de Trump, sur el-Qods, le document a été en premier temps, non sans hasard, publié par la chaîne de l’entité sioniste I24, avant même l’agence de presse officielle du Palais royal, la MAP. Homme d’affaires et dirigeant d’entreprise, David T. Ficher est connu pour être un donateur distingué, il est à se demander s’il a eu à débourser de l’argent, pour amener Rabat, à précipiter son pas vers l’officialisation de ses relations avec l’entité sioniste, en plus de l’annonce de Trump sur le Sahara occidental, en violation, faut-il le rappeler, de la légalité internationale. Il n’est pas à écarter que , l’homme d’affaires mise, par sa sortie médiatique, à propulser ses affaires, par les offres de l’occupant marocain, dans son exploitation illégale des richesses du Sahara occidental, au profit notamment de cet ex-Président et Directeur général de Suburban Collection Holdings, un conglomérat privé constitué de l’un des plus grands groupes américains de la concession automobile aux États Unis. 
    Pour cet ex-conseiller auprès de sociétés multinationales de fabrication d’automobile, nommé, janvier dernier, ambassadeur américain au Maroc, ne peut qu’ignorer que les annonces en question, par son pays et son président Trump, s’agissant d’el-Qods ou du Sahara occidental, n’impactent nullement la nature juridique de ces questions. Par contre elles ont eu le mérite de montrer le refus catégorique de la communauté internationale, dont les pays Membres du CS et l’opinion internationale de toute violation du Droit internationale et des textes de la Charte onusienne. À cela s’ajoute la détermination et la volonté, encore réaffirmées, des peuples palestinien et sahraoui, contre les pires systèmes politiques de nos jours, après l’esclavagisme, le colonialisme et l’apartheid.
    Karima Bennour
    #SaharaOccidental #Polisario #Maroc #WesternSahara #Palestine #Israël #Normalisation
  • La Palestine et le Sahara Occidental vendus par la servitude et le dollar

    Par Ali Akika – Après la politique de la canonnière de l’impérialisme, voici venue l’ère de celle du dollar et de la trahison. Avant d’habiller de honte cette trouvaille de ce monde qui panique devant les signes de son déclin, rappelons la nature de son système. Ce dernier se targuait d’avoir apporté à des «barbares» les bienfaits de la civilisation qui n’était en réalité qu’une entreprise de colonisation avec son cortège de misères et de massacres. Au passage, ces «barbares» ont légué à l’Humanité l’agriculture, l’écriture, la boussole et la poudre, sans parler des trésors intellectuels et artistiques qui font le bonheur des musées. Héritage qui a permis à l’Europe de flirter avec la Renaissance qui lui ouvrit les portes de la «modernité» et que les vrais penseurs appellent le capitalisme. Ce système domina le monde à l’aide de la politique de la canonnière jusqu’à l’aube du XXe siècle.

    Le réveil des peuples avec leurs révolutions et luttes de libération ouvrirent des brèches dans cette domination sans partage. Un autre monde émergea dans le sillage des révolutions en Russie (URSS), Chine, Vietnam, Algérie, Cuba. Et de nos jours avec ses défaites en Irak, Afghanistan, Syrie, Venezuela, l’impérialisme inventa la stratégie du dollar et de la trahison. Il faut dire que la gouvernance de ce monde-là est tombée dans les mains des hommes d’affaires qui idolâtrent le dieu dollar. Dès lors, il ne faut point s’étonner de voir cette politique appliquer en Palestine et au Sahara Occidental. Quand on réfléchit à cette nouvelle stratégie, on ne peut ne pas penser aux similitudes de la représentation du monde chez le trio Trump-Netanyahou-Mohammed VI.
    Ces similitudes se retrouvent dans le triptyque de leur idéologie : je veux, je prends, ça devient mien légalement. Et ce n’est pas un hasard si ces chefs d’Etat sont à la tête de pays où l’on a précisément chassé les habitants de leurs terres et pensent qu’une simple signature sur du papier biodégradable légitimerait et légaliserait le vol d’autrui. Comme le dernier arrivé dans le trio, M6 n’est pas assez armé pour concevoir une stratégie à lui, il ne s’embête pas et copie à la virgule près les expériences des pays de Trump et de Netanyahou. Ces derniers s’appuient sur la Bible pour écrire l’Histoire. Pour eux, ce texte religieux est un titre de propriété inaliénable parce que «divin».
    Mais comme ils savent que la Bible n’est pas le livre de chevet de toute l’humanité, ils sortent le carnet de chèques pour appâter ceux qui sont préparés à vendre leur âme sans honte, ni remords. Notre roi du Maroc a, enfin, trouvé en Trump et en Netanyahou des amis qui croient, comme lui, aux balivernes des contes de fée. Ses deux comparses croient en les divinités bibliques, lui leur préfère les liens d’allégeance de ses sujets et tribus. Allégeance veut dire rapport de soumission, de servitude, et c’est avec cette notion-là qu’il veut rivaliser avec la décision juridique de la Cour internationale de justice de La Haye.
    Hélas, pour lui, le droit international est né précisément sur les décombres de toutes les règles d’allégeance propres au féodalisme et autres «droits divins». Nos rois du Maroc, père et fils vendirent ce droit d’allégeance à tous ceux qui ont accepté d’être les idiots utiles à l’intérieur du pays et les puissances qui tiennent à pérenniser leurs intérêts au Maroc. Mais leurs rêves et ambitions virent se dresser sur leur chemin le peuple sahraoui. Il ne restait qu’à se barricader derrière un gigantesque et interminable mur de sable en attendant que ce peuple se fatigue. Comme c’est bizarre, nos rois du Maroc imitèrent Trump avec son mur à la frontière mexicaine et Netannyahou avec ses murs le long des frontières, entre les villes et villages et poussa la folie jusqu’à séparer le champ du paysan de la maison où il habite. Ainsi, pour leurs interminables murs, nos rois firent appel au savoir-faire de l’armée de Netanyahou et aux drones américains pour surveiller ces satanés et têtus Sahraouis du Polisario.
    En dépit des misérables trouvailles de cette politique de la prédation, invention d’une légitimité divine ou féodale, de l’appât pour esprit vénal, de l’enfermement derrière des murs de sable, l’opinion et le droit internationaux restèrent sourds à cette politique de la force s’appuyant sur les dénis de l’Histoire. Alors, ils sortirent leur dernière carte d’un chapeau usité dans les cirques : le pigeon de l’illusion. Ils pensèrent au prestige lié au statut d’une ambassade installée comme une signature indélébile d’une reconnaissance d’un pays. Comme si une ridicule plaque d’une ambassade allait effacer des millénaires d’histoire dans une ville comme Al-Qods ou bien une baraque ensablée dans l’immensité du désert saharien. Voilà ce qui s’est tramé dans la tête de ce trio en quête d’un succès diplomatique pour réaliser leurs ambitions dans leurs Etats. Voilà sur quoi repose le marchandage Sahara contre la reconnaissance d’Israël. Dans cette équation, ils ont oublié un peuple à qui revient un jour ou l’autre le dernier mot. Ici, les combattants sahraouis qui ont repris les armes.
    Ainsi, le grain de sable ou plutôt la grosse pierre dans le moteur de la trahison de M6, c’est le peuple sahraoui. Avec la pierre sahraouie, il faut aussi compter avec la géopolitique et la géostratégie de la région. M6 recevra, certes, des dollars mais il n’y aura aucune troupe militaire qui viendra mourir pour lui dans le sable chaud du désert. Ce ne seront pas les armées des féodaux qui font déjà appel pour leur propre protection à des puissances étrangères. Pas plus du reste, l’armée d’Israël ne viendra au secours du petit roi. Elle est occupée à occuper la terre de Palestine, à bétonner la frontière nord et le Golan face au Hizbollah. La défaite de la coalition internationale en Syrie et en Irak qui a favorisé l’entrée dans le Moyen-Orient de la Russie et de l’Iran a refroidi les va-t’en-guerre.
    Quant à la Libye, les puissances (France et Angleterre) à l’origine du désastre ont été proprement dégagées de ce pays au profit d’amis (Turquie et Russie) qui ne leur veulent pas du bien. On voit mal les troupes des féodaux du Golfe venir défier le Polisario, ni Israël qui s’épuise pour zéro bénéfice à bombarder des ennemis coriaces qui voient à l’œil nu les premières lignes de défense de son armée. Le roi M6 sera bien seul dans un mois quand Trump sera à la retraite. Il n’est pas sûr que les 3 milliards promis seront «versés» par son successeur. Il sera seul et, en face de lui, il y aura le peuple marocain qui, à la différence de ceux du Golfe «endormis» par les dollars du pétrole et servis par les travailleurs étrangers esclavagisés, se soulèvera.
    Avec le développement de la lutte armée du Polisario, les pressions économiques et diplomatiques et autres par le biais de la cyberguerre vont se manifester. Il ne faut pas exagérer l’importance du pion marocain au regard de la complexité et la géopolitique de la région. Les réactions diplomatiques ici et là montrent qu’il ne faut pas bouger une pièce du jeu de domino pour éviter une 2e Libye aux portes de l’Europe. Il n’y a que la vérité du champ de bataille qui vaille. Le Polisario est entré dans la seconde étape de sa lutte de libération. Rappelons la leçon de la première étape. Le roi Hassan II a fanfaronné en occupant tout le Sahara Occidental puis l’a partagé avec la Mauritanie. La lutte du peuple sahraoui a fait voler en éclats ce petit scénario et la Maurétanie a tourné le dos à ce marchandage. La lutte a continué.
    Hassan II a voulu couper les liens du Polisario avec l’Algérie pour gagner la guerre. Il commit une faute en s’attaquant à l’armée algérienne qui aidait les populations sahraouies à Amgala. La riposte fut foudroyante qui se solda par la disparition de la garnison marocaine. Hassan signa pour gagner du temps un cessez-le-feu qui dura jusqu’au 13 novembre 2020. Au vu des déclarations du Polisario, les subterfuges des deux rois, et malgré l’aide et les complaisances de l’Occident, la guerre a repris pour ne s’arrêter que par la victoire sur le terrain et l’application de l’autodétermination du peuple saharaoui reconnu par l’ONU.
    A. A.
    PS : Je viens de lire le papier de l’Américain conseiller démocrate. Il nous joue la fable de La Fontaine du Corbeau et du Renard. Modestement, je dis qu’il conforte mon papier. Ses amis du Golfe et Israël sont incapables d’intervenir directement. Ils n’ont comme ressources que la flatterie et ils croient que tout le monde est alléché par le dollar. Les Algériens connaissent cette musique, De Gaulle en arrivant au pouvoir a lancé le plan de Constantine pour nous berner, on connaît la fin du film.
    Algérie Patriotique, 16 déc 2020
  • Palestine – Etats-Unis : L’ultime provocation

    «Si les relations internationales se basent sur des bouteilles de vin, alors c’est la mort de la diplomatie», a déclaré le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh. Il faut dire que la visite du secrétaire d’État américain Mike Pompeo n’a rien de diplomatique pour un homme qui n’a ni le physique ni les compétences, ni le tact d’un diplomate, lui qui est un ancien militaire et qui ne croit qu’en la force et l’injustice du puissant du moment.

    Mike Pompeo, dans une dernière provocation par le geste et la parole, a effectué, avant-hier jeudi, la première visite d’un chef de la diplomatie américaine dans une colonie israélienne (un vignoble) en Cisjordanie occupée, et plus indécent encore, il s’est rendu au Golan, terre syrienne occupée par Israël depuis 1967 et reconnue comme telle par toute la communauté internationale.

    Ensuite, il y a tout ce chapelet d’absurdités et de phrases provocatrices de celui qui a dirigé la diplomatie américaine, sans rien connaître à la diplomatie :»Pendant longtemps le département d’État a pris la mauvaise approche sur les colonies, ne reconnaissant pas l’histoire de ce territoire spécial. Aujourd’hui le département d’État américain défend avec vigueur la reconnaissance que les colonies peuvent être légales…J’aurai la chance de visiter le plateau du Golan, avait également annoncé Mike Pompeo, la simple reconnaissance du Golan comme faisant partie d’Israël était une décision d’une importance historique du président Trump en même temps qu’une simple reconnaissance de la réalité». On est vraiment en plein déni et dans l’ignorance totale de tout ce qui est fondement des relations internationales. Pompeo, comme toute l’administration de son chef, ont fait le choix délibéré et assumé de ne rien reconnaître des droits palestiniens, et ce jusqu’au bout, jusqu’à la dernière minute de leur triste passage à la tête de la première puissance du monde.

    Cette ultime provocation de l’un des plus fidèles de Trump est un dernier pied de nez à une nation arabe humiliée et au plus bas. Humiliée d’abord et surtout par ses leaders, à commencer par les pays du Golfe qui malgré toutes les insultes et les rabaissements ont couru conclure des traités de paix avec l’entité sioniste, et tourné le dos à la cause palestinienne qu’ils ont jeté aux chiens et à leurs maîtres. Mais l’histoire n’oublie rien et les traîtres ne seront jugés que comme tels.
    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 21 nov 2020

    Tags : #Palestine #EtatsUnis #Isral

  • La recomposition géo-politique programmée du Moyen Orient

    par Pierre Hillard

    Les tensions et les violences qui secouent le Moyen-Orient depuis l’intervention israélienne au Liban, le 12 juillet 2006, ne sont que la partie visible d’un immense enjeu politique, économique, religieux et philosophique opposant l’Occident aux Etats islamiques de la région. L’occupation américaine de l’Irak en mars 2003 a permis le lancement d’un projet révolutionnaire en vue de remodeler une vaste zone géographique allant du Maroc au Pakistan: le Grand Moyen-Orient. Derrière cette appellation, c’est une recomposition profonde qui attend ces pays musulmans. Beaucoup de théories et de supputations courent sur les ambitions des Etats-Unis et d’Israël au sujet de la politique poursuivie par leurs dirigeants. Cependant, des signes avant-coureurs apparaissent et permettent d’apercevoir concrètement les plans en cours. C’est tout l’enjeu des cartes ci-jointes appelant à recomposer le Moyen-Orient.

    Ces cartes (« before » : situation en 2006 (ci-dessus) et « after » : situation après recomposition (ci-dessous)) sont parues dans une revue militaire américaine, AFJ (Armed Forces Journal), en juin 2006 sous la plume d’un lieutenant-colonel américain à la retraite, Ralph Peters. Ce dernier s’est illustré dans une division d’infanterie mécanisée à partir de 1976 pour, ensuite, poursuivre ses activités dans le renseignement militaire en 1980. Auteur de nombreux ouvrages traitant de la stratégie et des relations internationales, Ralph Peters s’est retiré officiellement de l’armée en 1999. Cependant, ses contacts restent étroits avec ce milieu puisqu’il fait partie de l’équipe dirigeante d’AFJ. Cette revue n’est qu’une partie d’un véritable empire de la presse militaire américaine. Fondé en 1863, ce mensuel s’adresse aux officiers des Etats-Unis traitant de sujets aussi variés comme : la technologie militaire, la logistique, la stratégie, la doctrine ou encore la tactique. En fait, AFJ est coiffé par une maison mère, Army Times Publishing Company, dont les publications s’articulent autour de trois axes :

    The Military Times Media Group qui publie: Army Times, Navy Times, Air Force Times et Marine Corps Times.
    The Defense News Media Group, groupe mondial des revues de défense et qui publie: Defense News, Armed Forces Journal (AFJ), Training § Simulation Journal et C4ISR Journal (renseignement, surveillance et reconnaissance).

    The Federal Times, hebdomadaire d’informations traitant des nouvelles technologies et des sujets financiers.

    Depuis le 1er août 1997, Army Times Publishing Company est une filiale d’un groupe encore plus puissant, la société Gannett. Fondé en 1906 par Frank Gannett, cet empire de presse et des médias publie aux Etats-Unis près de 90 quotidiens dont les plus connus sont USA Today et USA Weekend et contrôle 22 stations de télévision. Ses activités débordent aussi au Royaume-Uni puisque 17 quotidiens sont sous son influence. L’ensemble génère des revenus financiers colossaux estimés à 7,6 milliards de dollars pour 2005.

    Cette présentation permet de mieux saisir dans quel milieu la revue AFJ évolue et la signification des travaux de Ralph Peters. En effet, les propositions de ce dernier et les appels lancés à un changement radical des frontières du Moyen-Orient ne sont évidemment pas le résultat des réflexions d’un seul homme soucieux d’occuper son temps. De nombreuses études ont été lancées au sein des instances militaires américaines comme dans de nombreux think tanks appelant à revoir les limites frontalières de ces Etats. Comme le montre la carte (« after »), les modifications apportées aux frontières sont le fruit d’une lente mais sûre réflexion intellectuelle dont la publication dans une revue militaire américaine de haut rang n’est pas l’effet du hasard. Le but recherché est aussi de tester les réactions en particulier celles des musulmans de la région. Cela dit, il ne faut pas voir ce document comme définitif. En fait, c’est un prototype susceptible de connaître des changements que certains appelleraient des variables d’ajustement. En réalité, l’intérêt majeur de ces travaux est de révéler que les instances militaires et politiques des Etats-Unis se sont résolument engagées dans un domaine en n’hésitant plus à l’officialiser. En même temps, cette entreprise doit se faire en adéquation avec Israël concerné au premier chef par ces bouleversements. A l’égard de ce pays, Ralph Peters se définit comme un ami « de longue date » (New York Post, 22 juillet 2006).

    L’article de ce militaire américain, intitulé « Frontières ethniques, que faire pour améliorer le Moyen-Orient », part du principe qu’il faut lever le tabou de la sacro-sainte frontière inamovible. Pour l’auteur, les nouvelles frontières doivent se modeler en fonction du critère ethnique et confessionnel. Même s’il n’est pas possible de tracer des frontières respectant la totalité des particularismes en tout genre nombreux et numériquement très variables, il faut pour Ralph Peters se rapprocher au maximum de ce concept.

    Comme il le souligne : « Nous parlons de difformités énormes faites par les hommes qui n’arrêteront pas de générer la haine et la violence tant qu’elles n’auront pas été corrigées ». Dans son esprit, il s’agit de remettre radicalement en cause les frontières nées des Accords Sykes-Picot de 1916 préparant le démantèlement de l’Empire ottoman.

    En observant l’ensemble de cette zone en partant de la Péninsule arabique, on constate immédiatement le démantèlement du royaume d’Arabie Saoudite. Les propos de l’auteur sont très clairs à l’égard d’un pays qui a bénéficié de la protection américaine suite aux discussions entre le président Roosevelt et le roi Ibn Saoud, le 14 février 1945, à bord du croiseur USS Quincy. Désormais, le royaume d’Arabie Saoudite passe à la trappe. Deux grandes entités territoriales échappent à l’autorité de Riyad. Sur la côte Ouest, il s’agit de créer un « Etat sacré islamique ». Comme le précise Ralph Peters dans des propos lourds de conséquences : « La cause principale de la large stagnation du monde musulman réside dans le traitement réservé à la Mecque et à Médine considérés comme leur fief par la famille royale saoudienne. Les lieux saints de l’Islam soumis au contrôle de la police d’Etat de la part d’un des plus bigots et oppressifs régimes au monde ont permis au Saoud (ndlr : la famille régnante d’Arabie Saoudite) de projeter leur croyance wahhabite à la fois intolérante et disciplinée au-delà de leurs frontières. (…) Imaginez comme le monde musulman se sentirait mieux si la Mecque et Médine étaient dirigés par un Conseil représentatif tournant issu des principales écoles et mouvements de l’Islam dans le monde au sein d’un Etat sacré islamique – une sorte de super Vatican musulman – où l’avenir de la foi serait débattu au lieu d’être arbitrairement fixé ».

    Ce point est capital puisqu’il révèle la volonté de réformer l’Islam afin de l’adapter aux principes occidentaux. Une sorte « d’Islam des Lumières » élaboré au cœur de cet Etat sacré islamique permettrait de rayonner sur l’ensemble du monde musulman et de remodeler les esprits afin qu’ils épousent pleinement la philosophie mondialiste. Il est vrai que contrôler les esprits a toujours permis de contrôler les hommes. C’est d’ailleurs dans le même ordre d’idée que l’on retrouve ces mesures préconisées par la Fondation Bertelsmann, think tank allemand qui, dans ses travaux débattus dans le cadre des « Discussions de Kronberg » en 2002 et 2003 (Europe, the mediterranean and the Middle East, strengthening responsibility for stability and development et Die Zukunft der europäischen Politik im Nahen Osten nach dem Irak Krieg), relève l’inadéquation de l’Islam à l’évolution du monde moderne et prône une refonte des mentalités et la remise en cause des frontières. Ces recommandations allemandes soulignent aussi la convergence des buts à atteindre de part et d’autre de l’Atlantique pour refondre entièrement le Moyen-Orient. Il est vrai aussi que les concepts ethno-confessionnels développés par Ralph Peters cadrent parfaitement avec la vision ethniciste germanique.

    Sur la côte du Golfe persique, c’est la province de Hassa dont la population est majoritairement chiite qui est détachée de l’Arabie Saoudite et intégrée à un « Etat chiite arabe », vestige d’un Irak littéralement explosé. L’application de cette mesure entraînerait la mort économique du royaume car c’est à cet endroit que se concentre l’essentiel de l’extraction des hydrocarbures autour de la triade Dammam-Dharhan-Al-Khobar. L’Etat chiite arabe verrait ses réserves pétrolières et gazières monter en flèche et deviendrait incontournable car, outre les vastes ressources de Hassa et de la production off-shore, il faudrait ajouter celles de la région de Bassora (ex-Irak) et des provinces arabes iraniennes, détachées de Téhéran, riches en hydrocarbures jouxtant le Chatt el-Arab (Arabes chiites du Khouzistan et Arabes sunnites du Bouchir). De plus, Riyad perdrait ses provinces du Sud (Jizrane, Najran et l’Assir) au profit du Yémen, territoires acquis en 1934 lors du Traité de Taëf, et qui ont conservé leur identité yéménite. Enfin, la curée sera complète avec l’octroi d’une façade maritime à la Jordanie, Etat pro-occidental, en arrachant à l’Arabie Saoudite les provinces de Tabouk et une partie du Jouf.

    La destruction du royaume des Al Saoud affichée par la carte (« after ») de Ralph Peters n’est que la confirmation de projets élaborés au sein de certaines instances américaines. David Rigoulet-Roze, spécialiste du Moyen-Orient, dans son ouvrage « Géopolitique de l’Arabie Saoudite » (Editions Armand Colin) le souligne clairement :

    « Il y eut notamment la publication le 6 août 2002, par le Washington Post, d’un briefing qui a eu lieu le 10 juillet 2002 au Defense Policy Board (DPB, ndlr : organisme de planification stratégique créé en 1985 par Donald Rumsfeld), alors dirigé par le très influent Richard Perle, surnommé le Prince des ténèbres lorsqu’il officiait au Pentagone entre 1981 et 1987 sous l’administration Reagan. Au cours de ce briefing, l’Arabie Saoudite avait été qualifiée par Laurent Murawiec, un analyste du prestigieux centre de recherches stratégiques de la Rand Corporation, de pays ennemi. (…) Pire encore, Murawiec avait évoqué la légitimité de sanctions, dont le gel des avoirs saoudiens, voire… la scission de la province orientale du royaume renfermant ces gisements et ces réserves pétrolières qui font de l’Arabie le maître du quart des réserves d’or noir.

    (…) Quelques temps seulement après l’affaire Murawiec, c’était au tour d’un think tank proche des néo-conservateurs, le Hudson Institute – dont Perle est membre, et où officie désormais Murawiec – de reprendre et de développer les idées avancées par le DPB. Etait alors ouvertement évoqué un plan de démantèlement de l’Arabie Saoudite qui, en réalité, existe depuis la fin des années 70, à l’initiative d’Henry Kissinger, alors Secrétaire d’Etat de l’Administration Nixon. (…) C’est également dans le même ordre d’idées que semble s’inscrire un rapport remontant à la fin de l’année 2002, circulant au plus haut niveau dans les milieux officiels de Washington. Il envisagerait rien moins que le démembrement pur et simple de l’Arabie Saoudite selon le scénario suivant : les Lieux saints de la Mecque et de Médine se verraient confiés aux Hachémites qui, en tant que descendants du Prophète, bénéficient d’une légitimité qui fait largement défaut à la dynastie des Al Saoud et la province du Hassa serait poussée à faire sécession dans le but de se constituer en Emirat pétrolier. »

    Les révélations de ce spécialiste français continuent sur la même lancée puisqu’il affirme la volonté des Etats-Unis de favoriser une « recomposition politique radicale du Moyen-Orient qui passerait notamment en Irak même par une dévolution du pouvoir à la majorité chiite par les grâces d’une démocratie arithmétique ». C’est justement ce que révèle la carte (« after ») de Ralph Peters où l’Etat irakien a disparu au profit d’un Etat chiite arabe et d’un résidu appelé « Irak sunnite » que le militaire américain propose même d’unifier à la Syrie qui, entre-temps, a perdu sa façade maritime au profit d’un Grand Liban. Il est même évoqué sous sa plume la renaissance de l’antique Phénicie (Phoenecia reborn) tandis que l’Etat d’Israël est conservé dans ses frontières d’avant 1967. Il est étonnant de constater, en raison du véritable chambardement des frontières au Moyen-Orient, que Ralph Peters conserve le territoire de la Cisjordanie (West Bank) au rang de statut indéterminé. Peut-être que le statut définitif de Jérusalem, siège de trois grandes religions, nécessite de ne pas révéler tout de suite l’avenir d’une zone éminemment convoitée.

    En tout cas, la partition de l’Irak sur la carte (« after ») commence à prendre forme sur le terrain. L’ambassadeur britannique à Bagdad, William Patey, et le général américain John Abizaid ont clairement affiché leurs craintes d’une guerre civile suivie d’une division du pays comme l’a révélé un document confidentiel publié par la BBC (Spiegelonline, 3 août 2006). Leurs affirmations ne font que confirmer les propos du journal d’Istanbul, Vatan, qui évoquait les propos tenus à des représentants turques par des responsables américains, début 2006, au sein des think tanks de Washington : « Arrêtez de vous soucier de l’intégrité territoriale de l’Irak. En réalité, ce pays est déjà divisé ! Vous [les Turcs] feriez mieux de vous préoccuper maintenant de votre Sud-Est [région à majorité kurde]. Essayez d’imaginer quelles seront les répercussions de l’autonomie du Kurdistan irakien dans votre pays » (Courrier International n°805).

    C’est d’ailleurs le même son de cloche de la part des dirigeants européistes de Bruxelles qui susurrent à Ankara que « Si la Turquie se séparait de son Sud-Est, elle entrerait plus facilement dans l’Union européenne » (Courrier International n°805). L’ethno-régionalisme prôné par les instances bruxelloises ne ferait qu’accélérer le phénomène de décomposition de l’Etat turc. Finalement, les propos de Ralph Peters ne font que confirmer ces prises de position puisqu’il ajoute qu’un cinquième de la partie Est de la Turquie est un « territoire occupé » et qu’un « Kurdistan libre, s’étendant de Diyarbakir jusqu’à Tabriz deviendrait l’Etat le plus occidental entre la Bulgarie et le Japon ».

    La création d’un Etat kurde (Free Kurdistan) construit à partir des territoires Sud-Est de la Turquie, du Nord de la Syrie et de l’Irak, et de l’Ouest de l’Iran aboutirait à l’émergence d’un bloc estimé à environ 30 millions d’habitants. Fort des installations pétrolières de Kirkouk, cet Etat kurde pro-américain serait avec l’Etat chiite arabe les deux grands pôles de la production d’hydrocarbures et de gaz du Moyen-Orient. L’importance de cet Etat kurde serait d’autant plus grande que l’oléoduc BTC évacue le pétrole de la Mer Caspienne à partir de Bakou (Azerbaïdjan), passe par Tbilissi (Géorgie) pour, ensuite, traverser tout le Sud-Est de la Turquie et aboutir à Ceyhan en Méditerranée. Les Kurdes seraient donc les grands maîtres de ce corridor énergétique voulu par les Américains en 1994. En plus du pétrole, il faut ajouter l’autre grande richesse, l’eau. Le « Grand projet anatolien » (GAP) poursuit l’objectif, grâce à 22 barrages, de dompter le Tigre et l’Euphrate qui prennent leurs sources dans les montagnes kurdes. L’achèvement de ce projet qui doit avoir lieu vers 2013, permettant l’irrigation de 1,7 million d’hectares et la production d’électricité, sera une arme redoutable aux mains de l’Etat kurde et pèsera lourdement sur la vie des habitants de tout le Moyen-Orient.

    A l’Est des Etats kurdes et chiites, l’Iran est remodelé en fonction des critères ethniques. Après avoir cédé sa partie kurde, la zone turcophone du Nord est octroyée à l’Azerbaïdjan. En revanche, la province iranienne du Khorasân s’agrandit vers l’Est en acquérant le territoire Ouest de l’Afghanistan, la région de Hérat, en conformité avec la volonté de Ralph Peters de reconfigurer la région selon les critères ethno-linguistiques. Comme le confirme Bernard Hourcade, directeur au CNRS (équipe de recherche : monde iranien), dans son ouvrage « Iran, nouvelles identités d’une République » (Editions Belin) : « L’immense province de Khorasân, (…) les limites anciennes incluaient les régions de Hérat dans l’actuel Afghanistan et celles de Samarcande et Boukhara en Ouzbékistan ». Enfin, un « Baloutchistan libre » (Free Baluchistan) est créé à partir des deux entités iraniennes et pakistanaises tandis que l’Afghanistan se voit agrandi au dépens du Pakistan jusqu’au fleuve Indus afin d’y rattacher les populations pachtounes. L’Etat pakistanais réduit de près de la moitié de sa superficie verrait sa puissance économique fortement amoindrie au point d’être incapable de servir d’allié de revers au profit de la Chine face à l’Inde. Sur ce point, les Etats-Unis seraient gagnants. Seuls des Etats comme Oman, le Qatar, les Emirats arabes unis et le Koweït échappent à ces modifications. Cependant, cette carte (« after ») étant un prototype, rien n’interdit à leurs concepteurs de se rattraper. En tout cas, la finalité américaine est de contrôler tout ce Moyen-Orient par la parcellisation ethnique et religieuse selon le bon vieux principe « diviser pour régner ». Les Etats-Unis, cherchant à s’assurer la production d’hydrocarbures à leur profit, seraient en mesure de priver la Chine, puissance montante et rivale, de l’arme énergétique si nécessaire à son accession à la cour des grands.

    L’impression générale qui se dégage du remodelage annoncé par cet auteur comme de la part de nombreux think tanks américains et allemands est celle d’un bouleversement mettant à feu et à sang ces pays du Moyen-Orient. En effet, on ne voit pas ces Etats se laisser charcuter, voire disparaître, sans se laisser faire. Comment réagira, par exemple, le Pakistan qui possède l’arme nucléaire ? En réalité, l’objectif est d’intégrer ces immenses territoires à la sphère d’influence occidentale. Le discours de Joschka Fischer à la 40è Conférence de Munich sur la politique de sécurité dans le cadre de l’OTAN, le 7 février 2004, annonçait la volonté du monde occidental de mettre ces pays du Moyen-Orient aux normes euro-atlantistes. Ces mesures furent confirmées par « l’alliance germano-américaine pour le XXIè siècle » signée, le 27 février 2004, entre le président Bush et le chancelier Schröder à Washington, annonçant la couleur : « Nous devons construire un véritable partenariat qui relie l’Europe et l’Amérique aux Etats du Proche et Moyen-Orient (…) ». Cette immense construction politique et métaphysique doit obligatoirement obéir à des règles communes qui sont politiques, économiques et civilisationnelles.

    Une logique, mais une logique folle, anime les concepteurs de ce projet. C’est le think tank German Marshall Fund (GMF) qui, indirectement, a révélé l’engagement profond des instances atlantistes. En effet, il s’est engagé sous l’égide du très influent Bruce Jackson à développer une nouvelle politique en Mer Noire intitulée « A new euro-atlantic strategy for the Black Sea region ». Il s’agit en liaison avec l’Union européenne de créer une eurorégion de la Mer Noire qui doit voir le jour pour 2007 selon les affirmations de Giovanni di Stasi, président du Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux d’Europe (CPLRE). Or une « petite » phrase résume tout. Paru en 2004, le rapport du GMF dans sa préface précise que « La Mer Noire est la nouvelle interface entre la communauté euro-atlantique et le Grand Moyen-Orient ». Une « interface » géographique obéit aux lois de la physique. Pour fonctionner et jouer pleinement sa mission de charnière, cette interface doit s’articuler entre deux mondes, le bloc euro-atlantiste d’une part, et le bloc moyen-oriental d’autre part, régis par les mêmes lois et les mêmes concepts édictés par la philosophie mondialiste. Cela suppose nécessairement une refonte généralisée de cet espace arabo/perse musulman pour qu’il y ait adéquation. Pour réussir cette entreprise, les moyens mis en œuvre risquent d’aboutir à un chaos inimaginable dans cette région et, par ricochet, à l’échelle planétaire. Tout compte fait, les adeptes de cette politique ne font qu’appliquer les fameux vers du poème de Goethe, « l’apprenti sorcier », qui rappelaient : « Les esprits que j’ai réveillés ne veulent plus m’écouter ».

    Pierre Hillard

    Pierre Hillard est docteur en sciences politiques, B.I n°113 (*) est professeur d’histoire-géographie. Il a publié différents articles dans Le Figaro, Géostratégiques, Conflits Actuels, Intelligence et Sécurité, Balkans-Infos.

    Emission « Le Dessous Des Cartes »

    Source : Knowledge-TV

    Tags : Moyen Orient, Proche Orient, Palestine, Syrie, Irak, Arabie Saoudite, Liban, Emirats Arabes Unis,

  • La Ligue arabe en quête de président de session

    Par Mohamed Habili

    En septembre dernier, après la Palestine, qui avait renoncé à son tour de présider l’actuelle session de la Ligue arabe, la 154e du nom, en raison de la non-adoption de sa résolution condamnant la normalisation avec Israël par les Emirats et le Bahreïn, cinq autres membres se sont à leur tour excusés de ne pouvoir assumer ce rôle. Ce sont, par ordre d’intervention si l’on peut dire : le Qatar, les Comores, le Koweït, le Liban et la Libye.

    Si cette liste n’a pas été plus longue, c’est sans doute parce que l’offre d’occuper le siège laissé vacant par le ministre palestinien des Affaires étrangères ne s’est pas poursuivie. On ne sait trop d’ailleurs comment s’expliquer cette cascade de refus, probablement sans précédent dans l’histoire de l’organisation. Est-ce par répugnance à accepter ce à quoi un autre membre a renoncé de son propre chef, ou par solidarité avec lui ?

    Et à ce dernier titre, par conséquent, en manière de condamnation des initiatives des Emirats et du Bahreïn, prises d’ailleurs en contradiction flagrante avec le plan arabe conditionnant la paix avec Israël à l’établissement d’un Etat palestinien. Cela dit, il est bien possible que ce soit pour les deux motifs à la fois : d’une part, pour ne pas avoir à présider une session comportant bien des désagréments, et de l’autre, pour ne pas donner le sentiment d’accabler davantage les Palestiniens.

    Ces derniers ne pouvaient décemment pas continuer à présider la session après que leur motion condamnant les initiatives émiratie et bahreïnie n’a pas été adoptée par la Ligue, n’ayant obtenu sur elle qu’une minorité de voix. Toutefois, même attitude abstentionniste lorsque les Emiratis ont proposé une motion contraire, dans laquelle ils demandaient l’approbation de leurs pairs pour leur initiative.

    En toute logique, on ne peut s’abstenir et dans le premier cas et dans le second. Si on se refuse à condamner une résolution, c’est qu’on est pour elle, sinon totalement du moins dans une bonne mesure. Et si on est contre elle, c’est qu’à l’inverse, on est pour la condamner. Mais ce n’est pas ainsi que l’entend la plupart des membres de la Ligue, qui veulent conserver leurs bonnes relations à la fois avec les Palestiniens et avec les Emirats et le Bahreïn.

    La même incohérence ne peut évidemment pas être imputée à ceux des membres ayant déjà établi des relations avec Israël, c’est-à-dire l’Egypte et la Jordanie. On le peut encore moins s’agissant de la première qui elle s’est empressée de se féliciter de la normalisation en question, à la différence de la Jordanie qui a réservé son opinion.

    L’Egypte pourtant n’est pas sans savoir que ce ne sont pas exactement pour les mêmes raisons que les Emirats et le Bahreïn ont normalisé avec Israël. La géographie lui avait fait obligation, comme d’ailleurs à la Jordanie, d’établir des relations diplomatiques avec Israël. Or, ce n’est pas la recherche de la paix qui justifie l’initiative des Emirats et du Bahreïn. C’est même l’inverse, l’idée que la guerre avec l’Iran est quelque chose d’inévitable à terme, et que dans cette perspective l’alliance avec Israël est la meilleure des garanties de ne pas en faire les frais le moment venu.

    On peut donc facilement imaginer l’Egypte et la Jordanie se démarquant de l’initiative des Emirats et du Bahreïn, ce que bien sûr elles n’ont fait ni l’une ni l’autre.

    Le Jour d’Algérie, 11 oct 2020

    Tags : Ligue Arabe, Palestine, Israël, Proche Orient,

  • Ligue …contre les arabes

    Que fait encore l’Algérie au sein de la Ligue dite arabe ? La question coule de source quand on observe ce qu’est devenue cette coquille déjà vide depuis des décennies.

    Censée être au service en première ligne de défense des pays arabes, elle a réussi la «prouesse» de briser le fragile consensus y compris sur une question aussi emblématique que la cause palestinienne. Par doses homéopathiques, la Ligue a fini par lâcher…avant de tomber complètement dans les bras de l’entité sioniste.

    Eh oui ! C’est son secrétaire général, Ahmed Abou El Gheit, qui a donné, toute honte bue, sa bénédiction à l’accord de paix signé entre les Emirats arabes unis et Israël. « Cet accord est dans l’intérêt des palestiniens !» a-t-il déclaré hier sans rire.

    Tout le monde savait que la Ligue n’a d’arabe que le nom et que son agenda est conçu et mis en application dans les salons occidentaux. Les pays du Golfe (le royaume des Al Saoud, le Bahreïn et les Emirats) ont fini par réussir le coup de grâce à une organisation créée par l’empire britannique pour servir de paravent à une prétendue autonomie de décision de ses anciennes colonies.

    En signant les accords de la honte avec l’occupant israélien qui bombarde encore Gaza, les Emirats et le Bahreïn rejoignent ainsi l’Egypte de Camp David et la Jordanie en attendant que cinq autres pays fassent la paix avec l’Etat hébreu comme l’a promis Donald Trump. Ayant depuis sa création en 1945 (mise à part la guerre de 1967 et celle 1973), servi d’anti chambre du ministère égyptien des affaires étrangères (le SG est souvent issu de ce pays)

    La Ligue dite arabe, s’est désormais «sionisée». Il ne manque plus qu’une poignée de mains entre les «serviteurs des Lieux Saints de l’Islam» et le sanguinaire Benjamin Netanyahou pour acter le serment d’allégeance à Tel Aviv et de la trahison de la Palestine.

    Les arabes n’ont même plus honte de déclarer leur flamme à Israël. Lundi passé un club de football émirati a recruté le premier joueur israélien à grand renfort médiatique ! C’est dire… Ironie du sort, 75 ans après sa création, la Ligue dite arabe, a succombé devant le «charme» de l’Etat hébreu qui lui, est âgé de 72 ans !

    Quant aux palestiniens, c’est une très dure réalité avec laquelle ils devront composer. En l’occurrence, pour espérer recouvrer leurs droits, il serait vain de compter sur les enturbannés des sables mouvants du Golfe encore moins sur leur «Judas» de voisin Abdelfattah Al Sissi, qui pour sauver sa dictature militaire en déficit de légitimité, est prêt à toutes les concessions possibles et imaginables. Il ne serait pas surprenant d’entendre prochainement une proposition de donner un «foyer» d’accueil aux palestiniens dans le Sinaï pour laisser Netanyahou transformer la Palestine en un Etat juif totalement juif.

    Imane B.

    L’Est Républicain, 30 sept 2020

    Tags : Ligue Arabe, Israël, Palestine, Al Qods, Jérusalem, sionisme, Arabie Saoudite, Emirates Arabes Unis, Bahreïn, 

  • Palestine : Le deal de toutes les prédations

    Trois grands conflits en Afrique et au Moyen Orient ont jeté un voile sur un vieux problème que l’humanité traîne depuis plus de 70 ans. En effet, le Mali, la Libye et la Syrie vers où convergent les inquiétudes des Occidentaux, des Africains et des Arabes, ont relégué au second plan la question de décolonisation en Palestine. La récente sortie de Trump avec son «deal du siècle» renseigne, si besoin, des conséquences de l’absence de vigilance sur le dossier palestinien.

    Certes, les deux époques sont différentes, l’origine des conflits également, mais l’on constate dans les deux cas une volonté occidentale de maintenir la plaie ouverte. Les Britanniques, les Français et les Américains, le trio de pays qui n’ont pas hésité à attaquer l’Egypte de Nasser en 1956, pour sauver Israël, pousser ces dernières années les pays du monde à entrer dans un conflit international et ouvert contre la Syrie. Un seul objectif sous-tend cette attitude guerrière: fragiliser au maximum le pays-cible pour le rendre dépendant de leur volonté et l’offrir à Israël, dont le rêve de contrôler le monde arabe, n’a jamais été aussi près d’être réalisé.

    Dans ce monde arabe, il y a également l’Algérie. Après l’échec de l’anéantissement de cette grande Nation, le même trio milite «secrètement» pour allumer la mèche d’un autre conflit aux conséquences insoupçonnables aux frontières sud et est du pays. Pareille perspective n’anéantira certainement pas l’Algérie, mais risque de l’affaiblir au sens où elle aura, en tant que puissance régionale, à gérer une situation inextricable où des dizaines de pays impliqués dans la guerre, voudraient tirer profit de la situation.

    Le but des Occidentaux à travers l’internationalisation des conflits libyen, syrien et malien, est sans doute de créer des foyers de tension permanents qui viendraient s’ajouter à la question palestinienne. Cela reléguera aux calendes grecques le règlement d’une des plus importantes et légitimes revendications de l’humanité depuis l’imposition par les pays du tiers-monde du principe de l’autodétermination.

    Il est vrai que ces conflits arrangent deux alliés objectifs de l’Occident: Israël. Le printemps arabe et Daech ont complètement occulté les souffrances du peuple palestinien encore sous le joug de l’occupation. Comme quoi les «Révolutions» et le terrorisme servent les pouvoirs les plus injustes de la planète.

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 12 fév 2020

    Tags : Palestine, Etats-Unis, Israël, deal du siècle, autodétermination, Proche Orient, monde arabe, terrorisme, Daech, printemps arabe,