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  • Algérie : Rien à fêter. Rien n’a changé !

    par Malika Boussouf

    Parce que les défenseurs du système ne renoncent pas à l’idée de sauver ce dernier, ils œuvrent à reconduire le personnel qui va prolonger sa vie. Je ne saurais dire pourquoi, à l’annonce des résultats, j’ai repensé au FLN et à l’effronterie de ses soldats. Comme celle d’un Si Afif, redresseur de talent, chef de file des fossoyeurs d’un Benflis, qui avait conduit la rébellion contre ce dernier avec la bénédiction du clan Bouteflika. Il avait délogé le SG d’alors au bout de longues semaines de résistance d’un camp qui avait fini par renoncer.

    Un Si Afif, plus tard, accusé de s’en prendre à la réputation de l’actuel patron de l’ex-parti unique. Cette chronique n’a pas vocation à s’étendre sur les intrigues de palais qui, depuis près de 60 ans, imposent la décision, alimentent l’islamisme rampant et multiplient les alliances qui construisent les privilèges. Revenons plutôt au Parlement et à ses prérogatives. Celles dont on a un mal fou à détailler le contenu. Lorsque l’on vous annonce que ce dernier va enfin se mettre au turbin pour de bon et au nom de «l’Algérie nouvelle», vous auriez presque envie d’y croire. Même s’il ne faut pas attendre qu’ils en fassent davantage, députés et sénateurs, d’ordinaire, en rupture totale avec un électorat de plus en plus maigrichon, mettent de temps en temps le bazar. On s’y agite soit pour rappeler l’abus de confiance familier au Parlement soit pour y faire illusion. Après tout, il y a bien des Algériens qui y croient encore, non ? Peu importe qu’ils soient peu nombreux à apprécier la façon dont on méprise leurs attentes.

    Personnellement, j’aime bien m’entendre dire que les détenteurs du pouvoir législatif, connus, toutes tendances confondues, pour être payés à ne rien faire, vont s’atteler à la tâche ou faire semblant de s’intéresser aux dossiers soumis à leur approbation.

    Les journalistes accrédités pour couvrir les séances ne rapportent jamais, ou presque, combien ils sont à interpeller les ministres qui défilent à la tribune. Le roi est mort, vive le roi ! Ceux qui ont la chance de refaire un mandat savent que si on les a confirmés à la kermesse qui va suivre, c’est que l’on en a encore besoin.

    Le Soir d’Algérie, 20 juin 2021

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  • Algérie : Jours de doute

    Comme il fallait bien s’y attendre, les grandes foules n’étaient pas au rendez-vous du scrutin législatif d’avant-hier. Seuls les partis et les candidats ayant participé ont cru sérieusement qu’ils représentaient la majorité du corps électoral. Mais la réalité des urnes- même quand elles sont abusivement bourrées comme on l’a bien vu dans un bureau de vote à Msila- livre un autre verdict. Les Algériens ont majoritairement tourné le dos aux spectacles électoraux et plus généralement à la politique. C’est là une donnée sociopolitique qu’il faut bien admettre et analyser. Le nombre d’électeurs se rétrécit comme une peau de chagrin. Pourtant, les législatives sont censées mobiliser plus de votants en ce sens qu’elles s’appuient sur d’autres considérations plus subjectives, comme l’appartenance tribale et la connaissance des candidats. Mais cela n’a pas suffi cette fois-ci.

    Le taux provisoire de 30,20% de participation, annoncé par le président de la Haute Autorité Indépendante des Elections (ANIE), est largement en deçà des espérances. De ce fait, la crédibilité de la prochaine Assemblée populaire nationale est, pour le moins, sujette à caution. Et la seule question qui vaille est de savoir comment on en est arrivé à ce triste résultat ? Il y a surtout la qualité des partis et des candidats engagés. Quand vous entendez un chef de parti qui se gargarise d’être à la tête de la première force politique et qui, en plus, est d’obédience islamiste proposer à l’entreprise Saidal de produire du….Viagra » pour booster l’activité politique, il ne fallait pas espérer grand-chose. Il n’y a plus ni politique ni morale. Ou alors un autre qui présente les candidates de sa liste comme étant des  » fraises sélectionnées » dans une allusion maladroite à leur beauté, comme si elles allaient concourir dans un défilé de mode !

    Comment s’attendre après cela à un meilleur résultat et à une grande participation ? Où est le discours mobilisateur sur des thématiques pertinentes et porté par des candidats intellectuellement costauds et politiquement engagés ? C’est cela qui fait la différence dans un scrutin législatif. C’est cela qui mobilise l’électeur passif et indécis. Et c’est donc à ce niveau que se situe la faillite intégrale de ces partis et de ces candidats  » indépendants » pour qui l’objectif d’être l’heureux élu prime sur toutes autres considérations.

    En ce jour d’après, on est censé avoir plus de visibilité politique. Or, le sentiment ambiant est que ce sont des jours de doute qui commencent. Une assemblée aussi « mal élue » ne risque pas de peser lourd sur les équilibres du pouvoir alors même qu’elle traine depuis longtemps la réputation peu glorieuse de « chambre d’enregistrement ». Peut-être même qu’on n’est pas au bout de notre surprise et qu’on aura droit à un retour vers le passé et la victoire du PFLN ! Qui sait ?

    Par Imane B.

    L’Est Républicain, 14 juin 2021

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  • Algérie : Quelle APN sortira des urnes ?

    Les élections législatives anticipées de ce 12 juin suscitent une grande curiosité de la part des Algériens en général et des observateurs en particulier.

    Un intérêt qui s’explique pour différentes raisons. Il y a d’abord le contexte politique puisque ces élections, anticipées, rappelons-le, interviennent suite aux événements qu’a connus le pays depuis l’année 2019 avec les grandioses manifestations qui ont mis fin au règne de l’ancien Président Abdelaziz Bouteflika et de son de régime suivies de l’élection présidentielle du 12 décembre 2019 et le référendum sur la Constitutio du 1er novembre 2020 qui entre dans le cadre de l’agenda politique mis en route par le nouveau régime. Un agenda qui n’a pas suscité l’adhésion d’une partie de la classe politique qui a, par conséquent, boycotté cette démarche. Cette partie de la classe politique a maintenu le cap en appelant au boycott des législatives u en plaidant pour la non participation. D’où l’intérêt que suscite ce scrutin où sera observée à la loupe le taux de participation des électeurs. En ce sens le taux de participation constitue un enjeu majeur de ce rendez-vous électoral. C’est ainsi que durant la campagne électorale les partis politiques et les indépendants prenant part au scrutin n’ont eu de cesse d’appeler les Algériens à aller en masse aux urnes. Les partis qui ont boycottés le scrutin, interdits de faire campagne pour leur choix politique, ont néanmoins réitéré, à travers des communiqués, leur rejet de cette élection invitant par conséquent les Algériens à s’abstenir d’aller aux urnes. Cette élection aura aussi la particularité, et c’est aussi une conséquence de la révolution du 22 février, d’être totalement indécise.

    C’est à tout le moins ce que pensent nombre d’Algériens et d’observateurs. Il est vrai que pour la première fois depuis l’avènement du pluralisme politique en Algérie des partis, comme le FLN et le RND, ne partent pas dans cette course électorale avec les faveurs des pronostics. En effet, ces deux part s, qui ont dominé la scène politique nationale depuis l’ouverture politique, ont gagné toutes les élections depuis 1997. Que ce soit à l’Assemblée populaire nationale (APN) ou aux APC et APW ces deux partis ont toujours eu la majorité absolue dans ces assemblées élues. Cette hégémonie sans partage, dénoncée sans cesse par l’opposition qui y voyait là la conséquence de la fraude électorale, a été ébranlée justement par le soulèvement du 22 février 2019.

    Dès lors honni par les algériens, ces deux partis politiques, qui étaient les piliers du règne de Bouteflika, sont devenus, même aux yeux du nouveau régime, très infréquentables. Discrédités donc ces deux partis, comme le considèrent les observateurs, n’auront pas la majorité comme de coutume. Ils risquent même, à moins d’une grosse surprise, de faire des scores ridicules. Cette nouvelle donne a ouvert l’appétit des autres partis et des indépendants qui croient que leur heure a désormais sonné. Ils nourrissent ainsi de grandes ambitions et n’hésitent d’ailleurs pas à l’afficher. Ainsi des partis comme le MSP et El Bina n’ont eu de cesse de clamer lors des trois semaines de la campagne électorale qu’ils vont remporter haut la main ces élections.

    Cela était impensable avant la chute de l’ancien régime où ces partis savaient d’avance que le FLN et le RND sortiront vainqueurs des urnes. Et d’ailleurs il n’y a pas que les islamistes qui nourrissent de l’ambition puisque même les indépendants en font de même. Et c’est ce qui expliquerait cette fièvre électorale come le prouve le nombre très élevé de listes électorales des indépendants. Ces nouvelles données font que les observateurs pronostiquent une future APN où aucun parti n’aura la majorité absolue. On prédit plutôt une présence hétéroclite de partis politiques et de listes indépendantes à l’APN. Cela reste à l’évidence des hypothèses car, en vérité, nul n’est en mesure de prédire avec exactitude l’issue du vote.

    Par : KAMEL HAMED

    Le Midi Libre, 10 juin 2021

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  • Algérie: L’idée de la « réconciliation » divise les chefs de partis

    CAMPAGNE POUR LES LÉGISLATIVES DU 12 JUIN : L’idée de la « réconciliation » divise les chefs de partis

    La veille de la fin de la campagne pour les législatives, la polémique autour de la réconciliation refait surface. Faut-il négocier avec, voire, amnistier les oligarques emprisonnés ? Entre les voix pour et celles contre, chacune avance ses arguments.

    Les moyens et méthodes pour la récupération des biens mal acquis et des fonds détournés, notamment vers l’étranger, par la horde d’hommes d’affaires de l’ancien régime emporté par le Hirak, divise la classe politique. Certains plaident pour une négociation avec les oligarques pour la stabilité politique et le développement économique. D’autre s’y opposent au motif de moraliser la vie politique et bâtir un État de droit.

    Abdelaziz Belaid : « la réconciliation pour la stabilité »

    Le président du Front El Moustakbel, Abdelaziz Belaid, a appelé à « des négociations avec les hommes d’affaires et les hommes politiques de l’époque de Bouteflika, actuellement en prison, pour parvenir à une réconciliation qui créerait la stabilité et attirerait les investissements ». Il est revenu à la charge lors de son passage au Forum du journal électronique « Eldjazair El-ane ». « Je suis pour négocier et récupérer les fonds qui sont à l’étranger et je laisse circuler l’argent disponible dans le pays », a-t-il plaidé. Il appelle cela de « l’intelligence moderne et une façon qui permet de redonner de la confiance aux investisseurs nationaux et étrangers».

    « Les investisseurs étrangers lisaient dans les médias algériens que ces hommes d’affaires étaient considérés comme des champions économiques. Ils ont été couronnés comme de bons managers et sont aujourd’hui en prison, qui aura confiance ? », a expliqué le chef d’El Moustakbel. « C’est d’abord une réconciliation économique et politique en second lieu » qui permettra « de retrouver la confiance », a appuyé Belaid. Pour lui, « il est impossible que l’économie algérienne redécolle dans ce climat de peur, de terreur et de ces lois coercitives qui dissuadent nos cadres », a-t-il mis en garde. Un wali rechigne à signer et tout le monde a levé le « frein à main ».

    Soufiane Djilali : « ces gens méritent leur sort »

    Le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, s’oppose catégoriquement à tout élargissement des oligarques en prison. Il a jugé « immoral » le fait de négocier avec eux. Pour lui, ceux qui ont été jugés et condamnés pour corruption « méritent leur sort » même s’il reconnaît qu’ils ont agi dans « l’intérêt de parties tierces ». Ils ont « servi de tremplin à des personnes qui se sont enrichies en utilisant leurs noms ». Djilali appelle à donner la chance aux entrepreneurs qui sont capables de bâtir une vraie économie. Il demande la poursuite de la campagne de récupération des fonds dilapidés par les « oligarques » tout en excluant toute possibilité de négociation avec eux. « Pourquoi quelqu’un qui vole un kilo de pommes de terre est emprisonné, alors qu’un autre qui a dilapidé des milliards on veut le libérer et on négocie avec lui ? », s’interroge-t-il. « Le problème de notre pays c’est la dimension morale et éthique. Un État se construit sur des principes et non pas sur les compromis et la participation au crime », a-t-il soutenu. Pour lui, il n’est pas question de marchander les principes qui font le fondement de l’État. Il a rappelé que le chef de l’État Abdelmadjid Tebboune a fait de la lutte contre la corruption et la récupération de l’argent détourné un des principaux thèmes de sa campagne présidentielle.

    Tayeb Zitouni : « La réconciliation passe par un référendum »

    Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Tayeb Zitouni, a déclaré que « parler de réconciliation économique avec les pilleurs de deniers nécessite d’organiser un référendum populaire car ce sont les citoyens qui sont concernés par le pillage et le gaspillage des ressources du pays ».

    Il s’est demandé s’il était possible de récupérer les fonds pillés grâce à la réconciliation et sur l’étendue du succès de la proposition émanant d’un certain nombre de chefs de partis. Zitouni a déclaré que « les laquais de la Îssaba sont toujours présents dans l’administration et encouragent les importations pour faire passer l’argent des citoyens à l’étranger ». Il a ajouté que ces pratiques représentent « des chiffres mirobolants qui rongent l’économie nationale, car nous importons chaque année un milliard de dollars de lait en poudre de France et divers produits, dont le fourrage, à 600 millions de dollars, tandis que Djelfa peut combler le déficit grâce à l’élevage de vaches ». En revanche, il a dénoncé les restrictions imposées aux élus locaux, affirmant qu’ils « font l’objet de divers harcèlements, et que quiconque tente d’amorcer le développement et de mettre un terme aux chefs de la corruption, est entré dans le cycle des accusations et des poursuites judiciaires ». Le SG du RND a estimé que « sortir de cette situation nécessite d’aller aux élections afin de se doter d’un parlement fort qui se dresse face aux prédateurs et d’assurer la stabilité ».

    Bengrina et Ghouini « pour » la poursuite de la lutte contre la corruption

    Dans la foulée d’autres chefs de partis s’y opposent directement ou indirectement. Abdelkader Bengrina, chef du Mouvement El Bina, a fait de la lutte contre les membres la Îssaba son argument électoral. Le président du Mouvement El Islah, Filali Ghouini, a appelé à « la lutte contre la corruption et à mettre un terme à l’abus de fonction et l’exploitation de la bureaucratie ».
    Lyes Ayoub

    Le Courrier d’Algérie, 08 juin 2021

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  • Algérie : Restituer au pouvoir populaire sa place réelle

    L’esprit démocratique est en train de prévaloir dans le discours de campagne autour des élections législatives du 12 juin prochain. Les candidats à ces législatives ont clairement indiqué, à travers leur intervention devant les citoyens, l’importance de faire prévaloir l’Etat de droit, plaçant la Constitution à la base de toute œuvre législative, de faire prévaloir la légitimité au-dessus de toutes les considérations subjectives qui ont malheureusement détourné le quotidien politique national de son cours et qui, paradoxalement, ont abouti à des caricatures politiques et socio-économiques là où il fallait plus d’engagement, plus de réalisme et de certitude. Ceci étant, il est clair et indiscutable que les réformes à venir rendront espoir à l’évolution de la société. Les futurs législateurs seront-ils à la hauteur pour concrétiser les changements fondamentaux introduits par la nouvelle Loi fondamentale de décembre 2020. La réponse est donc dans le camp de l’électeur à choisir des députés aptes à réaliser leur bonne contribution générale et de faire barrage à tant d’inertie, tant de confrontation d’intérêts surtout que le bilan politique est là pour montrer que les précédents mandats législatifs, ont eu à souffrir de peu de diligence des uns et des autres, y compris des partis politiques qui étaient majoritaires mais aussi des autres à accepter la poussée de la démocratie revendiquée par le peuple. Les partis politiques eux-mêmes dans leurs propres rangs ont été, et sont encore confrontés à la réticence à un changement inexorable à sa juste valeur.

    Il y a un certain discours électoral qui se distingue par cette vérité de dire que le combat actuel, la conjoncture présente convient tout le monde au terrain. Sur le terrain de la crédibilité politique, de l’efficacité économique et sociale. Il est indiscutablement établi que les citoyens, l’ensemble du corps social, confrontés dans leurs critiques par une dégradation continuelle et à la limite du voulu de la situation socio-économique des plus larges de la population, attendent changement et réformes sur le terrain de leur application concrète.

    Ainsi, le vaste changement par le présent programme politique est attendu avec impatience par les citoyens à travers un changement effectif sans lequel il n’y aurait pas, en définitive, de réelle transformation sociale. Ou ce changement aura lieu par la voix des futurs représentants du peuple ou il n’aura pas lieu au risque de transformer la déception sociale, politique et économique en un bouillon de culture pouvant encore dériver sur les limites les moins attendues. Sur la base d’une constatation unanime, c’est tout le vouloir pressant de mettre en valeur la nécessité de restituer au pouvoir populaire sa place réelle qui est de mise à la faveur de ces législatives.

    C’est pour cela que le choix des hommes et la rigueur politique et gestionnaire sont décisifs. Ces propos des citoyens maintes fois partagés tendent à vouloir dire tout simplement des élections législatives propres pour garantir l’avenir de la nation. Une exigence qui a pour conclusion unanime : la nouvelle étape, des plus difficiles ; exige des hommes propres, intègres qui n’ont rien à se reprocher, qui sont capables de légiférer en prenant courageusement des initiatives.
    B. C.

    Le Maghreb, 31-05-2021

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  • Algérie : Déconcertante platitude de la campagne électorale : Le FLN, les islamistes et les électeurs

    Par : M. Rahmani

    C’est une campagne électorale qui n’arrive pas vraiment à intéresser les citoyens et encore moins mobiliser et ce, plus d’une semaine après son lancement officiel malgré les interventions des candidats, les soi-disant contacts de proximité et les meetings qui ne drainent plus les foules comme avant.

    En effet, on est loin de ces foules qui se bousculaient pour assister à telle ou telle intervention d’un homme politique en vue ou une personnalité nationale mobilisée pour l’occasion. Ces fêtes qu’on avait l’habitude de voir et ces rassemblements hauts en couleur ont disparu du paysage laissant la place à une morosité et une indifférence sans précédent, surtout qu’il s’agit d’élections cruciales pour l’avenir du pays du fait d’une législature dont l’importance est vitale en ces temps de double crise sanitaire et économique.

    Désaffection et désintérêt des citoyens

    Ce désintérêt et cette désaffection pour la chose politique n’est pas fortuit et est l’expression d’un désaveu de tous ceux qui prétendent à la fonction de député siégeant au sein de l’auguste assemblée. Le citoyen échaudé et blasé parce qu’ayant été dupé à plusieurs reprises par des discours encenseurs et mirobolants faisant miroiter un avenir brillant pour les populations démunies et pour ceux qui croient vraiment en ce pays, n’y croit plus et met tout le monde sans exception aucune dans le même « panier ».

    Le vieux parti se rebiffe et passe à l’attaque

    L’on se remémore, il n’y a pas si longtemps, Abou El Fadl Baadji, nouveau patron du FLN, toute honte bue, discourant dans une des localités du Sud du pays promettant de transformer la région à l’image de Dubaï. Ce qui avait alors amené la réaction d’un citoyen qui avait rétorqué que le FLN est aux commandes depuis l’indépendance, il avait plus de 50 ans pour le faire et il ne l’a pas fait, comment cela se fait-il qu’il peut être en mesure de le faire en 5 ans ? Une remarque qui avait cloué le bec à tous ceux qui soutiennent le vieux parti.

    Le patron du FLN qui est en perte de vitesse récidive et veut mettre en avant sa formation en s’attaquant aux autres partis, c’est le cas notamment d’El Bina et son chef Bengrina qui a essuyé le courroux de Baadji. En effet, ce dernier a rapporté que les candidats de ce parti ont été des cadres du FLN et que cette formation n’a pas de programme, c’est un parti satellite qui gravite autour de l’internationale islamiste, représentée par les Frères Musulmans.

    Un électorat blasé et difficile à convaincre

    Mais ces querelles de clocher n’intéressent pas le citoyen algérien qui n’est plus aussi malléable et manipulable à souhait comme il l’avait été avant, bien au contraire, il est devenu plus difficile à convaincre car ne croyant plus en personne et n’est pas près de se faire avoir comme cela avait été le cas durant les précédentes législatives. La chute du régime Bouteflika a mis à nu toutes les pratiques mafieuses de certains hommes politiques et de personnalités qui soutenaient cette gestion catastrophique du pays qui a abouti à une déliquescence de l’Etat algérien malmené pendant des décennies, a fini par achever le semblant de confiance du citoyen qui subsistait encore.

    Un sabordage et une sorte de hara-kiri à l’Algérienne qui se sont manifestés par un rejet total de la classe politique qui s’est donnée à fond au plus fort du moment et prête encore à servir celui ou ceux qui prendront la relève quelle que soit leur appartenance ou obédience, l’essentiel est qu’ils restent toujours dans le giron du pouvoir non pas pour servir mais plutôt pour se servir comme d’habitude.

    Et donc, cette désaffection des citoyens pour ces élections n’est pas le fait d’une colère passagère ou d’une quelconque décision politique qui n’a pas été digérée et qui a été rejetée par la majorité de la population, c’est plutôt l’accumulation de toutes ces manipulations, ces mensonges et ces discours spécieux, ces détournements et ces vols, ces corruptions qui ont gangréné l’Etat et qui ont manqué de le terrasser, n’était ce sursaut salvateur qui a évacué toute cette racaille.

    Les risques et les dangers du boycott

    Mais cette désaffection, ce désintérêt et ce boycott qui pourraient s’exprimer le jour des élections n’est pas sans risques et peut avoir un effet boomerang qui plongerait encore le pays dans une instabilité politique et une zone de turbulences dont l’issue est incertaine.

    En effet, les partis islamistes à l’instar d’El Bina de Bengrina, d’El Adala de Djaballah et du MSP de Makri se sont sentis pousser des ailes et se sont investis pleinement dans cette bataille sans réel adversaire, car les quelques petits partis font juste semblant et les indépendants sans expérience et sans moyens ne suscitent aucune crainte.

    Ces partis se voient déjà au pouvoir, présidant aux destinées de ce pays en partant à l’assaut de l’hémicycle qu’ils comptent conquérir coûte que coûte.

    Makri se sent pousser des ailes

    Ainsi, Makri, dopé par l’absence de partis pouvant lui barrer la route, se dit prêt à diriger le gouvernement ! Rien que cela !

    La nature ayant horreur du vide, il fallait bien que quelqu’un prenne cette place et lui se voit déjà l’occupant officiant au gouvernement et soutenu par une assemblée d’obédience islamiste.

    Il faut dire que Makri n’a pas tout à fait tort car cette désaffection et cette indifférence jouent le jeu des islamistes qui, eux, mobilisent leurs militants et sympathisants pour gagner ces élections qu’on dit propres et honnêtes pour une fois.

    Ce scénario peut se réaliser au vu de la situation actuelle et les islamistes pourront dans ce cas accéder au pouvoir en ayant la majorité dans l’auguste assemblée. Ce qui aura certainement de lourdes conséquences sur les libertés individuelles et collectives avec un projet de société des plus restrictifs.

    Un sursaut citoyen est-il possible ?

    Et donc, à moins d’un sursaut salvateur qui verrait les citoyens se déplacer en masse, voter pour les indépendants et les autres formations en lice et ainsi barrer la route aux islamistes, le pays ne verra pas le bout du tunnel et s’enfoncera encore plus.

    Le Provincial, 29 mai 2021

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  • Algérie : Etat de la campagne électorale dans son 10e jour

    10E JOUR DE LA CAMPAGNE POUR LES LÉGISLATIVES : Paroles de Makri, Bengrina et Belaïd

    Entre rêve et réalité, les chefs de partis politiques tentent, tant bien que mal, de convaincre et rassembler les électeurs. Ils enchainent les meetings face à des audiences de militants et sympathisant déjà totalement acquis à leurs idéaux et surtout sans faire preuve d’innovation.

    MSP : « réaliser ensemble le rêve algérien »

    Dans une salle où les dispositions du protocole sanitaire étaient peu respectées, le président du MSP, Abderrezak Makri, a ressorti, une fois encore, « l’attachement » de son parti à « l’appel du 1er novembre 1954, seul et unique dénominateur ayant rassemblé les algériens et référence pour la constitution de l’État nation comme souhaité par les valeureux chouhada », at-il précisé. Le leader du MSP, a enchainé qu’il est « inutile de s’attarder sur les échecs et les trahisons des deux dernières décennies », invitant les présents à « regarder vers l’avenir ». En mettant en avant l’idée de « réaliser ensemble le rêve algérien », il a estimé que « notre peuple est capable de faire sortir le pays de la crise et construire un État fort et prospère même en dehors du secteur des hydrocarbures ». Il a, d’autre part, insisté sur l’obligation d’une « transition démocratique dans la paix, la stabilité, loin des conflits et querelles politiques et surtout dans le cadre d’un projet d’entente nationale », à laquelle son parti a « appelé depuis longtemps ». Une transition qui « mettrait fin au règne autocratique d’une poignée de personnes et qui rendrait l’Algérie aux algériens », a-t-il soutenu. Enfin, Makri, ainsi que les candidats et les militants de cette wilaya, ont clamé haut et fort : « nous sommes prêts à assumer la responsabilité morale et juridique, à restaurer la légitimité populaire, à représenter dignement les électeurs tel que stipulé par la loi, et nous défendrons les droits et aspirations du peuple ».

    El-Bina : « ceux qui misaient sur l’échec ont échoué »

    Le président du Mouvement El-Bina, Adelkader Bengrina, a effectué, hier une tournée dans l’ouest du pays. À Tiaret, il a mis en avant les capacités de l’Algérie de sortir de cette crise économique et sociale et surtout d’en faire un pays émergeant. Sans propositions économiques concrètes, ce leader politique a évoqué la success story de partenariat entre l’institution de l’Armée nationale populaire et le constructeur automobile allemand Mercedes dans cette wilaya. Un partenariat qui « donne ses fruits, alors que les barons de la Îssaba ont subtilisé les moyens de l’État pour les placer à l’étranger en laissant derrière eux des ruines », a-t-il regretté. Il est revenu également sur les performances de la production agricole de Tiaret, qui doit être soutenue pour assurer la souveraineté de notre pays. À Oran, Bengrina a déclaré que « ceux qui misaient sur l’échec des élections, qui appelaient à une période de transition politique, qui voulaient briser la cohésion entre l’Armée et le peuple et qui cherchaient des appuis auprès de pays étrangers, ont finalement échoué ». Il a ajouté que le long processus de changement positif dans la paix et la stabilité, pour lequel son parti a toujours milité, a déjà fait une partie de son chemin et que son Mouvement ne cèdera pas aux tentatives de blocage de ce changement. Il a appelé les candidats d’El-Bina à faire preuve d’abnégation pour répondre aux aspirations des citoyens, en rappelant les idéaux de cette formation : liberté, justice et égalité des chances. Évoquant l’importance de notre communauté établie à l’étranger, il a proposé un projet de loi, ainsi que la création d’un ministère pour la prise en charge de ces revendications et de faire bénéficier le pays de son savoir-faire et de son apport financier.

    FEM : « dialoguer et moraliser la vie politique »

    Invité hier au Forum du quotidien El-Hiwar, à Alger, le président du Front El-Moustakbel, Abdelaziz Belaïd, a mis en avant le fait que les candidats d’El-Moustakbel sont des militants du parti, proposés par sa base et ses différentes structures en consacrant les principes d’équité et de transparence. Par ailleurs, Belaïd est encore une fois revenu sur l’impératif de moralisation de l’activité et de la vie politique. Selon lui, « son parti en a été le précurseur en inscrivant ce principe dans les recommandations de son congrès constitutif tenu en 2012 ». Il a insisté, dans ce sens, sur « l’impératif de bannir le discours de la haine et de l’insulte », en affichant sa disponibilité à amorcer, avec l’ensemble des partis, un « dialogue où l’on dépasse les différences pour arriver à faire sortir le pays de ses problèmes ». Concernant le front intérieur, ce chef de parti a averti des « appels à la division et déstabilisation du pays auxquels il faut s’opposer avec force et fermeté ». Pour ce faire, il a invité tous les Algériens à « défendre notre précieux acquis qui est l’unité du pays et du peuple ». Ce n’est que de cette façon qu’on pourrait éviter les scénarios vécus dans des pays frères » comme la Libye, la Syrie, l’Irak et le Yémen, a-t-il conclu.
    Lyes Ayoub

    Le Courrier d’Algérie, 30 mai 2021

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  • Algérie/ Elections : nationalistes vs islamistes (1&2)

    Par Mohamed Habili

    Contrairement à ce que l’on croit dans une certaine frange de l’opinion, reconnaissable tout particulièrement à ceci qu’elle croit dur comme fer qu’elle est majoritaire dans l’opinion, l’enjeu des prochaines législatives n’est pas seulement dans le taux de participation, ou à l’inverse dans celui de l’abstention, mais tout autant et même davantage dans leurs résultats. Il est déjà arrivé au chef de l’Etat de dire que ceux-ci seront pris en compte quel que soit le volume de l’abstention. Partant ils le seront également quels qu’ils soient en eux-mêmes, aussi déplaisants ou même inacceptables qu’ils puissent paraître à ceux qui auront perdu les élections. Nombre de partis minoritaires, dont d’éternels groupuscules, ayant pris la décision de ne pas prendre part à ces dernières, des gens aussi futiles que bruyants, parce que disposant de la faveur de médias ou les possédant, font ouvertement campagne pour le boycott, comme si leur propre sort en dépendait directement. Ils se trompent, il dépendra en premier lieu de la majorité de ceux des Algériens qui auront voté. Le champ politique n’a pas changé au cours de ces deux dernières années.

    Ce qui peut avoir changé en revanche, ce sont les poids respectifs, ou plus exactement les poids relatifs, des partis qui vont se mesurer le 12 juin prochain, non pas les grands courants politiques traversant la société algérienne depuis l’indépendance du pays, et même avant que celle-ci ne soit acquise. Au point de vue politique, l’Algérie est comme tous les pays arabes, structurée par deux grands courants, ceux-ci pris indépendamment des partis qui s’en réclament. C’est le nationalisme d’une part, de l’autre l’islamisme. Bien entendu, d’autres courants, d’autres idéologies sont présentes dans l’opinion algérienne, et depuis assez longtemps pour certaines, comme le communisme par exemple, mais ils sont minoritaires. Ceci vaut pour quasiment tous les pays de la région, de l’océan à la mer et même au-delà. Ce sont ces deux courants majeurs à travers leurs organisations qui vont s’affronter le 12 juin prochain. Les nationalistes seront représentés pour l’essentiel par le FLN et le RND, et les islamistes par le MSP, outre deux ou trois autres partis de même inspiration quoique de moindre implantation. D’autres listes que les leurs seront proposées aux électeurs, notamment celles des indépendants, mais cela n’implique pas qu’elles portent d’autres offres politiques. On ne peut parler en l’occurrence de listes identitaires, ou berbéristes, ceux-ci ayant opté pour le boycott, bien qu’il ne soit pas impossible qu’au final des indépendants issus de cette mouvance soient de la partie, dans l’une ou l’autre des wilayas berbérophones notamment. Pas plus que les organisations ayant pignon sur rue, les indépendants ne sont pas indépendants des grands courants de pensée, produits de la longue durée non des circonstances ou de l’histoire immédiate. Si l’on admet le fait qu’il existe bel et bien des courants dominants, et qui sont l’islamisme et le nationalisme, alors il ne faudra pas s’étonner que les résultats soient à l’avenant. La seule question qui se pose est de savoir qui des deux familles sera majoritaire. Et par suite, laquelle sera appelée à former le gouvernement. Cela dit, le chef de l’Etat n’a pas directement affaire à des courants diffus dans la société mais à des partis légaux. C’est au chef de celui qui aura remporté le plus de sièges qu’il demandera de former le gouvernement. Dans la mesure évidemment où il s’en trouvera un qui à lui seul aura engrangé une majorité de sièges. Autrement, ce sera une autre affaire.

    —————————–

    Logiquement il n’y a pas lieu de supposer une abstention massive dans une élection à laquelle prennent part les formations politiques les plus importantes, en plus d’un grand nombre d’indépendants issus de la société civile. La nature même de la consultation à venir s’inscrit en faux contre une telle perspective. En Algérie, traditionnellement, les législatives et les locales donnent lieu à une participation plus grande que lors des autres échéances, présidentielles et référendums. Après tout l’appel à l’abstention dans ce cas précis provient de formations minoritaires, d’associations et d’activistes dont rien ne laisse penser qu’ils sont particulièrement influents. On ne peut leur dénier ce droit bien sûr. Une élection, ce n’est d’ailleurs pas que des votants, et des voix exprimées, mais tout autant de l’abstention, du boycott le cas échéant, et des voix blanches. Au bout du compte, tout le monde y aura pris part à sa façon, sauf, si du moins il s’en trouve, des Algériens qui n’en auront même pas entendu parler. On objectera sans doute à cela que les circonstances actuelles sont exceptionnelles, qu’il règne aujourd’hui une atmosphère particulière, que d’aucuns ne cessent de qualifier de révolutionnaire, et que pour tout cela, ce qui serait en jeu véritablement, ce n’est pas le partage des sièges à l’Assemblée et le pouvoir législatif qui s’y attache, mais le volume de l’abstention.

    S’il est aussi important que lors du référendum constitutionnel, ou davantage, cela voudra dire que la victoire à l’occasion de cette consultation sera revenue à ceux qui de façon délibérée et même concertée se sont opposés à sa tenue. Avant ce référendum, il est vrai marqué quant à lui par une faible participation, une autre échéance a eu lieu, la présidentielle, où l’abstention n’a pas été aussi considérable, bien qu’elle fût grande. Si celle-ci a été de façon nette plus importante que lors de la présidentielle, qui pourtant s’est déroulée dans le même contexte houleux, c’est probablement dû au fait que les gouvernants n’ont pas su garder mobilisés les quelque 10 millions d’électeurs du 12 décembre 2019. Ils se sont plus préoccupés en effet à cette deuxième occasion de convaincre ceux qui se nomment les hirakistes d’aller voter que d’en appeler à leurs fidèles. Une erreur de communication dont tout indique qu’ils sont revenus. Et que du reste il leur serait aujourd’hui difficile de commettre, la nature de la consultation faisant porter sur les compétiteurs le poids de la mobilisation. Aux partis et aux indépendants de donner envie aux électeurs de s’exprimer massivement, de leur accorder ce faisant la victoire. La campagne étant à sa première semaine, il n’est pas facile de voir dès maintenant s’ils en sont ou non capables. Toujours est-il qu’il semble que cette tâche soit plus facile pour les islamistes que pour les nationalistes, dont les partis, le FLN et le RND, ont été mis à mal ces derniers temps. D’anciens secrétaires généraux, deux du premier et un du second, purgent pour l’heure des peines de prison. La candidature du secrétaire général en exercice du FLN a été rejetée par l’ANIE, ce qui est un comble, sinon le coup de grâce. A la suite de quoi l’Organisation des moudjahidine elle-même a demandé que le sigle FLN lui soit enlevé.

    Le Jour d’Algérie

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, candidats, taux de participation, taux d’abstention, résultats, campagne de boycott, partis politiques, nationalisme, islamisme, 12 juin 2021,

  • Algérie/ Elections : nationalistes vs islamistes (1&2)

    Par Mohamed Habili

    Contrairement à ce que l’on croit dans une certaine frange de l’opinion, reconnaissable tout particulièrement à ceci qu’elle croit dur comme fer qu’elle est majoritaire dans l’opinion, l’enjeu des prochaines législatives n’est pas seulement dans le taux de participation, ou à l’inverse dans celui de l’abstention, mais tout autant et même davantage dans leurs résultats. Il est déjà arrivé au chef de l’Etat de dire que ceux-ci seront pris en compte quel que soit le volume de l’abstention. Partant ils le seront également quels qu’ils soient en eux-mêmes, aussi déplaisants ou même inacceptables qu’ils puissent paraître à ceux qui auront perdu les élections. Nombre de partis minoritaires, dont d’éternels groupuscules, ayant pris la décision de ne pas prendre part à ces dernières, des gens aussi futiles que bruyants, parce que disposant de la faveur de médias ou les possédant, font ouvertement campagne pour le boycott, comme si leur propre sort en dépendait directement. Ils se trompent, il dépendra en premier lieu de la majorité de ceux des Algériens qui auront voté. Le champ politique n’a pas changé au cours de ces deux dernières années.

    Ce qui peut avoir changé en revanche, ce sont les poids respectifs, ou plus exactement les poids relatifs, des partis qui vont se mesurer le 12 juin prochain, non pas les grands courants politiques traversant la société algérienne depuis l’indépendance du pays, et même avant que celle-ci ne soit acquise. Au point de vue politique, l’Algérie est comme tous les pays arabes, structurée par deux grands courants, ceux-ci pris indépendamment des partis qui s’en réclament. C’est le nationalisme d’une part, de l’autre l’islamisme. Bien entendu, d’autres courants, d’autres idéologies sont présentes dans l’opinion algérienne, et depuis assez longtemps pour certaines, comme le communisme par exemple, mais ils sont minoritaires. Ceci vaut pour quasiment tous les pays de la région, de l’océan à la mer et même au-delà. Ce sont ces deux courants majeurs à travers leurs organisations qui vont s’affronter le 12 juin prochain. Les nationalistes seront représentés pour l’essentiel par le FLN et le RND, et les islamistes par le MSP, outre deux ou trois autres partis de même inspiration quoique de moindre implantation. D’autres listes que les leurs seront proposées aux électeurs, notamment celles des indépendants, mais cela n’implique pas qu’elles portent d’autres offres politiques. On ne peut parler en l’occurrence de listes identitaires, ou berbéristes, ceux-ci ayant opté pour le boycott, bien qu’il ne soit pas impossible qu’au final des indépendants issus de cette mouvance soient de la partie, dans l’une ou l’autre des wilayas berbérophones notamment. Pas plus que les organisations ayant pignon sur rue, les indépendants ne sont pas indépendants des grands courants de pensée, produits de la longue durée non des circonstances ou de l’histoire immédiate. Si l’on admet le fait qu’il existe bel et bien des courants dominants, et qui sont l’islamisme et le nationalisme, alors il ne faudra pas s’étonner que les résultats soient à l’avenant. La seule question qui se pose est de savoir qui des deux familles sera majoritaire. Et par suite, laquelle sera appelée à former le gouvernement. Cela dit, le chef de l’Etat n’a pas directement affaire à des courants diffus dans la société mais à des partis légaux. C’est au chef de celui qui aura remporté le plus de sièges qu’il demandera de former le gouvernement. Dans la mesure évidemment où il s’en trouvera un qui à lui seul aura engrangé une majorité de sièges. Autrement, ce sera une autre affaire.

    —————————–

    Logiquement il n’y a pas lieu de supposer une abstention massive dans une élection à laquelle prennent part les formations politiques les plus importantes, en plus d’un grand nombre d’indépendants issus de la société civile. La nature même de la consultation à venir s’inscrit en faux contre une telle perspective. En Algérie, traditionnellement, les législatives et les locales donnent lieu à une participation plus grande que lors des autres échéances, présidentielles et référendums. Après tout l’appel à l’abstention dans ce cas précis provient de formations minoritaires, d’associations et d’activistes dont rien ne laisse penser qu’ils sont particulièrement influents. On ne peut leur dénier ce droit bien sûr. Une élection, ce n’est d’ailleurs pas que des votants, et des voix exprimées, mais tout autant de l’abstention, du boycott le cas échéant, et des voix blanches. Au bout du compte, tout le monde y aura pris part à sa façon, sauf, si du moins il s’en trouve, des Algériens qui n’en auront même pas entendu parler. On objectera sans doute à cela que les circonstances actuelles sont exceptionnelles, qu’il règne aujourd’hui une atmosphère particulière, que d’aucuns ne cessent de qualifier de révolutionnaire, et que pour tout cela, ce qui serait en jeu véritablement, ce n’est pas le partage des sièges à l’Assemblée et le pouvoir législatif qui s’y attache, mais le volume de l’abstention.

    S’il est aussi important que lors du référendum constitutionnel, ou davantage, cela voudra dire que la victoire à l’occasion de cette consultation sera revenue à ceux qui de façon délibérée et même concertée se sont opposés à sa tenue. Avant ce référendum, il est vrai marqué quant à lui par une faible participation, une autre échéance a eu lieu, la présidentielle, où l’abstention n’a pas été aussi considérable, bien qu’elle fût grande. Si celle-ci a été de façon nette plus importante que lors de la présidentielle, qui pourtant s’est déroulée dans le même contexte houleux, c’est probablement dû au fait que les gouvernants n’ont pas su garder mobilisés les quelque 10 millions d’électeurs du 12 décembre 2019. Ils se sont plus préoccupés en effet à cette deuxième occasion de convaincre ceux qui se nomment les hirakistes d’aller voter que d’en appeler à leurs fidèles. Une erreur de communication dont tout indique qu’ils sont revenus. Et que du reste il leur serait aujourd’hui difficile de commettre, la nature de la consultation faisant porter sur les compétiteurs le poids de la mobilisation. Aux partis et aux indépendants de donner envie aux électeurs de s’exprimer massivement, de leur accorder ce faisant la victoire. La campagne étant à sa première semaine, il n’est pas facile de voir dès maintenant s’ils en sont ou non capables. Toujours est-il qu’il semble que cette tâche soit plus facile pour les islamistes que pour les nationalistes, dont les partis, le FLN et le RND, ont été mis à mal ces derniers temps. D’anciens secrétaires généraux, deux du premier et un du second, purgent pour l’heure des peines de prison. La candidature du secrétaire général en exercice du FLN a été rejetée par l’ANIE, ce qui est un comble, sinon le coup de grâce. A la suite de quoi l’Organisation des moudjahidine elle-même a demandé que le sigle FLN lui soit enlevé.

    Le Jour d’Algérie

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  • Algérie : La campagne électorale se fait «plus précise»

    LÉGISLATIVES DU 12 JUIN : La campagne se fait «plus précise»

    par Mohamed Kebci

    La campagne électorale pour les élections législatives anticipées du 12 juin prochain commence à son sixième jour, hier mardi, à se faire «plus précise» en termes de thèmes abordés. Du moins, par certains des chefs de parti les «plus en vue».

    M. Kebci – Alger (Le Soir) – Comme nous l’avouait, hier mardi, le chargé de la communication de Jil Jadid, les questions récurrentes qui reviennent lors de ces premiers jours de la campagne électorale pour les élections législatives anticipées du 12 juin prochain sont liées à la confiance et aux chances d’un véritable changement.

    Habib Brahmia, qui accompagnait le président du parti qui était en campagne de proximité au centre-ville de la capitale des Aurès, dans la matinée avant de se rendre dans l’après-midi à Aïn-Beïda, dans la wilaya limitrophe d’Oum-el-Bouaghi, affirme que des nombreuses rencontres avec les citoyens ressortent deux principales préoccupations : le rétablissement de la confiance perdue et les chances pour un véritable changement.

    Ce à quoi, selon notre interlocuteur, Soufiane Djilali réplique à chaque fois que ce tout prochain scrutin pourrait constituer justement «l’occasion pour l’amorce de ce changement tant caressé». Ce qui suppose, poursuit-il, une participation active et massive des citoyens à cette élection. Car, pour lui, les choses ne peuvent évoluer et changer sans une véritable participation des citoyens dans les choix de leurs représentants», estimant que l’ancien système s’est effondré et qu’il est «impératif d’en édifier un autre, tout nouveau» Cela dit, précise Brahmia, d’autres soucis sont abordés lors de cette campagne, citant notamment la problématique du chômage. Ce qui pourrait être, tout au moins, jugulé en accordant plus d’importance à certains secteurs d’activité à très forte demande de main-d’œuvre comme l’agriculture, l’artisanat, le tourisme et le bâtiment.

    Autre thématique récurrente qui revient dans cette campagne électorale, les menaces auxquelles ferait face le pays notamment sur sa stabilité. Face à ces périls, les chefs de parti, dans leur presque totalité, prescrivent l’unique antidote, une participation massive des citoyens pour le choix des représentants du peuple lors de ces élections législatives.

    Des élections dont «les indices, comme le souligne le président du Front el Moustakbal, sont prometteurs quant au recouvrement de la confiance des citoyens en les institutions, notamment celles élues comme l’Assemblée populaire nationale». Aussi, le secrétaire général du RND a évoqué, lui, avant-hier, le dossier des élus locaux qui, selon lui, doivent bénéficier d’une protection juridique.

    Tayeb Zitouni soutient que «les poursuites judiciaires contre ces élus doivent obéir à une législation claire, qui permet de rétablir dans ses droits tout élu innocenté».

    Des élus locaux, victimes, selon lui, de «vision méprisante» qui «limite leurs missions aux travaux de nettoyage et d’éclairage».

    Le Soir d’Algérie, 26 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, campagne éléctorale, thèmes abordés, thématique, partis politiques,