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  • Quand annoncera-t-on la mort des Arabes ? (poème)

    Nizar Qabbani traduit par Abdelaziz Ben Daoud

    1
    J’essaie, depuis l’enfance, de dessiner ces pays
    Qu’on appelle-allégoriquement-les pays des Arabes
    Pays qui me pardonneraient si je brisais le verre de la lune…
    Qui me remercieraient si j’écrivais un poème d’amour
    Et qui me permettraient d’exercer l’amour
    Aussi librement que les moineaux sur les arbres…
    J’essaie de dessiner des pays…
    Qui m’apprendraient à toujours vivre au diapason de l’amour
    Ainsi, j’étendrai pour toi, l’été, la cape de mon amour
    Et je presserai ta robe, l’hiver, quand il se mettra à pleuvoir…

    2
    J’essaie de dessiner des pays…
    Avec un Parlement de jasmin…
    Avec un peuple aussi délicat que le jasmin…
    Où les colombes sommeillent au dessus de ma tête
    Et où les minarets dans mes yeux versent leurs larmes
    J’essaie de dessiner des pays intimes avec ma poésie
    Et qui ne se placent pas entre moi et mes rêveries
    Et où les soldats ne se pavanent pas sur mon front
    J’essaie de dessiner des pays…
    Qui me récompensent quand j’écris une poésie
    Et qui me pardonnent quand déborde le fleuve de ma folie…

    3
    J’essaie de dessiner une cité d’amour
    Libérée de toutes inhibitions…
    Et où la féminité n’est pas égorgée… ni nul corps opprimé

    4
    J’ai parcouru le Sud…
    J’ai parcouru le Nord…
    Mais en vain…
    Car le café de tous les cafés a le même arôme…
    Et toutes les femmes-une fois dénudées
    Sentent le même parfum…
    Et tous les hommes de la tribu ne mastiquent point ce qu’ils mangent
    Et dévorent les femmes une à la seconde

    5
    J’essaie depuis le commencement…
    De ne ressembler à personne…
    Disant non pour toujours à tout discours en boîte de conserve
    Et rejetant l’adoration de toute idole…

    6
    J’essaie de brûler tous les textes qui m’habillent
    Certains poèmes sont pour moi une tombe
    Et certaines langues linceul.
    Je pris rendez-vous avec la dernière femme
    Mais j’arrivai bien après l’heure.

    7
    J’essaie de renier mon vocabulaire
    De renier la malédiction du « Mubtada » et du « Khabar »
    De me débarrasser de ma poussière et me laver le visage à l’eau de pluie…
    J’essaie de démissionner de l’autorité du sable…
    Adieu Koraich… Adieu Kouleib… Adieu Mudar…

    8
    J’essaie de dessiner ces pays
    Qu’on appelle-allégoriquement- les pays des Arabes,
    Où mon lit est solidement attaché,
    Et où ma tête est bien ancrée,
    Pour que je puisse différencier entre les pays et les vaisseaux…
    Mais… ils m’ont pris ma boîte de dessin,
    M’interdisent de peindre le visage de mon pays…;

    9
    J’essaie depuis l’enfance
    D’ouvrir un espace en jasmin.
    J’ai ouvert la première auberge d’amour… dans l’histoire des Arabes…
    Pour accueillir les amoureux…
    Et j’ai mis fin à toutes les guerres d’antan entre les hommes.et les femmes,
    Entre les colombes… et ceux qui égorgent les colombes…
    Entre le marbre… et ceux qui écorchent la blancheur du marbre…
    Mais… ils ont fermé mon auberge…
    Disant que l’amour est indigne de l’Histoire des Arabes
    De la pureté des Arabes…
    De l’héritage des Arabes…
    Quelle aberration!!

    10
    J’essaie de concevoir la configuration de la patrie ?
    De reprendre ma place dans le ventre de ma mère,
    Et de nager à contre courant du temps,
    Et de voler figues, amandes, et pêches,
    Et de courir après les bateaux comme les oiseaux
    J’essaie d’imaginer le jardin de l’Eden?
    Et les potentialités de séjour entre les rivières d’onyx?
    Et les rivières de lait…
    Quand me réveillant… je découvris la futilité de mes rêves.
    Il n’y avait pas de lune dans le ciel de Jéricho…
    Ni de poisson dans les eaux de l’Euphrate…
    Ni de café à Aden…

    11
    J’essaie par la poésie… de saisir l’impossible…
    Et de planter des palmiers…
    Mais dans mon pays, ils rasent les cheveux des palmiers…
    J’essaie de faire entendre plus haut le hennissement des chevaux;
    Mais les gens de la cité méprisent le hennissement !!

    12
    J’essaie, Madame, de vous aimer…
    En dehors de tous les rituels…
    En dehors de tous textes.
    En dehors de tous lois et de tous systèmes.
    J’essaie, Madame, de vous aimer…
    Dans n’importe quel exil où je vais…
    Afin de sentir, quand je vous étreins, que je serre entre mes bras le terreau de mon pays.

    13
    J’essaie -depuis mon enfance- de lire tout livre traitant des prophètes des Arabes,
    Des sages des Arabes… des poètes des Arabes…
    Mais je ne vois que des poèmes léchant les bottes du Khalife
    pour une poignée de riz… et cinquante dirhams…
    Quelle horreur!!
    Et je ne vois que des tribus qui ne font pas la différence entre la chair des femmes…
    Et les dates mûres…
    Quelle horreur!!
    Je ne vois que des journaux qui ôtent leurs vêtements intimes…
    Devant tout président venant de l’inconnu..
    Devant tout colonel marchant sur le cadavre du peuple…
    Devant tout usurier entassant entre ses mains des montagnes d’or…
    Quelle horreur!!

    14
    Moi, depuis cinquante ans
    J’observe la situation des Arabes.
    Ils tonnent sans faire pleuvoir…
    Ils entrent dans les guerres sans s’en sortir…
    Ils mâchent et rabâchent la peau de l’éloquence
    Sans en rien digérer.

    15
    Moi, depuis cinquante ans
    J’essaie de dessiner ces pays
    Qu’on appelle-allégoriquement- les pays des Arabes,
    Tantôt couleur de sang,
    Tantôt couleur de colère.
    Mon dessin achevé, je me demandai : Et si un jour on annonce la mort des Arabes…
    Dans quel cimetière seront-ils enterrés?
    Et qui les pleurera?
    Eux qui n’ont pas de filles…
    Eux qui n’ont pas de garçons…
    Et il n’y a pas là de chagrin
    Et il n’y a là personne pour porter le deuil!!

    16
    J’essaie depuis que j’ai commencé à écrire ma poésie
    De mesurer la distance entre mes ancêtres les Arabes et moi-même.
    J’ai vu des armées… et point d’armées…
    J’ai vu des conquêtes et point de conquêtes…
    J’ai suivi toutes les guerres sur la télé…
    Avec des morts sur la télé…
    Avec des blessés sur la télé…
    Et avec des victoires émanant de Dieu… sur la télé…

    17
    Oh mon pays, ils ont fait de toi un feuilleton d’horreur
    Dont nous suivons les épisodes chaque soir
    Comment te verrions-nous s’ils nous coupent le courant??

    18
    Moi, après cinquante ans,
    J’essaie d’enregistrer ce que j’ai vu…
    J’ai vu des peuples croyant que les agents de renseignements
    Sont ordonnés par Dieu… comme la migraine… comme le rhume…
    Comme la lèpre… comme la gale…
    J’ai vu l’arabisme mis à l’encan des antiquités,
    Mais je n’ai point vu d’Arabes !!

    Lezardes et murmures

    Etiquettes : Monde arabe, Ligue Arabe, pays arabes, arabisme, Nizar Qabbani, poème, amour, femmes, beauté,

  • Analystes : Les États arabes « se lavent les mains » des Palestiniens

    Les gouvernements pratiques recherchent des relations mutuellement bénéfiques avec Israël.

    Andrew E. Harrod*

    (May 24, 2021 / JNS) Dans ce qui s’est avéré être un instantané des points de vue professionnels sur le conflit israélo-arabe à la veille de la guerre, Khaled Elgindy, professeur adjoint à l’Université de Georgetown et membre senior de l’Institut du Moyen-Orient (MEI), a conclu que le « monde arabe se lave en quelque sorte les mains » de la cause palestinienne lors d’un webinaire MEI du 3 mai. Il était d’accord avec les autres panélistes qui se sont exprimés sur le thème « La normalisation arabo-israélienne : Une voie viable vers la paix », que l’Amérique et les Etats arabes donnent la priorité à des intérêts personnels pratiques sur un projet d’Etat palestinien de plus en plus violent et raté.

    Les panélistes ont examiné les implications de Bahreïn, du Maroc, du Soudan et des Émirats arabes unis qui ont établi des relations diplomatiques normales avec Israël pendant les derniers mois du mandat de l’ancien président Donald Trump. Ces accords initiés par les accords d’Abraham de Bahreïn et des Émirats arabes unis n’ont été que plus remarquables dans les jours qui ont suivi le panel. Le groupe terroriste Hamas de Gaza, soutenu par l’Iran, a renouvelé ses attaques à la roquette contre Israël le 10 mai, tirant des milliers de roquettes sur Tel Aviv et d’autres centres de population civile israéliens. Israël a riposté par des frappes aériennes et des tirs d’artillerie. Les responsables des Émirats arabes unis ont mis en garde le Hamas contre des sanctions si sa campagne persiste.

    Ces reconnaissances d’Israël par les États arabes « ont privé les Palestiniens de l’un des très rares points d’appui dont ils disposaient vis-à-vis d’Israël », a noté M. Elgindy. Les Palestiniens souffrent d’une « asymétrie de pouvoir déjà très marquée » avec Israël. Compte tenu de cette « menace existentielle pour le projet national palestinien », a-t-il ajouté, « la réponse palestinienne à travers le spectre politique a été extrêmement négative. »

    Le vice-président et directeur exécutif du Richardson Center for Global Engagement, Mickey Bergman, collègue d’Elgindy à Georgetown, a fait valoir que ces États arabes avaient été « très opportunistes » en concluant des accords avec Israël. Les panélistes ont noté que Trump a reconnu la revendication du Maroc sur le Sahara occidental contesté et a retiré le Soudan de la liste des États qui soutiennent le terrorisme. Dans le même temps, le Bahreïn et les Émirats arabes unis souhaitaient des liens plus étroits avec Israël et les États-Unis, notamment en raison des menaces iraniennes croissantes.

    En se concentrant sur les États du Golfe, le chercheur non résident de l’IEDM Mohammed Soliman a noté que pour eux, « la géopolitique est de retour. » Depuis l’élection de Trump en 2016, « l’Amérique a moins de capital local et de volonté d’investir dans un grand nombre de problèmes dans le monde. » En particulier, « l’Amérique laisse tout derrière elle pour l’Indo-Pacifique », a-t-il noté.

    « Afin de réorganiser la région dans une architecture dominée par les États-Unis », a analysé Soliman, les États du Golfe « doivent résoudre certains problèmes et se réaligner sur certaines forces. » Cela exclut d’essayer de résoudre l’interminable conflit israélo-palestinien avec la solution moribonde de créer un État palestinien aux côtés d’Israël. « Le statu quo actuel ne peut être maintenu », a-t-il expliqué, « sur la base du rêve d’avoir bientôt une solution à deux États. » Comme l’a confirmé Elgindy, « fondamentalement, ce que les États arabes disent, c’est que nous ne pouvons pas simplement attendre éternellement, que ce soit pour poursuivre nos intérêts bilatéraux ou pour poursuivre d’autres intérêts géopolitiques », cette « licorne appelée solution à deux États ».

    En revanche, les États du Golfe semblent plus intéressés par des alliances militaires entre eux et avec Israël pour contrer des menaces comme l’Iran, a déclaré Soliman. « L’idée d’une OTAN arabo-israélienne remonte au président George W. Bush et « nous y arrivons. Ce n’est plus une idée fantaisiste ; cependant, cela va prendre du temps. » La modératrice du webinaire, Joyce Karam, correspondante à Washington pour The National, a noté qu’une « OTAN arabe » était une « idée qui a été lancée pour la première fois par Harry Truman » avec des initiatives qui ont conduit à l’échec du pacte de Bagdad en 1955.

    M. Elgindy a également cité les réalités pratiques qui ont facilité les relations d’Israël avec le Bahreïn, le Maroc, le Soudan et les Émirats arabes unis. Contrairement à l’Égypte et à la Jordanie, qui ont conclu des accords de paix avec Israël en 1979 et 1994, respectivement, ce quatuor arabe n’a jamais engagé d’hostilités militaires avec Israël. En conséquence, plusieurs de ces États ont eu « de toute façon des relations sous la table avec les Israéliens » et ne font maintenant que « consacrer un ordre géopolitique existant ».

    Pendant ce temps, les États arabes « continueront à parler de deux États parce que chacun a besoin d’un endroit où s’accrocher » concernant une stratégie pour les Palestiniens, a observé M. Elgindy. Pourtant, les acteurs internationaux pratiquent de plus en plus la « gestion des conflits » et « l’aversion au risque » à l’égard des Palestiniens, a expliqué la directrice du programme sur le conflit israélo-palestinien de l’Institut de la paix des États-Unis, Lucy Kurtzer-Ellenbogen. En parallèle, a-t-elle ajouté, les « tendances israéliennes montrent clairement que le corps politique s’est déplacé très et largement vers la droite », au détriment des concessions aux Palestiniens. Cette tendance n’a fait que s’accélérer avec la dernière éruption de violence.

    Yet even before Hamas’s latest jihad, Elgindy correctly faulted Palestinians for their plight, as the Palestinian Authority’s recent cancellation of long overdue elections—the first since 2006—further exposed the corruption of the P.A. dictatorship. The cancellation “is another sign of a, I don’t any other way to put it, but a bankrupt leadership, that has no strategic vision, that is incapable of even minimally doing what is required to put its own house in order.” “You can never really underestimate the Palestinian leadership’s dysfunction,” he added.

    The election fiasco “is very much a self-inflicted wound,” said Elgindy, and Palestinians have “become their own worst enemies” by showing themselves unworthy of serious international consideration. This societal incompetence “is self-reinforcing” against Palestinian state aspirations, as Arab nations are “not inclined to want to move ahead with two states.” In this context, he chastised Israel, the United States and other countries for “opposing Palestinian reconciliation efforts” between the P.A. and Hamas, as if giving power to jihadist terrorists could solve anything.

    The situational analysis of the Palestinian cause left Elgindy in a gloomy mood. Israelis continue to settle disputed West Bank territories, the historic Jewish heartland of Judea and Samaria, thereby continually limiting the extent of any future Palestinian sovereignty. “De facto annexation is happening on the ground as we speak, with nary a word of opposition” globally, he said; the situation “is deteriorating really, really rapidly.”

    Yet what for Elgindy is Palestinian defeat is for others Israeli victory over a hitherto implacable foe that has resorted to futile bloodshed yet again. After decades of Israeli resilience against Arab efforts to destroy the Jewish state, practical Arab governments are seeking mutually beneficial relations with Israel and abandoning extremist, rejectionist Palestinians. If this acceptance of reality spreads to other Arab states, perhaps one day even Middle East studies professors will follow suit.

    Andrew E. Harrod, a Campus Watch Fellow, freelance researcher and writer, is a fellow with the Lawfare Project. Follow him on Twitter at: @AEHarrod.

    Jewish National Syndicate, 24 mai 2021

    Etiquettes : Etats-Unis, Israël, normalisation, pays arabes, Palestine, Maroc, Soudan, Emirats Arabes Unis, EAU,

  • Le défi des accords d’Abraham

    RODGER SHANAHAN

    Les pays qui ont normalisé leurs relations avec Israël ont toujours eu à faire avec la question palestinienne.

    Pour les pays parties aux accords dits d’Abraham – la série d’accords diplomatiques qui ont normalisé les relations entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc et qui ont été très applaudis par l’administration Trump – la dernière flambée de violence entre Israël et les Palestiniens a posé un défi difficile. L’élément manquant de la bonhomie bilatérale qui a résulté au cours de l’année écoulée d’un échange d’ambassadeurs et de promesses de potentiel économique a toujours été la question palestinienne.

    Des manifestations ont éclaté au Maroc pour soutenir les Palestiniens et condamner l’accord de normalisation des relations. Des rapports font état de manifestations au Bahreïn et aux Émirats arabes unis, ainsi que d’une réaction en ligne. Le Soudan a cherché à défendre sa décision, déclarant que sa reconnaissance d’Israël n’avait « rien à voir avec le droit des Palestiniens à créer leur propre État ».

    En septembre de l’année dernière, lorsque les Émirats arabes unis sont devenus le premier État du Golfe à signer un accord de normalisation avec Israël, ils ont cherché à apaiser tout sentiment de malaise à l’idée d’être dépeints comme le pays rompant la solidarité arabe sur le soutien à la cause palestinienne en affirmant que leur décision avait mis un terme à la menace du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d’annexer le territoire palestinien. Mais il s’agissait d’une portée. Il a toujours été peu probable que Netanyahu mette une telle menace à exécution, même au moment où il bénéficiait du soutien ardent de la famille Trump à la Maison Blanche.

    Ainsi, les tensions plus profondes dans la région concernant la voie empruntée par les pays signataires de l’accord d’Abraham se sont manifestées à travers la couverture médiatique des combats actuels. Al Jazeera du Qatar, par exemple, a publié des articles d’opinion très critiques à l’égard des accords d’Abraham à la lumière des événements actuels, tout comme TRT World d’Ankara.

    Le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a été encore plus virulent lors d’une réunion de l’Organisation de la coopération islamique, accusant les pays signataires de l’accord d’Abraham d’avoir « perdu leur boussole morale » et de porter atteinte à la solidarité régionale. « S’il y a des déclarations tièdes au sein de notre propre famille », a déclaré Cavusoglu, « comment pourrions-nous critiquer les autres ? Qui prendra nos paroles au sérieux ? »

    Pour leur part, les Émirats arabes unis ont navigué dans la politique en raison de l’importance accordée à Gaza. Les Émirats arabes unis considèrent l’islam politique, qu’il s’agisse du Hamas, qui maintient son contrôle sur Gaza, ou d’autres groupes tels que les Frères musulmans, comme une menace existentielle. Et Gaza en tant que lieu ne suscite pas la même réaction émotionnelle dans les populations arabes que Jérusalem et la Cisjordanie.

    Mais les scènes de manifestations en Cisjordanie et de forces de sécurité israéliennes à l’intérieur de la mosquée al-Aqsa ont été beaucoup plus problématiques pour les signataires de l’accord d’Abraham.

    Les Émirats arabes unis se sont joints à la critique d’Israël sous les auspices de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique, mais ils ont été accusés, avec d’autres, d’être lents à réagir. Une interview de l’ambassadeur émirati nouvellement nommé après son arrivée récente en Israël a été mal lue quelques jours seulement après sa publication.

    Les pays qui ont signé les accords d’Abraham ont toujours eu à faire face à la question palestinienne, même s’ils ne pensaient pas que cela se produirait aussi rapidement. Si l’accent mis sur Gaza et le Hamas dans les combats actuels a permis à des pays comme les Émirats arabes unis, le Maroc et le Bahreïn de surmonter l’épidémie actuelle sans troubles intérieurs importants, les conflits futurs pourraient être plus difficiles sur le plan politique. Et cela peut également dépendre de la durée du cessez-le-feu promis.

    Plus le conflit se déplacera au-delà de Gaza, plus les dirigeants arabes devront probablement payer un prix élevé sur le plan politique. Et il est peu probable que le Hamas, ses partisans ou les Palestiniens en général n’aient pas compris cette leçon. Les graines d’un combat plus important à l’avenir ont peut-être été semées au cours de ce conflit actuel.

    The Interpreter, 21 mai 2021

    Etiquettes : Etats-Unis, Israël, pays arabes, normalisation, Maroc, Emirats Arabes Unis, EAU, Soudan, Bahreïn, Palestine, Ghaza, Hamas,

  • « Ils ont perdu leur sens moral » : les États musulmans condamnent ceux qui ont normalisé leurs relations avec Israël.

    Les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc ont participé en 2020 à la normalisation des relations diplomatiques avec Israël organisée par le président américain de l’époque, Donald Trump.

    Lors d’un sommet d’urgence de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) dimanche 16, les 57 pays membres à majorité musulmane ont vivement condamné les attaques d’Israël contre Gaza et la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, mais ont également critiqué plusieurs de leurs propres membres qui ont signé des accords de normalisation controversés avec Israël l’année dernière.

    Dans une déclaration commune à l’issue du sommet, l’OCI a déclaré qu’elle « condamne dans les termes les plus forts les attaques barbares lancées par Israël, l’autorité occupante, contre le peuple palestinien, sa terre et ses lieux saints. »
    Le groupe a exhorté Tel-Aviv à mettre « un terme à toutes les violations perpétrées par Israël, l’autorité d’occupation, y compris le non-respect des lieux saints », notant qu’il « tient Israël, l’autorité d’occupation, pleinement responsable de la détérioration de la situation causée par ses crimes systématiques contre le peuple palestinien […], en particulier l’attaque militaire barbare de grande envergure contre la bande de Gaza assiégée. »

    L’OCI a en outre exhorté le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) à « agir rapidement » pour mettre fin aux attaques israéliennes, ce que l’un de ses membres, la Chine, a demandé dimanche (16).

    « Le massacre d’enfants palestiniens aujourd’hui fait suite à la supposée normalisation. Ce régime criminel et génocidaire a prouvé une fois de plus que les gestes amicaux ne font qu’aggraver ses atrocités », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, cité dimanche (16) par l’agence américaine Associated Press.
    « Ne vous méprenez pas : Israël ne comprend que le langage de la résistance et le peuple de Palestine a pleinement le droit de se défendre », a-t-il ajouté.

    Le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a quant à lui déclaré que les pays qui ont signé des accords de paix avec Tel-Aviv en 2020 « ont perdu leur boussole morale », ajoutant que « s’il y a des déclarations peu enthousiastes au sein de notre propre famille, comment pourrions-nous critiquer les autres ? Qui prendra nos paroles au sérieux ? ».

    En 2020, l’administration américaine de Donald Trump a réussi à obtenir que quatre pays islamiques – les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc – reconnaissent l’État d’Israël dans le cadre d’un accord de paix qui promettait de mettre fin à l’annexion par Israël de certaines parties de la Cisjordanie.

    Nouveau conflit israélo-palestinien

    La cause directe de la reprise de la violence en Israël a été un arrêt du 6 mai de la Cour suprême d’Israël, qui a dicté l’expulsion de quatre familles palestiniennes du quartier de Sheikh Jarrah, et a entraîné des affrontements entre la police israélienne et des civils palestiniens, ainsi que le raid de la police israélienne sur la mosquée Al-Aqsa.

    Malgré le report de 30 jours de la décision de justice, les mouvements palestiniens Hamas et Jihad islamique ont lancé des roquettes contre Israël lundi dernier (10) depuis la bande de Gaza. Les forces israéliennes ont répondu par des frappes aériennes et d’artillerie contre la région et les groupes palestiniens.

    Dans la nuit de dimanche (16), 193 personnes ont été tuées à Gaza par des bombardements israéliens, dont 55 enfants, et plus de 10 000 personnes ont été déplacées. Onze autres personnes ont été tuées en Cisjordanie, tandis qu’en Israël, dix personnes ont été tuées, dont deux enfants.

    Sputnik, 17 mai 2021

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  • Les grandes impuissances arabes

    par Madjid khelassi

    Le grand Israël, architecte éternel des guerres au Proche-Orient, remet ça.

    Des colons sionistes essayent de déloger des habitants palestiniens de leurs maisons à Jérusalem-Est , Et hop ! c’est le fait accompli qui commande l’intrigue.

    Les populations musulmanes de la ville sainte crient au scandale, et Israël réprime dans le sang les candidats aux protestations.

    Incapable d’accepter sans mépris et sans préjugés l’irruption – sur sa propre terre – d’une forme d’humanité différente, l’état hébreu arrose Gaza.

    Et si cette effraction dans l’intimité des maisons et de la mosquée d’El Aqsa apparentait à s’y méprendre à une tentative de mainmise totale d’israêl sur la Palestine, Lieux Saints musulmans compris ?

    Quand bien même ce serait le cas, les dirigeants arabes, prisonniers frileux de leur morgue, condamnent comme d’hab, par voie diplomatique et , sous la douceur élégante de leur prose, ils saisissent le Conseil de sécurité, ce label fallacieux où trône le dieu-veto américain.

    La réaction sans gloire des dirigeants arabes n’est-elle pas à la mesure des malheurs qui frappent les palestiniens ?

    La règle de cette malédiction : la tragédie survient en toute certitude lorsque le désastre arabe s’accompagne d’une prolifération de discours susceptibles des conversions les plus inattendues.

    Depuis la fameuse « oued-Amizour »condamne l’agression israélienne au Liban-Sud », on croyait révolus ces bruits hideux et tintinnabulants qui essaient à la place des Israéliens de trouver la parade à l’agression ou de cerner les traits d’un chagrin, d’une horreur par une compassion passive.

    Comme une effraction intime de l’honneur, la passivité n’a pas fini de suinter à travers les interstices de l’impuissance arabe .

    Entre-temps, les enfants de Palestine engourdis de désespoir, n’ont que la force de leurs bras et la couleur de leurs pierres pour combattre l’occupation .

    Puisque tourmenteur et tourmenté n’en font qu’un, Benjamin Netanyahu, plus arrogant que jamais, est apparu à la télé pour dire que la chasse aux palestiniens et la colonisation ne s’arrêteront jamais…car cette fois-ci cautionnées par la normalisation avec quelques états arabes.

    La tragique chaconne de la chasse au palestinien, commencée en 1948, se prolonge. Elle est la honte bue des arabes qu’Israël fait trembler… même à des milliers de kilomètres de Tel-Aviv

    La Nation, 17 mai 2021

    Etiquettes : Palestine, Ghaza, Israël, ligue arabe, pays arabes,

  • Le vin et le monde arabe : le Maroc à sa tête

    Dans le monde arabe, c’est-à-dire les États où la langue majoritaire de la population est l’arabe – les pays du Moyen-Orient, y compris l’ensemble de la péninsule arabique et les nations du Maghreb et de la Corne de l’Afrique – le Maroc est le principal exportateur de vin vers le monde arabe et est le leader en matière de consommation, de production et d’exportation de vin.

    Contrairement aux recommandations d’abstinence de la religion musulmane, l’alcool est présent dans les foyers marocains. La boisson alcoolisée la plus consommée au Maroc est la bière, suivie du whisky. Le vin de table est le plus consommé dans les ménages, suivi du vin millésimé, qui est consommé moins fréquemment que le premier.

    Consommation intérieure

    Selon le rapport de l’Organisation mondiale de la santé, le Maroc, ainsi que le Koweït, l’Arabie saoudite, la Jordanie et la Libye, sont les pays arabes où la consommation d’alcool est la plus élevée. Les Marocains consomment annuellement 131 millions de litres d’alcool, dont 400 millions de litres de bière, 38 millions de litres de vin, 140 000 litres de champagne, 1,5 million de litres de whisky et un million de bouteilles de vodka.

    Les voisins du sud consomment de l’alcool dans un pays où la loi en interdit la vente, mais on en trouve dans les épiceries privées, les bars, les restaurants, les hôtels et les Carrefours de Marrakech, Rabat et d’autres zones touristiques. Dix-sept familles marocaines locales qui vivent de la production et de la vente de boissons alcoolisées ont poursuivi Carrefour pour avoir vendu de l’alcool dans leurs quartiers, car la concurrence de ces grands magasins menaçait la stabilité de leurs entreprises.

    Le royaume amazigh alloue 49 000 hectares de terres aux vignobles, dont 8 000 sont consacrés à la production de vin, selon un rapport du bureau économique et commercial de l’ambassade d’Espagne à Casablanca. Selon le média numérique ECSaharaui, le Maroc produit 35 millions de bouteilles de vin par an, dont 30 millions sont consommées dans le pays, le reste étant exporté, le principal partenaire étant la France.

    Sur les 300 000 et 350 000 hectolitres de vin produits chaque année au Maroc, les meilleurs vendeurs sont Castel Boulouane, Coteaux de l’Atlas, Cotes de Romani et Odyssey 2014. L’influence de la mer Atlantique offre un climat propice à la culture de la vigne. Des cépages résistants à la chaleur ont été plantés : grenache, carignan et cinsault. La majorité des récoltes est destinée au vin rouge, seuls 15% étant destinés au vin rosé et, dans une moindre mesure, au vin blanc.

    Hassan II et Mohamed VI

    Hassan II favorise l’expansion des cultures alcoolisées, incitant la France à y investir. Dans les années 1990 déjà, le pays comptait 14 000 hectares qui se sont développés grâce aux investissements étrangers et aux contributions de l’État. Après l’arrivée au pouvoir de Mohamed VI, la croissance s’est poursuivie de sorte que le Maroc compte six grandes zones de production : Bernan et Angad -vins rouges robustes-, Meknès/Fez -où sont produits 60% des vins marocains, y compris les rosés de l’Atlas-, le Gharb -d’où provient le gris Boulaouane, un rosé léger-, Rabat -rouges légers-, Casablanca -rouges- et Doukkalas, sur la côte atlantique.

    En plus des quatorze appellations d’origine garanties, il existe une seule appellation d’origine contrôlée, accordée en octobre 1998 à « Les Coteaux de l’Atlas ». L’aire géographique de cette appellation couvre les communes de Sidi-Slimane, Mjat et Boufekrane. Cette région était connue pour ses caractéristiques naturelles en matière de viticulture et de vinification depuis l’époque de l’Empire romain.

    Vinetur, 27 avr 2021

    Etiquettes : Monde arabe, pays arabes, vin, Maroc, Maghreb, consommation, production de vins, exportation de vins, bière, whisky, Koweït, Arabie Saoudite, Jordanie, Libye,

  • Normalisations entre le monde arabe et Israël : Biden reprend le flambeau de Trump

    Tamara Nassar, 8 avril 2021

    Ce mardi, le cabinet soudanais a voté l’abolition d’une loi qui interdisait les relations diplomatiques et commerciales avec Israël, inversant ainsi une politique longue de six décennies.

    Le bureau du Premier ministre soudanais Abdalla Hamdok a annoncé la décision sur Twitter, affirmant dans le même souffle

    « la position ferme du Soudan quant à l’instauration d’un État palestinien dans le cadre de la solution à deux États ».

    Déclarer son soutien à la solution moribonde à deux États est une échappatoire habituelle utilisée par les gouvernements arabes et européens pour faire oublier leur complicité et leur inaction alors qu’Israël continue à coloniser la terre palestinienne par la violence.

    Cette décision doit encore être approuvée par le Conseil souverain du Soudan – sa législature intérimaire – avant de pouvoir entrer en application.

    La veille du jour où le cabinet soudanais a accepté d’abroger la loi sur le boycott, Hamdok et le secrétaire d’État américain Antony Blinken ont eu un entretien téléphonique.

    Blinken a assuré Hamdok de « l’importance du rôle du Soudan dans la création de la stabilité dans la région », a déclaré le bureau de Hamdok.

    Le porte-parole du département d’État, Ned Price, a expliqué que les deux hommes avaient discuté du soutien américain aux « efforts du gouvernement de transition en vue de faire progresser le processus de paix » – sans toutefois spécifier à quoi cela faisait référence.

    Aucun briefing concernant l’échange téléphonique n’a fait état d’Israël.

    Au cours de ses audiences de confirmation, en janvier, Blinken a multiplié les éloges à l’adresse des efforts de l’administration Trump en vue d’assurer les accords de normalisation entre Israël et divers États arabes, malgré le rejet obstiné par Israël des droits palestiniens.

    « J’applaudis le travail qui a été accompli pour faire aller de l’avant la normalisation avec Israël », a déclaré Blinken aux sénateurs.

    « Cela rend Israël et la région plus sûrs. C’est une bonne chose et, oui, j’espère que nous pourrons construire sur cela aussi. »

    « De lourdes pressions »

    Le gouvernement de transition du Soudan a accepté d’instaurer des relations diplomatiques entières avec Israël en octobre dernier, dans le cadre d’un accord plus large visant à installer le pays fermement dans le giron des États-Unis.

    On s’attend à des traités officiels une fois que le Soudan formera un gouvernement permanent, mais les hauts responsables israéliens ont déjà effectué plusieurs visites à Khartoum au cours des derniers mois.

    À l’époque de l’accord, le président américain Donald Trump avait annoncé qu’il retirerait le Soudan de la liste américaine des nations soutenant le terrorisme en échange de 335 millions de USD de compensations pour les victimes américaines des attentats d’al-Qaïda.

    Le 31 mars, Blinken a confirmé la réception des fonds en provenance du Soudan.

    Blinken a qualifié le paiement d’entame d’un « nouveau chapitre » entre les deux pays.

    Alors que la déclaration de Blinken ne fait aucunement état d’Israël, le fait que le Soudan a accepté d’effectuer le paiement en échange de sa radiation de la liste a été perçu comme une première motivation de la normalisation des relations avec Israël.

    L’an dernier, un porte-parole du gouvernement soudanais avait révélé que le pays subissait de « lourdes pressions » de la part des États-Unis en vue de normaliser ses liens avec Israël en échange de sa radiation de la liste américaine du terrorisme.

    « Il a été dit clairement que c’était lié », a expliqué le ministre soudanais de l’Information, Faisal Mohamed Salih, au correspondant de presse de la TV iranienne, Ahmed Kaballo.

    « ‘Si vous voulez que le Soudan soit retiré [de la liste américaine des nations qui soutiennent le terrorisme], vous devez normaliser vos relations avec Israël.’ C’était une situation très difficile », a-t-il ajouté.

    Il y a peu de signes que l’important apport d’armes américains au Soudan ait changé sous Biden.

    Intimidations et encouragements

    Le Soudan était l’un des quatre États arabes à accepter de normaliser leurs relations avec Israël au cours de la dernière année de Trump à la présidence.

    Les trois autres étaient les Émirats arabes unis (EAU), Bahreïn et le Maroc.

    L’administration Trump a utilisé un mélange d’intimidations et d’encouragements afin de concrétiser certains de ces accords.

    L’administration Biden semble reprendre le même flambeau.

    Le journaliste israélien Barak Ravid a rapporté que la Mauritanie était elle aussi sur le point de normaliser ses relations avec Israël et qu’elle « espérait obtenir des encouragements économiques en retour », mais Trump avait quitté son mandat avant qu’un accord eût été dégagé.

    Ravid a expliqué que l’administration Biden espérait mettre sur pied des accords de normalisation similaires « tout en assurant ses propres réalisations via de nouveaux accords ».

    « Plusieurs des relations nouvelles instaurées entre Israël et les quatre pays des accords d’Abraham s’accélèrent dans leur propre cadre », a expliqué à Ravid un haut responsable américain qui n’a pas été nommé.

    « Les États-Unis continueront à encourager cette dynamique. »

    Plus tôt, dans les années 1990, la Mauritanie avait instauré des relations diplomatiques avec Israël, mais les avait interrompues en 2010 afin de protester contre les agressions israéliennes sur les Palestiniens de Gaza.

    En février, les médias israéliens ont rapporté que la Mauritanie était l’un des pays censés recevoir des doses de vaccin COVID-19 en provenance d’Israël dans le cadre d’un effort du Premier ministre Benjamin Netanyahou en vue de rentrer dans les bonnes grâces des gouvernements du monde entier.

    Alors que ces plans ont été suspendus en raison d’une opposition juridique, des millions de Palestiniens vivant sous l’occupation militaire israélienne se voient toujours refuser le vaccin.

    Charleroi pour la Palestine, 8 avril 2021

    Etiquettes : Etats-Unis, Israël, normalisation, pays arabes, Maroc, Mauritanie, Palestine, Donald Trump, Joe Biden,