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  • Cembrero : Pegasus va sensibiliser les autorités mondiales

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    Journaliste espagnol espionné : Pegasus va sensibiliser les autorités mondiales

    Madrid, 12 août (EFE) – Le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, qui aurait été visé par le programme Pegasus, estime que cette affaire signifiera un avant et un après,  » une prise de conscience de la part des autorités mondiales  » de la gravité de l’espionnage électronique.

    Dans un entretien téléphonique avec Efe, il fait valoir que la liste des victimes comprend « de nombreux hommes politiques, dont le président de la France, Emmanuel Macron, et le président du Conseil européen, Charles Michel ».

    Selon l’enquête publiée en juillet dernier par un consortium de médias internationaux, coordonné par l’organisation française Histoires interdites, et avec le soutien technique d’Amnesty International, les gouvernements de plusieurs pays auraient espionné des milliers de téléphones portables, en tant que clients de l’entreprise technologique israélienne NSO Group, à laquelle appartient Pegasus.

    L’Arabie saoudite, le Maroc, le Mexique, la Hongrie, l’Inde et l’Azerbaïdjan figurent parmi les pays qui auraient eu recours à cette pratique.

    Cembrero se souvient qu’il avait déjà été espionné auparavant, en septembre 2010, alors qu’il travaillait pour le journal espagnol El País : « Le virus a causé quelques problèmes au personnel informatique du journal, à qui j’ai demandé de l’aide pour ouvrir un fichier (dans l’e-mail). C’est alors qu’ils ont réalisé que le fichier contenait un virus pour m’espionner ».

    À l’époque, il enquêtait sur la branche terroriste d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

    DES SOUPÇONS D’ESPIONNAGE

    À la mi-juin, M. Cembrero a également émis des doutes quant à l’intégrité de son téléphone portable et à la confidentialité de ses conversations Whatsapp.

    Le 16 juillet », explique-t-il, « j’ai reçu un appel de Forbidden Stories, une organisation journalistique qui enquête sur l’affaire Pegasus, et ils m’ont dit que je figurais sur la liste des téléphones qui avaient été espionnés. En tout cas, le 20 juin, l’éditorial d’un journal marocain (Maroc Diplomatique) dans lequel ils parlaient de moi reproduisait le contenu de certains de mes messages, ce qui me laissait déjà penser que j’étais surveillé ou espionné », reconnaît le journaliste espagnol.

    Cembrero dénonce une « campagne de diffamation » à son encontre car il est considéré comme un « élément gênant pour les autorités marocaines », en raison de sa connaissance et de son opinion critique du gouvernement marocain.

    Le Maroc, pour sa part, a démenti à plusieurs reprises les « accusations infondées et fausses » concernant son implication dans l’utilisation de Pegasus.

    Plusieurs des personnes prétendument espionnées sont des journalistes marocains condamnés dans leur pays pour des délits sexuels, selon Cembrero.

    Ces condamnations constituent « une forme de répression de la part du régime (marocain), qui rend difficile la mobilisation des ONG de défense des droits de l’homme ». C’est beaucoup plus compliqué si le journaliste a été envoyé en prison pour des crimes sexuels et non pour ses écrits », déclare Cembrero.

    Malgré tout, le journaliste espagnol n’a jamais eu le sentiment que sa vie était en danger : « Bien que j’ai reçu une menace de mort en 2014, je pense qu’il s’agit de me surveiller et de faire pression sur moi, pour que je jette l’éponge.

    En Espagne, dit-il, il reçoit de nombreux témoignages de solidarité et des offres d’aide, notamment de l’organisation Reporters sans frontières (RSF) et de l’Association de la presse de Madrid.

    ISRA ISRAEL, PEGASUS ET LE GROUPE NSO

    Le gouvernement israélien, plus précisément le ministère de la défense, a accordé à la société qui a créé Pegasus une licence pour vendre ce produit en dehors du pays.

    Cependant, Amnesty International a demandé la « suspension immédiate de l’exportation, de la vente et de l’utilisation des technologies de surveillance jusqu’à ce qu’un cadre réglementaire respectueux des droits de l’homme soit mis en place ».

    Théoriquement, ils vendent ce produit uniquement pour la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue et non pour d’autres types d’utilisation », a déclaré M. Cembrero, « et il est clair que du Mexique à l’Arabie saoudite en passant par le Maroc, le programme a été utilisé pour des tâches qui n’ont rien à voir avec le trafic de drogue ou la lutte contre le terrorisme.

    Le journaliste a déposé fin juillet une plainte auprès du bureau du procureur général d’Espagne afin d’enquêter sur les responsabilités dans ce cas d’espionnage, plainte qui a été acceptée.

    De la part du gouvernement espagnol, le journaliste note l’indifférence des autorités : « Il n’y a pas la moindre aide ou le moindre conseil. Je peux confirmer que l’autorité publique en charge de la sécurité a proposé à certains journalistes d’analyser leurs téléphones portables pour vérifier s’ils avaient Pégase ».

    Cembrero fait partie des journalistes qui ont rejoint la plainte déposée par RSF en France contre la société israélienne NSO Group. EFE

    Diario libre, 12/08/2021

  • ONU: Pour un moratoire sur la vente des logiciels espions

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    Scandale des logiciels espions : des experts de l’ONU appellent à un moratoire sur la vente de technologies de surveillance « mettant la vie en danger »

    GENÈVE (12 août 2021) – Des experts des droits de l’homme de l’ONU* ont appelé aujourd’hui tous les États à imposer un moratoire mondial sur la vente et le transfert de technologies de surveillance jusqu’à ce qu’ils aient mis en place des réglementations solides garantissant son utilisation conformément aux normes internationales des droits de l’homme.

    « Il est hautement dangereux et irresponsable de permettre à la technologie de surveillance et au secteur commercial de fonctionner comme une zone sans droits humains », ont averti les experts.

    « Nous sommes profondément préoccupés par le fait que des outils intrusifs hautement sophistiqués sont utilisés pour surveiller, intimider et réduire au silence les défenseurs des droits humains, les journalistes et les opposants politiques », ont déclaré les experts. « De telles pratiques violent les droits à la liberté d’expression, à la vie privée et à la liberté, mettent peut-être en danger la vie de centaines de personnes, mettent en péril la liberté des médias et sapent la démocratie, la paix, la sécurité et la coopération internationale.

    Il y a deux ans, le rapporteur spécial de l’ONU sur la liberté d’opinion et d’expression a publié un rapport sur l’impact dangereux de la technologie de surveillance sur les droits de l’homme et a recommandé un moratoire immédiat sur sa vente et son transfert jusqu’à ce que des réglementations internationales incorporant des garanties des droits de l’homme soient adoptées. La communauté internationale n’a pas répondu à son appel.

    Le 18 juillet 2021, Forbidden Stories et Amnesty International ont dénoncé la surveillance généralisée des appareils mobiles de centaines de journalistes, de défenseurs des droits humains et de dirigeants politiques, à l’aide du logiciel espion Pegasus du groupe NSO. Le groupe NSO a rapidement rejeté les allégations concernant son implication dans ces pratiques illégales.

    « Compte tenu de l’extraordinaire audace et du mépris des droits de l’homme que montre une telle surveillance généralisée, si le déni de collusion par le groupe NSO doit avoir une quelconque crédibilité, l’entreprise doit divulguer si elle a ou non effectué une diligence raisonnable en matière de droits de l’homme dans aligner les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux droits de l’ homme et aux entreprises et publier pleinement les conclusions de toutes les sondes internes qu’il aurait pris sur cette question « .

    « Nous exhortons également Israël, en tant que pays d’origine du groupe NSO, à divulguer pleinement les mesures qu’il a prises pour examiner les transactions d’exportation de NSO à la lumière de ses propres obligations en matière de droits humains », ont-ils ajouté. « Il est du devoir des États de vérifier que des entreprises comme le groupe NSO ne vendent ni ne transfèrent de technologie ni ne concluent de contrat avec des États et des entités qui sont susceptibles de les utiliser pour violer les droits de l’homme. »

    « Ces dernières années, nous avons à plusieurs reprises sonné l’alarme sur le danger que la technologie de surveillance fait peser sur les droits humains. Une fois de plus, nous exhortons la communauté internationale à développer un cadre réglementaire solide pour prévenir, atténuer et réparer l’impact négatif de la technologie de surveillance sur les droits humains et en attendant, d’adopter un moratoire sur sa vente et son transfert », ont-ils déclaré.

    « Le droit international des droits de l’homme exige de tous les États qu’ils adoptent de solides garanties juridiques nationales pour protéger les individus contre la surveillance illégale, l’atteinte à leur vie privée ou les menaces à leur liberté d’expression, de réunion et d’association », ont-ils conclu.

    Les experts des droits de l’homme de l’ONU sont en communication directe avec le gouvernement d’Israël et le groupe NSO.

    OHCHR, 12/08/2021

  • Le Maroc veut acheter le logiciel espion Quadream

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    Quadream, le rival de NSO, est en pourparlers avec le gouvernement marocain.

    Les produits de piratage de téléphones mobiles de la société israélienne Quadream ne nécessitent pas de licence d’exportation du ministère israélien de la défense, car sa société mère est basée à Chypre.

    Les plus grands gagnants de l’enquête internationale sur la société israélienne de cyberattaques NSO ont été ses rivaux. L’un d’entre eux est Quadream, qui a son centre de développement à Ramat Gan et vend ses produits par l’intermédiaire de sa société mère basée à Chypre. Une source proche de l’affaire a déclaré à « Globes » que des représentants de Quadream ont visité la semaine dernière les bureaux des services de sécurité marocains afin de discuter de la vente de ses systèmes de surveillance au gouvernement marocain.

    Selon le rapport d’enquête international publié le mois dernier par une équipe de 80 journalistes de 17 organisations médiatiques dans 10 pays, dirigée par Amnesty International et Forbidden Stories, NSO a vendu son logiciel espion Pegasus à des gouvernements du monde entier, qui l’ont utilisé pour espionner non seulement des criminels et des terroristes, mais aussi des journalistes, des militants des droits de l’homme et des dirigeants politiques du monde entier, dont le président français Emmanuel Macron.

    Les discussions entre Quadream et le Maroc ont progressé ces dernières semaines et une réunion supplémentaire a été fixée. Le Maroc et l’ONS n’ont jamais admis une quelconque coopération. Mais maintenant, le Maroc pourrait être en mesure d’utiliser les systèmes de surveillance de Quadream, ce qui permettra au pays d’avoir plus de flexibilité que les systèmes de NSO, qui sont soumis à des accords d’exportation de défense israéliens et limités dans leur capacité à se conformer à toutes les exigences des clients.

    Quadream développe des systèmes de cyberattaque aux capacités similaires à celles des produits de NSO, en permettant aux services de sécurité de pirater les téléphones portables et les ordinateurs. L’entreprise a mis au point un produit qui permet aux autorités d’installer des logiciels espions en envoyant un lien ou une photo sur le téléphone de sa cible, qui s’active lorsque le suspect appuie dessus. Comme NSO, Quadream a développé la capacité d’installer le logiciel espion sans contact avec le suspect et a commercialisé ses produits récemment. Le système de Quadream est nettement moins cher que celui de NSO et n’est pas soumis au contrôle réglementaire du ministère israélien de la Défense.

    Le Maroc n’a jamais admis avoir utilisé le Pegasus de NSO, mais au fil des ans, des enquêtes ont été publiées, qui auraient révélé son utilisation contre des journalistes critiques. L’une des affaires révélées par l’enquête d’Amnesty du mois dernier a non seulement provoqué un différend entre Israël et le Maroc, mais aussi une crise diplomatique entre le Maroc et la France. Le président français Emmanuel Macron a été contraint de changer son numéro de téléphone portable et sa signature électronique après que le journal français Le Monde a rapporté que les services de sécurité marocains avaient utilisé Pegasus pour le suivre à la trace.

    Le Maroc a démenti ces allégations et a même porté plainte pour diffamation en France et en Allemagne contre Amnesty et Forbidden Stories, qui ont fait ces allégations. L’audience du tribunal de Paris doit commencer en octobre. Les enquêtes menées par le ministère israélien de la défense n’ont pas permis de tirer de conclusions concernant la violation des téléphones de M. Macron et d’autres ministres.

    Quadream maintient le plus grand secret. L’entreprise n’a pas de site web et les employés ne mentionnent pas sur leurs comptes de médias sociaux qu’ils y travaillent. Sur LinkedIn, les employés de Quadream écrivent qu’ils sont employés par une entreprise de cybersécurité. L’une des raisons de ce secret est le fait que Quadream, même si son centre de développement se trouve en Israël, n’est pas soumise aux lois israéliennes sur les exportations de produits de défense.

    Au lieu de vendre ses produits depuis Israël, comme le font NSO et 15 autres sociétés spécialisées dans les cyberattaques, Quadream opère en collaboration avec une société de vente chypriote appelée InReach. Selon le registre des sociétés, InReach détient les parts de la société israélienne Quadream. InReach est dirigée par Roy Gelsenberg et appartient à Christos Shiakallis et Nenad Grozdanic. Quadream et InReach ont un différend juridique qui se déroule au tribunal de Limassol depuis 2020. Selon le site Intelligence Online, Quadream et InReach avaient un accord depuis 2017, selon lequel Inreach devait verser à Quadream 92 % de ses revenus issus des exportations technologiques de cyberattaques. Mais en 2019, InReach a interrompu ses paiements à Quadream et il a récemment été découvert qu’un des hauts dirigeants d’InReach avait même ouvert un compte bancaire suisse et y avait transféré une partie des revenus tirés des activités conjointes, rapporte Intelligence Online.

    Ainsi, alors que son bureau de vente opère depuis Chypre, Quadream peut tirer profit de l’embauche d’ingénieurs israéliens expérimentés, d’une part, et les employer à Ramat Gan, d’autre part, vendre ses produits par le biais d’une société « offshore », loin des yeux du ministère de la défense. Ainsi libérée des réglementations, Quadream peut même théoriquement vendre à des particuliers et à des entités non gouvernementales. Dans le passé, Quadream a vendu ses produits à l’Arabie Saoudite et au Ghana.

    Les autres actionnaires de la société sont Ilan Dabelstein, un ancien officier supérieur des services de renseignement des FDI, Nimrod Reznik et Guy Geva. Quadream s’est refusé à tout commentaire.

    Le ministère israélien de la Défense a déclaré : « L’État d’Israël est chargé de superviser tout ce qui concerne la commercialisation et l’exportation de produits cybernétiques depuis Israël, conformément à la loi de 2007 sur la supervision des exportations de produits de défense. »

    Globes, 10 août 2021

  • Pegasus: Silence à l’Elysée sous pression du Maroc

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    AFFAIRE PEGASUS: La pression de Rabat sur les décideurs français à l’origine du silence élyséen

    L’avocat français Joseph Breham estime que le « silence assourdissant » de l’Elysée face à l’implication du Maroc dans le scandale d’espionnage Pegasus, confirme que le Makhzen exerce depuis longtemps une pression sur un certain nombre de décideurs français et les fait chanter, a rapporté le journal électronique la Patrie News.

    Selon l’avocat français cité dans un article, publié samedi sous le titre: « Rabat fait chanter nombre de hauts responsables hexagonaux », « Rabat, avec ses gros rangers, semble agir sous la protection d’un blanc seing lui assurant une totale impunité et protection franco-sioniste en dépit de son usage + immodéré+ du logiciel » espion Pegasus de la société sioniste NSO Group.

    Des milliers de numéros de téléphones dont les détenteurs ne sont pas des citoyens lambda, ont découvert abasourdis que leurs vies et leur intimité avaient été violées depuis des mois, ou peut-être des années par les « barbouzes » d’Abdellatif Hammouchi, chef des services de renseignement et de sécurité marocains, rappelle la même source.

    Dans ce contexte, Joseph Breham s’interroge: « Comment Rabat aurait-elle pu obtenir cela alors que sa position est des plus inconfortables qui soit depuis l’éclatement de ce scandale désormais planétaire, et que Paris, en revanche, était censée jouer sur du velours? ». Et de répondre: « Le Maroc, déjà adepte de la corruption et du trafic de drogue, donne l’air de ne pas dédaigner non plus toutes les formes de chantages que l’on pourrait imaginer ou soupçonner ».

    Ainsi, suggère l’homme de loi hexagonal, la France officielle, à commencer par celle d’Emmanuel Macron, « est soigneusement muselée » par le Maroc. « La position de la France est déplorable mais pas étonnante. Elle est parfaitement en phase avec l’agenouillement français dans le cadre des relations avec le Maroc. Sous Hassan II et à partir de François Mitterrand, il y a eu globalement une politique pensée et organisée par le Maroc pour créer de bonnes relations avec la France », poursuit encore cet avocat, qui a eu à défendre Naâma Asfari, militant sahraoui arbitrairement condamné dans les incidents de Gdeim Izik, et sauvagement torturé par les services de sécurité marocains. Joseph Breham évoque à ce propos la « mamounisation » du personnel politique français, en référence à La Mamounia, mythique hôtel de luxe de Marrakech qui voit défiler des personnalités politiques françaises, de ses décideurs ou de chefs d’entreprise.

    Cette stratégie qui s’est mise en place à plusieurs niveaux, explique-t-on, consiste à « inviter ces personnalités, leur offrir des cadeaux voire assurer un financement de la vie politique française à un niveau assez conséquent ». Et d’ajouter que la politique de la mamouniasation s’ »est élargie à différentes personnalités du monde des arts, des lettres, du cinéma. Sous l’ancien président Jacques Chirac, cela a commencé à porter ses fruits et s’est perpétué avec tous les présidents suivants ».

    Cette « mamounisation » du personnel politique et décisionnel français ne va évidemment pas sans que des affaires compromettantes ne soient retenues contre les concernés. Discret et efficace, le procédé a en quelque sorte été percé à jour avec l’assourdissant silence élyséen en dépit de l’énormité du scandale Pegasus, relève l’avocat français.

    Il s’agit, selon Joseph Breham, de « la méthode du kompromat [faire chanter ses ennemis avec des informations compromettantes]. Quand on détient le téléphone portable de quelqu’un, on sait tout de cette personne ». Pour rappel, les révélations sur l’utilisation du logiciel espion israélien baptisé Pegasus, publiées en juillet dernier par 17 médias, se basent sur une liste de plus de 50.000 numéros de téléphone, présélectionnés par certains clients de la firme sioniste NSO Group pour une éventuelle mise sous surveillance. Pegasus qui permet de prendre le contrôle d’un téléphone, donne accès à l’intégralité du contenu de l’appareil ainsi qu’à son microphone et sa caméra. Des numéros du président Emmanuel Macron et de membres du gouvernement français figurent sur la liste de cibles potentielles du logiciel Pegasus.

  • Affaire Pegasus: la journaliste Rosa Moussaoui porte plainte

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    Rosa Moussaoui, grand reporter du quotidien L’Humanité  espionnée via l’espiogiciel israélien a décidé de porter plainte.

    « Dans l’affaire Pegasus, mon avocat, Me Breham Joseph a déposé en mon nom une plainte ce matin auprès du procureur de la République. Le journal L’Humanité et le SNJCGT se constituent parties civiles à mes côtés », a-t-elle annoncé dans un twit publié mardi.

    Son nom s’ajoute, ainsi, à la liste de nombreuses plaintes déposées en France : Mediapart, Lénaïg Bredoux, Edwy Plenel, Le Canard Enchaîné, Dominique Simonnot, L’Humanité, Joseph Breham, Claude Mangin.

    Il semble qu’en France, un millier de citoyens, y compris le président Emmanuel Macron serait concerné par cette affaire d’espionnage. Le Maroc est soupçonné d’être derrière cette vaste opération de surveillance.

  • Macron, Mohammed VI et Pegasus

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    Notre Président qui se plaint d’être insuffisamment écouté, et pas compris par ses citoyens l’est par contre par d’autres pays. Parmi ces « écoutes » le Maroc (donc son Roi) est particulièrement accroc aux conversations Macronniennes grace au système Pégasus

    Les Bourricots ont reconstitué pour vous la conversation directe et sévére de mise au point entre le monarque Elyséen 8em Président de la Vem République Française Emmanuel MACRON et le vingt-troisième monarque de la dynastie Alaouite Sa Majesté le Roi du Maroc MOHAMMED VI.
    La discussion de « mise au point » a été très courte extrêmement sévére et d’une froideur glaçante
    Certes nous n’avons pas directement entendu la conversation, mais Mme Hortense Mignard voyante diplomée de l’école Internationale de Bages nous en a garanti la transcription télé-intuitive obtenue par le moyen surnaturel du Petrosdyphére a ondes porteuses redondantes et auto-régulées. Nous lui faisons confiance.
    Le bourricot 66, 23/07/2021
  • «Le Maroc collectionne les revers»

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    SAÏD AYACHI PRÉSIDENT DU CNASPS: «Le Maroc collectionne les revers»
    Le Maroc a enregistré plusieurs revers diplomatiques aussi bien en ce qui concerne le dossier du Sahara Occidental que le scandale de l’espionnage à grande échelle, connu sous le nom Pegasus, dans lequel il s’est empêtré.
    Au lendemain de la d é s a p p r o b a t i o n dont le Maroc a fait l’objet, suite à l’affaire de l’espionnage en se servant du logiciel israélien baptisé Pegasus, l’administration du président américain, Joe Biden, a désavoué la décision de Trump qui a reconnu, à la fin de son règne, la prétendue souveraineté marocaine sur les territoires sahraouis occupés.
    À rappeler que l’actuel président américain, Joe Biden, a publié, mardi dernier, un tweet sur la contribution des Etats-Unis dans la lutte contre la pandémie de la Covid-19, dont le contenu a affiché une carte mondiale où le territoire du Sahara occidental apparaît séparé de celui du Royaume du Maroc. Ces sujets et d’autres oencore ont été évoqués, hier, par le président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (Cnasps), Said Ayachi.
    Intervenant sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, M. Ayachi a affirmé d’emblée que «le Maroc et Israël ont constitué un duo infernal pour mener des activités honteuses et malhonnêtes d’espionnage à l’aide du logiciel Pegasus». Il a affirmé que le dossier de l’espionnage a constitué l’un des revers pour la diplomatie marocaine, suivi par la position américaine concernant le dossier du Sahara Occidental. 
    Pour ce qui est du second revers, à savoir le tweet du président américain, M. Ayachi a estimé qu’il s’agit d’»un indice supplémentaire sur la position de la Maison blanche à propos de la légitimité d’autorité de la RSAD sur les territoires du Sahara Occidental ». L’invité de la Radio nationale a rappelé que le tweet appuyé par la carte mondiale a montré les frontières sahraouies séparées du royaume chérifien. Il a précisé que le président américain, à travers son tweet, a désavoué la prétendue souveraineté du Maroc sur les territoires sahraouis occupés.
    Pour M. Ayachi, ce tweet «vient compléter une série d’indices qui démontrent que l’administration Biden est en train de s’écarter des traits de Trump». Il a affirmé également que l’administration Biden est en train de contourner le décret de Trump en rappelant que le dossier sahraoui reste au niveau des Nations Unies et en pressant le secrétaire général de l’ONU à désigner un envoyé spécial dans le dossier du Sahara occidental pour favoriser les négociations. L’invité de la chaîne III a rappelé, dans ce contexte, un autre revers diplomatique auquel est confronté le Maroc. Il s’agit du démenti apporté par les États-Unis à la supposée participation américaine dans les manoeuvres militaires initiées par le Maroc dont une partie était prévue sur les territoires occupés sahraouis. 
    Revenant avec détails sur l’affaire Pégasus, il a affirmé que celleci est dommageable pour le Maroc, étant donné qu’il espionne même ses propres partenaires dont la France, et ce, jusqu’au plus haut niveau. Il a indiqué que la réaction logique attendue serait de faire un rappel à l’ordre et peut-être même des réprimandes ou des sanctions contre le Royaume du Maroc pour des pratiques plus au moins inamicales. M. Ayachi a estimé qu’afin d’éviter un tel scénario, le lobby français pro-marocain est en marche au niveau des institutions françaises dont le Sénat et l’Assemblée nationale ainsi que des partis politiques, en essayant de minorer les choses et limiter les dégâts.
    L’intervenant a affirmé que malgré les démarches du lobby français pro-marocain, l’affaire Pegasus laissera des traces et engendrera une sorte de retenue de certains milieux politiques français visà- vis du Maroc. M. Ayachi a rappelé, enfin, un autre échec de la diplomatie marocaine, à propos de la décision prise par la justice espagnole qui a rejeté le mandat d’arrêt marocain ayant visé le président de la RASD Brahim Ghali suite à son séjour médical dans la péninsule ibérique.
    Samir Hamiche
    Ouest Tribune, 09/08/2021
  • Les logiciels espions: de nouvelles armes non conventionnelles

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    Après le scandale Pegasus : les logiciels espions doivent être considérés comme de nouvelles armes non conventionnelles, à l’image des armes chimiques, souligne le quotidien français L’Humanité

    L’onde de choc mondiale des révélations sur l’espionnage par le Maroc de défenseurs des droits humains, de journalistes, jusqu’au sommet de l’État français, n’a pas fini de produire ses secousses, écrit samedi l’éditorialiste du quotidien français L’Humanité.

    « Cette affaire devrait faire l’objet d’une mobilisation mondiale pour obtenir de nouvelles conventions internationales, au même titre que celles qui ont permis de diminuer considérablement le recours aux armes chimiques, aux mines antipersonnel ou aux armes à sous-munitions », suggère-t-il.

    Pour lui, les logiciels espions mis à disposition d’États ou d’entreprises pour infiltrer nos téléphones et en aspirer les contenus, y compris les plus intimes, « doivent en effet être considérés comme de nouvelles armes non conventionnelles ». C’est que, ajoute-t-il, non seulement ils portent atteinte aux libertés fondamentales, mais « leur usage se traduit concrètement en emprisonnements, traques d’opposants et assassinats ».

    L’éditorialiste appelle à cet égard, son pays la France, « particulièrement touchée par le scandale «Pegasus», à « rapidement saisir l’Organisation des Nations unies pour relancer les discussions en vue de décider d’un traité de non-prolifération de ces armes et de la destruction de celles qui existent ».

    Evoquant le silence des autorités françaises à ce sujet, le journaliste indique qu’ « Israël, avec l’aide des États-Unis et la complicité des institutions européennes, déploie une diplomatie militaro-technologique qui lui sert à nouer des relations avec les pires autocrates, y compris dans le monde arabe, pour isoler le peuple palestinien et bénéficier d’une impunité dans la poursuite de la colonisation et l’étranglement de Gaza ».

    Et d’ajouter : « C’est ainsi que les dirigeants israéliens se sont acheté la neutralité, la complicité ou le soutien de pays comme l’Arabie saoudite, le Maroc ou certains pays africains, dont le Rwanda, désormais acquis à leur géopolitique ».

    Pour le journaliste, l’Union européenne et la France, « qui va la présider dans quelques mois, ne peuvent pas dire qu’ils n’ont aucun moyen de rétorsion vis-à-vis d’Israël ou du Maroc puisque les accords d’association avec ces pays stipulent expressément que toute atteinte aux libertés leur vaut annulation ».

    Plus encore, « la Cour de justice européenne et nos tribunaux doivent donc être saisis et une commission d’enquête internationale menée sous l’égide de l’ONU pour faire la clarté sur les agissements avérés du Maroc et bien évidemment d’Israël. La paix et la sécurité passent désormais par un contrôle strict de ces nouvelles armes numériques », conclut l’éditorialiste.

  • « Rabat fait chanter nombre de hauts responsables hexagonaux» (Joseph Breham)

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    Joseph Breham, avocat français, le suggère quasi ouvertement : « Rabat fait chanter nombre de hauts responsables hexagonaux»
    Pour cet homme de loi hexagonal, qui connaît mieux que personne la complexité des relations quasi-incestueuses qui lient très étroitement le Makhzen à la plupart des hauts responsables français depuis De Gaulle jusqu’à Macron en passant par Chirac, Mitterrand et les autres, les non-dits sont autrement plus parlants et explicites que tous les mots et discours du monde.
    Cet avocat, qui a eu à défendre Naâma Asfari militant sahraoui arbitrairement condamné dans les incidents de Gdeim, et sauvagement torturé par les services de sécurité marocains Izik, un royaume comme le Maroc ne s’encombre d’aucun scrupule quand il s’git de ses intérêts étroits.
    Rabat, avec ses gros rangers, semble agir sous la protection d’un blanc-seing lui assurant une totale impunité et protection franco-sioniste en dépit de son usage « immodéré « du logiciel Pegasus. Rabat, en effet, en acquérant ce logiciel pour la bagatelle de 10 millions de dollars auprès de ses alliés et complices sionistes, n’a pas hésité à mettre les pieds dans le plat, et à franchir le Rubicon.
    Des milliers de numéros de téléphones dont les détenteurs ne sont pas des citoyens lambda, ont découvert abasourdis que leurs vies et leur intimité avaient été violées depuis des mois, ou peut-être des années par les barbouzes d’Abdellatif Hammouchi, chef des services de renseignement et de sécurité marocains.
    Pour la petite histoire, je fais peut-être partie des personnes ciblées pour avoir entretenu des contacts étroits et quasi quotidiens avec Claude Mangin et Oubi Bouchraya, formellement identifiés parmi les victimes de ce terrible logiciel.
    Une fois fermée cette parenthèse, Joseph Breham suggère plus qu’il ne le dit, que la France officielle, à commencer par delle de Macron, est soigneusement « muselée « par le Maroc.
    Or, comment Rabat aurait-elle pu obtenir cela alors que sa position est des plus inconfortables qui soit depuis l’éclatement de ce scandale désormais planétaire, et que Paris, en revanche, était censée jouer sur du velours ? La réponse en est toute simple. Le Maroc, déjà adepte de la corruption et du trafic de drogue, donne l’air de ne pas dédaigner non plus toutes les formes de chantages que l’on pourrait imaginer ou soupçonner.
    Chronique d’une «mamounisation » annoncée. Et dénoncée aussi…
    S’il n’a pas hésité à espionner le président français lui-même, ainsi qu’une palette impressionnante de journalistes et de défenseurs des droits de l’Homme, c’est qu’il devait être sûr de son fait, et que ce scandale ne dépasserait pas le simple stade d’une tempête dans un verre d’eau.
    « La position de la France est déplorable mais pas étonnante. Elle est parfaitement en phase avec l’agenouillement français dans le cadre des relations avec le Maroc. Sous Hassan II et à partir de François Mitterrand, il y a eu globalement une politique pensée et organisée par le Maroc pour créer de bonnes relations avec la France ».
    C’est ce qu’assène cet avocat en parfaite connaissance de cause. Cela sans oubli que cette prise de contrôle discrète n’a sans doute été rendue possible que grâce au concours de cette armée d’agents sionistes qui infestent le palais royal marocain.
    L’avocat évoque à ce propos la « mamounisation» du personnel politique français.
    Entendre par là corrompre celui-ci par des privilèges indus, des séjours touristiques dans des sites idylliques, de la monnaie sonnante et trébuchante, u carrément des plaisirs sexuels dont seul le Maroc détient le secret : « Cette stratégie s’est mise en place à plusieurs niveaux.
    La politique, ce que l’on a appelé la « mamouniasation» de la classe politique française [en référence à La Mamounia, mythique hôtel de luxe de Marrakech qui voit défiler des personnalités politiques françaises], de ses décideurs ou de chefs d’entreprise, consiste à les inviter, leur offrir des cadeaux voire assurer un financement de la vie politique française à un niveau assez conséquent ».
    Le terme « assez conséquent», n’est qu’un euphémisme quant on se penche sur la frilosité et le silence gêné de l’Elysée par rapport à ce scandale qui, gageons-le, n’en est encore qu’à ses débuts.
    Il s’agissait de créer un mélange de liens institutionnels très forts et de liens personnels, voire de compromission, avec un certain nombre de membres de la classe dirigeante française.
    La politique de la « mamouniasation « s’est élargie à différentes personnalités du monde des arts, des lettres, du cinéma… Sous Jacques Chirac, cela a commencé à porter ses fruits et s’est perpétué avec tous les présidents suivants ».
    Cette « mamounisation « du personnel politique et décisionnel français ne va évidemment pas sans que des affaires compromettantes ne soients retenues contre les concernés.
    Discret et efficace, le procédé a en quelque sorte été percé à jour avec l’assourdissant silence élyséen en dépit e l’énormité du scandale Pegasus. Ahurissant, et inquiétant à la fois.
    L’affaire Abdellatif Hammouchi, que nous avons souvent évoquée dans de précédents articles suffit à étayer de pareils soupçons.
    « Je peux parler d’un exemple tiré de mon expérience d’avocat. En 2014, au nom d’un certain nombre de clients dont Claude Mangin et Nâama Asfari, nous déposons des plaintes pour torture contre différentes personnes dont Abdellatif Hammouchi, directeur de la DGSN [Direction générale de la sûreté nationale, la police marocaine]. Dans le cadre de ces plaintes, j’indique à la juge d’instruction que M. Hammouchi, qui se trouve alors en France, va être interviewé dans les heures qui suivent à Neuilly-sur-Seine, par des journalistes. En temps normal, nous ne sommes jamais informés de la venue de M. Hammouchi sur le sol français. Il se déplace sous de faux noms. Je demande à la juge de saisir l’occasion pour l’interroger. Elle envoie alors une convocation à l’intéressé pour l’entendre dans le cadre des plaintes en question. Non seulement Abdellatif Hammouchi ne viendra pas, mais le Maroc fera un énorme scandale à ce sujet. Les amis français du Maroc entrent dans la danse. Le Maroc suspend la convention judiciaire bilatérale avec la France ».
    On sait que Paris a, par la suite, fini par s’aplatir face à Rabat, un peu de la même manière qu’elle le fait dans ce grand et grave scandale. « Il s’agit selon moi d’un point fondamental. L’État marocain exercerait une pression sur un certain nombre de décideurs français ».
    Et d’ajouter plus loin : « c’est la méthode du kompromat [faire chanter ses ennemis avec des informations compromettantes]. Quand on détient le téléphone portable de quelqu’un, on sait tout de cette personne.
    Quand une personnalité loue une villa à Marrakech, vous savez si elle vient avec des amis jeunes ou non, si elle a perçu de l’argent ou non, etc. Inutile d’en dire plus sans doute les faits sont assez parlants et accablants d’eux-mêmes.
    Mohamed Abdoun
    La Patrie News, 07/08/2021
  • Pourquoi Pegasus n’est que la partie émergée de l’iceberg

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    Une enquête menée par les médias du monde entier a révélé que Pegasus, un logiciel de piratage téléphonique inventé en Israël et censé n’être vendu qu’aux gouvernements, a été utilisé dans le monde entier pour mettre sur écoute les téléphones de politiciens, de journalistes, d’ONG et d’autres personnes. En Inde, parmi les 300 cibles figurent Rahul Gandhi, deux ministres de l’Union en exercice et 40 journalistes.

    J’applaudis le travail d’investigation qui se cache derrière ces révélations. Les médias s’inquiètent à juste titre pour la liberté de la presse. Mais Pegasus n’est que la partie émergée de l’iceberg. La cybersurveillance est devenue vitale pour tout, de la sécurité nationale à la concurrence des entreprises. Tous les pays (et de nombreuses entreprises) ont acheté ou sont en train de développer une centaine de versions de cybersnooping, dont beaucoup sont bien plus puissantes que Pegasus.

    Edward Snowden a révélé en 2013 l’étendue de la surveillance mondiale exercée par les États-Unis et leurs alliés européens. Depuis, l’espionnage de haute technologie est devenu une industrie de plusieurs milliards de dollars financée par les gouvernements et les entreprises. La chancelière allemande Angela Merkel a été la cible des fouineurs américains.

    Je comprends l’indignation des journalistes piratés. Mais il ne s’agit pas seulement d’un jeu visant à subvertir la liberté de la presse – c’est un minuscule effet secondaire d’un jeu bien plus grand. L’espionnage est devenu le cœur même de la sécurité nationale, et couvre presque tout le monde en vertu de diverses lois. Puisque les États-Unis ont espionné Merkel, ils ont sûrement aussi essayé d’espionner Xi Jinping, Vladimir Poutine, Boris Johnson, Narendra Modi et tous les dirigeants importants. Peut-on croire que ces cibles sont si bien défendues qu’elles sont à l’abri des pirates informatiques ?

    Les États-Unis se plaignent amèrement de l’augmentation du piratage russe et chinois. Mais l’intérêt national de la Chine et de la Russie exige qu’elles égalent ou dépassent les États-Unis. L’Inde, avec ses importantes prouesses informatiques, doit certainement développer ses propres capacités de piratage, ainsi que ses capacités de cyberdéfense.

    La Seconde Guerre mondiale a été gagnée principalement grâce aux Britanniques qui ont réussi à déchiffrer les codes militaires de l’Allemagne et aux Américains qui ont réussi à déchiffrer les codes du Japon. Cette supériorité en matière de renseignement s’est traduite par de grandes victoires militaires.

    Pour cette raison, l’Inde doit certainement faire de son mieux pour pirater Xi Jinping, Imran Khan et tous les systèmes possibles de la Chine et du Pakistan, tout comme ces pays doivent pirater les nôtres. Il ne s’agit pas d’un jeu de moralité. Il ne s’agit pas du caractère sacré de la vie privée. Il s’agit d’une course aux armements mortelle dans laquelle personne ne peut se permettre d’être à la traîne.

    Le monde de l’entreprise est à fond dans le piratage. Un banquier d’affaires new-yorkais m’a dit que, par sécurité, ses collègues changent leurs mots de passe tous les jours et leurs téléphones toutes les semaines. Un petit bout d’intelligence commerciale peut se traduire par des bénéfices de plusieurs milliards. L’espionnage commercial est courant dans toutes les industries de haute technologie, et même dans les industries conventionnelles comme l’automobile. Cela ne se produit pas seulement aux États-Unis. Personne ne devrait penser que l’industrie indienne vit sur un plan moral plus élevé.

    Il y a quatre ans, j’ai assisté à une réunion qui m’a fait réfléchir et à laquelle participait le responsable d’une organisation gouvernementale de cybersécurité. Il a estimé que chaque courriel et chaque appel téléphonique est surveillé par au moins une centaine d’entités invisibles, dont 52 % sont des acteurs privés et 48 % des acteurs étatiques (de plus d’un pays). La vie privée était déjà une illusion bien avant l’arrivée de Pegasus.

    Les pays et les entreprises dotés des systèmes anti-piratage les plus puissants n’ont pas réussi à se protéger. Quel espoir reste-t-il alors aux particuliers ? Selon l’expert en cybersécurité, 70 % des sites web dans le monde sont compromis. Les contrôles quotidiens ne sont pas une défense : il faut parfois 240 jours aux experts pour détecter un piratage. Les virus augmentent de 66 % par an, certains visant à observer et à enregistrer, d’autres à détruire les systèmes. Ils peuvent voir chaque transaction financière, chaque révélation compromettante dans les e-mails et les appels téléphoniques, chaque mouvement de vous et de votre famille.

    L’État n’a pas le monopole de l’espionnage. Au contraire, les États eux-mêmes sont piratés quotidiennement. Malgré les milliards de dollars dépensés en cybersécurité, les États perdent cette guerre. Les barons de la drogue et les groupes terroristes utilisent le piratage comme un moyen peu risqué de pénétrer dans les pays les plus puissants.
    Les rançongiciels sont devenus une énorme entreprise commerciale. Les pirates informatiques paralysent le système d’une entreprise et ne le débloquent qu’après avoir reçu des milliards de dollars. En tant qu’athée déclaré, je risque davantage d’être cyberpisté et tué par un fanatique religieux que par un gouvernement oppressif. Les talibans et ISIS pourraient devenir de plus grandes menaces pour la sécurité que le Pakistan.

    La montée du piratage informatique n’est pas une excuse pour que les gouvernements espionnent leurs citoyens par le biais de Pegasus ou d’autres appareils. La vie privée doit être protégée par la loi. Mais le gouvernement dispose de vastes pouvoirs pour mettre les téléphones sur écoute à des fins de sécurité nationale, et aucun gouvernement ne renoncera à ce pouvoir, ni ne mettra fin à son utilisation abusive. Mon téléphone est sur écoute depuis au moins 1978, et les experts en cybersécurité disent maintenant qu’une centaine d’autres agents surveillent et écoutent aussi. Je ne laisse pas cela m’empêcher d’écrire.

    En résumé, la vie privée est importante, mais elle ne représente qu’une infime partie de l’énorme problème de la cybersécurité. Nous sommes confrontés à des menaces sans précédent et nous n’avons pas de réponses claires.

    The Times of India, 07/08/2021