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  • Maroc-Algérie : Quand M6 se trompe d’argumentaire

    IL A TENTÉ DE FAIRE PORTER À L’ALGÉRIE LA RESPONSABILITÉ DE LA CRISPATION DES RELATIONS AVEC SON PAYS : Quand M6 se trompe d’argumentaire

    À l’occasion de la Fête du Trône, le roi du Maroc, Mohammed VI, s’est fendu d’un discours soporifique, par lequel il a tenté d’appeler, encore une fois, les autorités algériennes à prendre la décision de rouvrir les frontières terrestres avec son pays.
    Le roi du Maroc, qui a passé à la trappe les raisons qui ont créé la situation de crispation des relations de son pays avec l’Algérie, affirme que ni lui ni Bouteflika et l’actuel président de la République, Abdelmadjid Tebboune, ne sont responsables de la situation actuelle de froid entre les deux pays à laquelle les responsables des deux pays doivent trouver une solution.
    C’est un véritable discours réquisitoire par lequel il tente de charger l’Algérie et de laver le Makhzen et le gouvernement islamiste d’El-Othmani qui a multiplié les gestes belliqueux à l’égard de l’Algérie se permettant même d’attenter à sa souveraineté nationale par espionner ses responsables et ses institutions au profit de l’État hébreu. En 1994, après un attentat terroriste contre l’hôtel Asni à Marrakech, le gouvernement marocain et sans attendre les conclusions d’une commission d’enquête qu’il avait pourtant mise en place, avait rendu l’Algérie responsable de cet événement sanglant. Il avait procédé à la fermeture des frontières terrestres.
    L’Algérie n’a usé que du principe de la réciprocité en décrétant, elle aussi la fermeture des postes frontaliers, terrestres avec le Maroc. Aujourd’hui, la situation a évolué et la réouverture de ces frontières est conditionnée par le règlement du lourd dossier du contentieux entre les deux pays.
    Il faut reconnaître que malgré les tentatives de l’Algérie, depuis son indépendance, de régler le contentieux entre les deux pays, notamment le tracé des frontières, le Maroc s’y est toujours dérobé. Aussi bien lors du sommet des chefs d’État de l’UMA le 10 juin 1988 à Zeralda, ou lors du sommet de Marrakech le 17 février 1989, le Maroc a toujours usé de subterfuges pour ne pas ouvrir le dossier du contentieux. Pire encore, il avait conditionné le règlement de certains dossiers, en suspens, à la reconnaissance de sa souveraineté sur les territoires de la RASD qu’il avait occupés en 1975 au terme d’une marche verte, organisée par le Makhzen et encadrée par les Forces armées royales.
    Les conditions qui ont prévalu à la fermeture des frontières sont toujours présentes et aujourd’hui l’attitude inamicale du Maroc est venue crisper encore plus les relations entre les deux pays. Le rapprochement de ce pays avec Israël, les déclarations irresponsables de son représentant permanent à l’ONU, l’affaire du logiciel espion, Pegasus, l’occupation du Sahara occidental et le refus de mettre en branle un processus d’autodétermination du peuple sahraoui et le trafic de drogue sont autant de dossiers qui peuvent justifier largement le refus des autorités algériennes de rouvrir les frontières terrestres.
    En 1994, le Maroc avait joué avec le feu en ayant une attitude provocatrice à l’égard de l’Algérie et il s’est brûlé les doigts. Les peuples des deux pays sont, certes, frères et ont une histoire commune. Mais le palais royal et son Makhzen ont tout fait pour éviter le rapprochement des deux peuples. La drogue, aujourd’hui soumise à des manipulations génétiques, continue d’inonder l’Algérie. Ce ne sont plus aujourd’hui de petites quantités que s’échangent de petits dealers, mais des cargaisons par tonnes que tentent d’introduire dans notre pays le Makhzen et ses relais. Le gouvernement islamiste marocain, qui n’a pas réussi à pousser les producteurs de cannabis de la région de Ketama à accepter des cultures de substitution, s’apprête à proposer au parlement un projet de loi légalisant cette culture. C’est là un autre motif qui pousse l’Algérie à garder fermées ses frontières terrestres.
    Il faut reconnaître que quelque part, on subodore dans le discours de M6, l’influence non seulement du Makhzen mais aussi de ses nouveaux mentors, les services israéliens, car évoquer une situation qui va à l’encontre des traités internationaux et qui préoccupe la communauté internationale est un élément nouveau dans l’argumentaire de M6, qui doit faire l’effort de se mettre autour d’une table avec les responsables de son voisin de l’Est pour discuter de l’ensemble du lourd contentieux entre les deux pays.
    C’est à cette condition seulement que la réouverture des frontières terrestres pourrait être envisagée.
    Et en attendant le prochain discours du monarque alaouite et ses prochaines gesticulations pour tenter de faire porter le chapeau à l’Algérie dans la situation de crispation des relations entre les deux pays, le Makhzen doit comprendre que le fait de faire parader des représentants de tours opérators israéliens est en lui-même un geste belliqueux qui mérite une riposte de l’Algérie.
    Slimane B.
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  • Mohammed VI sur l’Algérie: Entre hypocrisie et belles promesses

    Par Mohamed Kouini

    Comme à son habitude et comme dans ses rares discours, le roi du Maroc, Mohammed VI, a une nouvelle fois fait appel du pied à l’Algérie, samedi soir, l’invitant à la réouverture des frontières terrestres, fermées depuis 1994, arguant que “les raisons ayant conduit à la fermeture des frontières sont totalement dépassées et n’ont plus raison d’être aujourd’hui”.

    Un discours où il ne cessa de répéter les mêmes arguments sur le bon voisinage, l’histoire commune des deux peuples, évitant soigneusement de faire allusion aux deux affaires récentes qui ont provoqué l’ire des autorités algériennes et qui ont soulevé un mécontentement populaire.

    Deux affaires qui furent dénoncées en leur temps par l’Algérie, d’abord, quand un diplomate de haut rang du Makhzen, établi au siège de l’ONU, a expressément annoncé le soutien marocain à une organisation qualifiée de terroriste, le MAK, et à une soi-disant autodétermination du “peuple kabyle”. Cette position a poussé le gouvernement algérien à rappeler son ambassadeur de Rabat pour consultations, en attendant d’autres décisions dans le futur.

    Au même moment, plusieurs médias occidentaux ont fait des révélations troublantes et avérées sur un vaste réseau d’espionnage contre l’Algérie, ses personnalités politiques, des chefs militaires, des activistes de l’opposition, des hommes d’affaires et des journalistes. Au moyen d’un logiciel israélien Pegasus, les services marocains ont été accablés par des preuves tangibles.

    Mais pour le Roi, ces deux affaires ne constituent point un sujet important. Ni regret ni excuses, M6 s’est fendu d’un discours classique, allant jusqu’à lancer une banderille codée, au milieu de sa diatribe, en évoquant le mot “intrus”, allusion claire au Polisario et au peuple sahraoui. Pour certains observateurs, c’est déjà de l’hypocrisie pure de la part de la monarchie marocaine.

    Dans ce discours à la nation à l’occasion du 22e anniversaire de son accession au trône en 1999, Mohamed VI affirme : “Nous renouvelons notre invitation sincère à nos frères en Algérie pour œuvrer, de concert et sans conditions, à l’établissement de relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage”.

    Pour le roi du Maroc, qui feint de faire le bilan des relations bilatérales, “l’état actuel de ces relations ne nous satisfait guère car il ne sert en rien les intérêts respectifs de nos deux peuples. Il est même jugé inacceptable par bon nombre de pays. Entre deux pays voisins et deux peuples frères, l’état normal des choses, c’est notre conviction intime, est que les frontières soient et demeurent ouvertes”.

    Poursuivant son discours, Mohamed VI souligne qu’”à cet égard, force est de constater que ni Son Excellence, l’actuel président algérien, ni l’ex-Président, ni moi-même ne sommes à l’origine de cette décision de fermeture. Néanmoins, devant Dieu, l’histoire et nos concitoyens, nous sommes responsables politiquement et moralement de la persistance du statu quo”.

    “Nous ne voulons ni faire de reproches ni donner de leçons à quiconque. Nous nous percevons plutôt comme des frères qu’un corps intrus a divisés, alors qu’il n’a aucune place parmi nous. Par ailleurs, d’aucuns soutiennent l’idée erronée que l’ouverture des frontières apporterait seulement un cortège de malheurs et de problèmes à l’Algérie et au Maroc. A l’ère de la communication et des nouvelles technologies, personne ne peut donner crédit à pareils discours”, ajoute le roi du Maroc.

    Visiblement, Mohamed VI, qui paraissait malade ou affaibli, prononçant difficilement son allocution, a voulu balayer, selon ses assertions, des contre-vérités sur le Maroc, colportées par des médias.

    Il dit : “A ce propos, je rassure nos frères en Algérie : vous n’aurez jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc, qui n’est nullement un danger ou une menace pour vous. En fait, ce qui vous affecte nous touche et ce qui vous atteint nous accable. Aussi, nous considérons que la sécurité et la stabilité de l’Algérie, et la quiétude de son peuple sont organiquement liées à la sécurité et à la stabilité du Maroc. Corollairement, ce qui touche le Maroc affecte tout autant l’Algérie car les deux pays font indissolublement corps. La vérité est que le Maroc et l’Algérie sont tous deux confrontés aux problèmes de l’immigration, de la contrebande, du narcotrafic et de la traite des êtres humains. Les bandes qui s’adonnent à ces activités criminelles sont notre véritable ennemi commun. Si, ensemble, nous nous attelons à les combattre, nous parviendrons à mettre fin à leurs agissements en extirpant leur mal à la racine”.

    A la fin de son discours, le monarque a tenté de jouer “à la main tendue” en affirmant :”Nous déplorons les tensions médiatiques et diplomatiques qui agitent les relations entre le Maroc et l’Algérie. Elles nuisent à l’image des deux pays et laissent une impression négative, notamment dans les enceintes internationales. Aussi, nous appelons à faire prévaloir la sagesse et les intérêts supérieurs de nos deux pays. Nous pourrons ainsi dépasser cette situation déplorable qui gâche les potentialités de nos deux pays, au grand dam de nos deux peuples et des liens d’affection et de fraternité qui les unissent. Plus que deux nations voisines, le Maroc et l’Algérie sont deux pays jumeaux qui se complètent. Par conséquent, à sa plus proche convenance, j’invite Son Excellence le président algérien à œuvrer, à l’unisson, au développement des rapports fraternels tissés par nos deux peuples durant des années de lutte commune”, conclut le roi du Maroc.

    Pour le moment, aucune réaction officielle algérienne n’a été enregistrée quant au contenu de ce discours.

    Le Jeune Indépendant, 01/08/2021

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  • Maroc: Mohammed VI nargue l’Algérie

    Dans son message annuel à l’occasion de la fête du trône, le roi du Maroc a consacré samedi soir une partie plus longue que d’habitude de son discours à la politique étrangère, mais à aucun moment il n’a évoqué les crises bilatérales qu’il a ouvert avec trois pays : l’Espagne, l’Allemagne, la France.

    Mais Mohamed VI n’a pas évoqué les tensions avec l’Espagne suite à l’hospitalisation du leader du Front Polisario, Brahim Gali dans la région La Rioja en avril ni l’Allemagne, pays avec lequel il tous les contacts sont coupés depuis mars. Il n’a pas non plus mentionné le scandale de l’utilisation par les autorités marocaines du logiciel espion israélien Pegasus pour pirater les téléphones de milliers de personnes dont le président français Emmanuel Macron. Par contre, une bonne partie de son discours a été consacrée au voisin de l’Est, l’Algérie.

    Le souverain marocain ne s’est pas non plus prononcé sur la question du Sahara Occidental que les marocains considèrent comme « cause nationale numéro 1 » et où la guerre a repris depuis novembre 2020 et qui semble être la principale raison de la visite du responsable du Département d’Etat américain Joey Hood.

    Mohamed VI a déclaré tendre la main aux algériens auxquels il a demandé la réouverture des frontières fermées depuis 1994 après que le roi Hassan II a accusé l’Algérie d’être derrière l’attentat de l’Hôtel Hasni de Marrakech.

    Les propos du roi interviennent à un moment où l’ambassadeur d’Algérie à Rabat a été rappelé suite à la décision du Maroc d’annoncer son soutien à ce qu’il a appelé « le droit à l’autodétermination de la Kabylie ». L’Algérie est aussi l’une des principales victimes de l’espionnage marocain révélé par le Project Pegasus. C’est dire que le moment est très mal choisi pour l’initiative royale. Autant dire que ce discours a peu de chances d’être perçu comme sincère en Algérie et il sera inscrit comme une provocation de plus de la part de Rabat.

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  • L’Algérie à l’épreuve : pour un aggiornamento salvateur

    «Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles.» Sénèque (Homme d’État, philosophe)

    Par Pr Chems Eddine Chitour(*)
    Ce mois de juillet est décidément un mois difficile pour le pays, confronté aux conséquences des changements climatiques avec les feux de forêt récurrents, mais aussi le Covid-19 avec une 3e vague plus féroce. Ce tueur silencieux, qui moissonne à tout-va, du fait de plusieurs facteurs dont le plus important est celui de traiter par le mépris cette nouvelle peste au nom d’un atavisme d’une incivilité, mais aussi d’un fatalisme qui n’a pas lieu d’être, «oua khoudhou hadrakoum», nous recommande le Coran. Par ailleurs, l’Algérie peine à se redéployer sur le plan économique malgré des efforts remarquables. Les réserves de change nous donnent un sursis que nous devons mettre à profit pour créer de la richesse hors-hydrocarbure en misant, à marche forcée, sur un plan renouvelable avec l’hydrogène et le développement sans tarder du pôle d’excellence de Sidi Abdallah. Cette modeste contribution se veut être un état des lieux de nos forces et faiblesses.
    Les provocations permanentes du Makhzen

    Indépendamment de ces problèmes, qui sont le quotidien de toute nation, la situation est compliquée par le fait d’interférences extérieures, principalement du Makhzen marocain. Il est connu que le Maroc est un pourvoyeur mondial de kif dans l’impunité la plus totale, notamment de la part de l’Europe qui en est ravitaillée via l’Espagne. L’Algérie lutte d’une façon permanente contre les trafiquants de drogue à la fois via les frontières terrestres, mais aussi maritimes. Cependant, nous constatons une escalade du Maroc qui dénote d’une certaine fuite en avant concernant l’invasion du Sahara occidental en 1975, dernière colonie en Afrique.
    Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l’application de la résolution 1514 (XV) de 1960 de l’Assemblée générale de l’ONU portant déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, la résolution 34/37 de 1979 appelle explicitement à la fin de l’occupation du territoire par le Maroc.
    Ainsi, dans sa politique de diversion, en allumant des contrefeux, le Makhzen, au lieu de s’occuper de son peuple, tente une déstabilisation de l’Algérie, une de plus, aidé en cela par un mouvement sécessionniste qui a pignon sur rue en France, en l’occurrence le MAK. Rien moins que la partition du pays ! Se proclamant leader pour négocier le sort de la Kabylie, il oublie que la Kabylie appartient aux Algériens, quelle que soit leur région. Comme l’a écrit un écrivain connu : «Chacun d’entre nous a droit à une part en Kabylie.» (Nsal fiha chbar). Cette revendication de chacun plonge ses racines dans le combat anonyme de millions d’Algériens bercés par cette conviction d’appartenance à un grand pays à défendre d’est en ouest et du nord au sud. Comme nous le lisons dans cette contribution parue dans le journal El Watan, l’initiateur et promoteur du projet d’«autonomie-indépendance» de la Kabylie, Ferhat Mehenni, a franchi, dans sa quête de crédibilisation de ce projet, le seuil de l’indélicatesse et de l’affront. Le chef du MAK a tenu des propos insultants vis-à-vis de la Kabylie et de la guerre de Libération nationale et ce, dans l’enceinte même de l’Assemblée nationale française.
    «De Sidi Ferruch en juillet 1830 à la bataille d’Icharridène le 24 juin 1857, de l’insurrection de 1871 à celle du 1er Novembre 1954, de l’émigration kabyle en France tout au long du XXe siècle, dont notamment les douloureux évènements à Paris du 17 Octobre 1961, au flux massif des sans-papiers kabyles issus de la révolte populaire du Printemps noir en 2001, la France et la Kabylie ont été marquées par un malentendu qu’il est enfin temps de dépasser», a dit Ferhat Mehenni lors d’une rencontre organisée à l’Assemblée française à l’occasion de Yennayer, le Nouvel An berbère, célébré pourtant par toute l’Algérie et tous les Amazighs. Ainsi, pour Ferhat Mehenni, la colonisation française et le combat pour l’indépendance nationale, qui a coûté la vie à plus d’un million d’Algériens, n’ont été qu’«un malentendu» qui «n’a jamais été traité pour des raisons géopolitiques».(1)
    En fait, c’est de mon point de vue le fait de différer constamment la question qui est de définir le projet de société et s’interroger sur ce que c’est qu’être algérien au XXIe siècle. Quels sont nos fondamentaux culturels et cultuels ? La quête d’un récit national consensuel qui fait siens aussi bien Massinissa que Jugurtha que l’Émir Abdelkader et qui se réfère à un Islam de 1 400 ans, fait de tolérance, est un chantier qui attend toujours d’être ouvert tant il est vrai que l’aboutissement à un vivre-ensemble au nom d’une Algérianité assumée qui coupera la route à l’aventure de ceux qui cherchent leur légitimité soit auprès de l’ancien colonisateur ou d’une sphère moyen-orientale installée dans les temps morts.
    Le cyber-espionnage : la guerre permanente sans morts

    Selon l’enquête du consortium réuni autour de Forbidden Stories et d’Amnesty International, Rabat a abusé du logiciel Pegasus pour espionner son grand rival, son frère ennemi, l’Algérie, au moment où celui-ci a été ébranlé par le Hirak, un soulèvement populaire de grande ampleur, qui a déchu l’inamovible et fantomatique Abdelaziz Bouteflika. Parmi les hantises et obsessions du Maroc : la crainte que le peuple marocain, qui étouffe dans un royaume d’inégalités, se soulève à son tour. Et puis bien sûr la question du Sahara occidental pour lequel le palais est prêt à tout, y compris sur le sol français ou européen».(2)
    La guerre sans morts, concept qui décrit les guerres économiques, voire géopolitiques. Il est très important de noter que NSO, la firme qui commercialise le logiciel Pegasus, ne peut vendre son produit sans l’aval du ministère de la Défense israélien, ce qui en dit long sur les méthodes et l’éthique de l’entité sioniste. Pour Ahmed Bensaada cela a démontré que l’ingérence étrangère, si décriée à l’occasion du Hirak (et bien avant), n’est pas uniquement une vue de l’esprit mais belle et bien réelle. Il a confirmé que les relations sécuritaires, commerciales et politiques entre l’État hébreu et certains pays arabes ne datent pas d’hier et ont précédé les récentes normalisations (Maroc et Émirats) ou celles pressenties dans le futur (Arabie saoudite). Le Maroc, à lui seul, a ciblé plus de 10 000 numéros de téléphone, soit près du cinquième du total. 60% de ces cibles (6 000) ont été localisées en Algérie, montrant à quel point le considérable espionnage du royaume chérifien est focalisé sur l’Algérie, dévoilant les intentions belliqueuses de ce pays envers son voisin.(3)
    L’espionnage : une technique constamment perfectionnée

    Il est important de savoir qu’en règle générale, tout le monde espionne tout le monde depuis toujours. Nous nous souvenons du rôle joué par l’Algérie dans la libération des otages américains. On raconte que l’Algérie qui servait de trait d’union entre les Américains et les Iraniens s’étonnait que la réponse américaine était immédiate à chaque étape de la négociation. En fait, les Américains avaient connaissance des réponses iraniennes en les interceptant. Nous nous souvenons aussi du piratage du portable de Madame Merkel par la NSA qui dispose d’immenses antennes pour espionner tout le monde. Déjà en 2019, les portables du Président français et de ses collaborateurs ont été piratés.
    Le «Projet Pegasus» de la société israélienne NSO Group a, dit-on, révolutionné l’espionnage. Mais ce n’est pas le premier et ce ne sera pas le dernier. Lors du passage, le 26 juillet, sur la chaîne française LCP, Xavier Niel, l’homme qui pèse 7 milliards de dollars, a expliqué comment il a débuté au milieu des années 80, sans faire d’études supérieures, mais étant doué en informatique avec comme viatique le bac. Ses premières « victimes » seront les portables des hommes politiques au point de se faire recruter par les services secrets français comme honorable correspondant.
    Sa réussite, il l’a doit au Minitel rose mais aussi et surtout à la box et au concept Free (téléphone+internet+ télévision). Les motivations des pirates informatiques ont évolué : du piratage de logiciels de la part d’amateurs dont la motivation essentielle consistait à voler pour leur usage personnel, nous sommes passés à un piratage «professionnel» d’ordre économique (détournements d’argent) et piratage industriel, proche de l’espionnage.
    Edward Snowden, le lanceur d’alerte américain, s’est exprimé à propos du logiciel, NSO Group qui a ciblé des smartphones de personnalités politiques et médiatiques.
    «C’est comme un espion dans votre poche (…). Cela ne devrait pas exister.» «Ce que l’on voit maintenant, c’est une industrie créée pour pirater ces smartphones, et aller au-delà de ce que l’on savait exister. Ces gens prennent le plein contrôle du téléphone et le retournent contre la personne qui l’a acheté, mais ne le possède plus vraiment.»(4)
    Le journal Le Monde persiste et signe et répond au Maroc

    Quelles ont été les réactions après cette annonce ? C’est la colère, la consternation des pays concernés par ces écoutes. D’abord la France qui attend de voir venir alors que le portable du Président est sur la liste. L’Algérie prend acte et en appelle à l’application de sanctions selon le droit international. Le Maroc crie au complot et annonce une action en justice alors qu’il est l’un les clients de l’entreprise israélienne ayant commercialisé ce logiciel espion. «Malgré les démentis, le journal français le Monde a tenu à maintenir ses informations, tout en remettant en cause les démentis du Makhzen et de NSO. Le Maroc a publié un communiqué dans lequel il affirme n’avoir «jamais acquis de logiciels informatiques pour infiltrer les appareils de communication, de même que les autorités marocaines n’on jamais eu recours à ce genre d’actes». Dans sa réponse, le journal français indique que le «projet Pegasus» a accumulé de multiples éléments, qui confirment «que le Maroc est client de NSO et opère les surveillances électroniques par le biais de Pegasus». (…) En outre, le Monde affirme que les preuves matérielles prouvant l’implication directe de Maroc, mises en ligne dès ce vendredi par le Security Lab d’Amnesty International, «sont toutes publiques».(5)
    Le commerce fructueux des armes numériques

    Comme l’écrit Jérôme Hourdeaux de Médiapart, c’est l’absence de normes qui mène à ces dérives : «L’exportation par NSO de son logiciel ‘’Pegasus’’ a été rendue possible par l’absence de régulation internationale des technologies dites à ‘’double usage’’.» Et si beaucoup d’États rechignent à accepter toute limitation, c’est qu’eux-mêmes exportent leurs propres armes numériques, à commencer par la France. En plus du scandale Pegasus, Jerôme Hourdeaux nous donne une autre information étrangement similaire : «(…) Jeudi 15 juillet, le Citizen Lab, le laboratoire canadien déjà à l’origine de plusieurs rapports sur NSO, et les sociétés Microsoft et Google révélaient qu’une autre start-up israélienne du nom de Candiru avait développé et vendu un logiciel lui aussi capable ‘’d’infecter et de surveiller les iPhone, les Android, les Mac, les PC, et les comptes dans le cloud’’. (…) Tout comme l’assurait NSO, Candiru n’était censé le vendre qu’à des États dans un but de lutte contre le terrorisme. Or, comme le révèle Citizen Lab, ‘’les victimes incluent des défenseurs des droits humains, des dissidents, des journalistes, des activistes et des hommes politiques’’.»
    Enfin, l’auteur écrit : «Si NSO est l’un des leaders du marché de la cyber-surveillance, la société n’est que la partie émergée d’un iceberg gigantesque. Israël est sans doute l’un des pays les plus à la pointe de ce marché extrêmement lucratif, notamment en raison des liens très étroits existant entre les mondes militaire et industriel. La célèbre ‘’unité 8200’’, spécialisée dans le renseignement électronique, joue ainsi le rôle de centre de formation pour des milliers de jeunes Israéliens (…)» Jean-Christophe Noël de l’IFRI, dans une note publiée en novembre 2020 : «Plus de 1 000 start-up ont été fondées par des membres de l’’’unité 8200’’, […] ce qui représente 25% des acteurs de la cybersécurité (…)»(6)
    La moralisation de l’utilisation des cyberattaques

    C’est de fait un vœu pieux. En théorie, les États auraient la possibilité d’utiliser ces techniques pour espionner dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Dans la réalité, il n’en est rien. «Il existe bien, écrit Jérôme Hurdeaux, un cadre international régissant les technologies à ‘’double usage’’, c’est-à-dire pouvant être utilisées dans un cadre civil et militaire, appelé ‘’Arrangement de Wassenaar’’. De plus, plusieurs pays, dont Israël, ont refusé de le ratifier. David Kayes a en effet justement publié un rapport intitulé ‘’Surveillance et droits de l’Homme’’. Ces discussions pourraient être relancées au printemps prochain à l’occasion de la présentation d’un rapport ‘’sur la fourniture de produits et services militaires et de sécurité dans le cyberespace par les cybermercenaires et son impact sur les droits humains’’ réalisé par un groupe de travail mis en place par la haute-commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Michelle Bachelet. Ce rapport doit être présenté lors de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations Unies qui doit s’ouvrir au mois d’octobre 2021. Michelle Bachelet a estimé que celles-ci confirment le besoin urgent d’une meilleure régulation de la vente, le transfert et l’usage des technologies de surveillance. «Les gouvernements devraient immédiatement cesser leur propre usage des technologies de surveillance d’une manière qui viole les droits humains, et devraient prendre des actions concrètes pour protéger contre de telles invasions de la vie privée en régulant la distribution, l’usage et l’exportation des technologies de surveillance créées par d’autres.»(6)
    Le triomphe de l’informatique : qui est la société NSO ?

    C’est avant tout une start-up de jeunes informaticiens. Comme l’écrivent Martin Untersinger et Damien Leloup : «L’entreprise NSO, au cœur des révélations du Monde, s’est imposée en dix ans comme le leader de la surveillance téléphonique. Vu de l’extérieur, le téléphone semble parfaitement normal. Les notifications éclairent l’écran, tandis que les échanges s’empilent dans les applications de messagerie.
    Les appels sont parfaitement audibles, la navigation sur internet est fluide et l’appareil photo fonctionne. Rien ne permet de deviner qu’un logiciel espion ultrasophistiqué est en train, subrepticement, de s’introduire dans le téléphone pour en prendre le contrôle. Le logiciel va beaucoup plus loin, en permettant d’absorber tout le contenu d’un téléphone : photos, courriels, contacts, SMS, et même les messages échangés par le biais d’applications sécurisées telles que Signal ou WhatsApp.» «Pegasus est le produit-phare d’une entreprise privée, NSO Group, que cette dernière a déjà vendu à une quarantaine d’États dans le monde. NSO, c’est avant tout l’histoire de ‘’N’’, de ‘’S’’, et de ‘’O’’, pour Niv Carmi, Shalev Hulio et Omri Lavie, ses trois cofondateurs. Leur start-up développe une technologie capable de reconnaître des objets dans une vidéo et de proposer au spectateur un lien pour les acheter.»(7)
    Que représente le pouvoir marocain ?

    On sait que le Maroc a toujours profité des largesses de l’Europe et des Occidentaux qui ferment les yeux sur les Tazmamart nombreux qu’avait mis en évidence dans son ouvrage l’écrivain français Gilles Perrault : Notre ami le Roi. Malgré tout cela, les riadhs et autres petits cadeaux ont anesthésié aussi bien la droite réactionnaire, mais surtout la gauche bobo qui ont une conception à géométrie variable des droits de l’Homme. Nous sommes loin du sacerdoce de l’Émir Abdelkrim el Khattabi qui a battu 50 généraux espagnols et français à la fameuse bataille d’Anoual.
    «Il proclame, en 1922, la République confédérée des tribus du Rif. Imprégné des idéaux de progrès et de républicanisme, Abdelkrim promulgue des réformes modernes. Considérant par ailleurs le cannabis comme haram, il est le seul à avoir presque réussi à interdire [sa] production» traditionnelle dans le Rif depuis le VIIe siècle (…) Tentant de joindre toutes les forces vives marocaines, Abdelkrim demande au sultan Moulay Youssef de rallier sa cause. Mais celui-ci, sous l’influence de la résidence générale française à Rabat, refuse de lutter contre les puissances coloniales. Dès lors, jugeant le sultan illégitime, Abdelkrim se proclame commandeur des croyants et selon le Général Lyautey, «Abdelkrim est considéré ouvertement comme le seul et unique sultan du Maroc vu que Moulay Hafid a vendu le pays à la France par le traité du Protectorat et que Moulay Youssef est seulement un fantoche entre mes mains».(8)
    Au-delà du peuple qui est respectable, force est de constater que la politique du Makhzen est une politique de fuite en avant. En étant adoubé par Israël, le roi pense ainsi être invulnérable et en tout cas continue en toute impunité à braver la communauté internationale par ses manquements aux conventions internationales, en s’entêtant à terroriser le peuple sahraoui qui aspire à son indépendance, en inondant la planète de drogue. En fait, il va de sursis en sursis jusqu’à la prise de conscience de son rôle négatif.
    Quels sont les parrains du Makhzen ? Principalement les pays européens menés par la France pour qui le Maghreb est une chasse gardée. On doit cependant dans cet aplaventrisme européen saluer la position de l’Allemagne pour qui le conflit du Sahara occidental est un problème de décolonisation. Les rodomontades du Makhzen sont bâties sur du vent : s’appuyer sur Trump pour monnayer le hold-up du Sahara occidental contre la vente de la cause palestinienne. Le Maroc est président du Comité El Qods et à ce titre, il doit défendre la cause palestinienne.
    Un institut allemand préconise dans une note d’«œuvrer à arrêter les tentations hégémoniques du Maroc. Il reproche à l’Europe de favoriser le Maroc, ce qui freine l’émergence de l’Algérie et de la Tunisie». La note émane du Stiftung Wissenschaft und Politik (SWP) (Institut allemand des affaires internationales et de sécurité). Celle-ci suggère à l’Union européenne de revoir sa politique. En mai dernier, juste avant la crise avec l’Espagne, le chantage migratoire du Maroc, ce pays s’était fâché avec un autre grand pays de l’UE, l’Allemagne. Il faut dire que le pays d’Angela Merkel n’a jamais été un soutien franc sur la question du Sahara occidental. Le 6 mai, le Maroc a rappelé son ambassadrice à Berlin dénonçant «des actes hostiles de la part de l’Allemagne».(9) Ajoutant que «le Maroc a encore laissé 250 migrants envahir Ceuta le 20 juillet pour exaspérer l’Espagne».
    La réalité du monde

    Le professeur Abderahmane Mebtoul, dans un article sans concession, met le doigt là où cela fait mal. C’est un bon diagnostic mais cela ne suffit pas. Il écrit : «La maîtrise des nouvelles technologies reposant sur le savoir est le défi principal du XXIe siècle, engageant la sécurité mondiale et toute inadaptation à ces mutations isolerait encore plus le pays. Mais aujourd’hui plus sophistiqué, avec l’avènement des cyberattaques, appartenant à chaque nation d’utiliser des moyens sophistiqués pour se protéger, le problème qui se pose est : le Maroc a-t-il les moyens scientifiques d’opérer une telle action sans complicité(…)?»(10)
    Professeur Mebtoul cite aussi les autres domaines où l’information est capitale. « Cependant les nouvelles technologies ne concernent pas seulement les écoutes. Les drones sans pilote commencent à remplacer l’aviation militaire classique pouvant cibler avec précision tout adversaire à partir de centres informatiques sophistiqués à des milliers de kilomètres. Les satellites remplissant l’atmosphère permettent d’espionner tout pays, de détecter le mouvement des troupes et la diffusion d’images de toute la planète. (…) L’état-major de l’ANP, à travers les dernières éditions d’El-Djeich, tire la sonnette d’alarme afin que la majorité des responsables des institutions stratégiques en Algérie, en déphasage par rapport aux nouvelles réalités tant internes que mondiales, s’adaptent en urgence, nécessitant un important investissement dans le savoir (…) Ainsi, notre univers est devenu une grande maison de verre (…) L’intégration des télécommunications, de l’informatique et de l’audiovisuel a donné naissance à la société de l’information qui fait l’objet d’une attention particulière de la part des États et des organisations internationales. (…) L’intelligence économique intègre deux dimensions supplémentaires par rapport à la veille : la prise de décision et la connaissance de l’information.»(8)
    Sa conclusion est sans appel : «L’Algérie est un des pays en retard dans la transition numérique (…) faute de vision stratégique (…) Combien d’institutions stratégiques dont les banques qui fonctionnent sur les méthodes du début des années 1970 sont-elles protégées par les cyberattaques? Le rapport annuel mondial sur l’économie numérique (Network Readiness Index (NRI 2020) a classé l’Algérie sur 134 pays à la 120e place en matière de gouvernance numérique. Le monde est à l’aube d’une quatrième révolution économique et technologique, fondée sur deux fondamentaux du développement du XXIe siècle, la bonne gouvernance et l’économie de la connaissance, avec comme trajectoire la transition numérique et la transition énergétique.»(10)
    Une épreuve pour le pays qui peut être salutaire

    Nous n’avons pas compris qu’il faut changer de logiciel. Avec son logiciel Pegasus, Israêl peut espionner tout le monde aussi bien les journalistes que les hommes politiques. Il le fait en endossant cela aux services marocains, ce n’est plus un problème de technologie obsolète. Le monde est à la nanotechnologie, aux robots, à l’homme augmenté. La guerre d’el boundouqia fait partie de l’histoire. En traversant le siècle, nous avons laissé derrière nous la guerre classique. Les vrais combats sont ceux de l’intelligence. Les centres de recherche des armées recrutent des milliers d’ingénieurs et de docteurs.
    Doit-on continuer à regarder dans le rétroviseur alors que le monde avance et n’a que faire de nos états d’âme et de ses combats d’arrière-garde? Nous en sommes encore à nous créer des querelles et à tirer sur tout ce qui bouge dans un véritable jeu de massacre d’atteinte à des personnalités repères, ce qui remet aux calendes grecques l’édification nationale qui nous conforte dans notre algérianité. Doit-on continuer à nous lamenter en comptant les points des coups reçus ou sommes-nous déterminés à nous battre avec les armes du XXIe siècle ?
    Le mieux est de prendre acte et de prendre rendez-vous avec l’Histoire et se mettre au travail. Il est temps de réétalonner notre rapport au monde Un maître-mot : le savoir. Si nous décidons de donner une visibilité à l’Algérie pour qu’elle ne devienne pas une zone grise, ce ne sont plus des rodomontades sans lendemain. C’est la mise en place sans tarder en laissant l’idéologie en dehors de l’école et de l’université.
    Dans ce cadre, nous pouvons donner rendez-vous au monde dans quelques années en nous mettant au travail autour d’un projet, celui d’une Algérie du futur qui donne sa chance et où ceux qui ont une valeur ajoutée la mettraient au service du pays, barrant la route à tous ceux tentés par l’aventure et qui croient trouver dans l’adoubement à l’ancienne puissance une façon de rendre service au pays. Cruelle erreur ! On sait ce que c’est la démocratie aéroportée et qui est comme un cataplasme sur une jambe de bois pour des pays vulnérables. Comme sont tentés par l’aventure de combats d’arrière-garde ceux qui s’arriment à la sphère moyen-orientale, autrement plus féroce contre l’Algérie qui refuse de rentrer dans le rang. Dans le futur, il nous sera de plus en plus difficile de tenir nos positions de principe sur les grands dossiers si nous ne sommes pas puissants scientifiquement, non pas d’une façon ostentatoire, mais suffisamment importante pour décourager tout pays tenté par l’aventure en se permettant des provocations.
    Nous avons usé et abusé de la symbolique de la Révolution de Novembre dont l’aura a terni. De plus, nous n’avons pas joué la prudence concernant la gestion de la rente et risquons de nous réveiller avant la fin de la décennie avec une rente nulle. Un seul chiffre, l’Algérie consume 120 millions de m3 par jour et 40 000 tonnes de pétrole/jour, soit en moyenne 70 millions de dollars actuels. Il n’y a pas de fatalité, le diagnostic est connu : nous sommes en retard ! Il y a nécessité une fois de plus à faire notre aggiornamento. Nous devons sans tarder sortir du fossile en pensant aux générations futures par la conception sans tarder du modèle énergétique qui trace le cap d’ici 2030 et au-delà. Parallèlement et pour être en phase avec la réalité du monde, notamment pour investir les nouvelles disciplines qui interviennent dans la cybersécurité, il nous faut former au moins 50 000 informaticiens en intelligence artificielle.
    Quelle que soit la santé financière du pays, il faut mettre en place un campus de l’intelligence de 20 000 places à Sidi Abdallah où nous devons former les futures troupes scientifiques capables de répondre d’une façon appropriée dans un monde de plus en plus dangereux. Ce campus devrait pouvoir avoir toutes les sollicitudes en termes de moyens. L’élite formée dans de bonnes conditions devrait pouvoir permettre la pleine mesure de son talent en étant sécurisée du point de vue de l’emploi. Les écoles d’intelligence artificielle et de mathématiques devraient être complétées par les huit autres concernant les autres domaines. C’est le cas de l’informatique, de la robotique, de l’électronique, de la transition énergétique (ITEER), de l’École de médecine. Ce sera la Silicon Valley algérienne. Cela ne dépend que de nous, les idées sont mûres. Il nous faut passer aux actes sans tarder.
    Nous ne pouvons plus continuer à subir ! Nous devons être offensifs, mais il serait présomptueux d’en attendre des résultats dans un futur immédiat. Nous ne pouvons entrer dans le développement par effraction, c’est une lente maturation, ce sont des nuits blanches, c’est une autre Révolution qu’il faut mener en rassemblant. Justement, s’agissant de l’unité de l’Algérie, je fais mienne cette citation de Cheikh Nahnah : «Al Djazaïr min talata min Tizi Ouzou li Tamanrasset oua min Tlemcen li Tebessa. » Puissions-nous être convaincus par le sacerdoce du vivre-ensemble et la nécessité de la construction du projet de société par la justice, le brassage permanent, le parler vrai à cette jeunesse qu’il faut convaincre que nous n’avons pas de patrie de rechange…
    C. E. C.
    (*) École polytechnique, Alger.
    1.https://www.elwatan.com/archives/actualites/ferhat-mhenni-et-linsulte-aux-martyrs-19-01-2012
    2. Rédaction de mediapart Abdellatif Hammouchi, le superflic du Maroc, au cœur de l’affaire Pegasus 22 juillet 2021
    3.https://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=566:2021-07-27-00-26-16&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119
    4.https://www.lemonde.fr/pixels/video/2021/07/20/c-est-une-industrie-creee-pour-vous-pirater-edward-snowden-reagit-aux-revelations-concernant-le-logiciel-espion-pegasus_6088853_4408996.html
    5. Merzouk Abdeleziz vendredi 24 juillet 2021 https://www.algerie360.com/projet-pegasus-le-monde-persiste-et-signe-et-repond-au-maroc/
    6. Jérôme Hourdeaux, la grande hypocrisie Jérôme Hourdeaux Mediapart 21 juillet 2021
    7. Martin Untersinger et Damien Leloup https://www.lemonde.fr/projet-pegasus/article/2021/07/19/projet-pegasus-comment-la-societe-israelienne-nso-group-a-revolutionne-l-espionnage_6088692_6088648.html
    8.https://fr.wikipedia.org/wiki/Abdelkrim_el-Khattabi
    9.https://www.tsa-algerie.com/allemagne-appel-a-contrecarrer-lhegemonie-du-maroc-au-maghreb/
    10. Abderrahmane Mebtoul «La problématique de la sécurité nationale et de la maîtrise des nouvelles technologies en question», site Algérie Eco, 21 juillet 2021. Imene A.
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  • Marianne: L’idylle fran­co­ma­ro­caine, pour­ra-t-elle sur­vivre à la crise actuelle?

    Ma­roc. Avec Pe­ga­sus, le royaume ché­ri­fien mis à nu


    Le scan­dale de l’es­pion­nage des té­lé­phones de jour­na­listes ma­ro­cains et fran­çais, et, peut-être, même, du por­table d’Em­ma­nuel Ma­cron ré­vèle la réa­li­té long­temps ca­chée de l’État.
    Par Mar­tine Goz­lan
    Le voile s’est dé­chi­ré. Pe­ga­sus, l’im­pré­vi­sible che­val de Troie à l’af­fût dans les pro­fon­deurs des iPhone, s’est trans­for­mé en mou­chard des moeurs po­li­cières du royaume alaouite. Tel est pris qui croyait prendre. Les ré­vé­la­tions sur les consé­quences de la vente aux États du sys­tème éla­bo­ré par la firme is­raé­lienne NSO jettent une lu­mière crue sur la réa­li­té d’un pays pour le­quel Pa­ris a tou­jours eu les yeux de Chi­mène. Il était temps. Mal­gré les mul­tiples re­por­tages, té­moi­gnages, ou­vrages, do­cu­ments pu­bliés de­puis vingt ans sur la vraie vie des Ma­ro­cains, un aveu­gle­ment concer­té et (fort bien) ar­gu­men­té a tou­jours pré­va­lu. Po­li­tiques, hommes d’af­faires, pu­bli­ci­taires, tech­no­crates, in­tel­lo­crates : tous connaissent par coeur cette douce pa­resse, ce pré­sup­po­sé d’in­dul­gence qui fondent sur le vi­si­teur, si­tôt si­ro­té le thé à la menthe du royaume en­chan­té. On est si bien, n’est-ce pas, entre gens qui se res­semblent, adorent l’Oc­ci­dent en gé­né­ral, la France en par­ti­cu­lier, et maî­trisent la me­nace ter­ro­riste grâce à des ser­vices de ren­sei­gne­ment d’une ef­fi­ca­ci­té re­mar­quable ? Ils avaient ai­dé Pa­ris au mo­ment des at­ten­tats de no­vembre 2015 et dé­jouent chaque mois des pro­jets d’opé­ra­tions ter­ro­ristes sur leur sol.
    Les droits de l’homme ba­foués au nom de la dé­fense de la re­li­gion
    Ce pays que l’on dé­peint à lon­gueur de co­lonnes comme une riante et pa­ci­fique oa­sis a four­ni en ef­fet à Daech le plus im­por­tant quo­ta de dji­ha­distes rap­por­té à sa po­pu­la­tion, pra­ti­que­ment à éga­li­té avec la Tu­ni­sie. Les Frères mu­sul­mans du Par­ti de la jus­tice et du dé­ve­lop­pe­ment gou­vernent sans in­ter­rup­tion de­puis 2011. Se­lon le dis­cours of­fi­ciel et of­fi­cieux fran­çais, ils se­raient par­fai­te­ment contrô­lés par le roi, « com­man­deur des croyants ». Mo­ham­med VI est cen­sé pré­ser­ver la dy­nas­tie alaouite de toute ten­ta­tion in­sur­rec­tion­nelle au nom de l’is­lam. Les faits dé­mentent cet op­ti­misme.
    D’une part, les droits de l’in­di­vi­du sont de plus en plus sou­vent ba­foués au nom de la dé­fense de la re­li­gion. D’autre part, la mi­sère qui sé­vit dans plu­sieurs pro­vinces, no­tam­ment dans le Rif, pousse les po­pu­la­tions à la ré­volte, puis à la mi­gra­tion (lire p. 30). Le Ma­roc est clas­sé 121e sur 189 pays par le Pro­gramme des Na­tions unies pour le dé­ve­lop­pe­ment (Pnud) pour l’in­dice de dé­ve­lop­pe­ment hu­main. Il oc­cupe un très mau­vais rang dans des do­maines aus­si cru­ciaux que l’ac­cès à l’éducation ou l’éga­li­té entre les sexes. Les jour­na­listes ma­ro­cains ont dé­non­cé avec un grand cou­rage les in­jus­tices et les men­songes qui bloquent leur pays. Ils en paient du­re­ment le prix et consti­tuent les vic­times pri­vi­lé­giées de Pe­ga­sus (lire p. 28). Leur si­tua­tion est dé­sor­mais vi­sible au grand jour. L’idylle fran­co­ma­ro­caine, ébran­lée par la vague d’es­pion­nite qui a peut-être frap­pé jus­qu’au por­table d’Em­ma­nuel Ma­cron, pour­ra-t-elle sur­vivre ?
    Marianne, 30 Jul 2021
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  • Pegasus : Le Monde enfonce le Maroc avec de nouvelles révélations

    L’opération d’espionnage Pegasus menée par le Maroc contre plusieurs personnalités médiatiques et politiques internationales, dont des Algériens, n’a visiblement pas livré tous ses secrets. Le journal français Le Monde, qui est parmi les 17 rédactions internationales ayant révélé cette affaire, est revenu dans son édition d’avant-hier avec de nouvelles révélations confirmant l’utilisation par le Maroc du logiciel espion Pegasus pour surveiller des journalistes et personnalités en France et ailleurs. 

    Des révélations basées sur une expertise effectuée par le laboratoire spécialisé dans l’analyse des logiciels d’espionnage Le Security Lab d’Amnesty Internationalindiquant que 40 téléphones des journalistes et personnalités espionnés, dont 15 en France ont été effectivement infectés par le logiciel Pegasus. 
    Selon le même journal, « les experts ont fait parler les archives des téléphones d’Apple. Les iPhones ont ceci de particulier qu’à chaque fois qu’un composant d’IOS est lancé (par exemple pour prendre une photo ou envoyer un message), une trace est consignée dans la mémoire du téléphone ».
    « Des traces de composants qui n’ont pas été développés par Apple »
    Ainsi, les experts du Security Lab d’Amnesty « ont découvert dans cet historique des traces de composants qui n’ont pas été développés par Apple, totalement étrangers à IOS », précise-t-on encore. 
    Dans « certains cas le fonctionnement de ces composants étrangers s’accompagnait de l’exfiltration de données. Autrement dit, la preuve qu’un logiciel espion s’était activé sur ces téléphones », a ajouté, en outre le média français. Autre preuve de l’existence de cette affaire d’espionnage, le journal Le Monde affirme que « les traces retrouvées par Le Security lab d’Amnesty international sur les téléphones ciblés par le Maroc sont similaires à celles découvertes par LookOut, une entreprise spécialisée dans la cybersécurité des appareils mobiles ». 
    Le laboratoire « y avait alors découvert les mêmes noms de composants aujourd’hui exhumés par Amnesty International. La preuve qu’il s’agit d’un seul et même logiciel espion, en l’occurrence Pegasus ».
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  • Sahara occidental : Pegasus est l’aspect le plus soft que nous subissons de la colonisation (Ould Salek)

    Colonisation du Sahara occidental : Pegasus est l’aspect le plus soft que nous subissons, souligne le chef de la diplomatie sahraouie au magazine français Marianne

    Dans son dernier numéro, le magazine français Marianne, a publié un dossier sur les armes illégales auxquelles recourt le Maroc, comme la drogue, la menace migratoire et en dernier, le scandale du logiciel espion Pegasus utilisé les services marocains, contre alliés et supposés ennemis, pour maintenir sa colonisation du Sahara occidental à cette occasion, l’hebdomadaire a interviewé, le chef de la diplomatie sahraouie, Mohamed Salem Ould Salek, pour qui « l’espionnage est un crime contre le peuple sahraoui ».
    Selon lui, « pour le Front Polisario, il est l’un des aspects de la guerre que le Maroc a lancée depuis 1975 contre notre pays ». Le ministre sahraoui a rappelé que « Pegasus suscite une vague d’indignation dans le monde. Mais nous ne sommes pas surpris. Voilà des décennies que le Maroc piétine la légalité internationale ! Pegasus c’est l’aspect le plus soft de l’occupation que nous subissons ». 
    A la question pourquoi Pegasus et le dossier sahraoui, le ministre a indiqué que « c’est le sujet central pour le Maroc », ajoutant que « même ceux qui soutiennent le régime alaouite dans son aventure militaire périlleuse- c’’est le cas de la France et de l’Espagne notamment, sont espionnés. » 
    Pour lui, « aujourd’hui, le Maroc doute de tout le monde, de ses voisins, de ses alliés, de ses amis qui depuis des années, bloquent au Conseil de sécurité de l’ONU, la voie vers un véritable référendum d’autodétermination pour le peuple du Sahara occidental ». 
    Il a rappelé qu’après 45 ans, « ni la communauté internationale, ni l’Union européenne et pas plus l’Union Africaine, n’ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental », ajoutant que « dans son avis de 1975, la cour de justice internationale reconnaissait que notre pays, avant la colonisation espagnole n’avait aucun lien de suzeraineté avec le Maroc. Et la cour européenne de justice l’a rappelé en 2018 ». 
    Le ministre a souligné que « Hassan II avait pris la décision de nous faire la guerre, mais il était aussi réaliste et avait accepté l’idée du référendum pour faire la paix. Malheureusement, avec son fils, nous sommes face à un régime persuadé qu’il gagnera par les armes, toutes les armes dont, bien sûr l’espionnage, mais aussi l’utilisation de la drogue ou la menace migratoire ». 
    Sur le soutien de Paris à Rabat dans le dossier sahraoui, le ministre a estimé qu’«aujourd’hui, la France se place au côté de ce régime désuet, autocrate et féodal comme elle l’a fait depuis si longtemps en Afrique et elle en paie le prix son image est ternie ».
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  • Le Maroc interdit temporairement d’utiliser Pegasus?

    Le Maroc interdit temporairement d’utiliser Pegasus?

    Pegasus : NSO interdit temporairement aux gouvernements l’utilisation du logiciel

    Selon le site Algérie24, qui cite la National Public Radio américaine, la société israélienne “NSO” (NSO), qui est le concepteur du programme d’espionnage électronique “Pegasus”, a temporairement empêché de nombreux gouvernements à travers le monde d’utiliser sa technologie.

    « La radio a cité une source au sein de la société israélienne selon laquelle elle avait suspendu sa coopération jusqu’à la fin de son enquête sur l’utilisation abusive de ses technologies », ajoute le média algérien.

    « Le Washington Post a rapporté que parmi les pays suspendus figuraient la technologie de la société israélienne, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et d’autres pays arabes sans les citer. Et certaines agences gouvernementales au Mexique », indique-t-on. Le Maroc, figure-t-il dans la liste  » d’autres pays arabes? ».

    « Une enquête de presse internationale a confirmé que le logiciel « Pegasus » était utilisé par plusieurs pays et régimes pour espionner des chefs d’État, des journalistes, des opposants ou dissidents et des représentants d’institutions des droits humains », rappelle la même source.

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  • Pourquoi j’ai été ciblé par le logiciel espion Pegasus

    Madawi al-Rasheed

    Mon travail pour exposer les crimes du régime saoudien a conduit à une tentative de piratage de mon téléphone. Aujourd’hui, je suis submergé par des sentiments de vulnérabilité et d’intrusion

    La prédiction orwellienne s’est finalement réalisée. Je savais que ce n’était qu’une question de temps avant que le régime saoudien n’essaye de pirater mon téléphone, en utilisant le logiciel Pegasus fabriqué par la société de sécurité privée israélienne NSO Group.

    Cette évolution met en évidence la consolidation d’un nouvel axe du mal : Israël , l’ Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont devenus un chœur de puissances malveillantes visant à étouffer l’activisme et la quête de démocratie dans la région. Israël fournit des connaissances ; les autres fournissent des fonds.

    La privatisation de l’ appareil de sécurité israélien et la multiplication des entreprises privées fondées par d’anciens agents de la défense et du Mossad constituent une menace non seulement pour les Palestiniens d’Israël, de Gaza et de la Cisjordanie occupée, mais aussi pour tous les citoyens du Golfe, avec Les logiciels espions israéliens vendus aux dictatures du monde arabe.

    En retour, Israël accède aux cercles de renseignement intérieurs et aux États profonds du Golfe, ce qui lui permet de les tenir en otage pendant longtemps. Israël soutient les autocraties du Golfe, pensant que cela garantit à jamais sa propre sécurité. Mais Israël a tort.

    La normalisation avec Israël n’est pas seulement immorale à cause de la situation des Palestiniens ; c’est aussi une menace existentielle pour tous les ressortissants du Golfe qui cherchent des réformes politiques dans leur propre pays. La soi-disant « seule démocratie au Moyen-Orient » a tellement enraciné son système d’apartheid qu’aucune propagande ne peut le sauver, et les fortes objections publiques à la normalisation des régimes arabes avec Israël ne feront que s’intensifier dans les mois et les années à venir.

    Saga de surveillance

    Les Émirats arabes unis jouent un rôle clé dans la saga de surveillance par les entreprises privées israéliennes. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane est tombé sous le charme de Mohammed ben Zayed, son homologue émirati. Oubliez le « plus haut bâtiment , l’ aéroport le plus fréquenté et les ministères de la tolérance et du bonheur » – qui sont au cœur de la propagande des Émirats arabes unis – et rappelez-vous que ben Zayed est le mentor de ben Salmane.

    Les deux sont unis par leur haine de la démocratie, de la diversité politique, de la liberté d’expression et des droits de l’homme. Les deux sont désormais la clé d’un axe du mal supervisé par une technologie israélienne malveillante, dont la prétendue raison d’être est d’aider les gouvernements à attraper les criminels et les terroristes. Pourtant, il est utilisé contre des militants pacifiques.

    Forbidden Stories , une ONG basée à Paris et spécialisée dans la défense des journalistes et des militants des droits humains, a obtenu plus de 50 000 numéros de téléphone ciblés dans le monde par des logiciels malveillants israéliens pour le compte de clients de l’ONS, principalement des gouvernements. Ils ont alerté divers médias et, avec le soutien d’Amnesty International, ont lancé le projet Pegasus.

    Les résultats ont montré qu’en avril 2019, il y avait eu une tentative de piratage de mon téléphone , mais sans succès. Bien que ce soit un soulagement, je suis submergé par des sentiments de vulnérabilité et d’intrusion.

    Pour obtenir des preuves du projet Pegasus, j’ai dû soumettre le contenu de mon téléphone – dans lequel ma vie privée et professionnelle était stockée – à leur équipe technologique.

    Je me suis assis devant un écran d’ordinateur pendant trois heures, à regarder ma vie virtuelle se rendre au laboratoire d’Amnesty International, où une recherche de logiciels malveillants a été menée. J’ai reçu des preuves de l’échec de la tentative de piratage d’avril le même jour.

    Contrôler le récit

    En tant que citoyen britannique d’origine saoudienne, j’ai passé plus de la moitié de ma vie à écrire, à faire des recherches et à enseigner. Vous ne vous attendriez pas à ce que je sois piraté. Mais de telles activités professionnelles sont un crime en Arabie saoudite, où le régime est déterminé à contrôler le récit du passé, du présent et du futur.

    Mon crime est d’avoir percé ce récit, en utilisant des compétences de recherche universitaire et un accès aux Saoudiens dont les voix restent en sourdine. Toutes mes recherches se sont concentrées sur le fait de donner une voix aux sans-voix, ce qui implique inévitablement d’interroger des Saoudiens à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Ma démystification des mensonges officiels saoudiens dérange le régime, qui n’a épargné aucune occasion de ternir ma réputation, m’accusant d’être un agent des gouvernements occidentaux, de la Turquie, de l’Iran, du Qatar, et auparavant de la Libye et de l’Irak.

    Dans les années 1990, le régime m’a ciblé avec des menaces directes de violence – mais avec l’avènement d’Internet, ces menaces sont devenues virtuelles, propagées par des agents du régime. Le piratage de mon téléphone n’est que le dernier épisode.

    En 2014, mon compte Twitter a été piraté à la recherche de scandales sensationnels et éventuellement de complots clandestins avec d’autres exilés saoudiens. Les pirates doivent avoir été déçu de ne pas trouver de tout cela, mais ils l’ ont fait exposer ma conversation privée avec le cheikh Awad al-Qarni , une figure islamiste clé qui m’a envoyé des salutations et m’a demandé de ne pas augmenter ma critique du silence du mouvement islamiste lors de premier plan Des dirigeants saoudiens des droits humains ont été arrêtés.

    Les espions du régime ont lancé une campagne pour discréditer Qarni pour avoir envoyé un message direct à une femme non voilée, comme moi. Qarni est en prison depuis plusieurs années.

    Vies en danger

    Je n’ai jamais rien eu à cacher, car tout ce que je savais était documenté et publié dans des livres et des articles. Je n’avais pas de secrets, mais ce n’était pas le sujet. Je chérissais ma vie privée et détestais l’intrusion saoudienne dans ma vie. Je m’inquiétais également pour ceux qui communiquent avec moi depuis l’intérieur du pays, car leur vie pourrait être en danger.

    Parmi les charges retenues contre Mohammed al-Otaibi , un militant des droits humains, figurait mes livres et articles sur son ordinateur. Il est toujours en prison. Il est de ma responsabilité de protéger ceux qui se confient à moi et veulent que leur voix soit entendue.

    Le meurtre de Jamal Khashoggi en octobre 2018 a coïncidé avec une plus grande surveillance saoudienne des exilés en Grande-Bretagne, au Canada et ailleurs. Le choc suscité par les détails horribles de la découpe d’un journaliste pacifique a été aggravé par les craintes de piratage. C’était la première fois que des exilés entendaient parler de NSO aidant les Saoudiens à pirater le téléphone d’un jeune exilé basé au Canada, Omar al-Zahrani, qui avait communiqué avec Khashoggi au sujet de la création d’une plate-forme médiatique pour démystifier la propagande saoudienne.

    Le coût financier de la sécurisation de mon téléphone était colossal, mais cela en valait la peine. Bien que l’assaut d’avril 2019 sur mon appareil ait échoué, je suis sûr qu’il y aura d’autres tentatives à l’avenir.

    En 2019, j’étais impliqué dans des discussions avec d’autres exilés dans trois pays sur la formation d’un parti politique, ce qui pourrait expliquer la tentative d’infiltration de mon téléphone à cette époque. Le régime voulait plus de détails sur qui parrainerait un tel projet – et qui étaient les coupables. Le projet s’est concrétisé le 23 septembre 2020, jour où le royaume célèbre sa fête nationale, lorsqu’un petit groupe de militants, dont moi-même, a annoncé la création de l’Assemblée nationale saoudienne (NAAS). Yahya Asiri, le secrétaire général, a été piraté, et son nom apparaît dans les fichiers Pegasus.

    Debout contre l’oppression

    Je suis passé du monde universitaire à l’activisme politique parce que le régime saoudien a commis des crimes odieux et que la vie des exilés, y compris la mienne, était en danger. Le régime saoudien m’a pris pour cible lorsque j’étais universitaire, et à nouveau après que je sois devenu militant. De telles attaques se poursuivront sûrement dans les mois et les années à venir.

    En avril 2019, j’écrivais également un livre sur les relations État-société. Le méchant n’était autre que ben Salmane , qui a détenu des centaines de Saoudiens et précipité la fuite de dizaines de plus.

    J’ai été déconcerté par les représentations médiatiques occidentales du prince comme un réformateur moderne , alors que les prisons saoudiennes regorgeaient de prisonniers d’opinion innocents, que les femmes faisaient campagne contre la discrimination et qu’une jeune diaspora se réunissait dans le monde entier. Mon livre, The Son King , était définitivement un faux pas.

    En 2019, une nouvelle opposition saoudienne virtuelle en exil commençait à se former, s’opposant à l’oppression et à la dictature. Le NAAS s’appuie sur les médias sociaux pour se connecter et échanger des idées, ce qui le rend extrêmement vulnérable, comme l’ont démontré le meurtre de Khashoggi et le piratage des téléphones des militants. À la suite des révélations du Pegasus Project, NAAS reviendra sûrement aux anciennes méthodes de mobilisation, de réunions et d’activisme.

    Grâce aux malwares israéliens, à la complicité des Emirats Arabes Unis et aux intrusions saoudiennes, les exilés devront rechercher des méthodes sécurisées pour partager des informations et se mobiliser. Comme beaucoup se sont réfugiés aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne et dans toute l’Europe, ces États ont la responsabilité de les protéger de la surveillance saoudienne. Sinon, il y a un réel risque que la saga Khashoggi se répète.

    La diplomatie doit être activée pour empêcher l’axe du mal de répandre plus de peur, d’appréhension et éventuellement de meurtre – et si cela ne fonctionne pas, des sanctions devraient être prises, à tout le moins en Grande-Bretagne, où résident deux des fondateurs de NAAS.

    Middle East Eye, 20/07/2021

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  • Marianne sur le Maroc: « Le Royaume chérifien mis à nu »

    L’espionnage et la surveillance des militants, journalistes et opposants au Maroc ne date pas des révélations de l’Affaire Pegasus, rapporte le Magazine français Marianne, assurant que le Royaume chérifien n’hésite pas à montrer les crocs jusque sur le territoire français.

    « Au pays de Mohammed VI, la surveillance ne date pas de l’affaire Pegasus », souligne le Magazine dans un dossier intitulé « le Royaume chérifien mis à nu », notant que « journalistes, militants de la cause sahraouie et même citoyens lambda peuvent en témoigner ».

    Dans son dossier revisitant les nombreuses dérives du Maroc, notamment en matière de violation des droits humains, le magazine français est revenu sur le calvaire vécu par plusieurs citoyens marocains, des Sahraouis dans les territoires occupés, mais aussi des Français. Il s’agit notamment du cas de Claude Mangin, épouse de Naâma Asfari, militant sahraoui condamné à trente ans de prison et détenu depuis plus de dix ans à la suite du démantèlement par l’armée marocaine du camp de Gdeim Izik à El Aaiun occupée pour qui l’intrusion du régime marocain dans sa vie privée ne date pas d’hier.

    « Depuis vingt ans, chaque fois que je vais au Maroc et au Sahara occidental, je suis constamment espionnée. Ils peuvent être deux, trois, des dizaines. Toujours en civil, à pied, à vélo, à moto, en voiture ils me surveillent partout où je suis. En famille ou non, jusque devant nos maisons. C’est un harcèlement autant qu’une punition collective », raconte Claude Mangin dans un témoignage au magazine français. « Il y a quelques mois, lorsque Radio France est venu me demander de confier mon Smartphone pour le faire analyser, je n’ai guère été surprise de faire partie des cibles potentielles du Maroc via Pegasus, a-t-elle confié.

    « En vérité, nous payons pour avoir fait tomber le royaume il y a cinq ans », a-t-elle souligné. En novembre 2016, le cabinet Ancile et l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture avaient obtenu la condamnation du Maroc par l’ONU pour « fait de torture » sur Naâma Asfari. Une première dans l’histoire du pays. « Ce crime de lèse-majesté, la monarchie marocaine ne le pardonne pas à cette femme. Comme elle ne pardonne pas à certains journalistes marocains de critiquer les autorités », explique Marianne. Le magazine cite l’exemple « significatif » d’Omar Radi, qui purge depuis peu une peine de six ans de prison pour espionnage et viol, rappelant que » ce journaliste d’investigation, a été condamné pour avoir critiqué une décision de justice concernant le mouvement révolutionnaire du Hirak ».

    « Mais le Palais le craint surtout pour son travail d’enquête. En 2016, il avait révélé une affaire d’acquisition, pour une bouchée de pain, de terrains appartenant à l’Etat par des ministres et des conseillers du roi. Ce qui lui valut l’ire du royaume », poursuit le magazine. Le média français cite l’ONG, Amnesty international qui a indiqué qu’ »avant son arrestation (et avant l’affaire Pegasus, dont il fut une des premières victimes dès 2019), Omar Radi était harcelé par les autorités en raison de son courageux travail journalistique par lequel il critiquait les violations des droits humains et dénonçait la corruption ».

    Pour Marianne « le Maroc n’hésite pas à montrer les crocs jusque sur le territoire de son ami français. Il en veut pour preuve, l’irruption de « supporteurs » du royaume lors du conseil municipal d’Ivry-sur-Seine le 30 juin dernier » dont l’objectif « des nervis chérifiens est de dénoncer le soutien au Sahara occidental du maire, Philippe Bouyssou ». « Ce dernier -lui aussi sous l’œil intrusif de Pegasus- ne fait pourtant que prolonger le combat de cette mairie communiste qui défend depuis longtemps le droit à l’autodétermination des peuples re connu par l’ONU », assure le magazine, rappelant que l’assemblée a finalement dû se dérouler à huis clos, sous protection policière ».

    Dans son édition de jeudi, le quotidien français Le Monde a vivement fustigé, le silence et l’absence d’une réaction de la part des autorités françaises à l’encontre du Maroc qui a mis sous surveillance des personnalités politiques et journalistes français, s’interrogeant sur les véritables raisons derrière cette attitude. Le journal Le Monde fait partie des dix sept médias qui avec le consortium Forbidden Stories ont révélé récemment au grand jour le projet Pegasus qui a été utilisé pour mettre sous écoute des milliers de personnalités politiques et journalistes à travers le monde.

    « Plus d’une semaine après la révélation par dix­ sept rédactions internationales, dont Le Monde, et Amnesty International du ciblage par le royaume chérifien des teéleéphones du chef de l’Etat et de certains de ses ministres, l’exécutif français se mure dans le silence, ou presque », s’est indigné d’emblée le journal dans son éditorial, faisant observer que les faits sont qualifiés pourtant de graves en interne.

    Déplorant, de son côté, la faiblesse et la complicité de la communauté internationale face aux agissements du Maroc et de l’entité sioniste, le député communiste français, Jean-Paul Lecoq a estimé mardi dernier « qu’il y a urgence enfin à réarmer et militer pour le respect du droit international, et les décisions aujourd’hui s’imposent ».

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